2 – Les Revolvers à Poudre Noire cal .44 à carcasse fermée


 José wales

 Article terminé le 5/5/13. Cet article a été rédigé au début de mes recherches sur les Revolvers à PN et certains passages sont à réactualiser par rapport à la suite du blog, notamment  au sujet du chargement avec levier mobile qui est dépassé.

Nous abordons dans ce 3ème article, les armes « cap & ball » à carcasse fermée, la 2ème génération des armes à poudre noire,  qui va entrer en concurrence avec les Colts vus précédemment. En réalité le mécanisme initial des Colts a été conservé depuis le 1er modèle, bien que ceux-ci se soient cependant perfectionnés par un allégement dû à des aciers de meilleure qualité.

 Les brevets déposés garantissaient à Colt le monopole de la fabrication des revolvers à barillets jusqu’en 1857. Cette date ouvre la voie à de nouvelles conceptions des révolvers. L’esthétique de ces nouvelles armes reste cependant marquée par des modèles antérieurs, comme le Pettingill qui lui-même conserve la courbure des pistolets mono coups. Je ne chercherai pas à faire un inventaire de tous les dérivés d’un modèle d’arme produit, car je me limiterai à donner les grandes lignes d’une évolution et des fonctionnements. Je rappelle que mon but et d’initier à la PN dans l’optique d’une culture minimale, du tir et de l’entretien.

 Ce qui oriente mon article, c’est de montrer quelles différences de fonctionnement vont susciter une concurrence  entre les revolvers.

1/ Le Remington 1858 New Army, cal .44, un changement de conception des Revolvers à PN

rem 1858 vieilli

Un petit historique : 1857 ouvre la porte à la concurrence !

Eliphalet Remington commença sa fabrication d’armes en 1816 à New York. En 1858 Grâce au talent de son ingénieur F.Beals, il breveta et commença la production d’une arme révolutionnaire, le 1858 NEW MODEL ARMY CAL.44. La Guerre Civile fut un tournant significatif tant pour Colt que pour Remington. En effet, les contrats du Gouvernement Fédéral permirent à la « Remington & Sons, Ilion, N.Y. » de développer et modifier le projet initial et ses armes devinrent des vétérans de la Guerre Civile, appréciées surtout pour leur fiabilité,  pour la robustesse de leurs bâtis fermés, plus aptes à supporter les charges puissantes du calibre .44, et pour la précision de leur tir.

En février 1857 le brevet donnant l’exclusivité de la fabrication de revolver à Samuel Colt expira. En septembre 1858 les revolvers « Beals » à carcasse fermée, ancêtres des revolvers « Remington new model army », étaient produits. Eliphalet décéda et ses fils reprirent l’entreprise. Les Remington Army, Navy et Belt-Revolvers, brevetés par l’inventeur F.Beals en 1858 évoluèrent en trois phases. Dans l’année 1863, Beals mit au point la principale modification technique du revolver, permettant de changer de barillet sans démonter l’arme, ce qui permettait de transporter sur soi plusieurs barillets chargés et amorcés. Le refouloir fut encore une fois modifié, des encoches intermédiaires entre les cheminées furent ajoutées et le guidon conique en laiton fut remplacé par un guidon en fer. 120 000 de ces revolvers assez volumineux furent acquis par l’US Army et l’US Navy durant la guerre de Sécession (États-Unis, 1861-1865) et 20 000 furent revendus à l’armée française durant la guerre de 1870. Le Remington fut aussi vendu sur le marché civil, il fut notamment visible dans les mains de Frank James et de Geronimo.

Le Remington 1858 dispose donc d’une carcasse fermée et d’un axe mobile qui permet de sortir le barillet et d’en remettre un autre pré-chargé. C’est de l’instantané! L’axe ne sert plus à assurer la cohésion de l’arme, comme c’est le cas pour les Colts, c’est la carcasse qui maintient l’ensemble des pièces. C’est une conception qui supprime la clavette, point sensible des Colts. La nouvelle conception de l’arme permet de réduire fortement l’épaisseur de l’axe, qui n’a plus comme fonction que de permettre la rotation du barillet…   Mais l’axe est prévu pour ne pas sortir en totalité, ce qui évite d’avoir à le replacer ensuite: on le fait glisser dans le conduit de la carcasse jusqu’à  la limite prévue par une butée.   Aucune vis n’assure le verrouillage de l’axe : c’est le levier de chargement qui, en étant rabattu, lui interdit de bouger, un ingénieux système qui le maintient en place et qui permet de le sortir avec une grande facilité.  Le système mécanique a atteint la perfection.  Le revolver est réputé pour sa robustesse et sa grande précision. Je le confirme pour en avoir deux exemplaires inox de chez Uberti.  C’est elle qui fait les meilleurs tirs et pour moi, il n’y a que le 1860 qui puisse rivaliser. Les fabrications actuelles de  Rem. 1858 possèdent aussi un guidon dérivable, innovation importante et certains modèles (Uberti) sont vendus avec target (hausse réglable et guidon), c’est dire que l’arme bien que considérée comme une réplique,  prend un  air de modernité.

(plan 1858)

 démontage 1858

Sur cette vidéo Michel Bottreau  montre le démontage du 1858 : au cours de la démonstration, une amorce tirée se bloque dans l’arrière du barillet, incident assez rare, en principe, sur le 1858. Il évoque l’utilisation d’une pince en cas d’incident de ce type. Je précise que les incidents dus aux amorces bloquées en cours de tir ne m’arrivent pas, car mes barillets sont modifiés…

Voici 2 Remington 1858 inox (modèle courant, et modèle sheriff, à canon court), généralement produits par Uberti et Pietta, fabricants qui sont en concurrence (pour des armes convoitées, notamment à pas rapide ou progressifs). La finition inox nous fait oublier qu’il s’agit de copies d’armes sorties de la guerre de sécession. C’est une arme très prisée, avec une esthétique très design qui reste très moderne,  en finition bronzée ou en inox :  on pourrait dire qu’elle avait le vent en poupe. L’inox, produit très en vogue s’adapte parfaitement bien avec le modèle 1858, mais aussi avec les armes à PN, car l’entretien des revolvers à PN est particulièrement exigent en raison du caractère corrosif des résidus de poudre, après combustion. L’inox ne risque pas l’oxydation (sauf pour les mécanismes internes). Le problème du tir à la poudre noire, c’est l’obligation pour le tireur de nettoyer ses armes dès la fin du tir, mais n’exagérons rien : en cas d’urgence, l’arme peut attendre dans un endroit sec une à deux heures, voire plus. L’idéal c’est de s’imposer le nettoyage le plus rapidement. Cependant, les revolvers, même débronzés, supportent très bien l’entretien, sauf dans les parties mécaniques plus délicates. Mes revolvers, en partie débronzés n’ont aucun signe d’oxydation et ont un charme que l’inox n’a pas. De surcroît il vieillit mal, car il se raye, et  pour lui donner du poli,  c’est un énorme travail. Dont je ne suis favorable à  l’inox que pour le ROA et le Rem. 1858 qui, par leur modernité  intègrent bien ce matériau moderne … et tant qu’à faire, un guidon à fibres optiques, pourquoi pas ?

  1858_army-sheriff inox

  

Le changement de barillet sur le Remington 1858:  une vraie innovation dans l’usage des revolvers à poudre noire !  

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Des Remingtons 1858, on en trouve à profusion sur internet, mais sur cette photo, on en voit un avec bronzage très original. Le barillet est déposé: ça c’est la spécificité du Remington. On décroche le levier de chargement,  l’axe glisse sous le canon et le barillet tombe: c’est très simple ! Le problème se pose au moment de remettre le barillet en place, car il faut le réinsérer dans la carcasse: un petit tour de main est nécessaire, car il faut tirer légèrement le chien en arrière pour débloquer l’arrêtoir sous le barillet qui étant sorti, frotte. C’est alors que le barillet peut prendre sa place et que l’axe peut être réintroduit dans le barillet sans coincer (il faut parfois tâtonner un peu).

Cependant entre un Colt ou  Remington 1858, il n’y a pas de différence importante entre les temps de changement de barillet. Je l’affirme. La différence de fonctionnement tient essentiellement dans la conception de la carcasse fermée ou ouverte, et les colts, bien que sympathiques, ont cependant une certaine fragilité du fait de la carcasse ouverte, car  c’est la clavette du revolver à qui subit le choc au moment du tir et qui progressivement,  prend du jeu, surtout si on surcharge, ce qui entraîne une augmentation de l’entrefer.

Le Remington 1858 est une arme  irréprochable, d’un fonctionnement  excellent.  Il a également un  très gros avantage sur les Colts:  les amorces percutées ne passent pas à l’arrière de la carcasse, et il n’y a pas de risque de les retrouver dans le mécanisme. Ce qui avec un Colt est fréquent. Il n’est pas rare de retrouver 2 à 3 amorces dans les pièces mécaniques d’un walker. Cependant , même avec un 1858, il arrive que les amorces percutées bloquent le barillet en se coinçant entre les cheminées et la carcasse.  Il faut donc veiller à faire un mouvement de rotation de la carcasse vers la droite, après chaque tir  pour que l’amorce tombe sur le côté.  C’est un conseil qui vaut d’ailleurs pour tous les revolvers à amorces.

Michel Bottreau présente une vidéo qui décrit le chargement d’un Remington 1858 sur le pas de tir, mais sans utiliser le changement de barillet, car ce qu’il montre, c’est la procédure “traditionnelle ” de chargement (à l’ancienne…) en utilisant le refouloir (ou levier de chargement) du revolver. L’utilisation de la poire à poudre est traditionnelle, mais un peu « laborieuse » et surtout source d’erreurs  (elle est d’ailleurs interdite sur les pas de tir).  Ceci dit, certains poudreux l’utilisent avec beaucoup d’aisance !

Il existe des leviers de chargement Pietta mobiles, indépendants de l’arme qui sont non seulement plus pratiques, mais qui permettent d’effectuer le chargement à domicile de plusieurs barillets, dans la tranquillité. On emporte ensuite les barillets préchargés au stand de tir, sans s’encombrer d’une « poire » à poudre. On trouvera ces leviers chez tous les vendeurs d’accessoires pour revolvers à PN. Toutefois le levier Pietta ne s’adapte pas à tous les barillets, mais on peut l’utiliser pour le 1858.

La liste des « armureries en ligne » qui vendent ce matériel est longue. Un conseil cependant; ne vous adressez qu’à des armureries qui donnent l’adresse du magasin et qui sont joignables et par téléphone et par mail. C’est le meilleur critère. Faites un test avec de petits achats et vous jugerez. Si vous ne localisez pas l’armurerie, laissez tomber! Il en existe une qui par expérience doit être déconseillée: Armenligne dont le suivi des ventes et la communication est actuellement « problématique » (ils sont en fermeture).

Avec un  Remington 1858, on peut bien sûr utiliser des  cartouches-papier  sur le pas de tir, car le chargement traditionnel étant trop long, il rebute certains tireurs qui auraient la tentation des armes à poudre  noire. Michel Bottreau présente une vidéo sur ce type de chargement .  Une autre façon de charger l’arme sur le pas de tir consiste également à emporter des petites dosettes (en plastique) contenant la poudre qu’on prépare chez soi et qu’on verse dans les chambres pendant le tir;  de même pour la semoule, mais cette variante du chargement traditionnel (avec la poire à poudre)  est sans doute plus compliquée que le chargement avec cette dernière… et les dosettes sont très chères !

Dans les articles ultérieurs je montre  l’utilisation de « sabots de chargement » avec ou sans la presse Bench Rest que j’ai adaptée pour ce type de chargement (il y a aussi une vidéo). C’est vraiment une toute autre conception du chargement.

C’est un matériel que je ne vends pas, mais que chacun peut se faire fabriquer auprès d’un atelier de mécanique de précision, pour un coût de 40 à 60€, en  en prenant les cotes exacte du barillet. La conception du sabot est simple ; elle est développée  dans  l’article.

imagesCA8T9KLUsans-titreMon avis : Le chargement conseillé pour le Remington 1858 n’est pas l’usage de cartouches papier qui demandent l’utilisation d’un levier de chargement, ce qui  reste une variante de la méthode traditionnelle.  Pour mes  Remington 1858, je dispose de 3 barillets, ce qui en général est le cas pour toutes les armes que j’utilise au stand de tir. Le chargement se fait à domicile, avec le levier de chargement mobile présenté sur l’image. On contrôle beaucoup mieux le chargement « hors revolver », en évitant les erreurs (oublis, double dose, etc).

Cependant, cette pratique  soulève des objections de la part de tireurs qui  (à juste raison) rappellent que la poudre noire est un explosif sensible, qu’une étincelle ou une source de chaleur peut provoquer une mise à feu, par conséquent, pour ces partisans du chargement sur le pas de tir, le préchargement d’un barillet et son transport avec amorces déjà placées sur les cheminées est une méthode à risque.  Je pense que cette pratique demande en effet des précautions (mettre les barillets à part dans une boite hermétique, les protéger des chocs, etc) et surtout éviter de poser un barillet charge sur un plan (une table) car s’il roule et s’il tombe,  la mise à feu peut se produire (et le barillet est de toute façon endommagé par une chute)  .

Le 1858 est par excellence le revolver adapté au rechargement rapide et pour moi, la seule bonne méthode adaptée à cette arme, c’est de disposer de plusieurs  barillets préchargés, car le changement de barillet prévu sur cette arme, se fait très facilement, tandis que le chargement avec des cartouches papier  n’offre pas la même qualité de chargement et finalement, reste  un peu long.

C’est seulement pour ceux de mes revolvers qui n’ont qu’un seul barillet, que j’utilise des “cartouches-papier” préparées d’avance.

  La fabrication des cartouches-papier

ogives 44

 La vidéo de Michel Bottreau donne des indications sur les cartouches-papier, faites avec un papier combustible (vendu par H&C). Elles ne laissent aucun résidu dans les chambres. On voit également sur cette vidéo les différents types de balles (ronde, semi wadcutter et ogivales) et, fait inhabituel, Bottreau ne met pas de semoule. La chambre est-elle pleine (c’est à vérifier) ?  La semoule a comme rôle de combler le vide entre la poudre et le projectile, car il ne faut absolument pas laisser la poudre flotter dans la chambre. Autre précaution, il faut que la balle arrive presque à ras de la bouche de la chambre (mais sans dépasser sinon on bloque le barillet, car en principe, on ajoute de la graisse pour obturer celle-ci et permettre à la balle de traverser le canon, sans emplomber celui-ci, sans coller aux sillons.

Dans sa vidéo, Bottreau nous montre des cartouches faites à l’ancienne qui sont absolument parfaites, car elles comportent la charge de poudre et la balle, ainsi que la cire qui couvre celle-ci : il ne suffit alors plus qu’à mettre la cartouche papier dans la chambre et forcer la balle avec le levier du revolver pour qu’elle descende au fond de la chambre.

Jcartouches graisséese « roule » mes cartouches-papier avec un petit matériel improvisé (papier à cigarette et un stylo coupé qui sert de mandrin pour donner la forme légèrement évasée à la cartouche). Si on n’a pas le coup de main pour se « rouler un pétard” avec du papier à cigarette, le papier combustible est un produit intéressant qu’on trouve chez H&C (voir l’article 3 concernant le chargement des revolvers). Enfin, avec ce type de cartouche-papier comportant une ogive, Bottreau n’utilise pas la graisse souple, mais un mélange de cire d’abeille, de paraffine et de saindoux, dont il enduit la balle, ce qui est très important pour permettre à la balle en plomb de passer dans le canon sans coller à l’acier. On ne rajoute alors pas de cire à l’entrée de la chambre. Sur cette photo, on distingue par transparence la poudre et la semoule (fine de préférence)

Le sertissage de la balle dans la chambre…  et dans le canon

 Pour les nouveaux poudreux, il est important de savoir qu’une balle doit être légèrement sertie dans la chambre (elle produit alors un copeau circulaire de la taille d’un cheveu) pour qu’au moment du départ de feu, les balles en attente dans le barillet ne se déplacent pas, ce qui pourrait provoquer un départ en chaîne, du genre « orgue de Staline » ! Si l’entrée de la chambre est biseautée, le plomb (qui est mou) est alors compressé et ne donne pas de copeau.

Il faut toujours nettoyer l’entrée des barillets, en évitant ainsi les restes de poudre qui propageraient la combustion dans toutes les chambres : c’est aussi le rôle de la graisse et de la semoule de protéger contre ce risque. La cartouche-papier est une cartouche propre.

La question est alors : quel modèle de balles et quel diamètre ?

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Pour les calibre 44 PN, il existe plusieurs diamètres de balles qui correspondent à des modèles différents d’armes. On utilisera le plus souvent des balles rondes pour les colts, de cal 451 ou 454, selon la taille des chambres et des canons. Le Remington 1858 tire en 454. Les ogives en 454 sont réservées à des armes qui disposent d’un canon à « pas » rapide, c’est le cas du 1858 dont le pas est de 1:16″. Le pas du canon indique la rotation imposée à la balle par les rainures. C’est un chapitre plus complexe qui concerne la mise en rotation de la balle et la balistique.

Un autre instrument du poudreux est le pied à coulisse (numérique) au 1/100 de mm, pour mesurer ses balles et ses chambres. Une balle doit toujours avoir un diamètre légèrement supérieur à celui de la chambre et du canon, car dans le canon, la balle est à nouveau sertie dans le cône d’entrée, sous l’effet de l’explosion. Attention, les revolvers Cap & Ball (non préparés) ont parfois des chambres plus étroites que le canon, ceci pour éviter que des charges soient trop fortes (dues à des utilisateurs inconscients) ne tentent de faire entrer en force dans le canon des balles trop larges qui le feraient exploser. Pour ma part, je fais un réalésage des chambres des Walkers à 11,40mm, afin que les balles ne flottent pas dans le canon.

La balle  doit  ensuite se mouler,  toujours sous la pression, dans les sillons (rainures) du canon ce qui la fait  tourner plus ou moins vite selon le « pas »  et qui va être important pour la balistique. On vérifie donc que la balle choisie n’entre pas dans la chambre sans une pression nécessaire (du levier de chargement), mais sans la déformer: elle doit rester sphérique et un fin copeau circulaire doit se former. Si la chambre est d’un diamètre inférieur au diamètre interne du canon, un réalésage est souhaitable pour éviter que la balle ne flotte dans le canon et donne des tirs dispersés (ce qu’on appelle des « flys »). L’élargissement de la chambre est une opération délicate que l’on peut faire à la main, avec un alésoir cylindrique, mais l’outil doit être adapté, car les alésoirs cylindriques sont prévus pour des mandrins et la prise en main n’est pas facile (je les crante et ensuite je les enveloppe de pâte Fimo, qui passe au four). La mesure du diamètre intérieur du canon est un peu plus compliquée (il existe un modèle de palmer trimétrique adapté), mais avec le pied à coulisse numérique, en procédant à plusieurs mesures, on parvient à faire une moyenne des chambres. Pour le canon, du fait des rayures, on peut faire une empreinte de celui-ci avec de la paraffine ou du soufre coulé (vendu en pharmacie), opération qui demande un peu d’habilité. Là encore on prend le diamètre maximal (qui correspond à celui en fond de rainure) et le diamètre minimal : c’est le maximal qui est le plus important, car il correspond au diamètre de la balle quand elle est en expansion dans le canon sous l’effet de la poussée.

Pour un débutant, les balles rondes sont plus précises et ne posent pas de problème: seule la charge en poudre doit être examinée. Elle est généralement de l’ordre de 1 gramme (ou 15 grains selon le système anglais). On peut augmenter cette charge sur des cal.44, mais sans faire d’excès. La précision exige de faire des essais entre 0,9g et 1,5g environ. Ceci fera l’objet d’un chapitre particulier. Pour doser la semoule on utilise généralement un outil facile à fabriquer avec une douille de « 38 spécial » ou de « 9mm para » qu’il est facile de trouver dans un stand de tir et qu’on raccourcit à volonté. Cette douille est ensuite soudée à l’étain sur un petit tube de cuivre qu’on trouvera au rayon plomberie, de diamètre 6mm. Pour ce qui est de la poudre, je recommande d’utiliser une poire à poudre pour le chargement courant à domicile (il en existe différents modèles en armurerie), car elle comporte des cônes de dosage en laiton, dont la contenance est progressive.  Vissés sur la poire, on les change à volonté : c’est le cône qui permet une mesure rapide et constante de la quantité de poudre choisie. Pour la compétition, les doses peuvent être affinées : cela exige une balance numérique et des douilles qu’on raccourcit, selon la quantité de poudre nécessaire,  comme pour la semoule. C’est la partie bricolage…

Comparaison entre le Colt Navy 1851 et le Remington 1858

Contrairement à l’avis de Michel Bottreau, les colts peuvent parfaitement être utilisés avec plusieurs barillets. Pourquoi cela ne se faisait pas à l’époque? Etait-ce parce que les barillets n’étaient pas vendus séparément? Pour comparer le Colt Navy 1851 et le Remington 1858, deux modèles renommés, regardons maintenant cette vidéo (en anglais) qui souligne que le point faible du 1851 réside principalement dans le risque de voir une amorce bloquer l’arme. C’est effectivement le cas, pour tous les colts : on retrouve fréquemment des amorces écrasées dans les mécanismes, ce qui provoque des détériorations des pièces (came) et des blocages.

L’espace dégagé par le chien armé sert de sortie pour l’amorce qui, trouvant ce passage, tombe à l’intérieur du mécanisme ! C’est assez courant. L’incident se produit lorsque l’on réarme le chien après avoir tiré une balle. L’amorce bloquée ou collée au chien après l’explosion peut également entraver la rotation du barillet. Pour éviter cela, il faut enlever les alvéoles qui enferment les cheminées et l’espace permet alors aux amorces de mieux s’évacuer.

Le remington 1858 “Pedersoli” (et non Pietta): une arme de luxe en acier « bronzé »

Voici deux modèles de remington 1858, le premier fabriqué par Pedersoli, le second, dont je ne connais pas le fabricant, étant équipé d’une visée target (hausse réglable et guidon) qui l’exclut en compétition.

1858newarmy

remington 1858 target

Passons à l’anglais…. la vidéo ci-dessous présente une arme superbe, de haute qualité en PN. C’est la Rolls ! Du haut de gamme, qualité de l’acier, finition de luxe, guidon dérivable, précision des rapports entre canon/chambres, ajustage et finition des pièces, ergonomie, tout y est. C’est superbe.

Une vidéo pour monter comment, avec le « 1858 », on peut changer le barillet en cours de tir et procéder à un tir rapide

 Le rechargement par changement de barillet, tel qu’on le voit sur cette vidéo, est rapide, c’est convainquant,  mais je ne saurais conseiller au débutant de laisser tomber les barillets vides au sol, comme le fait ce tireur, au risque de déformer les chambres ! Le 1858 est prévu pour un tireur qui dispose de plusieurs barillets et d’une ceinture adaptée, avec holster et étuis.

Possibilité de « convertir » le cap & ball revolver en un cartridge revolver?

Il existe (surtout aux EU) des « conversion cylinders» qui permettent d’utiliser des cartouches métalliques à PN, dont voici des exemples :

Je ne m’étends pas sur le sujet, tout en rappelant que si les répliques PN d’armes antérieures à 1870 sont en 8ème catégorie, le fait de changer le barillet pour une « conversion » entraine le changement de catégorie : on passe en 4ème et même en 1ère ! La plupart des revolvers à poudre noire disposent de systèmes de conversion qui sont difficiles à trouver en France, car leur achat nécessite une autorisation.

2/ Le Rogers & Spencer cal.44, un excellent concurrent qui n’a pas eu sa chance!  

Le Rogers & Spencer Army était en fait l’amélioration d’un autre revolver de la firme, le Pettingill & Freeman. Produits vers la fin des années 1850, début 1860, ceux-ci étaient des revolvers double-action. Les Pettingils étaient en avance sur leur temps et n’avaient pas de chien. Ces armes étaient populaires, mais trop « avant-garde » pour l’Armée. Le modèle Navy était en cal .34, moins de 1 000 furent produits. Le modèle Army était un cal.44 et environ 3 400 furent produits au début des années 1860.

Pettingill Revolver

Le Freeman Army était un revolver avec une carcasse très solide, en .44, canon rond de 7 pouces ½, on pense que 2 000 ont été produits en 1863-64.  Il  avait déjà la ligne du R&S.

freeman army

Le Rogers & Spencer cal.44,  un revolver à carcasse fermée  avec un axe totalement mobile

Le revolver à percussion Rogers & Spencer fut initialement produit à Willowvale (New-York) aux environs de 1863-1865. En Janvier 1865, le gouvernement des Etats-Unis passa un contrat avec la firme Rogers & Spencer pour l’achat de 5 000 de ses revolvers solides. Mais la livraison arriva trop tard et l’arme ne trouva pas ou très peu d’usage militaire durant le Guerre de Sécession, le lot fut vendu à Bannerman & Fils en 1901 à 50$ pièces, qui les vendit ensuite jusqu’aux alentours de 1925. C’est pourquoi la plupart des Rogers & Spencer originaux sont aujourd’hui dans de si bonnes conditions. Voici un modèle d’origine :

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Le Rogers & Spencer est donc un Freeman amélioré, mais en simple action, avec un chien qui doit être armé pour pouvoir faire feu, avec une poignée plus accessible, une plus grosse carcasse, et un bon et solide canon de 7 pouces ½. C’est un .44, il pèse 1Kg300, sa longueur totale est de 14 pouces ¼. Il dispose de 5 rayures dans le canon. Les marquages sont sur la carcasse au-dessus du barillet: ROGERS & SPENCER en haut, UTICA N.Y en bas. Il ne possède pas de finition jaspée sauf le chien et le levier à l’origine, les plaquettes sont en noyer.

Euroarms produisait encore récemment des répliques courantes du Rogers & Spencer et des modèles « match » (canon Lothar) plus précis. Avec la fermeture de cette entreprise, le coût de ce révolver est devenu hors de prix. Aujourd’hui c’est Feinwerkbau, fabricant allemand, qui a racheté l’entreprise et les machines. Il produisait déjà cette arme dans une gamme de haute qualité et à un prix élevé, faisant concurrence à Pedersoli qui la produit à un tarif un peu moins cher, mais toujours dans la catégorie haute gamme… Ce qui fait que le R&S est désormais une arme de luxe.

Roger & spencer

Le Rogers & Spencer sort au même moment que le Remington 1858. Comme le Remington 1858, la carcasse du R&S est fermée et l’axe du barillet est mobile. L’innovation par rapport aux armes antérieures, tient à la possibilité d’extraire l’axe pour sortir le barillet latéralement, mais à la différence du Remington 1858, l’axe du R&S doit être entièrement déposé, sinon il risque de tomber au cours des manipulations. Pour le sortir, il faut faire faire une rotation à une vis-clavette qui, selon son orientation, permet ou non de sortir  l’axe , ce qui, sur un pas de tir, est loin d’être pratique; il faut ensuite réintroduire l’axe dans le conduit de la carcasse, petit détail qui donne un avantage certain au Remington, nettement plus achevé. Ceci dit,  avec un peu d’entrainement,  le R&S est une arme dont on change le barillet aussi facilement que  cela se fait avec un 1858.

Pour cela, il faut remplacer la vis de blocage de l’axe par une vis avec une Molette. Cependant, à la différence du Rem.1858, l’axe du R&S présente un  Point Faible en  raison de la réduction à l’endroit du passage de la vis de blocage, ce qui expose l’axe  à un incident,  au moment où on le remet en place: un axe mal engagé peut se tordre, ce qui est irréparable et la fabrication étant arrêtée, ça peut coûter cher!

Dernier point, les R&S  n’ont pas de hausse réglable et leur guidon est fixe, à la différence des Remington 1858 qui  disposent de visée avec target, mais sur un R&S Feinwerkbau, le guidon (un petit cône) est réglable en hauteur et la visée très précises, est contrôlée en usine, ce qui élimine les soucis de contre visée!

Pour ce qui concerne les Revolvers R&S Euroarms,  il faut apporter une amélioration en montant un guidon sur queue d’aronde, réglable,… et pourquoi pas monter un guidon avec fibre optique, mais toute modification interdit la participation aux compétitions de tir. Par contre la hausse ne peut pas être changée.  Un avantage cependant:  le cran de mire est creusé dans la carcasse et non dans le chien, ce qui est très important, car un chien n’est jamais stable et sur les vieux revolvers, il prend du jeu.

Rogers&Spencer

C’est cette vis-clavette (en 9 sur le plan) qu’on retrouve également sur le Ruger Old Army,  qui donne à cette arme un caractère un peu rustique, mais qu’on peut améliorer, compte tenu des qualités de l’arme sur d’autres plans. En effet le chargement du barillet est en principe « classique ». Le R&S est prévu pour être chargé avec des cartouches papiers (ou avec la poire, des dosettes) et en utilisant le levier de l’arme. Il n’est pas prévu pour un changement de barillet en cours de tir. On peut cependant, comme sur le 1858, changer le barillet facilement si on améliore un peu la technologie, en remplaçant la vis de blocage de l’axe par une molette, qui ne nécessite aucun tournevis. Du coup, il est aussi presque aussi aisé de démonter le barillet sur le R&S que sur le 1858. Le concepteur du révolver n’avait cependant pas prévu cette forme d’utilisation que je pratique couramment. Voici mon R&S Euroarms (canon Lothar) avec les différentes modifications pratiquées : je ne le charge jamais sur le pas de tir, j’utilise comme pour le Remington 1858 3 barillets pré-chargés.

 P1000442 - Copie

Autre modification qui annonce le Starr, les alvéoles de cheminées sont nettement béantes, d’une forme tout à fait novatrice, signe que le fabricant cherchait à éviter les amorces bloquées. Pas d’incidents de tir, pas de blocage par encrassement : des atouts en faveur de cette arme !

R&S perdersoliComme pour le 1858, des modèles « target » avec des organes de visée plus performants étaient fabriqués par Euroarms, qu’on ne trouve pas sur les modèles de luxe … Cette arme a d’autres  avantages : la crosse est évasée et permet une très bonne saisie. Le R&S a néanmoins deux défauts: l’axe du barillet est fragile (j’en ai plié un). Le cran de mire n’est pas idéal pour le tir de précision et le guidon est fixe. Il est toutefois possible de faire poser un guidon dérivable.

Voici le modèle Pedersoli, une arme très stylée, vendu aux environ de 1000€, avec un support pour chargement « à l’ancienne. La précision de cette arme dépend de la qualité du canon, des normes de qualité en fabrication. L’arme très sobre, et néanmoins très élégante, en raison du traitement antireflet de l’acier, mais le levier de chargement est un peu « rétro », comparativement au 1860, qui lui a été modernisé, avec des lignes galbées.

La version « History N°2 »  de Feinwerkbau », qui tourne autour de 1400€,  est faite à partir de blocs d’acier usinés dans la masse, arme considérée comme le « top du top » en matière de révolver et de « réplique ». Mais un révolver Euroarms disposant d’un canon Lothar, un peu préparé,  dont la fabrication était bon marché,  est  néanmoins considéré  comme une arme de précision.

3/ Quelques modèles d’armes à poudre noire qui ne donnent pas lieu à des répliques 

 allen wheellock 3adams dragoon percuission, cal 50

 Allen Wheellock  et Adams Dragoon (probablement anglais,  sorti en 1851, cal . 50:

4/ Le « LeMat », 1861, un revolver à 2 canons

Lemat

Ce revolver simple action de 3,1kg, le plus lourd des revolvers, a été inventé par un fabricant américano-français (LeMat). C’est un revolver exceptionnel à « deux calibres » : il a 9 chambres, ce qui est rare (cal.42,mais les reproductions sont en cal.44) et un « canon » central qui devrait abattre un bœuf! Il était très apprécié pendant la guerre de sécession, notamment par les officiers. Il comporte (comme beaucoup d’autres armes à poudre noire) plusieurs modèles avec des différences sensibles (il est reproduit aujourd’hui par Pietta, une excellente reproduction). Cette version produite en 1861 est très élégante. Une très belle arme à l’ancienne. D’autres modèles du Lemat existent, plus » rustiques ». Sur certains modèles la crosse peut-être très inclinée, sur d’autres, elle est au contraire très verticale, ce qui ne rend pas l’arme très harmonieuse.  Ici la courbure de la crosse est  très élégante.

5/ Le « STARR » 1858, un revolver double action à PN, une conception d’avant garde!  

Un revolver STARR peut tirer de deux façons : en simple ou en double action.

  • Dans le cas d’un revolver simple action la détente n’effectue qu’une seule (simple) action, le chien doit donc être armé manuellement avant d’appuyer sur la détente, qui peut alors lâcher le coup. Tous les Colts notamment sont en SA, ainsi que le Remington 1858. Les revolvers en simple action étaient d’un usage facile, avec des réparations à la portée du soldat: le passage aux revolvers à double action était donc un changement de culture en quelque sorte.
  • Dans le cas d’un revolver double action, comme le 1er STARR, le fait d’appuyer sur la détente effectue d’abord automatiquement l’armement du chien (1ère action), puis ensuite le lâcher du chien (2ème action) : c’est la 1ère détente qui effectue les 2 opérations si tire la détente à fond.

La plupart des revolvers double action peuvent aussi tirer en simple action. La complexité du STARR DA tient à l’utilisation des deux systèmes, mais on utilise alors les 2 détentes. C’est toujours la 1ère détente qui assure l’armement, mais le fait d’une pression modérée, retenue permet quand même d’arrêter le chien sur la position de l »armer ». Le revolver fonctionne alors en simple action: la 1ère détente qui arme, la seconde qui lâche le chien. Cette seconde détente ne sert qu’en simple action.   Attention, en aucun cas un armement manuel du chien n’est possible, sous peine de casser le mécanisme.

Voir mon article 22 consacré au Starr 1858 Double action :

 

 

6/ Le Ruger Old Army (ROA), un Revolver à PN qui n’est pas une réplique d’arme historique

On trouvera sur internet de nombreuses photos de cette arme qui semble être l’arme la plus achevée en poudre noire et qui impressionne par son poids et la qualité de sa fabrication : le critère de solidité est dominant. C’est une arme où tout a été étudié pour la solidité et le tir de précision (par ses organes de visée) :  l’épaisseur de l’acier, et surtout une carcasse et un canon très puissants.  La ligne est celle du remington 1858, mais la visée est  équipée d’un guidon très haut, copie des guidons moderne  et avec une hausse reglable, qui permet une visée très efficace.

ROA

Ce très beau revolver a été inventé en  1972 par le fabricant Ruger  et donne lieu a des polémiques récurentes sur son classement en 4ème, puisque ce  n’est pas une copie d’une arme historique  (antérieure à 1870). Aujourd’hui Avec la nouvelle réglementation, le problème ne se pose plus!

The Ruger Old Army is a black-powder percussion revolver introduced in 1972 by the Sturm Ruger company. The revolver is unusual in that, unlike most percussion revolvers on the market, it was not based on a historical design, but was a modification of Ruger’s Blackhawk model, which was itself based upon the cartridge-firing Colt Peacemaker. The revolver accordingly incorporates many modern design features, though employing antiquated black-powder component loading. Although this design was built around the Blackhawk, it takes its styling cues from the Remington Model 1858 cap and ball pistol. Earlier models listed as .44 caliber, later as .45, but all use a .457” round balls or .454” conical bullets of pure lead. J’ai emprunté de texte à Wikipedia.

En voici la traduction : Le Ruger Old Army est un revolver à percussion à poudre noire créé en 1972 par l’entreprise Sturm Ruger. Le revolver est inhabituel car, contrairement à la plupart des revolvers à percussion sur le marché, ce n’est pas la copie d’une arme historique; c’est une modification du modèle Blackhawk de Ruger, qui a été lui-même basé sur le Colt Peacemaker à cartouches métalliques. Le revolver intègre donc de nombreuses caractéristiques de conception modernes, mais utilise le chargement archaïque des composants à poudre noire. Bien que ce revolver  été conçu en s’inspirant du Blackhawk, il tire son style style du modèle 1858 Remington cap & balls. Les premiers modèles sont répertoriés en calibre .44, plus tard en .45, mais tous utilisent des balles rondes de .457 ou des balles coniques de cal .454 de plomb pur.

« Il n y a aucun flou, concernant le ROA, mais seulement une ignorance du fonctionnement de nos lois.  En france, LES LOIS NE SONT PAS  RETROACTIVES.  Ainsi, aucune arme construite avant l’application du décret de 95 ne tombait sous le coup de cette loi.  Pour contourner ce fait, des articles particuliers (article 119) ont été nécessaires pour  surclasser très précisément en 4eme, des armes classées précédemment en 5eme et 7eme, ce qui a donné lieu à des détentions viagères en contrepartie ».

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000736335&fastPos=1&fastReqId=1717652004&categorieLien=cid&oldAction=rechTexte

AUCUN texte ne prévoit le surclassement des armes fabriquées et vendue en 8eme avant le 6mai 95, et elles donc conservé leur catégories.  Seul  un ROA fabriqué à partir du 6 mai 95 tombe sous le coup de cette loi, mais comme  les importations ont cessées à partir de ce moment, on ne doit pas en trouver beaucoup sur le territoire…

La ligne  copie celle du Remington 1858. Le barillet est démontable mais avec  un système qui est proche de celui du R&S . Tout comme le R&S, la molette du ROA libère l’axe, mais pour la tourner, il faut recourir au tourne vis ! C’est donc un système apparemment peu pratique.

Une simple molette saillante aurait permis de dégager l’axe sans utiliser d’outil. Par contre, le levier de chargement est très ingénieux… mais peu stable au démontage. Le levier est solidaire de l’axe du barillet et sort facilement, certes, car c’est une sorte  de jeu d’emboitements de pièces.  Il n’y a pas de vis (donc pas de fragilité) et ça c’est un atout majeur. Cependant le levier a tendance à se désolidariser quand on veut le sortir pour changer  le barillet (1er inconvénient) , il faut donc bien tenir ensemble les différentes pièces du levier assemblées et les sortir avec précaution, ce qui n’est pas idéal pour un rechargement rapide.

En fait la vis de blocage de l’axe réduit l’épaisseur de l’axe en un point et le fragilise, ce qui est un défaut  majeur et du ROA et du R&S, mais l’extraction de l’axe  sur le ROA se fait les doigt dans le nez, alors qu’avec un R&S,  sauf s’il s’agit d’un FEIN, c’est une opération  plus laborieuse et délicate: une fausse manoeuvre et on tord l’axe:  où trouver un axe de rechange: c’est une arme qui n’est plus fabriquée? !

Sur le ROA, le blocage du levier (sous le canon) avec l’ergot poussé par un petit ressort) a été étudiée pour être très agréable en main, contrairement au R&S : rien qui blesse.  Une fois que l’axe est sorti, le barillet  tombe  facilement: il suffit d’avoir le coup de main; de même pour le remettre en place.  Par contre, pour le sortir ou le remettre en place , il faut maintenir le chien légèrement armé dans la paume de la main afin de rentrer le verrou. Or la hausse qui est saillante, blesse facilement  (2ème inconvénient qui ne joue pas en faveur du ROA pour un rechargement rapide).

belt MountainDernier point, il n’est pas du tout facile de se procurer un barillet  neuf de ROA, sauf s’il s’agit d’un barillet de conversion (qui impose de déclarer l’arme), ce qui finalement oriente le ROA vers  l’usage des cartouches métalliques (3ème inconvénient qui entrave un rechargement rapide).

Les barillets de conversion les plus adaptés (qui ne nécessitent pas de sortir le barillet pour recharger), sont les Barillets de  conversion « Kirst »  (Kirst Konverter). Il existe également un système très ingénieux (appelé « Quick change Cylinder conversion de Belt Mountain. ») de remplacement de l’axe,  du levier et du refouloir, destiné à l’usage des cartouches métalliques.

Il peut également servir pour un chargement rapide à la poudre noire avec un sabot de chargement « PSRauben » : l’intérêt, c’est de déposer le barillet sans le moindre souci et en temps  record!

Comme il est difficile de trouver des barillets neufs, si on veut utiliser le chargement traditionnel sans cartouche métallique et sans barillet de conversion , tout en ayant un chargement assez rapide, on peut recourir aux cartouches-papier et/ou au chargement rapide avec un sabot « PSR ».

La fabrication des cartouches  papier demande un  soin particulier  si on veut garder une précision que cette arme est censée offrir au tireur. Il faut des balles aux dimensions des chambres du ROA qui sont plus larges que celles des  revolvers  cal .44.  (c’est du 457, je crois).  Un chargement avec des dosettes (PN et semoule) garantit plus de régularit.  Selon divers avis, le Rem. 1858 serait plus précis. Cependant, le ROA permet d’utiliser des balles assez  lourdes,  si on tient compte des vidéos de Marc BELIVEAU et de ses conseils, un spécialiste des  revolvers à PN (de langue anglaise, sans doute canadien):  de quoi tenter le tireur qui affectionne les fortes charges et les balles lourdes, de type ogivales ou Wadcutter. Donc le ROA est une arme qui a une spécificité: les balles lourdes.

http://www.youtube.com/watch?v=tAt92F6gHa8

 Quels sont les atouts du ROA: une arme à carcasse fermée, lourde en main,  avec une bonne prise , réputée d’une excellente fabrication, très solide, très bien finie, avec une  mécanique solide, fluide, et des organes de visés dignes des armes modernes: on n’en est plus aux guidons grossiers des Colts que l’on distingue mal dans le Noir de la cible. Le pas du canon est rapide, mais les rainures sont peu marquées. L’acier est d’une qualité qui fait penser à l’inox, mais ce n’est est pas. Un aspect poli, sans fioriture. Une arme puissante, adaptée à  aux balles ogivales et wadcutter.

Une arme  qui est prévue pour un changement de barillet, mais avec un défaut de conception concernant l’extraction de l’axe (utilisation du tournevis) et un second défaut majeur : contrairement au R&S dont les cheminées sont très dégagées et faciles à mettre en place, le barillet du ROA est mal adapté: les cheminées sont protégées par des alvéoles étroites, aux cloisons épaisses, qu’on peut dire peu inaccessibles: la sécurité a été renforcée au détriment  de la facilité.  Je n’ai pas assez d’usage du RAO  pour dire si les amorces bloquent la rotation du barillet une fois qu’elles sont tirées, comme c’est le cas sur les Colts. Quoiqu’il en soit, pour les placer, ce n’est pas chose facile. D’autant que l’extraction des cheminées demande une clé spéciale, car les cheminées présentent une base hexagonale.   Bref, du haut de gamme dans la fabrication, mais un fonctionnement traditionnel qui impose le chargement à l’ancienne  (ou des  cartouches-papier) et des précautions concernant le dévissage des cheminées.

belt mountain3Ce qui veut dire que si on veut donner à cette arme tout son potentiel – et elle en a – et moderniser son usage,  il faut impérativement  ouvrir les alvéoles de cheminées (voir la procédure dans les articles suivants) et remplacerer l’axe –  mais c’est plus coûteux . Du coup on aura un revolver à PN d’un usage parfaitement fiable, fonctionnel, moderne, très robuste,  à l’abri de tout incident de tir et permettant un « bonne » bonne précision.  Le rêve!

 Dans mon article 12, j’aborderai la comparaions entre 4 Revolvers: le Colt 1860, le Rem. 1858, le R&S et le ROA. (à suivre)


10 Commentaires

  1. Bonjour. J’ai lu cet article avec beaucoup d’intérêt et vous félicite pour votre travail. Vous m’avez cité et je vous en remercie. J’émets juste quelques réserves quant à l’affirmation qu’il ne faut surtout pas laisser d’espace entre la poudre et la balle. C’est vrai que de très nombreux tireurs à la poudre noire utilisent de la semoule, et les tireurs à la PSF du kapok, justement pour éviter cela. Pour ma part, partisan de faire au plus simple, je n’utilise ni semoule avec la poudre noire, ni kapok avec la PSF, parce que je n’ai jamais constaté que cela présentait un réel intérêt. D’une part, le bourroir des revolvers à percussion permet d’enfoncer le projectile un peu plus profondément quant il y a moins de poudre. D’autre part, avec les cartouches métalliques, les cas où la poudre ne remplit pas la douille (exemple : .38 Wadcutter chargé à la Ba10) sont fréquents et ça ne pose pas problème… Cordialement. Michel Bottreau.

  2. Merci à Michel Bottreau pour son commentaire sur mon blog et félicitation en retour pour le travail pédagogique tout à fait exceptionnel qu’il fait. Je prends note de sa réserve qui va à contre courant d’une norme que beaucoup appliquent sans en connaître nécessairement la valeur de vérité. Une question toutefois : jusqu’où peut-on enfoncer une balle dans une chambre? Il me semblait qu’il était recommandé de ne laisser que la place pour la graisse et que trop enfoncer une balle nuit à la précision ? Cordialement PSRauben.

  3. Bonjour. Je sais que vous avez mis au point un système de rechargement. Le commercialisez-vous ? Merci de m’en parler.

  4. La question revient souvent. J’ai déjà donné des réponses à ce sujet : la commercialisation n’est pas mon but, mais si certains sont intéressés, je peux envisager de faire une série de « sabots », en rappelant que ceux-ci sont idéaux pour les barillets à fond plat, mais les colts ont une rosace saillante (une crémaillère) qui doit être protégée et surtout les aiguillons saillants placés entre les alvéoles de cheminées (destinés à la mise en de sécurité du chien). Ce sont eux qui abiment fond du sabot où a lieu l’essentiel de l’appui du barillet, quand on sertit les balles avec la presse. Si on place une rondelle sous le barillet (en nylon, ou en cuir…) pour protéger le sabot lors de l’effort de sertissage de la balle, l’aiguillon ne marque plus le fond du sabot, mais l’idéal est de supprimer les alvéoles (voir mon article à ce sujet). Concernant la presse, je vous recommande de l’acheter et de la faire modifier dans un atelier de mécanique de précision. Tout est indiqué dans l’article (sur le chargement, je crois). Je complèterai plus tard cette partie pour donner des indications plus précises concernant la modification, mais c’est assez facile à faire, si on a les machines… Cordialement.

  5. J’ai lu je ne sais plus sur quel forum que la charge prévue pour un Starr cal .44 était de 36 GRAINS, soit 2,3 GRAMMES, et je vous serais reconnaissant de me confirmer ou d’infirmer cette donnée… Serait-ce une coquille ou une erreur ? Cette forte charge de P.N. se rapproche plutôt de celle d’un Walker ou d’un Dragoon… Je vous remercie par anticipation pour votre réponse. Cordialement.

  6. Mike BELIVEAU peut être considéré comme une référence très crédible. Il fait des vidéos très intéressantes aux USA (ou au Canada) sur les revolvers à PN, en particulier, pour le compte de « GUNS OF THE OLD WEST MAGAZINE ». Il charge son STARR à 30 grains, soit 2g. https://www.youtube.com/watch?v=lU5CuFdgRoA
    Je trouve que c’est déjà pas mal, car c’est un revolver qui se charge comme les colt 1851 et 1860, soit 1g en chargement courant, si on veut faire un tir un peu précis (avec un STARR Simple Action). Par contre, une autre référence très crédible à consulter sur You tube, c’est le site de « CAPANDBALL », voici l’adresse de la vidéo qu’il a faite sur un tir comparé de l’original et de la copie Pietta. Le démonstrateur toujours excellent, charge son STARR DA avec 18 grains de PN (et de la semoule). A noter que tout comme moi, il a aussi pas mal de petits soucis avec le STARR DA, fabrication PIetta… !

  7. En plus du Remington inox Uberti 1858 cal 44 , quelles sont les pièces de rechange à acheter périodiquement, plus rarement, et exceptionnellement ?

  8. Sur les revolvers à PN, les pièces qui s’usent le plus rapidement et qu’il faut renouveler, sont les petites pièces mécaniques: le verrou, le bilame (ressort), le doigt élévateur, toutes les vis et les cheminées,.. le reste résulte de l’usure du revolver (la clavette, le chien, le grand ressort…)

  9. Bonjour Mr Rauben, je viens de me mettre au tir a la poudre noire en faisant l’acquisition de deux répliques Remington 1858 Cal.44 un en acier et l’autre en inox. Aprés avoir fait plusieurs tirs avec des differentes dose de poudre et des diamètres de balles, je reste sans aucun résultat concernat le précision voir meme des sorties de cible a 25m. Je garde en dosage 0.9Gr (douille de 9 mm) de poudre PNF2 ou suisse N°1 et 1.20 Gr ou 1.30Gr de semoule fine pour arriver le plus haut des chambres,plus graisse armurier. Je me suis mis a lire votre paragraphe sur la mesure des chambres et aprés avoir pris quelques mesures ces deux revolvers sont dans le cas d’un mauvais réalesage pour exemple: diamètre des chambres (sur deux barillets acier) 11.36 et 11.37, diametre du canon en fond de rayures 11.52 et pour celui en inox diametre des chambres 11.36 et canon en fond de rayures 11.43. j’en déduis que pour celui en acier je devrais réaléser les chambres à 11.45 et passer en balle de ‘454 et pour l’inox, réaléser les chambres à 11.40 et mettre des balles de ‘451. Pouvez vous m’aider sur ce sujet et me conseiller quoi faire afin de rendre ces deux armes correctes. Merci et bravo pour votre site qui aide bien un débutant comme moi. Ph. EVARD

  10. Vous avez « tout » compris, mais faire de telles modifications, ce n’est pas simple : je n’ai pas en tête les détails de procédure pour ce type de problème, j’ai essayé, mais le résultat n’était pas parfait. Le diamètre de la chambre doit rester légèrement inférieur au diamètre intérieur du canon. Il faut trouver un atelier de mécanique de précision qui peut faire l’alésage car utiliser un alésoir à main, c’est difficile : il peut en résulter plus de mal que de bien. 1/ Par exemple élargir l’entrée de chambre du fait d’une rotation aléatoire de l’alésoir (ce qui va poser des problèmes de sertissage, des balles flottantes, etc) 2/ On risque de strier la chambre car la rotation de l’alésoir étant trop lente et l’alésoir partant de travers, il va mordre l’acier de façon irrégulière. Il faut faire ce travail avec une machine qui tourne assez vite, et surtout dans l’axe exact de la chambre pour garantir un réalésage parfaitement cylindrique. Attention, un alésoir à main peut se bloquer dans une chambre; c’est la raison pour laquelle il est légèrement conique, de telle sorte qu’il puisse ressortir. L’alésage ne doit pas aller jusqu’en fond de chambre, il doit simplement permette à la balle de descendre de 4mm sous le niveau du barillet (elle devra rester à 2mm lors du chargement). Mais attention à ne pas laisser de vide au moment du chargement, ce qui demande par précaution de descendre l’alésage de 4mm sous le niveau maximal d’enfoncement de la balle pour qu’elle vienne sur la poudre, s’il en manque. Faites ce travail avec le révolver le plus défectueux des deux et jugez du résultat. Si cela ne marche pas, mettez l’arme dans la vitrine! Cependant il faut d’abord s’assurer que c’est bien l’arme qui tire mal et non vous – et pour ce faire, il faut faire des essais avec appui et demander à un bon tireur d’essayer le revolver – à condition que le chargement soit parfaitement fait, que les balles soient pesées, vérifiées, que les conditions de tir soient bonnes (vent), etc. Il faut également vérifier l’alignement des chambres avec le canon, c’est primordial. Bref il faut tout faire vérifier. Un Colt 1858 en acier ou en inox, ce n’est pas un critère. Quelle marques? Pas de précipitation! Un débutant doit éviter de modifier une arme sans avoir des conseils et du matériel adapté pour toute transformation. Le reste, c’est à vous de le découvrir. PSR.


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