Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion d’acheter quelques revolvers à broches sur Naturabuy, étant naïf concernant le marché des armes anciennes sur le net. Tenté par la technologie de ces revolvers autant que par leur esthétique, j’avais pris le risque de quelques achats « pour voir », comme on dit au poker. Cet article est donc un peu marginal, dès lors qu’il concerne des armes d’époque et non des copies, car les revolvers à broches ne bénéficient pas de l’intérêt des fabricants italiens comme c’est le cas des revolvers à percussion produits aux Etats Unis à peu près la même époque.
Ces revolvers à broches sont des armes à poudre noire, dont la fabrication précède les revolvers à percussion produits aux Etats Unis avant la guerre de Sécession entre 1545 et 1860. Le chargement était très différent des Colts et des revolvers à percussion qui allaient tenir le marché américain à cette époque. Lefaucheux produisit le premier revolver à système utilisant des cartouches à broche en 1854, mais son brevet datait de 1836, donc bien antérieur à la production des Colts en série. Esthétiquement, les Colts et les Lefaucheux, tous deux à carcasses ouvertes, étaient proches, mais leurs technologies différaient considérablement. Cet article aura notamment pour but de comparer les deux technologies.
Ces revolvers à broches qu’on trouve encore facilement, sont des originaux et du coup nous allons rencontrer plusieurs problèmes qui dissuadent le tireur, malgré l’intérêt technologique de ces revolvers .
- leur mauvais état général , souvent abimés par l’usage, par la corrosion ou par des restaurations maladroites faites par des amateurs
- le mauvais état de leur mécanismes et l’impossibilité de trouver des pièces de rechange
- l’impossibilité de trouver des ateliers de réparation, ou des armuriers compétents et « motivés »…
- le manque de précision de ces armes dont les canons sont assez rudimentaires, avec des problèmes d’alignement entre les chambres et le canon et des barillets mal usinés.
- les cartouches à broches qui propulsent les balles à une moindre vitesse (chiffres introuvables cependant) que celle des révolvers à percussion (entre 200 et 400m/s): la faible charge de PN explique cela.
- les cartouches sont difficiles à fabriquer , mais neuves elles sont chères.
Voici des indications concernant les vitesses des balles (tirées par des révolvers à percussion). Elles sont fournies par Gavach sur le forum Old guns & black powder, qui les a lui-même récupérées sur le net, dit-il (comme quoi, rien ne se perd chez les poudreux): elles se situent entre 300 et 400m/s. Pour les revolvers à broches, la vitesse serait inférieure à 200m/s.
http://oldguns-blackpowder.forumgratuit.org/t127-un-peu-de-balistique
– Revolver de calibre 36 (9 mm environ) type Colt 1851 Navy :
Balle ronde de 5,1 grammes + charge de 1,40 grammes de PN : Vitesse = 315 m/s, Energie = 253 joules.
– Revolver de calibre 44 (11 mm environ) type Colt 1860 ou Remington 1858 :
Balle ronde de 9,1 grammes + charge de 2,20 grammes de PN : Vitesse = 285 m/s, Energie = 370 joules.
– Revolver de calibre 44 (11 mm environ) type Colt 1848 Dragoon :
Balle ronde de 9,1 grammes + charge de 3,20 grammes de PN : Vitesse = 360 m/s, Energie = 590 joules.
– Revolver de calibre 44 (11 mm environ) type Colt 1847 Walker :
Balle ronde de 9,1 grammes + charge de 3,90 grammes de PN : Vitesse = 390 m/s, Energie = 690 joules.
– Revolver de calibre « 12 mm » Lefaucheux M1858 : balle conique et cartouche Lefaucheux, vitesse : 168 m/s. Energie ? Le modèle 1855 tirait des ogives à la vitesse maximale de 198 m/s. Ces indications sont à vérifier, mais sont probables.
– Revolver Mlle 1870 qui est venu dans la série des dérivés du Lefaucheux: charge de PN extra-fine de 0,8 grammes de et le poids de la balle était de 12,8 grammes. Vitesse de 220 m/s. Energie ?
Comparativement les cartouches à PSF donnent les résultats suivants:
– Révolver de calibre 38 Spécial (9,06 mm) :
Balle en plomb de 10,2 grammes : Vitesse = 250 m/s, Energie = 319 joules.
– Révolver de calibre 357 Magnum (9,06 mm) :
Balle JSP de 10,2 grammes : Vitesse = 400 m/s, Energie = 816 joules.
– Pistolet de calibre 9 mm Parabellum :
Balle FMJ de 8 grammes : Vitesse = 350 m/s, Energie = 460 joules.
– Révolver de calibre 44 Magnum (11 mm) :
Balle JSP de 15,6 grammes : Vitesse 420 m/s, Energie = 1400 joules.
– Pistolet de calibre 45 (11,43 mm) :
Balle FMJ de 15 grammes : Vitesse = 260 m/s, Energie = 507 joules.
Pour toutes ces raisons, ces revolvers à broche sont souvent destinés aux collections.
Voici trois revolvers en bon état apparent: le 1er est un Lefaucheux que je trouve raisonnablement gravé; le second est, selon moi, un des plus beaux modèles de cette fabrication que j’emprunte (pour la bonne cause et un coup de pub) au site http://www.revolver1873.fr/1873-marine.php . Ce revolver est superbe, parce que sobre, épuré, sans ces fioritures qu’on a l’habitude de voir sur beaucoup de Lefaucheux. Le troisième est un revolver « type Lefaucheux » sans doute produit par un artisan Liégeois, gravé lui aussi, avec une crosse (en bakélite) qui l’est également, mais les gravures ont une élégance certaine.
Lors de mes achats de revolvers à broche sur internet, j’étais parfaitement novice dans ce domaine qui nous ramène en Europe, mais qui présente l’inconvénient d’un foisonnement de fabricants d’armes, en grande partie produites en Belgique et revendues aujourd’hui en abondance sur internet en cal 9 et 7 mm. Elles sont hélas bien souvent en état de fonctionnement douteux (ressort de détente « nase », doigt élévateur usé, ressorts fatigués ou HS, pièces qui ne sont pas d’origine, trafiquées, etc). On n’est pas dans le domaine des copies: ce sont d’authentiques fabrications qu’on peut dire artisanales. La grande époque de la production des revolvers « à broche » se situe entre les années 1855 -1870. La Belgique a connu une période de développement intense de cet « art » de l’armurerie. Certains armuriers belges n’ont d’ailleurs pas tardé à délocalisé une partie de leurs ateliers (à Paris notamment). Aujourd’hui la Belgique fabrique des armements industriels beaucoup plus efficaces (Herstahl), mais l’armurerie artisanale a disparu.
Je citerai encore volontiers le forum « Old gun et Black powder« /Les revolvers historiques (sujet: « Ce matin, au marché aux puces de Palavas ») sur lequel « Gavach » présente son revolver Lefaucheux de toute beauté, à la fois sobre et finement ouvragé, avec un zest de bronzage très original, bref un très beau revolver (adresse trop longue pour être copiée). Je lui emprunte cette photo pour la bonne cause et la montre en format réduit pour vous donner envie d’aller le voir sur ce forum qui ne cultive pas le secret, comme d’autres le font… Il y a deux catégories de poudreux : ceux qui partagent leurs connaissances et ceux qui « dorment avec » sous leur oreiller: ceux là ne partagent pas…
Les revolvers à broche et « à système » (Lefaucheux ou Lepage-Chauvot notamment) se développèrent rapidement en Europe en calibre 12 mm, 9 mm et 7 mm, les cal 12 mm étant destinés à l’armée, les cal 7 mm étant de petits revolvers de sac à main, ou de poche pour l’autodéfense. Pour découvrir ces armes et avoir une idée de leur style et de leur système de fonctionnement, je vous invite à regarder des sites tels que celui de littlegun.be, qui présente de nombreuses armes créées en Belgique, dont les revolvers à broche à partir de 1855.
Ces armes sont donc légèrement antérieures aux révolvers à percussion qui se développèrent entre 1850 et 1865 aux USA , mais Colt disposait dans cette période d’un monopole et tenait le marché américain, ce qui fait que les revolvers à broches allaient se développer en Europe. Ces révolvers était cependant technologiquement « en avance » sur les revolvers à percussion (dont le chargement se fait par l’avant du barillet avec l’aide du levier) puisqu’ils fonctionnaient avec des cartouches métalliques. Mais si les revolvers à percussion paraissaient plus rudimentaires en raison de leur assemblage par clavette et des amorces qui posent bien des problèmes, ils présentaient des avantages certains: le chargement se faisait avec un levier incorporé au revolver, alors que les cartouches à broche, faciles à charger, ne donnaient pas au soldat une vraie autonomie: il fallait les pré charger et la fabrication se faisait en atelier. Il en découlait des problèmes d’approvisionnement auxquels s’ajoutaient les problèmes de sécurité car les cartouches à broche sont délicates à manipuler. En outre, telles qu’elles étaient conçues (fort calibre, mais charge réduite), leurs performances étaient moins bonnes.
Les cartouches à broches, constituaient cependant une révolution dans le chargement des revolvers à poudre noire, puisque le chargement pouvait se faire par l’arrière du barillet avec des étuis pré chargés en laiton, c’est à dire des cartouches métalliques. Voici un modèle de cartouches qu’on peut utiliser avec ces revolvers. Ce sont des étuis (cal 12), parfaitement cylindriques qui disposent d’une broche latérale sur laquelle le chien vient frapper pour la mise à feu. Ces cartouches sont rechargeables. L’extraction des douilles se fait à l’aide d’une tige coulissante à droite de la console. N’ayant pas essayé ces revolvers, je ne peux pas dire si l’extraction des douilles après le tir présente des difficultés. Pour l’instant mes pruneaux attendent le grand jour qui hélas paraît compromis.
On constatera également que ces revolvers sont moins massifs que les 1ers Colts. Selon les fabricants leurs canons ont plus ou moins d’épaisseur, n’étant pas prévus pour de grosses charges. Les meilleurs de ces revolvers disposent d’un canon octogonal plus résistant. Ce qui fait qu’aujourd’hui, sur les stands de tir, les revolvers à broches sont très rares tandis qu’on utilise encore fréquemment des copies de revolvers à percussion dont la précision est bien supérieure.
Donnons la parole à Chassenaille (sur le forum « Les fans de la PN »): « En fait, pour ne pas risquer d’abimer ces vieux revolvers, de les faire éclater, de détruire ce patrimoine, ou être obligé de les coincer dans un étau, j’ai un truc: je prends soigneusement le calibre en fond de rayure de l’arme que je veux faire revivre et j’utilise systématiquement un projectile légèrement sous-calibré, de façon à ce que ce projectile ne force pas trop pour mordre les rayures, de façon a ce qu’il y ai une prise de rayure juste en surface, c’est suffisant pour donner une vitesse de rotation, la pression est moins forte pour ces ancêtres, la vitesse du projectile est plus importante, et la precision est quand même là, de toute façon ce genre d’engin n’est pas fait pour faire du point à 25 mètre »….
Voilà un sage conseil. J’ajoute que les rayures sont particulièrement prononcées sur ces « ancêtres » et pour que la balle descende en fond de rayures, il faudrait forcer sur la pression. Avec des charges plus importantes, l’utilisation de balles rondes est recommandée pour éviter les frottements et la pression qui en résulterait, car les balles rondes passent plus facilement. En comparant ces deux canons: celui à droite d’une copie de 1860 (Pietta), l’autre à gauche d’un revolver à broche d’origine (fabrication liégeoise), cal 12mm, mais certainement poncé pour faire un chromage. On constatera immédiatement que l’épaisseur du canon rond liégeois est très réduite… d’autant que l’acier fabriqué à l’époque était loin de valoir l’acier des répliques actuelles! C’est pourquoi H&C s’en tient à 0,7g de PN! Alors « prudence » – « molo-molo » – et pas de surcharge! Les tireurs maniaco-sensitifs qui recherchent des « sensations », s’abstenir sous peine d’avoir le canon qui pète dans la main. Un article à lire sur le forum « Tir et collection »…
http://www.tircollection.com/t12602-essai-instructif-du-12-mm-lefaucheux-de-chez-hc
D’autres marques et modèles de revolvers à broche sont dérivés du système Lefaucheux : les Lepage-Chauvot, les Chaineux (revolvers à broches qui pouvaient comporter de 10 à 12 chambres et même au delà), Chamelot-Delvigne, Fagnus, Francotte, Dumonthier, Galand, Loron, Pirlot et frères et combien d’autres .
http://mallorquina.pagesperso-orange.fr/source/pageL.htm
http://www.littlegun.be/arme%20belge/artisans%20identifies%20l/a%20lepage%20et%20chauvot%20fr.htm
Il est tout à fait recommandé de regarder trois sites qui présentent les différents aspects du Lefaucheux (ou du Lepage & Chauvot), notamment en 3D, avec des indications sur le démontage et le fonctionnement :
- http://fr.calameo.com/read/0001366426a8019932368
- http://www.pistol3d.com/revolver_lepage_chauvot/lepage_chauvot.html
Pour le 7 mm, le mécanisme du revolver Lefaucheux est différent de celui que je vais sommairement montrer.
LES ASPECTS TECHNIQUES DE REVOLVERS A BROCHES ET LEURS INCONVENIENTS
L’assemblage du revolver par plusieurs vis et filetages, un système concurrentiel de la « clavette » (revolvers Colt), était-ce vraiment une bonne solution?
Lefaucheux utilise un système de fermeture qu’on trouve également sur les systèmes de revolvers à broche dérivés: le canon et la console sont liés à la carcasse par vissage et forment un ensemble stable, encadrant le barillet. Ces revolvers tout comme les premiers Colts, ont une carcasse ouverte, avec un axe de barillet (vissé dans la carcasse), sur lequel se visse la console et le canon à l’autre extrémité (pas très pratique), un assemblage renforcé par une petite vis complémentaire liant la base de la console à la carcasse. Les deux vis d’assemblage (voir les deux flèches sur la photo) et leurs filetages s’usent (tout comme les clavettes), mais ne se remplacent pas!
Le chien vient frapper les broches des cartouches par le haut et effectue l’ignition (en principe du moins). Les remparts derrière le barillet sont généralement plats. Les barillets sont très espacés par rapport à la base de la carcasse à cause des broches qui dépassent et des arrêtoirs (butées) du verrou.
Sur les Colts à poudre noire, c’est une clavette qui assure la cohésion de la carcasse, du barillet et du canon: c’est une technologie simple, voire rudimentaire mais source de problèmes sur les Colts vieillissants.
Ces revolvers à carcasse ouverte n’avaient pas la solidité des revolvers à carcasse fermée, qui apparaissent vers 1860 aux Etats Unis, tels que le Rogers Spencer, le Remington 1858, ou le Starr (un revolver à carcasse basculante). Une évolution vers une carcasse enveloppante, c’est à dire fermée, s’annonce. Certains revolvers vont disposer de « brides » qui ferment totalement la carcasse par le haut, mais toujours maintenues par des vis: c’est un renforcement certain. De tels revolvers ont été fabriqués, mais en nombre limité. Cette bride pouvait être rajoutée ou solidaire du canon: c’est le cas du modèle présenté ici qui dispose curieusement d’un rempart légèrement bombé à l’arrière, comme celui des Colts. Du coup la bride vissée sur la carcasse rendait l’ensemble très uni, donc nettement plus solide. Mais le démontage du canon devenait alors très compliqué: il fallait déposer 4 à 6 vis (ce qui devenait un exploit) pour enlever le barillet.
Cette solution (la bride) aurait pu être adoptée par Colt, pour les revolvers à percussion; mais Colt tenait à avoir des canons facilement démontables, ce qui apparaissait nécessaire compte tenu des incidents dus au chargement par l’avant, aux balles qui sortaient en cours de tir, etc. En principe, les cartouches métalliques maintiennent mieux les balles, mais si par hasard une ces cartouches, « rechargée maladroitement » contenait une balle mal sertie qui se déchaussait de l’étui, il fallait alors tout dévisser! ce qui fait que le souci du rev. Lefaucheux, c’est le sertissage des balles qui doit être sans défaut.
Le vissage du bloc console-canon sur l’axe présente d’autres inconvénients : ce n’est pas très fonctionnel. Un écrou ouvragé aurait été plus pratique. D’autre part, on ne peut pas réduire l’entrefer par cette technique, dès lors que la rotation de la console est prévue pour tomber « pile poil » dans l’axe de la carcasse… La bride complique le vissage de la console, ce qui entraîne d’autres modifications à prévoir. Sur le très joli revolver ci-dessous (« type » Lefaucheux), la bride semble faire corps avec le canon et ferme la carcasse, mais je ne vois pas comment on peut visser le canon avec une telle bride? Si vous avez une idée, elle est bienvenue.
L’inconvénient du système Lefaucheux (avec ou sans bride), tient donc au démontage du canon qui est laborieux et surtout fragile. Cependant, dès lors que le chargement se fait par une petite portière latérale dans le rempart droit, sans extraire le barillet, ou sans le faire basculer latéralement (comme c’est le cas sur les revolvers modernes), cette fermeture de la carcasse ne présentait pas d’inconvénient majeur, si toutefois le chargement des étuis était bien fait. Par contre le nettoyage du barillet et du canon, ce qui est essentiel quand on utilise la PN n’était pas idéal. C’est donc un système qui allait vite être amélioré (canon basculant), mais les cartouches à broche furent rapidement remplacées par des cartouches d’une conception différente : annuaires, puis à percussion centrale.
La relative fragilité du système Lefaucheux tient surtout à l’usure des filetages qui vieillissaient mal et quand celui de l’axe était « bouffé », la console et le canon n’étaient plus suffisamment liés à la carcasse. Ces revolvers à Système Lefaucheux allaient souffrir de ce défaut, chaque démontage du canon entrainant, des usures dommageables, ceci d’autant plus rapidement que le diamètre de l’axe était réduit. Ca donne alors des revolvers à risque qu’on réserve aux collections. A l’achat d’un révolver à broche, la première expertise veillera donc à s’assurer par un démontage du canon, que le filetage de l’axe est encore en bon état. Je vous renvoie à un forum qui évoque les aléas de l’achat d’un Lefaucheux sur le net:
http://blackpowderonly.forumactif.org/t2221p60-revolver-a-broche-type-lefaucheux-9mm
Le revolver Javelle 12mm et 9 mm (à broches) a apporté une excellente solution à ce problème par un système de canon basculant (revolver à brisure) et un système de blocage de l’assemblage carcasse-canon tout à fait original et surtout simple quant à son utilisation. Les brevets sont déposés en 1859. La clé assure un excellent verrouillage de l’axe et permet une extraction rapide et facile du barillet. La bascule du canon octogonal présente une difficulté qui tient au fait que la rotation de la console ne s’adaptait pas avec l’axe fixe, mais la clé ouvre la console et cette ouverture permet alors d’amener la console obliquement sur l’axe. C’est génial! Le revolver est cependant compact, un canon long l’aurait rendu plus élégant. Il dispose d’une seconde détente dont le rôle est à vérifier. Par contre, il ne dispose pas de portière de chargement : le rempart est d’ailleurs légèrement bombé. Ce revolver à broche est donc idéal pour le nettoyage, mais pas pour le chargement car il faut sortir le barillet. Une remarque: on ne voit pas comment fonctionne le verrou du barillet, car il n’y a ni encoches, ni butées.
Le revolver ci-dessous, a été neutralisé: un acte de pur vandalisme !
On peut également voir un Javelle et son fonctionnement en 3D sur le site Pistol3D.com.
http://www.pistol3d.com/revolver_javell12mm1/javell12mm1.html
La mauvaise qualité du verrouillage du barillet du revolver à broche et les défaut d’indexation
La technologie des système à broche présente une autre faiblesse: elle est due au blocage du barillet par le verrou qui émerge de la base de la carcasse (flèche jaune). Le verrou faisant corps avec la détente, le basculement de celle-ci entraîne la montée et la descente du verrou, mais de façon progressive et sans pénétration dans le corps du barillet.
Rappelons que les colts à PN avaient un système de blocage très performant: en principe, leur verrou se libérait d’un seul coup, au moment où l’encoche prévue dans le barillet se présentait face à lui. Le verrouillage était alors instantané, sauf si le doigt élévateur détérioré, perturbait cette synchronisation.
Le système Lefaucheux est un verrouillage progressif nettement moins performant. Quand on appuie sur la détente le verrou monte et vient se placer dans le cran, un peu comme un frein qu’on serre. Les crans sont au nombre de 6 et forment une ceinture autour du barillet (flèche rouge). Le verrou vient coller au cylindre sans le pénétrer et sans forcer. La synchronisation des mouvements est prévue pour qu’il vienne se placer juste derrière un cran ou une butéee qu’il bloque (mais dans un sens de rotation seulement), de telle sorte que le barillet ne recule pas. Avec le temps, la butée s’émousse et le barillet prend du jeu. Tant que la butée est en bon état, le verrou empêche le retour du barillet; tant que le verrou est en bon état, il remplit ce rôle, mais la faible épaisseur de la butée sur les revolvers à système va très vite donner lieu à un émoussement et dès lors, les butées ne joueront plus leur rôle. C’est très souvent ce qu’il advient de revolver « restaurés » qui ont été polis et dont les butées sont arrondies, effacées par le polissage: dans ce cas, le verdict est sans appel: le flingue ne peut plus fonctionner correctement, autant dire qu’il devient dangereux.
Examinons de plus près ce fonctionnement: on distingue des butées circulaires qui forme une sorte anneau discontinu autour du cylindre, interrompu par 6 crans avec une coupure franche d’un coté et un affaissement progressif de l’autre (flèche rouge) pour permettre au verrou de venir se placer « progressivement » contre le cran – ou six butées discontinues réparties en alignement autour du cylindre, mais sans former un anneau continu. Sur ce modèle de Lefaucheux (à gauche), les crans sont nettement saillants, c’est une arme qui peut donc être en état de fonctionnement.
Mais généralement, ce que je constate, c’est que les butées ou les crans sont de faible épaisseur (comme c’est la cas sur ce revolver à doite) alors qu’un blocage efficace exige une butée saillante avec une arrête franche. Les bandes crantées, externes, exposées aux chocs, à l’usure, mettent en cause ce procédé de verrouillages à plus ou moins long terme, car quand les butées sont bouffées, il n’y a pas de solution de remise en état (pas de soudure, pas de matière que l’on puisse re-usiner). La raison de ce choix du concepteur tient précisément à la faible épaisseur de la paroi des barillets, due à l’encombrement dans le volume limité du barillet qui comportait d’une part le passage de l’axe, d’autre part 6 chambres parallèles, ce qui laissait peu de place à la crémaillère : les Colts à PN avaient des chambres placées obliquement pour élargir le rochet (avec la crémaillère) et avoir un axe solide (Colt Walker).
Sur la photo de gauche, on voit comment Colt disposait autour du barillet des encoches (entourée en rouge) dans lesquelles le verrou s’insérait.
La nouvelle technologie conduit à la réduction de l’axe et à l’amincissement des parois du barillet ce qui incite le fabricant à opter pour le système de verrouillage par butées, au lieu d’encoches comme c’est le cas pour le système Colt. Les encoches supposent la fabrication de barillets plus épais, plus lourds, ce qui doit avoir une incidence sur le doigt élévateur. Pour éviter un alourdissement du barillet, il suffirait simplement épaissir le barillet au niveau du verrou . J’ai cependant trouvé des revolvers type Lefaucheux avec des encoches et une épaisseur continue. Le barillet reste cylindrique.
Je constate enfin que sur les revolvers Lefaucheux (ou type Lefaucheux), le barillet est très écarté de la base de la carcasse (voir plus haut, flèche jaune). Pourquoi? C’est en rapport avec les broches qui dépassent du barillet: si on rapproche le barillet de la carcasse, elles vont buter sur celle-ci; le vide sous la barillet n’a probablement pas d’autre explication, mais il impose au verrou de sortir très au dessus de la carcasse pour atteindre les butées.
Le rochet, point sensible des revolvers à broche?
Le rocher (la crémaillère, c’est à dire la couronne dentée sur laquelle le doigt élévateur exerce une poussée pour faire tourner le barillet en simple et double action) est lui aussi de faible épaisseur. Or ceci est dû au principe du chargement des chambres par l’arrière. Le fabricant devait insérer le rochet au milieu des chambres, car la technologie des revolvers à cartouches métalliques « réduit » l’espace entre celles-ci qui sont parallèles à l’axe et qui traversent le barillet, d’où la nécessité de réduire l’épaisseur de l’axe et de réduire le diamètre externe du rochet (on est loin de l’imposante crémaillère d’un Colt Walker 1847. Résultat, plus les dents sont de faible épaisseur, plus elles sont soumises à l’usure due à la pression du doigt élévateur! Hélas, la crémaillère est une partie qui ne se remplace pas (sauf exception): il faut alors changer tout le barillet, en sachant que chaque revolver demande un travail délicat de taille des dents (les barillets ne sont pas interchangeables). Si le rochet est usé, il est vain de rallonger le doigt élévateur pour rattraper le jeu. ça ne marche pas. Un barillet qui ne tourne plus correctement, dont l’entrefer augmente … c’est fin de l’arme!
Sur la photo ci-dessus, on remarquera que les chambres souffrent d’un défaut d’alignement, car les deux chambres marquées par un anneau rouge n’ont pas la même épaisseur de métal au niveau de la surface externe du barillet! Celle du haut qui affleure la périphérie du barillet, est d’une évidente fragilité et présente un risque de fissuration et pire…
Ce défaut en est-il un? Ou n’est-ce pas une évolution qui aujourd’hui concerne tous les revolvers? En fait plus les chambres sont larges plus la place manque: la solution consiste donc à réduire le diamètre des balles et à augmenter leur puissance… Or les cartouches à broches sont larges.
Conclusion: ce sont ces trois défauts conjugués qu’on va constater sur des revolvers qu’on trouve d’occasion et qui les rendent parfois inutilisables. Pour le reste, le système Lefaucheux ou Lepage est correct. On retient que le chargement gagne nettement en facilité, ce qui fait que ces revolvers ont connu un réel succès. Ce sont des revolvers très élégants, avec une ligne très équilibrée, rien de massif. Souvent ce sont des armes gravées et très (trop) ouvragées qui de ce fait, apparaissent un peu rococo… Les canons ronds sont moins bons que les canons hexagonaux, plus solides.
Ce sont des revolvers à double et simple action qui fonctionnent bien. On peut dire que le système du verrou est simplifié par rapport à celui des Colts, mais cette simplification est loin d’être un réel progrès à ce stade de l’évolution du mécanisme. Ce système de verrouillage est proche du Chamelot et Devigne 1873, avec une amélioration. On constate cependant que le Mlle 1873 a épaissit la paroi du barillet à hauteur du verrou, permettant ainsi de revenir au mode de verrouillage par des encoches.
D’une façon générale, on ne sera pas surpris de trouver des revolvers à broche qui présentent des défauts d’indexation et d’alignement des chambres par rapport au canon. Je vous renvoie à mes articles antérieurs sur ce sujet.
LE FONCTIONNEMENT MECANIQUE DES REVOLVERS A BROCHES
a/ Le système Lefaucheux
Je ne possède par de revolver Lefaucheux. Je suis contraint de faire une recherche didactique sur le net. Il n’y a pas vraiment d’article complet et détaillé sur cette question. On trouvera certaines explications sur une vidéo de HLebooks.com que je vous invite à regarder et dont je reproduis un schéma pour nous permettre d’en avoir une idée, car la compréhension de ce schéma ne saute pas aux yeux.
https://www.youtube.com/watch?v=WLyDRhyKmyI
C’est un système nettement plus complexe que celui de mon revolver. Le déplacement partiel des pièces sur le schéma ne montre pas le verrou: dommage. On constatera cependant que la détente « semble » séparée de la pièce rouge (avec le bec d’oiseau) et que l’axe de rotation (vis) est sur la détente, ce qui n’est pas le cas pour le système de mon revolver à broche. J’imagine que de telles pièces sont rares et qu’une réparation n’est pas aisée. « Bonjour les complications! »
Le site Littlegun montre des restaurations de revolvers Lefaucheux et nous propose cette photo un peu trouble mais combien intéressante d’un point de vue didactique, d’un mécanisme un peu altéré par la corrosion (site à consulter par ceux qui veulent découvrir ces revolvers, avec de très belles photos en général). Cette photo donne la réalité d’un mécanisme de revolver Lefaucheux conforme au schéma précédent, à quelques variantes près. Elle confirme que la détente ne fait pas corps avec la came. Sur cette photo, le verrou est visible et je constate qu’il est peu saillant: c’est la partie haute de la came formant une sorte de crête sur la tête de l’oiseau. L’axe de cette came (l’œil de l’oiseau) est juste au dessus de la détente. La came est de forme très complexe et je pense que la refaire est un travail de spécialiste. Indépendante de la détente, elle peut cependant être retaillée dans un acier plat, ce qui est un avantage. Elle intéressera certains armuriers qui restent aptes à ce telles réparations.
Ce qu’il faut remarquer, c’est que les revolvers Lefaucheux ont une détente qui sort complètement de la carcasse et que la came elle même (terme employé par le site littlegun) est extérieure à la carcasse, avec des formes variées (ici arrondie) mais toujours avec un système mécanique compliqué, parfois même encore plus compliqué pour certains systèmes Lefaucheux … ce qui freine mon enthousiasme.
Posséder un revolver Lefaucheux peut certainement réjouir le collectionneur, mais le tireur reste circonspect, confronté au risque d’avoir des pièces défectueuses à refaire. Si c’est pour mettre le revolver dans un coffre, le plaisir n’est pas au rendez-vous. Un bon revolver à PN qu’il soit à percussion ou à broches est un révolver simple à démonter, simple à utiliser et simple à réparer. C’est un principe qui prévalait à l’armée et c’est pourquoi Colt avait longtemps tenu le marché. Il semble d’ailleurs que certaines détentes sur des mécanismes Lefaucheux ne donnaient pas les meilleurs résultats au tir de précision.
b/ Le mécanisme simplifié d’un revolver à broche « type Lefaucheux »
Le revolver à broche (non identifié) que je démonte est conçu différemment et de façon nettement plus simple: voilà qui me séduit.
A l’essai, sans cartouches, le mécanisme de mon revolver semble souple lors de la pression sur la détente (en double action).
Le démontage-remontage du mécanisme nécessite de commencer par réduire la pression exercée par le grand ressort sur le chien. Il suffit de comprimer ce ressort avec une pince à linge qu’on introduit entre cette lame et le cadre en acier de la poignée. Il faut ensuite dévisser l’axe du chien et pour finir celui de l’ensemble détente-verrou. Après démontage, je constate que le chien est tiré d’un côté par le grand ressort (unique), auquel il est attaché par une petite fixation mobile en T (dont j’ignore le nom) et de l’autre côté, il dispose d’une sorte de pince avec un ressort dans laquelle le prolongement du bloc détente-verrou vient s’insérer: ce bloc a encore la forme d’un oiseau dont la queue se loge dans la pince et dont le bec est posé sur le ressort en V.
Le verrou se présente comme une bosse sur la tête de l’oiseau. C’est ce bloc détente-verrou qui transmet la pression exercée par le tireur sur la détente et c’est ce bloc qui impose au chien de faire des rotations autour de son axe (l’armé). La pression sur la détente agit donc directement sur le doigt élévateur et sur le verrou. Inversement le bloc subit la poussée du ressort de détente en « v », logé dans la carcasse, sous le barillet. C’est totalement simple!
Trop simple! Car ce système, comme celui du Lefaucheux, présente un inconvénient majeur : l’usure du verrou. Mais sur ce révolver, c’est tout le bloc détente-verrou qu’il faut changer ou refaire. C’est une pièce complexe et aujourd’hui faire refaire cette pièce est difficile compte tenu de l’absence d’armuriers compétents ou consentants.
On ne peut donc pas changer le verrou indépendamment des autres pièces mécaniques comme on le fait sur les Colts et revolvers à percussion et c’est une erreur de conception des fabricants. Il reste la solution de la soudure ou il reste à trouver quelqu’un qui puisse faire cette pièce à la main, à « l’ancienne »… la galère! La simplicité présente donc un inconvénient d’un autre genre qui peut décourager le bricoleur et faire fuir l’armurier, peu enclin à donner de son temps pour de la « quincaillerie ».
Sur ce revolver à broche non identifié, le verrou n’a que la moitié de l’épaisseur du bloc verrou-détente; il est placé latéralement et non dans l’axe du bloc. Pourquoi ne pas l’avoir élargi ce qui l’aurait renforcé? On remarquera également que le ressort du doigt élévateur de ce revolver n’est pas courbé, qu’il est anormalement fin, signe que ce ressort est foutu ou inadapté.
LE CHARGEMENT D’UN REVOLVER A BROCHE
On introduit les cartouches à broche par cette portière de chargement en veillant à les placer dans leur encoche: c’est un peu plus délicat que sur les revolvers modernes, mais c’est une amélioration à tout point de vue. Parallèlement, les colts vont eux aussi s’adapter aux cartouches métalliques et le chargement se fera par l’arrière du barillet, de la même façon, mais sans le système de broches. On voit alors arriver les cartouches annulaires.
Aujourd’hui, le chargement des cartouches pose plus de problèmes, car bien qu’on en trouve chez H&C, le prix du matériel est assez dissuasif. (130 euros pour 10 cartouches et un petit matériel de chargement). C’est fait pour les amateurs qui veulent faire joujou avec un engin hérité du grand père. En outre les cartouches H&C sont prévues, semble-il, pour des chargement faibles de 0,6 à 0,7g de PN, ce qui permet de dire que c’est vraiment « de la daube »! Etant donné la longueur des cartouches et celle des balles qui a contrario sont franchement surdimensionnées par rapport à la charge de poudre, c’est prendre les gens pour des cons! Donc trop peu de poudre pour la charge. Avec des étuis courts, il n’est pas non plus recommandé de sertir une balle ronde qui doit impérativement être entièrement descendue dans l’étui, comme elle le serait dans une chambre de revolver à percussion. A noter qu’une balle de calibre 44 est déjà trop grande pour une chambre (du moins sur mon cal 12mm), a fortiori l’est-elle pour un étui de 44. Donc avec les étuis H&C, on est condamné à utiliser des ogives (avec rétreint) adaptées à ce genre de cartouche et qu’il faudra en outre graisser extérieurement comme le sont les balles H&C. Je suppose qu’on trouvera un moule chez Tecmagex ou ailleurs. On peut toujours faire modifier un moule Lee par un atelier de précision en lui donnant le gabarit et la forme qui conviennent. Bref il faudra éviter les suppositoires qui seront partiellement enfoncées dans l’étui ou qui ont un retreint vaguement conique, ceci afin d’éviter que les balles « bougent » dans les chambres .
Le problème de la sécurité est à prendre en compte. Et ce problème se pose avec les revolvers à broches. Il faut placer le chien entre les broches, sinon, il y a le risque d’un choc et d’un départ de feu. Or, le plus souvent, rien n’est prévu sur ces armes. Quelques modèles disposent d’un système de sécurité qui empêche le chien de frapper la broche, mais c’est exceptionnel. La puissance des cartouches de revolver à broche 12mm est approximativement comparable à celle d’un Chamelot et Delvigne 1873, opinion d’un tireur qui sait de quoi il parle. C’est probable.
Fabrication maison de cartouches à broche « 12 mm ».
Quelle solution? N’ayant pas encore expérimenté le chargement à ce stade de ma recherche, je me contente de faire un état des informations que je trouve. Première constatation: chez H&C il faut compter 130 euros environ pour 10 étuis, 10 balles et un petit matériel. On croit rêver. Voici le blog d’un poudreux qui propose une méthode de chargement que je trouve assez peu convaincante, mais légèrement plus économique: on remplace le matériel par le système D !
Autre solution, faire ses cartouches soi-même. Pour les 9mm à broche, selon certains forums, les cartouches 9mm para semblent pouvoir être adaptables et pour les 12mm, on évoque les douilles de 45ACP. De toute façon, les diamètres de chambres des revolvers risque de varier légèrement d’un revolver à l’autre… donc le système D.
http://www.jidenet.com/reviews/reviews-poudre-noire/9mm_broche/4342/
Peu d’informations sur cette question sur le net, sinon celle-ci trouvée sur le forum des fans de la poudre noire. Je cite donc certains commentaires qui nous sont utiles, mais avec des « blancs »:
« A l’usage, les douilles H&C sont bien faites, mais on y loge péniblement 0,6 gr de pnf2, la détonation est faible, le recul inexistant, et une balle sur deux arrive de travers sur la cible: trés bien pour le tir récréatif sur boite de conserves sans fatiguer l’arme. Par contre avec les douilles de 45 ACP, on y loge 1,2 grammes de pnf2, et là ça pète fort, le recul est vivant, ça fait des trous bien ronds, on sent quand même que l’on a en main une arme de gros calibre qui tire une balle lourde et lente avec un bon pouvoir vulnérant, (dans le contexte de l’époque bien sur car aujourd’hui les amateur de super magnum rigoleraient)…
Autre problème, les 12 mm à broche ne sont pas calibrés de façon parfaitement standard: « En fait le 12 mm à broche est souvent aussi appelé 11 mm à broche parce que justement les alésages de ces armes ne sont pas constants d’un modèle à l’autre (nombreux artisans et modèles). Autrement dit, d’un « 12 mm broche » à l’autre, on peut trouver des revolvers dont le canon est calibré en 430 jusqu’à 450 et plus… J’ai eu trois revolvers « 12mm à broche » et aucun n’avait le même calibre. Le plus simple et de mesurer le calibre de ton arme à fond de rayure (en passant une balle ronde au maillet dans le canon) et choisir des ogives du commerce correspondant ».
Autre essai, cette fois-ci avec les douilles de 44 mag : « La douille nage un peu dans le barillet et il faut la scier deux fois, la raccourcir et couper l’épaulement. Donc plus de travail pour un résultat moyen. De plus quand on raccourci la douille de 44 mag, le laiton est plus épais donc difficile à évaser et à sertir… »
Autre source d’information « entre poudreux »: Forum Armes du Paléolithique au XIXème siècle. Merci à ceux (Biker et Cromagnon) qui ont le sens du partage et qui comme moi, plutôt que de cultiver leurs petits secrets, diffusent pour un élargissement des connaissances et la promotion de l’intelligence humaine. L’esprit poudreux souffle dans le bon sens.
http://prehistoire-xixeme.forumactif.org/t145-fabrication-de-cartouche-a-broche
Je cite : « Pour les 12mm j’utilise maintenant des douilles de 8×57 au lieu des 45 ACP qui avaient du mal à rentrer dans les chambres de mon barillet! Les trous d’amorces sont bouchés avec de l’étain de plomberie, la douille étant enfilée sur un foret fixé sur un étau… vraiment artisanal mais ça marche… j’utilise des ogives de 440 avec ces douilles . Avec les 45 c’étaient des ogives Lynx pour 1873 Chamelot delvigne… Le seul problème c’est de percer le trou de la broche à la bonne distance, ce qui implique que le culot de la douille soit suffisamment réduit sinon ça marche pas… » Pour le reste des solutions, je vous incite à lire la page complète du forum.
Enfin, le forum donne des informations intéressantes que vous trouverez à cette adresse:
http://www.tirmaillyforum.com/mildot/viewtopic.php?t=28659
Je lis ce commentaire : « Le calibre le plus simple à créer est le 12 mm, à partir d’un étui de 45 acp (1ère catég) modifié par meulage du culot et brasage du trou d’armorce, percement de l’étui par dessus pour poser la broche sur une amorce pour arme à percussion, poudre noire, ogive plomb pour 45 acp et voila. »
Cependant, il semble que les chambres des revolvers à broches soient légèrement tronconiques, ce qui complique la fabrication artisanale de ces cartouches et crée des risques lors du tir. Ceci qui fait dire à ABC (tireur) concernant l’usage d’un 9mm à broche : « Je déconseille de tirer avec des cartouches qui ne sont ni à la bonne cote, ni à la longueur – tu le dis toi même elles flottent dans les chambres, alors attention et pour toi et pour l’arme, si tu veux vraiment tirer avec ton arme à broche, tu peux aussi aléser les chambres légérement pour du calibre 380(9 mm) et mettre un percuteur sur ton chien, et la, tu as une arme à percussion centrale, la conversion est très aisée à réaliser, ton arme reste toujour en 8° et les 380 à poudre noire aussi. Ca peut être une solution, dommage pour le coté historique de l’arme ».
Le problème c’est aussi de faire tenir une amorce et de ne pas obturer l’accès à cette amorce par la poudre noire. Il y a des détails à peaufiner …
LES VICES CACHES D’UN REVOLVER ET « LA QUÊTE DU GRAAL »…
Voici deux des revolvers à broche que j’avais acheté et je vais m’intéresser en priorité au revolver cal 12mm, tout simplement parce que ce revolver est susceptible d’aller au stand, sans prétention de précision, car avec ce type d’arme, on s’amusera à faire du tir à 15m au maximum, avec un intérêt ludique et éventuellement pour en faire une arme d’auto… satisfaction. Le canon présente quelques soupçons de déformation externe, peut-être un léger bombage. mais à l’intérieur, rien de visible. Il faudra faire des tests plus poussés.
Ayant examiné ce revolver, je constate que l’indexation est défectueuse: en apparence, le barillet tourne bien (en simple et double action), mais les chambres ne viennent pas en face du canon et du chien. L’encoche de la broche arrive 2mm trop court. A priori, le doigt élévateur est en cause : serait-il trop court, usé? Est-il d’origine ou s’agit-il d’un doigt bricolé pour faire fonctionner plus ou moins le revolver en vue de la vente (sur internet, tout est possible) ?
Au club, un tireur attira mon attention sur le cliquetis qui n’est pas régulier lorsqu’on faisait tourner le barillet en rotation libre: tac – tac – (tac-tac) -tac …), bref il y avait un soucis. D’où venait le cliquetis? Je ne connaissais pas bien ce mécanisme, mais pour ce que j’en savais, je ne trouvais pas.
De retour à coin-atelier, je décide de faire l’examen complet du revolver : j’introduis l’endoscope dans le canon (avec la lampe et la caméra). Je fais tourner le barillet à la main pour vérifier si l’alignement canon-chambre est correct pour chaque chambre. Des croissants lumineux apparaissent d’abord, mais en tournant légèrement le barillet, je les rectifie jusqu’à ce que les croissants laissent place à des cercles fin qui dessinent l’entrée des chambres contrôlées. Voici ce que montre l’endoscope pour les deux premières chambres: elles sont donc placées correctement par rapport à la hauteur du canon, mais rien ne prouve que l’écart entre les chambres soit régulier. Ce n’est qu’après la remise en état du doigt élévateur qu’on pourra le vérifier. Sur les photos on voit le fond ouvert de la chambre avec une tache noire: c’est le conduit (trou) dans lequel le doigt élévateur se déplace (attention, l’endoscope inverse complètement l’image).
L’examen de la 3ème chambre montre un croissant lumineux persistant, à l’opposé du trou du verrou, ce qui signifie que la chambre vient se placer trop bas par rapport au canon. Certaines chambres ne sont donc pas parfaitement alignées avec lui et par conséquent, ces chambres donneront des tirs aléatoires.
J’observe attentivement l’arme :
- le verrou fonctionne mal, il ne touche pas systématiquement les butées; il est trop court.
- Le barillet tourne mais s’arrête avant d’arriver à la position exacte où la chambre est en alignement avec le canon: il faut alors faire légèrement tourner le barillet avec la main, pour l’amener à la bonne position (il manque 2mm). En fait le barillet n’est pas stabilisé, il a du jeu entre deux positions, l’une (en reculant) quand il se met en appui sur le doigt élévateur, mais trop à gauche, l’autre en avançant, quand la butée vient s’arrêter contre le verrou sous le barillet, et cette fois-ci l’alignement semble bon. Mais si on pousse, ça passe: donc le verrou est très fatigué. Un cran en particulier ne semble plus fonctionner car le barillet passe sans aucune résistance.
- Le doigt élévateur est défectueux car son ressort est anormal: une sorte de lame extrafine et qui ne fait pas ressort. Pourtant cette lame est bien sertie dans la barrette! Est-elle d’origine? Quand au verrou, il est usé: il faut le recharger à la soudure et lui redonner une forme à la lime .
- L’état général du revolver est apparemment bon, car il a été chromé, ce qui veut dire « poli » par l’entreprise qui a fait le chromage. Les marques et logo n’ont pas disparu, mais on présume que la corrosion qui avait déjà piqué l’arme à été éliminée et l’aspect très lisse du barillet laisse penser qu’on a réduit les surfaces, ce qui a eu pour conséquence, de réduire les butées de verrouillage sur le barillet et de réduire l’épaisseur externe des chambres à l’arrière. Aille!
Passons au diagnostic:
Le diagnostic des armuriers :
Un armurier en Moselle à qui j’avais demandé de refaire certaines pièces de ce révolver me rendit l’arme 15 jours après l’avoir reçue en déclarant : « ça marche ». Je précise qu’il s’était engagé à refaire un doigt élévateur et à réparer le verrou (par soudure), ayant déclaré que « tout est toujours possible ». J’étais donc étonné qu’il n’ait rien fait (il avait cependant refait un ressort de détente pour l’autre révolver). Je ne l’accablerai donc pas. Son point de vue était cependant désobligeant : « Pour l’usage qu’on peut en faire, ça marche ». Le barillet tournait, c’était suffisant disait-il, pour en faire « un presse papier »! Convaincu de l’absence de valeur d’un tel objet, il me proposa (à titre de consolation) un vélodog ridicule au prix de plus de 200 euros. J’étais consterné par tant de mépris pour les armes anciennes, d’autant que je ne discutais en aucun cas du prix de la réparation, étant prêt à payer les heures faites. L’honnête homme finit par dire que refaire le doigt, c’était trop compliqué, que le réglage, c’était la galère, etc…. Bienvenue dans le monde de l’armurerie contemporaine.
Je suis donc rentré chez moi, un tantinet agacé et je me suis dit qu’il fallait que j’identifie le fabricant de ce revolver. Sur son barillet, le marquage ELG (avec l’étoile à 5 branches (dans l’ovale) était nettement lisible il s’agissait du poinçon du banc d’épreuves de Liège (image 7). En dessous, on trouvait la couronne surmontant la lettre R. C’était un début. Je n’aurais pas dit « fume, c’est du belge », mais j’aurais dit: « c’était du belge, ça peut encore fumer ». Mais le revolver ne possédait pas de numéro de série, ce qui me surprenait.
La seule marque visible, c’était un écusson placé sur le tonnerre du canon. Je me suis acheté depuis plus d’un an une loupe grossissante pour philatéliste qui permet de voir les micro-détails. Mais avec cette loupe, je n’arrivais pas à déchiffrer le dessin sous les lettres. Comment reconnaître ce logo? L’énigme commençait et j’avais le sentiment que ce logo était celui d’un fabricant coté ou reconnu: trop beau pour être celui d’un armurier anonyme.
Cette recherche fait partie du plaisir du collectionneur, fut-il tireur. Une sorte d’écusson avec deux lettres « LF » pouvait faire penser à Lefaucheux. Erreur, car après recherche, le logo Lefaucheux était « EF », c’est du moins ce qui m’apparut à première vue.
Je ratissais tout ce qui traitait des logos belges et en particulier les logo LF ou EF sur la liste dont j’ai donné les références. Après une journée complète de recherches sur le net que je vous épargne, je parvins à établir clairement que le fabricant Lefaucheux (dont les logos ont évolué) avait marqué ses revolvers des initiales LF mais avec un pistolet brisé… il s’agissait alors du père (Casimir Lefaucheux). Quant au fils (Eugène Lefaucheux) son logo était sobre : il se contenta des initiales EL surmontées d’une couronne. Pas d’animal ailé ou de dragon en vue. D’une façon générale les Lefaucheux sont numérotés.
Alors, mon revolver « LF » était-il de la première genération Lefaucheux? Aujourd’hui, ayant fait une recherche sur les Lefaucheux, il me paraît évident qu’un examen rapide du système mécanique écartait cette hypothèse, ne serait-ce par le fait que la détente de mon revolver est placée dans la carcasse…
Donc un revolver belge, fabriqué à Liège, sous les initiales LF et avec une sorte de cheval dressé? Une main invisible fit parler l’appareil qui grâce à sa précision, avait capté l’image finement; une image que même ma loupe ne parvenait pas à rendre lisible. La lumière rasante d’un projecteur accentua le relief en creux et l’image apparut: il s’agissait bien d’un animal cabré (et non cambré), cheval ou dragon? Quand à ce qui s’avéra être la queue, j’hésitais jusque là entre le chiffre 2 et une queue en panache? C’est bien une queue en S. Voici donc que l’image prenait forme : un très joli logo en vérité.
De quoi avoir un peu de respect pour cette arme que ses anciens propriétaires avaient sabotée pour en faire un objet décoratif. Il est certain que le revolver chromé cache bien son âge et ses douleurs, mais un polissage intensif n’était certainement pas le meilleur traitement, mais il cachait l’outrage du temps! Le traitement au chrome est cependant parfait pour l’entretien: pas de rouille.
Comment identifier le fabricant qui possédait ce logo et dont les initiales étaient LF? Sur internet, j’avais tenté différentes recherches, notamment à la lettre L dans les listings des fabricants belges recensés, épuisant les hypothèses, car aucune trace d’un lion cabré. Une réponse à mes recherches sur le thème de « logo armurier belge avec dragon (ou lion) dressé »: me proposa enfin un lion dressé brandissant une hache. Des revolvers Lefaucheux vendus à la Norvège comme revolvers réglementaires portaient ce dragon (ou lion) apparemment orienté vers la gauche et gravé à droite de la console. C’était ressemblant mais pas entièrement convaincant. Il fallait poursuivre.
En utilisant le mot « cabré » (plutôt que « cambré ») qui semblait correspondre à la position de cet animal, je découvris que le lion cabré était fréquent dans les armoiries et je poursuivis les recherches… le logo sortit enfin, découvert sur Delcampe. Je pus alors mettre un nom sur le fabricant: Lepage et Chauvot (LC), antérieurement « Lepage et frères »(LF) , c’était gagné!
On constatera que le logo gravé sur certains revolvers est parfois un peu rustique (photo de gauche), mais il ne fait aucun doute que mon revolver est un « Lepage et frères », une arme produite par ce fabriquant belge avant qu’il ne s’associe et fabrique sous la marque Lepage et Chauvot (LC). Voici trois exemplaires de ce logo, trouvé sur le net. Certes mon revolver ne dispose pas d’un numéro de série, mais il présente maintenant un certain intérêt ; ce n’est plus de la « quincaillerie belge ».
Reste maintenant à répondre à la question : ce revolver peut-il être remis en fonctionnement? Il me semble que oui, si on refait un barillet mais avec encoches et si on refait le verrou ainsi que le doigt élévateur. De gros travaux…. mais le canon reste à vérifier. La question est posée. Depuis j’ai consulté un second armurier, qui cette fois-ci m’a déclaré très amicalement que la réparation du verrou et du doigt n’offrait aucun intérêt, car l’usure du revolver est générale et tout cela ne servirait à rien,… inutile de répondre que « servir n’est pas de mise aux marquises », comme aurait dit J. Brel. L’argument ultime qu’il m’opposa, c’est que cela demandait trop de temps, etc. Là j’ai compris l’armurerie n’est plus un art. Aujourd’hui, il n’est pas possible de trouver un armurier disposé faire ce travail. Pour leur défense, il faut faire la différence entre restauration et réparation: la restauration expose l’armurier à de nombreux risques, liés au démontage (vis rouillées) d’armes qui ont souffert du temps et de la corrosion. Beaucoup sont avant tout des vendeurs d’armes. Aujourd’hui, l’armurerie est tournée vers la chasse. Il reste les particuliers avertis qui nous proposent d’excellents tutos, de quoi nous inciter à tenter l’aventure.
La solution est peut-être là:
http://www.tircollection.com/t15079-le-1873-ajustage-d-un-nouveau-barillet
http://poudrenoire.forumactif.com/t11977-reproduire-une-barrette-de-chamelot-delvigne