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5 – Le démontage d’un revolver à poudre noire, compréhension de son fonctionnement et de l’indexation


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Article repris le 20/12/2013.

Cet article fait suite  à 4 autres articles; il est recommandé de les lire dans l’ordre, car certains contenus ont été déjà abordés et ne seront pas repris dans cet article ;

  1.  La nomenclature d’un Colt
  2.  Le démontage du mécanisme
  3.  Comprendre le fonctionnement du Colt pour en assurer l’entretien et la réparation
  4.  Le rôle du verrou et de sa butée dans un révolver à PN
  5. L’indexation d’un révolver, un point très important du fonctionnement
  6. Le problème de l’entrefer et son réglage
  7. Le nettoyage d’un revolver à PN

1/ La nomenclature d’un Colt

Un outil très utile pour faire tomber le canon d’un colt (en principe mes canons sortent sans forcer et si nécessaire, je fais un petit ajustage pour réduire les frottements), mais sur certains colts neufs ou achetés récemment, il arrive que la clavette et le canon résiste fortement. Il est prévu qu’on utilise le bourroir pour sortir le canon (on le met en appui sur le barillet et on pousse comme si enfonçait une balle dans une chambre, mais au lieu de pousser une balle, on fait reculer le canon, si la clavette a été enlevée préalablement! Il est cependant recommandé de mettre la clavette ou un petite plaquette de bois entre le bourroir et le barillet pour éviter  d’abimer ce dernier. Cette petite barre peut être utilisée conjointement avec le bourroir en cas de gros effort et comme protection du barillet, mais aussi sans celui-ci, en l’utilisant comme un levier, quand le canon n’est pas très bloqué et qu’il ne demande qu’un peu d’aide…

  démonte canon

La compréhension du  fonctionnement du Colt est une étape indispensable  pour devenir un « poudreux », c’est à dire un tireur à la poudre noire.  J’ai pour ma part franchement « ramé » au début, ne sachant pas démonter le canon avec l’aide du refouloir (qu’on pourrait aussi appeler repoussoir), ni démonter les pièces situées  dans la carcasse et je ne pouvais donc pas nettoyer correctement l’intérieur des mécanismes: avec de l’eau bouillante ou du white spirit, il reste quand même des résidus.  Je devais également donner mes révolvers à l’armurier pour régler les détentes par exemple. Une telle ignorance me donnait le sentiment d’être dépendant de tiers et bloqué devant tout problème mécanique.  N’ayant pas une formation technique,  le mystère de cette mécanique m’intriguait : elle semblait contenir des pièces très simples, mais leur articulation échappait  à ma compréhension.   Il fallait  s’y mettre ! J’ai dû chercher sur internet des plans, des schémas, des nomenclatures  qui me permettent de comprendre l’agencement des pièces et leur rôle; les documents manquaient de précision concernant les fonctions de chaque pièce et leur mouvement (en rapport avec les déclics).  Voici une nomenclature qui peut servir pour beaucoup de révolvers et qui m’a bien servi pour apprendre le jargon des tireurs jusque-là un peu ésotérique concernant les pièces d’un colt.

terminologie d'un colt

Ma collection d’armes d’occasion s’élargissant, avec des problèmes propres à chaque arme, il devenait nécessaire de tenter le démontage des Colts,  après quelques achats d’outils appropriés:  démonter, était faisable, mais remonter, c’était « une autre paire de manches », ce qui me donna quelques inquiétudes !  Les vis constituent une source de problèmes majeurs et fréquents, car elles sont souvent bloquées par manque d’entretien ou en raison de l’oxydation (absence d’huile dans les filetages): certaines ont dû être remplacées après avoir été démontées en force, tellement elles étaient bloquées. Autre souci, il arrive que les têtes  de vis soient martyrisées par les tireurs amateurs (usage de tournevis inadaptés à l’armurerie ou serrage excessif) au point que tout démontage devient impossible. Une arme dont une seule vis est bloquée peut donner un problème sans solution et en faire une arme condamnée à l’étagère:  il faut alors passer par un armurier qui va tenter une réparation  et qui va devoir soumettre les pièces à des traitements de choc ! A moins d’avoir  l’aide d’un ami expert en armes anciennes (mon ami Yan, un anglais pour qui les armes de ce genre n’ont pas de secret) ;  en clair,  l’arme risque d’être abimée  (serrage dans les étaux, traces de coups, d’outils, perçages difficiles etc).

Le gros souci, ce sont  les ressorts de chiens qu’il faut tendre quand on remonte les revolvers (voir la pièce N°19): un vrai cauchemar!  Dans mes débuts, je me suis battu avec ceux-ci pour les remettre en place, utilisant des petits serre-joints…  jusqu’à ce que je mette au point un système qui rend le remontage assez facile : en remplaçant le serre joint par du cable électrique.

Le colt simple action doit avoir une mécanique bien soignée, bien polie : lorsqu’on arme doucement le chien, on doit entendre 3 clics successifs. Il va d’abord passer par le cran de demi armé pour arriver en fin de recul en position d’armé, prêt à tirer.  Mais en tirant légérement  sur le chien, on peut simplement débloquer le barillet et le faire tourner à la main, chose nécessaire.  Le recul du chien fait entrer le verrou dans la carcasse et libère le barillet. Le verrou est une petite  cale ovale qui se trouve sous le barillet  et qui s’encastre dans les 6 encoches prévues sur celui-ci : il descend et remonte lorsqu’on arme et s’introduit dans chaque encoche : le barillet est alors en principe aligné avec le canon. Rentrer le verrou  est nécessaire pour sortir le barillet et le demi-armé permet cette opération (si on a préalablement enlevé la clavette et le canon, bien sûr) .

Le colt se décompose en 4 parties principales :

  • – le bloc canon avec en dessous le levier d’armement et le bourroir (ou refouloir)
  • – la carcasse en acier ou en laiton dans laquelle est vissé l’axe de barillet (il ne peut pas être sorti, car il est serré à chaud)
  • – le barillet
  • – la crosse, avec la poignée et son armature en acier, fixée sur la carcasse (par 3 vis) .
  • – la sous-garde en laiton (qui sert de pontet) et qui maintient la carcasse et la crosse (par 3 vis) . Sur les colts, ces vis sont interchangeables , mais attention à les garder en bon état et démontables !

Comment armer un Colt ?  C’est le rôle du chien que l’on tire en arrière et qui peut prendre 2 positions, mais faire entendre 3 clics :  au départ la détente est légèrement inclinée vers l’arrière  et s’avance à la verticale lors du mouvement du chien.

  • 1er clic : le verrou rentre et  la détente se place dans le cran demi-armé et à la verticale (en avançant un peu) ; elle produit alors un 1er clic. 
  • 2ème clic :  le chien poursuivant son recul, la détente revient en arrière et se place maintenant dans le cran d’armé : elle est alors à nouveau ramenée à la verticale en produisant un second clic
  • 3ème clic : la came (l’arrêtoir du barillet) est relâchée  et le verrou sort poussé par le bilame : il produit un clic.  Il bloque maintenant le barillet . L’arme est prête à faire feu si on appuie sur la détente.

chien au reposchien demi armé

chien armé

 

2/ Le démontage du mécanisme

Une fois que la sous-garde est tombée, le mécanisme apparaît et c’est l’occasion de vérifier que l’entretien est efficace: en réalité, il ne l’est que partiellement, c’est pourquoi lors du nettoyage courant, il est utile d’utiliser des produits qui protègent l’acier et bloquent la corrosion due aux résidus (Armistol, « 3 en un », huiles mécaniques, etc). Mais il faut procéder régulièrement à un nettoyage complet. Je recommande d’utiliser un pinceau et de laver le mécanisme au white spirit ou au pétrole désodorisé qui, l’un comme l’autre, ne risquent pas de provoquer la rouille. De surcroit, les saletés contenues dans le white spirit se déposent au fond du flacon, ce qui permet une réutilisation du produit de nettoyage après décantation. L’eau bouillante est excellente pour le nettoyage du canon et des barillets, mais pour le nettoyage de la carcasse, on risque de laisser des résidus et de l’eau, malgré un séchage au sèche-cheveux. Il faut sécher l’arme de telle sorte que l’eau s’écoule (tête à l’envers). Le white spirit (avec un peu l’huile mécanique diluée) me semble plus adapté et nettoie très bien, sans risque de rouille et sans souci de séchage.  Une arme doit également être conservée dans un endroit sec.

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Déposer la sous-garde est pas une opération courante d’entretien: toute intervention sur l’arme qui met en jeu la visserie est délicate, surtout lorsqu’on a affaire à des San Marco ou des San Paolo, pour lesquels les vis sont introuvables. Enfin une crosse de colt est vissée à l’armature et à la sous-garde par 3 vis et pour les remettre en place, il faut opérer une tension, si nécessaire avec une serre-joint de petite taille, pour rapprocher la carcasse et la sous-garde : en principe la main suffit si le ressort est maintenu comme je vais le montrer. L’utilisation du serre joint est cependant inadaptée et certains armurier dévissent les ressorts de chien.

Je recommande ma méthode qui est très pratique.  Au remontage, le ressort de chien et la sous-garde seront difficiles à remettre en place, car le ressort pousse le chien et écarte la sous garde: il faudra donc serrer ressort (c’est l’intérêt du câble électrique) et maintenir la sous-garde et la carcasse en pression pour que les orifices des vis se placent en alignement. On procède au remontage avec le ressort tendu à fond et tenu par le câble; Il n’est pas nécessaire de tendre le ressort avant de mettre le cable : on enserre le cable à la base du ressort et ensuite, on fait remonter le cable enroulé en le glissant, ce qui du coup serre le ressort de chien. Le chien doit être en position demi-armé pour qu’il laisse de la place au ressort.

Il faut prendre de grandes précautions concernant les vis de la sous garde et de la crosse et ne pas serrer excessivement. Il faut surtout les graisser. Mais les lavages intensifs à l’eau exposent les filetages à l’oxydation, il est donc important de démonter et de graisser les vis à chaque fois  pour éviter qu’elles ne se grippent.

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C’est au démontage qu’on prépare le remontage : un conseil, gardez le ressort de chien tendu et fixé sur la sous-garde pendant tout le démontage jusqu’au remontage. Si on ne l’attache pas, quand la carcasse et la sous-garde vont être désassemblées, le ressort sautera! Donc on va le garder tel qu’il est, en le maintenant bloqué contre la sous-garde par le câble électrique en cuivre (avec sa gaine), ce qui va nous épargner bien des « emmerdements » (voir les photos)! D’autre part,  je recommande de maintenir le chien collé à la carcasse (position de repos) avec un élastique, cela évite à la détente de se balader et de gêner le démontage (idem au remontage): on n’enlèvera l’élastique au démontage que pour sortir le chien, après avoir retiré le bilame, la came et la détente. Selon la marque du revolver, le remontage de la sous-garde sera plus ou moins facile, on a toujours du mal à remettre les vis en face de leur trou, mais il faudra placer le chien en position demi-armé pour mettre l’extrémité crochue du ressort sous le bec auquel il s’accroche, sinon il va contrarier la remise en place de la sous-garde.

L’astuce  : il faut procéder à l’enroulement du ressort dans la partie basse, ce qui évite d’avoir à alors à tenir le ressort tendu pendant l’enroulement : il suffira de faire glisser le câble enroulé vers la carcasse (vers le haut), pour que le ressort de chien se tende, car il est serré contre le cadre en laiton de la crosse et  en remontant l’enroulement, le ressort se plaque  contre celle-ci, c’est là toute l’astuce de ma méthode!

  bilame

Voici les parties mécaniques après nettoyage au white spirit. Le démontage de la carcasse commence : nous allons déposer le ressort bilame : la vis est très délicate et souvent, par abus de serrage, elle se détériore: il est alors difficile de la changer sur des modèles Army San Marco ou San Paolo: problème fréquent. On peut « retremper » les têtes de vis en acier pour les renforcer, mais la qualité du tournevis reste essentielle. De la douceur et un bon outillage s’imposent !

 On va maintenant sortir 2 axes visibles sur le côté de la carcasse en les dévissant avec toutes les précautions requises (un tournevis parfaitement adapté, à bout plat, aux dimensions exactes)

  • 1/ l’axe de la came du verrou de barillet, en regardant bien comment celle-ci se place sous l’axe de la détente et côte à côte avec celle-ci.
  • 2/ celui de la détente, qui se tient droite tant que le chien ne bouge pas, grâce à son axe et à l’élastique.

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Une fois la came et la détente sorties, il ne reste plus enlever l’élastique qui maintient le chien, dévisser l’axe du chien et sortir le chien avec le doigt élévateur qui est  accroché sur sa face A.  Ce doigt et son ressort sont logés dans un couloir rectiligne et ne peuvent sortir que si on les tire dans  le sens de l’axe du couloir,  avec délicatesse:  pour ce faire,  on procède comme indiqué sur l’image. C’est très facile.

 8 on sort le chien et le doigt

 Voici maintenant des photos qui indiquent l’agencement des pièces mécaniques dans la position où elles se trouvent articulées au chien:

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 My beautiful picture

3/ Comprendre le  fonctionnement du Colt pour en assurer l’entretien et la réparation

Démonter l’arme ne signifie pas qu’on a compris son fonctionnement et les subtilités de la synchronisation des différentes actions, à moins que l’on ne soit mécanicien ou très à l’aise avec ce genre de mécanisme d’horlogerie. Voici le mécanisme tel qu’on le voit sous la carcasse: ce qui aujourd’hui me paraît très simple est resté une énigme pendant pas mal de temps et j’espérais (en vain) trouver un article sur son fonctionnement. Finalement, j’ai pris le temps de tout examiner à la loupe et de m’initier à cette mécanique dont je vous donne la clé.

5après nettoyage

Le ressort bilame, dont on a vu les deux lames bombées, appuie sur la détente et sur la came (photos précédentes), ce qui les oblige à revenir à leur position dès que le chien n’exerce plus de pression sur celles-ci : la came se met à l’horizontale et la détente à la verticale.  Le détente présente une petite proéminence (saillie) plate de 3mm environ sur laquelle le bilame appuie.  Conseil utile : en  cas d’impossibilité de trouver un ressort bilame pour un revolver ancien, on peut en fabriquer de différentes façons :  on peut utiliser une lame de truelle en acier, qu’on va tailler, détremper , courber et retremper. On peut aussi utiliser des tiges en acier d’1 mm environ qu’on va de la même façon, détremper, courber, façonner et retremper. en voici un modèle découvert sur un revolver acheté sur Naturabuy, le site où tout est possible!

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Par l’intermédiaire de la détente, le bilame agit indirectement sur le chien. Pour comprendre l’agencement des pièces et leurs interactions, il faut imaginer un assemblage dans l’espace et comprendre que le chien fait une légère rotation autour de son axe. C’est le soleil autour duquel gravite des satellites ! C’est cette rotation partielle du chien qui produit plusieurs actions :

  •  1/ la rotation du chien agit sur le doigt élévateur articulé par un axe sur sa face A et qui en montant, sous la poussée du chien, fait alors tourner le barillet. Voici des photos montrant le doigt élévateur sorti de la carcasse et la rosette crantée qui est à l’arrière du barillet et sur laquelle le doigt élévateur exerce une poussée (ascendante) pour faire tourner le barillet. Pour réduire les frottements et adoucir l’armé, il est recommandé de polir entièrement le doigt, son ressort et le couloir dans lequel ces pièces exercent leur mouvement ascendant et descendant. Le ressort maintient le doigt au bon endroit dans ce conduit, sinon il flotterait et raterait les crans de la rosette. Mais pour polir ce couloir, qui sur des San Marco (notamment) est très mal « fini », il faut au moins une lime diamantée de faible largeur (en vente chez Conrad).  Quand on regarde un Walker Uberti, le couloir est parfaitement lisse: différence de qualité très significative. C’est alors au tireur de finir son arme à la main !

doigt élévateur et verrou

cheminées et rosette crantée

  • 2/ La rotation du chien agit dans le même temps sur la came du verrou par une butée montante et descendante, située sur sa face B. Lors de la rotation du chien, cette butée monte et  « accroche » la came au passage en la forçant  à monter également, tandis qu’à l’autre bout de la came (comme une balançoire), le verrou suit le mouvement inverse: il descend et rentre dans la carcasse. Mais arrivé à un point, la cale se décroche et le bilame agit aussitôt, repoussant le verrou vers l’extérieur : ce dernier cherche  alors une encoche du barillet: s’il ne la trouve pas (mauvaise indexation), il bloque le barillet .
  • 3/ La rotation du barillet entraînée par le doigt élévateur est cependant arrêtée par le verrou qui arrive à point (c’est essentiel) quand la came se libère de la butée (sur la face B du chien) et revient à sa place sous la pression du bilame : c’est donc le chien qui a pour fonction de rentrer le verrou dans la carcasse, mais c’est ensuite le bilame qui a pour fonction de remettre celui-ci dans les encoches du barillet , quand le chien cesse de relever  la came. Cette alternance est calculée pour que la sortie du verrou soit coordonnée avec le doigt élévateur : l’un fait tourner, l’autre arrête.

Le grand ressort de chien a comme rôle de renvoyer violement le chien vers sa position de repos, en frappant celui-ci contre les amorces: en anglais, on l’appelle le « marteau » (hammer). C’est la mise à feu. Il faut bien vérifier que ce ressort est en place: quand il est maintenu par un tenon il faut le pousser à fond,  quand il est maintenu par une vis il faut vérifier de temps en temps qu’elle est bien serrée : si le ressort prend du jeu, il perd en puissance et donne d’autres soucis.   Le retour du chien et la frappe sont  contrôlés par la détente dont la pointe (partie délicate) vient se placer dans les encoches qui sont à la base du chien. Elle  bloque ainsi le retour du chien, mais plus elle est usée, plus le cran est lui-même usé, moins elle bloque, plus ça part tout seul, ce qui devient dangereux pour le tireur et pour son entourage ! La détente attend que tireur appuie sur elle avec le doigt pour libérer le chien, mais cette pression doit être douce, sinon il se produit « un coup de doigt » qui fait perdre beaucoup de précision au tir. On peut doser la force à exercer sur la détente pour lâcher le chien et son percuteur, afin d’avoir un tir plus précis. Les tireurs mesurent cette poussée et la règlent. Le chien n’agit donc pas sur la détente, c’est le contraire, mais il la fait bouger légèrement lors de la rotation pour qu’elle change de cran et c’est le bilame qui oblige celle-ci (par un appui en (P) sur les photos) à venir se loger dans les 2 encoches placées à la base du chien (demi-armé et armé). Le bon état du bilame est essentiel pour que la détente retienne le chien à l’armé.

Voici un site [Gunsmith.fr; Le site participatif sur les armes anciennes] qui donne des informations sur les préparations des armes et les petites pièces mécaniques, ainsi que des informations concernant les étapes du mouvement du chien et les « clics ». On y voit en gros plan les pièces les plus petites et les plus fragiles d’un colt. A consulter.

http://gunsmith.fr/article9/preparation-d-un-colt

4/ Le rôle du verrou et de sa butée dans un révolver à PN

verrou de coltQu’est ce que j’appelle la came et que d’autre appellent le verrou ? Le terme came n’est peut-être pas approprié : je nomme ainsi un bilame qui comporte d’un côté  un verrou (un téton qui  bloque le barillet en se plaçant dans ses encoches)  et de l’autre une crosse en forme de croissant (sur ce modèle, le croissant est très  petit). La came  se  balance autour d’un axe sous la poussée d’une butée qui  est fixée sur le chien.  le terme verrou n’est pas totalement adapté, car il ne rend compte  que partiellement  du fonctionnement de cette pièce.

La pièce mécanique qui déclenche les mouvements et assure la synchronisation des actions, c’est « le chien ». Quand on le bascule (ce qu’on appelle « armer » le chien sur un révolver simple action), il va enclencher différentes actions qui se traduisent par des clics sonores et successifs. Le chien agit directement sur le doigt élévateur et sur le barillet par l’intermédiaire d’un verrou  (que j’appelle à tort « une came »)  C’est une sorte de bilame en forme de triangle plat qui se balance autour d’un axe et qui est prolongée par une petite crosse en forme de croissant (voir la photo). C’est cette crosse sous laquelle se loge la butée, qui va recevoir la poussée ascendante de cette dernière. La butée est la pièce la plus complexe de la mécanique du Colt parce qu’elle travaille soit en poussée sur la crosse (en montant), soit en écrasement de celle-ci (en descendant).  C’est le point le plus difficile à comprendre:  du fait de son orientation et de sa surface inclinée par rapport au plan du chien, la « butée » (un terme à moi) accroche la crosse du verrou et la posse vers le haut, mais quand le chien fait la rotation en arrière, la butée qui redescend doit écraser les deux lamelles de la crosse pour passer, et ça elle le fait parce qu’elle présente une inclinaison qui est essentielle. Si la butée est usée, le verrou n’est plus accroché et la butée passe sans relever le verrou. Si la crosse est usée, le problème est alors identique ou alors le verrou ne monte que partiellement. Du coup tout est déréglé, l’indexation ne fonctionne plus, le barillet ne tourne plus.

Ce qui m’intriguait, c’était la pente de cette butée (biseautée). C’est un axe qui dépasse du chien de 1,5mm, mais qui n’a comme fonction que d’accrocher et de pousser dans un sens ou d’écarter dans l’autre sens. Il est incliné de telle sorte que le côté le plus épais pousse (en montant) la crosse vers la haut, tandis que l’autre côté, qui n’a pas d’épaisseur, resserre (en descendant) les deux lamelles de cette crosse pour lui laisser le passage,  ces lamelles étant séparées par un espace qui se réduit ou s’écarte selon le besoin.

terminologie

Je vais retracer  par un schéma les étapes du déplacement des 2 pièces:

  1. 1ère étape : le chien est au repos, la butée biseautée se trouve sous le croissant de la came, sa partie la plus épaisse vers le haut. Le chien commence sa rotation vers le 1/2 armé. La butée gravite à son tour autour de l’axe du chien, et avance sous la came en suivant le contours interne du croissant qu’elle repousse, exerçant une poussée ascendante sur la came : la came monte d’un côté, bien qu’étant soumise à une contre-poussée du ressort bilame à l’autre bout où le verrou de barillet descend. Au 1/2 armé la butée biseautée est arrivée au bout du croissant de la came et le verrou est totalement rentré, mais la butée est toujours sous la came, en appui sur elle.
  2. 2ème étape : on passe le 1/2 armé et soudain, au point K, la butée n’a plus d’appui sur la came qui, du coup, étant libérée, revient instantanément à sa position initiale sous la pression du bilame … Le chien lui,  poursuit sa rotation et atteint l’armé. Le tireur vise, il appuie sur la détente: le chien revient alors violemment en avant, tandis que la butée redescend! Elle trouve sur sa route la came qui a repris sa position mais qui ne peut pas reculer : la butée force alors le passage, en comprimant les 2 lames souples de la came (séparées par un intervalle), grâce à son biseautage et à cet intervalle… la butée passe et reprend sa place sous la came. Ni le verrou, ni la came n’ont reculé. Belle histoire que je compte vous raconter en images!

 Les 5 étapes du fonctionnement de la came et de la butée en images

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 came et butée 5_NEW

butée 2Un lecteur me demande d’expliquer ce que j’entends par « la came passe en force » : Avez-vous remarqué que la « butée » est un cylindre de faible hauteur (épaisseur): un cylindre écrasé, mais dont la surface est inclinée, de telle sorte que dans un sens (en montant) la butée se présente avec la hauteur maximale (il faudrait dire « épaisseur » pour employer un terme plus explicite) Elle accroche la came et la pousse devant elle, tandis que dans l’autre sens (au retour quand elle redescend) elle se présente le côté qui n’a pratiquement pas d’épaisseur, comme un plan incliné sur lequel la came ne bute pas: elle glisse, elle est simplement repoussée sur le côté, serrée contre la paroi, ce qui fait que la butée passe en force ». Il faudrait un petit schéma… d’un côté elle agit comme un chasse neige, de l’autre elle se glisse entre la came et la paroi de cette cavité interne du revolver, mais elle ne fait pas descendre la came. Elle se faufile, elle fait sa place. Génial non? » la butée

 5/ L’indexation d’un révolver, un point très important du fonctionnement

Comment constate-t-on le défaut d’alignement? Et qu’est-ce que l’indexation ? (extrait d’un forum « Tir longue distance »)

  • – L’indexation est la faculté du mécanisme à mettre le barillet en place puis à le verrouiller avant que le coup ne parte en DA et / ou que le chien soit à l’armé en SA.
  • – Le défaut de verrouillage est la capacité de tirer sans que le barillet soit verrouillé, ce qui  cause d’évidents problèmes liés à un alignement aléatoire.
  • – Le jeu en rotation au verrouillage du barillet et la possibilité pour le barillet de quitter l’alignement alors que le verrou (l’arrêtoir) est dans l’encoche.
  • – Le défaut structurel d’alignement, qui résulte de l’utilisation d’un barillet comportant des  chambres forées au mauvais endroit.

Une arme achetée neuve ou d’occasion doit avoir « une bonne indexation »: c’est un point qui est souvent mis en avant dans les annonces, de façon très publicitaire,  mais attention aux  attrape-nigauds : se méfier des apparences ! Et qu’en est-il du reste?  J’ai déjà écrit que les revolvers de mauvaise fabrication  (que je qualifie de « tocards ») ont tendance à aboutir dans les petites annonces !

L’indexation est une synchronisation de différentes pièces et un calcul de leur mouvement, de telle sorte que le barillet fasse une rotation correcte, qu’il s’arrête au bon moment, au bon endroit, pour que la chambre soit en alignement avec le canon au moment du départ de feu. Un décalage latéral entre la chambre et le canon, un barillet qui tourne mal, qui ne s’arrête pas à l’endroit prévu, ou qui a du jeu en position d’arrêt,  voilà les principaux dysfonctionnements à craindre et qui sont dangereux ! Il reste le jeu normal du barillet: un petit jeu, mais sans excès. Un jeu excessif est contraire au bon fonctionnement de l’arme et peut devenir dangereux, car il rend l’alignement des chambres et du canon aléatoire.

L’indexation est un problème délicat et demande une compréhension des mécanismes qui assurent la rotation, le positionnement et la stabilité du barillet. Le doigt élévateur et le verrou de barillet sont des pièces essentielles qui s’usent et doivent être remplacées, mais les encoches du barillet peuvent également s’user et contribuer à donner du jeu. Bien entendu, il ne faut pas modifier la longueur du doigt élévateur, sans précaution, c’est une opération qui met en cause la sécurité du tir. Les problèmes peuvent provenir de plusieurs causes, notamment:

  • – un ressort bilame d’arrêtoir trop faible qui ne pousse pas l’arrêtoir suffisamment fort (donc vite) vers le haut et rate l’encoche; du coup le barillet n’est plus stoppé;
  • – un verrou (arrêtoir) usé, ou trop arrondi, ou encore il « glisse » sur le bord de l’encoche ;
  • – des encoches usées, aux bords arrondis, donc même problème;
  • – un verrou (arrêtoir) trop neuf, relié à un bord d’encoche trop neuf; il n’a pas le temps d’entrer dans l’encoche…

Une arme dont l’indexation est défectueuse, c’est une arme dont le barillet, ses encoches et sa rosette ne correspondent pas au travail du verrou ou sont mal alignés avec celui-ci. Il en est de même de l’alignement du canon et des chambres : ce qui veut dire que si la fabrication de l’arme est trop grossière ou si l’arme a été modifiée, le problème est délicat  (il peut avoir été monté un barillet modifié et qui n’est pas de la même marque).  J’ai constaté que dans certaines marques (Army San Marco ), les barillets de Walker ne sont pas interchangeables … y avait-il eu modification? Les barillets ne sont généralement pas numérotés, mais ils peuvent porter un logo de la marque (c’est le cas pour Uberti). Par contre si l’arme est fatiguée, dans ce dernier cas on peut changer les pièces à condition qu’elles soient encore produites (Ubertis et Pietta notamment). Le doigt élévateur peut lui aussi être défectueux, usagé et ne pas pousser le barillet suffisamment loin. Si le doigt élévateur trop court, la chambre n’arrivera pas en face du canon (généralement la longueur est bonne).  Le verrou (la came) et le doigt élévateurs sont difficiles à refaire et à trouver sur des armes qui ne sont plus fabriquées.

Si l’indexation paraît bonne, il faut quand même faire au moins une vérification visuelle de quelques points : l’usure du verrou, l’usure des encoches (qui tous les deux, indiquent la fatigue du revolver) et enfin l’état du doigt élévateur (à l’œil, on voit s’il sort suffisamment, etc) ; voilà au moins trois points qui doivent être examinés avec attention.  Mais surtout, il faut faire tourner le barillet qui doit fonctionner sans défaut (ratées, résistance, raideur… ) et entendre les clics. Ce n’est plus l’indexation proprement dite, mais l’indexation est inséparable du bon fonctionnement de toute la mécanique.  Si le barillet tourne bien, si le verrou fonctionne bien, est-ce que pour autant les chambres se placent  parfaitement dans l’alignement du canon ? Il faut alors démonter les cheminées avoir l’œil pour le vérifier, ou utiliser l’endoscope.

Le doigt élévateur, une pièce qui peut présenter des  dysfonctionnements

doigt élévateur Euroarms 1858Le doigt est une pièce qui vient pousser les crans de la crémaillère et fait tourner le barillet pour qu’il vienne se positionner face au canon. Le petit ressort est destiné à le maintenir en place dans un conduit ascendant.  A  sa base le doigt est fixé sur le chien par un axe placé presque au niveau du cran d’armé. Il  monte et descend avec la rotation du chien quand l’on arme.  Il sort par une petite fenêtre  qui s’ouvre derrière le barillet.  La longueur du doigt doit permettre une rotation correcte du barillet et si elle n’est pas bonne, il en résulte  un décalage du barillet et des incidents lors ci de tourner.  Cette coordination se vérifie aisément.  Si le doigt n’est plus coordonné,  il risque de travailler quand le verrou bloque. Le doigt peut être diminué de longueur  s’il pousse le barillet trop loin.  Cette pièce doivent correspondre au barillet avec lequel elle travaille. Il joue également le rôle de frein lors de la rotation du barillet. au départ du coup, le doigt supporte le recul du barillet.

 Le travail du doigt est le plus difficile à comprendre, parce que cette pièce  est placée derrière le barillet et ne peut pas être observée dans ses mouvements. La synchronisation   verrou/ doigt élévateur donne lieu à trois avancées progressives du barillet  entre chaque étape de l’armé ; au 1er cliquetis le verrou entre, au second il ressort de façon sèche, au 3ème le doigt se sort. Le barillet n’est en place qu’après le 3ème cliquetis, prêt pour le lâcher du chien..

Le réglage  du doigt  élévateur  est  un travail  plutôt délicat :  en cas de dysfonctionnement, il est recommandé  de changer le doigt plutôt que de vouloir le modifier.  C’est pourquoi les revolvers destinés à un usage intensif ont intérêt à disposer de pièces de rechange, sauf si on est apte à les refabriquer.

Vérification de l’alignement des chambres et du canon d’un Colt Walker avec un endoscope…

 Pour faire une vérification, il  faut enlever les cheminées et éclairer les chambres par l’orifice. On verra alors à l’œil nu (ce qui n’est pas évident) si le cercle de la chambre et celui du canon sont concentriques ou si un croissant de lune se forme sur le côté dans toutes les chambres, signe d’un défaut d’alignement.  Pour ma part,  j’utilise un endoscope, qui permet de visiter le canon avec un éclairage associé à une caméra à fibre optique : ça se trouve chez Conrad pour une centaine d’euros. Si des croissants apparaissent à l’éclairage, situés latéralement, c’est que l’alignement est mauvais, mais si ces croissants varient de position, s’ils n’ont pas une position latérale systématique, si on les trouve soit en haut ou en bas, cela veut dire que le barillet est de mauvaise fabrication. De toute façon, des croissants importants indiquent une arme de mauvaise qualité. Ce qui veut dire que quand vous achetez, prenez la précaution d’amener avec vous un endoscope ! Cela vous évitera d’avoir ensuite bien des regrets….

Les armes vendues d’occasion sont donc exposées à des dysfonctionnements de l’indexation du barillet ou des défauts d’alignement du canon et des chambres, ce qui n’apparaît pas sur une simple photo qui peut mettre l’arme en valeur (on joue sur le jaspage, l’esthétique générale). Mais dans ce domaine, le risque est que les problèmes d’alignement soient dus à la fabrication. En fait, en achetant une arme d’occasion sur Natura, Delcampe ou Egun, on entre dans le circuit de revente des tocards, car les bonnes armes ne se revendent pas là. Les bonnes armes (quand le tireur renonce à les utiliser, ce qui n’est pas très courant)  se vendent plutôt par relation ou sur des Forums de poudreux, ou enfin dans les bourses aux armes (où on a un contact direct avec l’arme et le vendeur), mais à mon humble avis, pas sur les sites de vente d’armes d’occasion. L’achat d’une arme d’occasion sur internet est une loterie.  Dans une bourse aux armes vous allez pouvoir faire une vérification avec un endoscope notamment. Ceci dit des armes qui sont simplement fatiguées, se remettent en état, mais à quel prix va-t-on les acheter ? C’est une autre affaire. Il est évident qu’une arme prétendue « en bon état et qui n’attend que l’acheteur pour retrouver le pas de tir » sera vendue plus cher que son prix réel, car les défauts ne sont pas déclarés: nombreux sont les tireurs qui dénoncent  les tarifs de vente excessifs sur les sites d’enchères.

Voici 6 photos qui montrent les défauts d’alignement du Walker 1847 ASM acheté sur Natura et dont j’ai parlé dans un article précédent : il est clair que ce revolver présente un défaut de centrage des chambres par rapport au canon.

alignement du canon W 1901 ASM-Monk _0001_NEW

Le croissant lumineux (qui correspond à la jonction entre la chambre et le canon) révèle ce défaut, montrant un déplacement systématique de toutes les chambres au sud-ouest, puisque la lumière de l’endoscope se réfléchit sur une partie saillante à l’opposé,  au nord-est.  Le croissant est large, ce qui indique que  le défaut est sensible.  C’est bien un défaut présumé « d’origine » :  il  indique que la chambre est à la fois trop basse (mauvais forage du barillet) et trop avancée (problème qui concerne réglage du système mécanique, le barilet, les encoches ou le verrou, donc l’indexation), défaut qui affecte chaque chambre et qui  indique par conséquent que le barillet  est en décalage par rapport au  centre du canon. Attention, l’endoscope peut inverser les  images, c’est à vérifier. D’autre part l’effet lumineux amplifie le dépassement qui donne lieu au croissant, car à l’oeil, avec une lampe placée dans l’orifice de la chambre, ça ne saute pas yeux: c’est infime.  C’est donc une arme qui peut manquer de précision.  La vérification de mes 2 autres Walkers ARMY SAN MARCO avec l’endoscope fait apparaître que tous ont des problèmes d’alignement identiques à ce Walker. Il semble donc que la marque ASM fabriquait des armes qui souffraient d’une fabrication plutôt « rustique » … ce qui expliquerait que leur précision en soit affectée, à moins que les plus mauvais revolvers soient ceux qu’on trouve sur internet (ceux que j’appelle les « tocards ») ?  La question qui s’impose, c’est de savoir si un tel défaut se traduit par une dispersion importante des « boulets ou des ogives, à 25m ?  Est-ce que ce défaut d’alignement entraîne un manque de précision?  ! ?

La seconde question est de savoir si mon meilleur Walker acheté lui aussi d’occasion présente un tel désordre ? J’ai donc procédé à la même vérification de l’alignement des chambres et du canon sur mon Walker Hege- Uberti : voici le résultat, c’est parlant ! L’alignement est superbe, mis à part une chambre qui semble légèrement décalée.  La marque Uberti confirme donc sa réputation de fabriquer des armes soignées, mais cette constatation se vérifie-t-elle sur d’autres revolvers Uberti. C’est donc une arme d’occasion qui m’a été vendue en bon état sur NaturaBuy. Mais les rainures, me direz-vous, comment sont-elles ?  fatiguées ou encore bien dessinées ?

  alignement du canon W U 5528 Monk _NEW

 Cette réflexion nous conduit donc à  considérer que la marque peut donner lieu à des défauts de fabrication qui  sont à examiner lorsqu’on achète un revolver à poudre noire .

5/ Les précautions indispensables lors du tir.

Un revolver à poudre noire est une arme qui peut donner lieu à des dysfonctionnements dont les principaux sont les suivants : 

1/ un tir doit avoir toujours un départ franc, avec un bruit sourd, sec et puissant. Tout départ qui donne une sorte de bruit inhabituel, faible et un « tschhh »…  est un danger potentiel. Il faut alors s’assurer que la balle est sortie du canon. Or cette précaution est difficile lorsqu’il s’agit d’un revolver à carcasse fermée.  Lorsqu’il s’agit d’un colt, on peut facilement  déposer le canon et s’assurer visuellement qu’il est vide,  opération totalement impossible avec un Remington 1858 par exemple – et totalement dangereuse.  Quelle est la cause ?

Soit la poudre est défectueuse pour des raisons variées, soit  en raison de l’humidité, soit encore en raison d’une mauvaise compression de la balle qui laisse la semoule se mélanger à la poudre ou laisse un vide dans la chambre sous la balle.  Dans ce cas, la balle va partir, mais avec une poussée insuffisante et celle-ci va  rester dans le canon en raison du frottement. Ce qui explique que plus une balle est surdimensionnée, plus elle risque alors de rester dans le canon en cas de charge mal préparée ou de fuite des gaz. La balle obstruant le canon, elle empêcher le tir suivant  de fonctionner et le canon a de fortes chances d’éclater, car la pression due à l’explosion de la poudre peut faire éclater un canon en acier; la PN, c’est de l’explosif!

2/ l’amorce est percutée, mais le coup ne part pas, soit parce que l’amorce est défectueuses, soit parce que la cheminée est matée, trop éloignée du chien, soit  parce que la flamme n’a pas suffisamment traversé le conduit de la cheminée pour atteindre le fond de la chambre, ceci en raison du mauvais été de l’amorce : vétusté, humidité ou amorce trop pincée, par exemple, ou encore parce qu’elle est encrassée, ou enfin parce que le conduit est étroit (sur certaines cheminées de compétition). Il arrive alors que l’allumage de la chambre soit simplement retardé,  surtout lorsqu’il s’agit de cartouches-papier qui font un bourrage à la base de la chambre et dont combustion  peut se faire de façon progressive jusqu’à l’ignition de la poudre.  Ce qui peut laisser un laps de temps assez long entre la percussion de l’amorce et le départ du coup (jusqu’à une minute). C’est très dangereux. 

Règle impérative, en cas de mauvaise percussion, il faut garder l’arme orientée vers la cible durant une minute et attendre avant de déposer le barillet pour remettre une amorce.  Le mieux et de tirer toutes les autres chambres avant de changer l’amorce.

3/ Le chargement défectueux, sans précaution,  peut provoquer l’allumage de plusieurs chambres simultanément : c’est ce que l’on appelle un « départ en chaîne » qui a un effet impressionnant et qui risque d’être dangereux. Les causes sont connues :

  • balle sous dimensionnée, qui ne tient pas et qui va sortir lors des 1er tirs, en risquant de laisser une chambre ouverte et chargée
  • chargement qui a répandu de la poudre à l’entrée des chambres et absence de graisse qui assure l’étanchéité au feu, mais attention dès les 1er tirs, la graisse est souvent soufflée;
  • cheminées défectueuses (fendues, trop ouvertes, etc)  et qui perdent de la poudre ou qui ne tiennent pas (elles tombent et la poudre sort) .  
  • amorces trop larges qui ne serrent pas les cheminées et/ou mauvais état du chien qui se relève au moment du coup de feu.

6/ Le problème de l’entrefer et son réglage

La spécificité des Colts,  c’est la question de l’entrefer qui résulte de leur carcasse ouverte – ce qui les met pénalise d’un certain point de vue, celui de la précision.  Il faut cependant dire que la carcasse ouverte  est un système extrêmement simple à utiliser, permettant un démontage  facile, ce qui est absolument nécessaire en cas de blocage du barillet.  Le soldat qui avait peu de moyens techniques pour réparer ses armes était à l’abri d’incidents  sérieux, car la technologie des Colts est merveilleuse, si on se replace dans le contexte historique.  A contrario, les revolvers à carcasse ouverte, on ne le dit pas assez,  sont une vraie galère quand  une balle sort de la chambre et bloque le barillet.  Rien de tel qu’un Colt: on enlève la clavette et « Sesame ouvre toi »,  le barillet est débloqué. Sur un Remington 1858, ou sur un R&S, l’arme risque de finir chez l’armurier!   C’est pourquoi les colts ont été choisis par l’armée lors des guerres de sécession, celle-ci ayant toujours été méfiance envers des armes plus sophistiquées qui sur le terrain,  s’avéraient source d’ennuis et que les soldats ne parvenaient pas à garder en bon état de fonctionnement.

Ceci dit, la technologie du Colt présence certains aspects problématiques. Un article de Johannes COUTURIER sur le site ATV, ayant pour titre : « l’optimisation du Colt 1860 Army pour le tir », examine la question de l’optimisation d’un revolver Colt , un article qui ne peut que retenir notre intérêt par sa réflexion et sa qualité.

http://www.kitandsoft.com/gallery/article%20colt%201.pdf

http://www.kitandsoft.com/gallery/article%20colt%202.pdf

Cet article  ne signale pas un défaut de fonctionnement du Colt, il  propose une optimisation de l’arme et entend tordre le cou à « quelques idées reçues »,  ce à quoi je m’associe. Ce qui concerne ma réflexion sur le Colt en général, c’est l’axe « arbor bottomed« , c’est à dire un axe qui vient se loger dans la console (dans une sorte de couloir, de puits) et qui,  sur les revolvers d’origine,  venait buter sur le fond de cette cavité où il se loge.  Est-il nécessaire que l’axe bute ? ?   Il y a sur un Colt plusieurs points d’appuis qui servent à  maintenir ensemble les pièces et qui servent également à  prévoir des écarts, des intervalles. Le fait que le canon soit bloqué par l’axe, empêche la clavette de repousser le canon  trop près du barillet et ce faisant de bloquer sa rotation.  Du coup,  la clavette  voit son effort limité  par cette butée.

Voici différents schémas de coupes  d’un Colt qui présentent le barillet, l’axe du barillet, la console du canon et la clavette , c’est à dire  comme si on avait coupé un Colt  au niveau de son axe dans le plan horizontal.

1 fonctionnement normal d'un Colt

Sur cette photo, il apparaît de façon évidente que si on pousse  la clavette qui est légèrement trapézoïdale, elle prend appui sur  la console du canon en C et repousse l’axe du barillet en B, en avançant dans la fenêtre qui traverse la console et l’axe. Si le canon recule librement vers le barillet et si l’axe avance en sens inverse dans le bloc canon, cela ne resserre pas les deux pièces qui ne sont que partiellement liées: ça peut bouger.   Pour que le canon et l’axe tiennent ensemble de façon stable, bloquée, il faut un calage .  Celui-ci ne peut avoir lieu que quand l’axe qui pénètre dans la console, arrive en fond de couloir et bute en A.   Quand A et A’ sont collés, l’axe ne peut plus avancer, le recul du canon est alors  stoppé. La clavette ne peut plus que bloquer les pièces par sa forme de trapèze: elle se serre contre les points C, D et B devenus fixes.  A ce moment  l’axe et le canon sont totalement liés.

Cependant sur certains revolvers qui ont beaucoup tiré, l’espace entre le canon (le cône de forcement) et le barillet tend à s’élargir, ce qui est dommageable pour la précision : une perte de puissance, sans parler des projections au moment du tir.  L’optimisation d’un revolver  concerne aussi bien les armes usagées que les neuves et si le défaut des Colts 1860 Uberti notamment doit être  amélioré, nous allons réfléchir à cette occasion au problème de l’entrefer qui résulte de cet assemblage canon /carcasse et du calage par la clavette.  L’augmentation de l’entrefer résulte surtout de deux facteurs :  des tireurs croient utile de trop serrer la clavette pour que  les pièces ne bougent pas lors des chocs  provoqués par les tirs et  dans le même temps, en chargeant les revolvers plein pot,  ils raccourcissent la durée des pièces qui sont  soumises à des chocs.

Grosso modo,  un entrefer qui dépasse 0,5mm commence à réduire la qualité du tir.  quand il dépasse 1mm, cela devient gênant.  Dans un article précédent  sur les revolvers à carcasse fermées, j’ai déjà traité  de façon complète  la procédure de réparation, mais aujourd’hui, je  traite plus spécifiquement de l’axe qui doit buter dans le fond de la cavité et  de la façon dont  on  va résoudre l’entrefer.  Voici une série de schémas qui rendent compréhensible les appuis et calages d’un Colt .

 2 liaison canon carcasse2

 3 blocage de la clavette

4 la clavette nage5 réduction de l'entrefer 16 1ère solution7 2ème solution

 

Venons-en au problème soulevé par l’article :  comment compenser le vide qui se trouve sur certains revolvers, comment faire en sorte que l’axe empêche le canon de serrer le barillet ? C’est la démarche inverse : nous avions  raccourci l’axe pour  permettre au canon de revenir plus près du barillet, nous  allons maintenant contraindre le canon à garder sa distance.

Il est nécessaire de rappeler  que les colts ont deux points fixent qui assurent l’indexation et l’assemblage : l’axe de barillet et les deux ergots qui viennent lier la console et la carcasse, ce qui donne parfois un assemblage  très raide, que personnellement j’améliore en donnant un coup de foret  dans les deux cavités, pour  pouvoir démonter le Colt très rapidement.  Le conseil que donne Johannes COUTURIER, l’auteur de cet article,  est de faire tourner l’axe pour l’amener au fond du couloir et en déterminer la profondeur.  l’intérêt de cette méthode sera aussi de vérifier que l’axe et son logement sont rectilignes, car si l’axe  a  été déformé, il aura du mal à tourner et même à entrer dans on l’orientera différemment :  c’est un constat que j’ai fait sur un de mes révolvers. on parfois des surprises!

 Trois points me paraissent  essentiels que  COUTURIER mentionne:

  1. L’axe et le canon étant ainsi bloqués, la clavette ne peut pas s’enfoncer excessivement.
  2. Ce blocage donne de la régularité à l’arme lors du montage, alors  que des variations qui affectent l’enfoncement de l’axe, et modifient l’entrefer, affectent la précision (les points d’impacts en hauteur) .  Le tir de précision  recherche les régularités.
  3. On peut jouer sur l’enfoncement de l’axe  dans la console pour réduire  l’entrefer ( c’est ce que j’ai  exposé de façon nettement plus détaillée)

Il nous propose alors une méthode pour rattraper le manque de longueur de l’axe, rendre l’arme « arbor  bottomed, et rétablir  les deux points fixes qui sont nécessaires aux Colts:  Uberti commet donc une erreur de fabrication regrettable!  Pour ces revolvers qui  ne sont pas fabriqués en respectant leur brevet d’origine, c’est la clavette qui se substitue  à l’axe pour assurer le point fixe haut .

liaison canon carcasse

La solution que propose COUTURIER consiste alors à forer l’extrémité de l’axe pour y mettre un boulon poêlier, ce qui n’est pas un travail à la portée du 1er venu.  Si on n’a pas la pratique,  il faut avoir recours à un professionnel, c’est évident. Ce boulon pourra alors être coupé à la longueur voulue, vissé selon l’importance du vide à combler.  Une solution qui,  à mon sens, fragilise l’extrémité de l’axe des petits Colts, laquelle n’est guère épaisse.  C’est une solution à risque  –  surtout pour qui ne maîtrise pas le forage d’un axe avec une perceuse à colonne, le taraudage, etc . Néanmoins, c’est une solution à retenir.

Pour ma part,  je soulève plusieurs autres difficultés. L’axe doit porter de façon précise sur le fond de son logement dont on ne connaît pas bien  l’aspect: est-il plat ? bombé?  quelle est sa courbure ? Celle-ci correspond-elle vraiment à celle du boulon poêlier ?  Pour mesurer la profondeur de la cavité, si le fond est bombé, c’est assez incertain.

Certains  tireurs mettent des rondelles métalliques pour rattraper le vide, mais là encore, il est difficile de trouver des rondelles qui s’adaptent à la dimension exacte du  manque et comment les faire tenir?   Ce qui me conduit à dire que les solutions sont toutes imparfaites, bien que certaines soient ingénieuses.

Pour ma part, j’aurais tendance à rechercher la solution du côté d’un métal qui serait coulé dans le fond du logement de l’axe, mais là encore des difficultés surgissent. Comment connaître le volume de métal à couler, sachant que celui-ci doit être précis?  Le métal existe : c’est le Cerrosafe qui fond à 70°, il suffit donc de tremper le canon dans l’eau bouillante;  le Cerrosafe va fondre et se loger au fond.  Mais comment en prévoir la quantité ?  Après réflexion je retiens la méthode suivante : verser du sable ou la semoule dans le fond du logement et par tâtonnement déterminer le volume qui remplit exactement le fond jusqu’au niveau de l’axe, une fois celui-ci en place. Le sable  sera ensuite tassé dans une douille et celle-ci sera arasée et coupée. On aura alors reconstitué un volume identique.  Cette fois-ci la méthode ne demande pas une technologie de pointe:  juste de la patience et un travail méticuleux. La douille sera alors remplie de Cerrosafe fondu et l’excédent sera coupé à froid,  Il suffira de récupérer le contenu de la douille et de le fondre dans le canon, plongé dans l’eau bouillante. On introduira l’axe et on pourra vérifier qu’il descend à la profondeur voulue.  Après refroidissement , on pourra sortir le Cerrosafe et vérifier qu’il épouse la forme de l’axe, sinon, il faudra fondre  et recommencer…

Du réglage de l’entrefer à la réparation d’un Colt

Sur les Colts achetés d’occasion, on constate souvent que l’entrefer est trop important, ceci en raison de l’usure et du surmenage de l’arme . Je précise que cette « maladie » s’accompagne souvent d’autres signes de vieillesse … .  Si on procède comme je l’ai conseillé dans l’articles 4 (concernant le Colt Walker ) et dans l’article 5,  concernant la technologie des Colts en général, il reste cependant un problème, car lorsqu’on a réduit l’entrefer en faisant entrer l’axe plus profondément dans le canon, la clavette n’a  généralement plus d’appui sur l’axe (en B) du fait que la fenêtre s’est élargie quand les pièces ont été déplacées et que l’axe ne dépasse plus en B. Il faut donc refaire l’appui de la clavette sur l’axe en B et pour ce faire il faut qu’il déborde dans la fenêtre.

La solution que j’ai proposé consiste à souder une épaisseur de métal en B.  On peut procéder de deux façons, à mon humble avis :

  1. souder à l’étain un petite plaquette de cuivre  dans la fenêtre  (fer à souder électrique assez puissant et pâte à étamer)
  2. ou, autre solution, faire une soudure à l’arc pour redonner du fer à la fenêtre, dans la partie da la fenêtre qui est côté fond de la cavité) :  un travail plus délicat. La soudure un peu irrégulière, sera ensuite limée pour redonner à cette face de la fenêtre son aspect plat initial, qui va servir d’appui à la clavette.

7/ le démontage des cheminées et les problèmes de cheminées bloquées 

 

clé universelleNous abordons maintenant une question très importante. Certains tireurs ne démontent pas leurs cheminées après le tir pour éviter d’user les pas et parce qu’ils estiment que cette  opération laborieuse est superflue. D’autres tireurs  font un nettoyage à l’eau chaude du barillet, ce qui occasionne des corrosions si le séchage n’est pas parfait : en particulier, une corrosion des pas de cheminées!  C’est à éviter totalement.  Les pas de cheminées nettoyés au White spirit et traités contre la corrosion (un passage dans le WD40), doivent se démonter sans difficulté après  chaque tir et son remontées après avoir passé un peu de graisse sur le pas  avec un coton tige.  Certaines graisses sont recommandées parce qu’elles résistent bien à la chaleur.

Il est essentiel de disposer d’une clé à cheminée d’excellente qualité  et parfaitement adaptées aux dimensions des cheminées. utiliser une clé trop large abime la clé et les cheminées.  le clé doit saisir la cheminée sans jeu. Pour avoir un démontage des cheminées rapide, celles-ci doivent être  parfaitement propres et légèrement graissées, de telle sorte que la clé la fasse tourner avec une rotation rapide une fois qu’elle est engagée dans le pas. on ne force pas les cheminées, on les amène en fin de pas et on desserre très légèrement.

La clé doit avoir une forme en croix qui permet de la faire tourner très rapidement , comme une hélice. L’acier de  la clé doit être très résistant: la meilleure clé, c’est une clé universelle de chez Pedersoli, faite dans un acier de  très bonne qualité. Elle  ne bouge pas , elle ne s’abime pas, elle ne se déforme pas… si on entretient ses cheminées.  Cette clé est adaptée au révolvers à PN courants, elle est assez chère, mais le prix se justifie par son usage et sa durée.  Un tireur doit disposer de cette clé.  Le fait que la clé universelle dispose de 4 bras permet de sen servir comme levier: les bras décuple la traction de rotation, mais  la clé doit être bien en place et sans jeu.

 

Nous allons maintenant aborder un problème très important : que faire quand les cheminées sont bloquées? 

C’est la cauchemar du tireur. Ceci arrive également avec une arme achetée d’occasion, vendue par un « enfoiré » qui se garde bien de dire que les cheminées ne sont plus démontables!! Autrement dit, si on ne parvient pas à sortir les cheminées, si on ne trouve pas un barillet de rechange qui s’adapte bien, l’arme est bonne pour la vitrine!

A moins de trouver  un tireur expérimenté qui sache comment faire,  il reste la possibilité de parcourir internet en quête d’une solution, mais je vous avertis :  les recettes sont rares et hasardeuses. Voici donc la méthode PSRauben  pour sortir des cheminées bloquées.  Il faut

  • un étau
  • deux pièces en bois pour serrer le barillet dans l’étau. Cela demande un peu de travail avec une perceuse et une  scie à cloche,   de telle sorte que les deux morceaux de bois enserre le barillet sans déformer les chambres.
  • un marteau assez lourd
  • la clé universelle,  modifiée si nécessaire.
  • un tube de 10 cm de long , en acier et épais   (un morceau de canon de revolver fait l’affaire , si on a pris la précaution d’en garder un  sur une arme  qui passée à la casse: ça arrive)
  • un chalumeau à gaz Dremel

1/ on laisse le barillet tremper dans un dégrippant pendant une journée; ça peut favoriser le décollement

2/  On  règle la flamme du chalumeau pour obtenir un dard  pointu et fin : on chauffe la cheminée durant une dizaine de secondes  avec le dard pour provoquer un choc thermique.

3/ On place alors la clé sur la cheminée en l’enfonçant pour qu’elle soit parfaitement en place. Puis on enfile le tube sur l’axe vertical supérieur de la clé, de telle sorte qu’il prenne appui sur les deux bras latéraux au moment du choc du marteau.

4/   On donne alors deux coups secs mais assez vigoureux avec le marteau,  pour produire un choc mécanique qui va décoller les cheminées ;

5/   Au moment du choc,  on fait tourner la clé avec l’aide les deux bras latéraux comme leviers.  On va alors constater que les cheminées tournent d’abord légèrement , puis la rotation se libère. C’est gagné!

Les cheminées  des Colts Centaure  sont particulièrement exposées à des blocages. Ces Colts  Centaure exigent des clés parfaitement adaptées aux dimensions plus étroites des cheminées. Elles n’existent pas dans le commerce (ou du moins sont rares et de mauvaises qualité).  On en trouve chez Vordelader Shop en Allemagne à un prix très abordable,  mais en cas de cheminées bloquées, elles sont trop fragiles.  Il faut donc faire réaliser soi même une clé  à cheminée spéciale pour ce Colt. On utilise alors la Clé universelle Pedersoli, qu’on adapte  en coupant le tournevis pour faire un embout aux dimensions exactes des cheminées.  Ce travail ne peut se faire que dans un atelier de mécanique de précision, en sachant que l’acier est dur et que le puits dans lequel le cône de la cheminée entre, doit être réalisé avec une fraise très étroite   (voir les indications dans l’article sur le Colt Centaure).

Cette opération peut provoquer une détérioration des pas de cheminées si la frappe avec le marteau est trop forte, mais  deux coups porté sans excès ne provoquent pas de dégâts.  L’acier de la clé Pedersoli   ne se déforme pas au cours de  cette intervention si elle a été  ajustée avec une parfaite exactitude au dimensions de la cheminée.

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8/ Le nettoyage d’un revolver à PN

 

Cette question m’a été posée et voici la réponse que j’ai donnée : sur le pas de tir (après le tir), je passe un carré de chiffon dans le canon avec un pousse chiffon adapté et j’essuie toutes les parties de l’arme qui sont accessibles;  ça permet de mettre l’arme à l’abri de la corrosion le temps de rentrer et de faire le nettoyage complet (on peut attendre 2 à 3 heures, mais en arrivant, il faut plonger les barillets dans le white spirit qui nettoie et dissout très bien la poudre noire. Une boite en plastique assez profonde est nécessaire pour faite tremper les barillets. Le pétrole ne nettoie rien du tout,  contrairement au white spirit  et au « 3 en 1 » (et ses variantes) qui décollent ou dissolvent les poudres!

Il faut Faire bien attention de ne pas mélanger les cheminées quand on démonte plusieurs armes en même temps, donc se servir de petite boîtes en plastique (pot de yaourts, etc) pour les ranger séparément. Personnellement j’utilise une petite boite compartimentée qu’on vend en pharmacie et qui sert à  ranger les divers comprimés à prendre durant une semaine quand on suit un traitement un peu « chargé ».  Le mieux est de démonter les cheminées avec une très bonne clé (pour aller vite), de les passer au White Spirit et les remonter après avoir donné un petit coup de WD40 ou produit similaire.  Ce que les cheminées craignent c’est la corrosion de l’eau, un mauvais séchage.  On les démonte (ce qu’il faut faire une fois sur deux)  avec une clé en croix assez lourde (Pedersoli) qui fait volant d’inertie et permet de les faire tourner très rapidement : la clé doit tourner comme un “hélicoptère” ! Ne surtout pas huiler les cheminées, car on risque de les boucher et de noyer la poudre en provoquant des retards d’allumage.

a/ Le nettoyage classique… laborieux!

Lavage de l’arme au white spirit et/ou à l‘eau chaude (surtout le canon), très efficace (le vaporetto marche assez bien, mais il faut passer quand même plusieurs fois et faire un nettoyage avec des papiers dans les chambres des barillets  pour enlever ce qui reste collé aux parois et enfin, à la fin, il faut rincer à l’eau bouillante pour que le revolver (barillet, canon, etc), reste chaud et sèche vite. Je fais égoutter à chaud, je souffle sur les cheminées (si on ne les a pas enlevées) .  Je sèche la mécanique et les barillets au sèche cheveux .

Pour la partie mécanique, le nettoyage au white spirit est préférable car il n’expose pas l’arme au risque de rouille. Je passe encore des papiers (méthode perso) dans le canon et les chambres pour enlever l’eau qui reste dans les endroits fermés ou profonds et quand c’est parfaitement sec,  je badigeonne avec un produit tel que le WD40  ou Armypower qui protègent de la corrosion et assurent un nettoyage supplémentaire, car souvent lorsque le jet pénètre dans l’arme, un peu de poudre dissoute sort encore !  Pour nettoyer les chambres, ce qui est le plus laborieux, j’utilise un petit écouvillon qui est censé brosser les canons, mais dont les poils en laiton sont écrasés: il sert à fixer  un vieux carré de scotch brite vert (surtout pas un neuf qui attaquerait le métal) ou des bandes de papier essuie-tout que j’enroule autour dans le sens  qui convient; tout cela accroche sur les poils ….  mais le vaporetto m’épargne ce travail,  à condition de passer dans les chambres l’écouvillon avec le papier enroulé (une à 2 fois) jusqu’à obtenir des chambres nettes et finir je passe le papier dans le canon, imprégné de WD40 ! A la fin, je coule de l’huile de vaseline ou de l’huile pour mécanique (machine à coudre, etc) dans les mécanismes, ce qui est très important!  Il faut huiler tout le revolver. Dans le canon je passe un papier imprégné d’Army power. L’huile est le meilleur traitement préventif pour éviter la corrosion. De plus une arme débronzée et polie,  qui conserve une fine pellicule d’huile,  est plus belle.

 S’il s’agit d’un  revolver en inox (Remington  1858), le White spirit n’est utile que pour les mécanismes. Pour le reste le nettoyage et le séchage se fait très facilement sans craindre la rouille : de l’eau chaude et du produit de vaisselle …. Même sur un revolver en inox,  la partie mécanique (ressorts, etc…)  est en acier  et demande le même traitement, les même précautions, que les autres révolvers. L’inox a besoin d’huile, non pour résister à la rouille, mais parce que les frottements sont plus  importants que sur l’acier ordinaire, lequel  glisse beaucoup mieux. Donc de l’huile en abondance  sur les parties qui coulissent ou qui subissent des frictions, et tout ce qui déborde, on essuie!. Neuf ou usagé, le revolver en inox est toujours raide.

Pour le nettoyage des mécanismes, il faut faire entrer de façon généreuse le nettoyant à l’intérieur du revolver avec le jet de la bombe , après avoir tiré le chien en arrière, et cela jusqu’à ce que l’écoulement qui sort sous la carcasse soit propre. Le White spirit doit être ré-utilisé, sinon quel gaspillage ! On le laisse décanter dans un bocal et les résidus se déposent au fond. Une fois redevenu propre , le White Spirit resservira au prochain nettoyage, tout simplement.

b/  Le nettoyage avec des moyens techniques  plus élaborés:  ouf, fin de la corvée!

Comme je me sers de plusieurs revolvers  et de plusieurs barillets par revolver à chaque séance de tir, la « corvée de nettoyage »  que beaucoup reprochent à la PN, commençais à devenir un peu longue, le temps du petit nettoyage méticuleux à la main était révolu, il fallait entrer dans l’ère de la technologie de pointe !  Je me suis donc équipé  de deux appareils :

1/  un nettoyeur à  vapeur chaude sous pression  (type « vaporetto »)  acheté en promo chez CDiscount (marque Polti)  avec une pression de 4 bars, car l’eau chaude dissout très bien la PN  et surtout elle fait monter les barillets à presque 100° , ce qui a comme avantage, non pas de les aseptiser, mais de les faire sécher très vite, car du fait de leur température,  l’eau s’évapore une fois qu’on les a essuyé et qu’on a passé un papier dans les trou de cheminée. On peut bien entendu les mettre dans le four à 60° pour éviter la corrosion des cheminées… Si on utilise un vaporetto, il est préférable de démonter les cheminées pour éviter que l’eau ne s’infiltre dans les filetage et les attaque.  Si le barillet a été nettoyé au vaporetto, il est brûlant et sans les cheminées, il va sécher en un clin d’œil, avec un petit coup de sèche cheveux en plus. Les cheminées sont nettoyées à part au WS et c’est alors que ma boite compartimentée est très utile .

2/ Le nettoyage du mécanisme (carcasse ou platine) au White Spirit

Mais je peux nettoyer tout le mécanisme d’un revolver sans utiliser d’eau chaude ou de vapeur, car je suis certain que l’arme ne va pas s’oxyder, ce qui est fortement recommandé  . Il suffit de projeter le WS dans l’arme avec une seringue  achetée en pharmacie et le jet va laver les résidus.  Le gros avantage, c’est que le WS n’endommage pas la crosse en bois huilée, une fois le nettoyage fait je repasse  un papier huilé sur le bois et tout est top.

3/ un nettoyeur à ultra son.   Ces appareils se vendent maintenant dans les  supermarchés (LID’L, ALDI, etc)  à prix très abordable (moins de 30 euros), mais leur contenance est limitée.  J’en ai donc acheté sur le net de marque Velleman, avec une contenance de 2,6l et une cuve en inox étanche et une puissance qui supporte des pièces un peu lourdes  sans que le moteur ne surchauffe.  Il fallait prévoir un appareil  avec une cuve inox et un chauffage  pour un nettoyage à l’eau autour de 60°. Je place les barillets dans le bain et j’ajoute du savon de vaisselle liquide. Je rince ensuite au vaporetto

Mais mon idée, c’est d’utiliser du pétrole dans la cuve et non de l’eau.  Ce qui m’a été déconseillé… mais après un essai prudent,  le nettoyage au WS conjugué à l’effet des ultras sons s’est avéré excellent : la carcasse sort du bain totalement propre et  on peut directement l’immerger dans un mélange WS + huile, et faire égoutter!  Le matériel sort  comme neuf!

3 – La fonte du plomb, la fabrication des balles et le chargement des cartouches à poudre noire


José walesAttendre  si nécessaire le chargement des images .   Article en cours de mise à jour (le 1/08/2013)

A/ De la fonte du plomb à la fabrication des balles

Cet article aborde des aspects plus artisanaux du tir à la poudre noire, mais aussi toute la culture qui accompagne cet artisanat: un « poudreux » qui ne fabrique pas ses balles est rare,  car le choix des armes à poudre noire est fondamentalement un choix qui implique un sens du bricolage, du système D, un sens du « fait main », de l’outil qu’on travaille soi-même, privilégiant un rapport direct avec la matière,  plutôt que l’usage d’une arme préfabriquée qu’on se contente de nettoyer et qui garantit une fiabilité certaine.

Le tir à la poudre noire est un art de vivre qui admet l’imprévu et qui pousse à l’autosuffisance, comme les pionniers qui le  pratiquaient par nécessité et avec les moyens du bord.  Evidemment toute généralisation est abusive. Je dirai presque que le défi de la poudre noire est de transformer  l’imprévisible en un événement prévisible, une recette qui nécessite de bien connaître son arme et de travailler sur ses résultats.  Je vous invite à lire  un article exemplaire consacré à Yvon Martinant, tireur de haut niveau, qui conforte cette idée:  » Le tir n’est qu’une finalité dans ma discipline, toute la préparation qui précède est autant, voire plus importante. Elle détermine l’exactitude du tir. « 

Fabriquer des balles de plomb, sans atteindre le niveau d’exigence de ce tireur,  est une industrie aisée si l’on se procure le matériel  : il faut d’abord acheter du plomb de tuyauterie ou en provenance de toitures, qu’ on trouvera facilerment chez un ferrailleur.  Il doit être parfaitement sec, car l’eau au moment de la fonte provoquera des projections. Il faut également éviter tout risque de projection d’eau pendant la cuisson du plomb.  Le plomb est alors coupé en morceaux de taille raisonnable et ajouté au fur et à mesure dans la cocotte.

Si on utilise du plomb pur de tuyauterie ou de toiture, le résutat sera parfait pour la PN, si on récupère toutes sortes de sous-produits du plomb (des balles contenant des alliages, des lests de roues de voiture, etc) on obtiendra un plomb impur et dur qui n’est pas adapté au tir courant à la poudre noire, car c’est le plomb pur qui lui convient pour sa qualité « molle ». Le plomb en provenance d’anciennes batteries de voiture est à éviter.

1/ La fonte du plomb et la fabrication des lingots

Il faut disposer d’un espace en plein air, abrité du vent pour maintenir  le feu constant du réchaud à gaz,  mais ce local doit être suffisamment aéré pour  que les vapeurs toxiques du plomb s’évacuent : c’est très important.  Le mieux est de travailler en plein air. Les vapeurs de plomb sont extrêmement dangereuses  pour la santé et une inhalation provoque au moins des maux de tête, mais  les conséquences postérieures sont  plus sérieuses.  L’idéal est de disposer d’un masque avec un tube  assurant la ventilation. Je me sers d’un appareil  à ventiler et d’un masque lorsque je travaille. Je pense qu’on peut utiliser la soufflerie d’un petit aspirateur  spécialement réservé à cet usage. C’est recommandé.

 Il faut se procurer une cocotte en inox ou en fonte d’acier que l’on mettra  sur un support renforcé,  sous lequel on placera un réchaud  à gaz de camping,  en veillant à ce que la cocotte ne se renverse pas. Il faut donc une structure métallique très stable et résistante qui supportera  celle-ci (dont le poids une fois qu’elle est chargée en plomb est conséquent).

My beautiful pictureSur la photo, la cocotte en fonte (trouvée chez un brocanteur dans les Vosges) dispose d’un resserrement à la base, ce qui fait que je peux la bloquer par son poids dans un cadre métallique renforcé, aux dimensions exactes de la cocotte et dans lequel je la coince. Ce cadre est formé par des barres perpendiculaires en fer, de section carrée (2 cm), soudées entre elles pour assurer la rigidité de ce châssis porteur. Il repose sur des agglos et doit être très stable. Ce qui fait que la cocotte ne peut pas se renverser.  J’évite systématiquement de transporter du plomb en fusion dans la cocotte, ce qui m’oblige à transvaser le métal fondu à la louche, opération qui doit être menée de façon énergique car le plomb durcit aussitôt versé dans les moules .  La lingotière est placée à proximité du réchaud, à portée de main. Si on peut passer un coup de chalumeau pour la chauffer un peu avant de verser le plomb, les lingots de plomb seront plus homogènes.  Mes lingots présentent toujours des tries en fonction de l’arrivée des louches, mais c’est insignifiant! Un gant de protection est nécessaire, ainsi que des chaussures épaisses et un pantalon long pour se protéger des projections de plomb pendant les manipulations. Le mètre n’a rien à voir avec ces opérations, mais il sert à donner une idée des dimensions des objets. Par contre le briquet est nécessaire pour allumer la  bouteille butane et  l’ancien réchaud rond en acier destiné dans le passé à  chauffer des lessiveuses et que j’alimente par une bouteille de butane.

My beautiful pictureLe plomb chauffé va fondre rapidement et à l’aide d’une louche (en laiton ou en acier) on écume les scories qui montent à la surface  jusqu’à nettoyer la totalité de la surface du plomb.  On tourne alors le plomb fondu à l’aide d’un fer plat long pour faire bien remonter les impuretés au-dessus, on évacue celles-ci avec une grande cuillère en acier.  Mais au fur et à mesure de la chauffe, une peau et des croutes sèches se reforment à la surface qu’on évacue à nouveau. On nettoie aussi les bords de la cocotte car des résidus verdâtres se collent. Lorsque le plomb bleuit, devient pourpre, jaune et vert, c’est qu’il est trop chaud (il faut alors réduire le feu), la température de fonte du plomb est de 327°C.  Quand le métal fondu été bien débarrassé des principaux corps étrangers qui flottent à la surface (des douilles de plomb, par exemple, quand on ramasse un peu de plomb sous les cibles, des saletés, les dépôts calcaires dans les tubes, etc), quand il est devenu propre, on passe au fluxage.

Le fluxage et la lingotière « PSRauben », une invention qui devrait faire des émules

Pour bien nettoyer le plomb,  il faut jeter dans la cocote un bon carré de paraffine qui va s’enflammer spontanément et provoquer des fumées noires.  La cire mélangée au plomb favorise la remontée des impuretés. On tourne alors jusqu’à la fin de la combustion. Cette opération s’appelle « fluxer » le plomb.  Quelle quantité de paraffine?  Un morceau de 3cm sur 3, ou plus, ce n’est pas un problème. Le fluxing est inoffensif. Il peut donc être renouvelé autant de fois que nécessaire.

My beautiful pictureQuand le plomb liquide est bien propre, avec une belle couleur métallique, on le verse dans des moules à lingots (des lingotières) avec une large louche (c’est l’opération la plus dangereuse, car il ne faut pas renverser le plomb qui éclabousserait et provoquerait des brûlures graves). Il est possible de se fabriquer une lingotière avec des cornières d’acier (largeur 5 à 6 cm) tronçonnées à la longueur de 15 cm environ,  que l’on assemble avec des barres plates de même largeur, mais dont la longueur varie en fonction du nombre de lingots à couler (voir photos). Les différents morceaux de cornière doivent avoir impérativement la même largeur au mm près, ce qui fait que la barre aura été coupée par un serrurier professionnel.  Si ces éléments, qui vont servir à cloisonner l’ensemble du moule, varient de quelques millimètres, laissant des intervalles, des jours, le plomb liquide va s’évacuer par ceux-ci: les lingots seront alors défectueux.  Cette lingotière est inédite, le brevet n’est pas déposé, alors profitez-en !

Une fois les pièces du moule collées les unes contre les autres, bien mises en place, elles sont bloquées  latéralement entre les 2 barres plates  en acier,  dont la longueur dépend de l’assemblage prévu (je prévois 5 moules). L’ensemble est rigidifié à l’aide de 2 serre-joints. La lingotière  ne tiendra bien que si les cloisons sont exactement de la même longueur.  Elle est mise est en place,  au sol,  sur une surface plate (pour que la lingotière ne se déforme pas) et résistante à la chaleur (cela peut être un carré de contre-plaqué épais). On pourrait améliorer le dispositif en le bloquant dans un châssis en bois.  Le plomb est alors coulé dans les compartiments  formés par les cornières qui servent de cloisons;  il va durcir rapidement (avec quelques petites bavures). Dès qu’il est figé,  on peut « casser le moule » et faire glisser les éléments sur un sol béton  qui se trouve  sous la plaque, pour accélérer le refroidissement.  Si on a un sol en béton est parfaitement plat, on peut travailler directement dessus.  Les lingots refroidis sont conservés en attente du jour du moulage des balles.

Pour en savoir plus je vous invite à consulter ce site : en rajoutant (http:)

2/ Le moulage des balles

Cette seconde opération se fait toujours en plein air de préférence.  Le plomb conservé sous forme de lingots va être à nouveau fondu dans un  four électrique (j’utilise un four LEE courant)  et on va couler des balles dans des moules LEE à deux cavités.  Avoir plus de cavités ne semble pas adapté à  type de travail très artisanal.  Voici mon installation :

My beautiful picture

Comme vous le constatez, j’ai bloqué la base du four LEE sur un établi, car cette base est trop légère par rapport à la cuve qui est portée par des tiges d’acier. Sous la cuve, on voit l’appui sur lequel on fait reposer les moules au cours des coulées. Règle prioritaire dans cette nouvelle étape où je vais travailler quasiment tout près du four, j’utilise un appareil respiratoire doté d’un masque – précaution indispensable pour ne pas respirer les vapeurs de plomb. Mon matériel est sobre : un planchette en bois assez large sur laquelle je frappe raisonnablement le moule pour faire tomber les deux balles et sous laquelle je place un gros chiffon épais dans lequel mes balles très chaudes vont rouler et se refroidir (j’utilise une serpillière neuve en coton réservée à cet usage). J’ai encore un petit morceau de bois pour frapper le moule lui-même quand une balle reste collée. J’utilise un pince courante, un tournevis pour resserrer (si nécessaire) la cisaille qu’on trouve sur chaque moule et enfin une petite pince quand des morceaux de plomb restent collés dans la cisaille du moule: bref du petit outillage. On élimine les balles qui présentent des défauts: elles retournent dans le four au fur et à mesure. Couler 300 balles me prend environ 2 heures à 2 heures et demie. Je dispose actuellement de 5 moules LEE pour couler des balles rondes et ogivales en calibre 44 et 45, d’usage courant. Ce n’est pas de la haute technologie car les moules de très bonne qualité sont des LYMAN… mais le prix du moule n’est pas le même.

My beautiful picture

 Une bougie est nécessaire  pour préparer chaque moule avant utilisation: on couvre les 2 cavités (rondes ou ogivales) du moule avec du noir de fumée pour éviter que le plomb n’attache sur l’aluminium.

Le réglage de la vis de coulée du four est une opération pour laquelle seule l’expérience aide … Il faut que le plomb cesse de couler quand on abaisse  la petite poignée en bois. Il faut trouver la bonne hauteur de réglage et la conserver. L’orifice de coulée est à la base de la cuve;  c’est en principe du plomb propre qui descend dans le petit tube. Il faut donc éviter de vider complètement le four,  au risque que des impuretés ne bouchent cet orifice. Il faut  surtout bien faire remonter celles-ci à la surface en cours de chauffe du plomb.   Si le tube d’écoulement du four se bouche, je suppose qu’il faut le vider, le retourner à chaud et introduire une petite tige métallique  dans l’orifice très  chaud pour le déboucher.

 My beautiful pictureComment placer le moule sur l’appui fixé sur une tige d’acier qui soutient le four (voir sur la photo) ?  C’est toute la difficulté si on ne veut  pas rater le filet de plomb en fusion qui coule quand on la soulève la petite poignée en bois.  Par expérience je recommande de mettre un repère sur le côté du moule pour le placer exactement en appui au bon endroit du support, afin que le jet de plomb tombe avec précision dans le 1er orifice biseauté de la cisaille et descende dans le moule, puis  déborde, ce qui est nécessaire. Après la 1ère coulée, on fait faire glisser le moule sur l’appui  pour que le jet tombe de la même façon dans le 2ème trou,  toujours avec un débordement,  sans quoi la balle sera peut-être malformée. Après 2 à 3 heures de pratique, on sait placer le moule. Plus le plomb coule droit dans l’orifice, plus belles sont les balles! Plus le moule est chaud, plus le plomb reste liquide à l’intérieur et prend bien la forme,  ce qui évite les déformations de balles. A contrario, un moule froid fige le plomb qui descend mal dans la cavité et entrave la bonne coulée des balles. Mais un moule trop chaud est à éviter aussi.  Il faut changer de moule en cours de travail. Les variations de température du moule entraînent  des variations de taille et de poids des balles. Il faut donc faire un tri des balles : éliminer celles qui ont déformées, celles qui sont sous-calibrées, ce qui suppose de les vérifier une à une pour un tir de précision, mais pour un tir courant,  on se contente de vérifier leur diamètre, ce qui me fait penser qu’un petit outil est à fabriquer pour un contrôle visuel. Je pense à une plaque de plexiglas avec des trous au diamètre prévu. Une balle doit avoir une légère sur-dimension et celle qui descend trop dans le trou,  a nécessairement un diamètre insuffisant.  On peut alors faire plusieurs trous dans la plaque et éliminer les balles qui descendent sous le niveau prévu.

Il est également recommandé de se laver les mains après chaque manipulation du plomb, car on conserve sur les mains un poison.

B –  La fabrication des cartouches et le chargement

 J’ai déjà donné des informations détaillées concernant la fabrication des cartouches-papier et les diverses méthodes de chargement d’un revolver dans mon deuxième article (Historique : les revolvers à PN, ca.44, à carcasse fermée) ; je ne reprends donc pas ces informations dans l’article qui suit. Ce qui est utile pour un débutant,  c’est de trouver des sites complets qui donnent des informations sur les méthodes de chargement des revolvers à poudre noire:  je n’ai pas l’intention de faire mieux ou de refaire ce que d’autres ont déjà fait, c’est pourquoi je donnerai quelques adresses de sites qui sont des modèles d’information. Je conseille vivement aux poudreux qui sont en quête d’une information  de qualité de les consulter:

 Le B-A-BA … du chargement d’un révolver à la poudre noire!

chargementSur cette coupe d’un barillet, on voit 2 chambres, contenant en bas la poudre (en noir), puis vient la semoule qui sert de bourre (en jaune), puis « le boulet » (comme on dit au canada) et enfin la graisse (en orange). En bas, au-dessus des flèches, se trouvent des cheminées démontables (à nettoyer après chaque tir ;  c’est très rapide si on dispose d’une clé en croix assez lourde) sur lesquelles on place des amorces. Il est impératif pour la sécurité que la balle soit compressée dans la chambre où se fait la combustion de la poudre noire, car il ne doit y avoir aucun vide entre la poudre et la balle, ce qui provoquerait une explosion du barillet au lieu de propulser la balle. C’est pourquoi la bourre (semoule fine ou feutre vendu en armurerie) remplit l’espace creux dans la chambre et la balle doit être bien poussée à fond, précaution très importante qui nécessite d’utiliser un levier (toute arme à poudre noire comportant un barillet en possède un).

Lorsque l’amorce explose,  elle allume  la poudre et la balle est non seulement propulsée dans le canon, mais  légèrement gonflée sous l’effet de l’explosion : elle vient alors se mouler dans les rainures (cannelures) du canon, car le plomb est mou. Il est alors important que les gaz de combustion ne s’échappent pas d’une façon excessive au niveau de l’entrefer  et surtout dans le canon, en raison d’un diamètre insuffsant de la balle (ronde ou ogivale).  Si elle ne va pas en fond de rainure et laisse des jours, la balle perd en puissance et provoque des « flys » (balle qui perd sa trajectoire).  Si le projectile ne va pas en fond de rainure et laisse des jours, il perd en puissance et provoque des « flys » (balle qui perd sa trajectoire). La semoule ne se met pas au pifomètre : elle doit être dosée en fonction du barillet et de la balle. Il faut que celles-ci (on notera pour chaque arme et chaque type de balle la bonne mesure) Il faut que la  semoule laisse au projectile strictement la place nécessaire pour qu’il affleure la sortie de chambre (2mm en dessous, sans dépassement, précaution très importante), laissant de quoi mettre en dernier la graisse qui joue un rôle très important, surtout à fortes charges.

 La graisse fait l’objet de recettes très sécrètes de « Papy Powder », chacun ayant ses mélanges faits maison qui se composent préférentiellement de cire d’abeille, d’huile d’olive, de paraffine, voire de saindoux, ou à défaut de ces graisses nobles de l’époque du far-ouest, de la graisse mécanique consistante, mais qui est trop souple et collante. Dans la tradition, on peut mettre de la graisse de pied de bœuf, de la graisse d’ours, mais il n’est pas recommandé d’aller au zoo de Vincennes pour s’en procurer (le zoo est en réaménagement complet, la réouverture est prévue pour avril 2014)  en encore moins d’utiliser des rillettes !

 Quelles charges de poudre? Un domaine un peu nébuleux !

Lorsqu’on achète un revolver neuf, les charges de poudre noire recommandée(s) pour son utilisation sont indiquées dans la documentation qui devrait accompagner l’arme.

 Pietta fournit une brochure de belle qualité et très complète que je retrouve dans la boîte du Starr. Il est donc important de vérifier cette documentation. Je note : calibre .44 = balles 454, 11,55mm ronde, entre 12 et 15 grains maximum (ou entre 0,8 et 1gr maximum) de poudre FFFG (recommandée pour les revolvers à calibre .44). C’est un repère très général, mais qui n’indique pas les quantités pour l’utilisation des ogives (Rem 1858). Bien entendu, ne jamais mettre de PSF dans une arme à PN, qui ne le supporterait pas et exposerait le tireur à un accident. Quand on débute, il faut respecter cette indication générale.

quantité de PNUberti nettement plus pingre, fournit ses indications sur un papier type journal! Il donne une indication plus détaillée qui comporte une charge « standard » et une charge maximale (en précisant : à n’utiliser que pour la chasse). Le « grain » est une unité de mesure anglo-saxonne, utilisée notamment aux Etats-Unis. La conversion entre grains et grammes se fait de la façon suivante :

  • 1 grain = 0,0648 gramme.
  • 1 gramme = 15,43 grains.

Il apparaît que la charge pour une balle ogivale est moindre, car la puissance est mieux récupérée (du fait de la base plate) : donc économie de poudre ! Au contraire une balle ronde perd en puissance. En calibre .44 les charges recommandées sont les suivantes

  • 19grains = 1,23gr (balle ogivale 454-457)
  • 22grains = 1,42gr (balle ronde 454-457)

Par conséquent, les charges indiquées par Uberti concernant le Remington 1858 avec des balles de 454 et 457, sont plus fortes que celles indiquées par Pietta pour un Starr cal .44.

Les indications données sur les sites, concernant les charges de poudre (équivalentes pour la PNF et la PN suisse), restent souvent générales, approximatives, voire incertaines, car elles indiquent des normes de chargement qui restent à personnaliser et à affiner sur le pas de tir. D’autre part, le choix des calibres de balles varie d’un tireur à l’autre, du moins pour certaines armes: les uns préférant les balles rondes pour la précision, les autres les ogives qui séduisent par leur similitude avec les armes contemporaines. Tout le monde s’accorde à dire que le Remington 1858 tire des balles de cal 454, mais quand on passe au Walker, on va trouver des différences importantes, selon la marque et selon qu’on veut obtenir de la précision ou faire « tomber le cheval » ! Souvent l’information donnée pour une balle et le chargement en rapport, ne tient pas compte de cette diversité d’usage et se limite à distinguer l’usage courant, la charge de guerre et éventuellement la charge maximale. Il faut donc savoir quelle balles conviennent à telle arme et quelles charges leur sont nécessaires? Par exemple, je trouve sur différents sites, cette indication succincte : « pour le .44 » :

  • Charge de poudre standard: 0,8 à 1 gramme
  • Charge de guerre : 1,4g
  • Charge maximale : 2 ,2 grammes

Autres indications que  j’emprunte au site « Poudre noire » : ces quelques données, bien que très documentées, n’en sont pas moins nébuleuses sur la question de la charge. Il s’agit de charges « maximales » et non de charges courantes, ce qui est loin de me satisfaire: qu’en est-il de la charge courante? Quels changements dans la balistique produisent ces variations entre charges courantes et maximales?

Revolver de calibre .44″ (réplique de Colt Army 1860):

– Balle ronde de 141 grains (9,1 g), diamètre .454″:

  • charge max 35 grains (2,2 g)
  • vitesse: 285 m/s
  • énergie: 370 joules
  • quantité de mouvement 2,6 kg.m/s
  • pénétration totale 50 cm
  • diamètre final 12,2 mm

-Balle ogivale de 200 grains (13,0 g), diamètre .454″:

  • charge max 25 grains (1,6 g)
  • vitesse: 221 m/s
  • énergie: 317 joules
  • quantité de mouvement 2,9 kg.m/s
  • pénétration totale 61 cm
  • diamètre final 11,4 mm

Colt 1847 Walker:

– Balle ronde de 141 grains (9,1 g), diamètre .454″:
charge max 60 grains (3,9 g)
vitesse 392 m/s
énergie 700 joules
quantité de mouvement 3,6 kg.m/s
pénétration totale 45 cm
diamètre final 13,5 mm

– Balle cônique de 200 grains (13,0 g), diamètre .454″:
charge max 50 grains (3,2 g)
vitesse 330 m/s
énergie 708 joules
quantité de mouvement 4,3 kg.m/s
pénétration totale 71 cm
diamètre final 11,4 mm

Une autre information que je trouve  sur un site de poudreux : les calibres recommandés par d’Uberti en cal .44, mais qui sont spécifiques à ses armes :

  • Uberti Colt Walker en calibre .44, balles de .457 diamètre de balle donnée en millième de 1 inch, soit 11.60 millimètres (1 inch = 2,54 centimètres) : c’est une dimension qui m’étonne, car mes propres mesures sur mon Walker m’orienteraient vers du 454, au plus, ce qui veut dire qu’Uberti propose de sertir fortement la balle: je préconise de faire des essais. Une balle qu’il faut forcer est certainement endommagée. La pression pour entrer la balle dans la chambre a 2 buts: augmenter la montée en pression et empêcher la balle de sortir lors des tirs.
  • Uberti Colt Dragoon en calibre .44, balles de .457
  • Uberti Colt 1860 Army, balles de .454 .

 Ces indications ne sont pas pratiquées par tous les tireurs, notamment pour l’usage du  Walker. On apprend vite que la charge doit être adaptée pour chaque type de balle, mais aussi « pour chaque arme » qui présente toujours des particularités et pour l’usage qu’on prévoit.

 L’usage qu’on entend faire de l’arme modifie les charges : si on veut faire du tir sur carton et de la précision, il n’est pas recommandé de choisir des charges trop puissantes. En outre, on gaspille la poudre. Mais si on veut chasser avec un revolver à PN, genre Remington 1858, on peut aller jusqu’à  la charge maximale (et une balle en conséquence).  C’est est à ce niveau que la personnalité du tireur intervient : il peut avoir envie de tester la puissance ou au contraire de ménager sa poudre et son arme qui, à moindre charge, aura plus de longévité (ce sont notamment les axes qui souffrent des surcharges). Moins de poudre implique moins d’encrassement et des tirs plus nombreux, car il ne faut pas oublier que les fortes charges demandent des nettoyages en cours de tir : si on veut utiliser des barillets échangeables, il faut modérer les charges. Certains tireurs considèrent que les aciers sont meilleurs aujourd’hui que ceux d’origine, ils pensent alors qu’il est sans dommage pour l’arme de tirer à fortes charges. Entre sensation et précision, le choix est à faire. Devons-nous en conclure à l’impossibilité d’établir certaines normes ?

Les projectiles et les charges en poudre noire :  des pratiques diverses ?  

Pour y voir clair dans cette nébuleuse, parcourons les messages qui sont publiés sur le net, travail de recherche un peu laborieux, mais instructif. J’ai choisis le Remington 1858, arme qui est considérée comme étant d’un usage assez standard. Je me suis alors livré à une petite recherche sur le net, en sélectionnant des messages qui indiquent quelle charge de PN utilisent les tireurs de 1858 et/ou en indiquant quelle balle, ronde ou ogivale, ils utilisent? Je n’ai pris que des messages qui montrent que le tireur pratique lui-même le tir avec ce revolver et j’en ai relevé 17 (seulement). Voici le résultat : j’ai séparé les cal 454 des autres que j’ai rassemblés dans une seule catégorie (450 -451 ou 457 )

chargement du 1858_NEW

Bien sûr, compte tenu de sa taille réduite, l’échantillon n’est pas représentatif, mais il indique le degré de « bricolage » ou de diversité dans lequel fonctionne le tir à la PN. Le débutant va avoir du mal à s’y retrouver.

Grosso modo, pour le tir au Rem. 1858, il est admis qu’une balle ronde de 454 et une charge de PN de 1gr conviennent  si on veut obtenir une précision et groupement corrects, mais je suis prêt à  entendre des avis plus éclairés que le mien.

Les facteurs qui interviennent dans un tir à la PN

 C’est donc la partie la plus nébuleuse du tir à la poudre noire; il faut dire que la réussite d’un tir avec une arme à PN dépend de nombreux facteurs:

  1. de la charge de la poudre et de sa qualité (PNF ou PN suisse, il y une différence ?)
  2. de l’allumage instantané ou non de la poudre (qui fait intervenir l’amorce et le papier de la cartouche, si on utilise des cartouche-papier);
  3. de la bourre (semoule ou autre) qui non seulement évite de laisser des vides dans les chambres, mais nettoie le canon, ce qui permet de garder la précision;
  4. de la manière dont la balle est sertie dans la chambre, donc du fonctionnement du levier de chargement qui pourrait introduire une balle ogivale avec un léger biais;
  5. du graissage (de sa composition) et de l’encrassement du canon;
  6. de l’état des rainures et du « pas » du canon: rapide ou lent / usé ou neuf?
  7. de l’alignement des chambres et du canon et du rapport entre le diamètre de la balle et celui du canon;
  8. de l’entre fer, qui doit être raisonnable (sinon, il y a une perte de puissance), et du jeu normal du barillet …
  9. Sans parler de la sensibilité de la détente (qu’on adapte), et de la pratique de l’arme par le tireur, indépendamment de ses aptitudes… et du vent.
  10. Il reste la question de la visée (sujet essentiel que j’aborderai) et de l’état de l’arme, qu’elle soit d’occasion (si elle a été maltraitée ou non) ou qu’elle soit neuve (car il existe des différences de finition et de qualité entre les marques). De quoi être pour le moins découragé!

 Le chargement classique du révolver à PN, une méthode « laborieuse »:

R&S perdersoliChaque revolver à PN dispose  d’un levier de chargement sous le canon qui donne à ce genre d’arme un look tout à fait particulier (en particulier le Colt Walker). Des tireurs s’en servent encore, mais ils doivent disposer d’un support en bois qui permet de maintenir le revolver pendant qu’on exerce la pression du levier sur la balle: méthode traditionnelle , mais qui pour moi n’est utilisable que pour sertir des balles après avoir utilisé des barillets pré-chargés à domicile.  Trois barillet pré-chargés, soit 18 tirs,  me suffisent en général, car à  la différence des tireurs utilisant des armes modernes à cartouches métalliques, je ne prends pas mon pied à vider 100 cartouches et plus sur le pas de tir à chaque séance. La poudre noire, c’est comme la gastronomie, la quantité n’est pas  source de qualité!

Tout ce qui concerne les techniques de  chargement a déjà  été suffisamment développé sur les sites  cités et dans mes articles précédents. Aussi vais-je simplement en faire une synthèse  et montrer qu’il existe des méthodes de chargement plus simples, mais qui se font à domicile, avant le tir. Je rappelle que dans une chambre de barillet,  la balle est placée après les différents composants et qu’elle doit entrer en force (on la sertit ).

2 outils très importants : la poire à  poudre noire qui dispose de plusieurs embouts en laiton, ayant des volumes précis et pour la semoule, j’utilise comme le font tous les tireurs, une douille de 9mm (raccourcie ou non) et une autre de cal 32, soudées sur un tube de cuivre de 6mm de diamètre.

Le chargement « traditionnel »  que j’utilise rarement, car trop long, est présenté par Michel Bottreau dans une vidéo où il dit lui même « c’est quand même une opération assez longue » ;  il donne cependant les conseils indispensables concernant les étapes du chargement et les composants, c’est donc une vidéo à voir quand on débute.  On remarquera en outre que la mise en place des amorces est laborieuse avec un revolver qui n’a pas été modifié par une suppression  les alvéoles (ce que j’appelle avec un peu de provocation  le « décalotage » du flingue) .

 Nous allons aborder les solutions pour éviter le chargement à l’ancienne, qui bien que satisfaisant, présente cinq gros inconvénients:

  1. les refouloirs ont une cavité trop ovoïde qui déforme les balles lors du sertissage

  2. le temps de chargement est  beaucoup trop long!

  3. les risques d’erreurs sont importants (on oublie la poudre ou on double la ration, etc)

  4. Il est souhaitable sinon nécessaire de se servir d’un support de chargement en bois, constitué de 2 planches assemblées, pour maintenir  le revolver dans la position verticale lorsqu’on charge!  Imaginez un cavalier qui,  lors de la guerre de sécession,  descendait de son cheval, installait son support sur le sol (de préférence plat) pour recharger son revolver…  Impensable, certes, c’est pourquoi le chargement du barillet  devaient se faire  autrement.  C’est pourtant ce support qui est utilisé dans les stands, ce que je trouve esthétique, charmant, mais un peu ringard. Cet instrument (ce meuble)  a cependant l’intérêt de sécuriser le chargement sur le pas de tir, évitant le risque d’une chute du barillet chargé (et une mise à feu) ou une manipulation risquée de celui-ci.  Les responsables des stands le recommandent donc avec un peu d’insistance, on les comprend.

  5. Dernier point,  on est obligé de transporter sur le pas de tir une quantité d’accessoires qui  encombrent et ritualise le chargement.  La  poire à poudre étant interdite, elle est alors remplacée par des dosettes en plastique qu’on charge de PN à domicile (hé oui, quand même). En deux mots, le tireur emporte sur le pas de tir un arsenal de gadgets, faisant ainsi concurrence au pêcheur à la ligne qui trimbale sa caisse et ses gaules ! La fermeture des dosettes doit être sécurisée , car il m’est arrivé que des éprouvettes s’ouvrent d’elles-mêmes sur le pas de tir.

Nous allons alléger toute cette procédure et tout ce matériel!

La préparation des barillets à domicile selon PSRauben

Presse%20de%20chargementUn autre moyen de préparer ses barillets (3 pour chaque revolver au moins), c’est d’utiliser un levier de chargement mobile et de préférence « réglable » (voir la photo). Ce modèle (un peu sophistiqué) n’est pas courant et son coût est sans doute onéreux,  pour autant il ne s’adapte pas mieux à tous les barillets que le levier mobile Pietta vendu dans toutes armureries : en raison des différences de tailles et de hauteur des barillets, en raison des  diamètres des axes trop larges ou trop étroits, ces modèles sont peu adaptés au chargement des barillets de revolver à PN .

Les Colts Walkers  notamment ne peuvent pas être chargés avec ce matériel   car l’axe de leur barillet  est très large et le barillet très long,   Les tireurs connaissent bien ce problème et doivent inventer leurs solutions: du coup le Walker 1847 et  le Dragoon ne sont rechargeables « qu’à l’ancienne », avec le levier placé sous le canon  et le support en bois qu’il faut transporter sur le pas de tir .  Ce qui explique que ces armes souffrent d’être considérées comme vétustes.

Charger des barillets à domicile impose de trouver un levier mobile  ou une presse  de chargement qui fonctionne bien, ce qui n’a rien d’évident : le tireur en est réduit au bricolage. Pour ma part j’avais utilisé une planchette de chargement (une plaque de bois en chêne creusée de trous aux diamètres des barillets,  pour les stabiliser).

On peut alors faire chez soi, à l’atelier (plutôt que sur la table du salon), un chargement soigné et prendre  note de toute sa préparation dans un carnet de chargement,  ce qui permet ensuite de faire des essais comparatifs sur le pas de tir: il faut cependant  enregistrer les chargements et les  essais avec rigueur, car pour obtenir un tir performant au tir à  la poudre noire, la fantaisie n’est pas recommandée.

P1000281Voici mon Remington 1858 UBERTI et ses 4 barillets « décalotés » !   L’utilisation de plusieurs barillets  incite à trouver un autre mode de chargement.  Le pré-chargement à domicile permet d’avoir plusieurs barillets pour une arme et dispense  du rechargement  au stand de tir, nécessitant  l’usage du levier monté sur l’arme et l’utilisation des cartouches-papier . Les tireurs à la poudre noire en France sont souvent très attachés à la tradition et mes pratiques  bousculent une norme ; les poudreux  qui participent aux compétitions sont particulièrement hostiles aux modifications, rejetées par tout l’appareil compétitif. Il faut que la copie respecte totalement l’original. Décaloter un barillet soulève des résistances, des rationalisations, des critiques:  certains y voit le danger de départs en chaîne,  mais surtout c’est une sorte de profanation de l’arme dans son état original. Les tabous ont la vie dure.

Pour un chargement rapide, on va charger chaque barillet sur table – c’est nettement plus confortable – et sertir les balles avec différents outils (maillet et poussoir) , mais dans l’idéal, on va utiliser une presse et des sabots de chargement que je présente dans la suite de l’article et dans l’article 8 .

Nous allons parcourir les solutions qui permettent de pré-charger les barillets.  Allons des procédés les plus simples aux plus complexes.

1/ La planchette de chargement brevetée PSRauben: une solution rustique, ébauche d’un sabot de chargement adapté à tout type de barillet .

J’utilise une planche épaisse  en chêne de 3cm d’épaisseur environ (voir la photo) dans laquelle j’ai fait de larges trous avec des mèches à bois plates (on en trouve partout dans le commerce). Pour chaque barillet il suffit de trouver un diamètre de mèche pour faire un trou qui lui correspond et qui permet de bloquer la crémaillère  (partie crantée)  dans le bois, pour  empêcher le barillet de bouger lors du sertissage. Quand la crémaillère (ou rosette) n’est pas suffisamment saillante, c’est le cul du barillet complet que je place dans le trou. Le barillet est donc placé debout sur le trou et  sa crémaillère, placée dans l’orifice, le stabilise. Cependant avec des barillets qui ont été « décalotées » (auxquels on a enlevé les alvéoles qui entourent les cheminées), on risque de faire pression sur les cheminées elles-mêmes  pendant le sertissage.  Grosso modo, ces barillets décalotés sont plus difficiles à stabiliser ce qui m’a conduit à faire fabriquer des sabots de chargement.

My beautiful picturePour sertir les balles,  j’utilisais un poussoir que j’avais fabriqué avec une clé longue  de 7,  à douille emmanchée, visible sur la photo (avec une poignée bleue), et  dont l’extrémité avait été  préparée avec une fraise sphérique pour ne pas déformer  la courbure de la balle (voir plus loin cette question).  Ce poussoir est également prévu pour l’usage du pistolet Patriot à chargement par la bouche, car sa longueur permet de pousser la balle jusqu’au fond du canon …   Sertir les balles dans les chambres ne doit pas exiger une poussée énorme: pour cette opération, je frappe simplement un coup sec avec la paume de la main sur le manche de la clé. La massette de maçon en caoutchouc reste exceptionnelle car la force du coup secoue les composants qui se mélangent.  Pour éviter de mélanger la semoule et la poudre dans les chambres,  le mieux est de charger et sertir chaque chambre l’une après l’autre en évitant que le choc au moment du sertissage ne secoue le contenu des chambres voisines (en attente de sertissage). Il faut également calculer la dose de semoule pour que la balle repose sur celle-ci (sans vide) : pas de jeu, donc pas de mélange!  Il ne reste qu’à mettre la graisse (cire d’abeille, paraffine et huile d’olive) pour obturer les chambres et les amorces. Le revolver est alors prêt pour le tir.

Tirant régulièrement au Colt Walker avec 4 barillets à précharger, je cherchais une solution pour un chargement et un sertissage des balles à domicile : la création d’un outil de chargement performant qui puisse répondre aussi bien au chargement de tous les barillets me tentait.  J’ai alors conçu  un outil simple, efficace et facilement transportable (qu’on utilisera éventuellement sur le pas de tir) : le sabot de chargement, qui devient indispensable pour celui qui en dispose, de par la variété de son usage. Cependant, avant d’aborder cette innovation, je vais examiner un autre  projet, concurrentiel,  qui m’a été présenté par un poudreux. Intéressé par tout ce qui concerne l’innovation en poudre noire, j’ai suivi ce projet qui,  a priori,  me semblait « prometteur », mais pour l’instant,  il pose plus de questions qu’il ne donne de réponses.  La réflexion sur ce projet  me concerne, car elle rejoint mon propre  projet  (alors en cours) et je pense que la concurrence entre les projets est le meilleur moyen d’avancer.

Une presse de chargement qui permettrait un sertissage simultané des 6 chambres est-il possible ou souhaitable?

Un tireur à la poudre noire  à WISSOUS dans l’Essonne met en fabrication une presse de chargement  qui permet de sertir simultanément les 6 balles d’un barillet. La presse exerce une pression équivalente sur chaque balle,  dans l’axe de la chambre,  ce qui est indispensable pour une chargement de qualité. L’objectif est ambitieux. La presse facilite la préparation des barillets à domicile, mais vouloir accélérer le sertissage ne me semble pas fondamentalement nécessaire.  D’une part parce que, de fait,  le sertissage est l’opération la plus rapide du chargement et si on veut réduire le temps de chargement de l’arme, c’est l’usage d’une doseuse à poudre qui semble le matériel le plus  utile. Pour le sertissage proprement dit, la rapidité n’est pas recommandée parce qu’un sertissage collectif supprime le contrôle du sertissage de chaque chambre et si une balle est défectueuse, trop large ou trop étroite, on ne « sentira » pas le défaut, comme on le sent quand on procède individuellement.  D’autre part, le sertissage réclame plutôt un travail de précision et je pense qu’il doit de faire chambre après chambre de préférence. Mais si les balles ont été recalibrées à la presse (quand il s’agit d’ogives),  ou si  un contrôle de leurs dimensions a été fait avant de les mettre en place, on peut sertir collectivement, c’est jouable. C’est donc un matériel qui intéresse ceux qui tirent avec une arme disposant de plusieurs barillets préchargés à domicile.  Le prix de lancement est très intéressant, mais la fabrication est suspendue, dans l’attente d’un nouveau fabricant.

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Voici donc la presse, démontable, et un bloc de refouloirs (double pour balles rondes et ogives) .  Une question se pose : cette presse pourra-t-elle s’adapter aux nombreuses dimensions des barillets de revolvers à PN?  L’inventeur propose un bloc refouloir adapté à chaque barillet, selon le type de revolver… Comment  se fait l’appui des barillets pour éviter que les crémaillères ne soient écrasées?  Des bagues d’appui sont prévues. La stabilité du barillet est assurée par l’axe qui est au centre des 6 refouloirs et qui en pénétrant dans le barillet le maintient droit.  Pour l’instant la presse est en attente de fabrication, car la société AMA qui la fabriquait est en liquidation.

SAM_0065Si la vidéo donne une idée générale du fonctionnement de la presse, le barillet  utilisé (Ruger Old Army)  est un modèle particulier qui ne présente pas de crémaillère saillante.  Cependant,  pour certains types de barillets (ROA notamment),  la presse est présumée vendue avec un bloc de sertissage spécifique  (vendu sur commande, en fonction du type de revolver)  comportant  6 refouloirs  et un axe central qui permet de positionner les refouloirs dans l’axe du barillets et des chambres. Ceci dit,  le concepteur donne des informations partielles sur les adaptations et concernant l’appui des barillets pendant le sertissage,  il propose une bague en nylon. Je ne suis donc pas en mesure d’apprécier la qualité du fonctionnement de cette presse et sa mise en vente exigerait une brochure détaillée.  Comme vous le constatez  chaque type de barillet  présente des caractéristiques propres et la conception d’une presse doit en tenir compte. Pour toute information renseignez vous auprès du club de tir proche de WISSOUS.

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« Pourquoi se casser la tête à créer des presses de chargement alors que chaque revolver à PN dispose de son levier »,  nous objectera-t-on ?

kirst cartridge converter walker 1847 ubertiSi j’ai un peu montré le fonctionnement de cette presse sans que ma présentation soit une garantie pour l’acheteur, c’est parce que  je veux montrer qu’on peut sortir de la routine  en matière de PN.  Le temps ne s’est pas arrêté aux années 1860 et si l’Etat nous impose la conformité aux copies d’armes antérieures à cette date,  c’est pour mieux nous enfermer dans une  limite  qui nuit à la création de nouveaux modèles. Il faut donc tirer le meilleur parti des anciens modèles et faire preuve de créativité!  Les fabricants prennent des initiatives intéressantes pour relancer  le goût des armes à la PN, en produisant des modèles tels que le Remington 1858 inox, équipé d’une visée-target, une arme qui a un pied dans le passé et un pied dans le présent.  Ca c’est l’esprit que je veux développer en apportant ma modeste participation.

Certains usagers du revolver à PN,  tentent de s’affranchir des limites technologiques de nos armes anciennes et convoitent de se procurer des « barillets à conversion » destinés à  l’adaptation des armes  aux cartouches métalliques. Certes, l’esprit « cow boy » demeure (le fameux  Piecemaker est une arme superbe qui s’inscrit dans la tradition Western), mais on ne sort pas seulement d’un cadre réglementaire (car ces armes modifiées passent en 4ème catégorie), on passe surtout dans un autre cadre technologique, qui pour moi, est l’ébauche des armes modernes: la conception du chargement n’est plus la même, c’est la fin de l’artisanat et de l’esprit poudreux! C’est la fin d’une époque.

Je reste donc attaché au principe du  chargement d’origine par la bouche ou par l’entrée de chambre et  je cherche ce qui peut  innover dans ce domaine, sans prendre la voie des revolvers de la 2ème génération (carcasse fermée et cartouches métalliques) .  Le poudreux aime le contact direct avec la matière :  » la poudre,  le plomb, la fumée » . La photo montre un barillet de Walker qui a été converti aux cartouches métalliques, comme l’ont été la plupart des revolvers à PN. Pour moi, le charme de la PN n’y est plus, car ces armes ont été conçues à l’origine pour un fonctionnement sans étui métallique: en exprimant cette opinion, ne suis-je  pas en contradiction projet de favoriser l’innovation? J’ai fixé un cadre à ce projet: il ne s’agit pas de refaire le parcours de l’évolution des revolvers, sinon il me suffit d’aller me procurer  un Smith et Wesson, avec les dernières munitions en vente.

J’en profite pour indiquer un blog qui présente  une liste complète de revolvers (et fusils) avec des photos de qualité pour chaque arme,  une lecture recommandée pour les amateurs d’armes western: http://ace0fspades.eklablog.com/armurerie-c17624256

Jusqu’où peut-on aller dans l’innovation concernant le chargement rapide des revolvers à poudre noire: n’a-t-on pas déjà tout inventé?

P1000317Je suis en train de mettre en fabrication, avec un matériel simple et un coût assez modique,  un jeu de supports de chargement en acier, transportables dans la poche et qui s’adapte à tous  les barillets, ceci pour faire un chargement rapide avec  un refouloir mobile (une clef à douille emmanchée modifiée) et non pas le maillet (qui est à éviter).  La question prioritaire du chargement rapide est celle du support sur lequel on placera le barillet (puisque celui-ci est sorti de l’arme) .  Cependant, l’utilisation à domicile d’une presse est  bien plus intéressante: c’est pourquoi je prévois d’adapter une  presse Bech Rest, achetée chez ESP,  à mon matériel:  il s’agit d’une petite presse  très bien conçue pour un usage du tir Bench Rest et qui est parfaitement adaptable pour un chargement destiné à la PN. La presse  arrivée ce matin répond exactement à mes attentes:  un socle rectangulaire solide et plein  de 8,5 cm sur  15,5 cm environ, d’une épaisseur  de 11mm; pour le reste, je ne rentre pas dans les détails, mais la solidité est garantie (après démontage ) de toutes les pièces, avec notamment un assemblage du socle et de la colonne très rigide . Le  levier,  un peu court, est efficace pour la pression exercée, donc peu d’encombrement. Le poids de la presse doit tourner à vue de nez autour d’1,5 kg.  On peut monter sur cette presse un appareil qui permet de mesurer la pression exercée sur la balle et dont le prix est modique. Le TOP!

Une presse de sertissage, adaptée à la poudre noire.

3050-165-thickboxLa presse Bench Rest que j’utilise a été modifiée pour en faire une presse de chargement des revolvers à PN : j’ai fait monter un refouloir sur l’axe de sertissage, avec un pas de vis  (pour qu’on puisse changer le refouloir selon qu’on sertit des balles rondes ou des ogives) . Elle est réglable en hauteur, adaptable à la hauteur des barillets, en tenant compte du supplément de hauteur (1cm)   du sabot de chargement. Elle permet un chargement chambre par chambre, mais adapté à de tout type de barillet;  le gain de temps sera suffisamment intéressant. Pas de manipulation  laborieuse : il suffira de tourner le barillet  dans le sabot qui conserve l’aplomb du barillet par rapport à l’axe et au refouloir vissé au bout de cet axe;  la qualité du sertissage des balles est assurée, ce qui est prioritaire. Cette presse permet un sertissage des balles ogivales sans les rentrer de travers, ce qui arrive avec des leviers de chargement mobiles, dont la pression est exercée de façon légèrement oblique et dont des refouloirs sont inadaptés à la forme de la balle.

La presse permet  de sertir les balles avec un effort qu’on peut mesurer (elle peut donner des indications chiffrée); mais sans ajouter l’appareil à mesurer la pression, elle permet aussi de « sentir » l’effort, par la pression  de la main sur le levier, ce qui est important.   Sertir une balle, c’est sentir sa résistance  lors de l’enfoncement dans la chambre et pouvoir s’assurer qu’elle n’est ni surdimensionnée, ni sous dimensionnée.  Une balle qui rentre sans effort est une balle qui va « bouger » ou tomber au cours du tir, ou bloquer le barillet. Si elle tombe, on risque accident, car la poudre ne sera plus protégée.  Une balle qu’on a dû forcer excessivement est une balle déformée qui va adopter une trajectoire aléatoire.  Le sertissage ne peut être de qualité que si l’on dispose d’une pressse « douce ».  Frapper les balles avec le maillet est pratique pour un sertissage rapide, improvisé,  mais le maillet ne permet pas de  sentir et doser la pression . Il n’est pas rare de déformer une balle (notamment ogivale) quand elle se place de biais:  c’est pourquoi je préfère indéniablement la presse dont la pression s’exerce dans l’axe de la chambre, au centre de la balle et de façon progressive. En outre le maillet comprime la poudre et nuit à sa performance.  C’est pourquoi actuellement, je sertis mes barillets  en frappant la clef emmanchée (transformée en refouloir) avec la paume de la main, ce qui est plus léger que le choc d’un maillet; une méthode  cependant « rustique » .

Avec cette presse, j’utilise des doseuses Lee Perfect et  j’obtiens un chargement de qualité, régulier, fiable et rapide.

Mon plan de rechargement doit  me permettre :P1000383

  1. de couler des balles ayant un poids constant, une sphéricité constante (qui varie cependant en fonction de la température du moule). J’utilise des balances manuelles (on trouve un modèle Lee à prix modéré, toujours chez ESP , mais le matériel en plastique est fragile,  donc j’ai acheté une balance Lyman d’occasion avec un bras en métal)
  2. de  remplir les chambres avec des doses de poudre et de semoule très régulières et mesurées
  3. de pouvoir utiliser des armes dont les chambres ont  un diamètre légèrement supérieur à celui du canon
  4. et enfin de faire un sertissage des balles rapide, mais très soigné, dans l’axe de la chambre, sans pression excessive, en m’épargnant le sertissage rustique  qu’on fait directement sur l’arme .

Cet objectif est réalisé: il est présenté dans mon article 8 (2ème partie) et dans l’article 9 on trouvera  5 vidéos qui  montrent la qualité de son fonctionnement .

Par conséquent, l’ensemble presse et sabot de chargement répond  aux impératifs du chargement qui se fait chambre par chambre et du sertissage de qualité qui se fait également « balle par balle »,  de mon point de vue, avec un barillet tournant qui vient placer la balle sous le refouloir, avec une totale facilité.  L’usage d’une presse qui prétend sertit tout le barillet d’un seul coup, me paraît  introduire plus de complications que de gain de temps et d’effort.

Je conclurai ce paragraphe en disant que selon moi, il existe plusieurs modes de chargements que je classe selon deux critères: d’une part le critère de fiabilité (poids des balles  et dosage des charges) qui entraîne  la précision et d’autre part le critère de rapidité de chargement qui est nécessaire pour un usage intensif de la PN.  D’une façon générale, les cartouches-papier intégrales, contenant le projectile, sont difficiles à réaliser et déçoivent en raison des problèmes de sertissage de la balle : le papier  complique les choses. nous allons aborder la fabrication de ces « cartouches »qui souvent n’est que de la poudre (noire) aux yeux…

Les solutions artisanales de fabrication des cartouches-papier  (« rouler » un pétard à PN).

L’utilisation de cartouches-papier a été pratiquée depuis l’origine. Le papier était traité au salpêtre car le papier nitré présente une « assez » bonne combustion en plein air, mais bien moins bonne lorsque le papier nitré est confiné dans une chambre close: il n’est que partiellement brûlé lors de l’explosion de la poudre, en outre  ce papier brûlé laisse des résidus très salissants qui encrassent les chambres et qu’on ne peut pas nettoyer facilement en cours de tir;  le temps gagné au chargement est ensuite perdu pour nettoyer les chambres.

Aujourd’hui on trouve du papier « flash » à combustion presque instantanée, intégrale et sans résidus.

Si on veut utiliser des cartouches-papier avec balles, il faut un papier résistant, rigide mais fin, pour former un cornet qui au moment du sertissage va se découper autour de la balle, tout en conservant  son  contenu (poudre) dans la chambre. Il restera à mettre la  graisse à l’entrée de la chambre comme on le fait pour un chargement traditionnel.

sabot PSRaubenSi on veut utiliser des cartouches-papier avec balle dans un revolver, leur fabrication est beaucoup plus exigeante.  En outre la cartouche avec balle est trop longue et ne rentre pas bien dans les chambres, quand on charge directement sur l’arme pour utiliser son levier et son  refouloir : la longueur de la cartouche empêche la rotation du barillet pour la placer sous le refouloir.  La solution,  c’est de sortir le barillet, de le placer sur un support de chargement approprié (l’idéal c’est le » sabot de chargement », voir article 8) , de mettre les cartouches-papier dans les chambres (de rajouter la balle si la cartouche n’en contient pas ) puis de forcer les balles avec la clef à douille emmanchée transformée en refouloir . Cette solution permet un petit gain de temps et de confort.

La fabrication des cartouches papier,  avec un mandrin

On trouvera de nombreuses vidéos sur internet qui montrent comment fabriquer une cartouche-papier . En voici une, produite par Michel BOTTREAU.

Ce mandrin en laiton vendu par H&C est prévu pour faire des cartouches en papier combustible  d’une sous dimensionnée, c’est à dire à leur format . Il est mal conçu car un mandrin doit être plus long, ce qui permet de moduler la longueur de la cartouche et surtout il ne doit pas avoir un rétrécissement aussi rapide qui d’une part ne peut pas contenir de charge et d’autre part s’écrase dans la chambre sous la pression lors du sertissage (mais avec ce format étriqué, on ne peut mettre que de la poudre noire, donc pas de risque de mélange avec la semoule)  . Un bon mandrin doit avoir un évasement progressif allant de   …… à11,5mm sur une longueur de .  Voici un modèle de mandrin plus fonctionnel. Voici mon mandrin (en calibre 44), fait avec un gond de porte , travaillé avec une meule  électrique.

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Cependant, si on est pas bricoleur,  il suffit d’un corps de stylo de 7cm (pas facile à trouver cependant) ou d’un morceau de bois rond (taillé de façon progressive), ou encore d’un bec de poire à poudre, qui est particulièrement  adapté pour sa forme progressive .  Grâce à l’évasement, il est facile de sortir ensuite le cornet et d’autre part, le rétrécissement modéré permet d’introduire la  cartouche dans la chambre.  Le papier demande une combustion instantanée, sinon, il forme un bloc éjecté hors de la chambre, mais qui ne passe pas l’entrée du canon: il reste coincé à l’entrée de celui-ci. Il faut donc un papier fin et très combustible, mais par contre la solidité de la cartouche demande un papier plus épais !

Le papier à cigarette

imagesCA8T9KLUPour les révolvers en cal.44, les cartouches utilisant les feuilles à cigarettes sont très bon marché et faciles à réaliser soi-même. On roule le papier à cigarette autour du mandrin, on ciolle  et on  remplit le cornet par l’intérieur du mandrin (ce qui suppose qu’il soit creux), puis on retire ce dernier et on place alors la balle, ce qui n’est pas sans poser bien des problèmes, car il faut que la balle ne flotte pas et il faut qu’elle  rentre sans déchirer le papier!  Le papier à cigarette résout tous ces problèmes,  car lorsqu’on entortille l’excédent de papier autour de la balle, tout tient ensemble: c’est comme un bonbon! Je recommande le positionnement oblique de la feuille sur le mandrin, pour allonger la cartouche. Le papier à cigarette est le papier le plus facile  pour fabriquer des cartouches sans balle ert même avec balle,  si le papier est assez long . Sa combustion n’est pas idéale, mais elle n’est pas non plus très encrassante.  Le papier fin donne des cartouches fragiles qui ne peuvent ne peuvent pas être poussée en force dans les  chambres, c’est pourquoi les cartouches papier à cigarette sont généralement sous-dimensionnée, pour entrer sans effort, mais au sertissage de la balle, elle s’écrasent dans le fond de chambre et prennent sa forme: mieux vaut qu’elles ne contiennent pas de semoule, sinon ça fait un couscous explosif.  De toute façon, une cartouche papier, si elle n’est pas assez compacte et suffisamment large pour se coller aux parois de la chambre, se déforme lors du sertissage.  Seul  le papier à cigarette permet d’emballer la balle (ronde) sans colle, ce qui est préférable, car la balle doit garder son autonomie et le papier collé sur celle-ci n’est pas bon pour la trajectoire. Au sertissage, le papier qui entoure la balle est déchiré et tombe;

cartouches graisséesLe papier à cigarette ne pose en outre aucun problème d’allumage de la cartouche, si on évite de faire une masse de papier entortillé à la base de celle-ci. Comme indiqué sur la vidéo, à la pointe de la feuille à cigarette, là où aura lieu l’allumage, les bords sont d’abord repliés vers l’axe  pour former un « bonnet » long que l’on encolle avec  un stick de colle blanche et que l’on rabat sur la cartouche. Pour la fermeture de la partie haute de la cartouche papier (sans balle),  on « entortille » le papier en excédant (comme une queue) en l’enduisant préalablement de colle (toujours le stick)  pour assurer une bonne tenue de la fermeture.  Lorsque la cartouche est brûlée, il reste de petits résidus de papier qu’on peut extraire en partie, en soufflant dans la chambre avec un petit tube. Les dimensions des feuilles à cigarettes sont mal adaptées aux cartouche avec balle : il faut alors les doubler, ou prendre du papier long. Mais il est tellement facile de mettre une balle dans la chambre, après y avoir introduit  la cartouche papier, que c’est se donner du mal pour rien  que de vouloir faire une cartouche complète. Voici une adresse avec des photos :

http://gunsmith.fr/article29/cartouches-combustibles

Les cartouches en « papier nitré »  sont-elles instantanément combustibles ?  

Les cartouches-papier qui contiennent la balle étaient en usage dès l’origine.  A l’époque, les cartouches complètes étaient déchirées par le fond et vidées dans la chambre; le papier servait alors de bourre.  Certains prétendent que ce papier « manufacturé » était traité au salpêtre et brûlait;   je n’en suis pas convaincu…

1/ On peut faire des cartouches avec du papier kraft que l’on va « tenter » de rendre combustible en l’immergeant dans une solution de salpêtre:  ça c’est le « blabla » qu’on trouve sur différents forums.  En réalité ce papier n ‘est utilisable que pour des cartouches à l’ancienne, c’est à dire qu’on déchire pour vider dans la chambre avant de mettre la balle (depuis on a inventé les tubes de chargement en plastique). On utilise  apparemment ce papier avec un traitement nitré pour des cartouches Sharp très particulières.  Recette classique :  Prendre du papier kraft (ou de vieilles enveloppes jaunes), le tremper dans une solution de nitrate de potassium ou salpêtre (en vente sur internet dans les drogueries en ligne).  On obtient cette solution en  diluant le salpêtre dans l’eau jusqu’à ce que le nitrate ne puisse plus se dissoudre et se dépose au fond du bocal. Cependant  le papier kraft est  trop épais et  le salpêtre ne suffit pas pour une combustion instantanée. Donc dans un revolver c’est inadapté: le papier va rester  bloqué à l’entrée du canon.  C’est un papier qui pourrait être utilisé dans un canon long à chargement par la bouche,  sans obstacle, mais comme il est très encrassant, même dans ce genre d’arme (qui exige très peu de résidu), il est parfaitement déconseillé (à moins que le papier ne soit éjecté, ce que je ne crois pas). Recette personnelle : on peut renforcer le traitement au salpêtre en enduisant le papier  avec une solution de salpêtre dans laquelle on met de la colle à papier peint, Attention, la colle au salpêtre est très acide. Là, pour le coup,  ça brûle très bien,  mais à l’air libre, par contre dans une chambre fermée, la combustion reste partielle !

  • Le chlorate de soude (désherbent total qui n’est plus en vente dans les magasins agricoles) a les même propriétés que le salpêtre, mais ce produit est hydrophile, ce qui veut dire que le papier traité ne sèche jamais vraiment. Il  reste collant et il surtout absorbe l’humidité de l’air ambiant:  donc à éviter totalement.

Dans les revolvers à PN,  la combustion du papier nitré  est toujours partielle.  La cartouche en papier épais, si elle ne se bloque pas dans l’entrée du canon, est parfois éjectée avant d’avoir eu le temps de brûler, car le papier nitré épais n’a  pas une combustion  instantanée, il lui faut un peu de temps:  s’il sort du canon,  il va continuer de brûler à l’extérieur.   En conclusion, je ne vois pas quel revolver ou quelle arme à chargement par la bouche pourrait avoir un bon fonctionnement avec une cartouche utilisant ce papier. On en parle régulièrement dans les forums, on donne la recette, on parle aussi du collodion, bref, on fantasme !

2/ Le papier  flash une combustion quasi instantanée et totale. C’est un papier qui brûle  avec une flamme vive, spectaculaire  et qui,  surtout, ne laisse aucun résidu, ce qui est essentiel.  Ce papier « brûle » alors que le papier nitré se consume, ce n’est pas la même chose, mais brûle-t-il dans une chambre, il semble que oui, puisque H&C le vendent . Sa solidité est cependant médiocre, mais il prend mieux la colle UHU en stick, que le fait papier de chez H&C.  On trouve le papier Flash  en vente à moindre prix dans les boutiques de magie, mais il faut acheter la qualité « US », plus épaisse, au format 50X20,  vendue pour 3 euros chez « MERCURIO Le petit magicien »  (j’en ai acheté)   C’est donc un papier peu rigide, mais qui a les qualités de combustion exigée par une cartouche papier ,

  • combustion instantanée
  • aucun résidu
  • pas de problème de mise à feu ou de retard de feu
  • collage possible, mais

Cependant  les cartouches sont délicates à fabriquer : le défaut, c’est sa tenue, car c’est un papier assez tendre qui peut se déchirer dès qu’on force la balle à l’entrée du cornet: il faut donc faire une cartouche qui ne dépasse pas le diamètre du canon  pour qu’elle y entre facilement.  Mais il faut aussi un cornet assez conique pour que la balle entre , sans effort. Or plus le cornet est conique, moins la balle tient !   On peut (en principe)  introduire une balle ronde ou une ogive dans le cornet en forçant légèrement (si le collage tient suffisamment et si le papier résiste .  La balle doit être introduite non graissée, car la graisse la fait coller au cornet et il se déchire si on insiste. il faut que la balle glisse un peu.  Le cookie lui-même doit être sous dimensionné, sinon, il refuse d’entrer en collant  lui aussi au papier et en déformant la cartouche.  Les 1ers essais furent franchement décevants !   Les cartouches n’avaient pas un bel aspect, elles étaient mal comprimées, parfois  déformées (certaines  déchirées). C’est pour éviter tout effort exercé sur le papier qu’H&C  a conçu ses cartouches de façon très coniques et c’est aussi pour éviter tout effort qu’il propose de les coller!  Devons nous en arriver à la même solution ? J’ai repris point par point les  « soucis »:

  • 1ère étape : les défauts du papier flash sont accentués par le problème du collage :  par manque de rigidité les cornets se déforment lorsqu’on les manipule et en raison du collage très moyen, le cul de la cartouche se défait, enfin, une résistance limitée aux pressions, sinon la cartouche s’ouvre. Ces problèmes ont été résolus quand j’ai utilisé une colle liquide instantanée cyanoacrylate (de chez Carrefour), un tube de toute petite taille, mais dont l’efficacité fait que le collage ne nécessite pas un grande quantité de colle …. et  j’ai obtenu des  cornets enfin bien formés et stables.
  • 2ème étape, la cartouche devait être compacte, et les cookies permettent de la comprimer, si ils entrent suffisamment. Ils doivent donc être sous-dimensionnés pour qu’ils ne collent pas lorsqu’on les fait entrer dans le cornet ; j’ai  réduit le diamètre des cookies en les roulant  et en les écrasant un peu entre les doigts.
  • 3ème étape, grâce à un encollage efficace, j’ai pu resserrer les cornets à leur base et à l’entrée, j’ai pu les coller au diamètre maximal du mandrin.

Voici par étapes la fabrication de ces cartouches  qui au départ étaient difficiles à fabriquer.  Le collage du cornet est réussi et la balle n’a plus besoin d’être collée dans le cornet, ce qui la rend autonome. La cartouche est assez rigide pour être enfilée dans les chambres d’un Walker sans se déformer.  Elle entrera mieux encore dans un Hawken Woodman .  Cependant je renforce la tenue de l’ogive avec un fil à coudre à toute fin utile. Si la cartouche papier flash sans balle est meilleure qu’une cartouche en papier à cigarette, celle avec balle est trop  délicate à réaliser et risque de poser des problèmes lors du sertissage sur le pas de tir .

P1000549P1000555P1000554rosettes

Je pense donc que mettre la cartouche ne contenant que la charge de poudre et un cookie, la faire entrer dans la chambre sans difficulté et rajouter ensuite  une balle qu’on va immédiatement sertir est plus simple est plus sûr que mettre une cartouche complète qui risque de prendre du biais, qui risque de se bloquer quand la balle (ici une ogive) va  chercher l’entrée de chambre.  Le trop est l’ennemi du bien.  Cependant, comme on le voit sur les photos, le papier Flash a une texture assez aérée (on pense à du papier essuie tout) .  Les cartouches réalisées , ainsi que le montre la 2ème photo, sont parfaitement ajustées aux chambres du Walker, puisqu’elles tiennent sur l’entrée de chambre, il suffirait de pousser du doigt pour qu’elles descendent sans effort.  Mais la balle conique risque d’être trop large si elle doit entrer avec le papier: d’où un risque de déchirement de la cartouche ou celui de faire prendre du biais  à l’ogive.  Pour moi, cette cartouche avec une balle ce n’est donc pas  la bonne solution, car la cartouche n’est pas assez rigide pour tenir la balle dans l’axe de la chambre: l’ogive doit être sertie, mais rester en alignement. Tout cela n’est pas pris en compte  par ceux qui font de la pub pour le papier H&C. J’ai fait cette cartouche, par curuiosité,  mais  je trouve que  le chargement de plusieurs barillets est beaucoup plus « rentable ». C’était un plaisir de « poudreux » qui ne compte pas son temps. Ces cartouches seront donc tirées pour le « fun »!

sans-titreH&C cultive un secret de polichinelle :  son papier n’est rien d’autre que du « papier flash » un peu plus serré et  légèrement lustré, ce qui explique que la colle ne prend pas.  Son prix est plus élevé  (une bande de 50X20 cm pour environ 5€);  prédécoupées, les portions sont exiguës ;  ce papier ne s’entortille pas, il faut donc utiliser de la colle mais aucune colle ne prend!   La colle H&C elle-même, supposée adaptée à ce papier, ne prend pas mieux que les autres ;  trop liquide (elle coule), elle a un temps de séchage qui est très long et une prise qui est incertaine. Nous sommes loin de ces jolies cartouches  exhibées par des tireurs autosatisfaits

http://94.23.243.216/~tirmaill/mildot/printview.php?t=111958&start=75&sid=315f9dfdf199636f719e422824c3c3c0

Pour résumer, il n’existe que deux options pour ceux qui veulent un rechargement rapide en évitant l’achat de plusieurs barillets :

  1. le papier flash  qui ne laisse aucun résidu et qui ne présente pas de  problème de collage, mais qui est trop fragile et trop souple pour permettre de fabriquer des cartouches  en quantité: cela demande trop de soin..
  2. le papier à cigarette qui présente certains avantages que j’ai déjà développés :  il laisse des résidus secs partiellement brûlés (car il n’est pas nitré), plutôt que des cendres grasses (il est peut être souhaitable de prendre de l’OCB orange, déclaré par le fabricant comme étant plus combustible ? ) ; il a peu d’épaisseur, il est souple, mais résistant. Du fait de sa finesse, il a peu de retard d’allumage;   enfin, il s’entortille bien, ce qui permet de ne pas recourir à la colle pour fermer la cartouche (même avec la balle). Cependant  sa fragilité fait que s’il se déchire, la poudre noire se mélange à la semoule,  ce qui nuit à la combustion et à la précision. Le papier cigarette est utile pour des cartouches de petite taille (type Colt 1851, 1860), mais il ne convient pas pour des cartouches puissantes, ou alors il faut acheter un format de papier  plus grand.  De même, cette cartouche n’est  facile à faire que si  elle  ne contient que la poudre et  là  si la balle n’est mise dans la chambre qu’ensuite, séparément. La cartouche complète est une forme de snobisme ou de perfectionnisme ou encore d’esthétisme qui n’est pas vraiment nécessaire.
  3. le papier H&C  qui est une variante du papier flash, mais il ajoute à ses inconvénients des problèmes de collage. Pour que la cartouche reste compacte, H&C  lui donne un format très court, car plus la balle est longue, plus  elle perd en rigidité . C’est donc un papier qui ne convient pas en dehors de cartouches de petit format .
  4. enfin,  le papier craft nitré qui est à proscrire .

Les solutions « bidon »   

Contrairement à ce que j’avais lu à droite et à gauche, le papier thermique des fax ou des machines à calculer n’est pas particulièrement combustible et certains vendeurs tentent d’en vendre des stocks sur Naturatuy;  il laisse des résidus importants et collants qui encrassent les chambres.   De même le collodion n’est pas un produit très inflammable quand il est sec, mais il sert de vernis ou de colle.

Les problèmes d’allumage

Les cartouches papier ont un gros inconvénient :  le cornet devant être fermé à la base de la cartouche, on est obligé de faire une sur-épaisseur, qui retarde la mise à feu et parfois on entend l’amorce éclater, puis dans un second temps,  la poudre explose. Conséquence:   l’arme dévie et la balle perd la cible !   Autre danger : un retard de mise à feu: le papier brûle lentement et la cartouche ne sera mise à feu que bien après, ce qui risque de provoquer un accident : une cartouche qui ne s’allume pas doit être considérée comme un danger : l’arme doit rester orientée vers la cible durant 1mn.  Pour éviter ce risque,  on peut enduire le cul de la cartouche avec un peu de poudre (ou du pulverin), collée avec du collodion qui sert de colle combustible et qui sèche vite.  Ce petit supplément de poudre facilite l’explosion. Ces cartouches doivent être conservées dans des tubes plastiques (éprouvettes de laboratoire notamment)  étanches et solides pour que la poudre ne prenne pas l’humidité.

J’en profite pour démentir une  idée fausse  qui circulent sur les forums de PN : le collodion n’est inflammable qu’à l’état liquide;  une fois sec, il n’est plus sensible à la chaleur mais il est efficace en tant que colle.

Deux méthodes de chargement sont possibles:

– soit, on fabrique une cartouche papier avec balle incorporée .   » c’est très tendance » comme on dit aujourd’hui … Pour un revolver à poudre noire, ce type de balle est fréquemment utilisé par les consommateurs du papier H&C se font un plaisir de nous montrer leurs jolies baballes .  S’il faut mettre de la colle partout  (et de plus utiliser une colle qui ne tient pas), c’est la galère.  Les balles H&C sont problématiques. Si on veut utiliser du papier flash, vendu en feuilles, il faut trouver une solution pour le collage ou le maintien de la balle : H&C préconise un collage merdique.  Je préconise un simple enfoncement de la balle dans le cornet. Le rétrécissement progressif du cornet est alors essentiel. Cependant  les balles risquent de ne pas tenir en étant simplement enfoncées,  car le papier flash est fragile et on ne peut pas pousser les balles comme on le ferait avec du papier kraft . Une rondelle de papier cuisson doit séparer la balle du cookie (coupée à emporte pièce) , ce qui favorise la chute de la balle, mais  il est indispensable d’empêcher  que le cookie colle à la balle au moment de l’explosion, grâce à ce papier cuisson.  Si le projectile tombe, il n’entraînera  pas le cookie  et la poudre restera dans le cornet.  Je ne suis pas certains que ce cookie de cire dure suffise pour graisser la canon. Il est donc préférable de graisser les entrées de chambres  une fois que les balles seornt serties. J’ajoute qu’il me semble préférable de ne pas plonger la tête de balle dans la graisse  fondue avant le sertissage car le papier devient alors mou et se déchire au sertissage, mais cela dit,  c’est une méthode possible.

L’inconvénient majeur, outre le côté plus complexe de la fabrication, c’est que la cartouche  complète risque de prendre du biais au sertissage.   Attention : les cartouches papier complètes ne rentrent pas dans un barillet monté sur le revolver ‘(ce n’est pas prévu pour ce type de chargement) : leur dépassement empêche la rotation.

– soit on fabrique des cartouches-papier sans balle, ce qui est à mon humble avis, est préférable 

Elles sont beaucoup plus faciles à fabriquer, et j’ajoute plus faciles à charger sur le pas de tir : elles rentrent facilement dans le barillet en raison de leur dimension plus courte. On peut ensuite ajouter les balles, séparément, sans avoir la moindre difficulté de chargement: il ne reste plus qu’à sertir avec le levier de chargement qui est sur l’arme ou se servir d’un  sabot de chargement en chargeant le barillet sortir de l’arme.

Quel est l’intérêt de faire des cartouches-papier  sans la balle, ce qui demande 3 opérations de chargement ?

  • 1/  introduction des cartouches-papier (poudre) dans les chambres
  • 2/ introduction des balles et sertissage;
  • 3/ graissage des entrées de chambre; dans ce cas cela se fait sur le pas de tir (un petit coup de graisse qui prend quand même un peu de temps)

Le gain de temps n’est donc pas significatif, mais pour les tireurs, utiliser des cartouches intégrales, c’est rapprocher le revolver à PN des revolvers à cartouches métalliques.   Cependant, l’intérêt de ces cartouches (de préférence sans balle) , c’est qu’elles épargnent  la laborieuse opération de remplissage des chambres avec un entonnoir et des petites doses conservées dans des tubes en plastique, méthode qui suppose tout un matériel encombrant sur le pas de tir et du temps…  Avec la cartouche papier (conservée dans une boite étanche),  il suffit d’enfiler le cornet  dans la chambre et cette méthode évite des erreurs de chargement, car le papier se voit bien.

Les cartouches-papier longues, de grande taille, destinées à remplir des chambres de Walker ou de Dragoon,  doivent être très solides et compactes.  Il arrive souvent que si la cartouche est trop large, elle se déchire quand on veut la pousser dans la chambre, par contre si elle est trop étroite, elle va se déformer, se plier, se déchirer ou s’ouvrir quand la balle va la compresser en fond de chambre : le vide d’air autour de la cartouche demandera être rempli et  la balle va perdre sa forme.

En conclusion, la cartouche-papier en papier flash est la meilleure. L’utilisation de barillets pré-chargés, reste cependant préférable, car les cartouches demandent un travail de préparation plus long et leur qualité reste très variable. pour ma part je préfère les cartouches papier (Flash) aux dosettes de poudre et de semoule….

Peut-on utiliser  une cartouche complète (poudre+ balle) dans un pistolet à chargement par la bouche ou dans une carabine de type « muzzle loading rifle » ? 

Pour plus de détails, voir l’article 7 qui détaille la fabrication des cartouches-papier combustibles destinées aux fusils à chargement par la bouche.

La compression des balles et des ogives avec des refouloirs inadaptés: un sabotage des projectiles ?  

Un aspect tout à fait sensible en vue de la précision, c’est la forme de la balle qui, en principe, est ronde. S’il s’agit d’une ogive, elle doit également avoir sa partie antérieure en forme d’œuf ou de cône et toute déformation aura des effets néfastes sur sa trajectoire. Je crois savoir que les tireurs qui préparent méticuleusement leurs balles en vue des compétitions sont attentifs à les couler de la façon la plus parfaite, choisissant des moules LYMAN notamment, pour obtenir les meilleurs résultats.  Couler des balles avec un moule qui garantisse l’exactitude des projectiles dont la forme est étudiée pour réduire les frottements et conserver une trajectoire rectiligne,  est une condition de la précision. A l’inverse, des balles déformées ne gardent pas la trajectoire et perdent la cible.

Or, a-t-on déjà lu sur un site de poudreux que les refouloirs de Walker, par exemple, sont inadaptés aux balles qu’on utilise aujourd’hui  (rondes ou ogivales) et qu’ils déforment gravement celles-ci? A-t-on déjà publié des photos qui présentent le résultat incroyable de la compression d’un boulet en plomb mou par un refouloir de Walker? Qu’il s’agisse d’un Walker Uberti ou d’un ASM, par exemple, le désastre est le même ! Quelle était la forme des balles d’époque ? C’est un véritable sabotage du travail qu’on aura fait pour obtenir des projectiles de qualité.  Voici des refouloirs qui sont très différents: on remarquera le bord très étroit du refouloir  monté sur le Walker : c’est un véritable ciseau  qui va creuser un anneau circulaire dans les projectiles actuels comme le prouve les photos  qui suivent.

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P1000548Si on examine le refouloir d’un Walker on est surpris de constater qu’il s’est pas adapté à la forme sphérique de la balle, que son diamètre se rétrécit à l’extrémité, qu’il est nettement plus étroit que la balle, qu’il présente une cavité bien trop profonde, que les bords sont de véritables ciseaux,  de telle sorte que non seulement il ne coiffe pas la totalité de la balle,  mais  qu’il imprime un sillon profond sur celle-ci : il transforme alors la balle en un objet difforme !!! C’est à peine croyable.  J’ai vérifié différents refouloirs et j’ai comparé leur forme avec celle du levier de chargement mobile de chez Pietta: c’est le jour et la nuit !! Pietta a un outil dont l’extrémité est légèrement incurvée pour ne pas déformer la forme sphérique du plomb, tandis que les refouloirs de Walker présentent un creux qui ne peut pas envelopper la balle, mais seulement la cisailler !!! Quant au poussoir qu’on utilise pour entrer le balles dans les pistolets mono coup à chargement par la bouche, leur extrémité plate ne peut qu’écraser la balle lorsqu’on pousse celle-ci au fond du canon. Sur la photo (cliquer pour agrandir) , le cercle rouge correspond au sillon circulaire creusé par le refouloir, le cercle jaune correspond au diamètre de la balle et le cercle bleu correspond à la trace  du poussoir avec lequel la balle a été écrasée à titre d’essai !!  Chaque opération déforme le projectile.  On voit nettement que le refouloir  laisse un sillon de dimension inférieure à la balle, car l’extrémité de celui-ci est réduite par rapport à son diamètre.

Sur les deux photos qui suivent on voit nettement la déformation de  deux balles dont la cause est courante : l’une a été entaillée par le refouloir (sur un Walker) , l’autre dont le diamètre trop large,  a été  reduite en diamètre  lors du sertissage en force de la balle et a pris une forme ovale . On voit un anneau très large qui suit sa circonférence.  Or les balles rondes sont prévues pour tourner  pendant leur vol et  le fait qu’elles deviennent ovales rend leur trajectoire aléatoire !

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 Autant dire  que le levier de chargement qui se trouve sur le Walker ne doit pas être  utilisé si on veut faire un tir présentable !!  Il est inutilisable avec des balles à tête sphérique.  Il est probable qu’à l’origine, les balles étaient coniques !

Alors, quelle est la solution pour ne pas détériorer ses balles ? C’est de fabriquer un refouloir qui adopte la courbure exacte des balles  rondes et dont la largeur,  à l’instar des refouloirs Pietta,  couvre la presque totalité de la balle. Les photos qui suivent sont parlantes ! Les schémas que je produis sont encore plus explicites.

 Comment sortir une balle  d’une chambre de revolver quand la charge de poudre ne s’allume pas, un incident de tir courant.

Il faut démonter la cheminée et sortir la poudre avec un outil fin, puis il faut  utiliser un outil qu’on se fabrique soi-même: une tige de 5 à 10cm en fer,  enfilée dans une douille puis collé avec de la soudure à l’étain et dont l’extrémité est plate pour pousser la balle.  Le diamètre de la tige doit être inférieur  au pas de vis interne du trou de la cheminée, pour ne pas l’abimer. La douille sert d’appui pour pousser la balle sans se blesser la paume de la main.  Il faut simplement donner une courbure  à cette tige,  car la cheminée n’est pas dans l’axe de la chambre. On peut alors pousser la balle sans emdommager le pas de vis.