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21 – Les pistolets Lepage à chargement par la bouche et l’utilisation des stechers


 

 

 

Cet article sera court; il vise simplement à expliquer le fonctionnement des « stechers » et présenter deux pistolets de duel à percussion (avec amorce) fabriqués à l’origine en France par Le Page. PEDERSOLI propose une gamme de ces pistolets de prestige et qui sont des armes précises. Voici la gamme Pedersoli.

 

 

Ceci dit, l’achat d’une telle arme pour le tir de précision pose un problème que les vendeurs (surtout en ligne) se garderont de vous révéler : ils vendent des pistolets de marque PEDERSOLI, ou CHIAPPA, qui sont des pistolets haut de gamme, mais pour faire fonctionner ces joujoux, il faut pouvoir se procurer des cheminées 1/4x28XL , ou .250×28, et là je crains que vos vendeurs ne vous proposent rien!!! Les cheminées, ils s’en foutent, alors que cet accessoire est indispensable. Une fois la cheminée fatiguée, pour pouvoir la changer, c’est « galère-galère »! Le « poudreux » est un pigeon qu’on appâte avec de belles images et des descriptions mirobolantes.   Alors amis poudreux ne tombez pas dans le piège et assurez-vous que votre vendeur est capable de vous fournir des cheminées adéquates!

J’ai fait le tour du marché français et seul LAVAUX vend le pistolet Lepage Pedersoli avec en option une cheminée au béryllium (1/4×28): l’information est complète.   FRANKONIA présente un pistolet Lepage cal 36 et indique que les cheminées sont 1/4″x28XL, ce qui est faux et de surcroit son stock est épuisé, (comme presque toutes les cheminées qu’il indique sur son site, ce qui est navrant)! Notre ami Dupré armurier à Bernay, dispose d’une gamme de cheminées aussi variées que complètes, et vend notamment une cheminée « pour armes Pedersoli » en acier inox, sous la référence 552501 [« accessoires », page 3], qui convient au LEPAGE Pedersoli. Pourquoi ne pas le dire et surtout pourquoi ne pas l’écrire sur son site qu’il s’agit de cheminées au pas de 1/4″x28 UNF ? L’information est un gage de professionnalisme. Par contre si vous allez sur Naturabuy, on vous vend des cheminées « pour Pedersoli »,  pour Lepage, mais si vous demandez aux vendeurs les références exactes des pas de filetage, la plupart ne donnent pas de réponse: c’est ce qu’on appelle des pièges à cons.

Toutes les autres armureries en ligne qui vous vendent des LEPAGE, ne prennent même pas la peine de vous indiquer le pas de cheminée prévu pour l’arme. Le site de Pedersoli lui-même ne donne aucune indication à ce sujet. Les pire armuriers en ligne  vendent des cheminées pour « revolver à poudre noire » sans plus de précision, et le plus souvent ce sont des lots de 6 cheminées Pietta au pas M6x0,75.  Il faut constater que sur  le marché français, les modèles de cheminées se raréfient: il faut alors acheter à l’étranger pour en trouver.

Ces pistolets disposent d’un stecher sous la forme d’une double détente (image à droite) ou d’une détente unique, mais qui s’utilise de plusieurs façons.  Le stecher est un dispositif qui permet de régler l’armement de la détente d’une carabine ou d’un pistolet afin de réduire le poids du départ à quelques centaines de grammes. Avec le stecher, la pression sur la détente est très sensible.  Son utilité première est d’éviter le fameux « coup de doigt ». Le stecher comporte toujours un petite vis placée derrière la queue de détente pour régler la sensibilité du poids de départ. Cette vis doit toujours être lubrifiée pour éviter qu’elle se grippe. C’est un mécanisme délicat à régler et qui s’avère plus ou moins fragile. L’accès de la vis est problématique en raison de la présence du pontet en laiton qui impose de placer le tournevis de façon légèrement oblique. Il faut du matériel très adapté pour ne pas maltraiter cette vis.

Qu’est ce qu’un Stecher ?

On trouvera dans l’article dont l’adresse est ci-dessous, des explications sur le fonctionnement d’un stecher à deux détentes. Pour désarmer le stecher sans tirer, il suffit d’appuyer de manière constante sur sa queue de détente et d’appuyer ensuite sur la détente avant.

Concernant le chargement, et les précautions à prendre, je vous renvoie à mon article 7:  les méthodes de chargement sont identiques à celles des carabines à chargement par la bouche. En gros pour un Lepage DP, des balles de  cal. 433à .435 avec calepin… voire 440? .  Pour une balle graissée et  forcée (mais pas trop), tester entre 450 et 454. Pour le Lapage Bondini, le cal pourrait être supérieur. Pourquoi ne pas consulter ces forums qui comporte pas mal d’indications:

Deux types de stechers, selon le modèle de l’arme

Dans le système du stecher à double détente, la première queue correspond à la détente classique. Elle possède un ergot (flèche rouge) qui permet à la deuxième détente (derrière celle-ci) de s’accrocher à la première. C’est le cas du Lepage Bondini, cal 45. que je vous propose dans la partie haute de la photo, prise dans de mauvaises conditions d’éclairage. Par contre le Lepage Pedersoli qui se trouve en dessous ne possède qu’une seule détente, mais elle joue un double rôle, à la fois celui de détente classique et celui de stecher. Il convient d’identifier ces revolvers qui m’ont été prêtés pour la circonstance. Il s’agit de deux modèles conçus par l’armurier Le Page : le « Napoléon » (celui du dessus) et le « Le Page », modèle  en dessous; les deux armes ont été achetées d’occasion et les canons, comme les platines, sont entièrement polies, ce qui les embellit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 1er pistolet est indiqué Le Page, sur la platine et sur le canon. Mais sous le canon hexagonal, on trouve l’inscription  « Peter BONDINI, made in Italy », avec le logo PB. On trouve également l’indication « P. Bondini-präezisionslauf » (canon de précision), cal 45. C’est donc Le Page fabrication Bondini. Le  canon (8 rainures) pourrait avoir été fabriqué en Allemagne. Sur le canon on lit « Arquebusier de l’Empereur » ainsi que « Le Page à Paris. » Attention, si un Le Page, modèle Napoléon est vendu neuf à un prix de 550 à 600 euros et plus, fabrication Chiappa notamment, l’arme que je présente dispose d’un canon de compétition, équipé d’un guidon et d’une visée, montés sur queue d’aronde.  C’est une arme de qualité supérieure aux modèles courants (vendus par Chiappa ou fabriqués antérieurement  par Army sport, etc). Certains pistolets de fabrication courante n’ont qu’un guidon en laiton non réglable. La qualité des organes de visée est importante ainsi que les caractéristiques du canon  (sa fabrication et les rayures…). La détente avec stecher fonctionne de deux façons : soit en fonctionnement simple sans utiliser le stecher (on arme et on presse sur la détente), soit avec le stecher: dans ce cas on tire la queue arrière en forme de croissant jusqu’au déclic, puis on appuie sur la détente avant devenue très sensible. Il faut donc activer  le stecher préalablement, puis déplacer le doigt sur la détente avant pour tirer. Un tireur de haut niveau me conseille d’armer avant de faire fonctionner le stecher et il conseille de garder le pouce sur le chien pour éviter que le coup parte… précaution que je recommande également.

Le second pistolet est un Le Page PEDERSOLI, cal .44. made in Italy.  Le logo est dissimulé sur la partie du canon qui se trouve insérée dans la crosse.  On ne trouve aucune autre indication, ni sur le canon, ni sur la platine, ni sur la crosse. La sobriété est de rigueur. Le fonctionnement de la détente en mode normal est possible: on arme et on presse sur celle-ci et le chien retombe sur la cheminée et percute l’amorce. Si on veut mettre le stecher en fonctionnement, il faut préalablement pousser cette détente vers l’avant, jusqu’au déclic. A cet instant toute poussée (légère) sur la détente (préalablement réglée avec la vis  située à l’arrière de celle-ci), fait partir le coup. Pousser la détente en avant n’est pas très pratique, mais c’est mieux que de déplacer le doigt d’une détente à l’autre.

Le manuel PEDERSOLI donne une explication concernant le fonctionnement des stechers à une ou deux « queues ». Dans ce manuel on trouvera de nombreuses informations concernant l’utilisation des armes PEDERSOLI:

  • https://www.davide-pedersoli.com/uploads/supporto/17AVC_FRANCESE.pdf

« DÉTENTES RÉGLABLES À UNE OU DEUX QUEUES – SECURITÉ : votre arme peut être livrée avec une détente réglable:

  1.  à deux queues: la queue arrière commande le dispositif de réglage alors que celle qui est à l’avant commande la mise à feu.
  2.  à queue unique (encore appelée détente réglable à la française): poussez la queue de détente vers l’avant, jusqu’à accrochage du système de réglage. Une très légère pression suffit alors pour provoquer la mise à feu.

Fonctionnement, entretien et avantages de chaque modèle de LEPAGE 

Le Lepage (Pedersoli) a un avantage important: le canon est facile à déposer:  il suffit d’enlever la clavette et de relever le chien et le canon est libre:  il sort facilement de la partie creuse de la crosse. On peut alors procéder au lavage du canon sans risquer d’abimer la crosse qui ne doit pas être mouillée. Par contre ce système de fixation du canon est moins solide que celui du napoléon : le canon mobile du Lepage dispose d’une sorte de gros ergot qui s’emboite, si on peut dire, dans un orifice carré prévu dans la pièce métallique arrière encastrée dans la crosse. Cette seconde pièce est fixe, solidaire du mécanisme et de la platine. Cependant, à long terme, ce modèle peut prendre du jeu (entre ces deux pièces), ce qui altère la précision. Un pistolet Perdersoli Le page achetés d’occasion et qui parait en bon état de fonctionnement, risque de présenter ce vice caché qui dévalue l’arme. Il faut alors insérer une cale (en laiton si possible) entre les deux pièces pour maintenir fixe l’assemblage et absorber le jeu. Voici l’éclaté du pistolet Lepage à percussion

(voir aussi le site La Pétoire que je recommande aux poudreux):

 

A l’inverse,  le Napoléon demande des précautions lors du nettoyage car pour déposer le canon, il faut dévisser la grosse vis de fixation qui maintient celui-ci à l’ensemble du mécanisme (détente et platine). Il faut alors faire attention à ne pas déboiter le mécanisme qui n’est plus maintenu fermement dans la crosse. Un démontage fréquent altère le filetage de cette grosse vis de serrage, ce qui est à éviter.

Un détail essentiel : La cheminée du Lepage  target est au pas de 1/4 X 28 UNF. Je vous renvoie à mon article 11 – « Les cheminées de revolvers à PN: galère des poudreux et misère des armureries en ligne françaises ».   Concernant le Lepage Napoléon BONDINI, je n’en sais rien.  

Selon que vous utiliser ces pistolets avec un calepin gras (patch) ou que vous tirez à balle forcée graissée, vos balles vont avoir un diamètre différent. Avec un calepin,  il est recommandé de sous-calibrer pour ne pas trop forcer la balle emballée avec le linge: il faut la pousser dans le canon en lui laissant un peu de résistance, mais sans avoir à taper avec un maillet pour qu’elle descende… A balle forcée, il est également inutile de déformer la balle pour qu’elle descende! Il faut rester raisonnable.

Ceci dit, le chargement se fait au stand de tir. Ce type de pistolet monocoup (dit de duel) présente l’avantage de ne pas imposer un mode de chargement compliqué, mais il faut un peu de matériel: 1/ un poussoir (ou une clé en Té modifiée, comme celle que j’ai montrée,  dont l’embout est creux, avec une forme arrondie), 2/ la tige prévue pour faire descendre la balle et 3/ la tige de nettoyage avec un embout  strié pour retenir le chiffon.  Au cas où le chiffon reste dans le canon, ce qui arrive, il  suffira de tirer « à blanc », en introduisant de la poudre noire par la cheminée et le chiffon sera éjecté. L’usage du calepin est pour moi préférable, car il évite le plombage du canon. Il faut surtout être très attentif, car même avec toute la vigilance souhaitée, il peut arriver qu’on introduise la balle avant d’avoir mis la poudre!  La solution sera identique : il faudra enlever la cheminée  et introduire de la poudre par cette voie pour éjecter la balle, car les instruments (vis) qui sont supposés extraire la balle sont inefficaces ou pire, ils peuvent aggraver la situation. Le chargement et le tir imposent donc une rigueur et une méthode : pour ma part, à chaque tir au stand,  je place  une seule pipette de poudre et une seule balle sur la table de tir, ceci pour éviter toute erreur. Je n’introduis la balle que lorsque la pipette est vide. Au tir suivant j’enlève d’abord la pipette vide.

L’usage du stecher exige des précautions : ne jamais enclencher le stecher quand l’arme et chargée, si on n’est pas en position de tir, l’arme tournée vers la cible, sinon, le coup peut partir en direction des autres tireurs, notamment. Le tir avec un pistolet de duel sera alors beaucoup plus économique qu’avec une revolver à PN, car le temps de chargement au coup par coup espace les tirs: on tire moins, on tire mieux.

Je vais me faire plaisir en vous proposant cette vidéo réalisée par notre ami (Michael?) de Channel, qui s’exprime en anglais,  bien qu’il soit tchèque, pays où le tireur ne connait pas les restrictions que la France impose en matière de détention d’armes. Comme moi, il est passionné par les armes à PN. Il est très compétent et de surcroit, il est super sympa.

Répliques du pistolet Le Page et Le Page-Napoléon 

  • Le Modèle : PEDERSOLI LE PAGE Target, canon Cal.44, 26 cm à 7 rayures pas 1:18″ (soit 450 mm), couleur acier miroir.  Poids: 1050 gr.  Le modèle Target  se vend autour de 800€
  • Le Modèle : PEDERSOLI LE PAGE MAPLE est une arme dont la finition est très soignée.  Crosse en érable, poncée à l’huile selon les formules antiques des  Maîtres artisans de l’Amérique du Nord. Le canon couleur damas et la  platine satinée couleur vieil argent sont en contraste avec la crosse,  ce qui confère à l’arme une élégance sobre. le modèle Maple se vend chez Lavaux à 1072 euros.

 

Voici un Le Page Napoléon fabriqué par Chiappa et distribué par EuropArm, vendu 589€. la visée est de bonne qualité.

Les prix peuvent varier considérablement d’un vendeur à l’autre. Cependant un Le Page Target Luxe à percussion monte jusqu’à 1923€! Ça fait cher la gravure!

 J’en profite pour ajouter une petite info concernant les clavettes qui vieillissent mal et qui se perdent. Personnellement j’en fabrique avec des parties de clés plates (en acier chrome) que je façonne à la main sur un touret. Mes clavettes tiennent très bien, mais tout se fait à l’œil et il faut  obtenir un amincissement progressif de l’épaisseur et de la largeur de la clavette. Ce travail demande pas mal  de doigté… et surtout de précautions pour ne pas se blesser.

Sur internet, on trouve peu d’information concernant le Lepage Napoléon BONDINI. Mais concernant le Lepage Target PEDERSOLI, les descriptions sont abondantes, sauf en ce qui concerne les cheminées qui sont systématiquement omises de la liste des caractéristiques. Selon M. Dupré elle serait identique à celle du Pedersoli.

 

 

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20 – Les revolvers à broches: avantages et défauts de leur technologie.


Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion d’acheter quelques revolvers à broches sur Naturabuy,  étant naïf concernant le marché des armes anciennes sur le net. Tenté par la technologie de ces revolvers autant que par leur esthétique, j’avais pris le risque de quelques achats « pour voir », comme on dit au poker. Cet article est donc un peu marginal, dès lors qu’il  concerne des armes d’époque et non des copies, car les revolvers à broches ne bénéficient pas de l’intérêt des fabricants italiens comme c’est le cas des revolvers à percussion produits aux Etats Unis à peu près la même époque.

Ces revolvers à broches sont des armes à poudre noire, dont la fabrication précède les revolvers à percussion produits aux Etats Unis avant la guerre de Sécession entre 1545 et 1860. Le chargement était très différent des Colts et des revolvers à percussion qui allaient tenir le marché américain à cette époque. Lefaucheux produisit le premier revolver à système utilisant des cartouches à broche en 1854, mais son brevet datait de 1836, donc bien antérieur à la production des Colts en série. Esthétiquement, les Colts et les Lefaucheux, tous deux à carcasses ouvertes, étaient proches,  mais leurs technologies différaient considérablement. Cet article aura notamment pour but de comparer les deux technologies.

Ces revolvers à broches qu’on trouve encore facilement, sont des originaux et du coup nous allons rencontrer plusieurs problèmes qui dissuadent le tireur, malgré l’intérêt technologique de ces revolvers .

  1. leur mauvais état général , souvent abimés par l’usage, par la corrosion ou par des restaurations maladroites faites par des amateurs
  2. le mauvais état  de leur mécanismes et l’impossibilité de trouver des pièces de rechange
  3. l’impossibilité de trouver des ateliers de réparation, ou des armuriers compétents et « motivés »…
  4. le manque de précision de ces armes dont les canons sont assez rudimentaires, avec des problèmes d’alignement entre les chambres et le canon et des barillets mal usinés.
  5.  les cartouches à broches qui propulsent les balles à une moindre vitesse (chiffres introuvables cependant) que celle des révolvers à percussion (entre 200 et 400m/s): la faible charge de PN explique cela.
  6. les cartouches sont difficiles à fabriquer , mais neuves elles sont chères.

Voici des indications concernant les vitesses des balles (tirées par des révolvers à percussion). Elles sont fournies par Gavach sur le forum Old guns & black powder, qui les a lui-même récupérées sur le net, dit-il (comme quoi, rien ne se perd chez les poudreux): elles se situent entre 300 et 400m/s. Pour les revolvers à broches,  la vitesse serait inférieure à 200m/s.

http://oldguns-blackpowder.forumgratuit.org/t127-un-peu-de-balistique

– Revolver de calibre 36 (9 mm environ) type Colt 1851 Navy :
Balle ronde de 5,1 grammes + charge de 1,40 grammes de PN : Vitesse = 315 m/s, Energie = 253 joules.
– Revolver de calibre 44 (11 mm environ) type Colt 1860 ou Remington 1858 :
Balle ronde de 9,1 grammes + charge de 2,20 grammes de PN : Vitesse = 285 m/s, Energie = 370 joules.
– Revolver de calibre 44 (11 mm environ) type Colt 1848 Dragoon :
Balle ronde de 9,1 grammes + charge de 3,20 grammes de PN : Vitesse = 360 m/s, Energie = 590 joules.
– Revolver de calibre 44 (11 mm environ) type Colt 1847 Walker :
Balle ronde de 9,1 grammes + charge de 3,90 grammes de PN : Vitesse = 390 m/s, Energie = 690 joules.

 – Revolver  de calibre « 12 mm » Lefaucheux M1858 : balle conique et cartouche Lefaucheux, vitesse : 168 m/s. Energie ? Le modèle 1855  tirait des ogives à la vitesse maximale de 198 m/s. Ces indications sont à vérifier, mais sont probables.

–  Revolver Mlle 1870 qui est venu dans la série des dérivés du Lefaucheux: charge de PN extra-fine de 0,8 grammes de et le poids de la balle était de 12,8 grammes. Vitesse de 220 m/s. Energie ?

Comparativement les cartouches à PSF donnent les résultats suivants:

– Révolver de calibre 38 Spécial (9,06 mm) :
Balle en plomb de 10,2 grammes : Vitesse = 250 m/s, Energie = 319 joules.
– Révolver de calibre 357 Magnum (9,06 mm) :
Balle JSP de 10,2 grammes : Vitesse = 400 m/s, Energie = 816 joules.
– Pistolet de calibre 9 mm Parabellum :
Balle FMJ de 8 grammes : Vitesse = 350 m/s, Energie = 460 joules.
– Révolver de calibre 44 Magnum (11 mm) :
Balle JSP de 15,6 grammes : Vitesse 420 m/s, Energie = 1400 joules.
– Pistolet de calibre 45 (11,43 mm) :
Balle FMJ de 15 grammes : Vitesse = 260 m/s, Energie = 507 joules.

Pour toutes ces raisons, ces revolvers à broche sont souvent destinés aux collections.

Voici trois revolvers en bon état apparent: le 1er  est un Lefaucheux que je trouve raisonnablement  gravé;  le second est, selon moi, un des plus beaux modèles de cette fabrication que j’emprunte (pour la bonne cause et un coup de pub) au site http://www.revolver1873.fr/1873-marine.php . Ce revolver est superbe, parce que sobre, épuré, sans ces fioritures qu’on a l’habitude de voir sur beaucoup de Lefaucheux. Le troisième est un revolver « type Lefaucheux » sans doute produit par un artisan Liégeois, gravé lui aussi, avec une crosse (en bakélite) qui l’est également, mais les gravures ont une élégance certaine.

LF blog inconnu

LF, Revolver Réglementaire modèle 1858 NT

 

type Lefaucheux del

Lors de mes achats de revolvers à broche sur internet,  j’étais  parfaitement novice dans ce domaine qui nous ramène en Europe, mais qui présente l’inconvénient d’un foisonnement de fabricants d’armes, en grande partie produites en Belgique et revendues aujourd’hui en abondance sur internet en cal 9 et 7 mm. Elles sont  hélas bien souvent en état de fonctionnement douteux (ressort de détente « nase », doigt élévateur usé, ressorts fatigués ou HS, pièces qui ne sont pas d’origine, trafiquées, etc).   On n’est pas dans le domaine des copies: ce sont d’authentiques fabrications qu’on peut dire artisanales. La grande époque de la production des revolvers « à broche » se situe entre les années 1855 -1870. La Belgique a connu une période de développement intense de cet « art » de l’armurerie. Certains armuriers belges n’ont d’ailleurs pas tardé à délocalisé une partie de leurs ateliers (à Paris notamment).  Aujourd’hui la Belgique fabrique des armements industriels beaucoup plus efficaces (Herstahl), mais l’armurerie artisanale a disparu.

Lefaucheux Gavach, Old gun et black powderJe citerai encore volontiers le forum « Old gun et Black powder« /Les revolvers historiques (sujet: « Ce matin, au marché aux puces de Palavas »)  sur lequel « Gavach » présente son revolver Lefaucheux de toute beauté,  à la fois sobre et finement ouvragé, avec un zest de bronzage très original, bref un très beau revolver (adresse trop longue pour être copiée). Je lui emprunte cette photo pour la bonne cause et la montre en format réduit pour vous donner envie d’aller le voir sur ce forum qui ne cultive pas le secret, comme d’autres le font… Il y a deux catégories de poudreux : ceux qui partagent leurs connaissances et ceux qui « dorment avec » sous leur oreiller: ceux là ne partagent pas…

Les revolvers à broche et « à système » (Lefaucheux ou Lepage-Chauvot notamment) se développèrent rapidement en Europe en calibre 12 mm, 9 mm et 7 mm, les cal 12 mm étant destinés à l’armée, les cal 7 mm étant de petits revolvers de sac à main, ou de poche pour l’autodéfense. Pour découvrir ces armes et avoir une idée de leur style et de leur système de fonctionnement, je vous invite à regarder des  sites tels que celui de littlegun.be, qui présente de nombreuses armes créées en Belgique, dont les revolvers à broche  à partir de 1855.

Ces armes sont donc légèrement antérieures aux révolvers à percussion qui se développèrent entre 1850 et 1865 aux USA , mais Colt disposait dans cette période d’un monopole et tenait le marché américain, ce qui fait que les revolvers à broches allaient se développer en Europe. Ces révolvers était cependant technologiquement « en avance » sur les revolvers à percussion (dont le chargement se fait par l’avant du barillet avec l’aide du levier) puisqu’ils fonctionnaient avec des cartouches métalliques. Mais si les revolvers à percussion paraissaient plus rudimentaires en raison de leur assemblage par clavette et des amorces qui posent bien des problèmes, ils présentaient des avantages certains: le chargement se faisait avec un levier incorporé au revolver,  alors que les cartouches à broche, faciles à charger, ne donnaient pas au soldat une vraie autonomie: il fallait les pré charger et la fabrication se faisait en atelier. Il en découlait des problèmes d’approvisionnement auxquels s’ajoutaient les problèmes de sécurité car les cartouches à broche sont délicates à manipuler. En outre, telles qu’elles étaient conçues (fort calibre, mais charge réduite),  leurs performances étaient moins bonnes.

Cartouches à brocheLes cartouches à broches, constituaient cependant une révolution dans le chargement des revolvers à poudre noire, puisque le chargement pouvait se faire par l’arrière du barillet avec des étuis pré chargés en laiton, c’est à dire des cartouches métalliques.  Voici un modèle de cartouches qu’on peut utiliser avec ces revolvers. Ce sont des étuis (cal 12), parfaitement cylindriques qui disposent d’une broche latérale sur laquelle le chien vient frapper pour la mise à feu. Ces cartouches sont rechargeables. L’extraction des douilles se fait à l’aide d’une tige coulissante à droite de la console. N’ayant pas essayé ces revolvers,  je ne peux pas dire si l’extraction des douilles après le tir présente des difficultés.  Pour l’instant mes pruneaux attendent le grand jour qui hélas paraît compromis.

On constatera également que ces revolvers sont moins massifs que les 1ers Colts. Selon les fabricants leurs canons ont plus ou moins d’épaisseur,  n’étant pas prévus pour de grosses charges. Les meilleurs de ces revolvers disposent d’un canon octogonal plus résistant. Ce qui fait qu’aujourd’hui, sur les stands de tir, les revolvers à broches sont très rares tandis qu’on utilise encore fréquemment des copies de revolvers à percussion dont la précision est bien supérieure.

Donnons la parole à Chassenaille (sur le forum « Les fans de la PN »): « En fait, pour ne pas risquer d’abimer ces vieux revolvers, de les faire éclater, de détruire ce patrimoine, ou être obligé de les coincer dans un étau, j’ai un truc: je prends soigneusement le calibre en fond de rayure de l’arme que je veux faire revivre et j’utilise systématiquement un projectile légèrement sous-calibré, de façon à ce que ce projectile ne force pas trop pour mordre les rayures, de façon a ce qu’il y ai une prise de rayure juste en surface, c’est suffisant pour donner une vitesse de rotation, la pression est moins forte pour ces ancêtres, la vitesse du projectile est plus importante, et la precision est quand même là, de toute façon ce genre d’engin n’est pas fait pour faire du point à 25 mètre »….

le canon du lepage comparé

Voilà un sage conseil. J’ajoute que les rayures sont particulièrement prononcées sur ces « ancêtres » et pour que la balle descende en fond de rayures, il faudrait forcer sur la pression. Avec des charges plus importantes, l’utilisation de balles rondes est recommandée pour éviter les frottements et la pression qui en résulterait, car les balles rondes passent plus facilement. En comparant ces deux canons: celui à droite d’une copie de 1860 (Pietta), l’autre  à gauche d’un revolver à broche d’origine (fabrication liégeoise), cal 12mm, mais certainement poncé pour faire un chromage. On constatera  immédiatement que l’épaisseur du canon rond liégeois est très réduite… d’autant que l’acier fabriqué à l’époque  était loin de valoir l’acier des répliques actuelles!   C’est pourquoi  H&C s’en tient à 0,7g de PN! Alors « prudence »  – « molo-molo »  – et pas de surcharge!  Les tireurs maniaco-sensitifs qui recherchent des « sensations », s’abstenir sous peine d’avoir le canon qui pète dans la main. Un article à lire sur le forum « Tir et collection »…

http://www.tircollection.com/t12602-essai-instructif-du-12-mm-lefaucheux-de-chez-hc

D’autres marques et modèles de revolvers à broche sont dérivés du système Lefaucheux :  les Lepage-Chauvot, les Chaineux  (revolvers à broches qui pouvaient comporter de 10 à 12 chambres et même au delà), Chamelot-Delvigne, Fagnus, Francotte, Dumonthier, Galand, Loron, Pirlot et frères et combien d’autres .

http://mallorquina.pagesperso-orange.fr/source/pageL.htm

http://littlegun.be/arme%20belge/artisans%20non%20identifies/a%20artisans%20inconnus%20revolver%20broche%20lefaucheux%20ouverte%20fr.htm

http://www.littlegun.be/arme%20belge/artisans%20identifies%20l/a%20lepage%20et%20chauvot%20fr.htm

Il est tout à fait recommandé de regarder trois sites qui présentent les différents aspects du Lefaucheux  (ou du Lepage & Chauvot), notamment en 3D, avec des indications sur le démontage et le fonctionnement :

Pour le 7 mm, le mécanisme du revolver Lefaucheux est différent de celui que je vais sommairement montrer.

LES ASPECTS TECHNIQUES DE REVOLVERS A  BROCHES ET LEURS  INCONVENIENTS

L’assemblage du revolver  par plusieurs vis et filetages, un système concurrentiel de la « clavette » (revolvers Colt), était-ce vraiment une bonne solution?

axe et filetage LF2Lefaucheux utilise un système de fermeture qu’on trouve également sur les systèmes de revolvers à broche dérivés: le canon et la console sont liés à la carcasse par vissage et forment un ensemble stable, encadrant le barillet.  Ces revolvers tout comme les premiers Colts, ont une carcasse ouverte, avec un axe de barillet (vissé dans la carcasse), sur lequel se visse la console et le canon  à l’autre extrémité (pas très pratique), un assemblage renforcé par une petite vis complémentaire liant la base de la console à la carcasse.  Les deux vis d’assemblage (voir les deux flèches sur la photo) et leurs filetages  s’usent (tout comme les clavettes), mais ne se remplacent pas!

Le chien vient frapper les broches des cartouches  par le haut et effectue l’ignition (en principe du moins). Les remparts derrière le barillet sont généralement  plats. Les barillets sont très espacés par rapport à la base de la carcasse à cause des broches qui dépassent et des arrêtoirs (butées) du verrou.

Sur les Colts à poudre noire,  c’est une  clavette qui assure la cohésion de la carcasse, du barillet et  du canon:  c’est une technologie simple, voire rudimentaire mais source de problèmes sur les Colts vieillissants.

SLF4Ces revolvers à carcasse ouverte n’avaient pas la solidité des revolvers à carcasse fermée, qui apparaissent vers 1860 aux Etats Unis,  tels que le Rogers Spencer, le Remington 1858, ou le Starr (un revolver à carcasse basculante).  Une évolution vers une carcasse enveloppante, c’est à dire fermée,  s’annonce. Certains revolvers vont disposer de « brides » qui ferment totalement la carcasse par le haut, mais toujours maintenues par des vis: c’est un renforcement certain. De tels revolvers ont été fabriqués, mais en nombre limité. Cette bride  pouvait être rajoutée ou solidaire du canon: c’est le cas du modèle présenté ici qui dispose curieusement d’un rempart légèrement bombé à l’arrière, comme celui des Colts. Du coup la bride vissée sur la carcasse rendait l’ensemble très  uni, donc nettement plus solide. Mais le démontage du canon devenait alors très compliqué:  il fallait déposer 4 à 6 vis (ce qui devenait un exploit) pour enlever le barillet.

LF2 avec brideCette solution (la bride) aurait pu être adoptée par Colt, pour les revolvers à percussion; mais Colt tenait à avoir des canons facilement démontables, ce qui apparaissait nécessaire compte tenu des incidents dus au chargement par l’avant, aux balles qui sortaient en cours de tir, etc. En principe, les cartouches métalliques maintiennent mieux les balles,  mais si par hasard une ces cartouches, « rechargée maladroitement » contenait une balle mal sertie qui se déchaussait de l’étui, il fallait alors tout dévisser! ce qui fait que le souci du rev. Lefaucheux, c’est le sertissage des balles qui doit être sans défaut.

Le vissage du bloc console-canon sur l’axe présente d’autres inconvénients :  ce n’est pas très fonctionnel. Un écrou ouvragé aurait été plus pratique. D’autre part, on ne peut pas réduire l’entrefer par cette technique, dès lors que la rotation de la console est prévue pour tomber « pile poil » dans l’axe de la carcasse… La bride complique le vissage de la console, ce qui entraîne d’autres modifications à prévoir. Sur le très joli revolver ci-dessous (« type » Lefaucheux), la bride semble faire corps avec le canon et ferme la carcasse,  mais je ne vois pas comment on peut visser le canon avec une telle bride? Si vous avez une idée, elle est bienvenue.

REV avec brideL’inconvénient du système Lefaucheux (avec ou sans bride), tient donc au démontage du canon qui est laborieux et surtout fragile. Cependant, dès lors que le chargement se fait par une petite portière latérale dans le rempart droit, sans extraire le barillet, ou sans le faire basculer latéralement (comme c’est le cas sur les revolvers modernes), cette fermeture de la carcasse ne présentait pas d’inconvénient majeur, si toutefois le chargement des étuis était bien fait. Par contre le nettoyage du barillet et du canon, ce qui est essentiel quand on utilise la PN n’était pas idéal. C’est donc un système qui allait vite être amélioré (canon basculant), mais les cartouches à broche furent rapidement remplacées par des cartouches d’une conception différente : annuaires, puis à percussion centrale.

La relative fragilité du système Lefaucheux tient surtout à l’usure des filetages qui vieillissaient mal et quand celui de l’axe était « bouffé », la console et le canon n’étaient plus suffisamment liés à la carcasse. Ces revolvers à Système Lefaucheux allaient souffrir de ce défaut, chaque démontage du canon entrainant, des usures dommageables, ceci d’autant plus rapidement que le diamètre de l’axe était réduit.  Ca donne alors des revolvers à risque qu’on réserve aux collections. A l’achat d’un révolver à broche, la première expertise veillera donc à s’assurer par un démontage du canon,  que le filetage de l’axe est encore en bon état. Je vous renvoie à un forum qui  évoque les aléas de l’achat d’un Lefaucheux sur le net:

http://blackpowderonly.forumactif.org/t2221p60-revolver-a-broche-type-lefaucheux-9mm

Le revolver Javelle 12mm et  9 mm (à broches) a apporté une excellente solution à ce problème par un système de canon basculant (revolver à brisure) et un système de blocage de l’assemblage carcasse-canon tout à fait original et surtout simple quant à son utilisation. Les brevets sont déposés en 1859.  La clé assure un excellent verrouillage de l’axe et permet une extraction rapide et facile du barillet. La bascule  du canon octogonal présente une  difficulté qui  tient au fait que la rotation de la console ne s’adaptait pas avec l’axe fixe, mais la clé ouvre la console et cette ouverture permet alors d’amener la console obliquement sur l’axe. C’est génial! Le revolver est cependant compact, un canon long l’aurait rendu plus élégant.  Il dispose d’une seconde détente dont le rôle est à vérifier.  Par contre, il ne dispose pas de portière de chargement : le rempart est d’ailleurs légèrement bombé.  Ce revolver à broche est donc idéal pour le nettoyage, mais pas pour le chargement car il faut sortir le barillet.  Une remarque: on ne voit pas comment fonctionne le verrou du barillet, car il n’y a ni encoches, ni butées.

javelle ouvert 2

Le revolver ci-dessous,  a été neutralisé: un acte de pur vandalisme !

Javelle2

 On peut également voir un Javelle et son fonctionnement en 3D sur le site Pistol3D.com.

http://www.pistol3d.com/revolver_javell12mm1/javell12mm1.html

La mauvaise qualité du verrouillage du barillet du revolver à broche et les défaut d’indexation

La technologie des système à broche présente une autre faiblesse: elle est due au blocage du barillet par le verrou qui émerge de la base de la carcasse (flèche jaune). Le verrou faisant corps avec la détente, le basculement de celle-ci entraîne la montée et la descente du verrou, mais de façon progressive et sans pénétration dans le corps du barillet.

Rappelons que les colts à PN avaient un système de blocage très performant: en principe, leur verrou se libérait d’un seul coup, au moment où l’encoche prévue dans le barillet se présentait face à lui. Le verrouillage était alors instantané, sauf si le doigt élévateur détérioré, perturbait cette synchronisation.

Le système Lefaucheux est un verrouillage progressif nettement moins performant. Quand on appuie sur la détente le verrou monte et vient se placer dans le cran, un peu comme un frein qu’on serre. Les crans sont au nombre de 6 et forment une ceinture autour du barillet (flèche rouge).  Le verrou vient coller au cylindre sans le pénétrer  et sans forcer. La synchronisation  des mouvements est prévue pour qu’il vienne se placer juste derrière un cran ou une butéee qu’il bloque (mais dans un sens de rotation seulement), de telle sorte que le barillet ne recule pas. Avec le temps, la butée s’émousse et le barillet prend du jeu.  Tant que la butée est en bon état, le verrou empêche le retour du barillet;  tant que le verrou est en bon état, il remplit ce rôle, mais la faible épaisseur de la butée sur les revolvers à système va très vite donner lieu à un émoussement et dès lors, les butées ne joueront plus leur rôle. C’est très souvent ce qu’il advient de revolver « restaurés » qui ont été polis et dont les butées sont arrondies,  effacées par le polissage: dans ce cas, le verdict est sans appel: le flingue ne peut plus fonctionner correctement, autant dire qu’il devient dangereux.

axe et filetage LF3

Examinons de plus près ce fonctionnement: on distingue des butées circulaires qui forme une sorte  anneau discontinu autour du cylindre, interrompu par 6 crans avec une coupure franche d’un coté et un affaissement progressif de l’autre (flèche rouge)  pour permettre au verrou de venir se placer « progressivement » contre le cran – ou six butées discontinues réparties en alignement autour du cylindre, mais sans former un anneau continu.  Sur ce modèle de Lefaucheux (à gauche), les crans sont nettement saillants, c’est une arme qui peut donc être en état de fonctionnement.

SLFMais généralement, ce que je constate, c’est que les butées ou les crans sont de faible épaisseur (comme c’est la cas sur ce revolver à doite)  alors qu’un blocage efficace exige une butée saillante avec une arrête franche.  Les bandes crantées,  externes, exposées aux chocs, à l’usure, mettent en cause ce procédé  de verrouillages à plus ou moins long terme, car quand les butées sont bouffées, il n’y a pas de solution de remise en état (pas de soudure, pas de matière que l’on puisse re-usiner). La raison de ce choix du concepteur tient précisément  à la faible épaisseur de la paroi des barillets, due à l’encombrement dans le volume limité du barillet qui comportait d’une part le passage de l’axe, d’autre part 6 chambres parallèles, ce qui laissait peu de place à la crémaillère : les Colts à PN avaient  des chambres placées obliquement pour élargir  le rochet (avec la crémaillère) et avoir un axe solide (Colt Walker).

encochesSur la photo de gauche, on voit comment Colt disposait autour du barillet des encoches (entourée en rouge) dans lesquelles le verrou s’insérait.

La nouvelle technologie conduit à la réduction de l’axe et à l’amincissement des parois du barillet ce qui incite le fabricant à opter pour le système de verrouillage par butées, au lieu d’encoches comme c’est le cas pour le système Colt.  Les encoches supposent la fabrication de barillets plus épais, plus lourds, ce qui doit avoir une incidence sur le doigt élévateur. Pour éviter un alourdissement du barillet, il suffirait simplement épaissir le barillet au niveau du verrou . LF avec encoches2J’ai cependant trouvé des revolvers type Lefaucheux avec des encoches et une épaisseur continue. Le barillet reste cylindrique.

Je constate enfin que sur les revolvers Lefaucheux (ou type Lefaucheux), le barillet est très écarté de la base de  la carcasse (voir plus haut, flèche jaune). Pourquoi?  C’est en rapport avec les broches qui dépassent du barillet: si on rapproche le barillet de la carcasse, elles vont buter sur celle-ci; le vide sous la barillet n’a probablement pas d’autre explication, mais il impose au verrou de sortir très au dessus de la carcasse pour atteindre les butées.

Le rochet, point sensible des revolvers à broche?

SLC1Le rocher (la crémaillère, c’est à dire la couronne dentée sur laquelle le doigt élévateur exerce une poussée pour faire tourner le barillet en simple et double action)  est lui aussi de faible épaisseur. Or ceci est dû au principe du chargement des chambres par l’arrière. Le fabricant devait  insérer le rochet au milieu des chambres, car la technologie des revolvers à cartouches métalliques « réduit » l’espace entre celles-ci qui sont parallèles à l’axe et qui traversent le barillet, d’où la nécessité de réduire  l’épaisseur de l’axe et de réduire le diamètre externe du rochet (on est loin de l’imposante crémaillère  d’un Colt Walker 1847. Résultat, plus les dents sont de faible épaisseur, plus elles sont soumises à l’usure due à la pression du doigt élévateur!  Hélas, la crémaillère est une partie qui ne se remplace pas (sauf exception):  il faut alors changer tout le barillet, en sachant que chaque revolver demande un travail délicat de taille des dents (les barillets ne sont pas interchangeables). Si le rochet est usé,  il est vain de rallonger le doigt élévateur pour rattraper le jeu. ça ne marche pas.  Un barillet qui ne tourne plus correctement, dont l’entrefer augmente … c’est fin de l’arme!

Sur la photo ci-dessus, on remarquera que les chambres souffrent d’un défaut d’alignement, car les deux chambres marquées par un anneau rouge n’ont pas la même épaisseur de métal au niveau de la surface externe du barillet!  Celle du haut qui affleure la périphérie du barillet, est d’une évidente fragilité et présente un risque de fissuration et pire…

Ce défaut en est-il un? Ou n’est-ce pas une évolution qui aujourd’hui concerne tous les revolvers?  En fait plus les chambres sont larges plus la place manque:  la solution consiste donc à réduire le diamètre des balles et à augmenter leur puissance… Or les cartouches à broches sont larges.

Conclusion:  ce sont ces trois défauts conjugués qu’on va constater sur des revolvers qu’on trouve d’occasion et qui les rendent parfois inutilisables. Pour le reste,  le système Lefaucheux ou Lepage est correct.  On retient que le chargement gagne nettement en facilité, ce qui fait que ces revolvers ont connu un réel succès. Ce sont des revolvers très élégants, avec une ligne très équilibrée, rien de massif. Souvent ce sont des armes gravées et très (trop)  ouvragées qui de ce fait, apparaissent un peu rococo… Les canons ronds sont moins bons que les canons hexagonaux,  plus solides.

Ce sont des revolvers à double et simple action qui fonctionnent bien. On peut dire que le système du verrou est simplifié par rapport à celui des Colts, mais  cette simplification est loin d’être un réel progrès à ce stade de l’évolution du mécanisme. Ce système de verrouillage est proche du  Chamelot et Devigne 1873, avec une amélioration. On constate cependant que le Mlle 1873 a épaissit la paroi du barillet à hauteur du verrou, permettant ainsi de revenir au mode de verrouillage par des  encoches.

D’une façon générale, on ne sera pas surpris de trouver des revolvers à broche qui présentent des défauts d’indexation et d’alignement des chambres par rapport au canon. Je vous renvoie à mes articles antérieurs sur ce sujet.

LE FONCTIONNEMENT MECANIQUE DES REVOLVERS A BROCHES

a/ Le système Lefaucheux

lefaucheux mécanismeJe ne possède par de revolver Lefaucheux. Je suis contraint de faire une recherche didactique sur le net. Il n’y a pas vraiment d’article complet et détaillé sur cette question. On trouvera certaines explications sur une vidéo de HLebooks.com que je vous invite à regarder et dont je reproduis un schéma pour nous permettre d’en avoir une idée,  car  la compréhension de ce schéma ne saute pas aux yeux.

https://www.youtube.com/watch?v=WLyDRhyKmyI

C’est un système nettement plus complexe que celui de mon revolver. Le déplacement partiel des  pièces sur le schéma ne montre pas le verrou: dommage.  On constatera cependant que la détente « semble » séparée de la pièce rouge (avec le bec d’oiseau) et que l’axe de rotation (vis) est sur la détente, ce qui n’est pas le cas pour le système de mon revolver à broche. J’imagine que de telles pièces sont rares et qu’une réparation n’est pas aisée. « Bonjour les complications! »

Lefaucheux, démontage JPGLe site Littlegun montre des restaurations de revolvers Lefaucheux et nous propose cette photo un peu trouble mais combien intéressante d’un point de vue didactique, d’un mécanisme un peu altéré par la corrosion  (site à consulter par ceux  qui veulent découvrir ces revolvers, avec de très belles photos en général). Cette photo donne la réalité d’un mécanisme de revolver Lefaucheux conforme au schéma précédent, à quelques variantes près. Elle confirme que la détente ne fait pas corps avec la came.  Sur cette photo, le verrou est visible et je constate qu’il est peu saillant: c’est la partie haute de la came formant  une sorte de crête sur la tête de l’oiseau. L’axe de cette came (l’œil de l’oiseau) est juste au dessus de la détente. La came est  de forme très complexe et je pense que la refaire est un travail de spécialiste. Indépendante de la détente, elle peut cependant être retaillée dans un acier plat, ce qui est un avantage. Elle intéressera certains armuriers qui restent aptes à ce telles réparations.

lefaucheux mécanisme2Ce qu’il faut remarquer, c’est que les revolvers Lefaucheux ont une détente qui sort complètement de la carcasse et que la came elle même (terme employé par le site littlegun) est extérieure à la carcasse, avec des formes variées (ici arrondie)  mais toujours avec un système mécanique compliqué, parfois même encore plus compliqué pour certains systèmes Lefaucheux …  ce qui  freine mon enthousiasme.

Posséder un revolver Lefaucheux peut certainement réjouir le collectionneur, mais le tireur reste circonspect, confronté au risque d’avoir des pièces défectueuses à refaire. Si c’est pour mettre le revolver dans un coffre, le plaisir n’est pas au rendez-vous. Un bon revolver à PN qu’il soit à percussion ou à broches est un révolver simple à démonter, simple à utiliser et simple à réparer. C’est un principe qui prévalait à l’armée et c’est pourquoi Colt avait longtemps tenu le marché. Il semble d’ailleurs que certaines détentes sur des mécanismes Lefaucheux ne donnaient pas les meilleurs résultats au tir de précision.

b/ Le mécanisme simplifié d’un revolver à broche « type Lefaucheux » 

Le revolver à broche (non identifié) que je démonte est conçu différemment  et de façon nettement plus simple: voilà qui me séduit.

P1000025

DSCN0467

A l’essai, sans cartouches, le mécanisme de mon revolver semble souple lors de la pression sur la détente (en double action).

Le démontage-remontage du mécanisme nécessite de commencer par réduire la pression exercée par le grand ressort sur le chien. Il suffit de comprimer ce ressort  avec une pince à linge qu’on introduit entre cette lame et le cadre en acier de la poignée. Il faut ensuite dévisser l’axe du chien et pour finir celui de l’ensemble détente-verrou. Après démontage, je constate que le chien est tiré d’un côté par le grand ressort (unique), auquel il est attaché par une petite fixation mobile en T (dont j’ignore le nom) et de l’autre côté, il dispose d’une sorte de pince avec un ressort dans laquelle le prolongement du bloc détente-verrou vient s’insérer: ce bloc a encore la forme d’un oiseau dont la queue se loge dans la pince et dont le bec est posé sur le ressort en V.

verrou de mon lepage2Le verrou se présente comme une bosse sur la tête de l’oiseau. C’est ce bloc détente-verrou qui transmet la pression exercée par le tireur sur la détente et c’est ce bloc qui impose au chien de faire des rotations autour de son axe (l’armé).  La pression  sur la détente agit donc directement sur le doigt élévateur et sur le verrou. Inversement le bloc subit la poussée du ressort de détente en « v », logé dans la carcasse,  sous le barillet. C’est totalement simple!

Trop simple! Car ce système, comme celui du Lefaucheux, présente un inconvénient majeur : l’usure du verrou. Mais sur ce révolver, c’est tout le bloc détente-verrou  qu’il faut changer ou refaire. C’est une pièce complexe  et aujourd’hui faire refaire cette pièce est difficile compte tenu de l’absence d’armuriers compétents ou consentants. 

On ne peut donc pas changer le verrou indépendamment des autres pièces mécaniques comme on le fait sur les Colts et revolvers à percussion et c’est une erreur de conception des fabricants. Il reste la solution de la soudure ou il reste à trouver quelqu’un qui puisse faire cette pièce à la main, à « l’ancienne »… la galère! La simplicité présente donc un inconvénient d’un autre genre qui peut décourager le bricoleur et faire fuir l’armurier, peu enclin à donner de son temps pour de la « quincaillerie ».

Sur ce revolver à broche non identifié,  le verrou n’a que la moitié de l’épaisseur du bloc verrou-détente; il est placé latéralement et non dans l’axe du bloc. Pourquoi ne pas l’avoir élargi ce qui l’aurait renforcé?  On remarquera également que le ressort du doigt élévateur de ce revolver n’est pas courbé, qu’il est anormalement fin, signe que ce ressort est foutu ou inadapté.

LE CHARGEMENT D’UN REVOLVER A BROCHE

On introduit les cartouches à broche par cette portière de chargement en veillant à les placer dans leur encoche: c’est un peu plus délicat que sur les revolvers modernes, mais c’est une amélioration à tout point de vue.  Parallèlement, les colts vont eux aussi  s’adapter aux cartouches métalliques et le chargement se fera par l’arrière du barillet, de la même façon, mais sans le système de broches. On voit alors arriver les cartouches annulaires.

SLF6Aujourd’hui, le chargement des cartouches pose plus de problèmes, car bien qu’on en trouve chez H&C, le prix du matériel est  assez dissuasif. (130 euros pour 10 cartouches et un petit matériel de chargement). C’est fait pour les amateurs qui veulent faire joujou avec un engin hérité du grand père.  En outre les cartouches H&C sont prévues, semble-il, pour des chargement faibles de 0,6 à 0,7g de PN, ce qui permet de dire que c’est vraiment « de la daube »! Etant donné la longueur des cartouches et celle des balles qui a contrario sont franchement surdimensionnées par rapport à la charge de poudre, c’est prendre les gens pour des cons! Donc trop peu de poudre pour la charge. Avec des étuis courts, il n’est pas non plus recommandé de sertir une balle ronde qui doit impérativement être entièrement descendue dans l’étui, comme elle le serait dans une chambre de revolver à percussion. A noter qu’une balle de calibre 44 est déjà trop grande pour une chambre (du moins sur mon cal 12mm), a fortiori l’est-elle pour un étui de 44.  Donc avec les étuis H&C, on est condamné à utiliser des ogives (avec rétreint) adaptées à ce genre de cartouche et qu’il faudra en outre graisser extérieurement comme le sont les balles H&C.  Je suppose qu’on trouvera un moule chez Tecmagex ou ailleurs. On peut toujours faire modifier un moule Lee par un atelier de précision en lui donnant le gabarit et la forme qui conviennent.  Bref il faudra éviter les suppositoires qui seront partiellement enfoncées dans l’étui ou qui ont un retreint vaguement conique, ceci afin d’éviter que les balles « bougent » dans les chambres .

Le problème de la sécurité est à prendre en compte.  Et ce problème se pose avec les revolvers à broches.  Il faut placer le chien entre les broches, sinon, il y  a le risque d’un choc et d’un départ de feu. Or, le plus souvent, rien n’est prévu sur ces armes.  Quelques modèles disposent d’un système de sécurité qui  empêche le chien de frapper la broche, mais c’est exceptionnel. La puissance des cartouches de revolver à broche 12mm est approximativement comparable à celle d’un Chamelot et Delvigne 1873, opinion d’un tireur qui sait de quoi il parle. C’est probable.

Fabrication maison de cartouches à broche « 12 mm ».

Quelle solution? cartouches à broche H&CN’ayant pas encore expérimenté le chargement à ce stade de ma recherche, je me contente de faire un état des informations que je trouve. Première constatation: chez H&C il faut compter 130 euros environ pour 10 étuis, 10 balles et un petit matériel. On croit rêver. Voici le blog d’un poudreux qui propose une méthode de chargement que je trouve assez peu convaincante, mais légèrement plus économique: on remplace le matériel par le système D !

Autre solution, faire ses cartouches soi-même. Pour les 9mm à broche, selon certains forums, les cartouches 9mm para semblent pouvoir être adaptables  et pour les 12mm, on évoque les douilles de 45ACP. De toute façon, les diamètres de chambres des revolvers risque de varier légèrement d’un revolver à l’autre… donc le système D.

http://www.jidenet.com/reviews/reviews-poudre-noire/9mm_broche/4342/

Peu d’informations sur cette question sur le net, sinon celle-ci trouvée sur le forum des fans de la poudre noire. Je cite donc certains commentaires  qui nous sont utiles, mais avec des « blancs »:

« A l’usage, les douilles H&C sont bien faites, mais on y loge péniblement 0,6 gr de pnf2, la détonation est faible, le recul inexistant, et une balle sur deux arrive de travers sur la cible: trés bien pour le tir récréatif sur boite de conserves sans fatiguer l’arme. Par contre avec les douilles de 45 ACP,  on y loge 1,2 grammes de pnf2, et là ça pète fort, le recul est vivant, ça fait des trous bien ronds, on sent quand même que l’on a en main une arme de gros calibre qui tire une balle lourde et lente avec un bon pouvoir vulnérant, (dans le contexte de l’époque bien sur car aujourd’hui les amateur de super magnum rigoleraient)…

Autre problème, les 12 mm à broche ne sont pas calibrés de façon parfaitement standard:  « En fait le 12 mm à broche est souvent aussi appelé 11 mm à broche parce que justement les alésages de ces armes ne sont pas constants d’un modèle à l’autre (nombreux artisans et modèles). Autrement dit, d’un « 12 mm broche » à l’autre,  on peut trouver des revolvers dont le canon est calibré en 430 jusqu’à 450 et plus… J’ai eu trois revolvers « 12mm à broche » et aucun n’avait le même calibre. Le plus simple et de mesurer le calibre de ton arme à fond de rayure (en passant une balle ronde au maillet dans le canon) et choisir des ogives du commerce correspondant ».

Autre essai, cette fois-ci  avec les douilles de 44 mag : « La douille nage un peu dans le barillet et il faut la scier deux fois, la raccourcir et couper l’épaulement. Donc plus de travail pour un résultat moyen. De plus quand on raccourci la douille de 44 mag,  le laiton est plus épais donc difficile à évaser et à sertir… »

Autre source d’information « entre poudreux »: Forum Armes du Paléolithique au XIXème siècle. Merci à ceux (Biker et Cromagnon) qui ont le sens du partage et qui comme moi, plutôt que de cultiver leurs petits secrets, diffusent pour un élargissement des connaissances et la promotion de l’intelligence humaine. L’esprit poudreux souffle dans le bon sens.

http://prehistoire-xixeme.forumactif.org/t145-fabrication-de-cartouche-a-broche

Je cite : « Pour les 12mm j’utilise maintenant des douilles de 8×57 au lieu des 45 ACP qui avaient du mal à rentrer dans les chambres de mon barillet! Les trous d’amorces sont bouchés avec de l’étain de plomberie, la douille étant enfilée sur un foret fixé sur un étau… vraiment artisanal mais ça marche… j’utilise des ogives de 440 avec ces douilles . Avec les 45 c’étaient des ogives Lynx pour 1873 Chamelot delvigne… Le seul problème c’est de percer le trou de la broche à la bonne distance, ce qui implique que le culot de la douille soit suffisamment réduit sinon ça marche pas… » Pour le reste des solutions, je vous incite à lire la page complète du forum.

Enfin, le forum  donne des informations intéressantes que vous trouverez à cette adresse:

http://www.tirmaillyforum.com/mildot/viewtopic.php?t=28659

Je lis ce commentaire : « Le calibre le plus simple à créer est le 12 mm, à partir d’un étui de 45 acp (1ère catég) modifié par meulage du culot et brasage du trou d’armorce, percement de l’étui par dessus pour poser la broche sur une amorce pour arme à percussion, poudre noire, ogive plomb pour 45 acp et voila. »

Cependant, il semble que les chambres des revolvers à broches soient légèrement tronconiques, ce qui complique la fabrication artisanale de ces cartouches et crée des risques lors du tir. Ceci qui fait dire à ABC (tireur) concernant l’usage d’un 9mm à broche : « Je déconseille de tirer avec des cartouches qui ne sont ni à la bonne cote, ni à la longueur – tu le dis toi même elles flottent dans les chambres, alors attention et pour toi et pour l’arme, si tu veux vraiment tirer avec ton arme à broche, tu peux aussi aléser les chambres légérement pour du calibre 380(9 mm) et mettre un percuteur sur ton chien, et la, tu as une arme à percussion centrale, la conversion est très aisée à réaliser, ton arme reste toujour en 8° et les 380 à poudre noire aussi. Ca peut être une solution, dommage pour le coté historique de l’arme ».

Le problème c’est aussi de faire tenir une amorce et de ne pas obturer l’accès à cette amorce par la poudre noire. Il y a des détails à peaufiner …

LES VICES CACHES D’UN REVOLVER ET « LA QUÊTE DU GRAAL »…

 DSCN0458

Voici deux des revolvers à broche que j’avais acheté et je vais m’intéresser en priorité au revolver cal 12mm, tout simplement parce que ce revolver est susceptible d’aller au stand, sans prétention de précision, car avec ce type d’arme, on s’amusera à faire du tir à 15m au maximum, avec un intérêt ludique et éventuellement pour en faire une arme d’auto… satisfaction. Le canon présente quelques soupçons de déformation externe, peut-être un léger bombage. mais à l’intérieur, rien de visible. Il faudra faire des tests plus poussés.

Ayant examiné ce revolver, je constate que l’indexation est défectueuse: en apparence, le barillet tourne bien (en simple et double action), mais les chambres ne viennent pas en face du canon et du chien. L’encoche de la broche arrive 2mm trop court. A priori, le doigt élévateur est en cause : serait-il trop court, usé? Est-il d’origine ou s’agit-il d’un doigt bricolé pour faire fonctionner plus ou moins le revolver en vue de la vente (sur internet, tout est possible) ?

Au club, un tireur attira mon attention sur le cliquetis qui n’est pas régulier lorsqu’on faisait tourner le barillet en rotation libre: tac – tac – (tac-tac) -tac …), bref  il y avait un soucis. D’où venait le cliquetis? Je ne connaissais  pas bien ce mécanisme, mais pour ce que j’en savais, je ne trouvais pas.

De retour à coin-atelier, je décide de faire l’examen complet du revolver : j’introduis l’endoscope dans le canon (avec la lampe et la caméra). Je fais tourner le barillet à la main pour vérifier si l’alignement canon-chambre est correct pour chaque chambre. Des croissants lumineux apparaissent d’abord, mais en tournant légèrement le barillet, je les rectifie  jusqu’à ce que les croissants laissent place à des cercles fin qui dessinent l’entrée des chambres contrôlées. Voici ce que montre l’endoscope pour les deux premières chambres: elles  sont donc placées correctement par rapport à la hauteur du canon, mais rien ne prouve que l’écart entre les chambres soit régulier.  Ce n’est qu’après la remise en état du doigt élévateur qu’on pourra le vérifier. Sur les photos on voit le fond ouvert de la chambre avec une tache  noire:  c’est le conduit (trou) dans lequel le doigt élévateur se déplace (attention, l’endoscope inverse complètement l’image).

2 chambres mon lepage

L’examen de la 3ème chambre  montre un croissant lumineux persistant, à l’opposé du trou du verrou, ce qui signifie que la chambre vient se placer trop bas par rapport au canon. Certaines chambres ne sont donc pas parfaitement alignées avec lui et par conséquent, ces chambres donneront des tirs aléatoires.

DSCN0468

J’observe attentivement l’arme :

  • le verrou fonctionne mal, il ne touche pas systématiquement les butées; il est trop court.
  • Le barillet tourne mais s’arrête avant d’arriver à la position exacte où la chambre est en alignement avec le canon: il faut alors faire légèrement tourner le barillet avec la main, pour l’amener à la bonne position (il manque 2mm). En fait le barillet n’est pas stabilisé, il a du jeu entre deux positions, l’une (en reculant) quand il se met en appui sur le doigt élévateur, mais trop à  gauche, l’autre en avançant, quand la butée vient s’arrêter contre le verrou sous le barillet, et cette fois-ci l’alignement semble bon. Mais si on pousse, ça passe:  donc le verrou est très fatigué. Un cran en particulier ne semble plus fonctionner car le barillet passe sans aucune résistance.
  • Le  doigt élévateur est défectueux  car son ressort est anormal:  une sorte de lame extrafine et qui ne fait pas ressort. Pourtant cette lame est bien sertie dans la barrette! Est-elle d’origine?   Quand au verrou, il est usé: il faut le recharger à la soudure et lui redonner une forme à la lime .
  • L’état général du revolver est apparemment bon, car il a été chromé, ce qui veut dire « poli » par l’entreprise  qui a fait le chromage. Les marques et logo n’ont pas disparu, mais on présume que la corrosion qui avait déjà piqué l’arme à été éliminée et l’aspect très lisse du barillet laisse penser qu’on a réduit les surfaces, ce qui a eu pour conséquence, de réduire les butées de verrouillage  sur le barillet et de réduire l’épaisseur externe des chambres à l’arrière. Aille!

Passons au diagnostic:

Mon lepage1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon Lepage22

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon lepage 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mon lepage 4

 

 

 

 

 

 

 

 

Le diagnostic des armuriers  :

Un armurier  en Moselle à qui j’avais demandé de refaire certaines pièces de ce révolver me rendit  l’arme 15 jours après l’avoir reçue en déclarant : « ça marche ». Je précise qu’il s’était engagé à refaire un doigt élévateur et à réparer le verrou (par soudure), ayant déclaré que « tout est toujours possible ».  J’étais donc étonné qu’il n’ait rien  fait (il avait cependant refait un ressort de détente pour l’autre révolver). Je ne l’accablerai donc pas. Son point de vue était cependant désobligeant : « Pour l’usage qu’on peut en faire, ça marche ».  Le barillet tournait, c’était suffisant  disait-il, pour en faire « un presse papier »!    Convaincu de l’absence de valeur d’un tel objet,  il me proposa (à titre de consolation) un vélodog ridicule au prix de  plus de 200 euros. J’étais consterné par tant de mépris pour les armes anciennes, d’autant que je ne discutais en aucun cas  du prix de la réparation, étant prêt à payer les heures faites.  L’honnête homme finit par dire que refaire le doigt, c’était trop compliqué, que le réglage, c’était la galère, etc…. Bienvenue dans le monde de l’armurerie contemporaine.

Je suis donc rentré chez moi, un tantinet agacé  et je me suis dit qu’il fallait que j’identifie le fabricant de ce revolver. Sur son barillet, le marquage ELG (avec l’étoile à 5 branches (dans l’ovale) était nettement lisible il s’agissait du poinçon du banc d’épreuves de Liège (image 7). En dessous,  on trouvait la couronne surmontant la lettre R. C’était un début. Je n’aurais pas dit « fume, c’est du belge », mais  j’aurais dit: « c’était du belge, ça peut encore fumer ».  Mais le revolver ne possédait pas de numéro de série, ce qui me surprenait.

La seule marque visible, c’était un écusson placé sur le tonnerre du canon. Je me suis acheté depuis plus d’un an une loupe grossissante pour philatéliste qui permet de voir les micro-détails. Mais avec cette loupe, je n’arrivais pas à déchiffrer le dessin sous les lettres.  Comment reconnaître ce logo? L’énigme commençait et j’avais le sentiment que ce logo était celui d’un fabricant coté ou reconnu: trop beau pour être celui d’un armurier anonyme.

Lefaucheux 66661Cette recherche fait partie du  plaisir du collectionneur, fut-il tireur. Une sorte d’écusson avec deux lettres « LF » pouvait faire penser à Lefaucheux. Erreur, car après recherche, le logo Lefaucheux était « EF », c’est du moins ce qui m’apparut à première vue.

Je ratissais tout ce qui traitait des logos belges et en particulier  les logo LF ou EF sur la liste dont j’ai donné les références. Après une journée complète de recherches sur le net que je vous épargne,  je parvins  à établir clairement que le fabricant Lefaucheux (dont les logos ont évolué) avait marqué ses revolvers des initiales  LF mais avec un pistolet brisé…  il s’agissait alors du père (Casimir Lefaucheux).  Quant au fils (Eugène Lefaucheux) son logo était sobre : il se contenta des initiales EL surmontées d’une couronne. Pas  d’animal ailé ou de dragon en vue. D’une façon générale les Lefaucheux sont numérotés.

Lefaucheux sur littlegun

Logo LF, Lefaucheux

Alors, mon revolver « LF » était-il de la première genération Lefaucheux?  Aujourd’hui, ayant fait une recherche sur les Lefaucheux, il me paraît évident qu’un examen rapide du système mécanique écartait cette hypothèse, ne serait-ce par le fait que la détente de mon revolver est placée dans la carcasse…

Donc un revolver belge, fabriqué à Liège, sous les initiales LF et avec une sorte de cheval dressé?  Une main invisible fit parler l’appareil qui grâce à sa précision, avait capté l’image finement;  une image  que même ma loupe ne parvenait pas à rendre lisible.  La lumière rasante d’un projecteur accentua le relief en creux et l’image apparut: il s’agissait bien d’un animal cabré (et non cambré), cheval ou dragon? Quand à ce qui s’avéra être la queue, j’hésitais jusque là entre le chiffre 2 et une queue en panache? C’est bien une queue en S.  Voici donc que l’image prenait forme :  un très joli logo en vérité.

le lion cabré, EF

 

dragon à la hache, avec queue en panacheDe quoi avoir un peu de respect pour cette arme que ses anciens propriétaires avaient sabotée pour en faire un objet décoratif. Il est certain que le revolver chromé cache bien son âge et ses douleurs, mais un polissage intensif n’était certainement pas le meilleur traitement, mais il cachait l’outrage du temps! Le traitement au chrome est cependant  parfait pour l’entretien: pas de rouille.

Comment identifier le fabricant qui possédait ce logo et dont les initiales étaient LF?  Sur internet, j’avais tenté différentes recherches,  notamment à la lettre L dans les listings des fabricants belges recensés, épuisant  les hypothèses, car aucune trace d’un lion cabré. Une réponse à mes recherches sur le thème de « logo armurier belge avec dragon (ou lion)  dressé »: me proposa enfin un lion dressé brandissant une hache.  Des revolvers Lefaucheux vendus à la Norvège comme revolvers  réglementaires portaient ce dragon (ou lion) apparemment orienté vers la gauche et gravé à droite de la console. C’était ressemblant mais pas entièrement convaincant. Il fallait poursuivre.

lion cabréEn utilisant le mot « cabré » (plutôt que « cambré ») qui semblait correspondre à la position de cet animal, je découvris que le lion cabré était fréquent dans les armoiries et je poursuivis les recherches… le logo sortit enfin, découvert sur Delcampe. Je pus alors mettre un nom sur le fabricant:  Lepage et Chauvot (LC), antérieurement « Lepage et frères »(LF) , c’était gagné!

On constatera que le logo gravé sur certains revolvers est parfois un peu rustique (photo de gauche), mais il ne fait aucun doute que mon revolver est un « Lepage et frères », une  arme produite par  ce fabriquant belge avant qu’il ne s’associe et fabrique sous la marque Lepage et Chauvot (LC). Voici trois exemplaires de ce logo, trouvé sur le net. Certes mon revolver ne dispose pas d’un numéro de série, mais il présente maintenant un certain intérêt ;  ce n’est plus de la « quincaillerie belge ».

3 logos Lepage et frères

Reste maintenant à répondre à la question : ce revolver peut-il être remis en fonctionnement?  Il me semble que oui, si on refait un barillet  mais avec encoches et si on refait le verrou ainsi que le doigt élévateur.  De gros travaux…. mais le canon reste à vérifier. La question est posée. Depuis j’ai consulté un second armurier, qui cette fois-ci m’a déclaré très amicalement que la réparation du verrou et du doigt n’offrait aucun intérêt, car l’usure du revolver est générale et tout cela ne servirait à rien,… inutile de répondre que « servir n’est pas de mise aux marquises », comme aurait dit J. Brel. L’argument ultime qu’il m’opposa, c’est que cela demandait trop de temps, etc.  Là j’ai compris l’armurerie n’est plus un art. Aujourd’hui, il n’est pas possible de trouver un armurier disposé faire ce travail. Pour leur défense, il faut faire la différence entre restauration et réparation: la restauration expose l’armurier à de nombreux risques, liés au démontage (vis rouillées) d’armes qui ont souffert du temps et de la corrosion. Beaucoup sont avant tout des vendeurs d’armes. Aujourd’hui, l’armurerie est tournée vers la chasse.  Il reste les particuliers avertis qui nous proposent d’excellents tutos, de quoi nous inciter à tenter l’aventure.

La solution est peut-être là:

http://www.tircollection.com/t15079-le-1873-ajustage-d-un-nouveau-barillet

http://poudrenoire.forumactif.com/t11977-reproduire-une-barrette-de-chamelot-delvigne

18 – La carabine Spencer 1860 cal 44-40 à levier sous garde, une carabine légendaire


 

Spencer 1860 chiappa

C’est une carabine à cartouches métalliques qui à l’origine était chargées à la poudre noire, mais la réplique Chiappa est prévue pour tirer des cartouches à PSF aussi bien qu’à PN. Une carabine qui va surprendre pour sa précision à courte et moyenne distance.

Cette carabine mythique (in February 1863, one of the more famous repeating rifles at Gettysburg was the Spencer), fut créée et fabriquée en 1860-65 pour l’US Army en deux versions, dont la version cavalerie qui fut très populaire avec un canon court de  20″ : elle dispose d’un système de rechargement rapide à répétition manuelle par levier de sous-garde. La réserve de sept cartouches est contenue dans un magasin tubulaire logé dans la crosse. A l’origine elle était produite en cal 56-50 (balles à jupes) avec des cartouches à percussion annulaire (rimfire);  par la suite elle fut produite avec des balles à percussion centrale en calibre 45 Long et 44-40.  Pour les détails,  je vous renvoie au site Western action Shooting  sur lequel un article excellent  et très complet décrit cette arme et son fonctionnement original:

Capture2

La carabine Spencer fut ensuite vendue en grandes quantités à la France lors de la guerre de 70, trouvant ainsi un relais à la guerre de Sécession. Cette carabine fut la concurrente de la carabine HENRY sortie au même moment (équipée elle aussi d’un levier sous garde), mais avec un magasin tubulaire placé sous le canon. Le chargement de la carabine HENRY me semble cependant un peu plus délicat. C’est le prototype des carabines Winchester. La SPENCER 1860 restera une exception avec son magasin placé à l’intérieur de la crosse. Ce magasin ainsi placé était considéré par l’armée comme étant  mieux protégé. Pour faire la comparaison, voici une vidéo concernant la carabine Henry :

La réplique de la carabine SPENCER 1860 fabriquée par Chiappa n’est plus vendue en France depuis 2014: les derniers importateurs (Beck Chasse notamment) n’en ont plus. On doit donc la faire importer des USA …  J’ai dû me tourner vers Egun en Allemagne pour  acheter cette carabine neuve:  une annonce providentielle, mais le vendeur (un armurier), n’avait que foutre de me fournir une facture et la garantie: j’ai dû faire des menaces d’intervention sur place, avec les « autorités », pour qu’il se décide à me répondre et m’envoie les documents (en Allemagne, la réglementation sur la vente d’arme est « carrée »). Ceci pour montrer que sur Egun, le client n’est pas roi;  c’est l’armurier qui fait la loi, car beaucoup d’armes y sont vendues par des armuriers. En cas de litige, on risque de se faire éjecter du site. Les formalités faites (exportation, déclaration en douane  et déclaration en préfecture), c’est plusieurs mois après que j’ai pu la mettre en service. On trouve sur Naturabuy des carabines SPENCER d’origine  ou des répliques,  mais elles chères: la  Spencer 1860-65 neuve de fabrication Chiappa (le seul fabricant actuellement) vaut environ 1300 euros. c’est donc une très belle carabine dont le fonctionnement est garanti  par son passé et dont la réplique produite par Chiappa est vraiment d’excellente facture. Le fusil Spencer existe, mais la carabine a toujours eu un succès indéniable (Clint Eastwood nous le confirme…).

Clint eastwood2

En raison de son canon court, c’est un modèle intermédiaire entre le revolver et la carabine classique: c’est maniable et c’est précis. Aujourd’hui la carabine SPENCER est exclusivement fabriquée par Chiappa en 56-50, 45 Long Colt  et 44-40 (dont on dit que les étuis sont plus fragiles pour le rechargement).  Selon Mike Beliveau, des pièces de la carabine sharp sont utilisées pour sa fabrication; c’est une arme très robuste et sa fabrication par Chiappa est irréprochable et conforme  à l’arme d’origine. 

Spencer démontée 2

Certes la mécanique est rustique, mais c’est tout le charme du passé! Elle fonctionne avec une culasse basculante, avec une platine encore très classique. Il faut d’abord engager une balle avec le levier d’armement et ensuite armer le chien pour pouvoir tirer.  C’est une arme de selle, très maniable, de courte portée (entre 25  et 100 mètre).  Ajoutons que le canon a un pas rapide, avec 6 rainures profondes au pas de 1:36″, et que les organes de visée sont  corrects (hausse relevable). Le magasin  qui se trouve dans la crosse contient un tube avec ressort, comme les fusils à pompe en ont sous le canon, mais l’approvisionnement de la SPENCER est extrêmement simple et peut être très rapide: on utilise des tubes dans lesquels 7 cartouches sont préparées (à l’origine, le soldat les portait dans une sacoche)  et au moment du rechargement, on vide le tube dans le magasin qui s’ouvre à l’arrière de la crosse. L’ouverture du magasin est très simple.  On ne peut pas faire plus rapide! .  

SPencer Chiappa

Un point essentiel : la carabine Chiappa fonctionne aussi bien avec des cartouches chargée à la PN qu’avec des cartouches chargées à la PSF!  Elle est compatible avec les deux munitions, ce qui veut dire que l’acier est prévu pour ce double usage.

mike beliveauUne vidéo de Mike Beliveau (présentateur pour « Guns of the Old West magazine ») montre le fonctionnement de l’arme;  c’est à regarder, même si on ne parle pas anglais. On doit d’abord basculer la  culasse avec le levier sous garde,  ce qui réapprovisionne,  puis armer le chien, alors que Beliveau fait l’inverse. Certains utilisateurs, dont je fais partie, ont constaté que le réapprovisionnement peut présenter quelques incidents: dans ce cas, il suffit de tenir la carabine horizontalement et à plat (me semble-t-il) et d’armer le levier avec un geste net.

Au point de vue esthétique, le jaspage de la culasse est superbe, bien qu’habituellement, je n’aime pas trop de côté baroque de ce traitement. Il faut ajouter  que le bois de châtaignier choisi par Chiappa est magnifique, très veiné et avec des voluptes, mais il est teinté de façon trop foncée pour mon gout et ne met pas en valeur les veines.

Le point faible de la SPENCER 1860: son poids de détente excessif. Quelle solution?

Cette carabine ne dispose pas d’un stecher et on lui reproche son  poids de détente trop lourd qui réduit la précision du tir. Mike Beliveau évoque cette question dans sa vidéo. Le poids de détente de ma carabine a été mesuré à 18 livres anglaises! Mon armurier prétend que le réglage de ce genre de platine est risqué  et n’a pas voulu tenter une intervention! Ce qui veut dire qu’en l’état, cette carabine est inadaptée pour le CAS, car la détente demande une pression beaucoup trop forte: elle doit être pressée de façon très progressive (jusqu’au départ du coup, qui se fait « sans prévenir »), ce qui est incompatible avec le tir rapide. Par contre, avec une cartouche 44-40,  il n’y a pas beaucoup de recul, ce qui rend le tir agréable.  La résistance du ressort demande un « doigt puissant ». Malgré la raideur de sa détente, cette carabine a cependant vocation à la précision  si on contrôle l’effort de poussée sur la détente. 

La résistance exercée sur la détente provient du grand ressort situé dans la platine. La conception de la platine ne permet pas de réduire les crans (armé et demi armé) qui immobilisent le chien, comme on le ferait sur un revolver à PN en soudant une plaque de cuivre sur cran d’armé.  Existe-il une solution?  

Cependant, avant d’aborder une solution, je donne quelques informations sur le fonctionnement de la SPENCER  et sur le démontage de la platine qui tient avec 2 vis. Après des recherches, j’ai trouvé deux vidéos en anglais qui sont vraiment lumineuses pour aborder le démontage. C’est facile, sous réserve de disposer de bons tournevis : l’une des 2 vis traverse la crosse (elle tient en même temps la plaque avec l’anneau pour accrocher une sangle); l’autre se trouve placée sous le chien qu’il faut mette en position 1/2 armé pour la rendre accessible.  La détente elle-même tient avec 3 vis, dont deux vis à bois. Quant au démontage du mécanisme de  la platine, c’est nettement plus délicat, car il faut enlever le grand ressort  et pour cela il faut utiliser un outil spécial (tendeur de ressort). Mais il faut aussi en comprendre le fonctionnement  

spencer 1860, démontage

Spencer 1865 spring2

Le fonctionnement d’une platine à percussion:

platine à silex

chien et noixJe vais d’abord présenter le fonctionnement d’une platine à percussion dont il existe de nombreuses variantes sur les armes à chargement par la bouche (fusils et pistolets), mais je commencerai par présenter le schéma d’une platine à silex (en anglais : flintlock) qui est très proche de la platine à percussion  (« percussion lock » ou « caplock »). Dans une platine à percussion, comme sur ce schéma, le chien et la noix (la pièce crantée ) sont placées de part et d’autre d’une plaque: ces deux pièces destinées à la percussion forment un ensemble solidaire. La différence avec un revolver, c’est que la noix n’est pas la continuité du chien: c’est une pièce séparée qui se trouve à l’intérieur de la platine, alors que le chien est extérieur. Les deux pièces sont cependant unies par un axe et leur mouvement est identique:  toute rotation du chien entraine la rotation de la noix, comme deux roues qui seraient soudées sur un axe. Voici la noix (the tumbler) avec ses crans, qui est en rotation autour de l’axe- et voici la gâchette (the sear) qui est en rotation autour d’une vis: on voit la pointe de la gâchette qui vient se placer dans les crans de la noix. On a enlevé la bride de noix (the bridle) pour voir ces deux pièces

Capture

La noix est soumise à 3 actions: celle du chien, celle du grand ressort et celle de la gâchette. Quand le chien est armé, la noix tourne autour de l’axe du chien: elle se  bloque sous l’action de la gâchette et de la détente et bloque alors le chien. Le chien est actionné par la force manuelle (en étant armé) et cette force s’oppose à celle du ressort de chien qui a pour but de ramener le chien dans sa position initiale. Une fois que le chien  a été armé, le grand ressort attend qu’on débloque la noix crantée (en appuyant sur la détente) pour renvoyer le chien en avant (c’est la percussion).  La lame supérieure du  ressort pousse la noix en appuyant sur une partie saillante de celle-ci, mais sur la SPENCER le ressort est fixée à la noix par une pièce mobile.  La gâchette est une sorte de bras qui retient le retour du chien (selon le principe de la détente), en plaçant son extrémité dans les crans de la noix.

Voici une ancienne platine qui permet de voir la noix (avec ses crans) et la gâchette qui se loge dans ceux-ci. La seconde photo donne un autre exemple de noix nettement plus visible.  La noix est placée derrière une pièce horizontale appelée la « bride  de la noix » (« the bridle » en anglais) . On voit très bien la  pointe de la gâchette qui vient se placer en face des crans sur la noix.   Le chien se trouve derrière la grande plaque. La bride de noix  présente des forme diverses, mais elle est fixée sur la plaque de la platine par 2 ou 3 vis et tient l’ensemble du mécanisme.

Caplock16

Généralement, le grand ressort est placé à l’avant  comme c’est le cas sur cette platine. La gâchette est relevée grâce à un second ressort. On voit comment le grand ressort pousse la noix vers le bas et cherche à ramener le chien dans sa position de repos (vers l’avant). Par contre la gâchette est généralement relevée grâce à un petit ressort bilame. Sur cette platine, les deux ressorts sont séparés, le grand est placé à l’avant et le petit est à l’arrière.

Caplock9

Voici une platine classique, avec le grand ressort à l’avant. La noix  et la gâchette sont en partie sous dissimulées par la bride de noix qui est en forme de croissant sur ce modèle et  qui ici ne tient que par deux vis  et l’axe du chien. Sur ce modèle également, le petit ressort se trouve à l’arrière:  il  baisse la gâchette pour qu’elle se relève  à son autre extrémité et bloque la noix (ici la pointe de la gâchette est dissimulée par la bride de noix).

platine à percussion

Voici un schéma général du montage d’une platine à percussion (ce  n’est pas celui de la Spencer 1860-65): c’est un schéma classique.  

platine

Dans la platine de la carabine Spencer 1860-65,  un grand ressort en V est à l’arrière, comme sur ce schéma, mais la lame basse du ressort est allongée pour venir en appui sur la gâchette (au lieu de prendre simplement appui sur une butée fixe, comme c’est généralement le cas).

Sur la photo qui suit, on voit grand ressort en V dont les deux lames remplissent des fonctions opposées. La grande lame, en haut, relève la noix : elle est accrochée à celle-ci (par un petit axe mobile) pour la relever et renvoyer le chien en avant (percussion), tandis que la lame basse du grand ressort pousse la gâchette vers le bas pour bloquer la noix à son autre extrémité et retenir le chien. Il n’y a donc pas de petit ressort séparé.  Reste à examiner le fonctionnement de la détente qui est très simple : c’est encore le système du levier pivotant fréquemment utilisé dans les armes à poudre noire.

hxaiuzdgu

La détente est solidaire d’une plaque (une sorte de parallélogramme) qui en pivotant vient pousser la barrette en demi lune, à l’extrémité de la gâchette et qui se trouve placée au dessus d’elle. L’autre extrémité de la gâchette, pointue, vient s’encastrer dans les crans de la noix quand  le chien est armé (ce qui n’est pas le cas  sur la photo, car le chien est au repos et la noix étant relevée,  la gâchette n’est pas engagée dans les crans, elle vient se placer sous la noix). Dans la suite de l’article, on va voir les trois positions de la noix: [chien au repos – chien 1/2 armé –  chien armé].  C’est finalement simple! Mais avec un tel système, comment peut-on alléger le poids de la détente? Nous avons adopté la méthode proposée par l’auteur d’un article (en anglais et avec la traduction) sur le forum CasCity.com dont voici l’adresse URL : 

Les étapes du fonctionnement de la platine de la carabine SPENCER :

chien au repos

demi  armé

armé

Une méthode de réduction du poids de détente qui est contestée:

Il semble en effet possible d’assouplir le ressort en réduisant la largeur de la lame basse du ressort, comme l’indique l’auteur de l’article (dont le pseudo est « two flints »). C’est un  travail très méticuleux et délicat . Il faudrait descendre le poids de détente à 2,5kg au moins, mais nous nous contenterons de le descendre à 4kg! Je précise que mon armurier, n’a pas voulu faire cette intervention, par crainte d’endommager le ressort. Or il sembler qu’il existe d’autre méthodes  qui n’interviennent pas sur le ressort!  

C’est donc un ami qui qui s’est chargé de ce travail (je précise qu’il fait lui-même la réparation de ses armes et qu’il a une excellente connaissance de la mécanique). Nous avons constaté que la lame basse du ressort présentait une partie plus fine venant en appui sur la gâchette, avec une épaisseur légèrement décroissante : c’est cette partie qu’il a décidé de modifier. Cependant le ressort présentait des stries anormales qui sont l’indice qu’une fabrication grossière (c’est le seul défaut de fabrication constaté sur cette arme). Ces stries dues à un usinage  maladroit, peuvent provoquer une cassure du ressort. La lame a donc été polie à la machine (sur un disque avec une brosse en laine et une pâte à polir) pour faire disparaitre les stries. Puis lame a été réduite en largeur de façon infime, sur une longueur de 7mm comme on le voit sur la photo. Ce travail a été effectué à la pierre douce (et non à la lime) de façon symétrique. Cette légère réduction de la largueur du ressort va cependant va suffire à faire tomber le poids de détente de 18 livres (anglaises) à 9 livres, soit 4kg.

tendeur de ressort dupréAttention: il faut être bien conseillé ou connaisseur pour entreprendre ce travail. Réduire un ressort suppose de savoir comment on va diminuer la largeur de la lame. Pour travailler sur le grand ressort, il faut le démonter et pour ce faire, il faut un outil qu’on appelle un « tendeur de ressort » (on en trouve chez Dupré … car les autres armureries notoirement connues n’en ont plus en stock). Il est déconseillé de serrer le ressort dans une pince autobloquante, pour le démonter,  car le ressort risque de sauter ou d’être abimé. Etant donné que la course de la détente sur ma SPENCER est trop longue, il serait de mon point de vue utile de « raccourcir  » cette distance.  Le choix de la méthode a été fait trop vite. Il aurait fallu mieux approfondir les solutions.

A l’essai la pression sur la détente m’a semblée nettement compatible avec le tir CAS et le tir de précision. Certes 4kg, ça pèse encore lourd! Ma grenouille vous le confirme,  mais c’est une amélioration raisonnable dont je vais me contenter, car je reste dubitatif concernant la réduction du ressort, en particulier sur une portion située à la base de la lame!

Le résultat:  le ressort est-il fragilisé? 4kg

Cette intervention évite cependant de limer des parties du mécanisme qui sont prévues pour un frottement intense (comme c’est le cas des crans de détente) car ce sont des pièces cémentées. La cémentation renforce l’acier sur les parties d’une arme exposées à l’usure.

Contestation de la méthode:  

Des tireurs expérimentés de mon club ont contesté ce travail, en soutenant que la réduction du ressort sur une portion de sa longueur  crée un point de rupture, ce qui était aussi mon avis avant l’intervention. Il aurait fallu faire une réduction progressive sur toute sa longueur. Les experts du club m’ont donc conseillé de refaire cette réduction.  Du coup, le poids de détente risque de baisser encore. Faut-il suivre cet avis, je pense que oui.  

Cette question est traitée sur le forum du site « Tir longue distance »: les tireurs qui interviennent sur ce sujet déconseillent toute intervention sur le grand ressort de chien, car cela affaiblit la percussion. La possibilité de souder une lamelle de cuivre sur le cran d’armé est évoquée, sans risque pour l’arme. C’est une méthode que je souhaitais pratiquer avant qu’il me soit proposé d’intervenir sur le ressort de la gâchette.

Autre source d’information, un article de Dave France (North-South Skirmish Association): « MODIFIER LE MÉCANISME DU MOUSQUET ET DE LA CARABINE POUR UNE COMPÉTITION N.SSA

L’article est publié et traduit  sur « forum Poudre Noire » . son contenu montre une parfaite connaissance de cette question. Nous remercions le traducteur bénévole qui nous donne accès à ce texte. Je lis ceci :  « Plusieurs versions antérieures de cet article sont apparues dans des lettres d’information depuis 1976. Des  additions (ajouts) et améliorations ont été apportés au travers des années, suggérées par plusieurs membres de la N.SSA qui sont des armuriers accomplis ». C’est donc un document qui semble très crédible.

Selon cette traduction, Dave FRANCE formule un avis négatif concernant la réduction du grand ressort: « Un ressort principal accentue la résistance de la détente mais ne doit jamais être limé, réduit en largeur pour réduire le poids de détente. Un ressort principal affaibli augmente le temps de la cinématique et réduit la régularité du processus de percussion. Le mauvais ajustement et d’autres problèmes d’usinage provoquent un glissement dans le départ . Il est préférable de remplacer ou modifier des pièces au montage bâclé pour éliminer cette cause de glissement . » 

Je précise que la réduction que nous avons faite ne concerne pas le ressort principal, mais le ressort de gâchette.

Selon Dave France, trois méthodes sont envisageables en vue de réduire le poids de détente d’une platine. On regrette cependant que le texte reproduit s’appuie sur des schémas réservés aux seuls adhérents du forum:   [« Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message », lit-on]. Cet esprit « chasse gardée » est contraire à ma politique de visibilité. Je cite l’article:

« Il y a trois façons d’améliorer le départ d’une arme, ce qui nous aidera en compétition:
1) Réduire le poids du départ. Un départ léger requiert moins de force pour appuyer sur la queue de détente. Ce qui a comme conséquence de maintenir la visée plus facilement.
2) Éliminer la sensation de glissement ou de grattage perceptible sur certains mécanismes. Un mécanisme qui gratte apporte une altération de perception lorsque la queue de détente est pressée. Cette altération amène certains tireurs à brusquer la queue de détente ou à donner un coup de doigt. Une arme avec un mécanisme en bon fonctionnement permet au tireur de pratiquer sans percevoir le mouvement de la détente.
3) Raccourcir la course. Une traction plus courte réduit le temps de pression sur la queue de détente et réduit la tendance au coup de doigt.  Beaucoup d’entre-nous reconnaissent qu’une détente légère contribue à un tir précis mais ne reconnaissent pas les bénéfices de l’élimination du grattage ainsi que du raccourcissement de la course. J’ai personnellement constaté que le travail sur ces deux données aidait au tir. 

Je souscris bien sûr à tous ces principes. Il existe enfin une autre méthode, selon Dave FRANCE :

« Les transformations pour améliorer les mécanismes des mousquets et fusils sont antérieures à la guerre civile. La transformation la plus courante était l’addition d’une vis en bois. La vis était en contact avec la détente et l’empêchait de s’engager totalement dans le cran de l’armé sur la noix. La vis était placée dans la poignée de la crosse aux coté de la queue de détente. Cette modification réduisait la force requise pour actionner le départ ainsi que la course. (Nous n’avons pas le droit d’opérer cette modification sur nos armes et je ne pense pas qu’elle serait un moyen très fiable pour améliorer le départ). »

Les solutions proposées dans l’article pour réduire le poids de détente de la platine sont les suivantes :

« ÉTAPE 1) Modifier le cran d’armé dans un angle qui augmente le poids du départ. (ceci pour réduire la course de la détente)

ETAPE 2) Modifier la noix afin de réduire l’engagement total de la gâchette dans l’armé. Cette modification va modifier la course du départ et devrait être considérée comme la meilleure option. (…)

  • 2.B)  tumblerSouder une pièce de laiton à la noix (comme montré en figure 5). Beaucoup d’entre nous utilisent cette méthode pour raccourcir la course. L’épaisseur du laiton doit être telle que la profondeur du cran soit de 1/32 ème de pouce ou moins. Le laiton peut être limé afin d’augmenter la profondeur d’engagement de la gâchette ou éventuellement d’augmenter le poids de détente. »

Si nous disposions des photos qui accompagnent ce texte, cela serait utile à tous. J’ai donc procédé à des recherches et j’ai pu trouver le texte d’origine intégral (en anglais) avec les schémas qui accompagnent l’explication. Je vais donc me consacrer à la lecture de ce document dont voici l’adresse:

dave france

Pour ceux que la Spencer 1860 tente (voir le film « Impitoyable »,  avec Clint Eastwood et Gene Hackman) son intérêt réside dans sa précision, dans sa maniabilité et la douceur du tir  et enfin dans son système de chargement très rapide.  Pour moi la Spencer, c’est une carabine parfaite si on a pu réduire son poids de détente. Il reste à faire de nouveaux  essais de tir à 50m

Gene Hackman

 

Vidéo

17 – Le tir de précision à la poudre noire, 2ème partie (suite de l’art.15)


 La régularité des balles:  mesurer  et trier les balles de plomb coulées avec un moule (voir article 4)

 La règle en matière de précision, c’est d’avoir des balles de même poids (de même masse), ce qui ne peut s’obtenir que par pesée. Le diamètre de la balle n’est pas pertinent comme critère de sélection. Le tireur doit donc s’équiper d’une balance précise pour trier ses projectiles, mais qu’en est-il des diamètres de ceux-ci ? La relation entre poids et diamètre n’a-t-elle aucun intérêt?

Les diamètres des balles ont une incidence directe sur le chargement. Rappelons que le diamètre du projectile doit être supérieur à celui des chambres pour sertir la balle et que le sertissage des projectiles réduit leur diamètre soit par compression si les entrées de chambre sont biseautées, soit par la découpe d’un anneau, du fait que les entrées de chambres n’ont pas été biseautées (je suppose bien entendu que les chambres sont de même diamètre faute de quoi il faut les faire rectifier). La méthode de sertissage peut donc modifier le poids de la balle ronde.

La trieuse un outil de pré classement qui ne convient pas à la précision:

La trieuse comporte plusieurs trous calibrés aux diamètres 457-456-454-451-etc… : Les diamètres standards sont : 11,30mm – 11,45mm- 11, 53mm – 11, 58mm-  etc. Toute balle qui traverse le trou correspondant au calibre 454 est sous calibrée. Si elle ne passe pas, c’est qu’elle est supérieure à 454. Je la teste alors en 456. Si elle traverse le trou de 456, c’est pour moi une balle au cal. 454, mais si elle ne passe pas, c’est au moins du 456. Cette méthode paraît simple, mais pour autant, elle ne garantit pas des lots de balles de masse homogène et en réalité, elle ne garantit pas non plus des diamètres précis car les balles peuvent « passer » si on les oriente différemment (problème de mauvaise sphéricité). La trieuse ne peut être qu’un outil de pré classement.

trieuseL’utilisation de la « trieuse » permet de procéder à un classement sommaire des balles en fonction de leur diamètre, ce qui évite d’avoir recours au pied à coulisse (ou au palmer) dont l’inconvénient réside notamment dans la prise du diamètre, car cette mesure est incertaine pour une raison au moins : les balles ne sont pas parfaitement rondes. Le fait d’introduire la balle dans un trou calibré au centième de mm (avec une marge de 2 centièmes) permet de voir très rapidement

  • si la balle entre facilement,
  • si elle résiste, mais passe en forçant un peu ou en la faisant tourner, c’est souvent c’est le cas,
  • ou si elle est d’un diamètre vraiment supérieur et ne passe pas (sauf si on force avec un maillet.

C’est une méthode approximative, mais qui reste utile pour dégrossir un lot dans lequel il peut y avoir eu des mélanges !

Dans un lot de balles sorti du moule, on constate des différences très sensibles quant à leur diamètre. Nous savons que les balles (rondes notamment) varient en diamètre lorsqu’on les coule: ces variations sont dues à la température du moule au moment de la coulée. J’ai procédé à quelques mesures sur des balles de cal .454. En principe, elles devraient avoir comme diamètre 11,53 mm; en réalité leurs diamètres varient entre 11,47mm et 11,55 mm, soit une différence de diamètre de l’ordre 1/10ème de millimètre. Les résultats obtenus avec mon pied à coulisse numérique sont souvent différents de ceux obtenus au palmer.  Les balles n’étant  pas rondes, les diamètres constituent une indication sujette à erreur. D’autre part, selon l’axe sur lequel l’outil fait la prise de mesure, le résultat peut varier (la mesure d’une balle ronde est plus difficile à prendre que celle d’une balle cylindrique).

La difficulté est de prendre le diamètre maximal (comme on parlerait du diamètre de la terre à l’équateur) avec le pied à coulisse numérique. Le palmer et le pied à coulisse sont cependant intéressants pour mesurer des balles lorsqu’on fait des échantillons ou des vérifications précises mais ponctuelles, car pour mesurer 300 balles, c’est tout à fait inapproprié !

On constate que la relation diamètre-poids n’est pas fiable. Le classement effectué avec la trieuse peut donner des lots apparemment homogènes du point de vue du diamètre, mais il ne garantit pas que les lots de balles obtenus par cette méthode de tri,  présentent le même poids pour chaque balle, à quelques centièmes de gramme près. Ce qui provient du fait que des balles de même masse (poids) vont avoir des diamètres différents, donc un sertissage différent et dans ce cas, si on veut conserver la masse de la balle lors du sertissage, il faut éviter que le sertissage dans les chambres se fasse en découpant des anneaux !

De même que  la presse de sertissage ne peut réduire le diamètre d’une balle que de façon progressive, par étapes, avec plusieurs « outils », le sertissage des projectiles dans les chambres doit donc se faire lui aussi en tenant compte de l’écart des diamètres (celui de la balle et celui de la chambre) qui doit être raisonnable, pour ne pas déformer les balles et ne pas  maltraiter l’axe du  levier de chargement. Si la balle est trop forte, le sertissage en force est déconseillé, sinon la balle devient ovoïde, sans parler du levier qui  soufre et qui peut casser!

Le calibre des balles dépend de la qualité du moule : les balles coulées à domicile  dans des moules courants (LEE) ainsi que les balles vendues dans le commerce varient en diamètre de façon suffisamment sensible pour affecter la précision. John FROST  l’auteur de l’article d’AVT sportif, recommande un moule PEDERSOLI en cal. 454 (référence 99218 26)  et décrit le façonnage des balles réellement rondes de chez PEDERSOLI. Il est évident que si on tire avec une arme PEDERSOLI, on doit viser le haut de gamme dans leur fabrication et avoir la garantie de leur sphéricité (à quoi s’ajoute d’autres critères, notamment la dureté en rapport avec la profondeur des rainures du canon).

Je constate d’autre part que les fabricants vendent des moules  qui varient d’un grain (soit 1/15ème de gramme)

  • Moule à balles rondes 454 Pedersoli  /  139 grains
  • Moule à balle ronde   LEE calibre .454, référence  90442 /  140 grains.
  • Voici les références de quelques moules courants :
  1. moule LEE à balles ogivales cal .454 , réf. 90382DL (prévu pour le 1858,  etc)
  2. moule LEE à balles ogivales cal .457, réf. 90384 (prévu pour le ROA)
  3. moule LEE à balles rondes cal . 454 réf. 90442 (prévu pour le 1858, etc)
  4. moule LEE à balles rondes cal .451 réf. 90440 (prévu pour Hawken)
  5. moule à balles rondes LEE cal .457 réf. 90444 (prévu pour le ROA)
  6. moule LEE à balles rondes cal .441 réf. 90436 (prévu pour le Patriot)
  7. J’en profite pour signaler que le moule Lee pour ogives 454 n’est pas fabriqué actuellement.

Sans chercher à viser la compétition, l’achat d’un moule de qualité  PEDERSOLI est possible, même si on ne tire qu’avec un revolver UBERTI par exemple.

Le tri des balles par la pesée avec une balance mécanique .

Les tireurs qui sélectionnent leurs balles le font par pesée, ce qui n’est pas une tâche facile, car pour ma part, les balances à fléau du type Lyman ou Lee, sont longues à manipuler, mais en revanche, elles ont l’intérêt d’être « fidèles ». Il est cependant « recommandé » par des tireurs avertis d’avoir une balance de joaillerie ou une balance électronique de pesée de l’or. On trouve également des balances à trébuchet utilisées en pharmacie qui présentent un degré de précision de l’ordre du centième de gramme. Leur utilisation est nettement plus facile que les balances de type Lyman ou Lee.

Lyman 500

La balance Lyman 500, (voir la photo) fonctionne avec des poids que l’on déplace sur un bras gradué… et un panier en laiton. Je constate que cette balance n’est guère précise du fait que le positionnement du curseur sur la graduation est vraiment « peu lisible  », tant pour les grains que pour les 1/10èmes de grains, ce qui est incroyable ! Concernant la balance Lee, le déplacement des poids sur la réglette crantée est plus que laborieux et conduit à déstabiliser le fléau à chaque déplacement ; pas facile à utiliser avec un lot de 300 balles !   Ce sont des modèles basiques à éviter.

Lyman3

RCBS, produit une balance nettement plus performante et plus aisée à manipuler, car ce qui compte, c’est notamment la vis située à l’avant de la balance. Elle doit être fonctionnelle pour la relever et faire la mise à zéro, en fonction de l’inclinaison de la table d’appui (le calibrage de celle-ci ). Le point  le plus sensible,  c’est le déplacement souple du poids destiné à mesurer les centièmes de grammes (micro mesure en 1/10ème de grain). sur ce modèle il n’y a pas de crans, système qui est franchement rudimentaire, mais une vis micrométrique qui permet de déplacer un cylindre, et qui évite les brutalités du crantage . Malheureusement ces balances sont généralement graduées en « grains » et pour passer en grammes, il faut diviser par 15,4  ou utiliser un convertisseur (voir sur le net). Cette balance RCBS 10-10 (ou 5-10) présente les qualités d’une vraie balance de précision et évite toute manipulation de micro-poids. Son  prix est cependant bien au dessus des balances courantes (vendue neuve 150 euros sur Naturabuy).

RCBS2

RCBS3

 

Une balance d’orpailleur vaut plus de 200 euros! Reste les balances à trébuchet (mécaniques) dont les prix sont variables et reste souvent très raisonnables. J’ai donc acheté une balance à trébuchet de pharmacie (sur EBay) pour un prix de 25euros, frais de transport compris. j’ai dû la remettre en état, car les couteaux portaient sur des appuis qui demandaient un peu d’entretien; il me semble que la balance fonctionne quand les deux plateaux oscillent sans résistance; Voici un autre exemplaire de ce type de balance (d’un modèle courant) qui  permet de mesurer en grammes, décigrammes et centigrammes.

bal. trébuchet

Mes balles rondes cal 454 ont un poids qui varie autour de 9,1g et 9,2g. Ma balance à trébuchet ne fonctionne (hélas) qu’au dessus de 1g. Passé le 1er gramme,  elle est cependant sensible au 1/100ème de gramme… mais pour ce qui concerne la poudre noire, ma balance  n’est donc pas adaptée. La manipulation d’une balance à trébuchet reste cependant délicate, car il faut échanger les micros poids avec une pince à épiler. L’idéal serait donc la balance électronique (dite de précision) fonctionnelle en raison de l’absence de manipulation des poids.   

La mesure des balles avec une  balance électronique de poche, mais précise en principe à 0,01g

smart relPour effectuer des essais préliminaires, j’ai d’abord jugé utile de comparer les poids obtenus concernant la pesée de 4 balles avec deux balances (balance Lyman et balance électronique Smart reloader). La balance SmartReloader SR750 donnant des résultats un peu variables, j’ai procédé à deux pesées successives, après calibrage. Voici les résultats : les courbes rejoignant les points du graphique correspondant aux mesures ne signifient rien, et ne servent qu’à  rendre plus lisible les écarts.  On constate que chaque balance  donne 4 mesures dont l’échelonnement est presque identique à  celui  donné par l’autre balance, avec un « écart » de 5 à 7 centième de gramme,  ce qui donne un « effet » de parallélisme apparent. Le caractère linéaire est strictement dû au choix des balles que j’ai prélevées. On verra que sur les autres graphiques (faits avec une collection de 36 balles) la dispersion des mesures n’a pas du tout un caractère linéaire et ne présente aucun parallélisme.

Le calibrage de la balance Smart reloader SR750

Poser la balance sur un appui totalement stable, plane et ce qui est important, qui ne subit aucune vibration,…..

  • 1/ appuyer simultanément sur la touche Mode (mode) et sur le bouton ON/OFF environ 3 secondes… puis relâcher: l’écran affiche un chiffre…
  • 2/ appuyer sur ON/OFF à nouveau : l’écran affiche « 2Ero »… puis il affiche « 50,00 »…
  • 3/ placer alors le poids de 50g sur le plateau et appuyer à nouveau sur ON/OFF ; l’écran affiche « CAL », puis « PASS »
  • C’est terminé ! Les mesures vont se faire en différentes unités, il suffira de choisir l’unité en appuyant sur Mode. La petite lettre (g) indique gramme.

La tare : il suffit de placer l’objet (coupelle ou tout simplement l’entonnoir renversé qui va servir de socle pour tenir les balles ) sur le plateau de la balance et une fois celle-ci stabilisée, d’appuyer sur la touche Tare;  attendre quelques instants pour contrôler que l’écran revient à zéro. C’est fait !

 

échantillon de 4 balles

Ce test montre que deux balances (Lyman et Smart reloader) achetées à moins de 50 euros donnent des résultats « comparables ». Ici les 2 pesées ont le même profil de dispersion, avec un écart de quelques centièmes de gramme entre les résultats correspondants (l’écart est régulier et se situe dans une fourchette de  0,05g). C’est peut-être une affaire de calibrage. 

factory weighJ’ai ensuite procédé à la pesé 36 balles avec deux balances électroniques : la Smart reloader et une Factory weigh PRO-BA 12 Cette fois-ci, la dispersion prend un caractère différent sur chaque ligne de mesure, ce qui indique un manque de fiabilité, qui met en cause la concordance des mesures données par les balances.  Les points ne forment plus deux lignes superposables (plus ou moins parallèles). A titre d’exemple, 6 balles mesurées à 9,17g par la balance Smart reloader sont mesurées par Factory weigh dans une fourchette de poids qui va de 9,12 à 9,16g, mesure qui est cependant toujours inférieure pour Factory weigh : il faut préciser qu’aucune des deux dispersions n’est plus juste que l’autre. J’ai simplement ordonné les balles en fonction des mesures croissantes obtenues par Smart reloader, ce qui n’est qu’un choix de présentation. Laquelle est la plus juste,  je n’en sais rien.

correspondance entre les mesures de 36balles

La conclusion qui s’impose, c’est que vouloir faire un tri par lots de balles ayant 4 centièmes de gramme de différence de poids (par exemple)  est impossible. Il serait alors absurde de vouloir faire un tri par lots de balles ayant seulement 0,02 g de différence.  Avec les résultats obtenus, les balles sont inclassables. Ceci pour montrer  que la sélection de balles ayant très peu d’écart de poids est un défi qui demande un outillage nettement plus précis, faute de quoi, la constitution de lots de balles de même poids à 0,02g près n’est qu’une chimère ! Sur 36 balles coulées, on peut présumer une différence de masse (poids) de 0,2g (2/10ème de gramme) entre certaines balles issues du moule (9,6g /9,26g).  Cette discordance est visible dans le graphique suivant,  sur lequel on constate que selon la balance, il y a des « pics » ou un étalement des mesures propre à chaque balance:

nombre de balles par centième de gramme

Comment procèdent les tireurs qui en championnat, misent sur la parfaite mesure des projectiles et la parfaite régularité de leur poids ? Je présume que leurs balances sont plus fiables et que le prix est en rapport. Les balances électroniques sont de toute façon sensibles aux vibrations de la table, aux variations thermiques, etc. Tout cela pour conclure que le tri des balles  selon le poids est une nouvelle difficulté qui pèse sur le désir d’obtenir de la précision. Combien de balles peut-on alors préparer? Les tireurs qui font du tir de compétition utilisent un nombre limité de balles (tir au pistolet notamment), ce qui n’est pas le cas des tireurs qui utilisent des revolvers à barillet, car ceux-ci vont vouloir tirer plusieurs barillets et l’homogénéité du poids des balles devient alors plus compliquée à obtenir. On passe du tir de compétition (qualitatif) au tir courant (nettement plus quantitatif).

On a vu que les revolvers présentent bien des inconvénients qui résultent de la discontinuité entre les chambres et le canon, avec des problèmes d’alignement, de rotation du barillet et des chambres, d’indexation,  d’alésage des chambres et du canon, de sertissage, etc! La conséquence est alors que la précision du tir due à la régularité du poids des balles, apparait comme une idée un peu surestimée au regard de tous les  facteurs susceptibles de mettre en cause cette précision. Ce qui ne veut pas dire que la régularité du poids des balles soit à négliger, loin de là, mais il faut en relativiser les effets. On ne peut pas tirer au révolver à PN avec des balles qui varient de 0,02g, parce que on va passer des heures à faire des tris qui risquent  d’être du temps à faire des lots de balles dont les poids seront irréguliers ! Combien de centièmes de grammes de différence peut-on raisonnablement  admettre dans un lot de balles destiné à charger un barillet? Doit-on avoir des barillets qui ont des balles de poids différent, mais homogènes, puisqu’il faut bien écouler le stock de balles ? Tout cela…. sous réserve de disposer d’un instrument de mesure fiable?? ce qui est utile c’est de vérifier sa balance en procédant régulièrement au contrôle d’un échantillon standard, pour s’assurer que les mesures ont une indispensable stabilité.

Le tir au revolver à PN devrait donc rechercher un mode de sélection des balles qui  vise à faire des lots sans rechercher une parfaite égalité des masses des projectiles; sinon, cela suppose un travail de sélection qui, s’ajoutant aux procédures de nettoyage des revolvers, peut rendre ces revolvers dissuasifs. Toutefois des revolvers d’une exceptionnelle facture, ou qui par chance, sont particulièrement précis, peuvent inciter le tireur à faire  des scores compétitifs (à 25m), et pour y parvenir, ils peuvent alors investir dans du matériel fiable. On me dira que deux balances prises au hasard, ne sauraient donner lieu à une généralisation de leurs défauts;

Les essais de tir avec des lots de balles présumés homogènes.

Il reste à tester les performances obtenues avec des lots de balles dont le poids est supposé régulier. Compte tenu des difficultés rencontrées pour constituer de tels lots, nous allons conserver les résultats de la double pesée (avec la balance Smart reloader et avec la balance Factory weigh) et faire la moyenne des mesures obtenues pour chaque balle. La moyenne sera alors considérée comme la mesure du poids, ce qui est un subterfuge pour réduire l’erreur de mesure due à chaque balance. Revenons aux relevés effectués pour illustrer cette méthode. voici les relevés de centièmes de grammes indiqués par chaque balance pour une même balle, au dessus de 9 grammes  (soit 9g + les  centièmes)….

correspondances

Voici donc la répartition des balles, auxquelles on a affecté  la moyenne des deux mesures: on va alors pouvoir constituer des lots de 6 balles qui sont présumés avoir une fourchette de poids de l’ordre de 2/100ème de gramme au maximum; on a écarté les balles trop légères ou trop lourdes, car le quota de 6 balles n’était pas atteint. Il faut envisager la possibilité de groupements différents, selon le barillet… bien que les différences de masses soit infimes, c’est du moins notre hypothèse de recherche  (A SUIVRE!)

4 lots de balles cal.44

La régularité des charges de poudre noire et leur mesure exacte .

égreneuseCette question de la régularité des charges en PN sera traitée de la même façon que celle concernant la régularité du poids des balles, la problématique étant la même. L’utilisation d’une doseuse permet d’obtenir des charges de poudre à volume constant et en principe à poids constant, mais pour améliorer la précision de ce chargement que certains tireurs considèrent comme moins sensible que la  masse du projectile, on pourra utiliser l’égreneuse… et la balance électronique, si toutefois le modèle est avéré fiable et constant dans ses mesures. Je rappelle que la doseuse doit être prévue pour la poudre noire (pas d’acier) du fait du caractère explosif de la poudre.

Vidéo

16- La carabine Gallager, calibre .54, version cavalerie, chargement à la PN avec canon basculant


 Voici trois carabines à percussion que l’on charge avec de la poudre noire exclusivement pour deux d’entre elles. Ma préférence se porte sur les carabines à canon  assez courts,  comme le Hawken Woodman cal.45 sur lequel j’ai fait un article, mais il existe de petites carabines de cavalerie qui ont une longueur de canon nettement plus courte. Ces trois carabines constituent des étapes de l’évolution des carabines à PN :  le Hawken est une arme simple à chargement par la bouche. La carabine Gallager est une carabine de transition qui permet un chargement traditionnel (par la bouche) , mais qui dispose d’un canon basculant (avec un levier sous garde),  ce qui offre  la possibilité d’introduire par la culasse des cartouches à PN qu’on peut dire mixte, car elles comportent un étui en laiton rechargeable.  La carabine Spencer à levier sous garde dispose d’un magasin dans la crosse et s’utilisait à l’origine avec des cartouches à PN, à percussion annulaire. Depuis cette carabine a été adaptée et utilise notamment des cartouches 45L et 44-40 à percussion centrale, chargées aussi bien à la PN qu’à la PSF.

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Ces armes à PN ont été produites dans une période courte: entre les années 1850 et 1865. Une période d’évolution fulgurante de la technologie des armes à poudre noire. Magnifique période de l’histoire de l’humanité où les armes deviennent le symbole de la véritable démocratie. Aux USA, contrairement à l’Europe,  la production d’armes et les transformations techniques de celles-ci étaient d’abord une nécessité militaire, mais elles permettaient également d’alimenter la demande de la population ; c’était une période où les armes faisaient partie de la vie quotidienne.  Tout citoyen pouvait acquérir une arme pour la chasse et pour l’auto-défense. C’est tout l’esprit du 2ème amendement. A l’époque franque, à l’aube de l’Europe, le fait de posséder une arme était la marque de « l’homme libre » par opposition à l’esclave. Aujourd’hui le droit à la possession d’une arme est toujours la marque de l’homme libre, mais réglementé, encadré, encarté, contrôlable et son droit est précaire, soumis à la loi et à son caractère partisan. 

Le Hawken fut une « trouvaille » faite dans d’une bourse aux armes. J’ai alors un peu tâté aux armes mono-coups à chargement par la bouche, domaine très différent des revolvers C&B.  Le tir aux armes longues à PN nécessite par mal de connaissances en balistique  et une fois qu’on met le pied dans ce domaine, cela n’a plus de limite!  D’autre part, le tir avec une carabine à chargement par la bouche est tout à fait différent du tir au révolver à PN parce qu’il faut recharger à chaque tir, ce qui demande une grande attention. les modes de chargement sont également différents.  Les erreurs que j’ai pu commettre au début ont souvent tourné au calvaire, jusqu’à ce que je connaisse le « truc « pour sortir une balle en cas de faux départ. Il m’est aussi arrivé de coincer la tige de nettoyage en laiton et acier dans le canon: effroyable expérience! Sans parler des erreurs de chargement (oubli  de la poudre avant la balle) ou encore du chiffon qui reste au fond du canon! Le défaut de ces armes à chargement par la bouche tient au nettoyage systématique après chaque tir (baguette et chiffon) et à la difficulté d’avoir accès au fond du canon. Ce qui n’empêche pas cette carabine de fonctionner très efficacement et de faire des tirs de précision,  mais il faut acquérir une sorte de rituel au niveau du chargement. Celui qui n’a pas l’habitude de cette gymnastique, va trouver la procédure assez contraignante.

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Ultérieurement  je me suis laissé tenter par une curieuse carabine découverte au hasard d’une bourse: la carabine GALLAGER cal.54. Le vendeur (un de ces commerçants qui fréquentent les bourses) ne connaissait pas vraiment l’arme, mais il en connaissait la valeur commerciale. C’est lui qui m’a mis le nez dessus. Celle-ci ne payait pas de mine: le canon portait des sillons, des coulées dus à une corrosion sur la surface externe, mais l’intérieur était intact. Le bois n’était pas mis en valeur. Bref je l’ai achetée avec un risque réel. Mais ce fut mon second coup de foudre. Cette arme m’avait d’abord intrigué, puis convaincu de son originalité.  A peine l’ai je eu entre les mains, que j’entrepris de la remettre en état avec une consommation de  vinaigre, « d’huile de coude » et de pailles de fer fine non limitée. Elle changea totalement d’aspect: débronzée, canon poli, bois poncé et reteinté, un vrai coup de jouvence. Les sillons avaient presque disparu, une simple trace de son passé. Mais au démontage, j’ai eu quelques inquiétudes. Il a fallu percer une des deux vis qui tiennent la platine  pour pouvoir l’enlever et en faire fabriquer une neuve: il s’en est fallu de peu que la vis soit définitivement bloquée et l’arme aussi: heureusement, mon armurier à Sedan fit un miracle.

La Gallager est à mi-chemin entre les carabines « des 1ers âges »  et celles des temps modernes, avec son canon basculant et son système de levier sous garde. Cette arme mono-coup est révolutionnaire  et ses avantages par rapport aux carabines « muzzleloading » traditionnelles sont multiples.

La GALLAGER à été produite à 18000 exemplaires à l’époque de sa conception, vers l’année 1860, mais les premières productions ont été pénalisées par des ennuis de fabrication: la quincaillerie était de mauvaise qualité et l’utilisation trop complexe, trop délicate. Elle a été très vite déclarée « inapte au service » par les militaires.  En outre, au même moment, des modèles à cartouches métalliques arrivaient sur le marché (notamment la SPENCER 1860)  et la concurrence a éliminé cette carabine.

Les Gallagers qu’on trouve actuellement sont des copies qui ont été fabriquées plus tard par ERMA WERKER  (la production est arrêtée) . Ce sont des armes jouissant d’une fabrication haut de gamme  et qui fonctionnent parfaitement: le top!  Elles sont d’ailleurs recherchées… et chères surtout en France.

La troisième carabine (toujours à canon relativement court) sur laquelle j’ai « craqué », c’est la carabine SPENCER 1860 dont je parlerai également dans cet article .

La GALLAGER, une arme d’avant garde, mais qui arrivait trop tard!

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Si on veut connaitre cette carabine étonnante, voici une vidéo du site « Capandball Channel » qui explique (en anglais) son fonctionnement… et si vous ne pratiquez pas l’anglais, regardez au moins les images, on se régale!  Comme d’habitude le jeune présentateur connait son affaire. Une seconde vidéo montre le tir assez rapide avec cette arme – rien à voir avec les « muzzleloading rifles »… mais c’est une carabine à PN!

Pour plus de détails concernant l’histoire et les caractéristiques cette arme, on pourra consulter le site http://www.tircollection.com qui présente des informations précises et complètes:

Qu’est ce que la carabine Ghallager apporte comme modification essentielle? On peut la charger de façon traditionnelle (en la chargeant par la bouche) mais ce n’est pas l’usage prévu par le constructeur: elle se charge comme une arme moderne à levier sous garde : on introduit la cartouche directement dans la culasse. Je cite http://www.tircollection.com : « Mahlon J. Gallager originaire de Savannah en Georgie a déposé le brevet concernant la carabine de son invention le 17 Juillet 1860 sous le N° 29157. L’objectif décrit dans le dit brevet était de faciliter l’extraction de l’étui de la cartouche métallique en faisant avancer le canon avant de le faire basculer. »

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On peut alors utiliser (comme indiqué sur la vidéo de C&B Channel)  des cartouches-papier  ou les douilles en laiton (prévues à l’origine) qui se logent dans la culasse. Hélas, ces douilles ne se trouvent pas facilement dans le commerce, mais on les trouve en Allemagne et aux USA. Elles sont percées d’un trou (côté culot) pour laisser passer l’étincelle provenant de l’amorce (ce sont de grosses amorces avec 4 ailettes N°1081: « du gros »!). Pour ceux qui voudraient se fabriquer des cartouches, faute de pouvoir acheter les douilles en France,  j’ai une solution intermédiaire : la cartouche papier  placée dans un tube de cuivre! ça marche très bien.

Le gros intérêt de la GALLAGER, c’est le chargement par balles!

 

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Caractéristiques de la GALLAGER (modèle cavalerie) : un excellent canon de 56,5 cm; avec un pas très rapide (1:15″), soit un tour en 15 pouces ou 38,1 cm… et un nombre impressionnant de rainures: 16! Sur la photo de gauche, on voit le rétrécissement du canon contre lequel la douille vient buter (c’est le début des rainures). L’ouverture du canon se fait par une sorte de culasse et un levier sous garde.  Les organes de visée sont corrects avec 3 réglages de la hausse et un guidon dérivable sur queue d’aronde. Les étuis (douilles) en laiton sont de deux sortes  selon la profondeur de la collerette (du rétrécissement) et selon l’épaisseur de l’étui dans la partie prévue pour la poudre noire (pas de PSF bien sûr). Avec cette carabine, on ne doit pas utiliser des balles rondes, en raison du pas très rapide. Un joli canon qui ne peut que tenter le tireur pour un tir de précision entre 25 et 50 par exemple. On ira jusqu’à taquiner le 100m!

Le chargement: selon Capandball (C&B)  Channel, une ogive de calibre 54, légèrement supérieure au diamètre du canon (1/00 de pouce) et 40 grains de PN (qui divisés par 15, donnent à 2,66g), une charge qui correspond effectivement au volume de la douille la plus épaisse. On peut utiliser de la PNS2, de la poudre noire  de chasse, etc, mais toujours de la PN.

Pour la balle, on ne trouve pas sur le marché une balle prévue pour cette carabine, ni un moule conforme au modèle d’origine. On pourra utiliser de la balle R.E.A.L. de 300 grains, cal 54 (.577), qui passe bien dans le canon (moule Lee 54-300 chez Midway ou Dixie Guns…), avec un graissage latéral.  Mais la balle est un peu plus trop large pour entrer dans la douille: il faut alors la forcer (la sertir) en restant dans l’axe de la douille, ce qui demande quelques précautions (voir la suite) et un matériel approprié. Une ogive doit impérativement être sertie dans l’axe de la chambre.

Les inconvénients du fonctionnement tel qu’il a été contesté à « l’époque »:  

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Selon http://www.tircollection, la douille (chambre de chargement) « étant  à cheval entre le canon et le boîtier de culasse, ce mouvement avait pour effet de laisser apparaître une partie de l’étui afin de l’extraire manuellement et donc de se dispenser de la présence d’un extracteur. Ce principe de fonctionnement bien que séduisant sur la papier devait en fait s’avérer être le talon d’Achille de ces carabines, l’absence d’extracteur rendant très difficile l’extraction des douilles et, de plus, les jeux de fonctionnement apparaissant à l’usage, qui  entraînaient des fuites de gaz brûlants autour du point de jonction Canon-culasse ».

Le chargement de la douille métallique

Gallager2Sur la vidéo de C&B Channel, le présentateur remplit la douille avec la PN, graisse  la balle sur son pourtour,  puis il la pose sur l’entrée de la douille qu’il introduit alors dans la culasse; il referme celle-ci, verrouille et l’arme est prête à tirer. Avec 40 grains de PN, soit 2,66g, la douille la plus épaisse est pleine.

Le chargement de ces douilles me semble poser un double problème:

le 1er problème tient à l’introduction de la balle dans la douille: je dispose d’un moule Lee pour couler des balles R.E.A.L., cal.54, or cette balle  ne dispose pas d’un retreint (rétrécissement de sa base) qui permette de l’introduire dans la douille. Pour l’instant, je suis confronté à cette difficulté et de ce fait j’utilise dans l’attente de la solution des cartouches papier et un substitut de la douille qui fonctionne (voir la suite).

Le second problème est lié au chargement de cette douille. Tout chargement d’une arme à PN demande une compression de la poudre et un sertissage de la balle: avec cette arme, le sertissage « devrait » se faire lorsque la culasse se ferme: à ce moment la balle  « devrait » compresser la poudre, mais ce n’est pas le cas, car à l’entrée de cette douille,  il y a une collerette et un  étranglement sur lequel se pose la balle (voir les photos des deux modèles d’étuis). Elle ne peut donc pas descendre et compresser la poudre. 

Peut-on ne pas compresser la poudre noire? Il me semble qu’un tassement de la poudre est toujours recommandé, sinon nécessaire, qu’il s’agisse de muzzleloading riffles ou de revolvers. Les tireurs respectent cette consigne de sécurité. Je me suis posé la question de savoir si le volume de la poudre compressée peut diminuer sensiblement?  J’ai tenté de comprimer la poudre contenue dans cette douille, mais seule la partie supérieure de la charge s’est comprimée  (et agglomérée) et seulement de façon minimale,  ce qui n’a réduit le volume total de la poudre que de 1/9 au plus, ce qui est peu. 

« Bloquer » la poudre dans la douille, pour qu’elle ne sorte pas, à défaut de la comprimer, reste une nécessité; un cookie dur ou un carton  peuvent remplir ce rôle  (voir article 15), mais c’est le sertissage de la balle dans l’entrée de la douille qui obturera définitivement celle-ci! Le sertissage de la balle R.E.A.L. sera  de la hauteur allant de l’entrée de douille jusqu’au rétrécissement (il y a donc deux hauteurs) possible, l’une pour une charge plus faible et l’autre pour la charge maximale (« plein pot » comme diraient les amateurs de charges spectaculaires). Le sertissage ne se fera qu’avec du matériel approprié, car cette balle  REAL n’entre pas dans la douille facilement. Elle demande en outre un sertissage guidé. Ce sertissage « court » suffira cependant pour tenir la balle et obturer la cartouche. Ceci dit  une charge de  2,5g de poudre dans la douille ne laisse guère de place pour un bouchon de cire ou une bourre. 

Quel est le matériel utile, voire recommandé, pour ce chargement?

  1. il faut un sabot de sertissage spécifique:  tout simplement un cylindre d’une hauteur  de  66mm environ, soit celle de la douille (40,46mm)  à laquelle on ajoute celle de la balle (15,65mm) et 10mm pour le fond du pot de sertissage.  Un trou percé au diamètre de la douille, traverse ce cylindre. (prévoir un peu de jeu: 13,90mm + 0,2 environ). Ce trou cylindrique permettra  de guider la balle lors du sertissage. Ne pas abimer l’étui en le plaçant dans un mandrin ou un étau, ce serait du carnage. Il faut que le pot soit stable et il faut pouvoir : le pot doit avoir  un canal au fond dans lequel on introduit un poussoir en bois afin d’extraire la cartouche chargée .
  2. il faut également un poussoir vertical (avec presse) pour sertir la balle en force dans la douille. On évite ainsi toute poche d’air. Si on veut réduire la charge de PN, on complètera la PN avec de la semoule, une bourre, ou encore de la cire (mais avec des rondelles d’étanchéité),…

Autre détail à prendre en compte: le trou en fond de douille étant assez large, un peu de poudre va s’écouler par cet orifice lors des manipulations. Il faut donc l’obturer par une petite rondelle de papier très inflammable  qu’on placera en fond de douille (le papier « flash » qu’on trouve sur internet est idéal: combustion instantanée et complète).

Une fois que la balle sertie, et graissée, elle est prête pour le tir.  Les essais avec des balles R.E.A.L. n’ont montré aucun dysfonctionnement, mais une fois qu’elles prennent les rainures, les frottements sont faibles: c’est lié à l’étroitesse des anneaux de plomb qui s’écrasent au sertissage. 

Il serait intéressant de tenter de tirer avec des balles sabotées, type Hornady (en voici un exemple).  

Le chargement de la Gallager, façon PSRauben

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Une recette qui marche pour ceux qui n’ont pas les douilles en laiton. Le principe de ce chargement est de remplacer une douille en laiton par une cartouche papier incombustible, c’est à dire le contraire de ce que l’on fait d’habitude pour un revolver C&B. L’étui qui restera imbrûlé sera extrait après le tir, exactement comme une douille. On va alors fabriquer sur un mandrin un étui en papier calque qui résistera totalement à la combustion. Il sera collé ayec une colle liquide courante à prise rapide (scotch). La base de cet étui en papier claque est fermée par  un petit cornet à fond plat, en papier flash, qui est alors maintenu par un simple scotch (pas de colle)… Tout cela donne de la rigidité et ne brûle pas, donc c’est bon pour notre cartouche.   Puis on remplit le cornet devenu rigide avec les composants prévus. Cette cartouche est fermée par un bouchon d’obturation (un cookie ou une rondelle de carton de bière qui vient au dessus de la charge (poudre et/ou semoule), pour empêcher l’étui de se vider. On comprime alors un peu la poudre au moment où on pousse le bouchon dans le cornet. Pour que la cartouche ne s’ouvre pas, il est recommandé de l’insérer préalablement dans le tube de cuivre de 14mm de diamètre (tuyau de plombier) avant de replier le rebord du papier calque qui ferme la cartouche. Ce qui compte dans cette opération ce sont les dimensions de cette douille en cuivre sans fond et celles du cornet (cartouche papier) l’un et l’autre doivent être calculés avec précision! La cartouche papier dépasse légèrement du tube de cuivre, ceci pour que lors de la fermeture de la culasse, le cornet s’écrase dans le tube et remplisse totalement la cavité qui lui est offerte: si le papier se déchire, il doit se déchirer au fond, près du conduit d’allumage. Par contre, la partie haute de la cartouche (avec le carton ou mieux avec le cookie) doit rester intacte.  Le cookie comme expliqué dans l’article 15 doit être isolé de la poudre et de la balle, mais ici avec une balle ogivale, un carton de lait  ou un simple carton suffit.

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Que va-t-il se passer? L’allumage est parfait, la balle fait une trajectoire parfaite et quand on ouvre la carcasse,  il ne reste qu’un résidu compact (voir la photo) et le tube de cuivre qui lui, a tendance à vouloir entrer dans le canon. On le sort facilement sans qu’il soit brulant, surtout si on le change à chaque tir; il prend cependant un peu l’empreinte des rayures,  sur 1mm au plus (voir la photo ci dessous). Il n’y a aucune déformation du tube en dehors de cette empreinte. Il n’est pas fendu, ni collé, ni déformé.  Pour éviter cette petite pénétration, il suffit simplement d’évaser très très légèrement le tube avec « une matrice à collets battus », l’outils du plombier! Dès lors le tube reste bloqué à l’entrée de la partie rainurée du canon.

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cartouche gall

découpe papier

Autre intérêt de la Gallager : l’entretien et l’absence d’incidents de tir dus à un mauvais chargement.

Lors du tir avec la carabine Gallager, ont va utiliser des cartouches préparées d’avance, à domicile : gain de temps et gain de sécurité…  

La question de l’encrassement, n’a pas été évoquée, mais elle est bien sûr essentielle. Le graissage se fait sur la balle, lorsqu’elle est sertie  (l’ogive comporte une partie importante qui reste en dehors de la douille).  On peut contrôler en permanence l’encrassement du canon (en ouvrant la culasse)  et  passer un chiffon avec la baguette  de nettoyage.

Avec un Hawken, pour faire un nettoyage du canon (à domicile), on peut l’enlever et le mettre dans un seau. On utilise alors  un écouvillon qui permet de bien brosser l’intérieur du canon en versant du White spirit dans celui-ci (la cheminée est enlevée). Le white spirit évite tout risque de corrosion, car l’humidité nuit aux armes et notamment aux  cheminées de revolvers.

Avec la Gallager il n’est pas possible d’enlever le canon (c’est à éviter). Le démontage complet de la crosse est un travail d’armurier ou d’armurier amateur très averti, car certaines vis sont difficiles à remettre en place.  Pour le nettoyage, il suffit de faire basculer le canon pour en contrôler la propreté et au retour du stand de tir, le canon étant ouvert au dessus du seau,  il est facile de verser du White spirit, en passant l’écouvillon pour faire un nettoyage de l’intérieur de celui-ci, comme pour un revolver à carcasse fermée. Le nettoyage est donc très facile. On peut enlever tous les résidus dans la culasse.  On peut aussi verser du White spirit dans le canon,  toujours avec un seau et un écouvillon, mais en renversant le canon (guidon vers la bas) pour ne pas faire couler le white spirit sur la crosse.

Reste la question de la détente et de son réglage: là je m’en remets à l’armurier (pour l’instant).

Voir article 17: La  carabine Spencer 1860 cal 44-40 à levier sous garde   

15- Comment améliorer la précision du tir au revolver à Poudre Noire : 1ère partie


La précision, un domaine nébuleux du tir à la PN ?

 L’ambition de faire d’un revolver à poudre noire une arme de compétition n’était pas dans le cahier des charges de l’époque de leur création. L’objectif était de descendre un mec à 15m et non de tirer sur une cible à 25m! Mais les modèles ont progressivement gagné en précision.

J’avais publié dans l’article N°10 (actuellement en cours de restauration) une longue et ambitieuse rubrique  sur cette question de la précision. Faute de temps cet article avait été écrit directement sur la toile sans être retravaillé.  J’ai donc enfin pu reprendre l’article pour le refaire et en faire trois articles distincts. Je tiens à préciser que je n’ai aucune prétention à  imposer ma vérité ou à prêcher l’évangile selon PSRauben, loin de là. Cet article sur la précision m’a posé beaucoup de problèmes, car parmi les différentes informations que j’ai recueillies, vous ne serez pas surpris d’apprendre que dans le domaine de la poudre noire, les points de vue divergent, ce qui ne rend pas la tâche facile. Je remercie ceux qui m’encouragent.

A titre d’exemple, je citerai quelques passages de empruntés au site « Poudre Noire Free.fr » (sujet: la graisse et le tir) commentaire de Cobravif, qui va à l’encontre de mes convictions.

Guide John FROSThttp://poudrenoire-free-fr.superforum.fr/t765-la-graisse-et-le-tir

« Je tire régulièrement à percussion depuis 1967, je n’ai jamais graissé les entrées de chambres sauf lorsqu’il pleuvait… Graisser la chambre devant la balle peut contribuer à la lubrification, mais il ne faut pas que la graisse soit trop dure ni qu’elle soit en trop grande quantité. Personnellement, dans les revolvers, je ne mets ni calepin, ni semoule. J’ai toujours procédé ainsi et je m’en suis toujours bien trouvé.  La semoule,il n’y a aucune raison d’en mettre. La granulométrique des poudres noires modernes offre les variantes qui permettent de charger les armes de tous calibres et tous types sans devoir verser de la semoule de blé dans des canons ou des barillets. »

En réalité, mon article est une sorte de mise au point selon ma conviction, mais il est fondamentalement ouvert au débat. Si un tireur se sent l’envie de publier sur mon blog un  article contradictoire, il me paraitrait intéressant de le publier, sous réserve qu’il soit argumenté. 

 Avant d’aborder des points précis pour réaliser cette ambition de donner plus de précision à nos flingues à PN, il faut passer par une connaissance des processus de fonctionnement de ces revolvers et par conséquent, il faut savoir « comment ça marche… « . C’est un long cheminement qui commence. La poudre noire, c’est un drôle de business.  La problématique d’un revolver, c’est sa qualité fabrication selon une exigence d’usinage . Les modèles courants de révolver C&B (Cap and Ball) ne sont pas garantis au top (pas de cahier des charges qui fixent les tolérances lors de la fabrication des pièces). Mais au delà de la fabrication, c’est aussi le fonctionnement de l’arme qui est complexe. Un tireur à la PN qui veut faire du tir de précision, doit expertiser son arme et en connaitre les défauts et les points faibles. Il faut devenir « un armurier sur la table de la cuisine »… avant de se faire un atelier.

 Tout cet apprentissage nécessite des connaissances qui se trouvent dans quelques ouvrages, mais en France, nous ne sommes pas « gâtés » car les théoriciens de la PN sont rares. Il en va autrement aux Etats Unis, domaine du tir à la PN par excellence!  Il faut donc  passer par  l’anglais pour se documenter. L’ouvrage de John FROST (le guide pratique du tir au revolver à percussion) par exemple, est basique, comme beaucoup d’ouvrages sur le tir à la PN. La précision concernant le tir avec une arme de poing à  PN, c’est l’arlésienne : on en parle en récitant des banalités, on  la pratique, on fait de la compèt’, mais quand il faut prendre son clavier pour mettre les choses au clair et diffuser ses connaissances, il n’y a plus personne.  Finalement ce sont des américains qui font des articles sur ce sujet. En  France, ceux qui font du tir de précision vont nous parler des règles de tir (FFT), des concours, et des positions adéquates, ils vont donner des conseils pour la visée, pour contrôler les coups de doigt, mais rien concernant la préparation  des revolvers pour faire du tir « de précision »; là c’est le domaine de l’aventure. Alors, j’ai décidé de remplir un tout petit peu ce vide et  je pense que nous allons devoir nous débrouiller tous seuls!  

Bien sûr « l’autre  variable essentielle » : c’est le tireur ! Il faut reconnaître que ceux qui savent tirer ont une expérience de la maitrise corporelle difficile à communiquer. Pour apprendre, il est recommandé de fréquenter un club. Ceci dit, la compétition et la précision sont deux domaines proches mais distincts, et sans faire de compétition, on peut parvenir à de bons résultats en cible.

Cibles

A/ La qualité de l’arme, ses défauts et sa préparation, des points incontournables pour la  précision du tir

La précision est limitée par la qualité de l’arme, ce n’est pas simplement comme le prétendent  certains une symbiose entre l’arme et le tireur . Il faut donc faire une expertise de celle-ci et voir si elle nécessite quelques modification ou réparations de nature à améliorer son potentiel. Parfois les défauts sont de nature à éliminer toute espérance de précision et on devra alors mettre l’arme dans  la vitrine (ou s’en servir comme matraque , par exemple).

Sur un forum j’ai trouvé un commentaire qui concerne l’état des chambres (régularité et alignement) d’un revolver à cartouches métalliques, mais qui est également pertinent pour un revolver à percussion.

Lors de l’expertise du revolver, les chambres du barillet peuvent présenter des particularités gênantes :

  1.   Les 6 chambres d’un barillet peuvent avoir un diamètre de sortie (tranche de barillet) variable, irrégulier, et cela peut provoquer une dispersion des tirs. Il est alors suggéré d’uniformiser les 6 sorties à l’alésoir expansible, au Ø de la plus grosse ».  [Ce qui veut dire qu’on peut élargir la chambre dans sa partie supérieure avec un alésoir, mais il faut avoir une compétence pour faire ce travail (armurier ou atelier de mécanique)].
  2.  De plus, sur les répliques itéliennes, le diamètre d’alésage de la chambre est généralement plus petit que le diamètre de canon à fond de rayures (différent selon le fabricant, le modèle, etc) . La balle sertie (serrerée) dans la chambre, ne va pas totalement remplir les rayures du canon, ce qui est réputé mauvais à tous les égards. Certains conseillent donc d’aléser les chambres pour les amener au Ø à fond de rayure, mais la plupart préfèrent contourner ce problème au niveau de la balle« … (d’où l’intérêt du plomb mou).

Si on veut rentrer dans le monde des tireurs de PN, deux points sont importants (il y en a d’autres):

Mesurer les  diamètres des chambres et mesurer le diamètre du canon à fond de rainures.

  • Cette première opération se fait avec de l’outillage destiné à mesurer le diamètre des cavités (pied à coulisse, palmer). Ce n’est pas très facile compte tenu des rainures du canon. La méthode la plus simple consiste à forcer des balles de plomb mou dans le canon et dans les chambres et de les extraire pour les mesurer.  Prendre une empreinte coulée (« carotte ») avec du Cerrosafe ou du soufre fondu est la meilleure méthode.  Il faut ensuite pouvoir extraire cette empreinte  sans l’endommager et sans qu’elle ne se rétracte trop après refroidissement.  Le Cerrosafe est très utilisé pour des mesures précises.  C’est un métal qui fond à basse température et qui se rétracte légèrement pendant une heure environ, ce qui laisse le temps de l’extraire, puisqu’il prend un peu de jeu, mais il a l’avantage de reprendre son volume après une heure. Le souffre se rétracte plus et se creuse au centre de la carotte, mais l’empreinte est bonne et fiable pour des mesures courantes.
  • Si le diamètre des chambres est inférieur à celui du canon en fond de rainures, un réalésage sera la solution pour améliorer la précision : sur ce point les américains sont unanimes. C’est aussi ce qu’il conviendra de faire si les chambres présentent des irrégularités de diamètre, sous réserve que le réalésage ne dépasse pas le diamètre du canon en fond de rainures: un très léger dépassement (de l’ordre du 1/100ème est recommandé).  Le réalésage se fait avec un alésoir à main au diamètre exact de ce que l’on veut obtenir. Il doit comporter un guidage vendu avec l’outil, sinon la chambre sera détériorée. Le problème que pose l’alésoir, c’est de pouvoir le ressortir de la chambre. Les alésoirs coniques ne conviennent pas dans la mesure où la balle ne tiendrait pas.

Procéder à la vérification de l’alignement canon/chambres.

  • La  rotation du barillet doit présenter les chambres dans l’alignement du canon. Tout défaut de concentricité des chambres ou d’alignement donne une perte de précision.  Certaines anciennes répliques de revolvers sont totalement anarchiques (à l’endoscope elles présentent des croissants lumineux qui  se situent dans toutes les directions) et c’est le cône de forcement qui est sencé rectifier les défauts (dans un mesure très relative)! Dans l’exemple qui suit, chaque chambre présente le même défaut: on pourrait alors faire un réalésage qui rectifie ce défaut d’alignement (là il faudrait travailler avec des machines de précision  qui demandent l’intervention d’un professionnel).
  • alignement du canon W 1901 ASM-Monk _0001_NEWDans l’idéal, cette opération de contrôle nécessite un endoscope (une caméra avec fibre optique)  qui donne une image de tout le conduit et de l’alignement. Sinon, ce sont des vérifications qui peuvent se faire avec une lampe, en enlevant la cheminée. Le meilleur contrôle devraient pouvoir se faire avec le Cerrosafe et le souffre, s’il s’agit de revolvers à carcasse ouverte. Le soufre colle un peu: on laissera un petit dépôt gras sur les parois des chambres pour pouvoir extraire la carotte. Il ne sera pas nécessaire  de monter très haut au dessus du cône de forcement (dans le canon) et on veillera à protéger le fond des chambres avec une boulette de  papier gras et une rondelle de papier ciré (découpée dans carton de lait) qu’on pourra extraire ensuite facilement, en démontant la cheminée.  La bourre au fond des chambres évite au Cerrosafe de descendre au fond de celles-ci et de se mouler dans l’entrée du conduit de cheminée. On pourrait alors avoir un moulage de la continuité canon-chambres avec une empreinte du cône de forcement. Si l’alignement n’est pas parfait, le cône de forcement doit rattraper ce défaut, mais dans une mesure raisonnable (angle de 5%); on pourra également repérer certaines chambres qui  seraient défectueuses et procéder  à des essais pour s’assurer que ces défauts ne sont pas à l’origine de certaines balles qui sortent du groupement sur la cible.

D’autres diagnostics de l’arme sont à faire en lien avec la précision :

  • La vérification du canon est indispensable, visuellement, certes, mais nécessaire : on doit s’assurer que le canon ne présente pas d’emplombage. Toute tache suspecte doit être grattée avec une brosse  de nettoyage  (en laiton) si nécessaire,  pour s’assurer qu’il ne s’agit que de résidus de poudre. Il existe des produits de nettoyage du canon en cas d’emplombage. Le pas de rainure, la qualité des rainures, leur profondeur, sont des points difficiles à contrôler. Le cône de forcement doit être net, lisse et sans usure. Si ce n’est pas le cas, laisser tomber. On peut tenter de faire une évaluation de l’état du canon et  voir si aucun gonflement n’est perceptible à  l’intérieur et à l’extérieur en utilisant une lampe, placée de telle sorte qu’elle donne une lumière rasante.
  • La qualité de fabrication du canon est également un facteur qui va intervenir dans la précision. Les canons ne sont pas tous fabriqués avec les mêmes procédés et les mêmes aciers. Leurs caractéristiques (souplesse, vibrations, etc) et leurs  performances diffèrent:  sur ce point, le potentiel de l’arme est un fait sur lequel on ne peut pas intervenir.
  • -mesure de l’entrefer avec un jeu de cales; la valeur moyenne constatée la plupart du temps est de l’ordre de 15 à 25 centièmes. À partir de 30 centièmes, il est  recommandé de ne pas acheter.
  • -vérification du jeu du canon sur  l’axe d’un Colt à carcasse ouverte; si le canon n’est pas stable, ne pas acheter, mais si on veut tirer avec il faudra veiller à le stabiliser. si l’assemblage canon/carcasse bouge, la précision est immédiatement affectée.
  • -vérification des cheminées; si les conduits dépassent nettement 0,7mm de diamètre, il faut les changer.
  • -vérification des instruments de visée (voir l’article 13) et notamment du chien qui doit être stable. S’il présente du jeu, la précision est mise en cause;

Du contrôle,  on passera en suite à la préparation :  le REGLAGE DU POIDS DE DETENTE.

On effectuera d’abord un contrôle de la souplesse de la détente, mais pour mesurer le poids de détente il connaitre le procédé (voir article 16), mais ce contrôle visuel n’est pas suffisant:  il faut démonter  le revolver pour vérifier si les crans d’armé et de demi armé sont en bon état. Sur une arme d’occasion, on peut avoir des surprises :  les crans peuvent avoir été réduits volontairement mais avec excès ou maltraités et si les crans sont « bouffés », il ne faut pas acheter l’arme. Ensuite on procèdera au réglage (voir article 16) avec des outils adaptés.

Un article comme celui de Philblack  concernant la vérification d’un revolver est  riche d’informations:

bizarreCertains revolvers donnent lieu à des tirs « étonnants »:  il faut distinguer les tirs qui sont constamment anormaux (un arrosage permanent par exemple), des tirs qui donnent lieu à des  résultats anormaux, mais qui vont être différents si on modifie le chargement. Par exemple : des tirs qui ont tendance à former « une sorte de gerbe », mais la gerbe n’est pas toujours orientée à l’identique. On peut se demander si au cours du tir, il y a un problème d’encrassement progressif ou si le canon s’échauffe. Un tir défectueux qui s’aggrave au cours du tir, indique un phénomène mécanique qui s’affirme au cours du tir;  il y a une explication à trouver. Il m’est arrivé d’avoir un Dragoon qui tirait selon une ligne horizontale!

Sur cette cible des tirs d’essais ont été effectués avec 3 révolvers et ont donné des résultats très  différents: le tir N°3 est normal, c’est un bon tir. Le tir N°1 est un mauvais groupement sans aspect particulier. Par contre le tir N° 3 est tout à fait particulier : les balles suivent une ligne descendante, ce qui demande une explication. Laquelle?

En demandant à un autre tireur de procéder à un essai de tir, on peut s’assurer que c’est bien le revolver qui « fait des siennes »!  Reste ensuite à trouver une explication. Si c’est une question d’échauffement, il faut voir si le revolver étant refroidi, le phénomène persiste. Il faut alors bien sûr vérifier l’encrassement, mais l’échauffement peut avoir d’autres explications liée à un défaut du canon ou du  cone de forcement, etc.

Le pas de rainures doit être adapté à la balle: ici nous allons nous limiter aux balles rondes qui sont les plus précises. Elles sont prévues pour des pas lents, étant donné que leur forme sphérique suscite peu de frottements dans le canon et qu’elles prennent mal les rainures.  Les ogives demandent un pas de canon rapide. Les rainures stabilisent les balles par effet de gyroscopie (rotation) et réduisent la dispersion des projectiles.  les balles rondes sont cependant plus précises dans les revolvers à PN qui ne donnent pas lieu à des vitesses comparables à celles des balles poussées par la PSF.

Sans modifier le revolver, s’il présente un fonctionnement normal, le chargement est le domaine qui peut apporter une amélioration des résultats lors du tir, mais le graissage est tout aussi important et pour finir, le calibrage des balles sera le 3ème temps de cette 1ère recherche de précision.

B/ La charge de PN et son incidence sur la précision   

 ATV Sportif, proposait un article correct concernant le chargement traditionnel, mais  sans prétention concernant la précision: depuis cet article a disparu.

« Pour un Remington la charge idéale pour commencer est 0.9g (l’équivalent d’une douille de 9mm parabellum remplie à ras bord), par la suite vous verrez si cela convient pour votre arme ou non ». Il conseillait  la P.N.F.2 « bourdaine » ou la poudre suisse n°2,  Il proposait l’usage de la bourre et de la semoule, sans plus d’information, mais déconseillait la semoule de blé dure qui agirait comme du sable et userait prématurément le canon. Pour la graisse « maison »,  AVT donnait la recette suivante: un mélange fait au bain marie,  composé de 50% de suif à tonneaux, de 50% de cire d’abeille pure et de 6 ou 7 cuillères à soupe d’huile de paraffine.  Curieusement pour un revolver en calibre . 44, il proposait des balles sous calibrées (cal. 450) au lieu du 454 qui est généralement utilisé, notamment pour un Remington 1858.

Nous avions abordé les charges de poudre noire  en indiquant celles qui sont courantes en calibre 44 et en posant quelques principes. L’un de ces principes étant que plus la charge augmente, plus elle augmente la puissance du tir (mais pas de façon proportionnelle) et plus la balle perd en précision.  Les tirs de précision vont de 0,7g à 1g  en moyenne, mais peuvent descendre jusqu’à 0,6g et monter au delà d’1g. Il semble cependant que chaque arme puisse avoir des paliers où la précision est bonne, bien que la dose de poudre soit supérieure  à celle recommandée.  Nous avions également posé comme principe que le tireur devait expérimenter diverses charges de PN pour tester celle qui donne à son arme les meilleurs résultats en termes de précision. Ceci suppose des essais et un relevé précis des charges et des impacts.

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Pour obtenir de la précision lors du tir, il faut que le chargement réponde à deux obligations : la rigueur des mesures et la régularité des charges.  D’une façon générale, la notion de « régularité » est importante en PN: régularité des balles et des charges, c’est la base d’un tir qui recherche la précision. Ceci conduit à l’achat d’équipements tels que : moules, presses de chargement, balances, doseuses à poudre, pied à coulisse, palmer etc. Nous y reviendrons. Mais c’est aussi l’exigence d’une poudre de qualité: les notions de granulation et de vivacité interviennent.  La plupart des tireurs au revolver utilisent de la PNF2, fournie au compte-goutte par l’Etat. Ensuite il faut faire des essais et trouver pour chaque arme les charges qui lui sont adaptées et qui donnent les meilleurs groupements.  Alors, pour cela, il faut mesurer, faire des essais, prendre des notes et faire des relevés (cela demande un esprit méticuleux). L’outil indispensable pour la précision est la balance numérique et le stylo.

Avant toute chose,  il est important d’utiliser la bonne poudre. C’est une affaire de granulation, donc de taille des particules de poudre.   Chaque niveau de granulation a ses caractéristiques de combustion. Les poudres les plus fines sont plus vives et donnent le plus de chaleur et de pression.  Le choix de la poudre est donc prioritaire, cependant différents aspects de sa combustion entrent en ligne de compte et a contrario les résidus de la combustion interviennent comme facteurs d’imprécision en raison de l’encrassement de l’arme.

Quand le choix de la charge est fixé après des essais qui visent à obtenir le meilleur groupement (dans les fourchettes qui sont connues),  cette charge adaptée à l’arme, à la distance,  devra être  versée dans chaque chambre avec une parfaite régularité. Par conséquent, comme je l’ai montré dans mes articles précédents,  il faut mesurer les doses, avoir des outils de chargement qui garantissent leurs quantités et  une compression régulière au moment du sertissage. REGULARITE des balles,  REGULARITE des chambres, REGULARITE des charges (poudre et semoule), REGULARITE des compressions. Ceci veut dire que le dosage de poudre doit se faire avec la balance de précision, plutôt qu’une simple doseuse.

Pour éviter le mélange de la poudre et de la semoule lors du chargement,  je préconise de les séparer par pastilletesun opercule fin et rigide (rondelle coupée à l’emporte-pièce dans un  carton de lait) que je place sur la poudre.Je l’aide à descendre avec une douille de telle sorte qu’il tombe à plat, et au cas où il se place de travers, je le sors avec une pince à épiler);. En descendant dans la chambre, il nettoie les particules de poudres qui seraient restées collées sur les parois de celle-ci et une fois qu’il est au fond, je le presse délicatement pour que la poudre se tasse légèrement et  se place bien à plat. L’opercule va garantir la séparation de la poudre et de la semoule.  Cet opercule est  également très utile en cas d’erreur de chargement ou si la charge de poudre ne part pas. On pourra alors vider la chambre en démontant la cheminée et récupérer une partie de la poudre grâce à l’opercule.  Il permettra aussi de sortir la balle plus facilement avec une tige d’acier légèrement courbe, car il facilite la poussée de la balle pour l’extraire.

C/ Le sertissage de la balle, quelle incidence sur la précision?

La presse assure le meilleur sertissage sans déformer la balle, sans brutalité avec une pression choisie (on peut « comprimer fortement ou modérément) . C’est un travail qui se fait avec la sensibilité de la main sur le levier de presse. Sertir chaque balle séparément est impératif pour sentir la pression et compresser la poudre et la semoule.  C’est au moment du sertissage que l’on constate des erreurs de chargement (une balle qui s’enfonce trop, il faut en chercher la cause). Aussi précautionneux soit-on, les erreurs de chargement surviennent et le sertissage chambre après chambre assure le contrôle d’un chargement correct.

Au  stand de tir, si on utilise un sabot de chargement que je recommande, il faut forcer la balle en frappant le refouloir de la paume de la main (un outil fabriqué « maison » avec une clé à douille modifiée): ça reste raisonnable.  Le sertissage à coups de maillet, c’est plutôt « rustique »! La balle doit « affleurer » à « moins 1,5 mm » sous le niveau du barillet. Certains tireurs ne tiennent pas compte de cette recommandation, qu’ils jugent inutile. Ne pas oublier qu’une balle qui vient trop près de la bouche de la chambre, peut bloquer la rotation du barillet. Ce qui va créer un incident de tir compliqué s’il s’agit d’un revolver à carcasse fermée.

Certains tireurs préfèrent aléser l’entrée des chambres (faire une entrée légèrement biseautée), pour que le plomb serti soit  resserré (dans ce cas le poids de la balle ne varie pas) et non découpé.  Pour ma part,  je préfère  ne pas aléser parce que la découpe d’un anneau très fin est un moyen de contrôler visuellement que la balle est au bon diamètre, c’est à dire légèrement supérieur à celui de la chambre.  Les anneaux doivent être fins et de même taille, signe que les balles ont le même diamètre. Si les balles sont pesées avec une rigueur de  « joaillier »,  ce qui prend beaucoup de temps,  leur régularité est assurée et dans ce cas, il est possible et même recommandé d’aléser l’entrée de chambre pour ne pas modifier le poids des balles (la découpe de l’anneau enlève  une petite quantité de plomb). Je précise que le sertissage, doit se faire avec une balle légèrement supérieure à la chambre de telle sorte que la balle soit légèrement plate à sa circonférence, ce qui forme une bande de contact avec la chambre. La surface de cette bande va permettre aux balles rondes de faire résistance lors de la montée en pression des gaz. Au contraire, une balle qui est au même diamètre que la chambre,  n’oppose pas cette résistance faute de frottement . Le sous calibrage des balles conduit à des pertes de pression.

Compression et pression

PN, pression2Le moment est venu de nous intéresser  à l’article d’AVT (dont j’ai donné les références en début d’article) concernant le chargement du revolver à percussion.  L’article traite notamment de la combustion de la poudre noire et de sa compression.  Cet article souligne l’importance du choix des cheminées pour avoir un allumage franc (point très important) et pour réduire l’encrassement du chien (ce qui n’est pas essentiel), mais ce qui est important, c’est la perte de pression due au diamètre du conduit de la cheminée. Mais est-ce la seule perte qui affecte la puissance du tir?

Lors du tir avec un revolvers à percussion, la perte de pression se fait de deux façons.

  1. une forte perte de gaz a lieu par l’interstice entre la canon et le barillet, (l’entrefer) surtout lorsqu’il est important.
  2. à l’arrière du barillet, par les cheminées.

La perte de pression par l’entrefer est telle qu’il ne faut pas laisser la main sur le côté de l’arme, car  le souffle brûlant et les particules incandescentes peuvent occasionner une brûle sérieuse. Les pertes par les cheminées sont réduites si celles-ci  sont en bon état, avec un diamètre de conduit autour de  0,7mm (l’explosion de la poudre ne doit pas relever le chien, par exemple). 

Puisqu’on aborde les « pertes de pression », il me semble particulièrement curieux que les commentaires sur les cheminées abondent (sur leur état, leur mauvais état, sur les départs de feu et sur les dimensions idéales des conduits de cheminées au béryllium), tandis qu’on ne parle quasiment pas des effets négatifs de l’entrefer sur la pression et sur la précision. Or c’est très important! C’est pourquoi le sertissage nous ramène à une question importante : qu’en est-il des variations et pertes de pression d’un revolver à PN (en bon état, mal fabriqué ou fatigué) au cours de la trajectoire de la balle entre la sortie de chambre à la sortie du canon?  Qu’advient-il de cette pression dans le cône de forcement (l’entrée du canon),  surtout dans le cas où l’entrefer est excessif?  Ces pertes ont-elles une incidence importante sur la précision? (Question à 100 balles).

Il conviendrait de commencer par revoir comment se fait la combustion de la poudre noire.  La poudre noire est un explosif « brisant instable », tandis que la PSF est un propulseur, c’est à dire un combustible. Je cite des extraits d’un article à lire de : J.J.Droorzapft)

 « La combustion de la poudre n’est jamais complète. De plus, il existe des ondes de pressions, prenant naissance dans les régions où la poudre s’enflamme,  qui se propagent jusqu’au  (…) culot du projectile où elles se réfléchissent et peuvent interférer en certains points. Le champ de pression dans la chambre n’est pas homogène  et ce phénomène très complexe peut  influer sur les contraintes mécaniques subies par les parois de la chambre et la vitesse de combustion des grains de poudre. Après l’allumage, la pression en chambre croît et les gaz chauds viennent pousser sur le projectile. Ce dernier ne bougera pas tant  que la force générée par la pression  des gaz sur son culot sera inférieure à celle due aux frottements statiques de son sertissage (…) qui sont un facteur important de la montée en pression initiale en chambre. »

Ce passage confirme l’importance du sertissage de la balle qui permet d’avoir une bonne montée en pression, car plus le frottement de la balle retient la pression des gaz, plus la montée en pression s’élève et plus la balle va gagner en vitesse initiale lorsque le frottement ne suffira plus à la retenir…  L’étanchéité de la bourre ou du cookie contribue également à faire monter la pression (un cookie est plus étanche que la bourre et que la semoule). Mais encore une fois, le passage de la chambre au canon n’est pas  pris en compte!

Un autre point est également important : le sous calibrage des chambres par rapport au canon (the bore) sur la plupart des répliques de revolvers, ce qui entraine « des vents (fuites) » autour de la balle, quand elle traverse le canon (alors que la poudre n’est pas complètement brûlée). La balle ronde  gonfle et prend les rainures, même  si elle est légèrement sous calibrée, mais si le sous calibrage est excessif, la balle va flotter dans le canon. Le sous calibrage est contraire au processus  de gonflement de la balle, puisqu’une partie des gaz passe autour de celle-ci et cela d’autant plus facilement que c’est une balle qui, du fait de sa forme,  ne dispose que d’une faible surface de contact avec le canon, donc peu de résistance à la pression des gaz.

« La nature explosive et  instable de la PN favorise sa mise à feu et sa combustion est très vive.  Il est cependant impossible de faire varier cette vitesse de combustion (contrairement à la PSF qui a une combustion progressive mais qu’on peut contrôler),  ce qui est utile en terme de sécurité et pour la régularité des résultats. C’est la quantité de PN qui permet de modifier la masse en mouvement : en augmentant la charge, on peut pousser plus de masse, sur une plus grande distance, mais pas beaucoup plus vite (450m/s pour les vitesses les plus hautes en armes longues).  Quelle que soit la quantité, on ne peut pas dépasser les 900 à 1000 bars pour les valeurs les plus hautes, ce qui est très sécuritaire pour les armes à PN.

« Contrairement à leur appellation, les poudres se présentent sous forme de grains de formes variées. La combustion, donc le dégagement des gaz, s’effectue à la surface des grains. On comprend aisément que plus  la surface du grain est importante plus la quantité de gaz se dégageant en un temps donné sera  élevée. La forme des grains de la poudre,  outre sa composition chimique, influe grandement sur sa  vivacité (c’est à dire sa vitesse de combustion). »

Article disparu  (Influence  de la forme des grains  et caractéristiques mécaniques des grains de poudre, etc).

Deux questions orientent ma recherche : Quels sont les effets de la compression de la poudre lors du sertissage/ Quelle est la perte de pression due à un entrefer excessif ?

Sur le net,  je trouve quelques commentaires concernant la compression de la poudre  au moment du sertissage (il concerne les revolvers à cartouches chargées à la PN) ?  C’est un domaine que je ne connais pas. En allant sur des forums,  on trouve  des informations partielles, incertaines, voire contradictoires, mais surtout dispersées.  Parfois on a la chance de trouver un commentaire complet et qui témoigne d’une compétence indéniable. Néanmoins, il y a une chose qui semble faire l’unanimité: la poudre suisse donne souvent les meilleurs résultats!  

Pression des gaz et compression de la poudre sont deux choses différentes. Il s’agit de chargement à la PN de balles métalliques:

« En cartouches d’armes d’épaule, la compression est un des nombreux  critères de la précision (commencer par 2mm puis monter en paliers).

 « (…)  le repère reste « la valeur d’enfoncement de la poudre » .  De toute façon, il n’y a pas de règle! On peut tergiverser sur 100 pages, il n’y a aucune autre règle que l’expérimentation!!   Avec une certaine poudre, les meilleurs résultats seront (obtenus) avec peu de compression, avec une autre, il faudra comprimer! (…)  ils (?) ont fait l’essai avec différentes poudres et chaque poudre donne une valeur différente en fonction de la compression. Et cela n’est valable que pour une arme et une ogive!   Donc, le mieux c’est de s’équiper du drop tube, du « compression plug », la rondelle qui va bien et ensuite il faut faire des essais et encore des essais, et toujours des essais!!   Certains champions US ont jusqu’à 100 moules différents pour une seule arme, et ils passent leur temps à faire des essais de chargements.

 « La poudre peut se comprimer et ça n’a rien de mauvais! Ce qui compte ce sont les résultats en cible! En 45LC, je fais une compression de 2,5mm, en 38-55, je comprime plus environ 4mm. (article de Black Powder Cartridge, concernant la compression).

En général,  les poudreux (chargement de la poudre dans les chambres) semblent considérer qu’une compression excessive de la poudre est à éviter:  « Par expérience et en accord avec ce qui se dit sur les forum US, la PN ne doit pas être compactée comme un boulet de coke (le dérivé du charbon … ). La contradiction suit. Je vous invite à parcourir ce forum où se déroule un débat:

Pour revernir à la perte de pression des gaz, je lis ceci: « un excédent d’entrefer cause (…) une perte de pression des gaz de combustion de la poudre et donc une perte de puissance et de précision, etc, etc « .  Si vous voulez faire de la précision, évitez les revolvers d’occasion qui ont trop d’entrefer.

Si on veut conclure sur le sujet de la pression des gaz et de son incidence,  voici une liste de points qui contribuent à  donner « de la pression » sous la balle , ce qui ne veut pas dire « de la précision » (là encore il faut faire la différence car puissance et précision sont deux choses différentes). Par contre les pertes de puissance peuvent contribuer à l’imprécision. Je vais emprunter la réponse à l’auteur d’un texte que je trouve sérieux (intitulé : « Vérifier avant d’acheter un revolver d’occasion ») avec lequel je suis en accord total . 

La valeur de l’entrefer, « c’est l’écart entre la face antérieure du barillet et l’extrémité du cône de forcement. Sauf chez Colt, la valeur de cet écart peut varier entre 10 et 25 centièmes de millimètre. On a déjà trouvé moins de 10 centièmes sur un S&W, mais c’est rare et peu recommandé : dans ce cas, un encrassement de la face antérieure du barillet peut bloquer sa rotation du fait de la friction trop importante sur le cône de forcement (1). La valeur moyenne constatée la plupart du temps est de l’ordre de 15 à 18 centièmes. À partir de 20 centièmes, je recommande de ne pas acheter. Bien entendu, il sera bon, en plus de la lampe de poche, de se munir d’un jeu de cales ! La vérification de l’entrefer doit être faite sur les six chambres ».

Liste des points qui interviennent dans la pression:  

  1. – la charge de poudre
  2. – la vivacité de la poudre  pour avoir le plus de gaz possibles générés tôt dans l’arme, et donc avoir en peu de temps le plus de pression disponible): ceci strictement  pour les armes à canons courts, mais qui finalement ne sont pas trop concernés par la précision,
  3. – le calibre de la balle le plus élevé possible (pour rendre son dessertissage plus difficile, donc avoir l’explosion à l’état le plus avancé possible avant que la balle ne commence à sortir du barillet, passer le cône de forcement et  atteindre les fonds des rayures du canon (en réduisant les vents (fuites )). Par contre l’augmentation du calibre entraîne un emplombage, etc
  4. avoir une balle non graissée avant sertissage (pour rendre le dessertissage plus difficile).
  5. – mettre de la graisse devant la balle (pour réduire les frottements dans le canon car ceux-ci ne font que freiner la balle pour rien (énergie perdue pour juste chauffer le canon)).
  6. – avoir le moins d’entrefer possible (éviter les fuites qui font perdre de la pression).
  7. – avoir une longueur de canon adaptée (pour que la pression combustion puisse durer le plus longtemps possible et que la pression puisse  monter à son maximum et donc continuer d’accélérer la balle le plus longtemps possible).

Il me semble que la pression découle de ces points et joue un rôle utile pour la précision,  avec une réserve concernant la charge qui doit être de l’ordre  du gramme et du calibre de la balle (qui doit rester en rapport avec celui du canon, avec un petit excédent) ?

Vous aurez compris que ces questions nous amènent à la balistique et à bien des sujets qui demandent des connaissances pointues auxquelles certains diront qu’il faut faire des essais et encore des essais (ou comme dit la chanson: « des petits trous,  des petits trous,  encore des petits trous,.. »

D/ Le poids et la sphéricité des balles coulées, puis serties

Le diamètre de la balle est un critère déterminant, puisque cette balle va être plus ou moins sertie, plus ou moins déformée, plus ou moins comprimée en fonction du diamètre interne du canon et du diamètre des chambres. Faut-il alors avoir des balles surcalibrées, qu’on force et qui vont augmenter les frottement et la pression dans le canon? Plus la balle est sertie en force dans les chambres, plus elle devient ovoïde.

Les fabricants semblent opter pour des balles sous calibrées, qui, vont gonfler dans le canon, ce qui explique que les dimensions des chambres peuvent être inférieures au diamètre interne du canon (en fond de rayures).

Concernant le poids des balles, c’est un aspect essentiel de la précision. Les tireurs considèrent que le poids des balles et sa régularité  sont indispensables pour obtenir un bon groupement. (ce qui impose de faire des lots de balles d’un poids assez homogène). Nécessité de disposer d’une balance électronique fiable…

Reste un point qui est également sensible : les balles coulées « à la maison » ont souvent des déformations: il y a un article à ce sujet qui est assez détaillé et bien argumenté. Je vous y renvoie :

Je pense que les balles de fabrication personnelles, avec des moules de plus ou moins bonne qualité, doivent être « roulées ». L’article cité explique que les rouleuses permettent de rectifier la sphéricité des balles: ça ne me convainc pas entièrement.  Pour ma part, pour éliminer les déformations les plus importantes, je le fais avec deux plaques de granit polies d’1cm d’épaisseur (on trouvera facilement deux pièces plates en acier) . Ensuite je pèse les balles et je les classe par lots: il est alors possible de comparer les tirs selon les lots et de déterminer quel est le lot qui donne les meilleurs résultats.

Mais il faut savoir que lors du sertissage dans les chambres, les balles subissent une pression importante qui les déforme, les écrase. Cette déformation dépend de la forme du « poussoir » et de la force exercée, donc du diamètre de la balle. Il est impossible de sertir une balle avec un poussoir qui épouse parfaitement la forme sphérique de la balle, dans l’idéal, car , ce poussoir serait alors coupant sur son rebord et creuserait un sillon circulaire dans la balle: on est donc obligé d’arrondir le bord du poussoir. Mais, s’il ne creuse pas un sillon, il laisse quand même une empreinte circulaire qui constitue une déformation. Les poussoirs qui,  avec les leviers de chargement, équipent tous les revolvers à PN, sont en principe étudiés pour ne pas déformer les balles.  C’est à voir. Cependant,  compte tenu des résultats très précis à 25m, obtenus par certains tireurs, ça marche bien.  Je pense que la déformation de la balle devient problématique quand le sertissage demande une pression excessive du fait d’une balle surcalibrée.

On a donc un problème délicat à résoudre : une balle trop peu sertie flottera et risquera de sortir de la chambre au cours du tir (risque d’allumage en chaine)  et une balle trop sertie, est déformée et ne peut pas donner des tirs précis. Il faut arbitrer entre ces deux astreintes.

E/ Le graissage et son incidence sur la précision

Pour le graissage, nous allons lire quelques méthodes qui prétendent améliorer la précision et si possible passer aux expérimentations, ce qui est l’esprit de ma démarche: on essaie et on évalue les résultats.

1/ Le graissage sur la balle, un classique controversé 

Capture

Traditionnellement, on procède au chargement  en plaçant la poudre au fond de la chambre, puis la semoule, puis la balle et enfin la graisse sur la balle, à l’entrée de la chambre. Cette méthode simple et traditionnelle est celle pratiquée par des compétiteurs de très bon niveau. C’est celle donnée par un article du site AVT:

Un article de John FROST paru sur le net (mais introuvable depuis) donnait des informations sur les conditions de préparation en vue d’un tir de précision. J’ai présenté le « Guide pratique du tir au revolver à Percussion » (collectif sous la direction de John C. FROST) au début de mon article 14:  une revue l’on pourra acheter à cette adresse notamment (ou à l’armurerie le Hussard) :

Selon FROST , affirme,  comme le font d’autres américains, que préserver son arme de l’encrassement est un des secrets de la précision, sinon « le secret ». Un  tireur très primé de mon club affirme quand à lui que la précision réside dans la pesée rigoureuse des balles, ce qui montre que les avis divergent et j’ai une tendance à me méfier des « grands secrets ».   

FROST

La balle ronde n’a pas de gorge de graissage et comme on l’a vu, elle tient moins bien dans  la chambre que les balles ogivales. FROST conseille une méthode de  graissage avec l’utilisation d’un outil simple, censé améliorer la précision. La balle une fois sertie doit arriver grosso modo à 2mm sous le niveau de l’entrée de chambre. Le graissage externe doit se faire dans le sillon (autour de la balle) avec un embout cylindrique (ça peut être balle  modifiée) dont l’extrémité, de forme creuse, épouse la courbe de la balle et permet de repousser la graisse dans  le sillon. Cette méthode ne m’a pas semblée aisée car la graisse souple colle à l’outil;  il faut alors la rendre plus ferme, mais sans lui donner d’épaisseur.  La recette de John FROST est la suivante : 50% de margarine et 50% de saindoux. Il faut essayer cette graisse pour juger de l’efficacité de cette astuce .

Le graissage traditionnel sur la balle se fait généralement avec le doigt! Quelle quantité de graisse doit-on mettre? L’abondance est-elle recommandée??  La graisse doit être limitée et suffisamment souple  pour ne pas former une pâte qui resterait collée sur la balle après le départ de celle-ci. Quelle consistance doit avoir la graisse? Voici une définition qui me satisfait assez: à  20°C, le mélange est ferme mais sans plus. Il fond rapidement entre les doigts. Je dirais que la graisse doit pouvoir être étalée au doigt en ayant quand même un peu de consistance: si elle est trop ferme, on peut l’assouplir (avec de l’huile d’olive par exemple).

Les graisses animales et végétales sont recommandées. Le site AVT considère que l’usage de graisses dérivées du pétrole, est possible:  « une graisse non inflammable de type industriel convient très bien aussi ».  Les américains déconseillent les graisses industrielles qui ne ramollissant pas les résidus. John FROST  écrit que les graisses animales ont comme propriété de ramollir les résidus de poudre, tandis que les graisses minérales forment des calamines dures qui sont catastrophiques. Bien des tireurs abondent dans ce sens. Des résidus durs altèrent la qualité du tir. Il existe des graisses qui sont vendues dans les armureries pour la PN.  L’Alox (bullet lube) est un produit très connu et apprécié aux USA.

En parcourant internet, on trouvera en abondance sur les forums des échanges de recettes qui mélangent cire d’abeille, végétaline, saindoux, huile d’olive…

Le graissage externe est plus qu’un lubrifiant, c’est un traitement des résidus.  La graisse doit être végétale ou animale, ce qui va éviter que les résidus forment une sorte de croute dans le canon:   elle va les « ramollir » en formant un goudron fluide et gras: c’est ce que l’on va contrôler (en passant un papier dans le canon après plusieurs tirs). Selon l’avis de tireurs expérimentés, pour obtenir de la précision, il faut que la graisse soit de « la consistance idéale », en fonction de la température, et c’est au tir qu’on vérifie si la  graisse est adaptée (on essaie plusieurs recettes). « Idéale? » Mais encore ?

Ceci dit, un graissage externe « fonctionne », sinon comment expliquer  que des tireurs l’utilisent en compétition?  Pour affirmer qu’il permet un tir  de précision,  il faut avoir des résultats en cible qui ne laissent planer aucun doute l’intérêt de ce fonctionnement. On peut aussi faire des tests comparatifs avec d’autres modes de graissages.

L’avantage du graissage externe (sur la balle) : ce graissage en surface et à la périphérie de la balle évite de graisser la totalité du projectile,  ce qui permet  à la balle  de « tenir » fermement dans la chambre. C’est un argument important , car en effet le tir à la PN utilise des balles rondes qui tiennent beaucoup moins bien en place que les balles longues, cylindriques ou ogivales (qui seront graissées dans les gorges). Il faut donc que le sertissage à sec assure la tenue de  la balle ronde lors des chocs subis, c’est à dire quand les chambres explosent.  Le fait de tremper la balle ronde dans la graisse (ce qui se pratique pour un fusil à chargement par la bouche), lui enlève sa stabilité. Or faute de stabilité des balles,  l’arme devient dangereuse. Cet inconvénient n’existe pas pour un pistolet et il faut tenir compte de cette différence de chargement. Il faut ajouter que la balle graissée  qui  ne tient pas est suivie de semoule qui  ne tient pas non plus si la balle tombe (ce qui m’est arrivé en tant que poudreux débutant). Depuis j’attache une importance à  la qualité  du sertissage.

Un rôle de protection qui ne fait pas l’unanimité: la graisse sur la balle est « supposée » former un écran qui évite la contamination des 5 autres chambres par le feu. La FFT exige ce graissage bien que certains tireurs mettent en cause l’argument,  car dès les 1ers tirs, la graisse est soufflée alentour. C’est vrai – et plus la graisse est fluide, plus elle est vaporisée. De toute façon, elle fond en partie du fait des gaz chauds.

Controverse: les partisans de la graisse sous la balle

Le chargement pose un certain nombre  d’exigences dont les solutions sont souvent  en contradiction.   

 Certains tireurs réfutent totalement l’intérêt de graisser la balle, d’une part parce que  la graisse est projetée un peu partout (ce qui a quand même l’intérêt d’empêcher les résidus de bloquer le barillet et l’axe), mais selon eux, une quantité négligeable  (résiduelle) va dans le canon et ne joue pas un rôle de  lubrifiant sufisant pour la balle.  Certains nient le risque d’emplombage du canon et pour finir, ils affirment que la graisse ne protège en aucun cas des « départs en chaîne ». Ces positions nihilistes sont marginales. Il y a aussi une catégorie de tireurs qui ne nettoient jamais leurs cheminées et quand il faut les remplacer, il faut  alors faire appel à des spécialistes pour les extraire, au risque d’endommager le barillet! (ou alors ils revendent et  le revolver devenu inutilisable). Il y a enfin ceux qui graissent  de façon minimale, presque homéopathique  et qui vantent des « trucs » censés garantir la précision. 

perte de pression 2

Je lis ceci dans un forum : « …comment expliques tu que les rayures du canon soient complètement obstruées par des résidus de poudre, à tel point qu’un coup de patch ramène des paillettes de résidus après le tir d’un barillet : la longueur des paillettes variant entre 5mm et 10 mm »?

Plusieurs auteurs américains affirment que le graissage externe (sur la balle) nettoie mal le canon, parce que les graisses ne  tiennent pas après les 1ers tirs: elles sont soufflées. L’insuffisance de graisse résiduelle dans le canon produit l’encrassement (fouling)  et impose de nettoyer le canon s’il paraît trop sale. Une « bonne lubrification » laisse un canon libre, une mauvaise le laisse chargé de dépôts secs qui remplissent les rainures ou de filaments (comme dans un conduit de fourneau). Ces dépôts nuisent à la précision et il est évident qu’au cours du tir, l’encrassement  va modifier les impacts. Il y a aussi les résidus qui se dispersent et s’incrustent dans les interstices: ils bloquent la rotation du barillet et empêchent de démonter le canon pour le nettoyer. Surveiller l’encrassement est donc prioritaire. Si le canon est trop sale, il faut alors se faire conseiller pour la composition de la graisse.

 * Le graissage avec une bourre grasse,  selon “Doc” Shapiro : 

  •  http://cobravif.technique.voila.net/ArmurerieBricolages/BlackPowderLoadingFrancais.pdf

Pour la  précision,  Doc rappelle que  la lubrification aide à (1) empêcher l’emplombage et (2) permet de ramollir les  résidus non brûlés.  Pour savoir si la lubrification est suffisante, il conseille de vérifier la bouche du canon : s’il y a des résidus de graisse, on peut penser que la balle lubrifie suffisamment, mais et si les résidus sont durs et secs, il faut améliorer le graissage. Comme d’autres, il affirme que les meilleures graisses à balles sont les cires naturelles qui ne dérivent pas du pétrole et qu’on peut préparer chez soi. (…) Deux points  de ses recommandations retiennent mon attention :

  1. Il préconise d’utiliser une bourre grasse entre la poudre et le projectile (notamment). Les bourres sont fabriquées en carton, en feutre, voire en papier, etc.  Mais pour éviter une contamination de la poudre par la graisse (quand celle-ci fond), il propose de rajouter un carton ciré entre la poudre et la bourre grasse.
  2. Il met en garde contre le risque de voir la graisse coller à la base de la balle, ce qui nuit à sa trajectoire.  Il recommande donc de mettre une bourre cirée entre la bourre grasse et la balle.

chargement avec des bourres

En effet, sous la pression de la poudre en combustion, la cire ou la graisse dure adhèrent à la balle  en formant un paquet qu’on retrouve sur la cible (c’est un inconvénient que j’ai constaté)! La trajectoire est alors perturbée. Il faut contrôler que les impacts dans la cible sont propres et bien découpés, sans déchirure et sans dépôt gras sur le pourtour.

Critique de  cette méthode:   

  1. la bourre est plus chère et plus difficile à fabriquer que la semoule (qui se vend au supermarché): si pour la précision elle s’avère justifiée, il va falloir mesurer son épaisseur exacte, la fabriquer et la graisser…
  2. Lorsqu’on l’introduit la bourre grasse, pour la placer avant (sous) la balle, d’une part on va « lubrifier » toute la chambre, d’autre part lors du sertissage, la graisse va remonter sous la pression et enduire le pourtour de la balle. Tout cela   n’est pas compatible avec un bon sertissage de la balle destiné à résister aux chocs lors des tir. Si les balles sortent de la chambre, ce qui peut arriver, elles vont bloquer la rotation du barillet.  la dessertir. C’est pour moi rédhibitoire. Lors des tirs, les balles vont « bouger » et ce mauvais sertissage fait avec une balle devenue grasse, va décomprimer la poudre noire Enfin, lorsque la poudre va brûler, la balle ne jouera plus son rôle de bouchon, ce qui réduira la pression sous la balle. Perte de pression pour certaines balles, donc perte de précision,
  3. Une chambre de revolver n’est pas toujours adaptée l’usage de la bourre, car le volume de la chambre est limité, tandis que la semoule s’adapte très bien à tous les revolvers.

* La graisse sous la balle, selon  John L. FUHRING

Une « bonne gestion de l’encrassement » est essentielle selon lui pour  obtenir de la précision. Il rappelle que le graissage externe sur la balle (slug) a pour but (en principe) de transformer un encrassement dur en une substance molle et graisseuse qui ne s’accumule pas dans le canon, mais il affirme que  la méthode traditionnelle n’a qu’un effet limité sur l’accumulation des résidus. Il faudrait donc faire un nettoyage du canon (the bore) avec un chiffon, après chaque tir.

Selon lui  le terme lubrifiant  (concernant la végétaline, le saindoux, le beurre à canon, etc)  est utilisé à mauvais escient,  car ce sont en fait des « assouplissants » :  Ils ne réduisent pas le frottement, mais transforment un encrassement dur en un mélange résidus+ graisse dont la consistance est molle.

Il affirme que l’idée selon laquelle le graissage de l’entrée de chambre empêche les départs en chaîne est une idée fausse.  Il suffit en effet, dit-il, de regarder le barillet après le tir de la première chambre pour constater que la graisse a été soufflée à l’entrée de toutes les chambres. Les tirs ultérieurs vont donc donner lieu à  des dépôts durs dans le canon. En raison de sa composition chimique, la  poudre noire (et les substituts) laisse dans le canon des résidus durs qu’on appelle « encrassement » (fouling). L’encrassement progressif des rayures empêche les  balles de faire leur rotation lorsqu’elles voyagent dans le canon,  ce qui nuit à la  stabilisation de leur vol et affecte  la précision du revolver :   les  impacts se dispersent alors partout dans la cible.

Après avoir mis la poudre dans chacune des chambres,  Fuhring insère une bourre (wad) ou un feutre  dans chaque chambre (avec un outil approprié). Les fabricants imprègnent ces  bourres avec un  lubrifiant, dit-il, mais ce n’est pas efficace. L’utilisation de bourre  est cependant idéale pour deux raisons selon lui. Tout d’abord, elle balaie les parois de la chambre de tous les  grains de poudre collés à celles-ci et laisse un espace sous la graisse qui, empêche la contamination de la poudre par la graisse en expansion.  Le remplacement de la bourre (wad) par de la « Crème de blé » ou de la semoule de maïs sec est possible, car elle absorbe bien la graisse excédentaire. Cependant  la semoule ne permet pas de « balayer » les parois de la chambre, comme le font les bourres. Donc selon lui, la bourre est préférable.

criscoLa graisse (grease) qu’utilise Fuhring est une graisse alimentaire  (Crisco) vendue aux USA. Selon lui, il faut enduire le bout de l’index avec une petite quantité de graisse  (Cristo, saindoux, suif, etc) et faire entrer celle-ci dans la partie supérieure des chambres, avant de mettre les balles et de sertir. Il recommande de ne pas mettre de graisse en excédent.  En aucun cas, souligne-t-il,  il ne faut utiliser la même quantité de graisse entre la bourre et la balle que celle utilisée lorsqu’on graisse la balle à l’entrée de la chambre. Si la graisse est excédentaire et qu’elle « noie » la poudre (dans la chambre), le tir sera faible  et produira un « flop » caractéristique… et j’ajoute avec un danger sérieux : il faudra impérativement arrêter le tir et vérifier que la balle n’est pas coincée dans le canon, Elle serait alors percutée par la balle suivante et  dans ce cas le canon se bomberait ou exploserait. Cette méthode consiste donc à mettre la poudre noire, la bourre,  la graisse et la balle.

Critique  de cette méthode

chargement5

1er inconvénient. Selon moi, mettre une graisse (nécessairement souple) sous une balle, dans la chambre d’un revolver, c’est risquer de voir la balle « bouger» lors du tir, pour les raisons que j’ai déjà données et malgré le sertissage. Une balle « glissante » dans un revolver à PN présente deux inconvénients :

  • elle n’assure pas une bonne compression, ce qui est nécessaire pour propulser la balle.
  • si elle bouge, elle risque de bloquer la rotation du barillet en provoquant un incident de tir (surtout avec un revolver à carcasse fermée type Remington:  dans ce cas, il sera « presque » impossible de vider la chambre par le trou de la cheminé (pour donner du jeu à la balle ) et de démonter le barillet sur  le stand de tir !

Pour éviter le flottement, ainsi que la perte de compression, il faut un sertissage efficace qui garantisse une stabilité de la balle et une balle sèche. A mon humble avis, tout cela exclut la présence de graisse souple sous la balle, sauf si la balle est une ogive à fond plat. cette graisse sous la balle est-elle bien placée?  Peut-être dans la mesure où la pression due aux gaz la pousse latéralement dans les rainures: dans ce cas, elle ne lubrifie pas, elle « ramollit ». 

2ème inconvénient : le collage de la graisse et de la balle  est prévisible (que la graisse soit ferme ou  qu’elle soit souple).  Elle va s’agglomérer  avec la semoule et former une masse qui fera corps avec la balle pour en faire un projectile composite : il faut alors  vérifier sur la cible que les trous sont ronds, nets, bien découpés et sans graisse. si ce n’est pas le cas, il y a collage.

Pour ces raisons, je ne suis pas convaincu par cette méthode de graissage sous la balle. Avec une forte charge de poudre, il n’y a plus beaucoup de place pour la bourre !  Il faut être certain que les balles restent sous le niveau d’entrée de chambre, car si une balle dépasse, elle bloque la rotation du barillet.

 *Les « grease cookies » sont-ils utilisables sous la balle?  

L’idée m’est venue de remplacer la graisse molle par une petite galette de cire semi rigide (mélange de cire d’abeille, de paraffine et de saindoux). J’ai trouvé plusieurs posts ou blogs qui font référence à cette méthode. Les cookies de cire dure sont utilisés pour le chargement des balles métallique (40/44 par exemple). Généralement les bourres de cire sont assez dures; mais trop dures n’est pas conseillé pour différentes raisons (découpage,  mais surtout pour que la cire  s’écrase contre les parois sous la pression des gaz).

Je comprime le cookie sur la poudre noire, mais séparé de celle-ci par un opercule.  Un grease-cookie doit s’élargir  sous la pression de la balle (au moment du sertissage) pour obturer la chambre, ce qui améliore la compression. Il doit être lubrifiant, donc souple quand même. Ma recette de cookies a évolué en partant de cire dures et cassantes pour arriver à une composition plus souple, car si les cookies doivent être fermes, ils doivent  rester suffisamment malléables et gras  pour être écrasés sous la pression du doigt et être découpés à l’emporte-pièce sans s’effriter ou casser. Il faut donc une certaine malléabilité.

Remplacer la semoule ou la bourre par un cookie de cire est envisageable, si les chambres sont suffisamment profondes. Je cite le blog de Jean-Pierre SEDENT: (extrait de COMMENT FABRIQUER DES « GREASE-COOKIES » )

 « Les ‘cartouches’ anciennes à poudre noire comportaient bien souvent une bourre de graisse qui surmontait la charge de poudre, comblant ainsi l’espace entre la poudre et la base du projectile. Cette bourre avait pour principal objectif de ramollir les résidus laissés dans le canon par la combustion de la poudre noire et de faciliter de ce fait la rotation du projectile suivant. Elle permettait d’empêcher une fuite de gaz entre la circonférence de la balle et la paroi du canon avant que la balle ne soit complètement « gonflée » et en mesure d’assurer ainsi efficacement cette fonction. Judicieusement comprimée dans le collet de l’étui (dans le cas de cartouches métalliques), elle permettait également  d’obtenir une bonne étanchéité de la cartouche. Les américains appellent cette bourre « grease-cookie » (gâteau de graisse). Sa composition était généralement à base de suif et de cire d’abeille, voire uniquement de cire (Pour le fusil Gras, c’est une bourre de 4mm d’épaisseur en cire pure jaune qui a été officiellement adoptée en 1887).

Mais le cookie doit être séparé également  de la balle : ce qui impose de mettre  deux opercules qui ont chacun leur rôle!

  • Séparé de la poudre:  il suffit d’un opercule de carton de lait (découpé à l’emporte pièce), ceci pour éviter que la cire ne se mélange à l’explosif au moment de l’explosion.
  • Séparé de la balle : il faut un opercule de carton (ou une rondelle de bourre) pour que le cookie ne colle  pas à la balle  et qu’il se décroche de celle-ci dès la sortie du canon, comme le calepin en tissu se décroche de la balle qu’il enveloppe, lorsqu’on tire avec un pistolet à chargement par la bouche .

Le cookie a plusieurs avantages :

  1. il nettoie les parois de la chambre de toute particule de poudre noire (1er avantage). Il ne laisse pas de dépôt visqueux sur celles-ci qui provoquerait le flottement de la balle.
  2. D’autre part, par sa rigidité relative, il obture la chambre,  étant collé aux parois sous l’effet du sertissage (ce que la semoule ne fait pas) : il augmente ainsi la compression
  3. Il est censé lubrifier le canon et donc ramollir les résidus. A mon avis, le « grease cookie » balaie, nettoie (emporte les résidus), mais il dessèche s’il est trop dur (manque graisse fluide dans sa composition) et dans ce cas il ne se mélange pas avec les résidus pour les ramollir.  Le cookie a surtout comme but de nettoyer efficacement le canon et cela, je le confirme après des essais multiples, mais sa composition doit être adaptée pour jouer le rôle d’assouplissant.

La recette de J.P. SEDENT : « Pour la fabrication des grease-cookie, (…) vous pouvez utiliser un mélange de 25% de suif et 75% de cire d’abeille, c’est la graisse la moins onéreuse pour cet usage.  Vous pouvez enfin fabriquer une graisse dont la composition est donnée ci-après. Cette graisse a une très bonne tenue dès qu’elle est refroidie et peut être utilisée également pour le graissage des projectiles en plomb nu :

  • 25% de lanoline (vendue en pharmacie).
  • 25% de graisse de vaseline.
  • 30% de cire d’abeille.
  • 20% de paraffine.

Les composants sont mis à fondre très doucement et sont bien mélangés. Surtout ne pas faire fumer la graisse en la chauffant à une température trop élevée, ce qui aurait pour conséquence d’altérer ses propriétés. Le point de fusion de cette graisse se situe aux environs de 60°C. La fusion est donc très rapide ! »  Voir la suite de l’article :

*Mes essais  de tir avec des cookies et des balles rondes :

Les cookies de cire étaient placés sur la poudre, séparés de celle-ci par des opercules de carton de lait et de la balle par un second opercule. Les essais  ont étés décevants : les cookies restaient collés sous les balles, malgré  l’opercule cartonné)! Dans ces conditions les résultats n’ont pas non plus été convaincants en terme de précision.

chargerment PSRComment isoler la balle pour éviter le collage du cookie sous celle-ci?  Pour empêcher ce collage, un opercule de carton glacé ne suffit pas, car si la balle est ronde, sous la pression du sertissage, elle s’enfonce dans le carton et dans le cookie . La surface de la rondelle de carton est inférieur à celle d’une demi sphère et du coup la cire sous pression passe autour du carton et entre en contact  avec la balle. On a alors le phénomène de collage que nous redoutons! Il faut donc fabriquer une sorte de siège sur lequel reposera la balle, pour protéger celle-ci du contact avec la graisse ou la cire. La semoule parait indiquée, mais son épaisseur doit être suffisamment importante pour qu’elle fasse un isolant sans laisser remonter la cire. Quel barillet de revolver peut avaler un tel « sandwich », façon poudreux? Si on veut que les essais soient probants, il faut impérativement tirer avec un revolver qui a un potentiel crédible.

A l’essai, les cookies de cire (dont la composition n’était pas celle-ci) qui ont été tirés avec des revolvers tout-venant,  « semblaient » avoir un effet nettoyant très efficace, mais desséchant (constat à vérifier par d’autres essais). Il fallait revoir la composition pour les rendre plus lubrifiants, c’est ce que j’ai fait pour plusieurs raisons et les résidus étaient nettement moins secs. Je garde cependant la graisse extérieure qui assure quand même une lubrification minimale.

Lors de l’explosion de la poudre, le cookie est suffisamment rigide pour résister à la pression  et ensuite,  il sert de propulseur à la balle. C’est un peu le principe des fusées à étages, qui se détachent au cours de la trajectoire.

Il reste donc à prouver que le cookie préparé selon ma méthode est compatible avec la précision.  

La fabrication des cookies et des opercules :

  • Pour les opercules  je les découpe dans un carton de lait avec un emporte pièce de 11mm, J’utilise une plaque de chêne (un bois résistant), afin de ne pas altérer l’affûtage de l’outil . Un bois tendre se désagrégerait très rapidement.
  • Les cookies sont découpés dans une plaque de cire (cire d’abeille et paraffine) qui a été préalablement coulée entre 4 barres de fer plates, épaisses de 4mm (et plus), ou entre des carrelages, l’un comme l’autre étant lourds.  La coulée se fait sur du papier sulfurisé (qui se gondole quand on verse la cire chaude) . Chaque cookie (galette ou rondelle de cire) est découpée  avec un emporte-pièce de 11mm pour le calibre 44.
  • Si la  cire est trop dure, chaque trou percé en force (avec un petit marteau) fait fendre la plaque : c’est le signe qu’elle est trop cassante  mais si elle est bien dosée, elle se découpe sans se casser (chaque trou est entouré d’un bourrelet) et les cookies sont suffisamment solides pour sortir sans déformation de l’emporte-pièce (on place simplement une petite cheville de bois dans celui-ci pour repousser le cookie découpé).

Voici des échantillons de ma préparation : une « brosse graissante (cokkie et bourre sèche)  » ou un « sandwich PSRauben ».

3 cookies

Ces cookies sur la photo ont été tirés et récupérés dans la cible sur laquelle ils étaient restés collés: très compacts, ils sont arrivés intacts. Ils portent les traces des rainures.

Les balles quant à elles ont donné un groupement tout à fait excellent, pour un tir avec des balles qui n’avaient pas été pesées, mais simplement passées à la trieuse (de ma fabrication) et tirées avec des charges de poudre dosées avec une simple doseuse Lee (donc sans balance). Un chargement qui n’a pas les critères de la compétition.   

Pour faire ces essais, j’ai décidé de choisir 3 revolvers, sous réserve que les chambres acceptent ma formule  de chargement, et de comparer les résultats avec un chargement standard ¨PN+semoule+ graisse sur la balle: disons que je prévois un REM 1858 Uberti Inox, un R&S FEINWERKBAU et un Colt 1860 (peut-être Centaure).

1er essai : REMINGTON 1860 Inox, marque UBERTI, qui jusqu’à présent donne des résultats très passables, presque décevants pour une arme de bonne fabrication. Le réglage du guidon n’est pas parfait, il faut l’améliorer:  le revolver tire probablement à gauche. Du fait du guidon avec fibre optique rouge, d’une taille un peu courte, il faut choisir le point visé sous le visuel.  L’essentiel est d’obtenir un groupement.

 Charges de 1g PNF2 ( à vérifier) dosé à la Doseuse Lee , un opercule découpé à l’emporte-pièce dans un carton de lait, 1 cookie de 8mm environ (mélange de cire d’abeille, de saindoux et d’huile d’olive),  une 1/2 bourre de feutre et 1 balle rondes cal .454 (moule Lee). Le sertissage donne une balle enfoncée à 2mm sous  la surface du barillet. Je termine par un peu de graisse fluide bien enfoncée dans le sillon sur le pourtour de la balle.  

tir 1858

Ce que je constate, c’est que le cookie  a parfaitement pris les rainures, qu’il a fait bloc avec la bourre de feutre,  que l’opercule sous le cookie a empêché la graisse de fondre et de se mélanger avec la PN, bref,  tout à parfaitement fonctionné. ce sandwich a donc ramolli l’encrassement du canon  et laissé la balle parfaitement autonome. Le sertissage n’a pas bougé et la pression des gaz devait être maximale.

canon 1858 propreReste à contrôler l’encrassement du canon après 6 tirs:  il ne contient que très peu de résidus, de fins bourrelets noirs qui suivent les rebords  des rainures en sortie de canon. Par contre les bandes en fond de rainure ou sur celles-ci sont propres, presque nettes. Ce petit dépôt qui s’accroche sur les rebords est gras. Il provient du dernier tir qui n’a pas été passé au nettoyage de la « brosse graissante ».

Les cookies (brosses graissantes) nettoient certainement mieux que la semoule qui  ne sert qu’à remplir le vide de la chambre mais n’est pas prévu pour  « ramoner » ensuite le canon.

A suivre,  pour les essais comparatifs…. et la 2ème partie.

 

Vidéo

14- La FABRICATION DE LA POUDRE NOIRE, POLITIQUE DE PROHIBITION


 

 

La fabrication POUDRE NOIRE, un secret de Polichinelle !

Il faut savoir qu’actuellement trouver de la PN en armurerie est devenu une galère, compte tenu des obligations en termes de réglementation (politique de prohibition) et de coût des installations qui pèsent sur les armuriers. Beaucoup ne sont pas équipés pour stocker de la poudre. D’autre part l’approvisionnement des armureries se fait au compte-goutte (30kg par mois), ce qui oblige les armuriers à faire des choix par rapport à la demande de leur clientèle; les chasseurs sont généralement prioritaires car la clientèle de poudreux reste marginale. Sournoisement, la vente de la poudre se raréfie… 

PN jvuguhJPGAujourd’hui, face à cette pénurie organisée, certains auraient la tentation de faire eux-mêmes leur PN. Est-ce possible ??? Est-ce dangereux? Est-ce légal en France?

Possible oui, dangereux certainement, légal non, hélas pas en France: on peut posséder de la PN, mais la fabriquer, c’est faire concurrence à l’Etat. Le sujet a déjà été évoqué à maintes reprises dans les forums de poudreux et à chaque fois, les modérateurs se précipitent pour empêcher toute information sur la fabrication de la PN. Cette  politique de la « confidentialité » se retranche derrière un argument: on ne fabrique pas artisanalement de la poudre noire en France parce que c’est un explosif dangereux. En outre, la recette ne doit donc pas tomber dans de mauvaises mains, argument  futile puisqu’elle est déjà abondamment diffusée sur le net. Ce légalisme complaisant ne fait pas état de la volonté politique qui  conduit à la pénurie actuelle de PN en France.  Par conséquent, la confidentialité n’est qu’un prétexte pour ne pas faire de vague!

Mais que disent l’UNPACT et l’Union française des amateurs d’armes à ce sujet?  Rien ou pas grand chose!

Alors, fabriquer, c’est possible, c’est tentant, mais c’est « interdit » en France en raison notamment des règlementations européennes … La solution? Il faut liquider l’UE, cette saloperie qui nous transforme en veaux!

Le premier danger réel (pour faire la part des choses avec les délires) , c’est de fabriquer n’importe comment, au risque de se faire « péter la gueule »! De mauvaises recettes présentent un risque réel pour ceux qui tentent naïvement de les mettre en œuvre. Il faut être prudent et expérimenté dans l’usage de la poudre, c’est impératif.  J’ai exploré le net et confronté les méthodes de fabrication pour évaluer leur crédibilité, leur dangerosité  et leur sérieux. Aux USA, on compte de nombreuses vidéos sur ce sujet. Des documents éparpillés sur le net sont réunis dans cet article passées au tamis, et soumis à critique  pour éliminer les fausses infos qui sont fatalement dangereuses et montrer que n’est pas artificier qui veut! Jugez-en par vous mêmes, si vous êtes en âge de raison!

Je vous invite à regarder ces vidéos, car il y souffle un air de liberté! Cependant, en France, il semble que la fabrication (et la non-fabrication) soit un monopole d’Etat (SNPE), comme la fabrication du tabac, qui nuit gravement à la santé, mais pour le tabac, la pénurie n’existe jamais! L’Etat a le monopole de la nuisance par le tabac et il ne se prive pas de produire! Pour la poudre noire, les restrictions s’inscrivent dans la politique de dépendance des tireurs envers le fournisseur (l’Etat), de contrôle des achats, et pour finir de prohibition. Par les temps qui courent, d’un côté on fait entrer les terroristes sur le territoire national par une immigration à haut risque et de l’autre on met les citoyens dans l’impossibilité de se défendre face à ces agresseurs qu’on veut aujourd’hui disperser sur le territoire:  les armes circulent dans les banlieues, mais les français  qui tirent régulièrement dans les clubs avec de la PN sont mis à la diète et les revolvers  attendent dans les vitrines.  Désormais, le plomb, c’est pour la pêche. C’est faire de nous des victimes! La solution : supprimer l’Etat qui ne sert qu’à nous ponctionner du fric et nous mettre sous tutelle… et supprimer le PS qui est en train de nous mettre sous camisole (loi Valls-Caseneuve de contrôle internet).

Il y aurait une certaine rubrique 1310-2.c de la réglementation relative aux Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE), à prendre en compte pour une quantité inférieure à 100kg, assortie d’une déclaration Préfectorale d’un Contrôle Périodique afin de vérifier le respect de l’Arrêté : tout cela est à vérifier, mais si vous voulez  fabriquer; il n’y a pas à ma connaissance de dérogation pour une fabrication de 200g!

Mais si on veut comprendre ce qui différencie les poudres, on est bien obligé de comprendre comment elles se fabriquent;  ça fait partie de la Culture du « poudreux » n’en  déplaise aux bonnes âmes qui voudraient nous interdire de savoir…

1/ QUELQUES INFORMATIONS GENERALES CONCERNANT LA PN

Mon but est de faire en  sorte que ce blog soit complet.  Il est donc nécessaire de disposer d’informations sur la composition, les qualités des différentes poudres noires. Des internautes très informés ont fourni sur le net des informations auxquelles nous allons faire appel. Chaque fois que je fais un « emprunt », je cite la source.

Il s’agit de la première poudre utilisée, souvent appelée poudre à canon. Connue dès le VII° siècle en Chine, celle-ci consistait en un mélange de salpêtre (Nitrate de potassium KNO3, corps très oxydant, du latin salpetrae, sel de pierre), de soufre et de charbon de bois (corps très combustibles). Il s’agit donc d’un explosif, facilement inflammable, qui brûle à l’air libre et détonne quand il est confiné. De fait pendant des siècles et jusqu’à la fin du XIX° la poudre noire a constitué la seule poudre à canon et le seul explosif connu. Historiquement elle a d’abord été utilisée à des fins incendiaires, puis ensuite pour les armes à feux, les mines et enfin pour les fusées. On faisait varier les proportions de constituants pour les différents usages (en masse):

  • Poudre à canon: 75% KNO3 12,5%S 12,5%C
  • poudre B pour armes portatives: 75% KNO3 10%S 15%C
  • Poudre de chasse: 78% KNO3 10%S 12%C
  • Poudre de mine (plus lente): 75% KNO3 12,5%S 12,5%C
  • Poudre de fusées: 75% KNO3 10%S 15%C
  • (mélange stoechiomètrique:75% KNO3 12% S 13%C)

Pour être efficace les constituants doivent être moulus très finement, mélangés de façon très homogène puis séchés et polis. La qualité de la poudre dépend beaucoup de celle du charbon utilisé, car plus le carbone est pur et moins la combustion produit de cendres. Le soufre et le salpêtre doivent aussi être raffinés. L’ultime perfectionnement interviendra au XIX° siècle, avec un procédé permettant d’obtenir la poudre en grains dont on pouvait moduler la taille pour obtenir une poudre plus ou moins vive.

Procédé des pilons. Ce procédé est utilisé pour la poudre à canon. Les constituants en bonnes proportions et pulvérisés sont battus pendant onze heures dans un mortier sous un pilon de bronze. Le mélange a alors l’aspect de galette. Les galettes sont ensuite brisées dans une tonne appelée grenoir, dont les parois laissent passer les grains de bonne taille et ceux plus petits. Ces derniers sont séparés à l’aide d’un tamis.

Procédé des meules: Ce procédé est utilisé pour la poudre B. Les constituants en bonnes proportions sont soumis pendant trois heures à la pression de lourdes meules verticales en fonte qui écrasent les matières et en forme des galettes. Les galettes sont ensuite concassées par un tourteau en bois et les grains sont séparés par des tamis. La poudre est ensuite lissée, séchées et époussetée.

Les poudres noires sont disponibles en 2 catégories :

  • Les FA pour spécifier les gradations volumétriques des « blasting powders » des pyrotechnciens
  • Les Fg pour les « sporting powders » destinées aux  tireurs comme nous sommes

La grosseur et le contenu des grains sont différents entre la poudre sportive et la « blasting powder ». Voici pour la poudre sportive ( type « g » ), les tamisages industriels  faits en milieu contrôlé ;  on n’est pas dans la cuisine…) ; ç, c’est la fabrication industrielle. Ce qu’on peut retenir, c’est que  la poudre  n’est efficace que si la granulation est bonne. Le terme « mesh » en anglais

  • Fg 12 –> mesh 3% 16 mesh 12%
  • FFg 16 –> mesh 3% 30 mesh 12%
  • FFFg 20 –> mesh 3% 50 mesh 12%
  • FFFFg 40–> mesh 3% 100 mesh 12%

source: http://extreme-precision.forum-2007.com/t7160-deux-sortes-de-poudre-noire

LA COMPOSITION (attention: Les 3 Composants sont mélangés en proportion de leur masse, et non de leurs volumes : les quantités mélangées sont donc mesurées avec la balance.)

 1/ Le Nitrate de potassium, appelé Salpêtre (anglais : potassium nitrate, salpetre) ; 75% (en masse). Connu depuis le moyen-âge sous le nom de salpêtre, avec un aspect de fibres blanches rappelant de fins poils, on le trouve entre autres dans les grottes calcaires hébergeant des chauves-souris et d’autres créatures (formation par contact d’excréments avec du calcaire), dans les caves ou maisons humides anciennes (bactéries nourries d’ammoniac issu de l’eau du sol…), dans le guano, etc. Le salpêtre a une longue histoire dans la fabrication de la poudre à canon. C’est aussi un des plus vieux conservateurs pour viandes. Il réagit et produit du nitrite puis du monoxyde d’azote qui transforment la myoglobine rouge en un colorant rose typique du jambon, des salamis et du corned beef. Cancer : Les nitrates et les nitrites sont classés probablement cancérigènes par le CIRC, (Centre de Recherche internationales sur le cancer) et certainement cancérigènes par l’ARTAC. Dans l’organisme ou déjà lors de la cuisson, les nitrates forment des nitrites formant à leur tour des nitrosamines cancérigènes. .

2/ Le charbon de bois (charcoal) qui doit être de très bonne qualité (pas celui qui est destiné au barbecue) ; 15% en masse.

3/ La « Fleur de soufre » (sulfur), c’est-à-dire de soufre finement broyé ; 10% en masse. Attention : Certaines fleurs de soufre vendues en droguerie ou en grande surface ne sont pas pures et nuiraient sérieusement à la qualité de la poudre.

Les droguistes ont souvent disparu et ces produits ne se trouvent plus dans le commerce. On trouve cependant sur internet aussi bien la fleur de soufre (chez des droguistes en ligne) que le salpêtre qui se  vend pour l’alimentation.

2/ LA QUALITE DE LA FABRICATION DU CHARBON

C’est une procédure essentielle pour obtenir une poudre de qualité. Le bois est carbonisé dans des fours qui ont la particularité de le chauffer sans air ni oxygène (sans quoi il brûlerait comme dans une cheminée!).  Il  passe ainsi par 4 phases :

  • Le séchage : jusqu’à 130°C, le bois sèche et perd principalement l’eau qu’il contient, il consomme alors beaucoup d’énergie.
  • La torréfaction : de 130° à 250°C environ, le bois torréfie (comme le café) et devient marron foncé, il consomme alors un peu d’énergie.
  • La carbonisation : de 250° à 340°C, le bois carbonise et fournit alors de la chaleur. Lorsque le bois est entièrement carbonisé il ne fournit plus de chaleur et on peut passer à l’étape 4.
  • Le refroidissement : vider le four à 340°C et le mettre à l’air ambiant brûlerait immédiatement le charbon de bois. C’est pourquoi il faut mettre le four en refroidissement en l’isolant complètement de l’air extérieur jusqu’à température ambiante.

Rendement par essence de bois. D’après des relevés faits par les agents forestiers sur tous les points du territoire, le procédé des meules donne, en moyenne : (Par stère régulièrement empilé)

  • bois de chêne : 82 kg de charbon
  • bois de hêtre : 76 kg de charbon
  • essences mélangées de bois durs : 73 kg de charbon
  • bois blancs : 55 kg de charbon
  • pin ou mélèze : 58 kg de charbon
  • sapin ou épicéa : 53 kg de charbon

LA MÉTHODE DE FABRICATION du CHARBON DE BOIS PAR PYROLYSE (qui est celle que nous allons utiliser) Cette méthode se trouve sur deux sites :

Cette méthode demande un simple récipient en métal (une boite cylindrique, une boite de conserve) avec un couvercle percé d’un trou pour permettre à la vapeur d’eau et aux combustibles gazeux (dus à la distillation) de s’échapper. Ce récipient est placé dans une cheminée, directement sur la braise, pendant environ 15 mn jusqu’à la fin de la phase de distillation (c-à-d quand les gaz ne sortent plus). Il faut impérativement utiliser un charbon de bois de très bonne qualité, et dont la distillation est complète. Le charbon de bois doit alors être « noir avec des reflets bleu » et avoir une sonorité plus ou moins cristalline lorsque les baguettes de bois sont frappées; on a alors du carbone presque pur.

3/ LA FABRICATION ARTISANALE DE LA PN

Grosso modo, on peut dire qu’il existe 2 méthodes:

La méthode à froid. Elle repose sur un mélange à sec des 3 éléments dans un récipient qui ne doit pas présenter le risque d’étincelles ni celui d’électricité statique. Cependant avant de procéder au mélange, il faut faire un broyage des ingrédients avec un marteau. Il existe deux méthodes de broyage :

moulin2La méthode de broyage « artisanal » se fait avec un moulin à café électrique (ou un mixer) pour broyer successivement le charbon, le salpêtre et le soufre (s’il est en morceaux). Cette méthode exige un broyage séparé de chaque ingrédient pour éviter toute explosion. Il est recommandé d’émietter préalablement les morceaux avant de les mixer afin de ménager le moteur du mixer. Le broyage n’est pas aussi fin que celui obtenu avec un moulin à billes.

tumbler

Aux états unis les tireurs qui fabriquent leur poudre utilisent souvent des moulins à billes (Ball Mills ou Rotary Rock Tumbler) qui broient les 3 ingrédients simultanément. Cet appareil destiné à polir des pierres (décoratives) présente cependant « certaines garanties » de sécurité et de qualité qui conviennent à la poudre noire. Il faut signaler que le moulin à billes ne doit pas travailler avec des billes d’acier mais de plomb, qui éliminent le risque d’étincelles, car des billes d’acier transformerait le broyeur en grenade! Les « ball mills » (ou « Rotary Rock Tumblers ») vendus dans le commence aux USA ont des tambours en caoutchouc épais pour ne pas réunir les conditions d’une explosion en milieu sec et fermé. On obtient alors directement le mélange ‘charbon, salpêtre et soufre’. Cette méthode est longue (entre 6 et 12h de broyage), mais elle donne une poudre noire très fine, donc idéale, car la finesse est la garantie de sa puissance et de sa vélocité.

On peut fabriquer un moulin à billes avec un moteur de machine à laver par exemple, mais si le tambour est en fer, il est impératif de broyer les éléments séparément.

La  méthode à chaud : elle consiste à faire un broyage séparé des éléments (moulin à café). Le mélange des ingrédients se fait ensuite à chaud avec un apport liquide (eau et d’alcool) beaucoup plus important car la PN très imbibée d’eau et d’alcool n’est pas explosive. Ce qui donne alors une sorte de pâte onctueuse…  Le mélange chaud et presque liquide est BRASSE avec une cuillère, ce qui assure l’homogénéité des composants dans ces conditions de sécurité. Cette pâte est ensuite essorée à chaud dans un linge filtrant et la « boule » obtenue est passée à travers un tamis pour obtenir des grains. Il est courant que les fabricants ajoutent de la dextrine (une sorte de cellulose) après avoir mélangé les 3 ingrédients traditionnels. Il semble qu’elle soit utilisée aux USA pour lier les composants. A la fin du processus, les grains de poudre doivent être homogènes et composés de particules finement agglomérées. C’est l’objectif à maitriser et c’est précisément ce qui différencie les méthodes.

LES DANGERS DE CETTE FABRICATION

Les manipulations de la poudre en préparation ne doivent pas se faire à portée de sources de chaleur et encore moins d’étincelles ou de feu (les cigarettes en particulier, les lampes, les plaques chauffantes) ! Les poussières sont toxiques et potentiellement inflammables et explosives : éviter toute source de chaleur proche.

La poudre noire non confinée n’explose pas : elle brûle en formant une torche vive qui souffle comme une fusée et qui va provoquer des brulures. Il faut rappeler que la poudre noire est particulièrement sensible y compris à l’électricité statique. L’achat de PN dans le commerce devenant de plus en plus incertain, les poudreux inconditionnels sont contraints de « stocker », ce qui est un non sens ! A contrario, quand on fabrique soi-même, on ne produit qu’une petite quantité de poudre (de 200g à 400g), ce qui évite le danger de constituer une réserve importante de PN. La puissance de la PN n’est pas « proportionnelle » à la quantité, car elle augmente selon une courbe exponentielle. Le poudreux peut alors stocker les ingrédients, sans stocker la poudre elle-même, c’est-à-dire l’explosif. C’est un gain de sécurité, mais cet avantage est interdit.

Chez soi, on peut fabriquer 200g de poudre  avec 75gX2 de salpêtre pur + 15gX2 de charbon de bois (saule de préférence)  + 10gX2 de soufre,  mais le séchage demande du soleil ou un local chauffé (sans risque).  On ajoutera de la dextrine en proportion de 5% de la masse des autres composants réunis, soi 200gX5% = 10g.

La fabrication à domicile demande des précautions (évitez de faire ça dans le salon, en hiver devant la cheminée), et attention : la poussière de charbon de bois est très légère et salit beaucoup! Les poussières de  soufre et de  salpêtre sont toxiques (le port d’un masque est recommandé et les gants sont nécessaires pour comprimer la poudre à la main). Travailler à l’extérieur est idéal pour ceux qui n’ont pas les conditions de sécurité d’un local extérieur au logement, mais dans un abri au vent. On doit impérativement travailler avec des récipients et des outils non électrostatiques : bois, pierre, laiton, etc. On exclut le fer qui est de nature à provoquer des étincelles. Il faut savoir que sur la ligne Maginot, dans les locaux qui contenaient de la poudre, les gonds étaient en laiton… Le plastique est isolant, mais certains plastiques semblent capables de phénomènes électrostatiques. Donc prudence. L’usage de récipients en acier est cependant possible lorsque le mélange des ingrédients est très humide ou dissout dans un mélange d’eau et d’alcool (ou d’urine !).  La préparation de la poudre repose sur la qualité du bois (saule de préférence). Pour les quantités utilisées, il n’est pas difficile de se faire un petit stock de buches bien sèches et sélectionnées.

LES METHODES DE FABRICATION A FROID

3.1/La méthode FOXFIRE : broyage séparé au moulin à café (vidéo de« Bland County Survivorman ») :

Nous allons examiner en premier lieu la méthode « FOXFIRE » compte tenu de la vidéo de BCS qui est bien expliquée. Cette méthode est extraite d’un ouvrage (qu’il cite) : « The Foxfire Book, Volume 5, (Gun making) » concernant les armes à poudre noire :

pyrolyse

BCS fait l’essai de cette méthode de fabrication de la PN qu’il n’a jamais pratiquée auparavant.  L’intérêt de sa vidéo est aussi de montrer la fabrication du charbon de bois par pyrolyse, une méthode tout à fait adaptée à nos besoins parce qu’elle permet de faire une  quantité raisonnable de charbon de bois (avec du saule), sans recourir à du matériel onéreux ou lourd. Un récipient en fer avec un couvercle percé au centre qu’il place dans un fourneau avec une porte sur le devant (une cheminée fera l’affaire), mais il faut faire des essais concernant la température des braises. BCS prépare son charbon de bois par pyrolyse et utilise ensuite un moulin à café électrique pour le réduire en poudre. Ensuite et séparément, il broie le salpêtre mais « la fleur de soufre » est utilisée en l’état, telle qu’elle est vendue. Les proportions du  mélange sont conformes à la recette précitée. Cependant, la qualité du broyage n’est pas garantie par cette méthode trop rapide, comparativement aux autres procédés de broyage. BCS procède ensuite au mélange des 3 composants à sec, mais sans montrer comment il procède, une omission qui supprime un point délicat : le risque de manipuler un mélange explosif sec, avant de l’humidifier abondamment avec « l’urine éventée », selon la recette donnée par FOXFIRE (pour ses propriétés oxigénantes).  C’est à ce stade de la procédure qu’il faut prendre toute précaution concernant les sources de chaleur. Un procédé qui à mon sens, ne peut se faire que pour de petites quantité et à l’extérieur. Il verse le mélange des 3 composants dans un fond de bouteille en plastique (genre javel) qui lui sert de récipient  et ajoute ensuite des rasades de cette urine, en brassant le tout (presque énergiquement) avec un pilon (en bois ?)… On peut dire que le brassage se fait en passant progressivement de l’état sec à l’état presque liquide (cela devient une sorte de « sauce » ou de pâte crémeuse), mais toujours à froid.

 

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C’est cette « humidification généreuse », je ne dis pas savoureuse, qui permet de rendre le mélange homogène, mais elle demande ensuite un séchage avant granulation. BCS saute encore les étapes et montre le résultat du brassage: une sorte de pâte assez fluide qu’il étale sur un plan et qu’il va laisser sécher jusqu’à … obtenir une poudre (on ne sait comment?). On suppose que la pâte à l’état coulant a été  mise au soleil ou dans un local chauffé et une fois arrivée à l’état presque sec, elle aura été délicatement frottée sur un tamis approprié, avec la main. Il manque l’opération de tamisage. Cette méthode est donc présentée de façon superficielle. D’autre part, le mélange est loin d’être soigné! Sans transition, BCS procède à un essai de tir qui parait fonctionner normalement, mais ce test ne garantit pas pour autant que la poudre soit performante et qu’elle n’encrasse pas.

3.2/ Fabrication avec un moulin à billes fait maison (une vidéo de Makabra203).

1ère étape : Cette fois-ci, le mélange complet réunissant  les 3 ingrédients selon les proportions citées (mais pour quelle quantité ?) est broyé directement dans un moulin à billes de verre (fabrication artisanale sans doute), durant 12h, ce qui donne comme résultat une poudre très fine. Il est franchement recommandé de mettre l’appareil dans un local extérieur. Le mélange est ensuite tamisé au-dessus d’un bac en plastique, avec un filtre qu’on utilise en cuisine ceci pour séparer les billes de la poudre. La poudre noire (qui en fait est grise) est alors versée dans un pot en plastique et abondamment humidifiée avec un mélange eau-alcool versé par rasades (dosage en proportion égale, à 50%), jusqu’à obtenir une pâte plutôt collante qui est brassé avec une tige en bois et qui reste attachée à celle-ci. Le pot (fermé) est mis alors en attente dans un local « chaud » et, après 3 jours, la pâte est étalée à la cuillère sur une feuille d’aluminium et mise à sécher dans un local « chaud » jusqu’à séchage.

2ème étape : la poudre séchée (et tamisée?) retourne dans le moulin à billes et pour être broyée une seconde fois durant 6h!  Dans quel but ?  Elle ressort parfaitement moulue et Makabra, après l’avoir versée dans le bac en plastique, y ajoute 5g de dextrine… j’en déduis que le mélange des 3 composants était de 75g+15g+10g. Le tout est alors mélangé  avec une tige en bois.

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3ème étape, qui est celle de la granulation. Le mélange à l’état de poudre, est alors à nouveau humidifié dans le bac plastique, par « rasades » avec un pot contenant le liquide (eau+alcool), puis brassé à la cuillère, pour obtenir une pâte apparemment consistante qui est directement tamisée à la cuillère dans le tamis de cuisine. Les grains sont assez épais. Ce « hachis » est alors mis à sécher et devient une fois sec de la PN, mais quelle est la granulation obtenue? Cette méthode présente une mauvaise procédure de granulation (en forçant la pâte à pénétrer dans le treillis avec une cuillère). Je constate que la pâte étant trop humide, cela explique qu’elle ne soit pas compressée à la main. Avec un tamis de cuisine, la granulation est trop large. Donc une poudre peu performante. La méthode présente des points intéressants (une excellente poudre et un excellent mélange), mais une mauvaise granulation.

poudre ratée

3.3/ La fabrication basique avec un moulin à billes (une vidéo de Brushhippie)

Dans une 1ère vidéo,  Brushhippie présente ses ingrédients. Dans sa seconde vidéo il  montre la procédure de fabrication.

1ère étape : cette  fois-ci à nouveau, le mélange complet est broyé dans le moulin à billes (de plomb) mais durant 6h seulement. La dextrine (7gr ?) est ensuite ajoutée au mélange dans le moulin et broyée avec celui-ci environ 20mn. Ce mélange des 4 ingrédients est tamisé à sec (avec une sorte de treilli-filtre) et la poudre tombe sur un plateau, ce qui permet d’extraire les balles. C’est la méthode classique, mais la procédure est minimale.

2ème étape : l’humidification : la  poudre est maintenant étalée sur ce plateau. Brushhippie utilise alors un pulvérisateur pour l’humidifier la poudre. En principe c’est un mélange d’alcool et d’eau, mais à défaut d’alcool, il utilise un pulvérisateur avec de l’eau. Il brasse délicatement ce mélange humide avec une sorte de carte bancaire et étale la poudre, ce qui permet la pénétration du liquide. L’humidification, contrairement à la procédure précédente, est limitée. Le mélange n’a rien d’une « coulée », d’une pâte ou d’une crème pâtissière : il reste assez sec, tout en permettant de modeler des boules dans la main et surtout de faire en sorte qu’elles tiennent quand il les comprime dans la main et qu’elles ne  se désagrègent pas lors du frottement sur le tamis.

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3ème étape : la granulation : Brushhippie porte des gants en latex. Les boules sont frottées sur un large tamis, fabriqué « maison » avec un cadre et un treillis calibré, genre moustiquaire (16 trous par pouce, ce qui correspond à la 3FFF) qui semble assurer une granulation homogène. Les grains tombent maintenant sur des journaux sous le tamis. Cette méthode avec un degré d’humidité très modéré semble prévaloir par sa facilité de mise en œuvre.  La vidéo se termine par un test de vivacité de la poudre.

 

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3.4/ Une fabrication soignée  avec moulin à billes (vidéo de  Tadserralta)

La vidéo de Tadserralta est incontestablement la plus crédible par la présentation complète et bien expliquée de la procédure, dans un anglais aisé à comprendre! Cette méthode est proche de celle de Brushhippie, mais plus soignée.   Tadserralta présente la machine à polir (Rotary Rock Tumbler), au prix de 40 dollars (« 40 bucks ») avec un seul tambour: on la trouve notamment sur Amazon.premium. Il la remplit de 200 billes de plomb (lead balls)

1ère étape : le charbon de bois est broyé pendant 3h avec le moulin à billes après avoir été concassé au marteau. Le contenu du tambour est alors vidé sur un tamis comme on en utilise en cuisine, pour séparer les billes de plomb de la poudre de charbon de bois.

2ème étape: broyage du salpêtre et du soufre (séparément) avec un moulin à café : c’est rapide.

3ème étape : mélange des 3 ingrédients dans le moulin à billes : on place les billes en 1er, au fond du tambour,  puis on verse les quantités de chaque ingrédient.  Le mixage et le broyage vont se faire pendant 8h.

4ème étape : introduction de la dextrine dans le mélange et on laisse le moulin tourner encore 20mn ; puis on extrait les billes comme précédemment, par tamisage avec un gros tamis de cuisine. Le mélange appelé « gunmeal » est prêt pour la granulation. Cette opération doit se faire dans un espace sans vent ni courant d’air.

5ème étape : la granulation. L’humidification est faite avec un vaporisateur et de l’eau ! Comme dans le cas précédent, c’est plutôt une brumisation par petites projections. Point essentiel il faut atteindre un taux d’humidité très précis, condition de la réussite de cette fabrication. Ce taux obtenu, Tasserralta met des gants. Il procède à un brassage modéré et comprime la poudre à la main (façonnage de boules), ce qui lie les ingrédients et améliore la performance de la poudre. Les boules doivent cependant tenir et ne pas se désagréger (16 trous par pouce, correspondant à 3FFF); trop humidifier serait néfaste, car la pâte collerait et ne permettrait pas le tamisage et la granulation. Le treillis (the mesh) est une sorte de rideau. En dessous, les grains tombent sur du papier. Le test de combustion donne des résultats plus rapides que la poudre vendue dans le commerce (il mesure la rapidité par le nombre d’images faites pendant la combustion d’une « ligne » de poudre de même longueur). L’exposé est limpide, complet et la méthode est cohérente, soignée. On retiendra trois points essentiels, indépendamment du respect des proportions:

  • La pureté et la qualité des ingrédients, notamment la qualité du charbon de bois (attention aux fleurs de soufre et aux salpêtres qui sont vendus avec des ajouts)
  • La finesse du broyage et la parfaite homogénéité du mélange.
  • La finesse du treillis qui doit donner des grains conformes aux normes de granulation
  • Les précautions à prendre par rapport aux poussières toxiques.

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LA METHODE DE FABRICATION A CHAUD ET LA METHODE MIXTE

Cette méthode du mélange à chaud est complètement différente de celles présentées précédemment.

3.5/ La fabrication par mélange à chaud (Vidéo de Ghoolerhunter):

Ce procédé par cuisson (cooking) aurait été trouvé dans un manuel de l’armée américaine des datant des années 1860.

1ère étape, le mélange des ingrédients. La masse totale des ingrédients doit être de 1kg soit 750g de salpêtre tamisé (avec un tamis de cuisine), mélangés avec 100g de fleur de soufre et 150g de poudre de charbon de bois… auxquels il semble qu’on ajoute une certaine quantité d’eau froide, car (« trying to pre-dissolve sulfer in hot water causes it to form little balls that will not bond with anything else »), autrement dit pas d’eau chaude sinon le souffre serait dans l’impossibilité de se lier avec les autres composants! Le tout est mélangé dans un mélangeur électrique en métal pour pâte à pain, mais à vitesse lente et à froid, puis à vitesse moyenne. Combien de temps ? Evidemment la présence du liquide est rassurante ! Cela donne une sorte de pâte à crêpe grise sombre crémeuse et lisse (creamy, silky and smooth). Selon le préparateur, « ça s’est alors complètement dissout».

2ème étape : la dissolution des ingrédients : « faites chauffer la sauce » ! On verse cette sauce dans une casserole (une spatule est alors nécessaire) et on fait chauffer… Commentaire sur la vidéo: « this is without question the safest way to make black powder. As long as it’s wet, you couldn’t lite it with a torch ». On laisse monter doucement la sauce en ébullition sans vraiment bouillir mais en tournant: de grosses bulles sortent alors de ce magma que le préparateur tourne avec un couteau (« it’s completely harmless, because it’s wet »)… La « sauce » est alors versée dans une casserole contenant 5 tasses d’alcool dénaturé (pour un kg), soit 1 tasse pour 200g de poudre en préparation: cela doit être fait à l’extérieur. En principe l’alcool est froid (réfrigéré). La sauce reprend alors un aspect plus liquide.

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3ème étape : la granulation à chaud!  On verse alors cette mixture dans un linge filtrant, suffisamment fin pour retenir la poudre qu’on a placé au-dessus d’un récipient. Le filtre doit résister à la torsion et à la chaleur. Il est important que l’essorage se fasse rapidement, dit-il. L’écoulement emporte de fines particules de poudre qui sont perdues, mais on doit pouvoir les récupérer par décantation et assèchement ? Est-ce utile? L’essorage à chaud est une opération un peu difficile parce que la température est encore élevée. Une fois la masse de poudre chaude sortie du linge, le préparateur procède d’une manière qui n’est pas convaincante, avec un tamis de cuisine et un caillou rond. La granulation risque d’être forte: cela va donner de la poudre à canon! On voit d’ailleurs des blocs qui se mêlent à la poudre. On est loin du raffinage !

Là encore, c’est un tamisage  « grossier », alors que pour obtenir des grains fins, il faudrait procéder par un frottement léger sur un treillis qui, comme le recommande Brushhippie doit avoir un nombre de trous par centimètre adapté  à la granulation. Il faudrait utiliser un tamis plat et large et mouler des boules qui seraient frottées sur le treillis en utilisant des gants spécialement prévus pour résister à la chaleur.

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3.6/ Une variante de cette méthode (vidéo de Cochleaproduction)

1er point modifié : le mélange des ingrédients se fait en trois temps : 1/dans un récipient, le charbon de bois et le souffre finement moulus sont mélangés à sec (15g+10g) 2/ dans une casserole, le salpêtre (75g) est dissout dans 50ml d’eau portée à ébullition, la dissolution doit donner un liquide jaunâtre mais clair. 3/ 0n réduit le feu (feu moyen) et on incorpore le mélange charbon+ soufre dans la solution de salpêtre chaud. On peut alors mélanger et obtenir comme précédemment la « sauce » lisse et onctueuse, qui qu’on va laisser mijoter en formant les bulles, pour obtenir une bonne dissolution des ingrédients et par le fait un bon mélange des composants.

2ème point modifié : l’alcool est remplacé par 100ml d’acétone (plus volatile, plus inflammable, plus toxique, etc). Quel en est l’intérêt ? Une fois l’acétone versé dans la sauce, on mélange en tournant et la sauce est alors liquéfiée. On peut alors passer à l’essorage, en filtrant cette solution chaude avec un linge qu’on tord pour obtenir comme précédemment une masse chaude de poudre noire, qui ne va pas être granulée facilement : le résultat (selon l’image) est assez grossier là aussi. Par conséquent, le filtrage de la « sauce » chaude par un linge présente un inconvénient : la phase de granulation est trop rudimentaire.

3.7/ La méthode de fabrication présentée par WikiHow: une méthode mixte.

 Plus la qualité des ingrédients est bonne, meilleur sera votre résultat. Le salpêtre et le soufre peuvent être achetés dans la plupart des drogueries. Faites votre charbon de bois. Les essences de bois que vous pouvez sélectionner pour faire votre charbon comprennent : le saule (wilow), le bouleau, le sapin, le chêne, le hêtre et le frêne.

Broyez les ingrédients séparément. Utilisez un moulin à café et un mortier avec pilon pour moudre et écraser le nitrate de potassium. Ecrasez ensuite finement le charbon de bois. Mettez-le de côté. Moulez également le soufre pour le transformer en poudre, puis mettez-le de côté. Il est très important de moudre les différents composants séparément. Vous pouvez également utiliser un broyeur à boulets. Dans ce cas, placez le charbon de bois écrasé et le soufre dans les broyeuses et faites fonctionner l’appareil pendant plusieurs heures. Une fois les produits transformés en fine poudre, retirez-les du broyeur. 

1ère étape : mélanger le Charbon de bois et le soufre dans de l’alcool froid

  • Réfrigérez 2 tasses et demie, soit 600 ml d’alcool isopropylique pour chaque 100 grammes de mélange de charbon et de soufre utilisés. Une fois l’alcool froid, ajoutez-le au mélange de charbon de bois et de soufre. Quelle est la raison de ce refroidissement ?

2ème étape : versez le salpêtre dans de l’eau et portez à ébullition jusqu’à dissolution

  • Préparez le nitrate. Versez dans une vieille casserole ¼ de tasse ou 40 ml d’eau pour 100 grammes (environ ½ tasse) de KNO3. Ajoutez votre nitrate de potassium. Portez à ébullition en remuant continuellement. Ajoutez un peu d’eau de temps en temps jusqu’à la dissolution complète du nitrate de potassium.

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Cette recette complique les proportions, car pour un mélange de 100g charbon et soufre, quelle est la quantité de salpêtre ? Sachant que charbon et soufre représentent 25% de la masse et sachant que 100g de charbon + soufre demandent 600ml d’alcool quelle est la quantité d’ingrédients à prévoir au départ ?

Masse totale de PN KNO3 Charbon de bois Soufre Alcool1 Eau
400g 300g 100 g X3/5= 60g 100gX2/5=40g 600ml 120ml et plus
200g 75g 15g 10g 150ml  
  100g       40m et plus

3ème étape :  ajoutez le mélange de charbon de bois et de soufre au nitrate de potassium en ébullition. Remuez les ingrédients pour former un mélange homogène et onctueux.

  • Continuez à l’extérieur: prenez l’alcool isopropylique (dénaturé) réfrigéré (?) et le mélange encore chaud . Ajoutez l’alcool au mélange chaud. Mélangez.
  • De quel alcool réfrigéré s’agit-il, puisqu’il a déjà été utilisé ? La méthode manque de clarté. Disons que cette mixture doit être  une sorte de  pâte fluide, un magma souple et crémeux, la quantité d’alcool sera déterminée par la nécessité: une fois que vous aurez fait un essai, vous mesurerez les quantités.

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4ème étape : refroidissement et filtrage.   C’est à ce stade que la préparation reprend la procédure à froid et  présente certaines contradictions avec d’autres méthodes:

  • « Réfrigérez le nouveau mélange. Plus vite vous atteindrez 0°C, mieux cela vaudra ». (Consigne qui surprend.)
  • Filtrez le mélange à travers un vieux chiffon. Cela permettra de séparer le liquide de la solution. Jetez le liquide. (Ici, il n’y a pas d’essorage à chaud!)
  • Étalez le produit ainsi obtenu sur un morceau de papier et laissez le produit sécher au soleil.

5ème étape : la granulation. Passez le mélange encore légèrement humide sur un grillage à mailles fines jusqu’à le réduire en fines particules (sinon on peut vaporiser un peu d’eau pmour le réhumidifier). Faites sécher la poudre au soleil.  Rangez votre poudre noire dans des boîtes stockées dans un endroit frais et sec.

Cette méthode Wikihow est donc mixte : le mélange se fait à chaud, mais, une fois le mélange essoré, il est réfrigéré et séché: on revient aux méthodes de granulation qui ont été utilisée dans la fabrication à froid. Cette méthode contredit ceux qui préconisent de faire la granulation à chaud, qu’ils disent nécessaire, bien qu’elle présente des inconvénients concernant la manipulation à chaud et la granulation sans compression de la poudre.

L’intérêt est de ne pas utiliser de moulin à billes, avec le risque qu’il peut présenter. C’est la dissolution qui permet de lier les composants et de les réduire en fines particules. Il est certain que cette méthode est sans doute excellente pour mélanger des composants, mais le broyage à froid garantit des poudres très fines, si on laisse le temps au moulin de tourner.

Cependant le mélange et la dissolution à chaud demandent plus de manipulations – sans risque en apparence – et plus d’étapes, ce qui tout compte fait demande autant de temps que la méthode à froid.

4/ CONCLUSION :

Si je me place sur le plan de la  connaissance du procédé,  4 méthodes sont intéressantes mais le choix ne peut se faire qu’en fonction des résultats obtenus après avoir effectué des tests selon ce que l’on veut faire : la durée de la procédure et le matériel dont on dispose vont intervenir dans le choix. Les tests de rapidité de la combustion sont  spectaculaires, mais ils ne permettent pas de vérifier avec précision la durée de la combustion. Le meilleur test consiste à tirer dans une série de vieux livres et de comparer  le nombre de pages traversées… (il est utile d’en récupérer à la déchetterie).

Quoiqu’il en soit, on a pu comprendre que la qualité de la poudre dépend du soin apporté à la fabrication et dépend des ingrédients utilisés: un mauvais charbon de bois va encrasser;   la vivacité est liée à la granulation, à la qualité du mélange, etc.

Si je me place sur le plan de la sécurité, j’ai montré que certains procédés de fabrication sont  hasardeux, voire risqués.

screenJe rappelle donc que la réglementation est  passible de sanctions pénales si vous la transgressez et qu’elle  vous expose au danger d’une explosion . Je ne vous incite donc en aucun cas à vous mettre à vos fourneaux, avec le petit attirail du parfait préparateur de PN: moulins, balances, mortiers, casseroles, vaporisateur à vitre, flacons, spatules, cuillères, tamis de cuisine, linge filtrant, carte bancaire, plateaux à tarte, plateaux avec revêtement ou en bois (de préférence pour le séchage), gants en caoutchouc, gants anti chaleur, masque à poussière, billes de plomb, treillis en plastique, etc… Il me semble d’ailleurs que ce couvercle (anti projections) avec un treillis fin, pourrait fort bien convenir pour obtenir une granulation fine!

« A la recherche de la vérité, un poudreux n’admet aucune entrave »! Toute information sur cette question nous intéresse, strictement dans l’esprit  d’une recherche de connaissances. Quiconque se placerait hors la loi, ne saurait trouver dans cet article un quelconque encouragement.  S’il advenait que la poudre  devienne introuvable, il serait alors navrant que faute de pouvoir se fournir légalement, les tireurs régulièrement inscrits dans  des clubs en viennent à recourir à  une production artisanale.   L’état encouragerait alors des fabrications à risque  par son obstination à  désarmer les tireurs, ce qu’il ne tentera pas avec les chasseurs.

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Vidéo

13- La visée sur un Colt 1860, un défaut défaut propre à tous les Colts?


Ayant entendu différents tireurs déclarer que leurs « répliques  Pietta » fonctionnent bien, je me suis décidé à tester un COLT 1860 de ce fabricant. De prime abord, le revolver paraissait correct, avec un mécanisme souple et un alignement des chambres et du canon prometteur! Mon seul embarras:  le guidon m’a semblé ridiculement bas et « rustique »!  Ce qui entraine un problème concernant la qualité de la visée, car un guidon court rend impossible tout réglage de sa hauteur: il ne peut ni être rehaussé, ni raccourci. Le raccourcir quand il ne fait que 2 à 3mm de  hauteur,  lui enlèverait toute visibilité dans le cran de mire. Le rehausser n’est possible que si on le remplace par un guidon sur queue d’aronde, généralement trop haut pour une ligne de visée qui colle au canon!  On peut toujours réduire, mais encore faut-il savoir façonner de si petites pièces avec une lime. C’est le même problème pour les guidons de type grain d’orge qui correspondent à une visée à fleur du canon.

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Voilà donc une énigme qui m’a conduit à vérifier différents types de Colts  (des répliques et des  Colts Centaure).  J’ai alors constaté  que ce problème se posait pour tous les COLTS de ma collection, ce qui me laisse totalement perplexe. Que faire avec une arme dont le canon s’incline vers le bas par rapport à la ligne de visée? Une telle anomalie ne peut être due qu’à une erreur du concepteur  initial ou du fabricant de la réplique.  Qu’en était-il des COLTS  d’origine ?

Un principe simple prévaut en matière de visée (si le cran de mire est fixe): plus le guidon est haut, plus il descend l’axe du canon par rapport à la ligne de visée (ou de mire), et plus l’arme tire bas. Inversement, plus le guidon est bas, plus l’axe du canon monte par rapport à la ligne de mire, plus l’arme tire haut. En principe un guidon de révolver doit pouvoir être ajustable et de ce fait il faut prévoir au départ une hauteur maximale  et minimale du guidon, de telle sorte que le tireur puisse ajuster son guidon entre ces deux possibilités: si le canon tire trop bas, il suffira de diminuer  la hauteur du guidon pour atteindre le visuel. Mais si le guidon est trop court (en hauteur),  il n’est pas possible de relever le tir en réduisant la hauteur du guidon.  Tel est donc mon problème avec de Colt 1860 Pietta.

Quelques termes à connaitre : http://ctsblv.free.fr/lavisee.pdf

LIGNE DE MIRE: c’est le segment de ligne droite qui va du centre du cran de mire/oeilleton au centre du guidon. A ce propos, on qualifie de longueur de ligne de mire la distance qui sépare le cran de mire/oeilleton du guidon, et l’on se réfère aux prolongements de ce segment vers l’oeil et la cible.

LIGNE DE VISEE c’est la ligne droite qui va de l’oeil à la cible, en passant par le centre du cran de mire/oeilleton ou par le centre du guidon.

 Donc en principe, la ligne de mire vient se placer sur la ligne de visée, ou encore, on peut dire que c’est un « segment » de cette ligne.

DEVERS ce terme désigne une quelconque inclinaison de l‘arme autour de la ligne de mire. Les Anglo-saxons désignaient à l’origine par le mot «cant» toute inclinaison de l’axe horizontal sur lequel se fait l’élévation du canon d’une pièce d’artillerie. Une tel inclinaison est ainsi perçue par le tireur.

Dans l’idéal,  le canon d’une arme (s’il est cylindrique) devrait être parallèle à la ligne de visée, donc à la ligne de mire , mais ce n’est pas le cas dans la réalité, car il faut tenir compte de la  trajectoire de la balle qui est une parabole.  Dans la réalité,  le canon doit « viser » plus haut pour que la balle monte et redescende ensuite et atteigue le point visé. Si au départ, au lieu de tirer plus haut,  le canon tire plus bas que la ligne de visée, il ne peut en aucun cas atteindre le point visé.  Dans ce cas, on fait une contre visée: on relève la ligne de visée d’une hauteur telle que la ligne de tir réelle touche l’objectif.

flèche

Venons en maintenant au cas de mon COLT 1860 PIETTA. Les premiers essais de tir à 25m m’ont laissé consterné: aucune balle dans la cible de 50X50 aux 25m!  J’ai donc fait un tir à 12m de la cible pour  voir où les impacts se trouvaient: ils touchaient quand même le bas de la cible. A 25m les impacts passaient donc sous la cible, ce qui  me conduisait à dire que ce revolver était défectueux!  En fait à 25m, pour atteindre le bas du  visuel (7 ou 8), il fallait viser tout en haut de la cible (contre visée très importante).  Devant une telle anomalie, j’ai alors vérifié la pente du canon par rapport à la ligne de mire. En utilisant une règle, j’ai constaté que le canon s’inclinait nettement vers le bas par rapport cette ligne (qui va de l’œil à au point visé de la cible, en passant par le guidon et le cran de mire) .  Voici la photo. On voit bien l’angle qui s’élargit, entre le canon et la règle (voir schéma N°1). Un défaut de conception étonnant!

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Or, cette anomalie n’en est pas rare puisque de nombreux revolvers présentent une telle conception que je schématise dans le tableau 1. Pour ceux qui achètent des revolvers à PN, et surtout des COLTS,  il est recommandé  de se munir d’une règle pour éviter toute mauvaise surprise au stand.

visée 11

visée 2

Dans le cas du COLT PIETTA, comme pour presque toutes les répliques de COLTS et d’autres revolvers, la hauteur du guidon est donc prévue pour que l’arme tire plus bas que le point visé (le centre de la cible) !

Du fait que le cran de mire (qui est placé sur le chien) est trop bas, on est quasiment obligé de mettre un guidon très court.  Or il est impossible de concevoir un Colt avec un chien qui viendrait très au dessus de la ligne supérieure du canon (en rouge dans mes schémas)  : la hauteur du chien (et du cran de mire) est imposée par la hauteur du barillet qui est sous le niveau supérieur du canon. On voit que la règle, quand elle repose sur le guidon et sur le chien en position « armé », a son appui plus bas du côté en appui sur chien.  La situation est encore pire avec un guidon de Centaure  qui est très haut: la pente descendante est énorme, mais dans le cas du Centaure, le guidon peut être réduit, ce qui malheureusement nuit à son esthétique !  L’hypothèse que je fais est que la conception même du Colt, avec le cran de mire placée sur le chien pourrait être la cause de ce défaut de la visée des revolvers à carcasse ouverte. Mais Est-ce bien le cas?

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Je suis embarrassé par ce constat et je parcours internet pour y trouver des articles qui traitent cette question; il semble que les armes utilisées tirent « trop haut » et ceci malgré des guidons courts, je suis donc en contradiction avec les commentaires qui sont diffusés. En voici quelques uns :

  1. « En règle générale, les répliques italiennes des « Colts » 1851 à canon de 7″1/2 ont un guidon relativement court,  l’arme étant la réplique d’un revolver conçu à l’origine pour un tir à 75m. Résultat: tirs trop hauts à 25m. Il faudra donc le réhausser de 1mm voir 2mm selon la charge de poudre utilisée. En gros il faut compter 1mm en plus pour descendre l’impact d’environ 15cm (toujours à 25m). Sinon il reste la contrevisée. »
  2. Contre avis (adada): « A 75 métres, c’est pour arroser les armées napoléoniennes bien rangées ! Le vieux rabache, … le revolver est une arme de défense rapprochée, ca sert à viser le buffet. »
  3. Contre-contre avis : « Pas tout à fait d’accord avec adada. La philosophie d’emploi des armes de poing militaires au XIXs n’était pas tout à fait la même que de nos jours. Les cahiers des charges des revolvers en .44 demandaient des tirs précis à 100 yards. Le 1860 militaire était même prévu être transformé en petite carabine par l’adjonction d’une crosse. C’est pourquoi les guidons étaient si bas, pour viser plein centre à ces distances. Et à l’inverse, en auto défense à très courte distance, le canon aligné vers la cible et ça « rentre », pas besoin de viser… Les répliques de Remington type « match » sont fournies avec un guidon trop haut pour que les tireurs puissent l’adapter à leur visée, partant du principe qu’il est plus facile d’enlever de la matière que d’en remettre. Pour les carcasses ouvertes, les fabricants italiens respectent plus ou moins les modèles d’époque, puisque elles sont peu utilisées en compétition. Et si il est assez facile de fabriquer un nouveau guidon pour un Colt Walker, Dragoon ou Army, le grain d’orge d’un 1851 est beaucoup plus problématique.
  1. « Il est classique que les révolvers à poudre noire tirent trop haut; C’est parce qu’ils étaient réglés pour tirer plus loin. »

Tout cela reste très imaginatif et en contradiction avec ce revolver qui tire trop bas à 25m ou à 12m!  Il est certain que plus le guidon du revolver est haut plus on peut s’attendre, à ce qu’il tire bas, et au contraire plus le guidon est bas, plus il devrait tirer haut et loin, mais se limiter à ne considérer que le guidon est une erreur de raisonnement, c’est pourquoi, ce qui est déterminant, c’est de vérifier le parallélisme relatif de l’axe du canon et de la ligne de visée, et  dans le cas  où ces deux lignes sont sécantes,  ou au contraire s’écartent, d’en tirer des conclusions (selon les tableaux 1 et 2). il y a aussi la question du positionnement du guidon dans le cran de mire qui peut intervenir, selon que la pointe du guidon vient ou non sur la ligne horizontale du cran de mire et selon la profondeur du cran.

Il apparait que les Colts dont la ligne de mire est à fleur de canon,  sont donc particulièrement contrariant pour celui qui veut un revolver avec une visée « adaptable », puisqu’on ne peut ni installer une hausse réglable, ni monter un guidon dérivable et réglable. Mais en réalité d’autres revolvers que les Colts présentent ce même défaut exposé dans mon tableau 1. Ayant  contrôlé en effet la visée de différentes répliques de Colts je place la règle sur un Remington 1858 HEGE, une arme très bien finie, et là encore,  je trouve la même pente descendante du canon par rapport à la ligne de mire! Mais, du fait de la hauteur du guidon, on peut sur ce revolver réduire cette hauteur et peut-être inverser la pente du canon si nécessaire (il ne resterait alors sans doute pas grand chose du guidon dérivable). Généralement les tireurs ne touchent pas  au guidon d’un revolver de prix pour ne pas dévaluer l’arme…  et il ne leur reste qu’à faire des contre visées.

??????????Ce n’est donc plus un défaut, c’est un choix probable des concepteurs et des fabricants! Quelle en est la raison? Je cherche sur le net et je ne trouve rien sur ce sujet.

Dans le club de tir que je fréquente,  je lance un débat sur cette question, mais nos amis tireurs n’ont pas de réponse précise et se trouvent embarrassés. Certains s’en tiennent à un argument souvent entendu : « Avec les armes anciennes, c’est comme ça, il faut contre viser ». Dans de telles conditions, la contre visée devient une religion  et ma question reste sans réponse, à mon grand regret. Comme dit un membre de mon club, « Si tu ne veux pas faire de contre visée, ne tire pas avec des armes anciennes »!   Un tireur évoque l’idée de réduire la longueur du barillet et de serrer la clavette pour relever le canon, ce qui entraine des contraintes sur la clavette et sur l’axe du barillet. Solution qui est dommageable au revolver.  Il faut éviter d’utiliser la clavette pour lui faire subir des efforts trop important, car l’axe sera endommagé et le revolver  prématurément détérioré. La solution dans un cas de figure de ce genre est la suivante:

  • soit de réduire la hauteur du guidon (ce qui est difficilement envisageable sur ce revolver avec un guidon très bas)
  • soit de remonter le cran de mire par rapport à l’axe du canon (ce qui est impossible également sur ce revolver)?

Double difficulté, sinon impossibilité.  J’avais déjà eu à résoudre ce problème délicat sur un Colt 1851 fédéré UBERTI, qui m’avait été vendu d’occasion: très joli revolver, mais on cherchait les balles sous la cible au 25m!  J’avais alors fait allonger le chien par un armurier (environ 2à 3 mm), travail de soudure sur acier difficile, mais qui avait été réalisé avec une parfaite efficacité! Le cran de mire avait été refait: un vrai travail d’artiste!

Mon COLT PIETTA tirait  donc nettement trop bas et  j’ai pu obtenir de l’armurier qu’il me le remplace, car c’est un armurier qui ne se contente pas de vendre, il veut vendre des armes qui fonctionnent.

COLT Pietta 2

Voici le nouveau Colt qu’il  m’a remis en remplacement du précédent. Cette fois- ci avant de l’emporter, j’ai utilisé ma règle et j’ai constaté que l’axe (la pente) du canon  était apparemment parallèle à la ligne de mire, ce qui devrait certainement améliorer la visée par rapport au précédent.

Ce jour de mars 2015, j’ai procédé à un 1er essai au stand et le résultat a dépassé tous mes espoirs : ce Colt 1860 Pietta tire « point visé point touché » à 25m et fait un excellent groupement.  Sur 2 barillets, 12 balles étaient serrées dans le visuel. Pas  de contre visée à faire!

Devant ce résultat, il ne fait pas de doute que le Colt 1860 est un revolver performant et que contrairement à la légende qui stigmatise les Colts, il est au top! – enfin presque,  c’est à dire si la visée est fonctionnelle !  Comme quoi on peut tirer avec des copies d’armes anciennes sans utiliser des recettes de tir que je trouve peu attractives pour le tireur que je suis. Chacun son projet :  un revolver qui à 25m fait joli un groupement de la taille d’une orange dans le visuel, cela me suffit… Je me place dans des conditions  courantes de tir: balle triées sans être pesées et charges obtenues avec une doseuse Lee, sertissage avec ma presse sur un sabot der chargement.

Si on veut « faire du point », on peut aller plus loin dans la préparation, peser chaque balle, peser chaque charge au 1/100ème de g, etc, mais c’est une conception qui n’est pas la mienne: cela prend beaucoup de temps. Des tireurs de compétitions iront jusqu’à dire que le degré d’humidité de la pièce, la température  sont des variables qui interviennent dans la pesée de la poudre et influent sur la précision.  On est loin du tir « cow boy » !  En outre, une arme de compétition fait l’objet d’une étude très attentive de ses performances selon la charge de poudre, le poids du projectile, car augmenter la charge par exemple, c’est modifier la trajectoire. De tels préparatifs très exigeants sont nécessaires si on veut pratiquer le tir de « tir sportif », c’est à dire entrer dans la compétition. Ce la suppose des essais, une connaissance de l’arme, c’est  presque un lien fort entre le tireur et son instrument.

Pour moi, en temps que tireur de loisir,  il en est des flingues comme des femmes, je ne suis pas monogame et mon plaisir est d’en changer!  Je ne demande à un flingue que de me permettre de loger mes projectiles dans le noir de la cible et dans le meilleurs des cas de faire un joli groupement…  Si je veux vraiment faire mieux, je choisis une arme qui donne de très bons résultats et j’affine le chargement. Voilà donc un revolver Pietta qui fait de joli groupements, sans avoir ni canon progressif, ni canon match, etc,  et pour un prix de 300 euros. Cependant, le fait de constater que d’un revolver 1860 à l’autre de cette marque Pietta, des variations de l’angle entre le ligne de mire et la ligne supérieure du canon existent, cela m’interroge fortement: il faudrait voir si ce défaut est constaté sur plusieurs armes du fabricant, auquel cas la qualité de fabrication n’est pas stable. J’ai également constaté que les crosses ne s’inter-changent pas parfaitement, car elles demandent des ajustements! Bizarre.

Soyons clairs! La contre visée est une solution souvent utile pour rectifier le tir d’une arme bien connue, dont on sait qu’elle ne touche pas le point visé, mais cette rectification doit être raisonnable: pas question de tirer 20 à 30 cm au dessus de la cible, pour atteindre le visuel, avec une arme neuve, sinon c’est une daube.  Pour ma part, la contre visée reste la solution « ultime » pour des armes d’occasion.

Vers une innovation concernant la visée des Colts dont le chien est trop bas, trop peu stable, etc

Je reviens sur la problématique de la visée d’un COLT et sur les solutions évoquées:

visée 1860

La  première solution ne prévoit une modification assez importante : réduire la longueur du barillet nécessite de passer par un atelier de mécanique de précision : c’est risquer de c réer un entrefer important et pour ma part, cette solution me parait désastreuse.

 visée 1860 modif1 Il existe deux solutions qui n’endommagent pas le revolver, mais la plus difficile à réaliser est la rehausse du chien qui consiste en un travail de soudure assez délicat. On pourrait fixer un élément à l’extrémité du chien qui servirait de cran de mire (une tête de buffle, etc);   ça peut devenir « pittoresque »…  La fixation d’une hausse sur le canon  n’est envisageable que si le canon est assez long, ce qui est le cas des Colts 1860 par exemple. Bien sûr,  ce rétrécissement de la ligne de mire fait perdre en précision, mais d’un autre côté, les différents organes de visée gagnent en stabilité, ce qui est utile pour des armes usagées qui ont pris du jeu.  En ce qui  nous concerne, avec un revolver qui tire trop  bas, nous avons le choix entre la contre visée  totalement aberrante, une hausse sur queue d’aronde avec un  rétrécissement de la ligne de mire ou une intervention sur le chien.

visée 1860 modif2Cette expérience m’a conduit à rechercher une solution pour installer une hausse sur les Colts dont les organes de visée sont effectivement rudimentaires. L’objectif qu’elle soit  démontable mais  stable, ce qui exclut qu’elle soit placée sur une pièce mobile  (ce qui est le cas du cran de mire sur le chien)  et qu’elle soit ajustable aussi bien en hauteur que latéralement. Cette solution n’est pas exactement celle de la hausse implantée sur le canon.

Sur le canon des Colts 1860 d’origine et sur des Walker 1847 des hausses très rudimentaires ont été placées,  sous la forme d’une lame montée sur queue d’aronde? Mais le canon du Colt 1860 étant rond, il est difficile de l’installer avec une parfaite horizontalité. J’ai donc conçu une pièce qui va servir de hausse et qui ne nécessite aucune transformation de l’arme.  Actuellement les essais sont en cours et j’espère pouvoir parvenir à une solution …

Il arrive que certains Colts (notamment les Centaure) dispose d’un guidon très haut: il faut alors limer le guidon, mais cette opération demande des précautions et pour éviter un sabotage de l’arme, à la suite d’une réduction excessive du guidon, il faut « estimer » la hauteur à réduire par un calcul. Voici la méthode d’estimation qui est valable pour toute arme, revolver ou carabine: .

Application du théorème de THALES au réglage d’un guidon de carabine ou de revolver.

L’exemple que je propose est purement théorique et les calculs doivent être adaptés à l’arme dont on veut modifier le guidon, après un essai de tir en cible . A une distance de 25 mètre, on tire 40 cm en dessous du point visé au centre de la cible ! Comment ramener le point d’impact au point visé ? Le guidon qui a une hauteur de 1,2 cm étant trop haut, il paraît donc facile et raisonnable de le limer, c’est la procédure habituelle, mais avec les précautions d’usage.

ligne de visée

1ère solution : on réduit le guidon en hauteur pour relever le canon, mais de combien de millimètres ? Avant de limer au « pifomètre », on va estimer l’importance de la réduction de la hauteur que nous allons appeler (x) .

 

Soient A, B, C les points suivants sur l’axe de la visée : A, (cran de mire de la hausse) ; B (sommet du guidon) ; C point (visé dans la cible)

Sachant qu’il faut supprimer en cible un écart de 40 cm à 25 m (distance CC’ / flèche rouge) pour remonter le point touché C’ sur le point visé C, il faut donc trouver la hauteur (x) de réduction du guidon (distance BB’/ flèche rouge),. On applique alors le théorème de Thalès en raisonnant sur la réduction (c’est-à-dire en recherchant la distance x qui doit être enlevée au guidon). Dans notre exemple, le guidon est placé à 55 cm de la hausse. Il a une hauteur de 12 mm (dont 8 mm en laiton qui peuvent être limés), mais la base de 3 mm ne peut pas être réduite et il faut laisser 1mm au moins de laiton. Peut-on alors réduire ce guidon pour remonter l’impact de 40cm en cible ?

calcul de la réduction du guidon

La réduction est donc très importante et dépasse le maximum qu’on peut enlever.

2ème solution : La solution consistera donc non pas à réduire le guidon, mais à monter sur l’arme une hausse plus haute qui va relever le point A. Les visées à dioptre permettent facilement de relever la hauteur de la hausse. Un dioptre est idéal pour du tir en cible, mais la vision de l’objet visé (en cible) est affectée par cet accessoire, car elle l’encadre et ferme l’espace visuel. Il existe cependant des hausses réglables montées sur queue d’aronde, qui sont parfaitement adaptées à cette adaptation de la visée de l’arme. On a donc le choix du matériel pour cette solution.

De combien faut-il alors relever le cran de mire? Les hausses étant réglables, on précédera à des essais et on pourra non seulement l’adapter au tir à 25m, mais aussi au tir à 50m, 100m.

LA HAUSSE AMOVIBLE / REDUCTEUR D’ENTREFER,  POUR COLTS, façon PSRauben

Cette solution est trouvée :  il s’agit d’une rondelle dont l’épaisseur s’ajuste à l’arme. Elle tient compte de l’entrefer:  s’il est trop important,  elle permet de le corriger, ce qui est tout  à fait utile pour une arme qui a pris de l’âge et qui a été malmenée. L’intérêt de cette solution, c’est qu’elle ne demande aucune modification de l’arme, on ne se sert plus du chien (avec ses inconvénients) comme cran de mire,  et si  on veut ramener l’arme à son état d’origine, il suffit de l’enlever.  A chaque changement de barillet, on nettoie la hausse;

La hausse en place, elle ne laisse qu’un intervalle réduit (1/10 de mn) pour que le barillet puisse faire sa rotation, sans frottement. Le trou A est prévu pour s’emboiter exactement sur le canon (c’est un trou conique) et le trou B est ajusté pour permettre le passage de l’axe.

Généralement, l’axe est légèrement plus fin entre la console du canon et le barillet, ce qui n’est pas le cas de tous les Colts d’origine qui sont parfaitement cylindriques. Ceci pose un problème parce que la rondelle prend alors un peu de jeu au point B et la ligne horizontale de hausse peut alors se placer très légèrement de biais, mais en fait, c’est négligeable si le trou B est vraiment bien ajusté à l’axe dans sa partie la plus épaisse.

hausse pour Colts2

Cette hausse est un prototype pour vérifier si le barillet ne se bloque pas lors des tirs, du fait de l’encrassement. La hausse amovible tient bien en place et conserve son horizontalité avec les deux points d’appui A et B. La hauteur de la hausse est faite sur mesure, ce qui veut dire qu’on a préalablement estimé de combien elle doit être relevée par rapport au chien.  Le cran de mire est ensuite taillé et réglé à la lime, après essais, pour tirer au plus juste dans l’axe du canon. Evidemment l’arme perd en précision du fait du raccourcissement de la ligne de visée (entre le guidon et la hausse), mais l’arme retrouve son efficacité dans la mesure où elle ne tire plus sous la cible!  Et pour un tir rapide à courte distance, on place très facilement la cible dans la ligne du canon et on se place tout de suite sur l’horizontale qui passe par le point visé.  Selon le schéma ci-dessous, on utilise les  axes horizontaux et verticaux qui passent par le centre du visuel ou par le point visé,  car on veut une hausse qui tire « point visé, point touché ».  La hausse est alors très  fonctionnelle.

hausse

Le prototype peut être modifié pour rentrer dans l’esthétique du Colt, il le sera sans doute, car l’argument qui m’est objecté, c’est que cette hausse modifie l’aspect du Colt!  Pour ma part, j’utilise cette hausse telle qu’elle est,  car elle est vraiment excellente pour le tir rapide pour lequel les points de repères (les deux axes)  doivent  être très rapidement maîtrisés.

DSCN0246 DSCN0247

Cette pièce demande un travail d’atelier précis et compliqué! La hausse réduit donc l’entrefer et augmente la pression des gaz sur la balle, puisque la déperdition à la jonction du canon et du barillet est réduite..  En même temps la hausse recouvre les chambres voisines de celle qui vient d’être tirée et de ce fait les graisses devraient être moins soufflées.  Ceux qui m’ont objecté que la perte en précision est regrettable, ont un raisonnement complètement irrationnel, à moins qu’ils refusent d’utiliser un Colt Sheriff en raison de cet argument et se cantonnent dans l’usage des Colts à canon standard! C’est un argument qui s’inscrit dans une logique de compétition. Avec cette hausse mobile, un Colt considérée comme inutilisable parce qu’il tire trop bas, devient un revolver parfaitement fonctionnel pour du tir rapide, sur cible jusqu’à 15m, par exemple; la perte en précision est compensée par un gain d’efficacité si on remplace l’objectif de précision à 25m (qui est d’un usage purement sportif) par un tir instinctif à 10-15m, ce qui correspond à un fonctionnement Cowboy Action Shooting  ou au tir avec un Colt sheriff à canon court qui n’a pas plus de longueur de visée que ce colt à canon long équipé d’une hausse mobile!   Rappelons-nous qu’une arme reste un instrument de défense face à un agresseur qui se trouve à courte ou moyenne distance. Elle n’est pas simplement destinée à tirer dans du carton à 25m!  Je considère donc que la hausse amovible est fonctionnelle par rapport à cet objectif, car elle ne réduit  la visée que de 2cm par rapport au Sheriff.

visée 1860jblbc

12 – Comparaison entre les Colts à PN et les revolvers à carcasse fermée: remington 58, Rogers & Spencer et ROA


??????????De longue date je me suis promis de faire un état comparatif entre ces deux catégories de revolvers à PN: un sujet qui revient régulièrement, mais qui n’est pas traité avec les critères pertinents! Je ne tiendrai cependant pas compte du critère de précision qui dépend de trop nombreux facteurs. J’ai incorporé quelques photos de revolvers pour qu’on puisse comparer  les organes de visée et les crosses. Je lance  la polémique.

Je rappelle que cet article suppose une lecture de mes premiers articles  notamment celui sur le fonctionnement des Colts ou une connaissance des revolvers à PN.

 ***

1/  L’avantage est aux revolvers à carcasse fermée pour la  stabilité du Canon et du barillet

Pedersoli-R&SPartons d’une opinion communément admise qui généralement ferme le débat: la carcasse fermée d’un revolver à PN présente une bonne stabilité au cours du tir et avec le temps, elle ne prend pas de jeu. J’ajoute qu’il n’est pas possible de forcer les pièces d’une carcasse fermée,  l’assemblage n’étant pas mobile. Par contre  un Colt est un assemblage qui prend du jeu. Une opinion assez répandue incite à forcer  la clavette pour la  bloquer « à fond ».   Un colt Pietta neuf sortant d’usine est vendu avec une clavette totalement bloquée! Je connais un vendeur d’armes  à PN qui a le coup de maillet « brutal » et qui affirme avec sérénité qu’une clavette neuve se doit d’être matée!  

Parce  que ce type de Revolver est considéré comme plus traditionnel, plus expérimental, un peu dans la tradition des  Walker 1847, on charge davantage en PN pour augmenter les « sensations ». Ce n’est bien sûr pas le cas de tous les tireurs. Les charges excessives dans les Colts créent des chocs mécaniques importants et répétés sur l’axe et la clavette notamment. Les aciers de ces armes étant assez tendres, les pièces prennent du jeu. Le point de fragilité, c’est donc la clavette et le passage dans l’axe du barillet qui s’élargit, ce qui crée également un entrefer important. 

Un vieux Colt qui a été maltraité présente souvent du jeu même entre l’axe et le « bloc canon » (la console du canon), ce qui fait que la clavette, même serrée à fond,  ne suffit plus à garantir la cohésion. Un canon qui bouge enlève à l’arme sa précision. Je recommande d’ailleurs d’éviter l’achat de colts d’occasion sur internet, c’est à dire quand on ne les a pas testé en mains avant l’achat, car bon nombre d’entre eux ont des axes fatigués.

Sur un colt, il faut retailler la clavette pour lui donner une forme trapézoïdale. Une bonne clavette doit dépasser de 2mm  au moins pour qu’il soit possible de la sortir facilement. Retailler une clavette pour la rendre plus trapézoïdale est nécessaire chaque fois que le clavette ne traverse pas. Poussée à fond, simplement avec la paume de la main, elle ne bougera pas. Il faut s’assurer qu’elle passe par les trois fenêtres et limer tout ce qui bloque, en particulier la languette, mais en obtenant la largeur exacte aux points d’appui: c’est un travail  délicat. Pourquoi ne pas supprimer cette languette-ressort  qui ne fait que compliquer l’extraction? Il suffira alors de faire entrer  la clavette un peu plus profondément pour qu’elle compense le jeu, alors qu’une clavette presque rectangulaire ne joue plus aucun rôle en cas d’usure de la fenêtre dans l’axe . Forcer est alors inutile.  

rem 1858 Uberti inox

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J’admets donc que la carcasse fermée d’un Remington 58, d’un R&S ou d’un ROA maintient le canon de façon plus rigide que le système Colt et que sur un revolver à carcasse fermée, il n’y a pas de pièce particulièrement exposée au choc. Par contre, ces revolvers présentent une fragilité de l’axe, surtout le R&S. L’axe de ces revolvers à carcasse fermée est réduit à une tige (« the pin » en anglais)! Il est d’ailleurs intéressant de constater que le concepteur du Starr à supprimé cet axe, en donnant au  barillet une double fonction; celle de faire office d’axe de rotation des chambres et celle de contenant du chargement. Une idée très novatrice!

Le principe des Colt où le canon est maintenu par l’axe du barillet, la clavette, ainsi que par les 2 ergots est certainement moins fiable, bien que ce système soit assez bon, si on respecte l’arme.

Ceci étant,  l’argument ne suffit pas  à emporter mon adhésion pour un revolver à PN à carcasse fermée. Car je trouve que la carcasse fermée entraine des  risques de blocage de balles et de blocage des barillets : ces revolvers doivent être chargés et sertis avec soin pour éviter des balles flottantes dans les chambres. Je me suis rendu compte de cet inconvénient, en procédant à essais de  cartouches papier  dont les imbrûlés formaient des bouchons à l’entrée de canon, ce  qui bloquait la rotation du barillet! Il  fallait alors interrompre le tir et extraire ces morceaux de papier pour pouvoir débloquer le barillet et le déposer. C’était toujours laborieux, alors qu’un Colt ne présentait pas cet inconvénient.

Il est donc clair que les carcasses fermées sont des systèmes prioritairement destinés aux revolvers à  cartouches métalliques (pas de balles flottantes, pas de résidus cartonnés, et des cartouches dont la longueur est parfaitement adaptée) et aux revolvers à PN dont les balles sont parfaitement calibrées et les chargements parfaitement réguliers. Ceci tord le cou à l’idée que les colts sont vétustes. Les Colts à PN  sont des revolvers destinés à un usage ordinaire, avec une bonne tolérance aux imperfections de chargement. Ce sont des armes rustiques, d’un entretien simple et d’un fonctionnement souple.

 Je rappelle que j’ai procédé à ces essais de chargement rapide (ma vidéo ayant été censurée sur le net,  je prévois de la publier à nouveau) et si le Remington est plus rapide que le Colt, il ne prend guère que quelques secondes de plus , si toutefois le Colt est préparé comme je le prépare, avec une clavette qui n’est en aucun cas bloquée .

2/ L’avantage est aux revolvers à carcasse fermée pour les organes de visée

Sur les revolvers à carcasse fermée, quasiment soudée au canon,  on dispose  d’une hausse et d’un  guidon qui sont l’une et l’autre liés à ce bloc rigide, alors que sur un Colt ces deux organes sont placés sur un assemblage qui peut devenir instable, qui peut prendre du jeu et avoir une incidence sur leur alignement .

D’autre part, sur une carcasse fermée, ces éléments sont réglables l’un comme l’autre, c’est pourquoi, le Remington, comme le R&S ou le ROA peuvent être équipés de hausses réglables, et du coup de guidons très performants qui n’ont plus rien à voir avec les modestes guidons d’origine et encore moins avec les crans de mire d’origine, entaillés dans la carcasse:  la hausse  permet un double réglage latéral et en hauteur, ce qui est un argument très attractif  pour ceux qui ne visent pas la compétition (ce sont les modèles dits « target »!)

 En simple Action, il faut attendre que le chien soit armé pour prendre la visée. Sur un revolver à carcasse fermée, le chien n’intervient pas dans la visée et la hausse fixée sur la carcasse doit se trouver au dessus du chien quand il est armé. Mais sur un Colt, c’est le chien qui sert de hausse et qui doit se trouver au dessus du niveau du Canon et du barillet.  Or le chien est un organe mobile qui n’est jamais parfaitement positionné au centre de la tranchée qui traverse la partie arrière de la carcasse. Sa stabilité et sa position dépendent souvent de la tension du grand ressort de chien qui agit sur lui. Avec le temps, le chien peut prendre du jeu et donner un point de mire aléatoire. C’est un des aspects le plus critiquable du système Colt. Avec un chien qui bouge, la visée est de moins évidemment de nettement moins bonne qualité.

Sur les colts, il n’y a donc pas de hausse réglable: tout réglage de la visée doit se faire avec le guidon que l’on peut cependant déplacer latéralement (si le guidon est monté sur queue d’aronde)  et que l’on règle en hauteur en le limant (s’il est assez  haut) … ou encore en le changeant, s’il est  démontable (monté sur queue d’aronde).

Ce  n’est pas facile de modifier le guidon d’un Colt, surtout sur un Colt 1851 avantageusement doté d’un guidon modèle  « grain d’orge », une perle, spécialité Pietta… qui n’est ni réhaussable,  ni réductible en hauteur, ni  remplaçable par un guidon monté sur queue d’aronde (qui serait bien trop haut).  Avec un grain d’orge, si le revolver tire trop haut, on peut quand même le remplacer par un guidon plus haut, c’est toujours possible. Mais si le revoler tire trop bas, il n’y a pas de solution.  La seule solution, très difficile à réaliser,  c’est de rallonger le chien, tout en  lui conservant sa courbure, et de retailler un cran de mire (il faut trouver un armurier qui accepte de le faire) ! Donc pour la visée, les colts 1851 (Pietta) sont des armes peu adaptées au tir de précision. C’est un inconvénient « majeur ». Le tireur, (peut-être par masochisme), est alors obligé de procéder à une contre visée qui enlève au tir tout son attrait.

Par contre…  les Colts 1860 EUROARMS, ASM, et CENTAURE et les Walkers, ont (en principe) des guidons arrondis, très hauts que l’on peut toujours adapter (ou  remplacer par des guidons montés sur queue d’aronde). Seuls les  UBERTIS ont des guidons bas et triangulaires horriblementvlaids, qui ne sont sans doute pas conformes aux modèles d’origine. Je ne parle pas du 1860  PIETTA qui,  quant à lui,  a un guidon pitoyablement bas, ce qui suppose que les cotes de l’arme aient été modifiées! C’est l’équivalent du grain d’orge, mais version « asticot ». Tirer avec ça, c’est la galère :  je viens d’en acheter un,  histoire de vérifier s’il tire aussi bien qu’on le dit actuellement, mais avec ce guidon à l’économie, je suis septique et contrarié: je croise les doigts pour que mon nouvel achat qu’il tire trop haut. Je pourrais alors le réhausser  avec un de mes jolis  guidons monté sur queue d’aronde, avec une fibre optique  rouge, visible dans le noir de la cible: cela ira très bien  avec l’acier poli et la crosse en résine blanche supposée imiter l’ivoire, est qui est aussi lisse qu’une fesse de bébé . Il va falloir que je remplace la crosse par quelque chose de moins lisse et moins charnel: la travailler au fer à souder !

3/ L’avantage est aux Colts à carcasse ouverte concernant l’extraction du Canon et du barillet

Vcentaure ukgzhzous allez dire que l’extraction d’un canon du Remington ou de tout autre Revolver à carcasse fermée est évidemment exclue! Je veux dire en fait que l’extraction du canon est  très utile, pour ne pas dire essentielle,  concernant les revolvers à PN:

  • pour nettoyer le canon après le tir. En effet, ce sont des armes qu’il faut nettoyer et pouvoir enlever le canon est recommandé, alors que pour un Remington, le nettoyage se fait avec tout le Revolver, d’un  seul bloc, puisque seul le barillet peut être déposé facilement,  ce qui est nettement moins pratique. Pour placer le Revolver dans un bac à Ultra son (si la crosse est en résine), il est préférable qu’il soit un peu démontable. En contre partie, un remington demande beaucoup moins de nettoyage, parce que la poudre brûlée,  grasse et encrassante, se disperse nettement moins derrière  la carcasse et dans la platine.
  • un argument très important:  le désassemblage du Canon et de la carcasse est presque nécessaire pour débloquer un barillet quand une balle s’est bloquée entre une chambre et le canon. Ce type d’incident survient  au cours du tir, quand la balle est légèrement  sous calibrée : elle sort au cours des tirs et dépasse de la chambre. Dans ce cas, on enlève le Canon, on dépose le barillet  et on remet la balle en place. C’est une opération facile, rapide et sans réel danger. si elle dépasse de trop, on coupe l’excédent de plomb et on tire la balle simplement pour vider le barillet.

Par contre, les Remington et les R&S se bloquent totalement si au cours de la rotation du barillet une balle « dépasse » d’une chambre,  et empêche le barillet de tourner ou le bloque, ce qui arrive  quand on n’a pas laissé suffisamment d’espace entre la balle et la sortie de la chambre,  lors du chargement et que celle-ci commence à sortir ou affleure. Il faut donc laisser 2mm environ d’espace libre au-dessus de la balle une fois celle-ci sertie pour éviter un blocage et pour pouvoir mettre la graisse. Ce léger retrait de la balle est une précaution à prendre pour éviter tout risque de blocage en cours de tir. d’autre part, si la graisse affleure vraiment, elle est soufflée dans toutes les chambres au moment du tir? Un peu de profondeur permet de maintenir la graisse.

En cas de blocage d’un barillet de revolver à carcasse fermée, il faut faire très attention ! La manipulation de l’arme chargée, surtout au Cours de cette opération  est dangereuse  et doit se faire hors du stand de tir. L’idéal, c’est de parvenir à enlever l’amorce , mais il se trouve que quand la balle bloque la rotation du barillet, la cheminée n’est déjà plus accessible!  Il faut alors bloquer le chien pour éviter qu’il ne percute l’amorce.  Sachant qu’on ne peut pas faire tourner le barillet à l’envers  sans endommager son mécanisme, on va alors attaquer la balle avec un instrument tranchant jusqu’à ce qu’elle ‘passe » et qu’on puisse la « tirer »,! Elle sera alors  déformée.  Mais l’essentiel est de pouvoir libérer le barillet, car sur une arme à carcasse fermée, un barfillet  bloqué ne peut pas être extrait! Les « fans des revolvers à carcasse fermée omettent d’aborder cet inconvénient majeur! Il m’est arrivé, faute d’avoir un couteau à portée de main, de quitter le stand en catimini avec  l’arme chargée dans la malette et d’extraire la balle au retour à mon domicile! Je n’aime pas beaucoup ce genre d’incident, car il y a du monde sur un stabd de tir et certaines manipulations sont totalement impossibles.

Par ailleurs, il arrive que le démontage et le remontage d’un barillet sur un Revolver à carcasse fermée soit parfois  laborieux,  notamment sur un R&S, et même sur un Remington 1858 réputé offrir un démontage facile, presque instantané: il arrive que l’axe se bloque au moment du remontage, parce que la vis de blocage mal positionnée,  empêche de réintroduire l’axe. il y a également les frottements (surtout quand il s’agit d’inox qui exige de l’huile), ainsi que le mauvais alignement des pièces, sauf quand il s’agit de modèles très précis comme les FEIN, où les  axes sont parfaitement alignés et emboités: de l’horlogerie! C’est également dû à la difficulté de placer le doigt élévateur ainsi que le verrou au moment où on remet le barillet en place : il faut faire en sorte que l’un et l’autre ne gênent pas l’entrée du barillet dans la carcasse. Or ça rentre pile-poil, et si l’un ou l’autre accrochent, ils bloquent la remise en place du barillet. Le ROA me paraît cependant facile à remonter si on connaît le « truc » que j’ai découvert par hasard.

 Ce type d’incident n’existe pas avec un Colt qui en toute circonstance permet de remettre en place le barillet. Un atout en faveur des Colts, sauf si on achète l’arme pour faire du Point (en allemand, on dit qu’un tel tireur est un « Erbsenzahler » (traduction compteur de petits pois) !

4/ L’inconvénient des Amorces « baladeuses » dans le mécanisme des Colts et le remède.

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Sur un colt, les amorces éclatées ont tendance à passer à l’arrière de la carcasse,  restant collées au chien. Elles passent par la « tranchée » dans laquelle le chien se positionne au repos et qui se trouve placée assez bas, pour  servir  de « Toboggan » aux amorces  voyageuses.  Une fois de l’autre côté, les elles tombent dans le mécanisme  (la platine) et vont bloquer le verrou ou la détente. On ne s’en aperçoit pas obligatoirement, mais lors d’un nettoyage intégral, il n’est pas rare de retrouver une ou deux amorces  dans la carcasse. Souvent, elles se signalent par un dysfonctionnement;  c’est l’inconvénient des Colts!  A mes yeux ce problème était extrêment gênant lors du tir.

Par contre, sur un Remington 58 ou sur un R&S,  jamais une amorce ne passe par le canal du chien, car la carcasse est infranchissable. Ce qui évite toute chute d’amorce dans la platine. Là l’avantage est du côté des Revolvers à carcasse fermée.

Le remède est simple : « décalotez » votre barillet (faites passer le cul du barillet à la fraiseuse, de telle sorte que les alvéoles soient totalement ouvertes, dégageant ainsi les cheminées qui seront d’une part facilement garnies d’amorces, même avec de gros doigts, et d’autre part, les amorces auront un espace dégagé qui leur permettra de tomber,  au lieu de rester coincées (voir mon article ….) et de bloquer le barillet . C’est ce que j’ai constaté, car depuis que mes Revolvers  ont été modifiés de cette façon, les amorces ne passent plus à l’arrière des carcasses sur mes Colts, C’est un constat qui n’était pas prévu et qui, est un avantage certain, permettant aux Colts  de rester des armes attractive.

5/ Les Colts offrent une meilleure prise en main.

La poignée d’un Colt est nettement plus longue que celle d’un Remington et tient bien  mieux dans la main : les Remington ont des poignées nettement trop courtes et peu confortables. Par contre le R&S est un revolver dont la poignée est peut-être trop large à la base, bien que sa longueur soit parfaite: la paume de la main est en appui sur la crosse et non en dehors. En matière de poignée, C’est sans doute le R&S qui offre la poignée la plus confortable. On se demande pourquoi les Remington 1858, ont été réalisés avec des crosses aussi courtes que des mains de soldats ne pouvaient pas tenir correctement?  C’est fait pour des enfants! Une mauvaise prise en main n’est pas un gage de précision. Le ROA est en fait un Remington 1858 modifié, qui présente un peu les mêmes proportions que le 1858 concernant la poignée, mais avec un peu plus d’aisance: la prise en main est meilleure. 

6/ Le cas du STARR: une visée qui n’est pas fonctionnelle !

La double action interdit d’utiliser la visée parce que celle-ci oblige l’arrêt du chien en position « armé ». Du coup la double action doit se faire de façon décomposée et  STARR DA n’a pas été adapté à cette utilisation: on peut le faire, mais ça ne fonctionne pas bien.  Le remède, c’est l’utilisation du STARR en simple action. Le STARR double action est pour moi un prototype inachevé en  raison de la double détente.

Ce revolver dispose d’un système mixte:  il ne dispose ni d’une carcasse fermée, ni d’une carcasse ouverte : sa carcasse est  basculante et de ce fait on retrouve le système de visée des Colts, avec le chien qui vient se placer plus haut que la carcasse et que le canon, L’inconvénient est alors encore plus accentué quand il s’agit du STARR à double action. La visée sur le chien ne permet pas de se servir de la double action, c’est une erreur de conception totale. Par contre, le STARR dispose de barillets sans alvéoles, ce qui est une audace du concepteur à laquelle je souscris, car elle évite l’enrayement de l’arme au cours du tir par des amorces éclatées.

7/ La qualité des canons sur les armes: 

C’est une variable déterminante pour la compétition. Les canons haut de gamme (match,  si c’est le cas),  les canons à pas progressifs, ou à pas rapides  jouent en faveur de la compétition. Ce n’est donc plus une question de fonctionnement.

8/ Le changement des barillets sur les revolvers à carcasse fermée:  c’est loin de fonctionner idéalement

J’ai déjà tordu  le cou à une idée reçue qui pénalise les Colts : j’affirme que contrairement à cette opinion, les Colts sont prévus pour un changement de barillet. Il suffit pour cela de ne pas forcer la clavette et de l’extraire d’un coup de la paume de la main, pour  dégager le barillet « les doigts dans le nez »!

Le Remington 1858 est réputé présenter un système d’extraction de l’axe (et du barillet) bien plus aisé et plus rapide que celui du R&S.  En principe, ceci est vrai,  mais si on fait un examen attentif de plusieurs modèles de Rem. 1858, de marques différentes, on constate que certains présentent une réelle résistance lors de l’extraction de l’axe, bien que le système soit en principe fonctionnel. Quelle en est la cause ???

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C’est tout simplement un mauvais alignement des différentes pièces, défaut dû à une fabrication un peu rustique. Par contre, j’ai un 1858 Uberti Inox dont l’axe coulisse bien, sous réserve de chanfreiner son extrémité. J’ai encore un HEGE dont l’ajustement des pièces est parfait, ce qui fait que l’axe coulisse sans résistance aucune. On est donc loin de cette image idéale du 1858 qui permet de faire « tomber le barillet les doigts dans le nez »! Pour certains Remingtons, il faut même que j’utilise un maillet et une calle en bois pour sortir l’axe, ce qui est loin  d’être compatible avec le tir rapide ! Je n’ai pas suffisamment de modèles Pietta récents pour vérifier la qualité de leur ajustement,  mais je me fonde sur  l’observation de plusieurs modèles d’anciens Remingtons qui présentent ce défaut, ce qui me fait dire qu’il faut avoir un 1858 de bonne facture pour qu’il fonctionne en tir rapide. 

Il en est de même des Rogers & Spencer, car on constate là encore que la qualité de l’ajustement de l’axe n’est pas à comparer entre un R&S Feinwerkbau et un R&S Western’s arms, par exemple, le 1er étant parfaitement aligné, tandis que le second  présente une résistance due au défaut d’alignement des pièces.  Il s’agit bien entendu de différences qui varient selon l’arme,  mais qui sont en rapport avec le procédé de fabrication et la marque.

Il est à constater que quand le Remington 1858 est mal ajusté, il est parfois nécessaire de recourir au maillet pour sortir l’axe, en frappant sur la « bosse » qui lie l’axe et le refouloir. Par contre le R&S présente un avantage considérable : on peut utiliser le levier et le refouloir pour tirer l’axe en arrière, comme on le fait sur un Colt pour extraire le canon. Le système ingénieux du 1858 permet donc de sortir un barillet sans retirer complètement l’axe (qui ne tombe pas puisqu’il est retenu par une butée), mais en cas de frottement important, cet axe n’étant pas lié au  levier du refouloir, on ne dispose que de la force exercée par la main pour l’aider à sortir du barillet, ce qui est insuffisant.  C’est donc un défaut majeur de la conception. Dans ma collection,  j’ai plusieurs copies de 1858 qui présentent une résistance lors de l’extraction de l’axe, ce qui exige un ponçage, une lubrification et un « chanfreinage » des différentes pièces. Mais parfois, il faut tâtonner jusqu’à ce que l’axe trouve le passage. Le 1858 offre donc une amélioration qui ne fonctionne que si l’ajustement est optimal, tandis que l’axe du R&S serait facile à déposer….  si toutefois une goupille ne compliquait pas les choses!

9/ Les modifications possibles pour améliorer le fonctionnement du R&S et du ROA.

pour ce qui concerne le R&S il est possible de procéder à certaines modifications  – tout en restant dans le cadre de la poudre noire.

La première consiste à supprimer les alvéoles pour éviter le défaut essentiel des revolvers à PN : à savoir le blocage de la rotation du barillet par des amorces éclatées qui ne tombent pas et qui se coincent à l’arrière du barillet.   Cette modification est absolument indispensable sur les Colts  et sur le Remington 1858;  je la crois recommandée sur le ROA dont les alvéoles restent étroites.  Elle n’est pas nécessaire sur  le R&S dont les alvéoles sont très ouvertes. Aucun changement n’est à faire sur le STARR, puisqu’il n’existe pas d’alvéoles, donc pas d’enrayement!

Le problème de la goupille sur le R&S et le ROA.

La seconde modification ne concerne pas le Rem. 1858, dont la conception est bonne – si toutefois l’alignement est correct !  Cette seconde modification concerne le R&S et le ROA, qui l’un comme l’autre,  présentent l’inconvénient d’un système de blocage de l’axe par une goupille cylindrique à double tête qui entrave l’extraction de l’axe.

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En fait,  bloquer l’axe par une goupille est une mauvaise solution.  Cette goupille impose l’usage du tournevis pour être orientée, ce qui permet alors de sortir l’axe. Si on y réfléchit, c’est une perte de temps, c’est totalement inadapté au changement de barillet en cours de tir. En outre, cette goupille dévissable impose un rétrécissement de l’axe, qu’elle traverse en partie, ce qui a comme effet de le bloquer, mais aussi de créer une fragilité à l’endroit de cet encastrement.  Il n’est pas rare de tordre l’axe à ce niveau.  Il faut donc supprimer la goupille et l’encoche de l’axe. Certes, la goupille  contribue à la stabilité de l’axe, mais ce dernier est suffisamment stable par sa liaison avec le levier, lequel est bloqué à son extrémité par une butée  montée sur queue d’aronde.  La suppression de la goupille ne compromet en rien la stabilité de l’axe.

beltmountain 1Pour le ROA, j’ai montré que le système d’origine, qui consiste en un assemblage très sophistiqué (axe + refouloir + levier), est conçu comme le R&S, mais la liaison ne se fait pas par des vis. Sur cette photo, on voit l’axe modifié : le levier a été supprimé mais l’axe est bloqué par une goupille avec une molette qui facilite sa rotation . L’axe comporte donc un rétrécissement prévu pour faire passer cette goupille, ce  qui le fragilise. 

Cette modification prévue pour les cartouches à balles est vendue par la société Belt Mountain aux USA (voir l’article 2) .  La société Belt Mountain a préféré conserver la goupille,  toutefois, cette goupille réduit moins l’épaisseur de l’axe que celle  du R&S, car elle travaille plus par serrage que par encastrement. Belt Moutain ne pouvait pas conserver le levier et le refouloir qui n’étaient pas justifiés dans le cas de cartouches à balles, Mais dans le cas du R&S, conserver le levier,  même s’il n’a plus d’utilité pour le sertissage des balles, offre un avantage qui n’est pas celui de sa fonction d’origine. D’autre part  le Ruger Old Army est un arme de bonne fabrication qui ne devrait pas présenter de blocage de l’axe. C’est surtout l’esthétique qui a été privilégiée.  Il n’y a que R&S Feinwerbau (et sans doute Pedersoli) qui garantissent un bon ajustement et une facilité d’extraction de l’axe qui est précisément ce que  nous recherchons.      

L’utilisation d’un sabot de chargement, dispense de se servir du refouloir pour le sertissage des balles: par conséquent, supprimer la goupille est parfaitement possible si on utilise plusieurs barillets pré chargés ou si on utilise le sabot de chargement  (avec un repoussoir à main pour le sertissage). 

J’ai donc une affinité pour le R&S en raison de  sa longueur de poignée et pour les raisons que je viens d’exposer, mais à condition de remplacer l’axe d’origine (avec sa tête carrée) par un axe plein, analogue à celui  du Remington 1858, qu’on fera réaliser par un atelier de mécanique de précision (avec chanfrein).  Il est possible de modifier la tête carrée : on peut alors emprunter la forme de l’axe du Remington 1858, doté de deux saillies latérales pour une meilleure saisie de l’axe au moment de l’extraction.

Conserver l’assemblage (refouloir + axe + levier) maintenu par deux vis,  permet de disposer d’un  levier d’extraction de l’axe,  au lieu de disposer d’un levier de  refouloir destiné au sertissage des balles.  Pour le tir rapide, ce levier est essentiel, car il permet de sortir l’axe plus facilement en plaçant le refouloir en appui sur le barillet (en général, je place une barrette plate pour ne pas prendre directement  appui sur les rebords des chambres).  Du coup, sans goupille, mais avec un axe plein,  le nouveau système d’extraction de l’axe et du barillet est plus fiable que celui du Rem. 1858  et,  faut-il le dire,  avec cette modification, le R&S n’a plus de défaut.

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La suppression de la  goupille laisse cependant deux trous qui nuisent à l’esthétique de l’arme. Comment les dissimuler ? Question sans réponse. On pourrait mettre deux caches, en forme de tête de vis,  comme pour le Colt 1860, ce qui suppose un taraudage.  Je pense que c’est sans doute la solution.

Certains préféreront conserver la goupille, en particulier ceux qui disposent d’un R&S Feinwerbau ou  Pedersoli.  Sur ces armes de haute qualité, la goupille peut être remplacée par une goupille avec molette, plus facile d’utilisation, mais généralement, on tâtonne,. Il faut poser le revolver sur un  appui, etc…  En outre, l’axe reste fragilisé par le rétrécissement. Je dirai que ce choix est « conservateur » en raison de la valeur commerciale de cette réplique parfaite.

La goupille supprimée, le R&S devient  l’arme la plus fiable pour un changement de barillet en cours de tir et ses alvéoles élargies (par la volonté du concepteur) évitent l’enrayement de larme en cours de tir. Les conditions sont alors réunies pour un changement  rapide des barillets devant le cible. Malheureusement  Euroarms a fermé boutique. J’avais pu me procurer 2 barillets, en sus de ceux existants sur mes revolvers,  ce qui me fait 4 barillets à pré charger.  Il reste alors à  renouveler les cheminées et vérifier l’état des barillets.

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11 – Les cheminées de revolvers à PN: galère des poudreux français et misère des armureries en ligne françaises !


La luminosité de mon blog est forte et fatigue les yeux, on me l’a reproché et  je l’admets, mais  je ne peux malheureusement pas modifier la couleur du fond.   Alors n’oubliez pas d’utiliser le zoom de votre écran pour plus de lisibilité. L’article a été corrigé en 2018, car faute de temps certains passages étaient restés confus.  Il a aussi été complété à la fin (6ème partie)!   Je rédige mes articles directement sur mon blog, à la volée… et parfois je n’ai pas le temps de faire la correction. Mes articles constituent ma banque de données, fruit de mes recherches, et le fait de les publier m’oblige à un effort de rigueur et d’écriture.

Introduction : l’article comporte 6 parties que je vous recommande de lire intégralement :

  1. La 1ère partie est une sorte d’inventaire des cheminées qu’on vend sur les catalogues d’armureries en ligne, ceci d’une part pour  faire un état « du marché » dans lequel nous nous approvisionnons et d’autre part de relever les différents « pas » des filetages qui concernent principalement  les revolvers  – et accessoirement quelques armes longues à poudre noire,
  2. La 2ème partie est théorique : elle permet de comprendre le sens des codifications des pas de filetage  (pas métriques et pas américains UNF)
  3. La troisième partie concerne des sites de référence aux USA et en Allemagne
  4. La quatrième partie est pratique :  elle concerne le problème des cheminées bloquées,  ce qui est le cauchemar des poudreux. Un collectionneur doit être capable de débloquer une cheminée rouillée ou trop serrée.
  5. La cinquième partie conduit au classement des revolvers (des différentes marques) selon le pas de filetage des cheminées :  c’est l’objectif final qui va découler des résultats obtenus dans la 1ère partie, puisque ces recherches préalables m’ont permis de faire un instrument simple et totalement fiable pour mesurer les pas de cheminées, instrument idéal qui servira à ceux des collectionneurs qui, comme moi, galèrent pour déterminer les pas des revolvers qu’ils collectionnent. 
  6. Cette partie traite d’une problématique rencontrée lors de la restauration d’un revolver SAVAGE NAVY 1961 d’origine: comment refaire des filetages et changer des cheminées , puis autre problématique où trouver une cheminée pour pistolet LEPAGE Target PEDERSOLI? A la suite de quoi, je vous montre qu’en France avec nos armuriers « de merde » , on est vraiment dans la galère! Et je vous montre encore que si vous voulez acheter du matériel introuvable en France, il vous suffit de le chercher en Allemagne… pays de cocagne pour le poudreux!

Quand on découvre  le tir à  la PN, on est vite confronté à des difficultés de plusieurs ordres, mais le principal souci concerne les cheminées de revolvers à PN qui ont des pas différents d’un modèle de revolver à l’autre et les fabricants n’ont jamais eu l’intention de  standardiser les pas! Au final on va s’apercevoir que les cheminées  de revolver les plus courantes utilisent 4 type de filetages. Mais encore faut-il les connaitre!

On trouve beaucoup de sites de vente d’armes à PN, mais qui se foutent complètement de fournir le matériel d’entretien ou qui se limitent aux amorces et aux clés PIETTA. D’autres se contentent de vendre quelques modèles de cheminées, mais en nombre limité. Il reste quelques armuriers qui ont un catalogue de cheminées un peu plus varié, mais encore faut-il qu’ils se donnent la peine de nous donner des références précises des pas de cheminées.  

Un « poudreux » déclare sur un forum que: « La plupart des répliques de revolvers sont filetées à M6X0.75, plus rarement 6X100. Les pistolets type Lepage sont en 1/4 X 28 « filets au pouce » (c’est presque du M6X90). Les Remington 1858 d’origine c’est du .225X32. Ce qui peut gêner le plus, c’est que d’une fabrication à l’autre, les cheminées sont plus ou moins hautes et dans le pire des cas, le chien n’arrive pas jusqu’à l’amorce. »

Nous allons vérifier ces informations qui réduisent la question de la variété des cheminées à 4 types de pas de filetage, mais qui sont parfaitement incompréhensibles !  Je vais tenter d’en comprendre le sens . Cependant connaitre le pas de filetage ne suffit pas : il faut également connaitre la longueur de la cheminée, ou la longueur du mamelon sur lequel on enfile l’amorce. En réalité, cette réduction à 4 types de pas est pertinente, mais à quelles armes correspondent-elles. Notre recherche va nous apporter des réponses qui confirment cette déclaration. 

http://forum.poudre.noire.free.fr/viewtopic.php?f=27&t=5369

Les armes à poudre noire sont diverses par leurs modèles et par leurs fabricants. Leurs cheminées ont des filetages  très variables, il y a de quoi s’y perdre. Souvent on trouve des revolvers dont les cheminées, faute d’une connaissance exacte du filetage, ont été forcées, ce qui détériore le barillet. Et quand le barillets est hors service, c’est toute l’arme qui est  détériorée, car les barillets de rechange sont rares – sauf chez Pietta.

J’ouvre une parenthèse concernant les amorces qui sont utilisées les plus couramment:

Les modèles les plus courants sont les RWS n° 1075 non cannelées pour les revolvers à PN, et les RWS 1085 à ailettes destinées aux cheminées plus larges des carabines à PN (dites type mousquet). Il existe aussi des RWS cannelées n°1075. Les amorces RWS 1075 « plus » sont la version magnum de leurs petites soeurs standards. Elles sont supposées offrir une puissance de détonation plus élevée, assurant une ignition plus forte si nécessaire.  Pour ma part j’utilise les 1075 standard qui me donnent toute satisfaction. Attention aux essais de percussion des amorces qui  peuvent donner lieu à des projection de particules de cuivre.

Si l’amorce est trop serrée, elle ne descend pas suffisamment sur le téton de la cheminée. Il y aura alors des problèmes de non percussion de l’amorce. Les CCI n°11 sont des cheminées cannelées, qui peuvent légèrement élargies par rapport aux RWS 1075. Du fait des cannelures, elles peuvent s’adapter aux cheminées un peu plus larges de certains revolvers à PN.  Ce modèle doit souvent être légèrement pincé pour mieux tenir sur la cheminée.  Il existe d’autres amorces de plus grande taille ou de marque différentes (Remington, etc)

Les cheminées subissent des chocs répétés, leur extrémité s’écrase légèrement en fonction de la frappe du percuteur. Il est recommandé de vérifier que le percuteur est en bon état, qu’il n’y a pas de jeu entre lui et les amorces, que la surface de frappe du chien est parallèle aux amorces. Les cheminées peuvent être légèrement réduites à la lime, si besoin est.

L’idéal est d’avoir des amorces qui tiennent bien mais qui, une fois percutées, peuvent être retirées sans difficulté: certaines amorces sont si bien serties qu’après le tir il faut un outil pour les enlever. N’oublions pas que les amorces une fois explosées,  peuvent tomber dans les mécanismes des revolvers et sont une source de blocage lors du tir!  Je vous renvoie à ma solution qui consiste à supprimer les alvéoles et supprimer ainsi les problèmes! Certains tireurs qui ont l’expérience de nombreuses années de tir et d’autosatisfaction avec un carnet bien rempli, m’ont objecté sur internet que ma solution était fumeuse. Bien sûr ils ne l’ont pas tentée car ça coute un petit billet pour faire faire la modif… et comme je ne les ai pas invité chez moi pour leur faire la démonstration de l’efficacité de cette solution, ils doutent, comme dit le philosophe…  je n’ai pas la prétention de faire des adeptes dans la catégorie des tireurs traditionalistes purs et durs.

♦ 1ère PARTIE : L’ETAT DES VENTES DES CHEMINEES ET UN RECENSEMENT DES PAS DE FILETAGE SELON LES REVOLVERS 

J’ai donc sélectionné 4 armureries en ligne et tenté d’en faire une synthèse,  en retenant  tout ce qui concerne les répliques de quelques fusils et  des revolvers cal.44  couramment utilisés dans les stands de tir. Je n’ai retenu que celles qui donnent les références des filetages et les armes qui leur correspondent . Je ne différencie par les cheminées en acier, en inox ou au béryllium, car c’est sans intérêt. Ce que je veux établir, c’est la fiabilité des informations données et savoir s’il existe des cheminées (quelles qu’elles soient) qui permettent de faire fonctionner telle ou telle arme à PN?  En fait les cheminées pour revolvers et fusils basiques à PN utilisent des cheminées M6 X 0,75   ou 1/4″ X 28 ou encore N°12 X 28UNF, exceptionnellement M6 X 1;  ce sont des indications que nous devons affiner et comprendre.

Cette recherche m’a permis de faire fabriquer un outil destiné à reconnaître un pas de filetage sans avoir à utiliser des peignes, qui pour moi sont peu pratiques et sans doute peu fiables.

peigne??????????

La fin de la 1ère partie donne des listes de cheminées vendues par les principales armureries en ligne avec lesquelles j’ai construit cette synthèse (les tireurs pourront les consulter pour avoir des références plus complètes: acier ou béryllium, par exemple;  j’ai cependant négligé l’inox que vend PIETTA ). 

 Je commencerais par  PIETTA, car c’est le seul fabricant qui produit des revolvers avec des cheminées standards dont le filetage est M6X0,75 . PIETTA  joue la stratégie de la  standardisation des pièces, notamment des cheminées, offrant  aux tireurs des sets de cheminées à prix compétitif, argument en sa faveur. Cependant la qualité des cheminées PIETTA n’est pas identique à celle des Cheminées Pedersoli (ce qui est également vrai pour les clés). Mais « ça fonctionne bien ». Ne parlons pas d’Uberti qui nous vend des revolvers sans aucune pièce de rechange disponible à la vente: parcourant les sites de vente en ligne, je n’ai pratiquement trouvé aucune cheminée de ce fabricant, sauf erreur de ma part. Une commande de pièces Uberti peut attendre des mois sans aboutir,  car l’importateur n’a pas de stock et le fabricant les lâche au compte-goutte vers la France. On ne trouve  même pas des pièces courantes (des clavettes par exemple).

Je présente maintenant 5 tableaux qui font la synthèse de mes premières recherches. Ceci devrait considérablement aider les poudreux à trouver ce qu’ils cherchent,  car c’est un domaine qui est rarement traité sur les forums. Puis nous expliquerons ces codifications de filetages dites métriques ou américaines. Dans les tableaux qui suivent, j’ai indiqué la désignation donnée par l’armurerie telle qu’on la trouve sur son site, sans chercher à la corriger. Ce qui n’arrange rien, c’est que chacun écrit les formules de ces filetages soit en les simplifiant soit en modifiant leur écriture,

  • par exemple en plaçant le symbole (’’) qui indique des « pouces » et non des millièmes de pouces, à la fin de la formule alors qu’il doit suivre le 1er chiffre indiqué (s’il s’agit d’un filetage américain) .  en fin de désignation du filetage UNF est également  remplacé par US pour désigner un filetage américain qui en principe est « UNF » (pour les filetage fins).
  • ou en ajoutant (mm) à la fin  de la désignation, alors que c’est le M qui placé au début,  indique qu’il s’agit d’un filetage métrique donné en mm. M6 X 0,75 peut alors devenir 6X0,75 ou 6X0,75mm, ou 6 X 75 ou encore 6mmX0,75 etc!  

 Je constate que les poudreux qui interviennent sur mon blog (par des questions ou des encouragements) sont rarement ceux qui dans les divers forums de tireurs à la PN ou de collectionneurs, offrent leurs connaissances. Quand on parcourt ces forums, on s’aperçoit que certains noms reviennent fréquemment, mais je suis enclin à penser qu’ils n’aiment pas la concurrence et n’interviennent que sur leur forum  d’affiliation (la liste des forums est longue) où ils jouissent d’une « réputation » de connaisseur . Néanmoins, s’ils estimaient pouvoir élargir la diffusion de leurs connaissances et apporter leur expérience sur ce modeste blog, elles seraient utiles à l’ensemble des poudreux! Ces tableaux ont été élaborés à partir des infos recueillies sur des sites de vendeurs de cheminées. Elles sont classées  en 3 tableaux, selon le fabricant (Uberti, Pedersoli, Euroarms et autres. « DP » signifie Pedersoli) : chaque fabricant utilise des cheminées qui peuvent être différentes et certaines de ces cheminées sont proposées par des vendeurs en ligne: ces tableaux permettent de recouper les infos données par les vendeurs, qui peuvent être précises ou non, ou référencées, mais sans que le « pas » (de filetage) soit indiqué (c’est le cas de Broma). par exemple les Colts Walker ont ds cheminées définies par Tr&ack of the Wolf comme ayant un « pas » de 1/4 (de pouce)-28… eles sont vendues par Broma sous la référence 9253 sans indication concernant le pas de filetage.  Dupré vend des cheminées qui ne spécifient pas clairement si elles conviennent au Colt Walker Uberti. par contre il est précis concernant l’utilisation de certaines cheminées pour des Colt Walker ASM et autres… bref, la recherche est souvent difficile pour certaines armes.

1/  REVOLVERS UBERTI

Chem. Uberti1

2/ REVOLVERS DEPERSOLI

Chem. Pedersoli2

3/ REVOLVERS EUROARMS et AUTRES ARMES A PN

chem. revolvers italiens 3

Chem.rev hors normes et fusils 4 et 5

On constate également que certains vendeurs utilisent des indications qui ne sont pas réglementaires: l’écriture 250″X28 pour les cheminées de Walker (selon l’armurerie Dupré) signifie probablement 1/4″X28, soit 250/1000 ème de pouce (c’est à dire 1/4 de pouce), car 250″ (pouces) ça n’a pas de sens?  Mais cette écriture n’est pas conventionnelle: en principe, on écrit .250″ pour indiquer qu’il s’agit de millièmes de pouces (selon l’écriture américaine, le point précédant 250 indique des millièmes, alors qu’en France on écrit 0,250) ? Quid de l’indication UNF?

Autre problème, pour une même référence, 1/4×28 on trouvera des cheminées différentes, l’une adaptée au Walker (selon Dupré) l’autre adaptée au pistolet Lepage Pedersoli !En principe ces cheminées ont le même pas de filetage, mais la longueur va être différente.

Ces variations d’écriture sont embarrassantes.  C’est pourquoi dans la suite de l’article,  je rappelle la différence entre filetage métrique et filetage américain. En fait on trouve trois types de codification, car la désignation américaine en compte deux.

Il apparait donc que dans le domaine que nous explorons, il n’y aurait que 4 types de pas de cheminées correspondant aux armes choisies.  Pour la compréhension de ce tableau, je vous renvoie à la 3ème partie de cet article consacré aux cheminées, partie dans laquelle je donne une explication complète sur la codification des cheminées (et la méthode permettant de calculer le « pas » de la cheminée selon cette codification)…

4 filetages

 On peut alors constater que les pas de filetage varient de 0,75 à 1  mm tandis que le diamètre nominal des filetages des cheminées  varie de 6,35 à 5,48 mm, soit près d’1/10ème de millimètre de largeur en moins. Cependant, le choix du bon pas de filetage pour une cheminée donnée ne suffit pas : d’autres critères vont intervenir, en particulier la hauteur du cône et la largeur du conduit interne.  Ce sont des critères qui différencient les cheminées,  différences qui n’existent pas dans les modèles dits standards.  Dans le cas où les amorces ne percutent pas sur un revolver, il faudra se demander si le cône n’est pas trop court et trouver un modèle plus long.  

Documents ayant permis de construire ces tableaux : j‘ai classé les armureries en ligne en 4  catégories.

1/ Les armureries qui ne vendent que des revolvers, mais pas de cheminées !!!

Parmi les armuriers en ligne les plus connus qui vendent des revolvers à poudre noire, on découvre que certains vendent des flingues, bien sûr, mais pour ce qui concerne les cheminées, ils s’en lavent les mains !  Citons  « Tir chasse et accessoires » qui vend sur naturabuy . Ils vendent cependant des accessoires, notamment des clés à cheminées, parfois accompagnées de 6 cheminées standard, pour le cas où un gogol  en demanderait!  C’est des armureries qui  sont incompétentes dans le domaine de la PN ! 

2/ Des armureries qui ne vendent que du PIETTA, armes et cheminées, sans indications sur leurs pas de cheminées…

Ces armureries ont pris le parti de tourner le dos à Uberti et se limitent à la vente de revolvers PIETTA : la gamme de revolvers de cette marque est variée. La volonté de fantaisie du fabricant s’écarte du respect des modèles d’origine, mais toutes ses armes ont en principe les mêmes cheminées au pas de M6 X 0,75. Ces armureries vendent des  cheminées en acier ou en inox , mais  pas de  cheminées au béryllium. Je n’ai personnellement pas confiance dans l’inox et je pense que l’acier est plus fiable. On les trouve en particulier chez shop 57 qui est une armurerie en ligne qui est assez  fournie et qui est sérieuse ( je la connais personnellement et pour PIETTA, elle a du stock)

Certains vendeurs donnent des références : par exemple 4892 (acier) et 9253 (inox)  qui sont présumées  être  celles du fabricant PIETTA. Mais dans les tableaux, les références sont très diverses ce qui nuit à la compréhension. Les prix d’un set de 6 cheminées varient de 5,30 € à  19 € environ (les cheminées inox étant plus chères). Quant aux cheminées au béryllium, elles se vendent généralement à la pièce et à un  prix bien supérieur (en principe 8,40 € chez Dupré, mais attention HT) .  

SHOP57 PIETTA « revolver » (sans plus) 5,30 48929253 ——— ?———- Acier / inox
TECMAGEX PIETTA Remington 1858 14, 95 COLC4892 ———- ?——— acier
BECKCHASSE PIETTA « revolver » (sans plus) 14,60 0001788056487COL-4892 ———- ?———– Acier / inox
PASCAL PIETTA « revolver » (sans plus) 24,00 9253   inox
FUSIL PIETTA « revolver » (sans plus) 19,00 A266vendu avec la clé ———- ?———– acier / inox

3/ Des armureries qui vendent « quelques » marques de cheminées, mais  dans une relative imprécision !

FRANKONIA ——– répliques   « italiennes » !!! 10,95 X 2 99623-68 6 x 0,75mm. acier
  (ARDESA ?) fusil Ardesa 16,95 (unité) 173252-68 6 X 100 acier

Chez gilles, on trouve quelques sets de cheminées Pietta et un set Perdersoli (Béryllium) avec l’indication du pas, bref, c’est dérisoire!   Chez Franconia une indication est donnée concernant le pas, détail important. Par contre chez Lavaux, c’est la politique du flou intégral pour toutes ses pièces de rechange (pour les cheminées, il ne donne aucun filetage et pour les barillets il ne précise pas le modèle de Colt!)

LAVAUX ??????? « revolver » Uberti (sans plus) 18,00 1724 ———- ?——— acier
  PIETTA « revolver » Pietta (sans plus) 7,90 1116 ———- ?——— acier / inox
  ??????? fusil ou pistolet Ardesa 8, 00 3469 ———- ?——— acier
  ??????? fusil Investarm 10,00 4354 ———- ?——— inox

4/ Les armureries plus « pro » qui offrent des cheminées PEDERSOLI et des cheminées au béryllium, en précisant le pas de filetage

Les cheminées Uberti ont varié dans le temps. Selon l’avis d’un tireur, « les anciens modèles étaient en M6X075, mais les plus récents ont un diamètre et un filetage plus petit ». Soit, mais lequel ? Réponse d’un tireur  éclairé concernant cette question: « les anciens Uberti sont en métrique, les récents sont en 12×28 US », information qui semble correspondre à nos recherches, et qui s’appuie sur les indications données par M. DUPRE. Pour l’instant, je prends cette information que je vérifierai plus tard sur les armes en  ma possession. Je retrouve cette information sur un autre forum, mais qui ne concerne que le Remington  1858 Uberti (pas de 12X28). [attention : 12 est ici un code de classement et non une mesure]

http://forum.poudre.noire.free.fr/viewtopic.php?f=27&t=13169

Mais quand on ne tire pas avec un revolver de marque PIETTA, les choses sont nettement plus compliquées. Apparemment les cheminées Uberti ne sont pas ou peu vendues en France : on trouve des cheminées Pedersoli compatibles avec Uberti. Cette rareté  est-elle  liée aux fournisseurs qui n’ont pas de stocks ou au choix des armuriers en ligne qui  optent pour des cheminées au béryillium vendues à un prix bien plus élevé ?  Sachant que l’usage de ces cheminées haut de gamme est en principe garanti pour une longue période (si elles  ne sont pas maltraitées), le coût est supposé  amorti : il faut alors compter « au moins » une cinquantaine d’euros pour un set de 6 cheminées, avec des frais de port qui peuvent aller jusqu’à 10 euros (chez DUPRE).

MUNICENTRE PIETTA Colts 1851, 1860, Remington 1858, etc… 5,00 « cheminées standard pour PIETTA »   acier
  EUROARMS R&S ouRemington 1858. 17,50 USA 471. M 6 X 0,75mm acier
  PEDERSOLI ET EUROARMS. R&S 62,00+4,00 USA 499 M 6 X 0,75mm beryllium
  PEDERSOLI (compatibles UBERTI) (« pour revolvers ») 17,50+4,00 USA 477 12 – 28 UNF acier
  PEDERSOLI compatibles Uberti Remington 1858 59,00+4,00 USA 502 – 6 12 – 28 UNF berylium
BROMA PEDERSOLI (et UBERTI) Walker et Dragoon 20,25 080014-P9253 ——— ?———- acier
  PEDERSOLI (et UBERTI) Remington 1858 19, 95 USA477-6 ——— ?———-  
  PEDERSOLI pas d’indication 18, 11 USA471-6 ——— ?———-  
  Pedersoli pas d’indication 10,45 X 2 USA470-3 ——— ?———- acier
  PEDERSOLI   12,75(unité) USA484   beryllium
  PEDERSOLI fusil Springfield 10,45 X 2 USA481-3 ——— ?———- acier
  PEDERSOLI pocket ?       acier

L’armurerie DUPRE, la « caverne d’Ali Baba » pour les poudreux,  un choix de cheminées à explorer!  

Cette armurerie est bien connue dans le monde de la PN:  M. Dupré qui était un tireur,  a le souci d’informer sa clientèle et  de compléter les informations sur ce qu’il vend. Nombre d’entre nous s’adressent à lui surtout pour des produits  peu commercialisés. Quand on explore son catalogue informatisé de cheminées (rubrique accessoires) , il y a du choix. Cependant les références qu’il donne concernant les pas de filetages ne sont pas totalement conforme à l’écriture conventionnelle. Un pas de 1/4×28 peut s’écrire .250″x28 et devenir 250×28″… En cas de doute concernant une cheminée,  il conseille de lui envoyer les cheminées pour pouvoir les identifier.  

DUPRE PIETTA Colts et Remington 18,00EUR USA498.6. M6X0.75 acier
  PEDERSOLI et UBERTI Remington 19,00EUR USA477.6. 12 X 28 «  acier
  PEDERSOLI et EUROARMS Rogers and Spencer 19,00EUR USA471.6.   M6X0.75 acier

Pour les cheminées au béryllium, Dupré est imbattable (en France)!  Parmi les produits qu’il vend, j’ai relevé ceux qui concernent des revolvers cal .44 et quelques fusils à chargement par la bouche (extraits de son listing). Mais le béryllium est un métal hautement toxique, à utiliser avec prudence…

http://www.armurerie-dupre.com/advanced_search_result.php?keywords=chemin%E9es&x=7&y=8  chem3

Référence 50-02 pas de 250″ x 28. Pedersoli, Tryon, Bristlen, Waadtlander, Mang, Alamo, Kentucky,HEGE siber,Uberti hawken, Sante-fe, Rigby-creedmore, Henry-suter, San marcoTingle pistol, Palmetto, Pennsylvania pistol
Référence 50-17 pas de 225 « x 32 revolver. Pour quelle arme ???? ce n’est pas précisé. C’est une cheminée qui convient à des revolvers authentiques, tel que le Savage Navy.
Référence 50-03 pas de M6 X0.75 mm fusil. Hawken, Investarm, Gallyon, Gallyon-hunter, Great plain, Wolf buschen, Palmetto.
Référence 50-12 pas de 12×28 revolver ROA.
Référence 50-16 pas de 12×28 revolver T/c sénéca, Patriot et Cherokee, Original colt navy 1851.
Référence 50-13 pas de 250″ x28 Walker Colt Walker Italie.
Référence 50-10 Pas de 6 x 0.75 Pour revolver
Référence 50-15,  pas de 12×28 Uberti. 5.35mmX28. pour Colt, ASM, Uberti Remington (à partir de 1980). Note : ça fait deux pas pour une seule cheminée !!

Pour une arme comme le Colt Walker (dont les copies sont fabriquées en Italie), les cheminées 250’’X28 (ou plus exactement 1/4’’X28) sont-elles adaptées aux Walkers de marque UBERTI, ou ASM (Armi san Marco), ou ASPaolo et d’autres ?  C’est à vérifier!   Quand on indique « revolver » pour désigner  des colts en général, c’est ignorer que les Colts varient beaucoup d’un fabricant à l’autre, et que les pas de cheminées varient également en fonction de la marque et de l’année de fabrication. Autre point qui est à vérifier: le Walker Uberty aurait donc des cheminées identiques à celle du Lepage Pedersoli? J’en doute. Si les pas sont les mêmes, y a des différences de longueur notamment, c’est pourquoi les tableaux donnés par Track of the Wolf sont plus complets et précis.

cheminées prise44J’ai reçu il y a peu toute une collection de cheminées achetées chez Dupré et j’ai pu faire  des vérifications concernant les cheminées de ROA au béryllium (par exemple) : bonne surprise, les cheminées  que vend M. Dupré (prévues pour le ROA) n’ont pas la base hexagonale « merdique » qu’on trouve habituellement  sur ce revolver (j’entends par là qu’il faut alors une clé spéciale pour les démonter).  Celles de Dupré ont une base rectangulaire  classique, ce qui fait que la clé universelle Pedersoli leur correspond parfaitement. Une adresse à recommander!

En fait la base hexagonale  est la plus proche de la forme ronde et par le fait, elle s’arrondit en cas d’effort intense. Les cheminées  de ROA vendues par Dupré sont donc plus solides et en outre, le pas est parfaitement adapté.

La cheminée prévue pour le Colt Centaure est à base carrée. Elle a un avantage : elle est complètement enserrée par l’embout de la clé qui prend les 4 faces du carré et de ce fait,  elle ne déforme pas la clé, comme c’est le cas des clés qui ne prennent la cheminée que sur 2 côtés (modèle « classique »).

♦ 2ème  PARTIE: COMMENT  DEBLOQUER UNE CHEMINEE ROUILLEE OU TROP SERREE SUR UN REVOLVER A PN ?

J’en profiter pour donner la « recette » du démontage de cheminées  dans le cas où l’arme a été négligée (en cas de rouille, d’usage prolongé sans entretien),  bref en cas de résistance totale à l’extraction avec la clé Pedersoli, ou avec une clé faite sur mesure. Je rappelle que les filetages des cheminées doivent être graissés régulièrement pour éviter ce genre de mésaventure qui peut rendre un revolver inutilisable – et invendable (soyez certains que sur les sites de vente aux enchères (qu’il s’agisse de Narurabuy ou d’Egun) , des revolvers dont les cheminées sont bloquées se vendent sans vergogne) !!

 Ayant parcouru le net à ce sujet, la seule recette que j’ai pu trouver consiste à chauffer les cheminée pour créer un « choc thermique ».  Le procédé consisterait à utiliser une pointe chauffante pour ne pas arroser tout le barillet avec la flamme d’un chalumeau! Tout ça c’est du pipeau !!

Ce qu’il faut, c’est d’une part provoquer en effet un choc thermique, ça peut aider au décolage des résidus – et ce qui n’est pas inutile, c’est de laisser  tremper le cul du barillet dans un produit dégrippant pendant 2 jours avant de chauffer. J’ai pu constater que ça pénètre quand même et que ça ramollit les résidus. J’utilise un petit chalumeau Dremel dont la flamme est étroite et réglable, et qui fait très vite monter le cheminée en température. Mais les cheminées sont alors foutues!! Sur ce point, je ne suis pas un spécialiste et je ne saurais affirmer que le procédé est sans risque. L’essentiel, c’est de sauver le barillet, car les cheminées,  on les jettera!   Il ne faut pas porter le cheminée au rouge bien sur!

C’est la seconde étape qui est déterminante : il va falloir créer un choc mécanique   et exercer en même temps une rotation de la cheminée avec un levier dont la puissance sera « calculée et non excessive.  Le choc se fait au marteau (j’utilise un marteau arrache-clous qui fait un certain poids). Il faut alors protéger le barillet de toute déformation, en le plaçant dans un  étau, maintenu entre des pièces en bois qui forment un cylindre creux. Il faut également que le barillet porte sur une  bonne assise en bois, pour qu’il ne se déforme pas.

frappeIl faut donc préparer un matériel spécial: j’utilise une clé dont l’embout est parfaitement adapté à la base de la cheminée ! Aucun jeu n’est admis  (voir le croquis ci-joint) . Tout cela suppose du matériel :

  1. une bonne clé Pedersoli « en croix » (c’est indispensable), éventuellement modifiée avec précision, avec des relevés de mesures au pied à coulisse, etc. Il faut presque que la clé entre en force autour de la base de la cheminée pour une adhérence parfaite.
  2. un tube renforcé assez étroit, qu’on fait descendre autour de l’axe de la clé jusqu’à ce qu’il porte sur les bras de la clé;
  3. un marteau

Ce tour d’horizon de la vente en ligne montre la difficulté pour les tireurs de connaître les cheminées dont ils ont besoin et de s’approvisionner lorsqu’ils vont devoir changer des cheminées sur des revolvers qui ont une certaine ancienneté ou qui sortent des modèles courants. La tentation d’acheter des armes d’occasion, va  donner lieu à quelques moments de découragement!  En définitive, je suis presque tenté de dire : laissons de côté les  modèles anciens et les Ubertis pour en finir avec ces complications. Achetons « du PIETTA » pour le stand de tir, puisque les résultats obtenus  avec  ces armes sont désormais probants!

 

♦  3ème PARTIE : COMMENT COMPRENDRE LES FORMULES INDIQUANT LES PAS DE CHEMINEES ?

chem4

Ceci étant, la compréhension des codifications des filetages passe par une petite explication  préalable, que nous allons fournir, mais l’identification d’un pas de cheminée est difficile car elle exige des instruments qui sont chers, comme le micromètre à filets, ou peu aisés à manipuler comme les jauges, les peignes, etc, que certaines utilisent avec aisance, mais  qui pour moi sont peu fiables, compte tenu  de mes essais infructueux .  Il faut aussi signaler que les indications écrites manquent de sérieux et de constance: il faut donc rappeler  la façon exacte, conventionnelle de noter les pas (filetage).

 

Cette cheminée devrait convenir pour le pistolet Lepage target Pedersoli cal .44.

 1/ le pas métrique : il est généralement précédé de la lettre M et se lit en mm

La formule du pas métrique, c’est  M (D X P). Par exemple  M 6 X 0,75

  • M = signifie métrique, donc indiqué en mm
  • D = d = diamètre nominal (ici en mm)  
  • Attention : la valeur du diamètre nominal correspond, aux tolérances prés, à d (diamètre extérieur de la vis en rose) et à D (diamètre intérieur de l’écrou);
  • P = pas  en mm (distance entre deux crètes);

Dans l’exemple M 6 X 0,75

  •                   D= 6 mm,
  •                   P= 0,75 mm

 

 

2/ Le pas américain se lit en « pas UNF » (filets fins) et « pas UNC » (gros filets) mais surtout en pouces; 

la formule américaine c’est D X N  (UNF) ,   qu’on trouvera également  écrite sous la forme réduite D-N.

Ce qui donne par exemple :  1/4 X 28 ou 1/4-28 UNF

  • D = diamètre nominal en pouces, qui ici mesure ¼ de pouce,   donc D = 2,54 cm : 4 = 6,35 mm
  • N = nombre de filet par pouce, ici c’est 28, N (ici 28) signifie le nombre de tours que doit faire la  cheminée pour avancer d’un pouce. Donc P (le pas) = 2,54cm : 28 = 0,0907 cm , soit 0,9 mm environ.
  • On peut également trouver la formule .250×28  qui réduite devient 250X28…. 

 3/ Il existe une seconde désignation américaine : par exemple N°12-28 UNF ou en simplifiant 12-28.

Le nombre de filets (ici 28)  y est précédé d’un numéro (pour ce qui nous concerne en PN, c’est 12 ) et parfois de la lettre Nr ou N°).  Ce chiffre 12 est un numéro de classement (à vérifier)  et non une mesure en pouces.

4/  Autre désignation américaine : par exemple .225″ (D) X 32 (N) ou en simplifiant .225 X 32 ou .225-32

.225″ est en pouces (ce qui se lit 0,225 pouce); c’est le diamètre nominal.  Un pouce valant 2,54 cm, pour trouver le diamètre nominal, il suffit de faire le calcul 2,54 cm X 0,225 =  0,5415 cm  .

Attention : les cheminées varient également en longueur (length) , par exemple, pour des cheminées M6x.75 (ou M6x0,75, on va trouver des longueurs différentes qui  bien souvent ne sont pas précisées sur les sites de vente.

♦ 4ème PARTIE : QUELQUES ARMURERIES ETRAN-GERES QUI FOURNISSENT DES CHEMINEES  « AVEC PROFESSIONNALISME »

 Après ce parcours des différentes armureries en ligne françaises, j’ai eu le sentiment qu’elles ne répondent pas souvent à nos besoins.  Je pense que ces vendeurs ne maîtrisent pas les codes qui permettent d’identifier les cheminées, car c’est un domaine un peu marginal. Il faut dire que les armuriers vendent ce qu’ils trouvent chez les grossistes et par conséquent, c’est tout un système d’entrave à la vente qui conduit à cette situation d’indigence. Il faut également dire que les armureries ne portent pas un grand intérêt aux armes à PN. Constatons  qu’il existe encore quelques armureries spécialisées  en France. Faut-il alors s’approvisionner au USA ou en Allemagne  où les armuriers ont une approche nettement plus technique des cheminées, comme par exemple VORDERLADER SHOP en Allemagne ou TRACK OF THE WOLF, ou encore DIXIE GUN WORK aux USA: dans leurs catalogues chaque cheminée proposée à la vente est décrite avec rigueur: le pas de cheminée, la hauteur de la cheminée, la profondeur de la pénétration du pas de vis, tout y est !  Les armes concernées sont assez bien répertoriées, etc. Le tireur s’y retrouve. Note : cheminées se traduit par nipple en anglais (thread = pas de cheminée),  Piston en allemand.Puisqu’en France il est difficile  de trouver un site qui présente les correspondances entre les armes  de poing à poudre noire et les cheminées, J’ai tenté d’établir cette correspondance à partir des sites étrangers  et français  qui proposent  des cheminées à la vente, avec des indications  précises. On a pu constater que pour trouver des cheminées  pour l’ensemble des armes courantes, il faut aller chercher des solutions aux USA. et en Allemagne!

En anglais une cheminée est traduite par « nipple » et en allemand par « Piston » (Pistons » au pluriel), On cherchera alors sous l’appellation « nipples for percussion revolvers » ,  ou « vordelader Pistons ». Actuellement, dès qu’on cherche des cheminées rares, on ne trouve que des cheminées au béryllium, qui est un produit hautement toxique. Leur prix est  élevé  car la rareté se paye!!!  Aux USA les cheminées considérées comme de très bonne qualité tout en restant à prix abordable sont en Ampco (un bronze d’aluminium à haute résistance).

Le béryllium et ses composés, tout particulièrement l’oxyde BeO, sont considérés comme faisant partie des produits chimiques les plus dangereux que l’on connaisse. Toute manipulation de ces produits comporte un risque d’accident très grave. Les poussières, fumées, aérosols pouvant contenir du béryllium pénètrent dans les poumons et déclenchent des fibroses pulmonaires du même type que la silicose.

1er site de référence choisi: Track of the wolf (aux USA)

Ce vendeur, très connu dispose d’un catalogue de cheminées incroyablement fourni, très détaillé et comportant des informations qui font de lui « la référence » en matière de fournitures pour les armes à poudre noire dont il fait sa spécialité. Chaque cheminée est présentée avec ses dimensions, son pas de filetage, et les armes qui lui correspondent. Toutes sont en aciers  … En voici des extraits (sans les photos):

 Threads For weapons    
Nipples 1/4-28 for 1847 Walker & Dragoon revolver (by most mfg., including Armi San Marco, Tucker, Sherrod & Company Dragoon by A. Ubert) hardened steel PST-WI,
Nipples 1/4-28, (430″ long cone) for “some” Colt brand/ Colt 1847 Walker /& Dragoon, stainless steel RST-WS
Nipples 12-28 for Ruger Old Army revolver, stainless steel PRA-S
Nipples 12-28
  1. for Colt brand,
  2. for Uberti revolvers : 1851 Navy / 1860 Army Colt, / & 1858 Remingtion,
stainless steel /or hardened steel PCC-S
Nipples 6-.75mm (Hot Shot®) for Lyman & InvestArms, stainless steel HOT-SHOT-RLP
Nipples  6-.75mm metric
  1. for Lyman Great Plains Rifle /& Trade Rifle
  2. for InvestArm rifles
stainless steel RLP-MS
Nipples  6-.75mm metric
  1. for Lyman Great Plains Rifle & Pistol, and Trade Rifle,
  2. for InvestArms,
  3. for Cabela’s Hawken rifles,
stainless steel RLP-S
Nipples 6-.75mm metric for Pietta revolvers : Remington/ Colt/ & Le Mat, hardened steel PIR-I,

http://www.trackofthewolf.com/pdfs/catalog/page_388.pdf

L’armurerie Vorderlader Shop (en  Allemagne)cette boutique sur internet était exemplaire par les indications qu’elle donnait sur les cheminées pour revolver à percussion (schémas en coupe avec les dimensions) mais actuellement ce n’est plus un site de référence. La boutique semble avoir été absorbée par ARTAX ou Frankonia?  J’appréciais ce vendeur en raison des schémas qu’il présentait pour chaque type de cheminée vendue. Par contre il avait fait le choix de vendre  des cheminées au béryllium qui sont très chères et contestées.

VORDERLADERSHOP

2ème Site de référence (USA):  Dixie Guns Work  (pas seulement pour les cheminées).  C’est un vendeur également connu avec un catalogue de pièces et de fournitures très varié.  Il expédie en France.

3ème Site de référence (USA) :  The Possible Shop  (pas seulement pour les cheminées).  Nouveau vendeur qui retient mon intérêt, mais hélas, ce vendeur n’expédie pas d’article hors des USA.

4ème Site de référence (Allemagne ) :   Stifters Gunflints

L’armurerie Stifters Gunflints offre une alternative à Vorderlader Shop.  M. STIFTER a un  catalogue de cheminées en acier renforcé, avec des références  claires, mais pas de béryllium car il conteste l’utilisation de ce métal. Les pas de cheminée sont bien indiqués. Il expédie en France.

En Allemagne on trouve d’autre vendeurs qui disposent de fournitures pour armes à poudre noire, et notamment des cheminées. La différence avec la France est radicale. La langue n’est pas une barrière infranchissable si on possède un peu d’anglais et si on utilise Reverso. Les armuriers allemands sont sérieux. Mais pour procéder aux commandes c’est parfois un peu difficile, mieux vaut leur adresser un mail en anglais.

♦  5ème PARTIE : CLASSEMENT DES REVOLVERS SELON LE PAS DE FILETAGE DES CHEMINEES

Nous arrivons maintenant à la dernière étape de cette recherche qui va nous permettre de vérifier avec une relative certitude et  facilité, les « pas » de filetages des cheminées des revolvers à PN courants, ce qui me permettra – et qui permettra aux tireurs – de pouvoir enfin résoudre la question la plus « emmerdante » qui concerne les révolvers achetés d’occasion, à savoir: « quel est le pas de cheminée de ce revolver nouvellement acheté »? ou encore, « les cheminées qui sont montées sur ce revolver sont-elles toutes au même pas de filetage prévu (et lequel?)ou ont elles inadaptées » (question que l’on se pose quand certaines cheminées présentent une résistance anormale lorsqu’on les visse) ?  Si on a un doute, on va vérifier avec ce testeur.  Mais pour autant, si la cheminée ne convient pas (« doesn’t fit » disent les anglais),  cela ne nous dit pas quel est le modèle de cheminée qui convient.

Autre problème, en cas de mélange de plusieurs cheminées (ce qui arrive parfois lors du nettoyage des armes), comment les reconnaitre? Ma solution  ma solution pour identifier 4 filetages courants est simple. Appelons la :

Le testeur de filetages PSRauben pour revolvers à PN:  une solution pour ceux qui collectionnent

J’ai donc retenu 4 pas de cheminées qui couvrent a peu près tous les revolvers courants et j’ai fait fabriquer une plaque en acier avec des trous filetés aux pas suivants:

4 pas de filetageGIF

Voici donc l’outil que j’ai fait faire en achetant préalablement les tarauds pour le réaliser (prix de chaque taraud, entre 15 et 50 euros): je  l’appelle un « testeur de filetage PSRauben ». Encore une petite invention qui ravira un de mes lecteurs, car il m’avait écrit « n’avez vous plus de petite invention à nous proposer? La source n’est pas encore tarie… J’ai frappé sur la plaque les formules qui identifient chacun des 4 pas que j’ai cités (j’ai une boite de chiffre à frapper qui me permet également de frapper mes barillets pour ne pas les confondre).  Il me suffit de prendre une cheminée sur l’arme,  de la visser sur un des pas de filetage de cette plaque et je connais immédiatement le pas de son filetage.

??????????

Dès lors qu’une cheminée ne rentre pas naturellement dans le filetage du barillet, ou si elle résiste après quelques tours, dans ce cas, les cheminées montées sur le revolver sont inadaptées, ce qui risque d’avoir endommagé les pas de filetage du barillet.  Bien entendu, il faut avoir bien nettoyé les pas, pour ne pas confondre un pas encrassé ou rouillé avec un pas détérioré!

Cette méthode est vraiment simple, et efficace.  Un petit investissement indispensable pour le collectionneur de revolvers  Quand à ces peignes que l’on vend sur internet pour mesurer un pas, je n’ai jamais réussi à m’en servir!  Je précise que j’ai vu des armuriers embarrassés par l’identification d’une cheminées, notamment avec les peignes,  c’est très courant.

 

♦ 6ème partie : A LA RECHERCHE DE CHEMINEES RARES ET LA REPARATION DES FILETAGES …

♥ 1er exemple : Quelles cheminées doit-on mettre sur un SAVAGE NAVY 1861 d’origine ?

J’ai fait faire la restauration d’un revolver SAVAGE NAVY 1861 (un original), mais un problème courant concernant la restauration de ce type de revolver, c’est le fait que les cheminées et les filetages du barillet sont généralement en très mauvais état:  ils sont souvent forcés, voire écrasés, ou encore, ce qui est un moindre mal,  les cheminées sont grippées dans le barillet! Dans ces cas de figure, le barillet est alors inutilisable pour celui qui ne sait pas le réparer et du coup le revolver est voué à rester dans une vitrine de collectionneur.

 

 

Il m’a d’abord fallu identifier le type de cheminée prévu à l’origine sur ce revolver (SAVAGE NAVY 1861) et à force de recherche, j’ai trouvé la réponse sur Track of the Wolf.  Les cheminées d’origine sont au pas de .225×32.  Ces cheminées ont non seulement un pas spécifique (on ne peut donc pas les remplacer par des cheminées Pietta M6X0,75 par exemple), mais en outre ces cheminées ont une longueur bien inférieure aux cheminées courantes:  12 mm, au lieu de 14 mm (et plus), ce qui permet au barillet de tourner sans que les cheminées et les amorces bloquent la rotation en dépassant:  elles sont placées de façon latérale et oblique et passent sous la carcasse en l’effleurant.

Lors de l’achat de mon SAVAGE, j’ai trouvé 6 cheminées qui, vérification faite, étaient au pas de M6x0,75 (des cheminées basiques de chez Pietta). Le vendeur (WILD WEST en Belgique)  ne s’était pas emmerdé! Pour rendre l’arme présentable et faire croire qu’elle était en état de fonctionnement, donc « vendable »,  il avait forcé les cheminées, ce qui explique qu’elles « partaient dans tous les sens », si l’on peut dire. Ces cheminées de remplacement, avaient une longueur  de 12mm (approximativement), ce qui fait que le barillet  pouvait quand même tourner: elles avaient certainement été raccourcies!  Il prétendait cependant qu’il ne savait pas les enlever, ni vérifier leur pas et leur état. C’est le danger d’un achat en ligne qui n’offre aucune garantie (pas de certificat d’armurier)!  Le miracle a voulu que cette arme puisse être restaurée par un travail de professionnel.

Pour la restauration de ce revolver authentique la première question qui se pose, c’est de savoir quel type de cheminées doit être choisi, en tenant compte:

  • du pas de filetage possible . Le .225×32, ça ne court pas les rues… Notre ami Dupré, aussi achalandé soit-il,  n’en vend pas ) et pour tout dire, en France on en trouve pas! (comme quoi, nous sommes mal servis par ces vendeurs en ligne ).
  • de la longueur de  la cheminée, pour la raison indiquée précédemment.

J’ai commencé par m’assurer que les cheminées M6x0,75 présentes sur le revolver lors n’entravaient pas la rotation du barillet,  alors que les M6x0,75 courantes, d’une longueur de 14mm environ, bloquaient la rotation en touchant la carcasse. Il fallait donc rester à une longueur approximative de 12 mm. Quand à la percussion des amorces, à ce stade de la restauration, je ne pouvais pas la vérifier car les cheminées ne s’adaptaient pas correctement.  

Grâce aux tableaux descriptifs des cheminées (nipples) du catalogue de Track of the Wolf (USA),  j’ai pu vérifier que la cheminée d’origine de ce revolver à PN étaient au pas de .225×32. Les cheminées M6x0,75 peuvent avoir des longueurs différentes, selon le modèle (chez Track of the wolf on en trouve avec une longueur en pouce de  .500″  et surtout en .485″, ce qui est proche des 12 mm).  Autres problème, les amorces courantes étaient-elles compatibles avec ces cheminées prévues d’origine ?  En principe oui.

J’avais la possibilité d’acheter un set de 6 cheminées neuves au pas de 225X32 aux USA : The Possible Shop en vend en Ampco, alliage recommandé pour durer !  Dixie Gun Work n’en vend pas du tout! Track of the Wolf (USA) et Stifters Gunflints (DE) en vendent, mais en acier.  

Le tableau qui suit est emprunté à The Possible Shop. Dans la dernière case je trouve des cheminées ampco cotées 225x32x.475 long. Mais les délais de livraison pour des achats aux USA sont longs. 

 

La réparation des filetages et le changement de cheminées, un travail de professionnel

L’autre aspect du problème,  sur mon SAVAGE NAVY, c’est de refaire les filetages du barillet, qui avaien souffert. Les filetages d’origine au pas de .225×32. pouvaient-ils être réparés? Un ami poudreux, expert en mécanique et en restauration, me conseillait une solution extrême :  refaire les filetages avec des pas métriques en utilisant hélicoil (filets rapportés) .

Helicoil, comment ça marche ?  Pour ceux qui comme moi, découvrent cette technologie, je vous invite à regarder la vidéo qui suit et qui explique le procédé.

Un hélicoil est un ressort à haute résistance qui va remplacer l’ancien filetage.  En réalité, il faut détruire l’ancien filetage en élargissant le trou à un diamètre légèrement supérieur avec un foret prévu dans le coffret contenant l’hélicoil qu’on va poser . Ensuite, on va tarauder avec un taraud également prévu,  puis on va introduire le filet rapporté en le vissant avec un outil (tout est dans le coffret) et enfin on va casser une petite partie du filet qui a servi à le visser. Le nouveau filetage est alors prêt. Ce travail n’est pas à la portée d’un amateur, car sa précision doit être garantie pour la restauration du revolver, surtout quand il s’agit d’un original.

Après une recherche sur internet, je constate que le procédé hélicoil pour un filetage .225-32 est difficile à trouver (même aux USA) . L’idée m’était venue qu’il serait préférable de changer le filetage et les cheminées à l’occasion de cette réparation.  L’intérêt des filetages helicoil, c’est de pouvoir modifier le pas pour revenir à un filetage métrique, si possible en M6x0,75 et en respectant la longueur de 12mm des cheminées d’origine.  A 1ère vue, les coffrets de réparation de taraudage heliciol vendus en France proposent des filetages métriques qui couvrent des gammes de pas (M6, M7, M8, etc),  mais les filets sont souvent en M10 et plus.  J’ai trouvé quelques  sets de taraudage helicoil en M6.x75, notamment en Ireland, en Angleterre et en Hongrie.

Dans le tableau qui suit, les cheminées (courtes) aux pas qui nous intéressent, vendue par Track of the Wolf, sont décrites en détail, ce qui permet surtout de comparer leurs dimensions. La cheminée M6x0,75 que je pensais utiliser (en bas dans le tableau) a une longueur de .485″, soit 1,23 mm.  Cette cheminée est donc plus longue de 3/10ème de millimètres que celle d’origine (on pourra facilement la limer pour enlever ce petit supplément). C’est une solution que je soumets donc au réparateur. Reste à trouver un kit helicoil,  si possible en France qui permettrait de passer en M6x0,75.

La question qui reste posée est la suivante : la technologie helicoil  peut-elle fonctionner pour de petits filetages de précision?  En matière de restauration, les collectionneurs disposent d’adresses précieuses. 

Après consultation d’un l’armurier qui m’a été recommandé pour cette restauration d’une arme ancienne (c’est un professionnel très diplômé, et même primé), il me dit qu’un filet rapporté « hélicoil » ne fonctionnera pas. La raison en est que la profondeur du filetage dans le barillet est trop courte,  ce qui ne permettrait pas de faire tenir le filet rapporté. En outre un tel remplacement dévaluerait l’arme.  Cette solution fut donc écartée.

Lors de l’examen du barillet par ce réparateur, il a constaté que les filetages n’étaient pas aussi détériorés que je le pensais.  et selon lui, on doit tenter de conserver le pas des cheminées d’origine, car changer de filetage, impliquerait d’élargir les trous où se logent les cheminées dans les barillets, ce qui serait irréversible et dommageable pour l’authenticité de l’arme. Argument qui m’a convaincu. L’armurier proposait de repasser un taraud .225×32 pour éliminer certaines déformations.

Ayant maintenant été conseillé par un professionnel, je suis parti à la recherche des cheminées ampco au pas de .225×32…  Je pouvais m’adresser à Track of the Wolf mais les prix sont très élevés, tant pour l’achat que pour l’expédition. Autre possibilité L’armurerie Dupré en France nous propose des cheminées .225×32 au béryllium, référence 50-17 (longueur non indiquée) au prix de 9 € la cheminée, soit 54€ plus l’expédition, disons 64€ .  Il suffisaitt alors de lui donner la longueur désirée (12mm).

Le choix de Stifters-gunflints.de  en Allemagne

Cette armurerie vend des cheminées .225×32 en acier inox renforcé. Bonne surprise, la description est aussi détaillée que chez Track of the Wolf. Je vous donne les références du produit.  Pour ceux qui ne comprennent pas l’allemand, utilisez Reverso…

Je lis : « von der Standzeit und Qualitât ist dieser Piston (cheminée)  gleichwertig mit den teuren berylliumsPistons  und hat in den vergangenen Jahren zunehmen an beliebtheit gewonnen  (made in Deutschland) ».  Traduction : « acier renforcé inox…. ça vaut du béryllium qui coute la peau des fesses et en Allemagne cet acier gagne de + en + en popularité »!

Bingo, j’achète! Et pour le reste,  les dimensions sont pile-poil les bonnes! N’ayant pas réussi à utiliser leur adresse mail (« at » signifie @) je leur ai écrit et voici leur réponse:

« Commande de France : vous pouvez commander sans LOGIN dans la boutique en ligne. Les frais de port vers la France ne peuvent être affichés dans la boutique en ligne et s’élèvent à 13,00 € pour le premier kg. Pour chaque kilo de plus, les frais de port augmentent d’un euro chacun. Avec une valeur de marchandises de plus de 130,00 Euro, nous prenons en charge les frais d’expédition une part de 6,00 Euro.Les envois de faible poids et de valeur jusqu’à 30,00 euros peuvent également être livrés en lettre recommandée avec des frais d’expédition de 9,00 euros.

Par: (1) Bestellung,  COMMANDE / Bon de commande

« Remplissez le bon de commande avec votre adresse et votre numéro de téléphone.(DHL n’accepte pas les colis internationaux sans le numéro de téléphone du destinataire). Cliquez sur le champ « Deutschland »  Dans le champ (2), écrivez « France ».  Lisez et cliquez sur les boutons “AGB” “Widerrufsbelehrung” Termes et Conditions (conditions de livraison et de paiement). (3) Cliquez sur « kostenpflichtig bestellen » commander maintenant.

« Si tous les champs ont été remplis correctement, vous recevrez une confirmation de commande automatique avec la liste des marchandises commandées après l’avoir envoyée du serveur. Nous vous enverrons une facture proforma avec les frais d’expédition actuels. Après le transfert sur notre compte bancaire, nous envoyons la commande via DHL. En passant votre commande à DHL, vous recevrez un lien de DHL pour le paquet de traçage.

  • Adresse courrier:  Stifters Gunflints, Rita Stifter, Hauptstraße 55, D-56753 TRIMBS.
  • L’adresse mail ?   guenter@stifters-gunflints.de
  • Quant aux heures d’appel (par téléphone), c’est strictement  possible en fin de journée, du lundi au jeudi!/ Kundentelefon  0049 2654-964555, nur Montag bis Donnerstag 18.00 bis 20:00 Uhr.

Sympa non ? S’il y a un problème pour l’enregistrement de la commande,  envoyez leur un mail (en anglais) à l’adresse indiquée plus haut et faites une pièce jointe de votre commande avec la fonction copie-image  de votre ordi… J’ai reçu mes 6 cheminées livrées par DHL qui ont été vissées avec précaution, mais sans difficulté.

2ème exemple : à la recherche d’une cheminée 1/4×28 XL pour un pistolet LEPAGE Target de chez PEDERSOLI

Même galère ! Dans un 1er temps, je cherchais une cheminée au pas de M6 x1 (soit disant adaptée au Lepage Pedersoli et au R&S FEINWERBAU me fiant à une indication erronée sur le site de FRANKONIA-Alsace). Selon les recherches que j’avais menées, le pas M6X1 est un pas assez rare qui correspond aux revolvers Roger & Spencer principalement, mais qui n’est quasiment pas vendu en France. J’ai donc entrepris de trouver cette cheminée, sur la base d’une info peu fiable

C’est encore STIFTERS-GUNFLINT.DE qui propose la vente des cheminées M6x1 en « acier renforcé », au prix de 5 euros la cheminée. Pour ceux qui voudraient en commander, je rappelle que l’enregistrement de la commande sur le site de STIFTERS-GUNFLINT ne prévoit pas l’expédition à l’étranger et fixe le montant de l’expédition à environ 7 euros par kilo (avec DHL) pour l’Allemagne. Mais ce vendeur peut assurer l’expédition en France. Il faut alors lui adresser un mail en anglais (ou en allemand) pour lui demander une facture qui tienne compte de l’expédition en France  (environ 13 euros pas kg, avec DHL): voir ce que j’ai écrit précédemment concernant l’achat de cheminées .225×32 chez ce vendeur (adresse mail, téléphone, etc). J’ai donc passé commande  :

Mais en poursuivant mes recherches,  je me suis aperçu que la cheminée M6x1 ne convenait pas au pistolet Lepage PEDERSOLI, car  le site de l’armurerie Lavaux, indiquait que la cheminée prévue devait être au pas de 1/4×28, sans plus de précision! Quand on achète une arme neuve, il est indispensable de  faire indiquer les références précises de la cheminée sur la facture, sinon c’est la « quête du Graal »! J’étais donc obligé de faire un nouvel achat de cheminée pour le Lepage Pedersoli.

Tout cela illustre encore une fois la difficulté à disposer d’une maintenance (je ne parle pas de remplacer un ressort, etc) pour des armes qui sont vendues par n’importe quel vendeur. La plupart des armuriers en ligne vendent des pistolets de compétition et ensuite vogue la galère, le service après vente est inexistant!  A la date du 20 oct. 2018, voici les armureries les plus connues qui vendent ce pistolet: Lavaux, Frankonia, Westernguns,  Dupré, Municentre, Pascal, Gilles…

La fiche descriptive du pistolet Lepage vendu par l’armurerie Lavaux est succincte, mais le vendeur juxtapose à l’image du pistolet une cheminée « 1/4X28 » au béryllium, de telle sorte qu’on peut penser qu’elle lui correspond. C’est en effet le cas!  Voici la cheminée que propose Lavaux: elle vaut environ 14€ sans les frais d’expédition.

 

 

 

 

 

 

 

Chez Frankonia (en Alsace),  il faut suivre un jeu de piste sur leur site pour parvenir dans une fenêtre où la cheminée est listée, car le modèle de cheminée indiqué sous la description du pistolet n’est pas le bon. Dans la liste presque toutes les cheminées indiquées sont en rupture de stock. Ils n’ont quasiment pas de cheminées à vendre, ils n’ont plus que des armes à exposer dans le salon!

J’appelle Frankonia en Alsace. On me dit que pour le pistolet Lepage Target PEDERSOLI, la cheminée est bien au pas 1/4X28 XL (longue) tel que c’est indiqué dans leur liste et non M6x1, tel que c’est indiqué sur la page du Lepage target  A défaut de la cheminée introuvable, j’avais enfin la référence, confirmée par Lavaux.

Pour confirmer cette info, je m’adresse à Perdersoli (Italie) : je leur demande « quel modèle de cheminée est prévu pour le révolver Lepage Target DP . S’agit-il d’un pas de 1/4x28XL?  » Pedersoli me répond par mail: « Le pistolet Le Page Target utilise une cheminée avec pas populaire (c-à-d standard?)  1/4″-28UNF, notre code produit USA 470P, que vous pouvez trouver chez notre distributeur en France, la Maison: EUROP ARM: ZI Avenue Rhin & Danube – BP 10025 – 72200 – LA FLECHE »

  • Phone:  0033 02 43 48 50 00
  • fax:  00 33 02 43 48 50 13
  • Email:  frederic@europarm.fr
  • Web:  www.europarm.fr
  • Fin de la recherche de références pour cette cheminée! Il suffit donc de s’adresser à Europ Arm.

Mais, ce qu’il faut savoir, c’est qu’EUROPARM est un grossiste, ce qui veut dire que pour acheter la cheminée en question, il vous faut faire la commande chez votre armurier détaillant habituel…  En passant je vous indique que la référence 1/4×28 XL, c’est pour les slips, car XL, n’existe apparemment pas en matière de cheminées! C’est UNF!

Pour info, le cas de Westernguns. Sur son site, le vendeur énumère en détail toutes les informations concernant l’arme – mais RIEN concernant les cheminées !! il lui reste à compléter son tableau, la place étant prévue!

Je m’étais également adressé à l’armurerie Dupré (27300 Bernay) pour faire l’achat de deux cheminées 250×28″, selon la formulation du pas proposé par M. Dupré ( réf. 552501, rubrique « accessoires », page 3) qui indique « pour armes Pedersoli. En principe le pas doit s’écrire .250″x28 UNF ou 1/4×28UNF, mais Dupré et beaucoup d’autres négligent l’affichage de ce « détail et d’autres, tels que la longueur de la cheminée et celle du filetage », tout en affirmant haut et fort leur professionnalisme. Hélas, le détail en question est essentiel, car sur son site, des cheminées au pas 250×28 (selon ses indications),  il y en a 4 modèles !   J’ai donc appelé M. Dupré au téléphone, mais impossible d’obtenir plus de précision : Il m’a indiqué la référence 552501 concernant les armes Pedersoli. J’ai donc fait  confiance à son « professionnalisme ».  Le prix de la cheminée en acier inox revient à 7 €, soit 17€  expédition comprise pour 2 cheminées. Pour ceux qui s’y intéressent, mon article 21 est consacré au pistolet Lepage, fabrication Pedersoli (DP) et Bondini .

Conclusion: pour un pistolet aussi connu et aussi prisé par les tireurs que le Lepage, il n’y a que Dupré et Lavaux qui proposent une cheminée adaptée !  Constatant qu’en France, c’est la galère, je suis également allé voir si cette cheminée est vendue en Allemagne. J’ai pris contact avec deux armureries.

STIFTERS-GUNFLINT propose deux modèles de cheminées au pas de « 250×28 ».  Apparemment les deux modèles sont différents l’un parait plus long que l’autre, l’un avec une référence US et l’autre  T/C. C’est bizarre! Aucune indication ne permet de faire le choix.

En cherchant la trace de Vorderlader Shop en Allemagne, un lien me dirige sur Frankonia (Allemagne) qui propose 3 cheminées 1/4×28 Pedersoli pour le prix de celle que me vend Lavaux! (Pistons für diverse italienische Standardmodelle ¼“-28 UNF Inhalt 3 Stück.)  Hélas, « Frankonia.de » n’expédie pas en France : il vend partout en Europe et jusqu’au Bengladesh, mais pas en France. Il est vrai que nous avons une succursale en Alsace qui est fournie!!

Je reprends ma recherche du site Vorderladershop et « Oh surprise », je retrouve la boutique qui semblait avoir disparu après avoir été absorbée par ARTAX ou Frankonia? La cheminée est référencée 1/4×28 17T … avec un superbe schéma selon leur habitude. Mais la référence T n’est pas règlementaire.

Il est tard… je laisse cette commande en attente et je vais me coucher, la nuit porte conseil et en Allemagne tous les espoirs sont permis! Dès le matin, je reprends ma recherche: « piston 1/4×28 XL für Pistole Lepage PEDERSOLI » et ça matche: de nombreux sites me proposent des cheminées1/4×28, mais pas toujours indiquée XL. C’est le site WAFFEN PFLEGE.DE qui me donne immédiatement cette référence … mais c’est encore du béryllium.

Je commande.  Passons au paiement et à la livraison. J’ai le choix entre un paiement par le biais d’Amazon, ou par CB, par virement bancaire ou encore par Paypal! J’opte pour ce dernier qui est sécurisé. Le paiement se fait les doigts dans le nez, et je reçois immédiatement confirmation de la commande et du paiement par mail. Livraison prévue par DHL, mais c’est la poste qui délivre l’enveloppe. Les 3 cheminées au béryllium me coutent 40,90 €, soit en gros 13 euros par cheminée, livraison comprise. C’est abordable pour du béryllium. Je pense que je vais bientôt pouvoir enfumer le stand avec mon Lepage. II reste un problème : ces cheminées ont un téton long qui demande une clef spéciale (sinon il faut approfondir le trou avec un foret à métaux). Commandées le 27, les cheminées arrivent le 30, c’est rapide: malheureusement, elles ne conviennent pas à mon Lepage target: trop larges.  Comme entre temps j’avais  reçu la réponse de Pedersoli (Italie), je n’étais pas surpris le modèle vendu par Waffen Pflegewelt.de ne soit pas adapté au Lepage puisque c’est le pas 1/4X28 UNF qui lui convient selon Pedersoli.

Alors un conseil, si vous en avez marre des armuriers à la « mords moi le nœud » qu’on trouve en France, achetez en Allemagne ou aux USA (en prenant votre temps et sans dépasser 100€ pour éviter les frais de douane)… Quant aux introuvables, allez sur Track of the Wolf (USA), ce sont les rois de l’approvisionnement, vous y trouverez votre bonheur. Et quand j’aurai trouvé la cheminée qui convient à mon pistolet Lepage Target, je vous en informerai. En attendant je prends des tranquilisants…

Pub! Je trouve sur internet un petit billet d’un de nos amis poudreux qui lui aussi s’attaque aux « galères »: sa solution pour éviter de bloquer les cheminées par encrassement, c’est le téflon. Pourquoi pas? Pour ma part, avec un peu d’huile, mes cheminées se dévissent sans problème.

Nouveauté: H&C met en vente des cartouches caoutchouc qui s’adaptent aux révolvers à PN

C’est du bon matériel. La précision de ces cartouches est excellente, ça percute superbement et le bruit est celui d’une 22LR. Une solution très intéressante pour le tir à domicile, sans avoir à se déplacer dans un stand pour tirer, ce qui n’est pas toujours facile.  Des précautions sont à prendre quand même en termes de sécurité, car comme dit un copain:  « je n’aimerais pas en prendre une dans les fesses »…   Les balles caoutchouc dans la figure, c’est extrêmement dangereux (les événements récents lors des manifestations de gilets jaunes en ont fait la démonstration) .