12 – Comparaison entre les Colts à PN et les revolvers à carcasse fermée: remington 58, Rogers & Spencer et ROA


??????????De longue date je me suis promis de faire un état comparatif entre ces deux catégories de revolvers à PN: un sujet qui revient régulièrement, mais qui n’est pas traité avec les critères pertinents! Je ne tiendrai cependant pas compte du critère de précision qui dépend de trop nombreux facteurs. J’ai incorporé quelques photos de revolvers pour qu’on puisse comparer  les organes de visée et les crosses. Je lance  la polémique.

Je rappelle que cet article suppose une lecture de mes premiers articles  notamment celui sur le fonctionnement des Colts ou une connaissance des revolvers à PN.

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1/  L’avantage est aux revolvers à carcasse fermée pour la  stabilité du Canon et du barillet

Pedersoli-R&SPartons d’une opinion communément admise qui généralement ferme le débat: la carcasse fermée d’un revolver à PN présente une bonne stabilité au cours du tir et avec le temps, elle ne prend pas de jeu. J’ajoute qu’il n’est pas possible de forcer les pièces d’une carcasse fermée,  l’assemblage n’étant pas mobile. Par contre  un Colt est un assemblage qui prend du jeu. Une opinion assez répandue incite à forcer  la clavette pour la  bloquer « à fond ».   Un colt Pietta neuf sortant d’usine est vendu avec une clavette totalement bloquée! Je connais un vendeur d’armes  à PN qui a le coup de maillet « brutal » et qui affirme avec sérénité qu’une clavette neuve se doit d’être matée!  

Parce  que ce type de Revolver est considéré comme plus traditionnel, plus expérimental, un peu dans la tradition des  Walker 1847, on charge davantage en PN pour augmenter les « sensations ». Ce n’est bien sûr pas le cas de tous les tireurs. Les charges excessives dans les Colts créent des chocs mécaniques importants et répétés sur l’axe et la clavette notamment. Les aciers de ces armes étant assez tendres, les pièces prennent du jeu. Le point de fragilité, c’est donc la clavette et le passage dans l’axe du barillet qui s’élargit, ce qui crée également un entrefer important. 

Un vieux Colt qui a été maltraité présente souvent du jeu même entre l’axe et le « bloc canon » (la console du canon), ce qui fait que la clavette, même serrée à fond,  ne suffit plus à garantir la cohésion. Un canon qui bouge enlève à l’arme sa précision. Je recommande d’ailleurs d’éviter l’achat de colts d’occasion sur internet, c’est à dire quand on ne les a pas testé en mains avant l’achat, car bon nombre d’entre eux ont des axes fatigués.

Sur un colt, il faut retailler la clavette pour lui donner une forme trapézoïdale. Une bonne clavette doit dépasser de 2mm  au moins pour qu’il soit possible de la sortir facilement. Retailler une clavette pour la rendre plus trapézoïdale est nécessaire chaque fois que le clavette ne traverse pas. Poussée à fond, simplement avec la paume de la main, elle ne bougera pas. Il faut s’assurer qu’elle passe par les trois fenêtres et limer tout ce qui bloque, en particulier la languette, mais en obtenant la largeur exacte aux points d’appui: c’est un travail  délicat. Pourquoi ne pas supprimer cette languette-ressort  qui ne fait que compliquer l’extraction? Il suffira alors de faire entrer  la clavette un peu plus profondément pour qu’elle compense le jeu, alors qu’une clavette presque rectangulaire ne joue plus aucun rôle en cas d’usure de la fenêtre dans l’axe . Forcer est alors inutile.  

rem 1858 Uberti inox

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J’admets donc que la carcasse fermée d’un Remington 58, d’un R&S ou d’un ROA maintient le canon de façon plus rigide que le système Colt et que sur un revolver à carcasse fermée, il n’y a pas de pièce particulièrement exposée au choc. Par contre, ces revolvers présentent une fragilité de l’axe, surtout le R&S. L’axe de ces revolvers à carcasse fermée est réduit à une tige (« the pin » en anglais)! Il est d’ailleurs intéressant de constater que le concepteur du Starr à supprimé cet axe, en donnant au  barillet une double fonction; celle de faire office d’axe de rotation des chambres et celle de contenant du chargement. Une idée très novatrice!

Le principe des Colt où le canon est maintenu par l’axe du barillet, la clavette, ainsi que par les 2 ergots est certainement moins fiable, bien que ce système soit assez bon, si on respecte l’arme.

Ceci étant,  l’argument ne suffit pas  à emporter mon adhésion pour un revolver à PN à carcasse fermée. Car je trouve que la carcasse fermée entraine des  risques de blocage de balles et de blocage des barillets : ces revolvers doivent être chargés et sertis avec soin pour éviter des balles flottantes dans les chambres. Je me suis rendu compte de cet inconvénient, en procédant à essais de  cartouches papier  dont les imbrûlés formaient des bouchons à l’entrée de canon, ce  qui bloquait la rotation du barillet! Il  fallait alors interrompre le tir et extraire ces morceaux de papier pour pouvoir débloquer le barillet et le déposer. C’était toujours laborieux, alors qu’un Colt ne présentait pas cet inconvénient.

Il est donc clair que les carcasses fermées sont des systèmes prioritairement destinés aux revolvers à  cartouches métalliques (pas de balles flottantes, pas de résidus cartonnés, et des cartouches dont la longueur est parfaitement adaptée) et aux revolvers à PN dont les balles sont parfaitement calibrées et les chargements parfaitement réguliers. Ceci tord le cou à l’idée que les colts sont vétustes. Les Colts à PN  sont des revolvers destinés à un usage ordinaire, avec une bonne tolérance aux imperfections de chargement. Ce sont des armes rustiques, d’un entretien simple et d’un fonctionnement souple.

 Je rappelle que j’ai procédé à ces essais de chargement rapide (ma vidéo ayant été censurée sur le net,  je prévois de la publier à nouveau) et si le Remington est plus rapide que le Colt, il ne prend guère que quelques secondes de plus , si toutefois le Colt est préparé comme je le prépare, avec une clavette qui n’est en aucun cas bloquée .

2/ L’avantage est aux revolvers à carcasse fermée pour les organes de visée

Sur les revolvers à carcasse fermée, quasiment soudée au canon,  on dispose  d’une hausse et d’un  guidon qui sont l’une et l’autre liés à ce bloc rigide, alors que sur un Colt ces deux organes sont placés sur un assemblage qui peut devenir instable, qui peut prendre du jeu et avoir une incidence sur leur alignement .

D’autre part, sur une carcasse fermée, ces éléments sont réglables l’un comme l’autre, c’est pourquoi, le Remington, comme le R&S ou le ROA peuvent être équipés de hausses réglables, et du coup de guidons très performants qui n’ont plus rien à voir avec les modestes guidons d’origine et encore moins avec les crans de mire d’origine, entaillés dans la carcasse:  la hausse  permet un double réglage latéral et en hauteur, ce qui est un argument très attractif  pour ceux qui ne visent pas la compétition (ce sont les modèles dits « target »!)

 En simple Action, il faut attendre que le chien soit armé pour prendre la visée. Sur un revolver à carcasse fermée, le chien n’intervient pas dans la visée et la hausse fixée sur la carcasse doit se trouver au dessus du chien quand il est armé. Mais sur un Colt, c’est le chien qui sert de hausse et qui doit se trouver au dessus du niveau du Canon et du barillet.  Or le chien est un organe mobile qui n’est jamais parfaitement positionné au centre de la tranchée qui traverse la partie arrière de la carcasse. Sa stabilité et sa position dépendent souvent de la tension du grand ressort de chien qui agit sur lui. Avec le temps, le chien peut prendre du jeu et donner un point de mire aléatoire. C’est un des aspects le plus critiquable du système Colt. Avec un chien qui bouge, la visée est de moins évidemment de nettement moins bonne qualité.

Sur les colts, il n’y a donc pas de hausse réglable: tout réglage de la visée doit se faire avec le guidon que l’on peut cependant déplacer latéralement (si le guidon est monté sur queue d’aronde)  et que l’on règle en hauteur en le limant (s’il est assez  haut) … ou encore en le changeant, s’il est  démontable (monté sur queue d’aronde).

Ce  n’est pas facile de modifier le guidon d’un Colt, surtout sur un Colt 1851 avantageusement doté d’un guidon modèle  « grain d’orge », une perle, spécialité Pietta… qui n’est ni réhaussable,  ni réductible en hauteur, ni  remplaçable par un guidon monté sur queue d’aronde (qui serait bien trop haut).  Avec un grain d’orge, si le revolver tire trop haut, on peut quand même le remplacer par un guidon plus haut, c’est toujours possible. Mais si le revoler tire trop bas, il n’y a pas de solution.  La seule solution, très difficile à réaliser,  c’est de rallonger le chien, tout en  lui conservant sa courbure, et de retailler un cran de mire (il faut trouver un armurier qui accepte de le faire) ! Donc pour la visée, les colts 1851 (Pietta) sont des armes peu adaptées au tir de précision. C’est un inconvénient « majeur ». Le tireur, (peut-être par masochisme), est alors obligé de procéder à une contre visée qui enlève au tir tout son attrait.

Par contre…  les Colts 1860 EUROARMS, ASM, et CENTAURE et les Walkers, ont (en principe) des guidons arrondis, très hauts que l’on peut toujours adapter (ou  remplacer par des guidons montés sur queue d’aronde). Seuls les  UBERTIS ont des guidons bas et triangulaires horriblementvlaids, qui ne sont sans doute pas conformes aux modèles d’origine. Je ne parle pas du 1860  PIETTA qui,  quant à lui,  a un guidon pitoyablement bas, ce qui suppose que les cotes de l’arme aient été modifiées! C’est l’équivalent du grain d’orge, mais version « asticot ». Tirer avec ça, c’est la galère :  je viens d’en acheter un,  histoire de vérifier s’il tire aussi bien qu’on le dit actuellement, mais avec ce guidon à l’économie, je suis septique et contrarié: je croise les doigts pour que mon nouvel achat qu’il tire trop haut. Je pourrais alors le réhausser  avec un de mes jolis  guidons monté sur queue d’aronde, avec une fibre optique  rouge, visible dans le noir de la cible: cela ira très bien  avec l’acier poli et la crosse en résine blanche supposée imiter l’ivoire, est qui est aussi lisse qu’une fesse de bébé . Il va falloir que je remplace la crosse par quelque chose de moins lisse et moins charnel: la travailler au fer à souder !

3/ L’avantage est aux Colts à carcasse ouverte concernant l’extraction du Canon et du barillet

Vcentaure ukgzhzous allez dire que l’extraction d’un canon du Remington ou de tout autre Revolver à carcasse fermée est évidemment exclue! Je veux dire en fait que l’extraction du canon est  très utile, pour ne pas dire essentielle,  concernant les revolvers à PN:

  • pour nettoyer le canon après le tir. En effet, ce sont des armes qu’il faut nettoyer et pouvoir enlever le canon est recommandé, alors que pour un Remington, le nettoyage se fait avec tout le Revolver, d’un  seul bloc, puisque seul le barillet peut être déposé facilement,  ce qui est nettement moins pratique. Pour placer le Revolver dans un bac à Ultra son (si la crosse est en résine), il est préférable qu’il soit un peu démontable. En contre partie, un remington demande beaucoup moins de nettoyage, parce que la poudre brûlée,  grasse et encrassante, se disperse nettement moins derrière  la carcasse et dans la platine.
  • un argument très important:  le désassemblage du Canon et de la carcasse est presque nécessaire pour débloquer un barillet quand une balle s’est bloquée entre une chambre et le canon. Ce type d’incident survient  au cours du tir, quand la balle est légèrement  sous calibrée : elle sort au cours des tirs et dépasse de la chambre. Dans ce cas, on enlève le Canon, on dépose le barillet  et on remet la balle en place. C’est une opération facile, rapide et sans réel danger. si elle dépasse de trop, on coupe l’excédent de plomb et on tire la balle simplement pour vider le barillet.

Par contre, les Remington et les R&S se bloquent totalement si au cours de la rotation du barillet une balle « dépasse » d’une chambre,  et empêche le barillet de tourner ou le bloque, ce qui arrive  quand on n’a pas laissé suffisamment d’espace entre la balle et la sortie de la chambre,  lors du chargement et que celle-ci commence à sortir ou affleure. Il faut donc laisser 2mm environ d’espace libre au-dessus de la balle une fois celle-ci sertie pour éviter un blocage et pour pouvoir mettre la graisse. Ce léger retrait de la balle est une précaution à prendre pour éviter tout risque de blocage en cours de tir. d’autre part, si la graisse affleure vraiment, elle est soufflée dans toutes les chambres au moment du tir? Un peu de profondeur permet de maintenir la graisse.

En cas de blocage d’un barillet de revolver à carcasse fermée, il faut faire très attention ! La manipulation de l’arme chargée, surtout au Cours de cette opération  est dangereuse  et doit se faire hors du stand de tir. L’idéal, c’est de parvenir à enlever l’amorce , mais il se trouve que quand la balle bloque la rotation du barillet, la cheminée n’est déjà plus accessible!  Il faut alors bloquer le chien pour éviter qu’il ne percute l’amorce.  Sachant qu’on ne peut pas faire tourner le barillet à l’envers  sans endommager son mécanisme, on va alors attaquer la balle avec un instrument tranchant jusqu’à ce qu’elle ‘passe » et qu’on puisse la « tirer »,! Elle sera alors  déformée.  Mais l’essentiel est de pouvoir libérer le barillet, car sur une arme à carcasse fermée, un barfillet  bloqué ne peut pas être extrait! Les « fans des revolvers à carcasse fermée omettent d’aborder cet inconvénient majeur! Il m’est arrivé, faute d’avoir un couteau à portée de main, de quitter le stand en catimini avec  l’arme chargée dans la malette et d’extraire la balle au retour à mon domicile! Je n’aime pas beaucoup ce genre d’incident, car il y a du monde sur un stabd de tir et certaines manipulations sont totalement impossibles.

Par ailleurs, il arrive que le démontage et le remontage d’un barillet sur un Revolver à carcasse fermée soit parfois  laborieux,  notamment sur un R&S, et même sur un Remington 1858 réputé offrir un démontage facile, presque instantané: il arrive que l’axe se bloque au moment du remontage, parce que la vis de blocage mal positionnée,  empêche de réintroduire l’axe. il y a également les frottements (surtout quand il s’agit d’inox qui exige de l’huile), ainsi que le mauvais alignement des pièces, sauf quand il s’agit de modèles très précis comme les FEIN, où les  axes sont parfaitement alignés et emboités: de l’horlogerie! C’est également dû à la difficulté de placer le doigt élévateur ainsi que le verrou au moment où on remet le barillet en place : il faut faire en sorte que l’un et l’autre ne gênent pas l’entrée du barillet dans la carcasse. Or ça rentre pile-poil, et si l’un ou l’autre accrochent, ils bloquent la remise en place du barillet. Le ROA me paraît cependant facile à remonter si on connaît le « truc » que j’ai découvert par hasard.

 Ce type d’incident n’existe pas avec un Colt qui en toute circonstance permet de remettre en place le barillet. Un atout en faveur des Colts, sauf si on achète l’arme pour faire du Point (en allemand, on dit qu’un tel tireur est un « Erbsenzahler » (traduction compteur de petits pois) !

4/ L’inconvénient des Amorces « baladeuses » dans le mécanisme des Colts et le remède.

Pietta_Colt_Army_1860_CASIG44

Sur un colt, les amorces éclatées ont tendance à passer à l’arrière de la carcasse,  restant collées au chien. Elles passent par la « tranchée » dans laquelle le chien se positionne au repos et qui se trouve placée assez bas, pour  servir  de « Toboggan » aux amorces  voyageuses.  Une fois de l’autre côté, les elles tombent dans le mécanisme  (la platine) et vont bloquer le verrou ou la détente. On ne s’en aperçoit pas obligatoirement, mais lors d’un nettoyage intégral, il n’est pas rare de retrouver une ou deux amorces  dans la carcasse. Souvent, elles se signalent par un dysfonctionnement;  c’est l’inconvénient des Colts!  A mes yeux ce problème était extrêment gênant lors du tir.

Par contre, sur un Remington 58 ou sur un R&S,  jamais une amorce ne passe par le canal du chien, car la carcasse est infranchissable. Ce qui évite toute chute d’amorce dans la platine. Là l’avantage est du côté des Revolvers à carcasse fermée.

Le remède est simple : « décalotez » votre barillet (faites passer le cul du barillet à la fraiseuse, de telle sorte que les alvéoles soient totalement ouvertes, dégageant ainsi les cheminées qui seront d’une part facilement garnies d’amorces, même avec de gros doigts, et d’autre part, les amorces auront un espace dégagé qui leur permettra de tomber,  au lieu de rester coincées (voir mon article ….) et de bloquer le barillet . C’est ce que j’ai constaté, car depuis que mes Revolvers  ont été modifiés de cette façon, les amorces ne passent plus à l’arrière des carcasses sur mes Colts, C’est un constat qui n’était pas prévu et qui, est un avantage certain, permettant aux Colts  de rester des armes attractive.

5/ Les Colts offrent une meilleure prise en main.

La poignée d’un Colt est nettement plus longue que celle d’un Remington et tient bien  mieux dans la main : les Remington ont des poignées nettement trop courtes et peu confortables. Par contre le R&S est un revolver dont la poignée est peut-être trop large à la base, bien que sa longueur soit parfaite: la paume de la main est en appui sur la crosse et non en dehors. En matière de poignée, C’est sans doute le R&S qui offre la poignée la plus confortable. On se demande pourquoi les Remington 1858, ont été réalisés avec des crosses aussi courtes que des mains de soldats ne pouvaient pas tenir correctement?  C’est fait pour des enfants! Une mauvaise prise en main n’est pas un gage de précision. Le ROA est en fait un Remington 1858 modifié, qui présente un peu les mêmes proportions que le 1858 concernant la poignée, mais avec un peu plus d’aisance: la prise en main est meilleure. 

6/ Le cas du STARR: une visée qui n’est pas fonctionnelle !

La double action interdit d’utiliser la visée parce que celle-ci oblige l’arrêt du chien en position « armé ». Du coup la double action doit se faire de façon décomposée et  STARR DA n’a pas été adapté à cette utilisation: on peut le faire, mais ça ne fonctionne pas bien.  Le remède, c’est l’utilisation du STARR en simple action. Le STARR double action est pour moi un prototype inachevé en  raison de la double détente.

Ce revolver dispose d’un système mixte:  il ne dispose ni d’une carcasse fermée, ni d’une carcasse ouverte : sa carcasse est  basculante et de ce fait on retrouve le système de visée des Colts, avec le chien qui vient se placer plus haut que la carcasse et que le canon, L’inconvénient est alors encore plus accentué quand il s’agit du STARR à double action. La visée sur le chien ne permet pas de se servir de la double action, c’est une erreur de conception totale. Par contre, le STARR dispose de barillets sans alvéoles, ce qui est une audace du concepteur à laquelle je souscris, car elle évite l’enrayement de l’arme au cours du tir par des amorces éclatées.

7/ La qualité des canons sur les armes: 

C’est une variable déterminante pour la compétition. Les canons haut de gamme (match,  si c’est le cas),  les canons à pas progressifs, ou à pas rapides  jouent en faveur de la compétition. Ce n’est donc plus une question de fonctionnement.

8/ Le changement des barillets sur les revolvers à carcasse fermée:  c’est loin de fonctionner idéalement

J’ai déjà tordu  le cou à une idée reçue qui pénalise les Colts : j’affirme que contrairement à cette opinion, les Colts sont prévus pour un changement de barillet. Il suffit pour cela de ne pas forcer la clavette et de l’extraire d’un coup de la paume de la main, pour  dégager le barillet « les doigts dans le nez »!

Le Remington 1858 est réputé présenter un système d’extraction de l’axe (et du barillet) bien plus aisé et plus rapide que celui du R&S.  En principe, ceci est vrai,  mais si on fait un examen attentif de plusieurs modèles de Rem. 1858, de marques différentes, on constate que certains présentent une réelle résistance lors de l’extraction de l’axe, bien que le système soit en principe fonctionnel. Quelle en est la cause ???

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C’est tout simplement un mauvais alignement des différentes pièces, défaut dû à une fabrication un peu rustique. Par contre, j’ai un 1858 Uberti Inox dont l’axe coulisse bien, sous réserve de chanfreiner son extrémité. J’ai encore un HEGE dont l’ajustement des pièces est parfait, ce qui fait que l’axe coulisse sans résistance aucune. On est donc loin de cette image idéale du 1858 qui permet de faire « tomber le barillet les doigts dans le nez »! Pour certains Remingtons, il faut même que j’utilise un maillet et une calle en bois pour sortir l’axe, ce qui est loin  d’être compatible avec le tir rapide ! Je n’ai pas suffisamment de modèles Pietta récents pour vérifier la qualité de leur ajustement,  mais je me fonde sur  l’observation de plusieurs modèles d’anciens Remingtons qui présentent ce défaut, ce qui me fait dire qu’il faut avoir un 1858 de bonne facture pour qu’il fonctionne en tir rapide. 

Il en est de même des Rogers & Spencer, car on constate là encore que la qualité de l’ajustement de l’axe n’est pas à comparer entre un R&S Feinwerkbau et un R&S Western’s arms, par exemple, le 1er étant parfaitement aligné, tandis que le second  présente une résistance due au défaut d’alignement des pièces.  Il s’agit bien entendu de différences qui varient selon l’arme,  mais qui sont en rapport avec le procédé de fabrication et la marque.

Il est à constater que quand le Remington 1858 est mal ajusté, il est parfois nécessaire de recourir au maillet pour sortir l’axe, en frappant sur la « bosse » qui lie l’axe et le refouloir. Par contre le R&S présente un avantage considérable : on peut utiliser le levier et le refouloir pour tirer l’axe en arrière, comme on le fait sur un Colt pour extraire le canon. Le système ingénieux du 1858 permet donc de sortir un barillet sans retirer complètement l’axe (qui ne tombe pas puisqu’il est retenu par une butée), mais en cas de frottement important, cet axe n’étant pas lié au  levier du refouloir, on ne dispose que de la force exercée par la main pour l’aider à sortir du barillet, ce qui est insuffisant.  C’est donc un défaut majeur de la conception. Dans ma collection,  j’ai plusieurs copies de 1858 qui présentent une résistance lors de l’extraction de l’axe, ce qui exige un ponçage, une lubrification et un « chanfreinage » des différentes pièces. Mais parfois, il faut tâtonner jusqu’à ce que l’axe trouve le passage. Le 1858 offre donc une amélioration qui ne fonctionne que si l’ajustement est optimal, tandis que l’axe du R&S serait facile à déposer….  si toutefois une goupille ne compliquait pas les choses!

9/ Les modifications possibles pour améliorer le fonctionnement du R&S et du ROA.

pour ce qui concerne le R&S il est possible de procéder à certaines modifications  – tout en restant dans le cadre de la poudre noire.

La première consiste à supprimer les alvéoles pour éviter le défaut essentiel des revolvers à PN : à savoir le blocage de la rotation du barillet par des amorces éclatées qui ne tombent pas et qui se coincent à l’arrière du barillet.   Cette modification est absolument indispensable sur les Colts  et sur le Remington 1858;  je la crois recommandée sur le ROA dont les alvéoles restent étroites.  Elle n’est pas nécessaire sur  le R&S dont les alvéoles sont très ouvertes. Aucun changement n’est à faire sur le STARR, puisqu’il n’existe pas d’alvéoles, donc pas d’enrayement!

Le problème de la goupille sur le R&S et le ROA.

La seconde modification ne concerne pas le Rem. 1858, dont la conception est bonne – si toutefois l’alignement est correct !  Cette seconde modification concerne le R&S et le ROA, qui l’un comme l’autre,  présentent l’inconvénient d’un système de blocage de l’axe par une goupille cylindrique à double tête qui entrave l’extraction de l’axe.

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En fait,  bloquer l’axe par une goupille est une mauvaise solution.  Cette goupille impose l’usage du tournevis pour être orientée, ce qui permet alors de sortir l’axe. Si on y réfléchit, c’est une perte de temps, c’est totalement inadapté au changement de barillet en cours de tir. En outre, cette goupille dévissable impose un rétrécissement de l’axe, qu’elle traverse en partie, ce qui a comme effet de le bloquer, mais aussi de créer une fragilité à l’endroit de cet encastrement.  Il n’est pas rare de tordre l’axe à ce niveau.  Il faut donc supprimer la goupille et l’encoche de l’axe. Certes, la goupille  contribue à la stabilité de l’axe, mais ce dernier est suffisamment stable par sa liaison avec le levier, lequel est bloqué à son extrémité par une butée  montée sur queue d’aronde.  La suppression de la goupille ne compromet en rien la stabilité de l’axe.

beltmountain 1Pour le ROA, j’ai montré que le système d’origine, qui consiste en un assemblage très sophistiqué (axe + refouloir + levier), est conçu comme le R&S, mais la liaison ne se fait pas par des vis. Sur cette photo, on voit l’axe modifié : le levier a été supprimé mais l’axe est bloqué par une goupille avec une molette qui facilite sa rotation . L’axe comporte donc un rétrécissement prévu pour faire passer cette goupille, ce  qui le fragilise. 

Cette modification prévue pour les cartouches à balles est vendue par la société Belt Mountain aux USA (voir l’article 2) .  La société Belt Mountain a préféré conserver la goupille,  toutefois, cette goupille réduit moins l’épaisseur de l’axe que celle  du R&S, car elle travaille plus par serrage que par encastrement. Belt Moutain ne pouvait pas conserver le levier et le refouloir qui n’étaient pas justifiés dans le cas de cartouches à balles, Mais dans le cas du R&S, conserver le levier,  même s’il n’a plus d’utilité pour le sertissage des balles, offre un avantage qui n’est pas celui de sa fonction d’origine. D’autre part  le Ruger Old Army est un arme de bonne fabrication qui ne devrait pas présenter de blocage de l’axe. C’est surtout l’esthétique qui a été privilégiée.  Il n’y a que R&S Feinwerbau (et sans doute Pedersoli) qui garantissent un bon ajustement et une facilité d’extraction de l’axe qui est précisément ce que  nous recherchons.      

L’utilisation d’un sabot de chargement, dispense de se servir du refouloir pour le sertissage des balles: par conséquent, supprimer la goupille est parfaitement possible si on utilise plusieurs barillets pré chargés ou si on utilise le sabot de chargement  (avec un repoussoir à main pour le sertissage). 

J’ai donc une affinité pour le R&S en raison de  sa longueur de poignée et pour les raisons que je viens d’exposer, mais à condition de remplacer l’axe d’origine (avec sa tête carrée) par un axe plein, analogue à celui  du Remington 1858, qu’on fera réaliser par un atelier de mécanique de précision (avec chanfrein).  Il est possible de modifier la tête carrée : on peut alors emprunter la forme de l’axe du Remington 1858, doté de deux saillies latérales pour une meilleure saisie de l’axe au moment de l’extraction.

Conserver l’assemblage (refouloir + axe + levier) maintenu par deux vis,  permet de disposer d’un  levier d’extraction de l’axe,  au lieu de disposer d’un levier de  refouloir destiné au sertissage des balles.  Pour le tir rapide, ce levier est essentiel, car il permet de sortir l’axe plus facilement en plaçant le refouloir en appui sur le barillet (en général, je place une barrette plate pour ne pas prendre directement  appui sur les rebords des chambres).  Du coup, sans goupille, mais avec un axe plein,  le nouveau système d’extraction de l’axe et du barillet est plus fiable que celui du Rem. 1858  et,  faut-il le dire,  avec cette modification, le R&S n’a plus de défaut.

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La suppression de la  goupille laisse cependant deux trous qui nuisent à l’esthétique de l’arme. Comment les dissimuler ? Question sans réponse. On pourrait mettre deux caches, en forme de tête de vis,  comme pour le Colt 1860, ce qui suppose un taraudage.  Je pense que c’est sans doute la solution.

Certains préféreront conserver la goupille, en particulier ceux qui disposent d’un R&S Feinwerbau ou  Pedersoli.  Sur ces armes de haute qualité, la goupille peut être remplacée par une goupille avec molette, plus facile d’utilisation, mais généralement, on tâtonne,. Il faut poser le revolver sur un  appui, etc…  En outre, l’axe reste fragilisé par le rétrécissement. Je dirai que ce choix est « conservateur » en raison de la valeur commerciale de cette réplique parfaite.

La goupille supprimée, le R&S devient  l’arme la plus fiable pour un changement de barillet en cours de tir et ses alvéoles élargies (par la volonté du concepteur) évitent l’enrayement de larme en cours de tir. Les conditions sont alors réunies pour un changement  rapide des barillets devant le cible. Malheureusement  Euroarms a fermé boutique. J’avais pu me procurer 2 barillets, en sus de ceux existants sur mes revolvers,  ce qui me fait 4 barillets à pré charger.  Il reste alors à  renouveler les cheminées et vérifier l’état des barillets.

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