La précision, un domaine nébuleux du tir à la PN ?
L’ambition de faire d’un revolver à poudre noire une arme de compétition n’était pas dans le cahier des charges de l’époque de leur création. L’objectif était de descendre un mec à 15m et non de tirer sur une cible à 25m! Mais les modèles ont progressivement gagné en précision.
J’avais publié dans l’article N°10 (actuellement en cours de restauration) une longue et ambitieuse rubrique sur cette question de la précision. Faute de temps cet article avait été écrit directement sur la toile sans être retravaillé. J’ai donc enfin pu reprendre l’article pour le refaire et en faire trois articles distincts. Je tiens à préciser que je n’ai aucune prétention à imposer ma vérité ou à prêcher l’évangile selon PSRauben, loin de là. Cet article sur la précision m’a posé beaucoup de problèmes, car parmi les différentes informations que j’ai recueillies, vous ne serez pas surpris d’apprendre que dans le domaine de la poudre noire, les points de vue divergent, ce qui ne rend pas la tâche facile. Je remercie ceux qui m’encouragent.
A titre d’exemple, je citerai quelques passages de empruntés au site « Poudre Noire Free.fr » (sujet: la graisse et le tir) commentaire de Cobravif, qui va à l’encontre de mes convictions.
http://poudrenoire-free-fr.superforum.fr/t765-la-graisse-et-le-tir
« Je tire régulièrement à percussion depuis 1967, je n’ai jamais graissé les entrées de chambres sauf lorsqu’il pleuvait… Graisser la chambre devant la balle peut contribuer à la lubrification, mais il ne faut pas que la graisse soit trop dure ni qu’elle soit en trop grande quantité. Personnellement, dans les revolvers, je ne mets ni calepin, ni semoule. J’ai toujours procédé ainsi et je m’en suis toujours bien trouvé. La semoule,il n’y a aucune raison d’en mettre. La granulométrique des poudres noires modernes offre les variantes qui permettent de charger les armes de tous calibres et tous types sans devoir verser de la semoule de blé dans des canons ou des barillets. »
En réalité, mon article est une sorte de mise au point selon ma conviction, mais il est fondamentalement ouvert au débat. Si un tireur se sent l’envie de publier sur mon blog un article contradictoire, il me paraitrait intéressant de le publier, sous réserve qu’il soit argumenté.
Avant d’aborder des points précis pour réaliser cette ambition de donner plus de précision à nos flingues à PN, il faut passer par une connaissance des processus de fonctionnement de ces revolvers et par conséquent, il faut savoir « comment ça marche… « . C’est un long cheminement qui commence. La poudre noire, c’est un drôle de business. La problématique d’un revolver, c’est sa qualité fabrication selon une exigence d’usinage . Les modèles courants de révolver C&B (Cap and Ball) ne sont pas garantis au top (pas de cahier des charges qui fixent les tolérances lors de la fabrication des pièces). Mais au delà de la fabrication, c’est aussi le fonctionnement de l’arme qui est complexe. Un tireur à la PN qui veut faire du tir de précision, doit expertiser son arme et en connaitre les défauts et les points faibles. Il faut devenir « un armurier sur la table de la cuisine »… avant de se faire un atelier.
Tout cet apprentissage nécessite des connaissances qui se trouvent dans quelques ouvrages, mais en France, nous ne sommes pas « gâtés » car les théoriciens de la PN sont rares. Il en va autrement aux Etats Unis, domaine du tir à la PN par excellence! Il faut donc passer par l’anglais pour se documenter. L’ouvrage de John FROST (le guide pratique du tir au revolver à percussion) par exemple, est basique, comme beaucoup d’ouvrages sur le tir à la PN. La précision concernant le tir avec une arme de poing à PN, c’est l’arlésienne : on en parle en récitant des banalités, on la pratique, on fait de la compèt’, mais quand il faut prendre son clavier pour mettre les choses au clair et diffuser ses connaissances, il n’y a plus personne. Finalement ce sont des américains qui font des articles sur ce sujet. En France, ceux qui font du tir de précision vont nous parler des règles de tir (FFT), des concours, et des positions adéquates, ils vont donner des conseils pour la visée, pour contrôler les coups de doigt, mais rien concernant la préparation des revolvers pour faire du tir « de précision »; là c’est le domaine de l’aventure. Alors, j’ai décidé de remplir un tout petit peu ce vide et je pense que nous allons devoir nous débrouiller tous seuls!
Bien sûr « l’autre variable essentielle » : c’est le tireur ! Il faut reconnaître que ceux qui savent tirer ont une expérience de la maitrise corporelle difficile à communiquer. Pour apprendre, il est recommandé de fréquenter un club. Ceci dit, la compétition et la précision sont deux domaines proches mais distincts, et sans faire de compétition, on peut parvenir à de bons résultats en cible.
A/ La qualité de l’arme, ses défauts et sa préparation, des points incontournables pour la précision du tir
La précision est limitée par la qualité de l’arme, ce n’est pas simplement comme le prétendent certains une symbiose entre l’arme et le tireur . Il faut donc faire une expertise de celle-ci et voir si elle nécessite quelques modification ou réparations de nature à améliorer son potentiel. Parfois les défauts sont de nature à éliminer toute espérance de précision et on devra alors mettre l’arme dans la vitrine (ou s’en servir comme matraque , par exemple).
Sur un forum j’ai trouvé un commentaire qui concerne l’état des chambres (régularité et alignement) d’un revolver à cartouches métalliques, mais qui est également pertinent pour un revolver à percussion.
Lors de l’expertise du revolver, les chambres du barillet peuvent présenter des particularités gênantes :
- Les 6 chambres d’un barillet peuvent avoir un diamètre de sortie (tranche de barillet) variable, irrégulier, et cela peut provoquer une dispersion des tirs. Il est alors suggéré d’uniformiser les 6 sorties à l’alésoir expansible, au Ø de la plus grosse ». [Ce qui veut dire qu’on peut élargir la chambre dans sa partie supérieure avec un alésoir, mais il faut avoir une compétence pour faire ce travail (armurier ou atelier de mécanique)].
- De plus, sur les répliques itéliennes, le diamètre d’alésage de la chambre est généralement plus petit que le diamètre de canon à fond de rayures (différent selon le fabricant, le modèle, etc) . La balle sertie (serrerée) dans la chambre, ne va pas totalement remplir les rayures du canon, ce qui est réputé mauvais à tous les égards. Certains conseillent donc d’aléser les chambres pour les amener au Ø à fond de rayure, mais la plupart préfèrent contourner ce problème au niveau de la balle« … (d’où l’intérêt du plomb mou).
Si on veut rentrer dans le monde des tireurs de PN, deux points sont importants (il y en a d’autres):
Mesurer les diamètres des chambres et mesurer le diamètre du canon à fond de rainures.
- Cette première opération se fait avec de l’outillage destiné à mesurer le diamètre des cavités (pied à coulisse, palmer). Ce n’est pas très facile compte tenu des rainures du canon. La méthode la plus simple consiste à forcer des balles de plomb mou dans le canon et dans les chambres et de les extraire pour les mesurer. Prendre une empreinte coulée (« carotte ») avec du Cerrosafe ou du soufre fondu est la meilleure méthode. Il faut ensuite pouvoir extraire cette empreinte sans l’endommager et sans qu’elle ne se rétracte trop après refroidissement. Le Cerrosafe est très utilisé pour des mesures précises. C’est un métal qui fond à basse température et qui se rétracte légèrement pendant une heure environ, ce qui laisse le temps de l’extraire, puisqu’il prend un peu de jeu, mais il a l’avantage de reprendre son volume après une heure. Le souffre se rétracte plus et se creuse au centre de la carotte, mais l’empreinte est bonne et fiable pour des mesures courantes.
- Si le diamètre des chambres est inférieur à celui du canon en fond de rainures, un réalésage sera la solution pour améliorer la précision : sur ce point les américains sont unanimes. C’est aussi ce qu’il conviendra de faire si les chambres présentent des irrégularités de diamètre, sous réserve que le réalésage ne dépasse pas le diamètre du canon en fond de rainures: un très léger dépassement (de l’ordre du 1/100ème est recommandé). Le réalésage se fait avec un alésoir à main au diamètre exact de ce que l’on veut obtenir. Il doit comporter un guidage vendu avec l’outil, sinon la chambre sera détériorée. Le problème que pose l’alésoir, c’est de pouvoir le ressortir de la chambre. Les alésoirs coniques ne conviennent pas dans la mesure où la balle ne tiendrait pas.
Procéder à la vérification de l’alignement canon/chambres.
- La rotation du barillet doit présenter les chambres dans l’alignement du canon. Tout défaut de concentricité des chambres ou d’alignement donne une perte de précision. Certaines anciennes répliques de revolvers sont totalement anarchiques (à l’endoscope elles présentent des croissants lumineux qui se situent dans toutes les directions) et c’est le cône de forcement qui est sencé rectifier les défauts (dans un mesure très relative)! Dans l’exemple qui suit, chaque chambre présente le même défaut: on pourrait alors faire un réalésage qui rectifie ce défaut d’alignement (là il faudrait travailler avec des machines de précision qui demandent l’intervention d’un professionnel).
- Dans l’idéal, cette opération de contrôle nécessite un endoscope (une caméra avec fibre optique) qui donne une image de tout le conduit et de l’alignement. Sinon, ce sont des vérifications qui peuvent se faire avec une lampe, en enlevant la cheminée. Le meilleur contrôle devraient pouvoir se faire avec le Cerrosafe et le souffre, s’il s’agit de revolvers à carcasse ouverte. Le soufre colle un peu: on laissera un petit dépôt gras sur les parois des chambres pour pouvoir extraire la carotte. Il ne sera pas nécessaire de monter très haut au dessus du cône de forcement (dans le canon) et on veillera à protéger le fond des chambres avec une boulette de papier gras et une rondelle de papier ciré (découpée dans carton de lait) qu’on pourra extraire ensuite facilement, en démontant la cheminée. La bourre au fond des chambres évite au Cerrosafe de descendre au fond de celles-ci et de se mouler dans l’entrée du conduit de cheminée. On pourrait alors avoir un moulage de la continuité canon-chambres avec une empreinte du cône de forcement. Si l’alignement n’est pas parfait, le cône de forcement doit rattraper ce défaut, mais dans une mesure raisonnable (angle de 5%); on pourra également repérer certaines chambres qui seraient défectueuses et procéder à des essais pour s’assurer que ces défauts ne sont pas à l’origine de certaines balles qui sortent du groupement sur la cible.
D’autres diagnostics de l’arme sont à faire en lien avec la précision :
- La vérification du canon est indispensable, visuellement, certes, mais nécessaire : on doit s’assurer que le canon ne présente pas d’emplombage. Toute tache suspecte doit être grattée avec une brosse de nettoyage (en laiton) si nécessaire, pour s’assurer qu’il ne s’agit que de résidus de poudre. Il existe des produits de nettoyage du canon en cas d’emplombage. Le pas de rainure, la qualité des rainures, leur profondeur, sont des points difficiles à contrôler. Le cône de forcement doit être net, lisse et sans usure. Si ce n’est pas le cas, laisser tomber. On peut tenter de faire une évaluation de l’état du canon et voir si aucun gonflement n’est perceptible à l’intérieur et à l’extérieur en utilisant une lampe, placée de telle sorte qu’elle donne une lumière rasante.
- La qualité de fabrication du canon est également un facteur qui va intervenir dans la précision. Les canons ne sont pas tous fabriqués avec les mêmes procédés et les mêmes aciers. Leurs caractéristiques (souplesse, vibrations, etc) et leurs performances diffèrent: sur ce point, le potentiel de l’arme est un fait sur lequel on ne peut pas intervenir.
- -mesure de l’entrefer avec un jeu de cales; la valeur moyenne constatée la plupart du temps est de l’ordre de 15 à 25 centièmes. À partir de 30 centièmes, il est recommandé de ne pas acheter.
- -vérification du jeu du canon sur l’axe d’un Colt à carcasse ouverte; si le canon n’est pas stable, ne pas acheter, mais si on veut tirer avec il faudra veiller à le stabiliser. si l’assemblage canon/carcasse bouge, la précision est immédiatement affectée.
- -vérification des cheminées; si les conduits dépassent nettement 0,7mm de diamètre, il faut les changer.
- -vérification des instruments de visée (voir l’article 13) et notamment du chien qui doit être stable. S’il présente du jeu, la précision est mise en cause;
Du contrôle, on passera en suite à la préparation : le REGLAGE DU POIDS DE DETENTE.
On effectuera d’abord un contrôle de la souplesse de la détente, mais pour mesurer le poids de détente il connaitre le procédé (voir article 16), mais ce contrôle visuel n’est pas suffisant: il faut démonter le revolver pour vérifier si les crans d’armé et de demi armé sont en bon état. Sur une arme d’occasion, on peut avoir des surprises : les crans peuvent avoir été réduits volontairement mais avec excès ou maltraités et si les crans sont « bouffés », il ne faut pas acheter l’arme. Ensuite on procèdera au réglage (voir article 16) avec des outils adaptés.
Un article comme celui de Philblack concernant la vérification d’un revolver est riche d’informations:
Certains revolvers donnent lieu à des tirs « étonnants »: il faut distinguer les tirs qui sont constamment anormaux (un arrosage permanent par exemple), des tirs qui donnent lieu à des résultats anormaux, mais qui vont être différents si on modifie le chargement. Par exemple : des tirs qui ont tendance à former « une sorte de gerbe », mais la gerbe n’est pas toujours orientée à l’identique. On peut se demander si au cours du tir, il y a un problème d’encrassement progressif ou si le canon s’échauffe. Un tir défectueux qui s’aggrave au cours du tir, indique un phénomène mécanique qui s’affirme au cours du tir; il y a une explication à trouver. Il m’est arrivé d’avoir un Dragoon qui tirait selon une ligne horizontale!
Sur cette cible des tirs d’essais ont été effectués avec 3 révolvers et ont donné des résultats très différents: le tir N°3 est normal, c’est un bon tir. Le tir N°1 est un mauvais groupement sans aspect particulier. Par contre le tir N° 3 est tout à fait particulier : les balles suivent une ligne descendante, ce qui demande une explication. Laquelle?
En demandant à un autre tireur de procéder à un essai de tir, on peut s’assurer que c’est bien le revolver qui « fait des siennes »! Reste ensuite à trouver une explication. Si c’est une question d’échauffement, il faut voir si le revolver étant refroidi, le phénomène persiste. Il faut alors bien sûr vérifier l’encrassement, mais l’échauffement peut avoir d’autres explications liée à un défaut du canon ou du cone de forcement, etc.
Le pas de rainures doit être adapté à la balle: ici nous allons nous limiter aux balles rondes qui sont les plus précises. Elles sont prévues pour des pas lents, étant donné que leur forme sphérique suscite peu de frottements dans le canon et qu’elles prennent mal les rainures. Les ogives demandent un pas de canon rapide. Les rainures stabilisent les balles par effet de gyroscopie (rotation) et réduisent la dispersion des projectiles. les balles rondes sont cependant plus précises dans les revolvers à PN qui ne donnent pas lieu à des vitesses comparables à celles des balles poussées par la PSF.
Sans modifier le revolver, s’il présente un fonctionnement normal, le chargement est le domaine qui peut apporter une amélioration des résultats lors du tir, mais le graissage est tout aussi important et pour finir, le calibrage des balles sera le 3ème temps de cette 1ère recherche de précision.
B/ La charge de PN et son incidence sur la précision
ATV Sportif, proposait un article correct concernant le chargement traditionnel, mais sans prétention concernant la précision: depuis cet article a disparu.
« Pour un Remington la charge idéale pour commencer est 0.9g (l’équivalent d’une douille de 9mm parabellum remplie à ras bord), par la suite vous verrez si cela convient pour votre arme ou non ». Il conseillait la P.N.F.2 « bourdaine » ou la poudre suisse n°2, Il proposait l’usage de la bourre et de la semoule, sans plus d’information, mais déconseillait la semoule de blé dure qui agirait comme du sable et userait prématurément le canon. Pour la graisse « maison », AVT donnait la recette suivante: un mélange fait au bain marie, composé de 50% de suif à tonneaux, de 50% de cire d’abeille pure et de 6 ou 7 cuillères à soupe d’huile de paraffine. Curieusement pour un revolver en calibre . 44, il proposait des balles sous calibrées (cal. 450) au lieu du 454 qui est généralement utilisé, notamment pour un Remington 1858.
Nous avions abordé les charges de poudre noire en indiquant celles qui sont courantes en calibre 44 et en posant quelques principes. L’un de ces principes étant que plus la charge augmente, plus elle augmente la puissance du tir (mais pas de façon proportionnelle) et plus la balle perd en précision. Les tirs de précision vont de 0,7g à 1g en moyenne, mais peuvent descendre jusqu’à 0,6g et monter au delà d’1g. Il semble cependant que chaque arme puisse avoir des paliers où la précision est bonne, bien que la dose de poudre soit supérieure à celle recommandée. Nous avions également posé comme principe que le tireur devait expérimenter diverses charges de PN pour tester celle qui donne à son arme les meilleurs résultats en termes de précision. Ceci suppose des essais et un relevé précis des charges et des impacts.
Pour obtenir de la précision lors du tir, il faut que le chargement réponde à deux obligations : la rigueur des mesures et la régularité des charges. D’une façon générale, la notion de « régularité » est importante en PN: régularité des balles et des charges, c’est la base d’un tir qui recherche la précision. Ceci conduit à l’achat d’équipements tels que : moules, presses de chargement, balances, doseuses à poudre, pied à coulisse, palmer etc. Nous y reviendrons. Mais c’est aussi l’exigence d’une poudre de qualité: les notions de granulation et de vivacité interviennent. La plupart des tireurs au revolver utilisent de la PNF2, fournie au compte-goutte par l’Etat. Ensuite il faut faire des essais et trouver pour chaque arme les charges qui lui sont adaptées et qui donnent les meilleurs groupements. Alors, pour cela, il faut mesurer, faire des essais, prendre des notes et faire des relevés (cela demande un esprit méticuleux). L’outil indispensable pour la précision est la balance numérique et le stylo.
Avant toute chose, il est important d’utiliser la bonne poudre. C’est une affaire de granulation, donc de taille des particules de poudre. Chaque niveau de granulation a ses caractéristiques de combustion. Les poudres les plus fines sont plus vives et donnent le plus de chaleur et de pression. Le choix de la poudre est donc prioritaire, cependant différents aspects de sa combustion entrent en ligne de compte et a contrario les résidus de la combustion interviennent comme facteurs d’imprécision en raison de l’encrassement de l’arme.
Quand le choix de la charge est fixé après des essais qui visent à obtenir le meilleur groupement (dans les fourchettes qui sont connues), cette charge adaptée à l’arme, à la distance, devra être versée dans chaque chambre avec une parfaite régularité. Par conséquent, comme je l’ai montré dans mes articles précédents, il faut mesurer les doses, avoir des outils de chargement qui garantissent leurs quantités et une compression régulière au moment du sertissage. REGULARITE des balles, REGULARITE des chambres, REGULARITE des charges (poudre et semoule), REGULARITE des compressions. Ceci veut dire que le dosage de poudre doit se faire avec la balance de précision, plutôt qu’une simple doseuse.
Pour éviter le mélange de la poudre et de la semoule lors du chargement, je préconise de les séparer par un opercule fin et rigide (rondelle coupée à l’emporte-pièce dans un carton de lait) que je place sur la poudre.Je l’aide à descendre avec une douille de telle sorte qu’il tombe à plat, et au cas où il se place de travers, je le sors avec une pince à épiler);. En descendant dans la chambre, il nettoie les particules de poudres qui seraient restées collées sur les parois de celle-ci et une fois qu’il est au fond, je le presse délicatement pour que la poudre se tasse légèrement et se place bien à plat. L’opercule va garantir la séparation de la poudre et de la semoule. Cet opercule est également très utile en cas d’erreur de chargement ou si la charge de poudre ne part pas. On pourra alors vider la chambre en démontant la cheminée et récupérer une partie de la poudre grâce à l’opercule. Il permettra aussi de sortir la balle plus facilement avec une tige d’acier légèrement courbe, car il facilite la poussée de la balle pour l’extraire.
C/ Le sertissage de la balle, quelle incidence sur la précision?
La presse assure le meilleur sertissage sans déformer la balle, sans brutalité avec une pression choisie (on peut « comprimer fortement ou modérément) . C’est un travail qui se fait avec la sensibilité de la main sur le levier de presse. Sertir chaque balle séparément est impératif pour sentir la pression et compresser la poudre et la semoule. C’est au moment du sertissage que l’on constate des erreurs de chargement (une balle qui s’enfonce trop, il faut en chercher la cause). Aussi précautionneux soit-on, les erreurs de chargement surviennent et le sertissage chambre après chambre assure le contrôle d’un chargement correct.
Au stand de tir, si on utilise un sabot de chargement que je recommande, il faut forcer la balle en frappant le refouloir de la paume de la main (un outil fabriqué « maison » avec une clé à douille modifiée): ça reste raisonnable. Le sertissage à coups de maillet, c’est plutôt « rustique »! La balle doit « affleurer » à « moins 1,5 mm » sous le niveau du barillet. Certains tireurs ne tiennent pas compte de cette recommandation, qu’ils jugent inutile. Ne pas oublier qu’une balle qui vient trop près de la bouche de la chambre, peut bloquer la rotation du barillet. Ce qui va créer un incident de tir compliqué s’il s’agit d’un revolver à carcasse fermée.
Certains tireurs préfèrent aléser l’entrée des chambres (faire une entrée légèrement biseautée), pour que le plomb serti soit resserré (dans ce cas le poids de la balle ne varie pas) et non découpé. Pour ma part, je préfère ne pas aléser parce que la découpe d’un anneau très fin est un moyen de contrôler visuellement que la balle est au bon diamètre, c’est à dire légèrement supérieur à celui de la chambre. Les anneaux doivent être fins et de même taille, signe que les balles ont le même diamètre. Si les balles sont pesées avec une rigueur de « joaillier », ce qui prend beaucoup de temps, leur régularité est assurée et dans ce cas, il est possible et même recommandé d’aléser l’entrée de chambre pour ne pas modifier le poids des balles (la découpe de l’anneau enlève une petite quantité de plomb). Je précise que le sertissage, doit se faire avec une balle légèrement supérieure à la chambre de telle sorte que la balle soit légèrement plate à sa circonférence, ce qui forme une bande de contact avec la chambre. La surface de cette bande va permettre aux balles rondes de faire résistance lors de la montée en pression des gaz. Au contraire, une balle qui est au même diamètre que la chambre, n’oppose pas cette résistance faute de frottement . Le sous calibrage des balles conduit à des pertes de pression.
Compression et pression
Le moment est venu de nous intéresser à l’article d’AVT (dont j’ai donné les références en début d’article) concernant le chargement du revolver à percussion. L’article traite notamment de la combustion de la poudre noire et de sa compression. Cet article souligne l’importance du choix des cheminées pour avoir un allumage franc (point très important) et pour réduire l’encrassement du chien (ce qui n’est pas essentiel), mais ce qui est important, c’est la perte de pression due au diamètre du conduit de la cheminée. Mais est-ce la seule perte qui affecte la puissance du tir?
Lors du tir avec un revolvers à percussion, la perte de pression se fait de deux façons.
- une forte perte de gaz a lieu par l’interstice entre la canon et le barillet, (l’entrefer) surtout lorsqu’il est important.
- à l’arrière du barillet, par les cheminées.
La perte de pression par l’entrefer est telle qu’il ne faut pas laisser la main sur le côté de l’arme, car le souffle brûlant et les particules incandescentes peuvent occasionner une brûle sérieuse. Les pertes par les cheminées sont réduites si celles-ci sont en bon état, avec un diamètre de conduit autour de 0,7mm (l’explosion de la poudre ne doit pas relever le chien, par exemple).
Puisqu’on aborde les « pertes de pression », il me semble particulièrement curieux que les commentaires sur les cheminées abondent (sur leur état, leur mauvais état, sur les départs de feu et sur les dimensions idéales des conduits de cheminées au béryllium), tandis qu’on ne parle quasiment pas des effets négatifs de l’entrefer sur la pression et sur la précision. Or c’est très important! C’est pourquoi le sertissage nous ramène à une question importante : qu’en est-il des variations et pertes de pression d’un revolver à PN (en bon état, mal fabriqué ou fatigué) au cours de la trajectoire de la balle entre la sortie de chambre à la sortie du canon? Qu’advient-il de cette pression dans le cône de forcement (l’entrée du canon), surtout dans le cas où l’entrefer est excessif? Ces pertes ont-elles une incidence importante sur la précision? (Question à 100 balles).
Il conviendrait de commencer par revoir comment se fait la combustion de la poudre noire. La poudre noire est un explosif « brisant instable », tandis que la PSF est un propulseur, c’est à dire un combustible. Je cite des extraits d’un article à lire de : J.J.Droorzapft)
« La combustion de la poudre n’est jamais complète. De plus, il existe des ondes de pressions, prenant naissance dans les régions où la poudre s’enflamme, qui se propagent jusqu’au (…) culot du projectile où elles se réfléchissent et peuvent interférer en certains points. Le champ de pression dans la chambre n’est pas homogène et ce phénomène très complexe peut influer sur les contraintes mécaniques subies par les parois de la chambre et la vitesse de combustion des grains de poudre. Après l’allumage, la pression en chambre croît et les gaz chauds viennent pousser sur le projectile. Ce dernier ne bougera pas tant que la force générée par la pression des gaz sur son culot sera inférieure à celle due aux frottements statiques de son sertissage (…) qui sont un facteur important de la montée en pression initiale en chambre. »
Ce passage confirme l’importance du sertissage de la balle qui permet d’avoir une bonne montée en pression, car plus le frottement de la balle retient la pression des gaz, plus la montée en pression s’élève et plus la balle va gagner en vitesse initiale lorsque le frottement ne suffira plus à la retenir… L’étanchéité de la bourre ou du cookie contribue également à faire monter la pression (un cookie est plus étanche que la bourre et que la semoule). Mais encore une fois, le passage de la chambre au canon n’est pas pris en compte!
Un autre point est également important : le sous calibrage des chambres par rapport au canon (the bore) sur la plupart des répliques de revolvers, ce qui entraine « des vents (fuites) » autour de la balle, quand elle traverse le canon (alors que la poudre n’est pas complètement brûlée). La balle ronde gonfle et prend les rainures, même si elle est légèrement sous calibrée, mais si le sous calibrage est excessif, la balle va flotter dans le canon. Le sous calibrage est contraire au processus de gonflement de la balle, puisqu’une partie des gaz passe autour de celle-ci et cela d’autant plus facilement que c’est une balle qui, du fait de sa forme, ne dispose que d’une faible surface de contact avec le canon, donc peu de résistance à la pression des gaz.
« La nature explosive et instable de la PN favorise sa mise à feu et sa combustion est très vive. Il est cependant impossible de faire varier cette vitesse de combustion (contrairement à la PSF qui a une combustion progressive mais qu’on peut contrôler), ce qui est utile en terme de sécurité et pour la régularité des résultats. C’est la quantité de PN qui permet de modifier la masse en mouvement : en augmentant la charge, on peut pousser plus de masse, sur une plus grande distance, mais pas beaucoup plus vite (450m/s pour les vitesses les plus hautes en armes longues). Quelle que soit la quantité, on ne peut pas dépasser les 900 à 1000 bars pour les valeurs les plus hautes, ce qui est très sécuritaire pour les armes à PN.
« Contrairement à leur appellation, les poudres se présentent sous forme de grains de formes variées. La combustion, donc le dégagement des gaz, s’effectue à la surface des grains. On comprend aisément que plus la surface du grain est importante plus la quantité de gaz se dégageant en un temps donné sera élevée. La forme des grains de la poudre, outre sa composition chimique, influe grandement sur sa vivacité (c’est à dire sa vitesse de combustion). »
Article disparu (Influence de la forme des grains et caractéristiques mécaniques des grains de poudre, etc).
Deux questions orientent ma recherche : Quels sont les effets de la compression de la poudre lors du sertissage/ Quelle est la perte de pression due à un entrefer excessif ?
Sur le net, je trouve quelques commentaires concernant la compression de la poudre au moment du sertissage (il concerne les revolvers à cartouches chargées à la PN) ? C’est un domaine que je ne connais pas. En allant sur des forums, on trouve des informations partielles, incertaines, voire contradictoires, mais surtout dispersées. Parfois on a la chance de trouver un commentaire complet et qui témoigne d’une compétence indéniable. Néanmoins, il y a une chose qui semble faire l’unanimité: la poudre suisse donne souvent les meilleurs résultats!
Pression des gaz et compression de la poudre sont deux choses différentes. Il s’agit de chargement à la PN de balles métalliques:
« En cartouches d’armes d’épaule, la compression est un des nombreux critères de la précision (commencer par 2mm puis monter en paliers).
« (…) le repère reste « la valeur d’enfoncement de la poudre » . De toute façon, il n’y a pas de règle! On peut tergiverser sur 100 pages, il n’y a aucune autre règle que l’expérimentation!! Avec une certaine poudre, les meilleurs résultats seront (obtenus) avec peu de compression, avec une autre, il faudra comprimer! (…) ils (?) ont fait l’essai avec différentes poudres et chaque poudre donne une valeur différente en fonction de la compression. Et cela n’est valable que pour une arme et une ogive! Donc, le mieux c’est de s’équiper du drop tube, du « compression plug », la rondelle qui va bien et ensuite il faut faire des essais et encore des essais, et toujours des essais!! Certains champions US ont jusqu’à 100 moules différents pour une seule arme, et ils passent leur temps à faire des essais de chargements.
« La poudre peut se comprimer et ça n’a rien de mauvais! Ce qui compte ce sont les résultats en cible! En 45LC, je fais une compression de 2,5mm, en 38-55, je comprime plus environ 4mm. (article de Black Powder Cartridge, concernant la compression).
En général, les poudreux (chargement de la poudre dans les chambres) semblent considérer qu’une compression excessive de la poudre est à éviter: « Par expérience et en accord avec ce qui se dit sur les forum US, la PN ne doit pas être compactée comme un boulet de coke (le dérivé du charbon … ). La contradiction suit. Je vous invite à parcourir ce forum où se déroule un débat:
Pour revernir à la perte de pression des gaz, je lis ceci: « un excédent d’entrefer cause (…) une perte de pression des gaz de combustion de la poudre et donc une perte de puissance et de précision, etc, etc « . Si vous voulez faire de la précision, évitez les revolvers d’occasion qui ont trop d’entrefer.
Si on veut conclure sur le sujet de la pression des gaz et de son incidence, voici une liste de points qui contribuent à donner « de la pression » sous la balle , ce qui ne veut pas dire « de la précision » (là encore il faut faire la différence car puissance et précision sont deux choses différentes). Par contre les pertes de puissance peuvent contribuer à l’imprécision. Je vais emprunter la réponse à l’auteur d’un texte que je trouve sérieux (intitulé : « Vérifier avant d’acheter un revolver d’occasion ») avec lequel je suis en accord total .
La valeur de l’entrefer, « c’est l’écart entre la face antérieure du barillet et l’extrémité du cône de forcement. Sauf chez Colt, la valeur de cet écart peut varier entre 10 et 25 centièmes de millimètre. On a déjà trouvé moins de 10 centièmes sur un S&W, mais c’est rare et peu recommandé : dans ce cas, un encrassement de la face antérieure du barillet peut bloquer sa rotation du fait de la friction trop importante sur le cône de forcement (1). La valeur moyenne constatée la plupart du temps est de l’ordre de 15 à 18 centièmes. À partir de 20 centièmes, je recommande de ne pas acheter. Bien entendu, il sera bon, en plus de la lampe de poche, de se munir d’un jeu de cales ! La vérification de l’entrefer doit être faite sur les six chambres ».
Liste des points qui interviennent dans la pression:
- – la charge de poudre
- – la vivacité de la poudre pour avoir le plus de gaz possibles générés tôt dans l’arme, et donc avoir en peu de temps le plus de pression disponible): ceci strictement pour les armes à canons courts, mais qui finalement ne sont pas trop concernés par la précision,
- – le calibre de la balle le plus élevé possible (pour rendre son dessertissage plus difficile, donc avoir l’explosion à l’état le plus avancé possible avant que la balle ne commence à sortir du barillet, passer le cône de forcement et atteindre les fonds des rayures du canon (en réduisant les vents (fuites )). Par contre l’augmentation du calibre entraîne un emplombage, etc
- – avoir une balle non graissée avant sertissage (pour rendre le dessertissage plus difficile).
- – mettre de la graisse devant la balle (pour réduire les frottements dans le canon car ceux-ci ne font que freiner la balle pour rien (énergie perdue pour juste chauffer le canon)).
- – avoir le moins d’entrefer possible (éviter les fuites qui font perdre de la pression).
- – avoir une longueur de canon adaptée (pour que la pression combustion puisse durer le plus longtemps possible et que la pression puisse monter à son maximum et donc continuer d’accélérer la balle le plus longtemps possible).
Il me semble que la pression découle de ces points et joue un rôle utile pour la précision, avec une réserve concernant la charge qui doit être de l’ordre du gramme et du calibre de la balle (qui doit rester en rapport avec celui du canon, avec un petit excédent) ?
Vous aurez compris que ces questions nous amènent à la balistique et à bien des sujets qui demandent des connaissances pointues auxquelles certains diront qu’il faut faire des essais et encore des essais (ou comme dit la chanson: « des petits trous, des petits trous, encore des petits trous,.. »
D/ Le poids et la sphéricité des balles coulées, puis serties
Le diamètre de la balle est un critère déterminant, puisque cette balle va être plus ou moins sertie, plus ou moins déformée, plus ou moins comprimée en fonction du diamètre interne du canon et du diamètre des chambres. Faut-il alors avoir des balles surcalibrées, qu’on force et qui vont augmenter les frottement et la pression dans le canon? Plus la balle est sertie en force dans les chambres, plus elle devient ovoïde.
Les fabricants semblent opter pour des balles sous calibrées, qui, vont gonfler dans le canon, ce qui explique que les dimensions des chambres peuvent être inférieures au diamètre interne du canon (en fond de rayures).
Concernant le poids des balles, c’est un aspect essentiel de la précision. Les tireurs considèrent que le poids des balles et sa régularité sont indispensables pour obtenir un bon groupement. (ce qui impose de faire des lots de balles d’un poids assez homogène). Nécessité de disposer d’une balance électronique fiable…
Reste un point qui est également sensible : les balles coulées « à la maison » ont souvent des déformations: il y a un article à ce sujet qui est assez détaillé et bien argumenté. Je vous y renvoie :
Je pense que les balles de fabrication personnelles, avec des moules de plus ou moins bonne qualité, doivent être « roulées ». L’article cité explique que les rouleuses permettent de rectifier la sphéricité des balles: ça ne me convainc pas entièrement. Pour ma part, pour éliminer les déformations les plus importantes, je le fais avec deux plaques de granit polies d’1cm d’épaisseur (on trouvera facilement deux pièces plates en acier) . Ensuite je pèse les balles et je les classe par lots: il est alors possible de comparer les tirs selon les lots et de déterminer quel est le lot qui donne les meilleurs résultats.
Mais il faut savoir que lors du sertissage dans les chambres, les balles subissent une pression importante qui les déforme, les écrase. Cette déformation dépend de la forme du « poussoir » et de la force exercée, donc du diamètre de la balle. Il est impossible de sertir une balle avec un poussoir qui épouse parfaitement la forme sphérique de la balle, dans l’idéal, car , ce poussoir serait alors coupant sur son rebord et creuserait un sillon circulaire dans la balle: on est donc obligé d’arrondir le bord du poussoir. Mais, s’il ne creuse pas un sillon, il laisse quand même une empreinte circulaire qui constitue une déformation. Les poussoirs qui, avec les leviers de chargement, équipent tous les revolvers à PN, sont en principe étudiés pour ne pas déformer les balles. C’est à voir. Cependant, compte tenu des résultats très précis à 25m, obtenus par certains tireurs, ça marche bien. Je pense que la déformation de la balle devient problématique quand le sertissage demande une pression excessive du fait d’une balle surcalibrée.
On a donc un problème délicat à résoudre : une balle trop peu sertie flottera et risquera de sortir de la chambre au cours du tir (risque d’allumage en chaine) et une balle trop sertie, est déformée et ne peut pas donner des tirs précis. Il faut arbitrer entre ces deux astreintes.
E/ Le graissage et son incidence sur la précision
Pour le graissage, nous allons lire quelques méthodes qui prétendent améliorer la précision et si possible passer aux expérimentations, ce qui est l’esprit de ma démarche: on essaie et on évalue les résultats.
1/ Le graissage sur la balle, un classique controversé
Traditionnellement, on procède au chargement en plaçant la poudre au fond de la chambre, puis la semoule, puis la balle et enfin la graisse sur la balle, à l’entrée de la chambre. Cette méthode simple et traditionnelle est celle pratiquée par des compétiteurs de très bon niveau. C’est celle donnée par un article du site AVT:
Un article de John FROST paru sur le net (mais introuvable depuis) donnait des informations sur les conditions de préparation en vue d’un tir de précision. J’ai présenté le « Guide pratique du tir au revolver à Percussion » (collectif sous la direction de John C. FROST) au début de mon article 14: une revue l’on pourra acheter à cette adresse notamment (ou à l’armurerie le Hussard) :
Selon FROST , affirme, comme le font d’autres américains, que préserver son arme de l’encrassement est un des secrets de la précision, sinon « le secret ». Un tireur très primé de mon club affirme quand à lui que la précision réside dans la pesée rigoureuse des balles, ce qui montre que les avis divergent et j’ai une tendance à me méfier des « grands secrets ».
La balle ronde n’a pas de gorge de graissage et comme on l’a vu, elle tient moins bien dans la chambre que les balles ogivales. FROST conseille une méthode de graissage avec l’utilisation d’un outil simple, censé améliorer la précision. La balle une fois sertie doit arriver grosso modo à 2mm sous le niveau de l’entrée de chambre. Le graissage externe doit se faire dans le sillon (autour de la balle) avec un embout cylindrique (ça peut être balle modifiée) dont l’extrémité, de forme creuse, épouse la courbe de la balle et permet de repousser la graisse dans le sillon. Cette méthode ne m’a pas semblée aisée car la graisse souple colle à l’outil; il faut alors la rendre plus ferme, mais sans lui donner d’épaisseur. La recette de John FROST est la suivante : 50% de margarine et 50% de saindoux. Il faut essayer cette graisse pour juger de l’efficacité de cette astuce .
Le graissage traditionnel sur la balle se fait généralement avec le doigt! Quelle quantité de graisse doit-on mettre? L’abondance est-elle recommandée?? La graisse doit être limitée et suffisamment souple pour ne pas former une pâte qui resterait collée sur la balle après le départ de celle-ci. Quelle consistance doit avoir la graisse? Voici une définition qui me satisfait assez: à 20°C, le mélange est ferme mais sans plus. Il fond rapidement entre les doigts. Je dirais que la graisse doit pouvoir être étalée au doigt en ayant quand même un peu de consistance: si elle est trop ferme, on peut l’assouplir (avec de l’huile d’olive par exemple).
Les graisses animales et végétales sont recommandées. Le site AVT considère que l’usage de graisses dérivées du pétrole, est possible: « une graisse non inflammable de type industriel convient très bien aussi ». Les américains déconseillent les graisses industrielles qui ne ramollissant pas les résidus. John FROST écrit que les graisses animales ont comme propriété de ramollir les résidus de poudre, tandis que les graisses minérales forment des calamines dures qui sont catastrophiques. Bien des tireurs abondent dans ce sens. Des résidus durs altèrent la qualité du tir. Il existe des graisses qui sont vendues dans les armureries pour la PN. L’Alox (bullet lube) est un produit très connu et apprécié aux USA.
En parcourant internet, on trouvera en abondance sur les forums des échanges de recettes qui mélangent cire d’abeille, végétaline, saindoux, huile d’olive…
Le graissage externe est plus qu’un lubrifiant, c’est un traitement des résidus. La graisse doit être végétale ou animale, ce qui va éviter que les résidus forment une sorte de croute dans le canon: elle va les « ramollir » en formant un goudron fluide et gras: c’est ce que l’on va contrôler (en passant un papier dans le canon après plusieurs tirs). Selon l’avis de tireurs expérimentés, pour obtenir de la précision, il faut que la graisse soit de « la consistance idéale », en fonction de la température, et c’est au tir qu’on vérifie si la graisse est adaptée (on essaie plusieurs recettes). « Idéale? » Mais encore ?
Ceci dit, un graissage externe « fonctionne », sinon comment expliquer que des tireurs l’utilisent en compétition? Pour affirmer qu’il permet un tir de précision, il faut avoir des résultats en cible qui ne laissent planer aucun doute l’intérêt de ce fonctionnement. On peut aussi faire des tests comparatifs avec d’autres modes de graissages.
L’avantage du graissage externe (sur la balle) : ce graissage en surface et à la périphérie de la balle évite de graisser la totalité du projectile, ce qui permet à la balle de « tenir » fermement dans la chambre. C’est un argument important , car en effet le tir à la PN utilise des balles rondes qui tiennent beaucoup moins bien en place que les balles longues, cylindriques ou ogivales (qui seront graissées dans les gorges). Il faut donc que le sertissage à sec assure la tenue de la balle ronde lors des chocs subis, c’est à dire quand les chambres explosent. Le fait de tremper la balle ronde dans la graisse (ce qui se pratique pour un fusil à chargement par la bouche), lui enlève sa stabilité. Or faute de stabilité des balles, l’arme devient dangereuse. Cet inconvénient n’existe pas pour un pistolet et il faut tenir compte de cette différence de chargement. Il faut ajouter que la balle graissée qui ne tient pas est suivie de semoule qui ne tient pas non plus si la balle tombe (ce qui m’est arrivé en tant que poudreux débutant). Depuis j’attache une importance à la qualité du sertissage.
Un rôle de protection qui ne fait pas l’unanimité: la graisse sur la balle est « supposée » former un écran qui évite la contamination des 5 autres chambres par le feu. La FFT exige ce graissage bien que certains tireurs mettent en cause l’argument, car dès les 1ers tirs, la graisse est soufflée alentour. C’est vrai – et plus la graisse est fluide, plus elle est vaporisée. De toute façon, elle fond en partie du fait des gaz chauds.
Controverse: les partisans de la graisse sous la balle
Le chargement pose un certain nombre d’exigences dont les solutions sont souvent en contradiction.
Certains tireurs réfutent totalement l’intérêt de graisser la balle, d’une part parce que la graisse est projetée un peu partout (ce qui a quand même l’intérêt d’empêcher les résidus de bloquer le barillet et l’axe), mais selon eux, une quantité négligeable (résiduelle) va dans le canon et ne joue pas un rôle de lubrifiant sufisant pour la balle. Certains nient le risque d’emplombage du canon et pour finir, ils affirment que la graisse ne protège en aucun cas des « départs en chaîne ». Ces positions nihilistes sont marginales. Il y a aussi une catégorie de tireurs qui ne nettoient jamais leurs cheminées et quand il faut les remplacer, il faut alors faire appel à des spécialistes pour les extraire, au risque d’endommager le barillet! (ou alors ils revendent et le revolver devenu inutilisable). Il y a enfin ceux qui graissent de façon minimale, presque homéopathique et qui vantent des « trucs » censés garantir la précision.
Je lis ceci dans un forum : « …comment expliques tu que les rayures du canon soient complètement obstruées par des résidus de poudre, à tel point qu’un coup de patch ramène des paillettes de résidus après le tir d’un barillet : la longueur des paillettes variant entre 5mm et 10 mm »?
Plusieurs auteurs américains affirment que le graissage externe (sur la balle) nettoie mal le canon, parce que les graisses ne tiennent pas après les 1ers tirs: elles sont soufflées. L’insuffisance de graisse résiduelle dans le canon produit l’encrassement (fouling) et impose de nettoyer le canon s’il paraît trop sale. Une « bonne lubrification » laisse un canon libre, une mauvaise le laisse chargé de dépôts secs qui remplissent les rainures ou de filaments (comme dans un conduit de fourneau). Ces dépôts nuisent à la précision et il est évident qu’au cours du tir, l’encrassement va modifier les impacts. Il y a aussi les résidus qui se dispersent et s’incrustent dans les interstices: ils bloquent la rotation du barillet et empêchent de démonter le canon pour le nettoyer. Surveiller l’encrassement est donc prioritaire. Si le canon est trop sale, il faut alors se faire conseiller pour la composition de la graisse.
* Le graissage avec une bourre grasse, selon “Doc” Shapiro :
- http://cobravif.technique.voila.net/ArmurerieBricolages/BlackPowderLoadingFrancais.pdf
Pour la précision, Doc rappelle que la lubrification aide à (1) empêcher l’emplombage et (2) permet de ramollir les résidus non brûlés. Pour savoir si la lubrification est suffisante, il conseille de vérifier la bouche du canon : s’il y a des résidus de graisse, on peut penser que la balle lubrifie suffisamment, mais et si les résidus sont durs et secs, il faut améliorer le graissage. Comme d’autres, il affirme que les meilleures graisses à balles sont les cires naturelles qui ne dérivent pas du pétrole et qu’on peut préparer chez soi. (…) Deux points de ses recommandations retiennent mon attention :
- Il préconise d’utiliser une bourre grasse entre la poudre et le projectile (notamment). Les bourres sont fabriquées en carton, en feutre, voire en papier, etc. Mais pour éviter une contamination de la poudre par la graisse (quand celle-ci fond), il propose de rajouter un carton ciré entre la poudre et la bourre grasse.
- Il met en garde contre le risque de voir la graisse coller à la base de la balle, ce qui nuit à sa trajectoire. Il recommande donc de mettre une bourre cirée entre la bourre grasse et la balle.
En effet, sous la pression de la poudre en combustion, la cire ou la graisse dure adhèrent à la balle en formant un paquet qu’on retrouve sur la cible (c’est un inconvénient que j’ai constaté)! La trajectoire est alors perturbée. Il faut contrôler que les impacts dans la cible sont propres et bien découpés, sans déchirure et sans dépôt gras sur le pourtour.
Critique de cette méthode:
- la bourre est plus chère et plus difficile à fabriquer que la semoule (qui se vend au supermarché): si pour la précision elle s’avère justifiée, il va falloir mesurer son épaisseur exacte, la fabriquer et la graisser…
- Lorsqu’on l’introduit la bourre grasse, pour la placer avant (sous) la balle, d’une part on va « lubrifier » toute la chambre, d’autre part lors du sertissage, la graisse va remonter sous la pression et enduire le pourtour de la balle. Tout cela n’est pas compatible avec un bon sertissage de la balle destiné à résister aux chocs lors des tir. Si les balles sortent de la chambre, ce qui peut arriver, elles vont bloquer la rotation du barillet. la dessertir. C’est pour moi rédhibitoire. Lors des tirs, les balles vont « bouger » et ce mauvais sertissage fait avec une balle devenue grasse, va décomprimer la poudre noire Enfin, lorsque la poudre va brûler, la balle ne jouera plus son rôle de bouchon, ce qui réduira la pression sous la balle. Perte de pression pour certaines balles, donc perte de précision,
- Une chambre de revolver n’est pas toujours adaptée l’usage de la bourre, car le volume de la chambre est limité, tandis que la semoule s’adapte très bien à tous les revolvers.
* La graisse sous la balle, selon John L. FUHRING
Une « bonne gestion de l’encrassement » est essentielle selon lui pour obtenir de la précision. Il rappelle que le graissage externe sur la balle (slug) a pour but (en principe) de transformer un encrassement dur en une substance molle et graisseuse qui ne s’accumule pas dans le canon, mais il affirme que la méthode traditionnelle n’a qu’un effet limité sur l’accumulation des résidus. Il faudrait donc faire un nettoyage du canon (the bore) avec un chiffon, après chaque tir.
Selon lui le terme lubrifiant (concernant la végétaline, le saindoux, le beurre à canon, etc) est utilisé à mauvais escient, car ce sont en fait des « assouplissants » : Ils ne réduisent pas le frottement, mais transforment un encrassement dur en un mélange résidus+ graisse dont la consistance est molle.
Il affirme que l’idée selon laquelle le graissage de l’entrée de chambre empêche les départs en chaîne est une idée fausse. Il suffit en effet, dit-il, de regarder le barillet après le tir de la première chambre pour constater que la graisse a été soufflée à l’entrée de toutes les chambres. Les tirs ultérieurs vont donc donner lieu à des dépôts durs dans le canon. En raison de sa composition chimique, la poudre noire (et les substituts) laisse dans le canon des résidus durs qu’on appelle « encrassement » (fouling). L’encrassement progressif des rayures empêche les balles de faire leur rotation lorsqu’elles voyagent dans le canon, ce qui nuit à la stabilisation de leur vol et affecte la précision du revolver : les impacts se dispersent alors partout dans la cible.
Après avoir mis la poudre dans chacune des chambres, Fuhring insère une bourre (wad) ou un feutre dans chaque chambre (avec un outil approprié). Les fabricants imprègnent ces bourres avec un lubrifiant, dit-il, mais ce n’est pas efficace. L’utilisation de bourre est cependant idéale pour deux raisons selon lui. Tout d’abord, elle balaie les parois de la chambre de tous les grains de poudre collés à celles-ci et laisse un espace sous la graisse qui, empêche la contamination de la poudre par la graisse en expansion. Le remplacement de la bourre (wad) par de la « Crème de blé » ou de la semoule de maïs sec est possible, car elle absorbe bien la graisse excédentaire. Cependant la semoule ne permet pas de « balayer » les parois de la chambre, comme le font les bourres. Donc selon lui, la bourre est préférable.
La graisse (grease) qu’utilise Fuhring est une graisse alimentaire (Crisco) vendue aux USA. Selon lui, il faut enduire le bout de l’index avec une petite quantité de graisse (Cristo, saindoux, suif, etc) et faire entrer celle-ci dans la partie supérieure des chambres, avant de mettre les balles et de sertir. Il recommande de ne pas mettre de graisse en excédent. En aucun cas, souligne-t-il, il ne faut utiliser la même quantité de graisse entre la bourre et la balle que celle utilisée lorsqu’on graisse la balle à l’entrée de la chambre. Si la graisse est excédentaire et qu’elle « noie » la poudre (dans la chambre), le tir sera faible et produira un « flop » caractéristique… et j’ajoute avec un danger sérieux : il faudra impérativement arrêter le tir et vérifier que la balle n’est pas coincée dans le canon, Elle serait alors percutée par la balle suivante et dans ce cas le canon se bomberait ou exploserait. Cette méthode consiste donc à mettre la poudre noire, la bourre, la graisse et la balle.
Critique de cette méthode
1er inconvénient. Selon moi, mettre une graisse (nécessairement souple) sous une balle, dans la chambre d’un revolver, c’est risquer de voir la balle « bouger» lors du tir, pour les raisons que j’ai déjà données et malgré le sertissage. Une balle « glissante » dans un revolver à PN présente deux inconvénients :
- elle n’assure pas une bonne compression, ce qui est nécessaire pour propulser la balle.
- si elle bouge, elle risque de bloquer la rotation du barillet en provoquant un incident de tir (surtout avec un revolver à carcasse fermée type Remington: dans ce cas, il sera « presque » impossible de vider la chambre par le trou de la cheminé (pour donner du jeu à la balle ) et de démonter le barillet sur le stand de tir !
Pour éviter le flottement, ainsi que la perte de compression, il faut un sertissage efficace qui garantisse une stabilité de la balle et une balle sèche. A mon humble avis, tout cela exclut la présence de graisse souple sous la balle, sauf si la balle est une ogive à fond plat. cette graisse sous la balle est-elle bien placée? Peut-être dans la mesure où la pression due aux gaz la pousse latéralement dans les rainures: dans ce cas, elle ne lubrifie pas, elle « ramollit ».
2ème inconvénient : le collage de la graisse et de la balle est prévisible (que la graisse soit ferme ou qu’elle soit souple). Elle va s’agglomérer avec la semoule et former une masse qui fera corps avec la balle pour en faire un projectile composite : il faut alors vérifier sur la cible que les trous sont ronds, nets, bien découpés et sans graisse. si ce n’est pas le cas, il y a collage.
Pour ces raisons, je ne suis pas convaincu par cette méthode de graissage sous la balle. Avec une forte charge de poudre, il n’y a plus beaucoup de place pour la bourre ! Il faut être certain que les balles restent sous le niveau d’entrée de chambre, car si une balle dépasse, elle bloque la rotation du barillet.
*Les « grease cookies » sont-ils utilisables sous la balle?
L’idée m’est venue de remplacer la graisse molle par une petite galette de cire semi rigide (mélange de cire d’abeille, de paraffine et de saindoux). J’ai trouvé plusieurs posts ou blogs qui font référence à cette méthode. Les cookies de cire dure sont utilisés pour le chargement des balles métallique (40/44 par exemple). Généralement les bourres de cire sont assez dures; mais trop dures n’est pas conseillé pour différentes raisons (découpage, mais surtout pour que la cire s’écrase contre les parois sous la pression des gaz).
Je comprime le cookie sur la poudre noire, mais séparé de celle-ci par un opercule. Un grease-cookie doit s’élargir sous la pression de la balle (au moment du sertissage) pour obturer la chambre, ce qui améliore la compression. Il doit être lubrifiant, donc souple quand même. Ma recette de cookies a évolué en partant de cire dures et cassantes pour arriver à une composition plus souple, car si les cookies doivent être fermes, ils doivent rester suffisamment malléables et gras pour être écrasés sous la pression du doigt et être découpés à l’emporte-pièce sans s’effriter ou casser. Il faut donc une certaine malléabilité.
Remplacer la semoule ou la bourre par un cookie de cire est envisageable, si les chambres sont suffisamment profondes. Je cite le blog de Jean-Pierre SEDENT: (extrait de COMMENT FABRIQUER DES « GREASE-COOKIES » )
« Les ‘cartouches’ anciennes à poudre noire comportaient bien souvent une bourre de graisse qui surmontait la charge de poudre, comblant ainsi l’espace entre la poudre et la base du projectile. Cette bourre avait pour principal objectif de ramollir les résidus laissés dans le canon par la combustion de la poudre noire et de faciliter de ce fait la rotation du projectile suivant. Elle permettait d’empêcher une fuite de gaz entre la circonférence de la balle et la paroi du canon avant que la balle ne soit complètement « gonflée » et en mesure d’assurer ainsi efficacement cette fonction. Judicieusement comprimée dans le collet de l’étui (dans le cas de cartouches métalliques), elle permettait également d’obtenir une bonne étanchéité de la cartouche. Les américains appellent cette bourre « grease-cookie » (gâteau de graisse). Sa composition était généralement à base de suif et de cire d’abeille, voire uniquement de cire (Pour le fusil Gras, c’est une bourre de 4mm d’épaisseur en cire pure jaune qui a été officiellement adoptée en 1887).
Mais le cookie doit être séparé également de la balle : ce qui impose de mettre deux opercules qui ont chacun leur rôle!
- Séparé de la poudre: il suffit d’un opercule de carton de lait (découpé à l’emporte pièce), ceci pour éviter que la cire ne se mélange à l’explosif au moment de l’explosion.
- Séparé de la balle : il faut un opercule de carton (ou une rondelle de bourre) pour que le cookie ne colle pas à la balle et qu’il se décroche de celle-ci dès la sortie du canon, comme le calepin en tissu se décroche de la balle qu’il enveloppe, lorsqu’on tire avec un pistolet à chargement par la bouche .
Le cookie a plusieurs avantages :
- il nettoie les parois de la chambre de toute particule de poudre noire (1er avantage). Il ne laisse pas de dépôt visqueux sur celles-ci qui provoquerait le flottement de la balle.
- D’autre part, par sa rigidité relative, il obture la chambre, étant collé aux parois sous l’effet du sertissage (ce que la semoule ne fait pas) : il augmente ainsi la compression.
- Il est censé lubrifier le canon et donc ramollir les résidus. A mon avis, le « grease cookie » balaie, nettoie (emporte les résidus), mais il dessèche s’il est trop dur (manque graisse fluide dans sa composition) et dans ce cas il ne se mélange pas avec les résidus pour les ramollir. Le cookie a surtout comme but de nettoyer efficacement le canon et cela, je le confirme après des essais multiples, mais sa composition doit être adaptée pour jouer le rôle d’assouplissant.
La recette de J.P. SEDENT : « Pour la fabrication des grease-cookie, (…) vous pouvez utiliser un mélange de 25% de suif et 75% de cire d’abeille, c’est la graisse la moins onéreuse pour cet usage. Vous pouvez enfin fabriquer une graisse dont la composition est donnée ci-après. Cette graisse a une très bonne tenue dès qu’elle est refroidie et peut être utilisée également pour le graissage des projectiles en plomb nu :
- 25% de lanoline (vendue en pharmacie).
- 25% de graisse de vaseline.
- 30% de cire d’abeille.
- 20% de paraffine.
Les composants sont mis à fondre très doucement et sont bien mélangés. Surtout ne pas faire fumer la graisse en la chauffant à une température trop élevée, ce qui aurait pour conséquence d’altérer ses propriétés. Le point de fusion de cette graisse se situe aux environs de 60°C. La fusion est donc très rapide ! » Voir la suite de l’article :
*Mes essais de tir avec des cookies et des balles rondes :
Les cookies de cire étaient placés sur la poudre, séparés de celle-ci par des opercules de carton de lait et de la balle par un second opercule. Les essais ont étés décevants : les cookies restaient collés sous les balles, malgré l’opercule cartonné)! Dans ces conditions les résultats n’ont pas non plus été convaincants en terme de précision.
Comment isoler la balle pour éviter le collage du cookie sous celle-ci? Pour empêcher ce collage, un opercule de carton glacé ne suffit pas, car si la balle est ronde, sous la pression du sertissage, elle s’enfonce dans le carton et dans le cookie . La surface de la rondelle de carton est inférieur à celle d’une demi sphère et du coup la cire sous pression passe autour du carton et entre en contact avec la balle. On a alors le phénomène de collage que nous redoutons! Il faut donc fabriquer une sorte de siège sur lequel reposera la balle, pour protéger celle-ci du contact avec la graisse ou la cire. La semoule parait indiquée, mais son épaisseur doit être suffisamment importante pour qu’elle fasse un isolant sans laisser remonter la cire. Quel barillet de revolver peut avaler un tel « sandwich », façon poudreux? Si on veut que les essais soient probants, il faut impérativement tirer avec un revolver qui a un potentiel crédible.
A l’essai, les cookies de cire (dont la composition n’était pas celle-ci) qui ont été tirés avec des revolvers tout-venant, « semblaient » avoir un effet nettoyant très efficace, mais desséchant (constat à vérifier par d’autres essais). Il fallait revoir la composition pour les rendre plus lubrifiants, c’est ce que j’ai fait pour plusieurs raisons et les résidus étaient nettement moins secs. Je garde cependant la graisse extérieure qui assure quand même une lubrification minimale.
Lors de l’explosion de la poudre, le cookie est suffisamment rigide pour résister à la pression et ensuite, il sert de propulseur à la balle. C’est un peu le principe des fusées à étages, qui se détachent au cours de la trajectoire.
Il reste donc à prouver que le cookie préparé selon ma méthode est compatible avec la précision.
La fabrication des cookies et des opercules :
- Pour les opercules je les découpe dans un carton de lait avec un emporte pièce de 11mm, J’utilise une plaque de chêne (un bois résistant), afin de ne pas altérer l’affûtage de l’outil . Un bois tendre se désagrégerait très rapidement.
- Les cookies sont découpés dans une plaque de cire (cire d’abeille et paraffine) qui a été préalablement coulée entre 4 barres de fer plates, épaisses de 4mm (et plus), ou entre des carrelages, l’un comme l’autre étant lourds. La coulée se fait sur du papier sulfurisé (qui se gondole quand on verse la cire chaude) . Chaque cookie (galette ou rondelle de cire) est découpée avec un emporte-pièce de 11mm pour le calibre 44.
- Si la cire est trop dure, chaque trou percé en force (avec un petit marteau) fait fendre la plaque : c’est le signe qu’elle est trop cassante mais si elle est bien dosée, elle se découpe sans se casser (chaque trou est entouré d’un bourrelet) et les cookies sont suffisamment solides pour sortir sans déformation de l’emporte-pièce (on place simplement une petite cheville de bois dans celui-ci pour repousser le cookie découpé).
Voici des échantillons de ma préparation : une « brosse graissante (cokkie et bourre sèche) » ou un « sandwich PSRauben ».
Ces cookies sur la photo ont été tirés et récupérés dans la cible sur laquelle ils étaient restés collés: très compacts, ils sont arrivés intacts. Ils portent les traces des rainures.
Les balles quant à elles ont donné un groupement tout à fait excellent, pour un tir avec des balles qui n’avaient pas été pesées, mais simplement passées à la trieuse (de ma fabrication) et tirées avec des charges de poudre dosées avec une simple doseuse Lee (donc sans balance). Un chargement qui n’a pas les critères de la compétition.
Pour faire ces essais, j’ai décidé de choisir 3 revolvers, sous réserve que les chambres acceptent ma formule de chargement, et de comparer les résultats avec un chargement standard ¨PN+semoule+ graisse sur la balle: disons que je prévois un REM 1858 Uberti Inox, un R&S FEINWERKBAU et un Colt 1860 (peut-être Centaure).
1er essai : REMINGTON 1860 Inox, marque UBERTI, qui jusqu’à présent donne des résultats très passables, presque décevants pour une arme de bonne fabrication. Le réglage du guidon n’est pas parfait, il faut l’améliorer: le revolver tire probablement à gauche. Du fait du guidon avec fibre optique rouge, d’une taille un peu courte, il faut choisir le point visé sous le visuel. L’essentiel est d’obtenir un groupement.
Charges de 1g PNF2 ( à vérifier) dosé à la Doseuse Lee , un opercule découpé à l’emporte-pièce dans un carton de lait, 1 cookie de 8mm environ (mélange de cire d’abeille, de saindoux et d’huile d’olive), une 1/2 bourre de feutre et 1 balle rondes cal .454 (moule Lee). Le sertissage donne une balle enfoncée à 2mm sous la surface du barillet. Je termine par un peu de graisse fluide bien enfoncée dans le sillon sur le pourtour de la balle.
Ce que je constate, c’est que le cookie a parfaitement pris les rainures, qu’il a fait bloc avec la bourre de feutre, que l’opercule sous le cookie a empêché la graisse de fondre et de se mélanger avec la PN, bref, tout à parfaitement fonctionné. ce sandwich a donc ramolli l’encrassement du canon et laissé la balle parfaitement autonome. Le sertissage n’a pas bougé et la pression des gaz devait être maximale.
Reste à contrôler l’encrassement du canon après 6 tirs: il ne contient que très peu de résidus, de fins bourrelets noirs qui suivent les rebords des rainures en sortie de canon. Par contre les bandes en fond de rainure ou sur celles-ci sont propres, presque nettes. Ce petit dépôt qui s’accroche sur les rebords est gras. Il provient du dernier tir qui n’a pas été passé au nettoyage de la « brosse graissante ».
Les cookies (brosses graissantes) nettoient certainement mieux que la semoule qui ne sert qu’à remplir le vide de la chambre mais n’est pas prévu pour « ramoner » ensuite le canon.
A suivre, pour les essais comparatifs…. et la 2ème partie.