15- Comment améliorer la précision du tir au revolver à Poudre Noire : 1ère partie


La précision, un domaine nébuleux du tir à la PN ?

 L’ambition de faire d’un revolver à poudre noire une arme de compétition n’était pas dans le cahier des charges de l’époque de leur création. L’objectif était de descendre un mec à 15m et non de tirer sur une cible à 25m! Mais les modèles ont progressivement gagné en précision.

J’avais publié dans l’article N°10 (actuellement en cours de restauration) une longue et ambitieuse rubrique  sur cette question de la précision. Faute de temps cet article avait été écrit directement sur la toile sans être retravaillé.  J’ai donc enfin pu reprendre l’article pour le refaire et en faire trois articles distincts. Je tiens à préciser que je n’ai aucune prétention à  imposer ma vérité ou à prêcher l’évangile selon PSRauben, loin de là. Cet article sur la précision m’a posé beaucoup de problèmes, car parmi les différentes informations que j’ai recueillies, vous ne serez pas surpris d’apprendre que dans le domaine de la poudre noire, les points de vue divergent, ce qui ne rend pas la tâche facile. Je remercie ceux qui m’encouragent.

A titre d’exemple, je citerai quelques passages de empruntés au site « Poudre Noire Free.fr » (sujet: la graisse et le tir) commentaire de Cobravif, qui va à l’encontre de mes convictions.

Guide John FROSThttp://poudrenoire-free-fr.superforum.fr/t765-la-graisse-et-le-tir

« Je tire régulièrement à percussion depuis 1967, je n’ai jamais graissé les entrées de chambres sauf lorsqu’il pleuvait… Graisser la chambre devant la balle peut contribuer à la lubrification, mais il ne faut pas que la graisse soit trop dure ni qu’elle soit en trop grande quantité. Personnellement, dans les revolvers, je ne mets ni calepin, ni semoule. J’ai toujours procédé ainsi et je m’en suis toujours bien trouvé.  La semoule,il n’y a aucune raison d’en mettre. La granulométrique des poudres noires modernes offre les variantes qui permettent de charger les armes de tous calibres et tous types sans devoir verser de la semoule de blé dans des canons ou des barillets. »

En réalité, mon article est une sorte de mise au point selon ma conviction, mais il est fondamentalement ouvert au débat. Si un tireur se sent l’envie de publier sur mon blog un  article contradictoire, il me paraitrait intéressant de le publier, sous réserve qu’il soit argumenté. 

 Avant d’aborder des points précis pour réaliser cette ambition de donner plus de précision à nos flingues à PN, il faut passer par une connaissance des processus de fonctionnement de ces revolvers et par conséquent, il faut savoir « comment ça marche… « . C’est un long cheminement qui commence. La poudre noire, c’est un drôle de business.  La problématique d’un revolver, c’est sa qualité fabrication selon une exigence d’usinage . Les modèles courants de révolver C&B (Cap and Ball) ne sont pas garantis au top (pas de cahier des charges qui fixent les tolérances lors de la fabrication des pièces). Mais au delà de la fabrication, c’est aussi le fonctionnement de l’arme qui est complexe. Un tireur à la PN qui veut faire du tir de précision, doit expertiser son arme et en connaitre les défauts et les points faibles. Il faut devenir « un armurier sur la table de la cuisine »… avant de se faire un atelier.

 Tout cet apprentissage nécessite des connaissances qui se trouvent dans quelques ouvrages, mais en France, nous ne sommes pas « gâtés » car les théoriciens de la PN sont rares. Il en va autrement aux Etats Unis, domaine du tir à la PN par excellence!  Il faut donc  passer par  l’anglais pour se documenter. L’ouvrage de John FROST (le guide pratique du tir au revolver à percussion) par exemple, est basique, comme beaucoup d’ouvrages sur le tir à la PN. La précision concernant le tir avec une arme de poing à  PN, c’est l’arlésienne : on en parle en récitant des banalités, on  la pratique, on fait de la compèt’, mais quand il faut prendre son clavier pour mettre les choses au clair et diffuser ses connaissances, il n’y a plus personne.  Finalement ce sont des américains qui font des articles sur ce sujet. En  France, ceux qui font du tir de précision vont nous parler des règles de tir (FFT), des concours, et des positions adéquates, ils vont donner des conseils pour la visée, pour contrôler les coups de doigt, mais rien concernant la préparation  des revolvers pour faire du tir « de précision »; là c’est le domaine de l’aventure. Alors, j’ai décidé de remplir un tout petit peu ce vide et  je pense que nous allons devoir nous débrouiller tous seuls!  

Bien sûr « l’autre  variable essentielle » : c’est le tireur ! Il faut reconnaître que ceux qui savent tirer ont une expérience de la maitrise corporelle difficile à communiquer. Pour apprendre, il est recommandé de fréquenter un club. Ceci dit, la compétition et la précision sont deux domaines proches mais distincts, et sans faire de compétition, on peut parvenir à de bons résultats en cible.

Cibles

A/ La qualité de l’arme, ses défauts et sa préparation, des points incontournables pour la  précision du tir

La précision est limitée par la qualité de l’arme, ce n’est pas simplement comme le prétendent  certains une symbiose entre l’arme et le tireur . Il faut donc faire une expertise de celle-ci et voir si elle nécessite quelques modification ou réparations de nature à améliorer son potentiel. Parfois les défauts sont de nature à éliminer toute espérance de précision et on devra alors mettre l’arme dans  la vitrine (ou s’en servir comme matraque , par exemple).

Sur un forum j’ai trouvé un commentaire qui concerne l’état des chambres (régularité et alignement) d’un revolver à cartouches métalliques, mais qui est également pertinent pour un revolver à percussion.

Lors de l’expertise du revolver, les chambres du barillet peuvent présenter des particularités gênantes :

  1.   Les 6 chambres d’un barillet peuvent avoir un diamètre de sortie (tranche de barillet) variable, irrégulier, et cela peut provoquer une dispersion des tirs. Il est alors suggéré d’uniformiser les 6 sorties à l’alésoir expansible, au Ø de la plus grosse ».  [Ce qui veut dire qu’on peut élargir la chambre dans sa partie supérieure avec un alésoir, mais il faut avoir une compétence pour faire ce travail (armurier ou atelier de mécanique)].
  2.  De plus, sur les répliques itéliennes, le diamètre d’alésage de la chambre est généralement plus petit que le diamètre de canon à fond de rayures (différent selon le fabricant, le modèle, etc) . La balle sertie (serrerée) dans la chambre, ne va pas totalement remplir les rayures du canon, ce qui est réputé mauvais à tous les égards. Certains conseillent donc d’aléser les chambres pour les amener au Ø à fond de rayure, mais la plupart préfèrent contourner ce problème au niveau de la balle« … (d’où l’intérêt du plomb mou).

Si on veut rentrer dans le monde des tireurs de PN, deux points sont importants (il y en a d’autres):

Mesurer les  diamètres des chambres et mesurer le diamètre du canon à fond de rainures.

  • Cette première opération se fait avec de l’outillage destiné à mesurer le diamètre des cavités (pied à coulisse, palmer). Ce n’est pas très facile compte tenu des rainures du canon. La méthode la plus simple consiste à forcer des balles de plomb mou dans le canon et dans les chambres et de les extraire pour les mesurer.  Prendre une empreinte coulée (« carotte ») avec du Cerrosafe ou du soufre fondu est la meilleure méthode.  Il faut ensuite pouvoir extraire cette empreinte  sans l’endommager et sans qu’elle ne se rétracte trop après refroidissement.  Le Cerrosafe est très utilisé pour des mesures précises.  C’est un métal qui fond à basse température et qui se rétracte légèrement pendant une heure environ, ce qui laisse le temps de l’extraire, puisqu’il prend un peu de jeu, mais il a l’avantage de reprendre son volume après une heure. Le souffre se rétracte plus et se creuse au centre de la carotte, mais l’empreinte est bonne et fiable pour des mesures courantes.
  • Si le diamètre des chambres est inférieur à celui du canon en fond de rainures, un réalésage sera la solution pour améliorer la précision : sur ce point les américains sont unanimes. C’est aussi ce qu’il conviendra de faire si les chambres présentent des irrégularités de diamètre, sous réserve que le réalésage ne dépasse pas le diamètre du canon en fond de rainures: un très léger dépassement (de l’ordre du 1/100ème est recommandé).  Le réalésage se fait avec un alésoir à main au diamètre exact de ce que l’on veut obtenir. Il doit comporter un guidage vendu avec l’outil, sinon la chambre sera détériorée. Le problème que pose l’alésoir, c’est de pouvoir le ressortir de la chambre. Les alésoirs coniques ne conviennent pas dans la mesure où la balle ne tiendrait pas.

Procéder à la vérification de l’alignement canon/chambres.

  • La  rotation du barillet doit présenter les chambres dans l’alignement du canon. Tout défaut de concentricité des chambres ou d’alignement donne une perte de précision.  Certaines anciennes répliques de revolvers sont totalement anarchiques (à l’endoscope elles présentent des croissants lumineux qui  se situent dans toutes les directions) et c’est le cône de forcement qui est sencé rectifier les défauts (dans un mesure très relative)! Dans l’exemple qui suit, chaque chambre présente le même défaut: on pourrait alors faire un réalésage qui rectifie ce défaut d’alignement (là il faudrait travailler avec des machines de précision  qui demandent l’intervention d’un professionnel).
  • alignement du canon W 1901 ASM-Monk _0001_NEWDans l’idéal, cette opération de contrôle nécessite un endoscope (une caméra avec fibre optique)  qui donne une image de tout le conduit et de l’alignement. Sinon, ce sont des vérifications qui peuvent se faire avec une lampe, en enlevant la cheminée. Le meilleur contrôle devraient pouvoir se faire avec le Cerrosafe et le souffre, s’il s’agit de revolvers à carcasse ouverte. Le soufre colle un peu: on laissera un petit dépôt gras sur les parois des chambres pour pouvoir extraire la carotte. Il ne sera pas nécessaire  de monter très haut au dessus du cône de forcement (dans le canon) et on veillera à protéger le fond des chambres avec une boulette de  papier gras et une rondelle de papier ciré (découpée dans carton de lait) qu’on pourra extraire ensuite facilement, en démontant la cheminée.  La bourre au fond des chambres évite au Cerrosafe de descendre au fond de celles-ci et de se mouler dans l’entrée du conduit de cheminée. On pourrait alors avoir un moulage de la continuité canon-chambres avec une empreinte du cône de forcement. Si l’alignement n’est pas parfait, le cône de forcement doit rattraper ce défaut, mais dans une mesure raisonnable (angle de 5%); on pourra également repérer certaines chambres qui  seraient défectueuses et procéder  à des essais pour s’assurer que ces défauts ne sont pas à l’origine de certaines balles qui sortent du groupement sur la cible.

D’autres diagnostics de l’arme sont à faire en lien avec la précision :

  • La vérification du canon est indispensable, visuellement, certes, mais nécessaire : on doit s’assurer que le canon ne présente pas d’emplombage. Toute tache suspecte doit être grattée avec une brosse  de nettoyage  (en laiton) si nécessaire,  pour s’assurer qu’il ne s’agit que de résidus de poudre. Il existe des produits de nettoyage du canon en cas d’emplombage. Le pas de rainure, la qualité des rainures, leur profondeur, sont des points difficiles à contrôler. Le cône de forcement doit être net, lisse et sans usure. Si ce n’est pas le cas, laisser tomber. On peut tenter de faire une évaluation de l’état du canon et  voir si aucun gonflement n’est perceptible à  l’intérieur et à l’extérieur en utilisant une lampe, placée de telle sorte qu’elle donne une lumière rasante.
  • La qualité de fabrication du canon est également un facteur qui va intervenir dans la précision. Les canons ne sont pas tous fabriqués avec les mêmes procédés et les mêmes aciers. Leurs caractéristiques (souplesse, vibrations, etc) et leurs  performances diffèrent:  sur ce point, le potentiel de l’arme est un fait sur lequel on ne peut pas intervenir.
  • -mesure de l’entrefer avec un jeu de cales; la valeur moyenne constatée la plupart du temps est de l’ordre de 15 à 25 centièmes. À partir de 30 centièmes, il est  recommandé de ne pas acheter.
  • -vérification du jeu du canon sur  l’axe d’un Colt à carcasse ouverte; si le canon n’est pas stable, ne pas acheter, mais si on veut tirer avec il faudra veiller à le stabiliser. si l’assemblage canon/carcasse bouge, la précision est immédiatement affectée.
  • -vérification des cheminées; si les conduits dépassent nettement 0,7mm de diamètre, il faut les changer.
  • -vérification des instruments de visée (voir l’article 13) et notamment du chien qui doit être stable. S’il présente du jeu, la précision est mise en cause;

Du contrôle,  on passera en suite à la préparation :  le REGLAGE DU POIDS DE DETENTE.

On effectuera d’abord un contrôle de la souplesse de la détente, mais pour mesurer le poids de détente il connaitre le procédé (voir article 16), mais ce contrôle visuel n’est pas suffisant:  il faut démonter  le revolver pour vérifier si les crans d’armé et de demi armé sont en bon état. Sur une arme d’occasion, on peut avoir des surprises :  les crans peuvent avoir été réduits volontairement mais avec excès ou maltraités et si les crans sont « bouffés », il ne faut pas acheter l’arme. Ensuite on procèdera au réglage (voir article 16) avec des outils adaptés.

Un article comme celui de Philblack  concernant la vérification d’un revolver est  riche d’informations:

bizarreCertains revolvers donnent lieu à des tirs « étonnants »:  il faut distinguer les tirs qui sont constamment anormaux (un arrosage permanent par exemple), des tirs qui donnent lieu à des  résultats anormaux, mais qui vont être différents si on modifie le chargement. Par exemple : des tirs qui ont tendance à former « une sorte de gerbe », mais la gerbe n’est pas toujours orientée à l’identique. On peut se demander si au cours du tir, il y a un problème d’encrassement progressif ou si le canon s’échauffe. Un tir défectueux qui s’aggrave au cours du tir, indique un phénomène mécanique qui s’affirme au cours du tir;  il y a une explication à trouver. Il m’est arrivé d’avoir un Dragoon qui tirait selon une ligne horizontale!

Sur cette cible des tirs d’essais ont été effectués avec 3 révolvers et ont donné des résultats très  différents: le tir N°3 est normal, c’est un bon tir. Le tir N°1 est un mauvais groupement sans aspect particulier. Par contre le tir N° 3 est tout à fait particulier : les balles suivent une ligne descendante, ce qui demande une explication. Laquelle?

En demandant à un autre tireur de procéder à un essai de tir, on peut s’assurer que c’est bien le revolver qui « fait des siennes »!  Reste ensuite à trouver une explication. Si c’est une question d’échauffement, il faut voir si le revolver étant refroidi, le phénomène persiste. Il faut alors bien sûr vérifier l’encrassement, mais l’échauffement peut avoir d’autres explications liée à un défaut du canon ou du  cone de forcement, etc.

Le pas de rainures doit être adapté à la balle: ici nous allons nous limiter aux balles rondes qui sont les plus précises. Elles sont prévues pour des pas lents, étant donné que leur forme sphérique suscite peu de frottements dans le canon et qu’elles prennent mal les rainures.  Les ogives demandent un pas de canon rapide. Les rainures stabilisent les balles par effet de gyroscopie (rotation) et réduisent la dispersion des projectiles.  les balles rondes sont cependant plus précises dans les revolvers à PN qui ne donnent pas lieu à des vitesses comparables à celles des balles poussées par la PSF.

Sans modifier le revolver, s’il présente un fonctionnement normal, le chargement est le domaine qui peut apporter une amélioration des résultats lors du tir, mais le graissage est tout aussi important et pour finir, le calibrage des balles sera le 3ème temps de cette 1ère recherche de précision.

B/ La charge de PN et son incidence sur la précision   

 ATV Sportif, proposait un article correct concernant le chargement traditionnel, mais  sans prétention concernant la précision: depuis cet article a disparu.

« Pour un Remington la charge idéale pour commencer est 0.9g (l’équivalent d’une douille de 9mm parabellum remplie à ras bord), par la suite vous verrez si cela convient pour votre arme ou non ». Il conseillait  la P.N.F.2 « bourdaine » ou la poudre suisse n°2,  Il proposait l’usage de la bourre et de la semoule, sans plus d’information, mais déconseillait la semoule de blé dure qui agirait comme du sable et userait prématurément le canon. Pour la graisse « maison »,  AVT donnait la recette suivante: un mélange fait au bain marie,  composé de 50% de suif à tonneaux, de 50% de cire d’abeille pure et de 6 ou 7 cuillères à soupe d’huile de paraffine.  Curieusement pour un revolver en calibre . 44, il proposait des balles sous calibrées (cal. 450) au lieu du 454 qui est généralement utilisé, notamment pour un Remington 1858.

Nous avions abordé les charges de poudre noire  en indiquant celles qui sont courantes en calibre 44 et en posant quelques principes. L’un de ces principes étant que plus la charge augmente, plus elle augmente la puissance du tir (mais pas de façon proportionnelle) et plus la balle perd en précision.  Les tirs de précision vont de 0,7g à 1g  en moyenne, mais peuvent descendre jusqu’à 0,6g et monter au delà d’1g. Il semble cependant que chaque arme puisse avoir des paliers où la précision est bonne, bien que la dose de poudre soit supérieure  à celle recommandée.  Nous avions également posé comme principe que le tireur devait expérimenter diverses charges de PN pour tester celle qui donne à son arme les meilleurs résultats en termes de précision. Ceci suppose des essais et un relevé précis des charges et des impacts.

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Pour obtenir de la précision lors du tir, il faut que le chargement réponde à deux obligations : la rigueur des mesures et la régularité des charges.  D’une façon générale, la notion de « régularité » est importante en PN: régularité des balles et des charges, c’est la base d’un tir qui recherche la précision. Ceci conduit à l’achat d’équipements tels que : moules, presses de chargement, balances, doseuses à poudre, pied à coulisse, palmer etc. Nous y reviendrons. Mais c’est aussi l’exigence d’une poudre de qualité: les notions de granulation et de vivacité interviennent.  La plupart des tireurs au revolver utilisent de la PNF2, fournie au compte-goutte par l’Etat. Ensuite il faut faire des essais et trouver pour chaque arme les charges qui lui sont adaptées et qui donnent les meilleurs groupements.  Alors, pour cela, il faut mesurer, faire des essais, prendre des notes et faire des relevés (cela demande un esprit méticuleux). L’outil indispensable pour la précision est la balance numérique et le stylo.

Avant toute chose,  il est important d’utiliser la bonne poudre. C’est une affaire de granulation, donc de taille des particules de poudre.   Chaque niveau de granulation a ses caractéristiques de combustion. Les poudres les plus fines sont plus vives et donnent le plus de chaleur et de pression.  Le choix de la poudre est donc prioritaire, cependant différents aspects de sa combustion entrent en ligne de compte et a contrario les résidus de la combustion interviennent comme facteurs d’imprécision en raison de l’encrassement de l’arme.

Quand le choix de la charge est fixé après des essais qui visent à obtenir le meilleur groupement (dans les fourchettes qui sont connues),  cette charge adaptée à l’arme, à la distance,  devra être  versée dans chaque chambre avec une parfaite régularité. Par conséquent, comme je l’ai montré dans mes articles précédents,  il faut mesurer les doses, avoir des outils de chargement qui garantissent leurs quantités et  une compression régulière au moment du sertissage. REGULARITE des balles,  REGULARITE des chambres, REGULARITE des charges (poudre et semoule), REGULARITE des compressions. Ceci veut dire que le dosage de poudre doit se faire avec la balance de précision, plutôt qu’une simple doseuse.

Pour éviter le mélange de la poudre et de la semoule lors du chargement,  je préconise de les séparer par pastilletesun opercule fin et rigide (rondelle coupée à l’emporte-pièce dans un  carton de lait) que je place sur la poudre.Je l’aide à descendre avec une douille de telle sorte qu’il tombe à plat, et au cas où il se place de travers, je le sors avec une pince à épiler);. En descendant dans la chambre, il nettoie les particules de poudres qui seraient restées collées sur les parois de celle-ci et une fois qu’il est au fond, je le presse délicatement pour que la poudre se tasse légèrement et  se place bien à plat. L’opercule va garantir la séparation de la poudre et de la semoule.  Cet opercule est  également très utile en cas d’erreur de chargement ou si la charge de poudre ne part pas. On pourra alors vider la chambre en démontant la cheminée et récupérer une partie de la poudre grâce à l’opercule.  Il permettra aussi de sortir la balle plus facilement avec une tige d’acier légèrement courbe, car il facilite la poussée de la balle pour l’extraire.

C/ Le sertissage de la balle, quelle incidence sur la précision?

La presse assure le meilleur sertissage sans déformer la balle, sans brutalité avec une pression choisie (on peut « comprimer fortement ou modérément) . C’est un travail qui se fait avec la sensibilité de la main sur le levier de presse. Sertir chaque balle séparément est impératif pour sentir la pression et compresser la poudre et la semoule.  C’est au moment du sertissage que l’on constate des erreurs de chargement (une balle qui s’enfonce trop, il faut en chercher la cause). Aussi précautionneux soit-on, les erreurs de chargement surviennent et le sertissage chambre après chambre assure le contrôle d’un chargement correct.

Au  stand de tir, si on utilise un sabot de chargement que je recommande, il faut forcer la balle en frappant le refouloir de la paume de la main (un outil fabriqué « maison » avec une clé à douille modifiée): ça reste raisonnable.  Le sertissage à coups de maillet, c’est plutôt « rustique »! La balle doit « affleurer » à « moins 1,5 mm » sous le niveau du barillet. Certains tireurs ne tiennent pas compte de cette recommandation, qu’ils jugent inutile. Ne pas oublier qu’une balle qui vient trop près de la bouche de la chambre, peut bloquer la rotation du barillet. Ce qui va créer un incident de tir compliqué s’il s’agit d’un revolver à carcasse fermée.

Certains tireurs préfèrent aléser l’entrée des chambres (faire une entrée légèrement biseautée), pour que le plomb serti soit  resserré (dans ce cas le poids de la balle ne varie pas) et non découpé.  Pour ma part,  je préfère  ne pas aléser parce que la découpe d’un anneau très fin est un moyen de contrôler visuellement que la balle est au bon diamètre, c’est à dire légèrement supérieur à celui de la chambre.  Les anneaux doivent être fins et de même taille, signe que les balles ont le même diamètre. Si les balles sont pesées avec une rigueur de  « joaillier »,  ce qui prend beaucoup de temps,  leur régularité est assurée et dans ce cas, il est possible et même recommandé d’aléser l’entrée de chambre pour ne pas modifier le poids des balles (la découpe de l’anneau enlève  une petite quantité de plomb). Je précise que le sertissage, doit se faire avec une balle légèrement supérieure à la chambre de telle sorte que la balle soit légèrement plate à sa circonférence, ce qui forme une bande de contact avec la chambre. La surface de cette bande va permettre aux balles rondes de faire résistance lors de la montée en pression des gaz. Au contraire, une balle qui est au même diamètre que la chambre,  n’oppose pas cette résistance faute de frottement . Le sous calibrage des balles conduit à des pertes de pression.

Compression et pression

PN, pression2Le moment est venu de nous intéresser  à l’article d’AVT (dont j’ai donné les références en début d’article) concernant le chargement du revolver à percussion.  L’article traite notamment de la combustion de la poudre noire et de sa compression.  Cet article souligne l’importance du choix des cheminées pour avoir un allumage franc (point très important) et pour réduire l’encrassement du chien (ce qui n’est pas essentiel), mais ce qui est important, c’est la perte de pression due au diamètre du conduit de la cheminée. Mais est-ce la seule perte qui affecte la puissance du tir?

Lors du tir avec un revolvers à percussion, la perte de pression se fait de deux façons.

  1. une forte perte de gaz a lieu par l’interstice entre la canon et le barillet, (l’entrefer) surtout lorsqu’il est important.
  2. à l’arrière du barillet, par les cheminées.

La perte de pression par l’entrefer est telle qu’il ne faut pas laisser la main sur le côté de l’arme, car  le souffle brûlant et les particules incandescentes peuvent occasionner une brûle sérieuse. Les pertes par les cheminées sont réduites si celles-ci  sont en bon état, avec un diamètre de conduit autour de  0,7mm (l’explosion de la poudre ne doit pas relever le chien, par exemple). 

Puisqu’on aborde les « pertes de pression », il me semble particulièrement curieux que les commentaires sur les cheminées abondent (sur leur état, leur mauvais état, sur les départs de feu et sur les dimensions idéales des conduits de cheminées au béryllium), tandis qu’on ne parle quasiment pas des effets négatifs de l’entrefer sur la pression et sur la précision. Or c’est très important! C’est pourquoi le sertissage nous ramène à une question importante : qu’en est-il des variations et pertes de pression d’un revolver à PN (en bon état, mal fabriqué ou fatigué) au cours de la trajectoire de la balle entre la sortie de chambre à la sortie du canon?  Qu’advient-il de cette pression dans le cône de forcement (l’entrée du canon),  surtout dans le cas où l’entrefer est excessif?  Ces pertes ont-elles une incidence importante sur la précision? (Question à 100 balles).

Il conviendrait de commencer par revoir comment se fait la combustion de la poudre noire.  La poudre noire est un explosif « brisant instable », tandis que la PSF est un propulseur, c’est à dire un combustible. Je cite des extraits d’un article à lire de : J.J.Droorzapft)

 « La combustion de la poudre n’est jamais complète. De plus, il existe des ondes de pressions, prenant naissance dans les régions où la poudre s’enflamme,  qui se propagent jusqu’au  (…) culot du projectile où elles se réfléchissent et peuvent interférer en certains points. Le champ de pression dans la chambre n’est pas homogène  et ce phénomène très complexe peut  influer sur les contraintes mécaniques subies par les parois de la chambre et la vitesse de combustion des grains de poudre. Après l’allumage, la pression en chambre croît et les gaz chauds viennent pousser sur le projectile. Ce dernier ne bougera pas tant  que la force générée par la pression  des gaz sur son culot sera inférieure à celle due aux frottements statiques de son sertissage (…) qui sont un facteur important de la montée en pression initiale en chambre. »

Ce passage confirme l’importance du sertissage de la balle qui permet d’avoir une bonne montée en pression, car plus le frottement de la balle retient la pression des gaz, plus la montée en pression s’élève et plus la balle va gagner en vitesse initiale lorsque le frottement ne suffira plus à la retenir…  L’étanchéité de la bourre ou du cookie contribue également à faire monter la pression (un cookie est plus étanche que la bourre et que la semoule). Mais encore une fois, le passage de la chambre au canon n’est pas  pris en compte!

Un autre point est également important : le sous calibrage des chambres par rapport au canon (the bore) sur la plupart des répliques de revolvers, ce qui entraine « des vents (fuites) » autour de la balle, quand elle traverse le canon (alors que la poudre n’est pas complètement brûlée). La balle ronde  gonfle et prend les rainures, même  si elle est légèrement sous calibrée, mais si le sous calibrage est excessif, la balle va flotter dans le canon. Le sous calibrage est contraire au processus  de gonflement de la balle, puisqu’une partie des gaz passe autour de celle-ci et cela d’autant plus facilement que c’est une balle qui, du fait de sa forme,  ne dispose que d’une faible surface de contact avec le canon, donc peu de résistance à la pression des gaz.

« La nature explosive et  instable de la PN favorise sa mise à feu et sa combustion est très vive.  Il est cependant impossible de faire varier cette vitesse de combustion (contrairement à la PSF qui a une combustion progressive mais qu’on peut contrôler),  ce qui est utile en terme de sécurité et pour la régularité des résultats. C’est la quantité de PN qui permet de modifier la masse en mouvement : en augmentant la charge, on peut pousser plus de masse, sur une plus grande distance, mais pas beaucoup plus vite (450m/s pour les vitesses les plus hautes en armes longues).  Quelle que soit la quantité, on ne peut pas dépasser les 900 à 1000 bars pour les valeurs les plus hautes, ce qui est très sécuritaire pour les armes à PN.

« Contrairement à leur appellation, les poudres se présentent sous forme de grains de formes variées. La combustion, donc le dégagement des gaz, s’effectue à la surface des grains. On comprend aisément que plus  la surface du grain est importante plus la quantité de gaz se dégageant en un temps donné sera  élevée. La forme des grains de la poudre,  outre sa composition chimique, influe grandement sur sa  vivacité (c’est à dire sa vitesse de combustion). »

Article disparu  (Influence  de la forme des grains  et caractéristiques mécaniques des grains de poudre, etc).

Deux questions orientent ma recherche : Quels sont les effets de la compression de la poudre lors du sertissage/ Quelle est la perte de pression due à un entrefer excessif ?

Sur le net,  je trouve quelques commentaires concernant la compression de la poudre  au moment du sertissage (il concerne les revolvers à cartouches chargées à la PN) ?  C’est un domaine que je ne connais pas. En allant sur des forums,  on trouve  des informations partielles, incertaines, voire contradictoires, mais surtout dispersées.  Parfois on a la chance de trouver un commentaire complet et qui témoigne d’une compétence indéniable. Néanmoins, il y a une chose qui semble faire l’unanimité: la poudre suisse donne souvent les meilleurs résultats!  

Pression des gaz et compression de la poudre sont deux choses différentes. Il s’agit de chargement à la PN de balles métalliques:

« En cartouches d’armes d’épaule, la compression est un des nombreux  critères de la précision (commencer par 2mm puis monter en paliers).

 « (…)  le repère reste « la valeur d’enfoncement de la poudre » .  De toute façon, il n’y a pas de règle! On peut tergiverser sur 100 pages, il n’y a aucune autre règle que l’expérimentation!!   Avec une certaine poudre, les meilleurs résultats seront (obtenus) avec peu de compression, avec une autre, il faudra comprimer! (…)  ils (?) ont fait l’essai avec différentes poudres et chaque poudre donne une valeur différente en fonction de la compression. Et cela n’est valable que pour une arme et une ogive!   Donc, le mieux c’est de s’équiper du drop tube, du « compression plug », la rondelle qui va bien et ensuite il faut faire des essais et encore des essais, et toujours des essais!!   Certains champions US ont jusqu’à 100 moules différents pour une seule arme, et ils passent leur temps à faire des essais de chargements.

 « La poudre peut se comprimer et ça n’a rien de mauvais! Ce qui compte ce sont les résultats en cible! En 45LC, je fais une compression de 2,5mm, en 38-55, je comprime plus environ 4mm. (article de Black Powder Cartridge, concernant la compression).

En général,  les poudreux (chargement de la poudre dans les chambres) semblent considérer qu’une compression excessive de la poudre est à éviter:  « Par expérience et en accord avec ce qui se dit sur les forum US, la PN ne doit pas être compactée comme un boulet de coke (le dérivé du charbon … ). La contradiction suit. Je vous invite à parcourir ce forum où se déroule un débat:

Pour revernir à la perte de pression des gaz, je lis ceci: « un excédent d’entrefer cause (…) une perte de pression des gaz de combustion de la poudre et donc une perte de puissance et de précision, etc, etc « .  Si vous voulez faire de la précision, évitez les revolvers d’occasion qui ont trop d’entrefer.

Si on veut conclure sur le sujet de la pression des gaz et de son incidence,  voici une liste de points qui contribuent à  donner « de la pression » sous la balle , ce qui ne veut pas dire « de la précision » (là encore il faut faire la différence car puissance et précision sont deux choses différentes). Par contre les pertes de puissance peuvent contribuer à l’imprécision. Je vais emprunter la réponse à l’auteur d’un texte que je trouve sérieux (intitulé : « Vérifier avant d’acheter un revolver d’occasion ») avec lequel je suis en accord total . 

La valeur de l’entrefer, « c’est l’écart entre la face antérieure du barillet et l’extrémité du cône de forcement. Sauf chez Colt, la valeur de cet écart peut varier entre 10 et 25 centièmes de millimètre. On a déjà trouvé moins de 10 centièmes sur un S&W, mais c’est rare et peu recommandé : dans ce cas, un encrassement de la face antérieure du barillet peut bloquer sa rotation du fait de la friction trop importante sur le cône de forcement (1). La valeur moyenne constatée la plupart du temps est de l’ordre de 15 à 18 centièmes. À partir de 20 centièmes, je recommande de ne pas acheter. Bien entendu, il sera bon, en plus de la lampe de poche, de se munir d’un jeu de cales ! La vérification de l’entrefer doit être faite sur les six chambres ».

Liste des points qui interviennent dans la pression:  

  1. – la charge de poudre
  2. – la vivacité de la poudre  pour avoir le plus de gaz possibles générés tôt dans l’arme, et donc avoir en peu de temps le plus de pression disponible): ceci strictement  pour les armes à canons courts, mais qui finalement ne sont pas trop concernés par la précision,
  3. – le calibre de la balle le plus élevé possible (pour rendre son dessertissage plus difficile, donc avoir l’explosion à l’état le plus avancé possible avant que la balle ne commence à sortir du barillet, passer le cône de forcement et  atteindre les fonds des rayures du canon (en réduisant les vents (fuites )). Par contre l’augmentation du calibre entraîne un emplombage, etc
  4. avoir une balle non graissée avant sertissage (pour rendre le dessertissage plus difficile).
  5. – mettre de la graisse devant la balle (pour réduire les frottements dans le canon car ceux-ci ne font que freiner la balle pour rien (énergie perdue pour juste chauffer le canon)).
  6. – avoir le moins d’entrefer possible (éviter les fuites qui font perdre de la pression).
  7. – avoir une longueur de canon adaptée (pour que la pression combustion puisse durer le plus longtemps possible et que la pression puisse  monter à son maximum et donc continuer d’accélérer la balle le plus longtemps possible).

Il me semble que la pression découle de ces points et joue un rôle utile pour la précision,  avec une réserve concernant la charge qui doit être de l’ordre  du gramme et du calibre de la balle (qui doit rester en rapport avec celui du canon, avec un petit excédent) ?

Vous aurez compris que ces questions nous amènent à la balistique et à bien des sujets qui demandent des connaissances pointues auxquelles certains diront qu’il faut faire des essais et encore des essais (ou comme dit la chanson: « des petits trous,  des petits trous,  encore des petits trous,.. »

D/ Le poids et la sphéricité des balles coulées, puis serties

Le diamètre de la balle est un critère déterminant, puisque cette balle va être plus ou moins sertie, plus ou moins déformée, plus ou moins comprimée en fonction du diamètre interne du canon et du diamètre des chambres. Faut-il alors avoir des balles surcalibrées, qu’on force et qui vont augmenter les frottement et la pression dans le canon? Plus la balle est sertie en force dans les chambres, plus elle devient ovoïde.

Les fabricants semblent opter pour des balles sous calibrées, qui, vont gonfler dans le canon, ce qui explique que les dimensions des chambres peuvent être inférieures au diamètre interne du canon (en fond de rayures).

Concernant le poids des balles, c’est un aspect essentiel de la précision. Les tireurs considèrent que le poids des balles et sa régularité  sont indispensables pour obtenir un bon groupement. (ce qui impose de faire des lots de balles d’un poids assez homogène). Nécessité de disposer d’une balance électronique fiable…

Reste un point qui est également sensible : les balles coulées « à la maison » ont souvent des déformations: il y a un article à ce sujet qui est assez détaillé et bien argumenté. Je vous y renvoie :

Je pense que les balles de fabrication personnelles, avec des moules de plus ou moins bonne qualité, doivent être « roulées ». L’article cité explique que les rouleuses permettent de rectifier la sphéricité des balles: ça ne me convainc pas entièrement.  Pour ma part, pour éliminer les déformations les plus importantes, je le fais avec deux plaques de granit polies d’1cm d’épaisseur (on trouvera facilement deux pièces plates en acier) . Ensuite je pèse les balles et je les classe par lots: il est alors possible de comparer les tirs selon les lots et de déterminer quel est le lot qui donne les meilleurs résultats.

Mais il faut savoir que lors du sertissage dans les chambres, les balles subissent une pression importante qui les déforme, les écrase. Cette déformation dépend de la forme du « poussoir » et de la force exercée, donc du diamètre de la balle. Il est impossible de sertir une balle avec un poussoir qui épouse parfaitement la forme sphérique de la balle, dans l’idéal, car , ce poussoir serait alors coupant sur son rebord et creuserait un sillon circulaire dans la balle: on est donc obligé d’arrondir le bord du poussoir. Mais, s’il ne creuse pas un sillon, il laisse quand même une empreinte circulaire qui constitue une déformation. Les poussoirs qui,  avec les leviers de chargement, équipent tous les revolvers à PN, sont en principe étudiés pour ne pas déformer les balles.  C’est à voir. Cependant,  compte tenu des résultats très précis à 25m, obtenus par certains tireurs, ça marche bien.  Je pense que la déformation de la balle devient problématique quand le sertissage demande une pression excessive du fait d’une balle surcalibrée.

On a donc un problème délicat à résoudre : une balle trop peu sertie flottera et risquera de sortir de la chambre au cours du tir (risque d’allumage en chaine)  et une balle trop sertie, est déformée et ne peut pas donner des tirs précis. Il faut arbitrer entre ces deux astreintes.

E/ Le graissage et son incidence sur la précision

Pour le graissage, nous allons lire quelques méthodes qui prétendent améliorer la précision et si possible passer aux expérimentations, ce qui est l’esprit de ma démarche: on essaie et on évalue les résultats.

1/ Le graissage sur la balle, un classique controversé 

Capture

Traditionnellement, on procède au chargement  en plaçant la poudre au fond de la chambre, puis la semoule, puis la balle et enfin la graisse sur la balle, à l’entrée de la chambre. Cette méthode simple et traditionnelle est celle pratiquée par des compétiteurs de très bon niveau. C’est celle donnée par un article du site AVT:

Un article de John FROST paru sur le net (mais introuvable depuis) donnait des informations sur les conditions de préparation en vue d’un tir de précision. J’ai présenté le « Guide pratique du tir au revolver à Percussion » (collectif sous la direction de John C. FROST) au début de mon article 14:  une revue l’on pourra acheter à cette adresse notamment (ou à l’armurerie le Hussard) :

Selon FROST , affirme,  comme le font d’autres américains, que préserver son arme de l’encrassement est un des secrets de la précision, sinon « le secret ». Un  tireur très primé de mon club affirme quand à lui que la précision réside dans la pesée rigoureuse des balles, ce qui montre que les avis divergent et j’ai une tendance à me méfier des « grands secrets ».   

FROST

La balle ronde n’a pas de gorge de graissage et comme on l’a vu, elle tient moins bien dans  la chambre que les balles ogivales. FROST conseille une méthode de  graissage avec l’utilisation d’un outil simple, censé améliorer la précision. La balle une fois sertie doit arriver grosso modo à 2mm sous le niveau de l’entrée de chambre. Le graissage externe doit se faire dans le sillon (autour de la balle) avec un embout cylindrique (ça peut être balle  modifiée) dont l’extrémité, de forme creuse, épouse la courbe de la balle et permet de repousser la graisse dans  le sillon. Cette méthode ne m’a pas semblée aisée car la graisse souple colle à l’outil;  il faut alors la rendre plus ferme, mais sans lui donner d’épaisseur.  La recette de John FROST est la suivante : 50% de margarine et 50% de saindoux. Il faut essayer cette graisse pour juger de l’efficacité de cette astuce .

Le graissage traditionnel sur la balle se fait généralement avec le doigt! Quelle quantité de graisse doit-on mettre? L’abondance est-elle recommandée??  La graisse doit être limitée et suffisamment souple  pour ne pas former une pâte qui resterait collée sur la balle après le départ de celle-ci. Quelle consistance doit avoir la graisse? Voici une définition qui me satisfait assez: à  20°C, le mélange est ferme mais sans plus. Il fond rapidement entre les doigts. Je dirais que la graisse doit pouvoir être étalée au doigt en ayant quand même un peu de consistance: si elle est trop ferme, on peut l’assouplir (avec de l’huile d’olive par exemple).

Les graisses animales et végétales sont recommandées. Le site AVT considère que l’usage de graisses dérivées du pétrole, est possible:  « une graisse non inflammable de type industriel convient très bien aussi ».  Les américains déconseillent les graisses industrielles qui ne ramollissant pas les résidus. John FROST  écrit que les graisses animales ont comme propriété de ramollir les résidus de poudre, tandis que les graisses minérales forment des calamines dures qui sont catastrophiques. Bien des tireurs abondent dans ce sens. Des résidus durs altèrent la qualité du tir. Il existe des graisses qui sont vendues dans les armureries pour la PN.  L’Alox (bullet lube) est un produit très connu et apprécié aux USA.

En parcourant internet, on trouvera en abondance sur les forums des échanges de recettes qui mélangent cire d’abeille, végétaline, saindoux, huile d’olive…

Le graissage externe est plus qu’un lubrifiant, c’est un traitement des résidus.  La graisse doit être végétale ou animale, ce qui va éviter que les résidus forment une sorte de croute dans le canon:   elle va les « ramollir » en formant un goudron fluide et gras: c’est ce que l’on va contrôler (en passant un papier dans le canon après plusieurs tirs). Selon l’avis de tireurs expérimentés, pour obtenir de la précision, il faut que la graisse soit de « la consistance idéale », en fonction de la température, et c’est au tir qu’on vérifie si la  graisse est adaptée (on essaie plusieurs recettes). « Idéale? » Mais encore ?

Ceci dit, un graissage externe « fonctionne », sinon comment expliquer  que des tireurs l’utilisent en compétition?  Pour affirmer qu’il permet un tir  de précision,  il faut avoir des résultats en cible qui ne laissent planer aucun doute l’intérêt de ce fonctionnement. On peut aussi faire des tests comparatifs avec d’autres modes de graissages.

L’avantage du graissage externe (sur la balle) : ce graissage en surface et à la périphérie de la balle évite de graisser la totalité du projectile,  ce qui permet  à la balle  de « tenir » fermement dans la chambre. C’est un argument important , car en effet le tir à la PN utilise des balles rondes qui tiennent beaucoup moins bien en place que les balles longues, cylindriques ou ogivales (qui seront graissées dans les gorges). Il faut donc que le sertissage à sec assure la tenue de  la balle ronde lors des chocs subis, c’est à dire quand les chambres explosent.  Le fait de tremper la balle ronde dans la graisse (ce qui se pratique pour un fusil à chargement par la bouche), lui enlève sa stabilité. Or faute de stabilité des balles,  l’arme devient dangereuse. Cet inconvénient n’existe pas pour un pistolet et il faut tenir compte de cette différence de chargement. Il faut ajouter que la balle graissée  qui  ne tient pas est suivie de semoule qui  ne tient pas non plus si la balle tombe (ce qui m’est arrivé en tant que poudreux débutant). Depuis j’attache une importance à  la qualité  du sertissage.

Un rôle de protection qui ne fait pas l’unanimité: la graisse sur la balle est « supposée » former un écran qui évite la contamination des 5 autres chambres par le feu. La FFT exige ce graissage bien que certains tireurs mettent en cause l’argument,  car dès les 1ers tirs, la graisse est soufflée alentour. C’est vrai – et plus la graisse est fluide, plus elle est vaporisée. De toute façon, elle fond en partie du fait des gaz chauds.

Controverse: les partisans de la graisse sous la balle

Le chargement pose un certain nombre  d’exigences dont les solutions sont souvent  en contradiction.   

 Certains tireurs réfutent totalement l’intérêt de graisser la balle, d’une part parce que  la graisse est projetée un peu partout (ce qui a quand même l’intérêt d’empêcher les résidus de bloquer le barillet et l’axe), mais selon eux, une quantité négligeable  (résiduelle) va dans le canon et ne joue pas un rôle de  lubrifiant sufisant pour la balle.  Certains nient le risque d’emplombage du canon et pour finir, ils affirment que la graisse ne protège en aucun cas des « départs en chaîne ». Ces positions nihilistes sont marginales. Il y a aussi une catégorie de tireurs qui ne nettoient jamais leurs cheminées et quand il faut les remplacer, il faut  alors faire appel à des spécialistes pour les extraire, au risque d’endommager le barillet! (ou alors ils revendent et  le revolver devenu inutilisable). Il y a enfin ceux qui graissent  de façon minimale, presque homéopathique  et qui vantent des « trucs » censés garantir la précision. 

perte de pression 2

Je lis ceci dans un forum : « …comment expliques tu que les rayures du canon soient complètement obstruées par des résidus de poudre, à tel point qu’un coup de patch ramène des paillettes de résidus après le tir d’un barillet : la longueur des paillettes variant entre 5mm et 10 mm »?

Plusieurs auteurs américains affirment que le graissage externe (sur la balle) nettoie mal le canon, parce que les graisses ne  tiennent pas après les 1ers tirs: elles sont soufflées. L’insuffisance de graisse résiduelle dans le canon produit l’encrassement (fouling)  et impose de nettoyer le canon s’il paraît trop sale. Une « bonne lubrification » laisse un canon libre, une mauvaise le laisse chargé de dépôts secs qui remplissent les rainures ou de filaments (comme dans un conduit de fourneau). Ces dépôts nuisent à la précision et il est évident qu’au cours du tir, l’encrassement  va modifier les impacts. Il y a aussi les résidus qui se dispersent et s’incrustent dans les interstices: ils bloquent la rotation du barillet et empêchent de démonter le canon pour le nettoyer. Surveiller l’encrassement est donc prioritaire. Si le canon est trop sale, il faut alors se faire conseiller pour la composition de la graisse.

 * Le graissage avec une bourre grasse,  selon “Doc” Shapiro : 

  •  http://cobravif.technique.voila.net/ArmurerieBricolages/BlackPowderLoadingFrancais.pdf

Pour la  précision,  Doc rappelle que  la lubrification aide à (1) empêcher l’emplombage et (2) permet de ramollir les  résidus non brûlés.  Pour savoir si la lubrification est suffisante, il conseille de vérifier la bouche du canon : s’il y a des résidus de graisse, on peut penser que la balle lubrifie suffisamment, mais et si les résidus sont durs et secs, il faut améliorer le graissage. Comme d’autres, il affirme que les meilleures graisses à balles sont les cires naturelles qui ne dérivent pas du pétrole et qu’on peut préparer chez soi. (…) Deux points  de ses recommandations retiennent mon attention :

  1. Il préconise d’utiliser une bourre grasse entre la poudre et le projectile (notamment). Les bourres sont fabriquées en carton, en feutre, voire en papier, etc.  Mais pour éviter une contamination de la poudre par la graisse (quand celle-ci fond), il propose de rajouter un carton ciré entre la poudre et la bourre grasse.
  2. Il met en garde contre le risque de voir la graisse coller à la base de la balle, ce qui nuit à sa trajectoire.  Il recommande donc de mettre une bourre cirée entre la bourre grasse et la balle.

chargement avec des bourres

En effet, sous la pression de la poudre en combustion, la cire ou la graisse dure adhèrent à la balle  en formant un paquet qu’on retrouve sur la cible (c’est un inconvénient que j’ai constaté)! La trajectoire est alors perturbée. Il faut contrôler que les impacts dans la cible sont propres et bien découpés, sans déchirure et sans dépôt gras sur le pourtour.

Critique de  cette méthode:   

  1. la bourre est plus chère et plus difficile à fabriquer que la semoule (qui se vend au supermarché): si pour la précision elle s’avère justifiée, il va falloir mesurer son épaisseur exacte, la fabriquer et la graisser…
  2. Lorsqu’on l’introduit la bourre grasse, pour la placer avant (sous) la balle, d’une part on va « lubrifier » toute la chambre, d’autre part lors du sertissage, la graisse va remonter sous la pression et enduire le pourtour de la balle. Tout cela   n’est pas compatible avec un bon sertissage de la balle destiné à résister aux chocs lors des tir. Si les balles sortent de la chambre, ce qui peut arriver, elles vont bloquer la rotation du barillet.  la dessertir. C’est pour moi rédhibitoire. Lors des tirs, les balles vont « bouger » et ce mauvais sertissage fait avec une balle devenue grasse, va décomprimer la poudre noire Enfin, lorsque la poudre va brûler, la balle ne jouera plus son rôle de bouchon, ce qui réduira la pression sous la balle. Perte de pression pour certaines balles, donc perte de précision,
  3. Une chambre de revolver n’est pas toujours adaptée l’usage de la bourre, car le volume de la chambre est limité, tandis que la semoule s’adapte très bien à tous les revolvers.

* La graisse sous la balle, selon  John L. FUHRING

Une « bonne gestion de l’encrassement » est essentielle selon lui pour  obtenir de la précision. Il rappelle que le graissage externe sur la balle (slug) a pour but (en principe) de transformer un encrassement dur en une substance molle et graisseuse qui ne s’accumule pas dans le canon, mais il affirme que  la méthode traditionnelle n’a qu’un effet limité sur l’accumulation des résidus. Il faudrait donc faire un nettoyage du canon (the bore) avec un chiffon, après chaque tir.

Selon lui  le terme lubrifiant  (concernant la végétaline, le saindoux, le beurre à canon, etc)  est utilisé à mauvais escient,  car ce sont en fait des « assouplissants » :  Ils ne réduisent pas le frottement, mais transforment un encrassement dur en un mélange résidus+ graisse dont la consistance est molle.

Il affirme que l’idée selon laquelle le graissage de l’entrée de chambre empêche les départs en chaîne est une idée fausse.  Il suffit en effet, dit-il, de regarder le barillet après le tir de la première chambre pour constater que la graisse a été soufflée à l’entrée de toutes les chambres. Les tirs ultérieurs vont donc donner lieu à  des dépôts durs dans le canon. En raison de sa composition chimique, la  poudre noire (et les substituts) laisse dans le canon des résidus durs qu’on appelle « encrassement » (fouling). L’encrassement progressif des rayures empêche les  balles de faire leur rotation lorsqu’elles voyagent dans le canon,  ce qui nuit à la  stabilisation de leur vol et affecte  la précision du revolver :   les  impacts se dispersent alors partout dans la cible.

Après avoir mis la poudre dans chacune des chambres,  Fuhring insère une bourre (wad) ou un feutre  dans chaque chambre (avec un outil approprié). Les fabricants imprègnent ces  bourres avec un  lubrifiant, dit-il, mais ce n’est pas efficace. L’utilisation de bourre  est cependant idéale pour deux raisons selon lui. Tout d’abord, elle balaie les parois de la chambre de tous les  grains de poudre collés à celles-ci et laisse un espace sous la graisse qui, empêche la contamination de la poudre par la graisse en expansion.  Le remplacement de la bourre (wad) par de la « Crème de blé » ou de la semoule de maïs sec est possible, car elle absorbe bien la graisse excédentaire. Cependant  la semoule ne permet pas de « balayer » les parois de la chambre, comme le font les bourres. Donc selon lui, la bourre est préférable.

criscoLa graisse (grease) qu’utilise Fuhring est une graisse alimentaire  (Crisco) vendue aux USA. Selon lui, il faut enduire le bout de l’index avec une petite quantité de graisse  (Cristo, saindoux, suif, etc) et faire entrer celle-ci dans la partie supérieure des chambres, avant de mettre les balles et de sertir. Il recommande de ne pas mettre de graisse en excédent.  En aucun cas, souligne-t-il,  il ne faut utiliser la même quantité de graisse entre la bourre et la balle que celle utilisée lorsqu’on graisse la balle à l’entrée de la chambre. Si la graisse est excédentaire et qu’elle « noie » la poudre (dans la chambre), le tir sera faible  et produira un « flop » caractéristique… et j’ajoute avec un danger sérieux : il faudra impérativement arrêter le tir et vérifier que la balle n’est pas coincée dans le canon, Elle serait alors percutée par la balle suivante et  dans ce cas le canon se bomberait ou exploserait. Cette méthode consiste donc à mettre la poudre noire, la bourre,  la graisse et la balle.

Critique  de cette méthode

chargement5

1er inconvénient. Selon moi, mettre une graisse (nécessairement souple) sous une balle, dans la chambre d’un revolver, c’est risquer de voir la balle « bouger» lors du tir, pour les raisons que j’ai déjà données et malgré le sertissage. Une balle « glissante » dans un revolver à PN présente deux inconvénients :

  • elle n’assure pas une bonne compression, ce qui est nécessaire pour propulser la balle.
  • si elle bouge, elle risque de bloquer la rotation du barillet en provoquant un incident de tir (surtout avec un revolver à carcasse fermée type Remington:  dans ce cas, il sera « presque » impossible de vider la chambre par le trou de la cheminé (pour donner du jeu à la balle ) et de démonter le barillet sur  le stand de tir !

Pour éviter le flottement, ainsi que la perte de compression, il faut un sertissage efficace qui garantisse une stabilité de la balle et une balle sèche. A mon humble avis, tout cela exclut la présence de graisse souple sous la balle, sauf si la balle est une ogive à fond plat. cette graisse sous la balle est-elle bien placée?  Peut-être dans la mesure où la pression due aux gaz la pousse latéralement dans les rainures: dans ce cas, elle ne lubrifie pas, elle « ramollit ». 

2ème inconvénient : le collage de la graisse et de la balle  est prévisible (que la graisse soit ferme ou  qu’elle soit souple).  Elle va s’agglomérer  avec la semoule et former une masse qui fera corps avec la balle pour en faire un projectile composite : il faut alors  vérifier sur la cible que les trous sont ronds, nets, bien découpés et sans graisse. si ce n’est pas le cas, il y a collage.

Pour ces raisons, je ne suis pas convaincu par cette méthode de graissage sous la balle. Avec une forte charge de poudre, il n’y a plus beaucoup de place pour la bourre !  Il faut être certain que les balles restent sous le niveau d’entrée de chambre, car si une balle dépasse, elle bloque la rotation du barillet.

 *Les « grease cookies » sont-ils utilisables sous la balle?  

L’idée m’est venue de remplacer la graisse molle par une petite galette de cire semi rigide (mélange de cire d’abeille, de paraffine et de saindoux). J’ai trouvé plusieurs posts ou blogs qui font référence à cette méthode. Les cookies de cire dure sont utilisés pour le chargement des balles métallique (40/44 par exemple). Généralement les bourres de cire sont assez dures; mais trop dures n’est pas conseillé pour différentes raisons (découpage,  mais surtout pour que la cire  s’écrase contre les parois sous la pression des gaz).

Je comprime le cookie sur la poudre noire, mais séparé de celle-ci par un opercule.  Un grease-cookie doit s’élargir  sous la pression de la balle (au moment du sertissage) pour obturer la chambre, ce qui améliore la compression. Il doit être lubrifiant, donc souple quand même. Ma recette de cookies a évolué en partant de cire dures et cassantes pour arriver à une composition plus souple, car si les cookies doivent être fermes, ils doivent  rester suffisamment malléables et gras  pour être écrasés sous la pression du doigt et être découpés à l’emporte-pièce sans s’effriter ou casser. Il faut donc une certaine malléabilité.

Remplacer la semoule ou la bourre par un cookie de cire est envisageable, si les chambres sont suffisamment profondes. Je cite le blog de Jean-Pierre SEDENT: (extrait de COMMENT FABRIQUER DES « GREASE-COOKIES » )

 « Les ‘cartouches’ anciennes à poudre noire comportaient bien souvent une bourre de graisse qui surmontait la charge de poudre, comblant ainsi l’espace entre la poudre et la base du projectile. Cette bourre avait pour principal objectif de ramollir les résidus laissés dans le canon par la combustion de la poudre noire et de faciliter de ce fait la rotation du projectile suivant. Elle permettait d’empêcher une fuite de gaz entre la circonférence de la balle et la paroi du canon avant que la balle ne soit complètement « gonflée » et en mesure d’assurer ainsi efficacement cette fonction. Judicieusement comprimée dans le collet de l’étui (dans le cas de cartouches métalliques), elle permettait également  d’obtenir une bonne étanchéité de la cartouche. Les américains appellent cette bourre « grease-cookie » (gâteau de graisse). Sa composition était généralement à base de suif et de cire d’abeille, voire uniquement de cire (Pour le fusil Gras, c’est une bourre de 4mm d’épaisseur en cire pure jaune qui a été officiellement adoptée en 1887).

Mais le cookie doit être séparé également  de la balle : ce qui impose de mettre  deux opercules qui ont chacun leur rôle!

  • Séparé de la poudre:  il suffit d’un opercule de carton de lait (découpé à l’emporte pièce), ceci pour éviter que la cire ne se mélange à l’explosif au moment de l’explosion.
  • Séparé de la balle : il faut un opercule de carton (ou une rondelle de bourre) pour que le cookie ne colle  pas à la balle  et qu’il se décroche de celle-ci dès la sortie du canon, comme le calepin en tissu se décroche de la balle qu’il enveloppe, lorsqu’on tire avec un pistolet à chargement par la bouche .

Le cookie a plusieurs avantages :

  1. il nettoie les parois de la chambre de toute particule de poudre noire (1er avantage). Il ne laisse pas de dépôt visqueux sur celles-ci qui provoquerait le flottement de la balle.
  2. D’autre part, par sa rigidité relative, il obture la chambre,  étant collé aux parois sous l’effet du sertissage (ce que la semoule ne fait pas) : il augmente ainsi la compression
  3. Il est censé lubrifier le canon et donc ramollir les résidus. A mon avis, le « grease cookie » balaie, nettoie (emporte les résidus), mais il dessèche s’il est trop dur (manque graisse fluide dans sa composition) et dans ce cas il ne se mélange pas avec les résidus pour les ramollir.  Le cookie a surtout comme but de nettoyer efficacement le canon et cela, je le confirme après des essais multiples, mais sa composition doit être adaptée pour jouer le rôle d’assouplissant.

La recette de J.P. SEDENT : « Pour la fabrication des grease-cookie, (…) vous pouvez utiliser un mélange de 25% de suif et 75% de cire d’abeille, c’est la graisse la moins onéreuse pour cet usage.  Vous pouvez enfin fabriquer une graisse dont la composition est donnée ci-après. Cette graisse a une très bonne tenue dès qu’elle est refroidie et peut être utilisée également pour le graissage des projectiles en plomb nu :

  • 25% de lanoline (vendue en pharmacie).
  • 25% de graisse de vaseline.
  • 30% de cire d’abeille.
  • 20% de paraffine.

Les composants sont mis à fondre très doucement et sont bien mélangés. Surtout ne pas faire fumer la graisse en la chauffant à une température trop élevée, ce qui aurait pour conséquence d’altérer ses propriétés. Le point de fusion de cette graisse se situe aux environs de 60°C. La fusion est donc très rapide ! »  Voir la suite de l’article :

*Mes essais  de tir avec des cookies et des balles rondes :

Les cookies de cire étaient placés sur la poudre, séparés de celle-ci par des opercules de carton de lait et de la balle par un second opercule. Les essais  ont étés décevants : les cookies restaient collés sous les balles, malgré  l’opercule cartonné)! Dans ces conditions les résultats n’ont pas non plus été convaincants en terme de précision.

chargerment PSRComment isoler la balle pour éviter le collage du cookie sous celle-ci?  Pour empêcher ce collage, un opercule de carton glacé ne suffit pas, car si la balle est ronde, sous la pression du sertissage, elle s’enfonce dans le carton et dans le cookie . La surface de la rondelle de carton est inférieur à celle d’une demi sphère et du coup la cire sous pression passe autour du carton et entre en contact  avec la balle. On a alors le phénomène de collage que nous redoutons! Il faut donc fabriquer une sorte de siège sur lequel reposera la balle, pour protéger celle-ci du contact avec la graisse ou la cire. La semoule parait indiquée, mais son épaisseur doit être suffisamment importante pour qu’elle fasse un isolant sans laisser remonter la cire. Quel barillet de revolver peut avaler un tel « sandwich », façon poudreux? Si on veut que les essais soient probants, il faut impérativement tirer avec un revolver qui a un potentiel crédible.

A l’essai, les cookies de cire (dont la composition n’était pas celle-ci) qui ont été tirés avec des revolvers tout-venant,  « semblaient » avoir un effet nettoyant très efficace, mais desséchant (constat à vérifier par d’autres essais). Il fallait revoir la composition pour les rendre plus lubrifiants, c’est ce que j’ai fait pour plusieurs raisons et les résidus étaient nettement moins secs. Je garde cependant la graisse extérieure qui assure quand même une lubrification minimale.

Lors de l’explosion de la poudre, le cookie est suffisamment rigide pour résister à la pression  et ensuite,  il sert de propulseur à la balle. C’est un peu le principe des fusées à étages, qui se détachent au cours de la trajectoire.

Il reste donc à prouver que le cookie préparé selon ma méthode est compatible avec la précision.  

La fabrication des cookies et des opercules :

  • Pour les opercules  je les découpe dans un carton de lait avec un emporte pièce de 11mm, J’utilise une plaque de chêne (un bois résistant), afin de ne pas altérer l’affûtage de l’outil . Un bois tendre se désagrégerait très rapidement.
  • Les cookies sont découpés dans une plaque de cire (cire d’abeille et paraffine) qui a été préalablement coulée entre 4 barres de fer plates, épaisses de 4mm (et plus), ou entre des carrelages, l’un comme l’autre étant lourds.  La coulée se fait sur du papier sulfurisé (qui se gondole quand on verse la cire chaude) . Chaque cookie (galette ou rondelle de cire) est découpée  avec un emporte-pièce de 11mm pour le calibre 44.
  • Si la  cire est trop dure, chaque trou percé en force (avec un petit marteau) fait fendre la plaque : c’est le signe qu’elle est trop cassante  mais si elle est bien dosée, elle se découpe sans se casser (chaque trou est entouré d’un bourrelet) et les cookies sont suffisamment solides pour sortir sans déformation de l’emporte-pièce (on place simplement une petite cheville de bois dans celui-ci pour repousser le cookie découpé).

Voici des échantillons de ma préparation : une « brosse graissante (cokkie et bourre sèche)  » ou un « sandwich PSRauben ».

3 cookies

Ces cookies sur la photo ont été tirés et récupérés dans la cible sur laquelle ils étaient restés collés: très compacts, ils sont arrivés intacts. Ils portent les traces des rainures.

Les balles quant à elles ont donné un groupement tout à fait excellent, pour un tir avec des balles qui n’avaient pas été pesées, mais simplement passées à la trieuse (de ma fabrication) et tirées avec des charges de poudre dosées avec une simple doseuse Lee (donc sans balance). Un chargement qui n’a pas les critères de la compétition.   

Pour faire ces essais, j’ai décidé de choisir 3 revolvers, sous réserve que les chambres acceptent ma formule  de chargement, et de comparer les résultats avec un chargement standard ¨PN+semoule+ graisse sur la balle: disons que je prévois un REM 1858 Uberti Inox, un R&S FEINWERKBAU et un Colt 1860 (peut-être Centaure).

1er essai : REMINGTON 1860 Inox, marque UBERTI, qui jusqu’à présent donne des résultats très passables, presque décevants pour une arme de bonne fabrication. Le réglage du guidon n’est pas parfait, il faut l’améliorer:  le revolver tire probablement à gauche. Du fait du guidon avec fibre optique rouge, d’une taille un peu courte, il faut choisir le point visé sous le visuel.  L’essentiel est d’obtenir un groupement.

 Charges de 1g PNF2 ( à vérifier) dosé à la Doseuse Lee , un opercule découpé à l’emporte-pièce dans un carton de lait, 1 cookie de 8mm environ (mélange de cire d’abeille, de saindoux et d’huile d’olive),  une 1/2 bourre de feutre et 1 balle rondes cal .454 (moule Lee). Le sertissage donne une balle enfoncée à 2mm sous  la surface du barillet. Je termine par un peu de graisse fluide bien enfoncée dans le sillon sur le pourtour de la balle.  

tir 1858

Ce que je constate, c’est que le cookie  a parfaitement pris les rainures, qu’il a fait bloc avec la bourre de feutre,  que l’opercule sous le cookie a empêché la graisse de fondre et de se mélanger avec la PN, bref,  tout à parfaitement fonctionné. ce sandwich a donc ramolli l’encrassement du canon  et laissé la balle parfaitement autonome. Le sertissage n’a pas bougé et la pression des gaz devait être maximale.

canon 1858 propreReste à contrôler l’encrassement du canon après 6 tirs:  il ne contient que très peu de résidus, de fins bourrelets noirs qui suivent les rebords  des rainures en sortie de canon. Par contre les bandes en fond de rainure ou sur celles-ci sont propres, presque nettes. Ce petit dépôt qui s’accroche sur les rebords est gras. Il provient du dernier tir qui n’a pas été passé au nettoyage de la « brosse graissante ».

Les cookies (brosses graissantes) nettoient certainement mieux que la semoule qui  ne sert qu’à remplir le vide de la chambre mais n’est pas prévu pour  « ramoner » ensuite le canon.

A suivre,  pour les essais comparatifs…. et la 2ème partie.

 

Vidéo

13- La visée sur un Colt 1860, un défaut défaut propre à tous les Colts?


Ayant entendu différents tireurs déclarer que leurs « répliques  Pietta » fonctionnent bien, je me suis décidé à tester un COLT 1860 de ce fabricant. De prime abord, le revolver paraissait correct, avec un mécanisme souple et un alignement des chambres et du canon prometteur! Mon seul embarras:  le guidon m’a semblé ridiculement bas et « rustique »!  Ce qui entraine un problème concernant la qualité de la visée, car un guidon court rend impossible tout réglage de sa hauteur: il ne peut ni être rehaussé, ni raccourci. Le raccourcir quand il ne fait que 2 à 3mm de  hauteur,  lui enlèverait toute visibilité dans le cran de mire. Le rehausser n’est possible que si on le remplace par un guidon sur queue d’aronde, généralement trop haut pour une ligne de visée qui colle au canon!  On peut toujours réduire, mais encore faut-il savoir façonner de si petites pièces avec une lime. C’est le même problème pour les guidons de type grain d’orge qui correspondent à une visée à fleur du canon.

guidons

Voilà donc une énigme qui m’a conduit à vérifier différents types de Colts  (des répliques et des  Colts Centaure).  J’ai alors constaté  que ce problème se posait pour tous les COLTS de ma collection, ce qui me laisse totalement perplexe. Que faire avec une arme dont le canon s’incline vers le bas par rapport à la ligne de visée? Une telle anomalie ne peut être due qu’à une erreur du concepteur  initial ou du fabricant de la réplique.  Qu’en était-il des COLTS  d’origine ?

Un principe simple prévaut en matière de visée (si le cran de mire est fixe): plus le guidon est haut, plus il descend l’axe du canon par rapport à la ligne de visée (ou de mire), et plus l’arme tire bas. Inversement, plus le guidon est bas, plus l’axe du canon monte par rapport à la ligne de mire, plus l’arme tire haut. En principe un guidon de révolver doit pouvoir être ajustable et de ce fait il faut prévoir au départ une hauteur maximale  et minimale du guidon, de telle sorte que le tireur puisse ajuster son guidon entre ces deux possibilités: si le canon tire trop bas, il suffira de diminuer  la hauteur du guidon pour atteindre le visuel. Mais si le guidon est trop court (en hauteur),  il n’est pas possible de relever le tir en réduisant la hauteur du guidon.  Tel est donc mon problème avec de Colt 1860 Pietta.

Quelques termes à connaitre : http://ctsblv.free.fr/lavisee.pdf

LIGNE DE MIRE: c’est le segment de ligne droite qui va du centre du cran de mire/oeilleton au centre du guidon. A ce propos, on qualifie de longueur de ligne de mire la distance qui sépare le cran de mire/oeilleton du guidon, et l’on se réfère aux prolongements de ce segment vers l’oeil et la cible.

LIGNE DE VISEE c’est la ligne droite qui va de l’oeil à la cible, en passant par le centre du cran de mire/oeilleton ou par le centre du guidon.

 Donc en principe, la ligne de mire vient se placer sur la ligne de visée, ou encore, on peut dire que c’est un « segment » de cette ligne.

DEVERS ce terme désigne une quelconque inclinaison de l‘arme autour de la ligne de mire. Les Anglo-saxons désignaient à l’origine par le mot «cant» toute inclinaison de l’axe horizontal sur lequel se fait l’élévation du canon d’une pièce d’artillerie. Une tel inclinaison est ainsi perçue par le tireur.

Dans l’idéal,  le canon d’une arme (s’il est cylindrique) devrait être parallèle à la ligne de visée, donc à la ligne de mire , mais ce n’est pas le cas dans la réalité, car il faut tenir compte de la  trajectoire de la balle qui est une parabole.  Dans la réalité,  le canon doit « viser » plus haut pour que la balle monte et redescende ensuite et atteigue le point visé. Si au départ, au lieu de tirer plus haut,  le canon tire plus bas que la ligne de visée, il ne peut en aucun cas atteindre le point visé.  Dans ce cas, on fait une contre visée: on relève la ligne de visée d’une hauteur telle que la ligne de tir réelle touche l’objectif.

flèche

Venons en maintenant au cas de mon COLT 1860 PIETTA. Les premiers essais de tir à 25m m’ont laissé consterné: aucune balle dans la cible de 50X50 aux 25m!  J’ai donc fait un tir à 12m de la cible pour  voir où les impacts se trouvaient: ils touchaient quand même le bas de la cible. A 25m les impacts passaient donc sous la cible, ce qui  me conduisait à dire que ce revolver était défectueux!  En fait à 25m, pour atteindre le bas du  visuel (7 ou 8), il fallait viser tout en haut de la cible (contre visée très importante).  Devant une telle anomalie, j’ai alors vérifié la pente du canon par rapport à la ligne de mire. En utilisant une règle, j’ai constaté que le canon s’inclinait nettement vers le bas par rapport cette ligne (qui va de l’œil à au point visé de la cible, en passant par le guidon et le cran de mire) .  Voici la photo. On voit bien l’angle qui s’élargit, entre le canon et la règle (voir schéma N°1). Un défaut de conception étonnant!

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Or, cette anomalie n’en est pas rare puisque de nombreux revolvers présentent une telle conception que je schématise dans le tableau 1. Pour ceux qui achètent des revolvers à PN, et surtout des COLTS,  il est recommandé  de se munir d’une règle pour éviter toute mauvaise surprise au stand.

visée 11

visée 2

Dans le cas du COLT PIETTA, comme pour presque toutes les répliques de COLTS et d’autres revolvers, la hauteur du guidon est donc prévue pour que l’arme tire plus bas que le point visé (le centre de la cible) !

Du fait que le cran de mire (qui est placé sur le chien) est trop bas, on est quasiment obligé de mettre un guidon très court.  Or il est impossible de concevoir un Colt avec un chien qui viendrait très au dessus de la ligne supérieure du canon (en rouge dans mes schémas)  : la hauteur du chien (et du cran de mire) est imposée par la hauteur du barillet qui est sous le niveau supérieur du canon. On voit que la règle, quand elle repose sur le guidon et sur le chien en position « armé », a son appui plus bas du côté en appui sur chien.  La situation est encore pire avec un guidon de Centaure  qui est très haut: la pente descendante est énorme, mais dans le cas du Centaure, le guidon peut être réduit, ce qui malheureusement nuit à son esthétique !  L’hypothèse que je fais est que la conception même du Colt, avec le cran de mire placée sur le chien pourrait être la cause de ce défaut de la visée des revolvers à carcasse ouverte. Mais Est-ce bien le cas?

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Je suis embarrassé par ce constat et je parcours internet pour y trouver des articles qui traitent cette question; il semble que les armes utilisées tirent « trop haut » et ceci malgré des guidons courts, je suis donc en contradiction avec les commentaires qui sont diffusés. En voici quelques uns :

  1. « En règle générale, les répliques italiennes des « Colts » 1851 à canon de 7″1/2 ont un guidon relativement court,  l’arme étant la réplique d’un revolver conçu à l’origine pour un tir à 75m. Résultat: tirs trop hauts à 25m. Il faudra donc le réhausser de 1mm voir 2mm selon la charge de poudre utilisée. En gros il faut compter 1mm en plus pour descendre l’impact d’environ 15cm (toujours à 25m). Sinon il reste la contrevisée. »
  2. Contre avis (adada): « A 75 métres, c’est pour arroser les armées napoléoniennes bien rangées ! Le vieux rabache, … le revolver est une arme de défense rapprochée, ca sert à viser le buffet. »
  3. Contre-contre avis : « Pas tout à fait d’accord avec adada. La philosophie d’emploi des armes de poing militaires au XIXs n’était pas tout à fait la même que de nos jours. Les cahiers des charges des revolvers en .44 demandaient des tirs précis à 100 yards. Le 1860 militaire était même prévu être transformé en petite carabine par l’adjonction d’une crosse. C’est pourquoi les guidons étaient si bas, pour viser plein centre à ces distances. Et à l’inverse, en auto défense à très courte distance, le canon aligné vers la cible et ça « rentre », pas besoin de viser… Les répliques de Remington type « match » sont fournies avec un guidon trop haut pour que les tireurs puissent l’adapter à leur visée, partant du principe qu’il est plus facile d’enlever de la matière que d’en remettre. Pour les carcasses ouvertes, les fabricants italiens respectent plus ou moins les modèles d’époque, puisque elles sont peu utilisées en compétition. Et si il est assez facile de fabriquer un nouveau guidon pour un Colt Walker, Dragoon ou Army, le grain d’orge d’un 1851 est beaucoup plus problématique.
  1. « Il est classique que les révolvers à poudre noire tirent trop haut; C’est parce qu’ils étaient réglés pour tirer plus loin. »

Tout cela reste très imaginatif et en contradiction avec ce revolver qui tire trop bas à 25m ou à 12m!  Il est certain que plus le guidon du revolver est haut plus on peut s’attendre, à ce qu’il tire bas, et au contraire plus le guidon est bas, plus il devrait tirer haut et loin, mais se limiter à ne considérer que le guidon est une erreur de raisonnement, c’est pourquoi, ce qui est déterminant, c’est de vérifier le parallélisme relatif de l’axe du canon et de la ligne de visée, et  dans le cas  où ces deux lignes sont sécantes,  ou au contraire s’écartent, d’en tirer des conclusions (selon les tableaux 1 et 2). il y a aussi la question du positionnement du guidon dans le cran de mire qui peut intervenir, selon que la pointe du guidon vient ou non sur la ligne horizontale du cran de mire et selon la profondeur du cran.

Il apparait que les Colts dont la ligne de mire est à fleur de canon,  sont donc particulièrement contrariant pour celui qui veut un revolver avec une visée « adaptable », puisqu’on ne peut ni installer une hausse réglable, ni monter un guidon dérivable et réglable. Mais en réalité d’autres revolvers que les Colts présentent ce même défaut exposé dans mon tableau 1. Ayant  contrôlé en effet la visée de différentes répliques de Colts je place la règle sur un Remington 1858 HEGE, une arme très bien finie, et là encore,  je trouve la même pente descendante du canon par rapport à la ligne de mire! Mais, du fait de la hauteur du guidon, on peut sur ce revolver réduire cette hauteur et peut-être inverser la pente du canon si nécessaire (il ne resterait alors sans doute pas grand chose du guidon dérivable). Généralement les tireurs ne touchent pas  au guidon d’un revolver de prix pour ne pas dévaluer l’arme…  et il ne leur reste qu’à faire des contre visées.

??????????Ce n’est donc plus un défaut, c’est un choix probable des concepteurs et des fabricants! Quelle en est la raison? Je cherche sur le net et je ne trouve rien sur ce sujet.

Dans le club de tir que je fréquente,  je lance un débat sur cette question, mais nos amis tireurs n’ont pas de réponse précise et se trouvent embarrassés. Certains s’en tiennent à un argument souvent entendu : « Avec les armes anciennes, c’est comme ça, il faut contre viser ». Dans de telles conditions, la contre visée devient une religion  et ma question reste sans réponse, à mon grand regret. Comme dit un membre de mon club, « Si tu ne veux pas faire de contre visée, ne tire pas avec des armes anciennes »!   Un tireur évoque l’idée de réduire la longueur du barillet et de serrer la clavette pour relever le canon, ce qui entraine des contraintes sur la clavette et sur l’axe du barillet. Solution qui est dommageable au revolver.  Il faut éviter d’utiliser la clavette pour lui faire subir des efforts trop important, car l’axe sera endommagé et le revolver  prématurément détérioré. La solution dans un cas de figure de ce genre est la suivante:

  • soit de réduire la hauteur du guidon (ce qui est difficilement envisageable sur ce revolver avec un guidon très bas)
  • soit de remonter le cran de mire par rapport à l’axe du canon (ce qui est impossible également sur ce revolver)?

Double difficulté, sinon impossibilité.  J’avais déjà eu à résoudre ce problème délicat sur un Colt 1851 fédéré UBERTI, qui m’avait été vendu d’occasion: très joli revolver, mais on cherchait les balles sous la cible au 25m!  J’avais alors fait allonger le chien par un armurier (environ 2à 3 mm), travail de soudure sur acier difficile, mais qui avait été réalisé avec une parfaite efficacité! Le cran de mire avait été refait: un vrai travail d’artiste!

Mon COLT PIETTA tirait  donc nettement trop bas et  j’ai pu obtenir de l’armurier qu’il me le remplace, car c’est un armurier qui ne se contente pas de vendre, il veut vendre des armes qui fonctionnent.

COLT Pietta 2

Voici le nouveau Colt qu’il  m’a remis en remplacement du précédent. Cette fois- ci avant de l’emporter, j’ai utilisé ma règle et j’ai constaté que l’axe (la pente) du canon  était apparemment parallèle à la ligne de mire, ce qui devrait certainement améliorer la visée par rapport au précédent.

Ce jour de mars 2015, j’ai procédé à un 1er essai au stand et le résultat a dépassé tous mes espoirs : ce Colt 1860 Pietta tire « point visé point touché » à 25m et fait un excellent groupement.  Sur 2 barillets, 12 balles étaient serrées dans le visuel. Pas  de contre visée à faire!

Devant ce résultat, il ne fait pas de doute que le Colt 1860 est un revolver performant et que contrairement à la légende qui stigmatise les Colts, il est au top! – enfin presque,  c’est à dire si la visée est fonctionnelle !  Comme quoi on peut tirer avec des copies d’armes anciennes sans utiliser des recettes de tir que je trouve peu attractives pour le tireur que je suis. Chacun son projet :  un revolver qui à 25m fait joli un groupement de la taille d’une orange dans le visuel, cela me suffit… Je me place dans des conditions  courantes de tir: balle triées sans être pesées et charges obtenues avec une doseuse Lee, sertissage avec ma presse sur un sabot der chargement.

Si on veut « faire du point », on peut aller plus loin dans la préparation, peser chaque balle, peser chaque charge au 1/100ème de g, etc, mais c’est une conception qui n’est pas la mienne: cela prend beaucoup de temps. Des tireurs de compétitions iront jusqu’à dire que le degré d’humidité de la pièce, la température  sont des variables qui interviennent dans la pesée de la poudre et influent sur la précision.  On est loin du tir « cow boy » !  En outre, une arme de compétition fait l’objet d’une étude très attentive de ses performances selon la charge de poudre, le poids du projectile, car augmenter la charge par exemple, c’est modifier la trajectoire. De tels préparatifs très exigeants sont nécessaires si on veut pratiquer le tir de « tir sportif », c’est à dire entrer dans la compétition. Ce la suppose des essais, une connaissance de l’arme, c’est  presque un lien fort entre le tireur et son instrument.

Pour moi, en temps que tireur de loisir,  il en est des flingues comme des femmes, je ne suis pas monogame et mon plaisir est d’en changer!  Je ne demande à un flingue que de me permettre de loger mes projectiles dans le noir de la cible et dans le meilleurs des cas de faire un joli groupement…  Si je veux vraiment faire mieux, je choisis une arme qui donne de très bons résultats et j’affine le chargement. Voilà donc un revolver Pietta qui fait de joli groupements, sans avoir ni canon progressif, ni canon match, etc,  et pour un prix de 300 euros. Cependant, le fait de constater que d’un revolver 1860 à l’autre de cette marque Pietta, des variations de l’angle entre le ligne de mire et la ligne supérieure du canon existent, cela m’interroge fortement: il faudrait voir si ce défaut est constaté sur plusieurs armes du fabricant, auquel cas la qualité de fabrication n’est pas stable. J’ai également constaté que les crosses ne s’inter-changent pas parfaitement, car elles demandent des ajustements! Bizarre.

Soyons clairs! La contre visée est une solution souvent utile pour rectifier le tir d’une arme bien connue, dont on sait qu’elle ne touche pas le point visé, mais cette rectification doit être raisonnable: pas question de tirer 20 à 30 cm au dessus de la cible, pour atteindre le visuel, avec une arme neuve, sinon c’est une daube.  Pour ma part, la contre visée reste la solution « ultime » pour des armes d’occasion.

Vers une innovation concernant la visée des Colts dont le chien est trop bas, trop peu stable, etc

Je reviens sur la problématique de la visée d’un COLT et sur les solutions évoquées:

visée 1860

La  première solution ne prévoit une modification assez importante : réduire la longueur du barillet nécessite de passer par un atelier de mécanique de précision : c’est risquer de c réer un entrefer important et pour ma part, cette solution me parait désastreuse.

 visée 1860 modif1 Il existe deux solutions qui n’endommagent pas le revolver, mais la plus difficile à réaliser est la rehausse du chien qui consiste en un travail de soudure assez délicat. On pourrait fixer un élément à l’extrémité du chien qui servirait de cran de mire (une tête de buffle, etc);   ça peut devenir « pittoresque »…  La fixation d’une hausse sur le canon  n’est envisageable que si le canon est assez long, ce qui est le cas des Colts 1860 par exemple. Bien sûr,  ce rétrécissement de la ligne de mire fait perdre en précision, mais d’un autre côté, les différents organes de visée gagnent en stabilité, ce qui est utile pour des armes usagées qui ont pris du jeu.  En ce qui  nous concerne, avec un revolver qui tire trop  bas, nous avons le choix entre la contre visée  totalement aberrante, une hausse sur queue d’aronde avec un  rétrécissement de la ligne de mire ou une intervention sur le chien.

visée 1860 modif2Cette expérience m’a conduit à rechercher une solution pour installer une hausse sur les Colts dont les organes de visée sont effectivement rudimentaires. L’objectif qu’elle soit  démontable mais  stable, ce qui exclut qu’elle soit placée sur une pièce mobile  (ce qui est le cas du cran de mire sur le chien)  et qu’elle soit ajustable aussi bien en hauteur que latéralement. Cette solution n’est pas exactement celle de la hausse implantée sur le canon.

Sur le canon des Colts 1860 d’origine et sur des Walker 1847 des hausses très rudimentaires ont été placées,  sous la forme d’une lame montée sur queue d’aronde? Mais le canon du Colt 1860 étant rond, il est difficile de l’installer avec une parfaite horizontalité. J’ai donc conçu une pièce qui va servir de hausse et qui ne nécessite aucune transformation de l’arme.  Actuellement les essais sont en cours et j’espère pouvoir parvenir à une solution …

Il arrive que certains Colts (notamment les Centaure) dispose d’un guidon très haut: il faut alors limer le guidon, mais cette opération demande des précautions et pour éviter un sabotage de l’arme, à la suite d’une réduction excessive du guidon, il faut « estimer » la hauteur à réduire par un calcul. Voici la méthode d’estimation qui est valable pour toute arme, revolver ou carabine: .

Application du théorème de THALES au réglage d’un guidon de carabine ou de revolver.

L’exemple que je propose est purement théorique et les calculs doivent être adaptés à l’arme dont on veut modifier le guidon, après un essai de tir en cible . A une distance de 25 mètre, on tire 40 cm en dessous du point visé au centre de la cible ! Comment ramener le point d’impact au point visé ? Le guidon qui a une hauteur de 1,2 cm étant trop haut, il paraît donc facile et raisonnable de le limer, c’est la procédure habituelle, mais avec les précautions d’usage.

ligne de visée

1ère solution : on réduit le guidon en hauteur pour relever le canon, mais de combien de millimètres ? Avant de limer au « pifomètre », on va estimer l’importance de la réduction de la hauteur que nous allons appeler (x) .

 

Soient A, B, C les points suivants sur l’axe de la visée : A, (cran de mire de la hausse) ; B (sommet du guidon) ; C point (visé dans la cible)

Sachant qu’il faut supprimer en cible un écart de 40 cm à 25 m (distance CC’ / flèche rouge) pour remonter le point touché C’ sur le point visé C, il faut donc trouver la hauteur (x) de réduction du guidon (distance BB’/ flèche rouge),. On applique alors le théorème de Thalès en raisonnant sur la réduction (c’est-à-dire en recherchant la distance x qui doit être enlevée au guidon). Dans notre exemple, le guidon est placé à 55 cm de la hausse. Il a une hauteur de 12 mm (dont 8 mm en laiton qui peuvent être limés), mais la base de 3 mm ne peut pas être réduite et il faut laisser 1mm au moins de laiton. Peut-on alors réduire ce guidon pour remonter l’impact de 40cm en cible ?

calcul de la réduction du guidon

La réduction est donc très importante et dépasse le maximum qu’on peut enlever.

2ème solution : La solution consistera donc non pas à réduire le guidon, mais à monter sur l’arme une hausse plus haute qui va relever le point A. Les visées à dioptre permettent facilement de relever la hauteur de la hausse. Un dioptre est idéal pour du tir en cible, mais la vision de l’objet visé (en cible) est affectée par cet accessoire, car elle l’encadre et ferme l’espace visuel. Il existe cependant des hausses réglables montées sur queue d’aronde, qui sont parfaitement adaptées à cette adaptation de la visée de l’arme. On a donc le choix du matériel pour cette solution.

De combien faut-il alors relever le cran de mire? Les hausses étant réglables, on précédera à des essais et on pourra non seulement l’adapter au tir à 25m, mais aussi au tir à 50m, 100m.

LA HAUSSE AMOVIBLE / REDUCTEUR D’ENTREFER,  POUR COLTS, façon PSRauben

Cette solution est trouvée :  il s’agit d’une rondelle dont l’épaisseur s’ajuste à l’arme. Elle tient compte de l’entrefer:  s’il est trop important,  elle permet de le corriger, ce qui est tout  à fait utile pour une arme qui a pris de l’âge et qui a été malmenée. L’intérêt de cette solution, c’est qu’elle ne demande aucune modification de l’arme, on ne se sert plus du chien (avec ses inconvénients) comme cran de mire,  et si  on veut ramener l’arme à son état d’origine, il suffit de l’enlever.  A chaque changement de barillet, on nettoie la hausse;

La hausse en place, elle ne laisse qu’un intervalle réduit (1/10 de mn) pour que le barillet puisse faire sa rotation, sans frottement. Le trou A est prévu pour s’emboiter exactement sur le canon (c’est un trou conique) et le trou B est ajusté pour permettre le passage de l’axe.

Généralement, l’axe est légèrement plus fin entre la console du canon et le barillet, ce qui n’est pas le cas de tous les Colts d’origine qui sont parfaitement cylindriques. Ceci pose un problème parce que la rondelle prend alors un peu de jeu au point B et la ligne horizontale de hausse peut alors se placer très légèrement de biais, mais en fait, c’est négligeable si le trou B est vraiment bien ajusté à l’axe dans sa partie la plus épaisse.

hausse pour Colts2

Cette hausse est un prototype pour vérifier si le barillet ne se bloque pas lors des tirs, du fait de l’encrassement. La hausse amovible tient bien en place et conserve son horizontalité avec les deux points d’appui A et B. La hauteur de la hausse est faite sur mesure, ce qui veut dire qu’on a préalablement estimé de combien elle doit être relevée par rapport au chien.  Le cran de mire est ensuite taillé et réglé à la lime, après essais, pour tirer au plus juste dans l’axe du canon. Evidemment l’arme perd en précision du fait du raccourcissement de la ligne de visée (entre le guidon et la hausse), mais l’arme retrouve son efficacité dans la mesure où elle ne tire plus sous la cible!  Et pour un tir rapide à courte distance, on place très facilement la cible dans la ligne du canon et on se place tout de suite sur l’horizontale qui passe par le point visé.  Selon le schéma ci-dessous, on utilise les  axes horizontaux et verticaux qui passent par le centre du visuel ou par le point visé,  car on veut une hausse qui tire « point visé, point touché ».  La hausse est alors très  fonctionnelle.

hausse

Le prototype peut être modifié pour rentrer dans l’esthétique du Colt, il le sera sans doute, car l’argument qui m’est objecté, c’est que cette hausse modifie l’aspect du Colt!  Pour ma part, j’utilise cette hausse telle qu’elle est,  car elle est vraiment excellente pour le tir rapide pour lequel les points de repères (les deux axes)  doivent  être très rapidement maîtrisés.

DSCN0246 DSCN0247

Cette pièce demande un travail d’atelier précis et compliqué! La hausse réduit donc l’entrefer et augmente la pression des gaz sur la balle, puisque la déperdition à la jonction du canon et du barillet est réduite..  En même temps la hausse recouvre les chambres voisines de celle qui vient d’être tirée et de ce fait les graisses devraient être moins soufflées.  Ceux qui m’ont objecté que la perte en précision est regrettable, ont un raisonnement complètement irrationnel, à moins qu’ils refusent d’utiliser un Colt Sheriff en raison de cet argument et se cantonnent dans l’usage des Colts à canon standard! C’est un argument qui s’inscrit dans une logique de compétition. Avec cette hausse mobile, un Colt considérée comme inutilisable parce qu’il tire trop bas, devient un revolver parfaitement fonctionnel pour du tir rapide, sur cible jusqu’à 15m, par exemple; la perte en précision est compensée par un gain d’efficacité si on remplace l’objectif de précision à 25m (qui est d’un usage purement sportif) par un tir instinctif à 10-15m, ce qui correspond à un fonctionnement Cowboy Action Shooting  ou au tir avec un Colt sheriff à canon court qui n’a pas plus de longueur de visée que ce colt à canon long équipé d’une hausse mobile!   Rappelons-nous qu’une arme reste un instrument de défense face à un agresseur qui se trouve à courte ou moyenne distance. Elle n’est pas simplement destinée à tirer dans du carton à 25m!  Je considère donc que la hausse amovible est fonctionnelle par rapport à cet objectif, car elle ne réduit  la visée que de 2cm par rapport au Sheriff.

visée 1860jblbc

12 – Comparaison entre les Colts à PN et les revolvers à carcasse fermée: remington 58, Rogers & Spencer et ROA


??????????De longue date je me suis promis de faire un état comparatif entre ces deux catégories de revolvers à PN: un sujet qui revient régulièrement, mais qui n’est pas traité avec les critères pertinents! Je ne tiendrai cependant pas compte du critère de précision qui dépend de trop nombreux facteurs. J’ai incorporé quelques photos de revolvers pour qu’on puisse comparer  les organes de visée et les crosses. Je lance  la polémique.

Je rappelle que cet article suppose une lecture de mes premiers articles  notamment celui sur le fonctionnement des Colts ou une connaissance des revolvers à PN.

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1/  L’avantage est aux revolvers à carcasse fermée pour la  stabilité du Canon et du barillet

Pedersoli-R&SPartons d’une opinion communément admise qui généralement ferme le débat: la carcasse fermée d’un revolver à PN présente une bonne stabilité au cours du tir et avec le temps, elle ne prend pas de jeu. J’ajoute qu’il n’est pas possible de forcer les pièces d’une carcasse fermée,  l’assemblage n’étant pas mobile. Par contre  un Colt est un assemblage qui prend du jeu. Une opinion assez répandue incite à forcer  la clavette pour la  bloquer « à fond ».   Un colt Pietta neuf sortant d’usine est vendu avec une clavette totalement bloquée! Je connais un vendeur d’armes  à PN qui a le coup de maillet « brutal » et qui affirme avec sérénité qu’une clavette neuve se doit d’être matée!  

Parce  que ce type de Revolver est considéré comme plus traditionnel, plus expérimental, un peu dans la tradition des  Walker 1847, on charge davantage en PN pour augmenter les « sensations ». Ce n’est bien sûr pas le cas de tous les tireurs. Les charges excessives dans les Colts créent des chocs mécaniques importants et répétés sur l’axe et la clavette notamment. Les aciers de ces armes étant assez tendres, les pièces prennent du jeu. Le point de fragilité, c’est donc la clavette et le passage dans l’axe du barillet qui s’élargit, ce qui crée également un entrefer important. 

Un vieux Colt qui a été maltraité présente souvent du jeu même entre l’axe et le « bloc canon » (la console du canon), ce qui fait que la clavette, même serrée à fond,  ne suffit plus à garantir la cohésion. Un canon qui bouge enlève à l’arme sa précision. Je recommande d’ailleurs d’éviter l’achat de colts d’occasion sur internet, c’est à dire quand on ne les a pas testé en mains avant l’achat, car bon nombre d’entre eux ont des axes fatigués.

Sur un colt, il faut retailler la clavette pour lui donner une forme trapézoïdale. Une bonne clavette doit dépasser de 2mm  au moins pour qu’il soit possible de la sortir facilement. Retailler une clavette pour la rendre plus trapézoïdale est nécessaire chaque fois que le clavette ne traverse pas. Poussée à fond, simplement avec la paume de la main, elle ne bougera pas. Il faut s’assurer qu’elle passe par les trois fenêtres et limer tout ce qui bloque, en particulier la languette, mais en obtenant la largeur exacte aux points d’appui: c’est un travail  délicat. Pourquoi ne pas supprimer cette languette-ressort  qui ne fait que compliquer l’extraction? Il suffira alors de faire entrer  la clavette un peu plus profondément pour qu’elle compense le jeu, alors qu’une clavette presque rectangulaire ne joue plus aucun rôle en cas d’usure de la fenêtre dans l’axe . Forcer est alors inutile.  

rem 1858 Uberti inox

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J’admets donc que la carcasse fermée d’un Remington 58, d’un R&S ou d’un ROA maintient le canon de façon plus rigide que le système Colt et que sur un revolver à carcasse fermée, il n’y a pas de pièce particulièrement exposée au choc. Par contre, ces revolvers présentent une fragilité de l’axe, surtout le R&S. L’axe de ces revolvers à carcasse fermée est réduit à une tige (« the pin » en anglais)! Il est d’ailleurs intéressant de constater que le concepteur du Starr à supprimé cet axe, en donnant au  barillet une double fonction; celle de faire office d’axe de rotation des chambres et celle de contenant du chargement. Une idée très novatrice!

Le principe des Colt où le canon est maintenu par l’axe du barillet, la clavette, ainsi que par les 2 ergots est certainement moins fiable, bien que ce système soit assez bon, si on respecte l’arme.

Ceci étant,  l’argument ne suffit pas  à emporter mon adhésion pour un revolver à PN à carcasse fermée. Car je trouve que la carcasse fermée entraine des  risques de blocage de balles et de blocage des barillets : ces revolvers doivent être chargés et sertis avec soin pour éviter des balles flottantes dans les chambres. Je me suis rendu compte de cet inconvénient, en procédant à essais de  cartouches papier  dont les imbrûlés formaient des bouchons à l’entrée de canon, ce  qui bloquait la rotation du barillet! Il  fallait alors interrompre le tir et extraire ces morceaux de papier pour pouvoir débloquer le barillet et le déposer. C’était toujours laborieux, alors qu’un Colt ne présentait pas cet inconvénient.

Il est donc clair que les carcasses fermées sont des systèmes prioritairement destinés aux revolvers à  cartouches métalliques (pas de balles flottantes, pas de résidus cartonnés, et des cartouches dont la longueur est parfaitement adaptée) et aux revolvers à PN dont les balles sont parfaitement calibrées et les chargements parfaitement réguliers. Ceci tord le cou à l’idée que les colts sont vétustes. Les Colts à PN  sont des revolvers destinés à un usage ordinaire, avec une bonne tolérance aux imperfections de chargement. Ce sont des armes rustiques, d’un entretien simple et d’un fonctionnement souple.

 Je rappelle que j’ai procédé à ces essais de chargement rapide (ma vidéo ayant été censurée sur le net,  je prévois de la publier à nouveau) et si le Remington est plus rapide que le Colt, il ne prend guère que quelques secondes de plus , si toutefois le Colt est préparé comme je le prépare, avec une clavette qui n’est en aucun cas bloquée .

2/ L’avantage est aux revolvers à carcasse fermée pour les organes de visée

Sur les revolvers à carcasse fermée, quasiment soudée au canon,  on dispose  d’une hausse et d’un  guidon qui sont l’une et l’autre liés à ce bloc rigide, alors que sur un Colt ces deux organes sont placés sur un assemblage qui peut devenir instable, qui peut prendre du jeu et avoir une incidence sur leur alignement .

D’autre part, sur une carcasse fermée, ces éléments sont réglables l’un comme l’autre, c’est pourquoi, le Remington, comme le R&S ou le ROA peuvent être équipés de hausses réglables, et du coup de guidons très performants qui n’ont plus rien à voir avec les modestes guidons d’origine et encore moins avec les crans de mire d’origine, entaillés dans la carcasse:  la hausse  permet un double réglage latéral et en hauteur, ce qui est un argument très attractif  pour ceux qui ne visent pas la compétition (ce sont les modèles dits « target »!)

 En simple Action, il faut attendre que le chien soit armé pour prendre la visée. Sur un revolver à carcasse fermée, le chien n’intervient pas dans la visée et la hausse fixée sur la carcasse doit se trouver au dessus du chien quand il est armé. Mais sur un Colt, c’est le chien qui sert de hausse et qui doit se trouver au dessus du niveau du Canon et du barillet.  Or le chien est un organe mobile qui n’est jamais parfaitement positionné au centre de la tranchée qui traverse la partie arrière de la carcasse. Sa stabilité et sa position dépendent souvent de la tension du grand ressort de chien qui agit sur lui. Avec le temps, le chien peut prendre du jeu et donner un point de mire aléatoire. C’est un des aspects le plus critiquable du système Colt. Avec un chien qui bouge, la visée est de moins évidemment de nettement moins bonne qualité.

Sur les colts, il n’y a donc pas de hausse réglable: tout réglage de la visée doit se faire avec le guidon que l’on peut cependant déplacer latéralement (si le guidon est monté sur queue d’aronde)  et que l’on règle en hauteur en le limant (s’il est assez  haut) … ou encore en le changeant, s’il est  démontable (monté sur queue d’aronde).

Ce  n’est pas facile de modifier le guidon d’un Colt, surtout sur un Colt 1851 avantageusement doté d’un guidon modèle  « grain d’orge », une perle, spécialité Pietta… qui n’est ni réhaussable,  ni réductible en hauteur, ni  remplaçable par un guidon monté sur queue d’aronde (qui serait bien trop haut).  Avec un grain d’orge, si le revolver tire trop haut, on peut quand même le remplacer par un guidon plus haut, c’est toujours possible. Mais si le revoler tire trop bas, il n’y a pas de solution.  La seule solution, très difficile à réaliser,  c’est de rallonger le chien, tout en  lui conservant sa courbure, et de retailler un cran de mire (il faut trouver un armurier qui accepte de le faire) ! Donc pour la visée, les colts 1851 (Pietta) sont des armes peu adaptées au tir de précision. C’est un inconvénient « majeur ». Le tireur, (peut-être par masochisme), est alors obligé de procéder à une contre visée qui enlève au tir tout son attrait.

Par contre…  les Colts 1860 EUROARMS, ASM, et CENTAURE et les Walkers, ont (en principe) des guidons arrondis, très hauts que l’on peut toujours adapter (ou  remplacer par des guidons montés sur queue d’aronde). Seuls les  UBERTIS ont des guidons bas et triangulaires horriblementvlaids, qui ne sont sans doute pas conformes aux modèles d’origine. Je ne parle pas du 1860  PIETTA qui,  quant à lui,  a un guidon pitoyablement bas, ce qui suppose que les cotes de l’arme aient été modifiées! C’est l’équivalent du grain d’orge, mais version « asticot ». Tirer avec ça, c’est la galère :  je viens d’en acheter un,  histoire de vérifier s’il tire aussi bien qu’on le dit actuellement, mais avec ce guidon à l’économie, je suis septique et contrarié: je croise les doigts pour que mon nouvel achat qu’il tire trop haut. Je pourrais alors le réhausser  avec un de mes jolis  guidons monté sur queue d’aronde, avec une fibre optique  rouge, visible dans le noir de la cible: cela ira très bien  avec l’acier poli et la crosse en résine blanche supposée imiter l’ivoire, est qui est aussi lisse qu’une fesse de bébé . Il va falloir que je remplace la crosse par quelque chose de moins lisse et moins charnel: la travailler au fer à souder !

3/ L’avantage est aux Colts à carcasse ouverte concernant l’extraction du Canon et du barillet

Vcentaure ukgzhzous allez dire que l’extraction d’un canon du Remington ou de tout autre Revolver à carcasse fermée est évidemment exclue! Je veux dire en fait que l’extraction du canon est  très utile, pour ne pas dire essentielle,  concernant les revolvers à PN:

  • pour nettoyer le canon après le tir. En effet, ce sont des armes qu’il faut nettoyer et pouvoir enlever le canon est recommandé, alors que pour un Remington, le nettoyage se fait avec tout le Revolver, d’un  seul bloc, puisque seul le barillet peut être déposé facilement,  ce qui est nettement moins pratique. Pour placer le Revolver dans un bac à Ultra son (si la crosse est en résine), il est préférable qu’il soit un peu démontable. En contre partie, un remington demande beaucoup moins de nettoyage, parce que la poudre brûlée,  grasse et encrassante, se disperse nettement moins derrière  la carcasse et dans la platine.
  • un argument très important:  le désassemblage du Canon et de la carcasse est presque nécessaire pour débloquer un barillet quand une balle s’est bloquée entre une chambre et le canon. Ce type d’incident survient  au cours du tir, quand la balle est légèrement  sous calibrée : elle sort au cours des tirs et dépasse de la chambre. Dans ce cas, on enlève le Canon, on dépose le barillet  et on remet la balle en place. C’est une opération facile, rapide et sans réel danger. si elle dépasse de trop, on coupe l’excédent de plomb et on tire la balle simplement pour vider le barillet.

Par contre, les Remington et les R&S se bloquent totalement si au cours de la rotation du barillet une balle « dépasse » d’une chambre,  et empêche le barillet de tourner ou le bloque, ce qui arrive  quand on n’a pas laissé suffisamment d’espace entre la balle et la sortie de la chambre,  lors du chargement et que celle-ci commence à sortir ou affleure. Il faut donc laisser 2mm environ d’espace libre au-dessus de la balle une fois celle-ci sertie pour éviter un blocage et pour pouvoir mettre la graisse. Ce léger retrait de la balle est une précaution à prendre pour éviter tout risque de blocage en cours de tir. d’autre part, si la graisse affleure vraiment, elle est soufflée dans toutes les chambres au moment du tir? Un peu de profondeur permet de maintenir la graisse.

En cas de blocage d’un barillet de revolver à carcasse fermée, il faut faire très attention ! La manipulation de l’arme chargée, surtout au Cours de cette opération  est dangereuse  et doit se faire hors du stand de tir. L’idéal, c’est de parvenir à enlever l’amorce , mais il se trouve que quand la balle bloque la rotation du barillet, la cheminée n’est déjà plus accessible!  Il faut alors bloquer le chien pour éviter qu’il ne percute l’amorce.  Sachant qu’on ne peut pas faire tourner le barillet à l’envers  sans endommager son mécanisme, on va alors attaquer la balle avec un instrument tranchant jusqu’à ce qu’elle ‘passe » et qu’on puisse la « tirer »,! Elle sera alors  déformée.  Mais l’essentiel est de pouvoir libérer le barillet, car sur une arme à carcasse fermée, un barfillet  bloqué ne peut pas être extrait! Les « fans des revolvers à carcasse fermée omettent d’aborder cet inconvénient majeur! Il m’est arrivé, faute d’avoir un couteau à portée de main, de quitter le stand en catimini avec  l’arme chargée dans la malette et d’extraire la balle au retour à mon domicile! Je n’aime pas beaucoup ce genre d’incident, car il y a du monde sur un stabd de tir et certaines manipulations sont totalement impossibles.

Par ailleurs, il arrive que le démontage et le remontage d’un barillet sur un Revolver à carcasse fermée soit parfois  laborieux,  notamment sur un R&S, et même sur un Remington 1858 réputé offrir un démontage facile, presque instantané: il arrive que l’axe se bloque au moment du remontage, parce que la vis de blocage mal positionnée,  empêche de réintroduire l’axe. il y a également les frottements (surtout quand il s’agit d’inox qui exige de l’huile), ainsi que le mauvais alignement des pièces, sauf quand il s’agit de modèles très précis comme les FEIN, où les  axes sont parfaitement alignés et emboités: de l’horlogerie! C’est également dû à la difficulté de placer le doigt élévateur ainsi que le verrou au moment où on remet le barillet en place : il faut faire en sorte que l’un et l’autre ne gênent pas l’entrée du barillet dans la carcasse. Or ça rentre pile-poil, et si l’un ou l’autre accrochent, ils bloquent la remise en place du barillet. Le ROA me paraît cependant facile à remonter si on connaît le « truc » que j’ai découvert par hasard.

 Ce type d’incident n’existe pas avec un Colt qui en toute circonstance permet de remettre en place le barillet. Un atout en faveur des Colts, sauf si on achète l’arme pour faire du Point (en allemand, on dit qu’un tel tireur est un « Erbsenzahler » (traduction compteur de petits pois) !

4/ L’inconvénient des Amorces « baladeuses » dans le mécanisme des Colts et le remède.

Pietta_Colt_Army_1860_CASIG44

Sur un colt, les amorces éclatées ont tendance à passer à l’arrière de la carcasse,  restant collées au chien. Elles passent par la « tranchée » dans laquelle le chien se positionne au repos et qui se trouve placée assez bas, pour  servir  de « Toboggan » aux amorces  voyageuses.  Une fois de l’autre côté, les elles tombent dans le mécanisme  (la platine) et vont bloquer le verrou ou la détente. On ne s’en aperçoit pas obligatoirement, mais lors d’un nettoyage intégral, il n’est pas rare de retrouver une ou deux amorces  dans la carcasse. Souvent, elles se signalent par un dysfonctionnement;  c’est l’inconvénient des Colts!  A mes yeux ce problème était extrêment gênant lors du tir.

Par contre, sur un Remington 58 ou sur un R&S,  jamais une amorce ne passe par le canal du chien, car la carcasse est infranchissable. Ce qui évite toute chute d’amorce dans la platine. Là l’avantage est du côté des Revolvers à carcasse fermée.

Le remède est simple : « décalotez » votre barillet (faites passer le cul du barillet à la fraiseuse, de telle sorte que les alvéoles soient totalement ouvertes, dégageant ainsi les cheminées qui seront d’une part facilement garnies d’amorces, même avec de gros doigts, et d’autre part, les amorces auront un espace dégagé qui leur permettra de tomber,  au lieu de rester coincées (voir mon article ….) et de bloquer le barillet . C’est ce que j’ai constaté, car depuis que mes Revolvers  ont été modifiés de cette façon, les amorces ne passent plus à l’arrière des carcasses sur mes Colts, C’est un constat qui n’était pas prévu et qui, est un avantage certain, permettant aux Colts  de rester des armes attractive.

5/ Les Colts offrent une meilleure prise en main.

La poignée d’un Colt est nettement plus longue que celle d’un Remington et tient bien  mieux dans la main : les Remington ont des poignées nettement trop courtes et peu confortables. Par contre le R&S est un revolver dont la poignée est peut-être trop large à la base, bien que sa longueur soit parfaite: la paume de la main est en appui sur la crosse et non en dehors. En matière de poignée, C’est sans doute le R&S qui offre la poignée la plus confortable. On se demande pourquoi les Remington 1858, ont été réalisés avec des crosses aussi courtes que des mains de soldats ne pouvaient pas tenir correctement?  C’est fait pour des enfants! Une mauvaise prise en main n’est pas un gage de précision. Le ROA est en fait un Remington 1858 modifié, qui présente un peu les mêmes proportions que le 1858 concernant la poignée, mais avec un peu plus d’aisance: la prise en main est meilleure. 

6/ Le cas du STARR: une visée qui n’est pas fonctionnelle !

La double action interdit d’utiliser la visée parce que celle-ci oblige l’arrêt du chien en position « armé ». Du coup la double action doit se faire de façon décomposée et  STARR DA n’a pas été adapté à cette utilisation: on peut le faire, mais ça ne fonctionne pas bien.  Le remède, c’est l’utilisation du STARR en simple action. Le STARR double action est pour moi un prototype inachevé en  raison de la double détente.

Ce revolver dispose d’un système mixte:  il ne dispose ni d’une carcasse fermée, ni d’une carcasse ouverte : sa carcasse est  basculante et de ce fait on retrouve le système de visée des Colts, avec le chien qui vient se placer plus haut que la carcasse et que le canon, L’inconvénient est alors encore plus accentué quand il s’agit du STARR à double action. La visée sur le chien ne permet pas de se servir de la double action, c’est une erreur de conception totale. Par contre, le STARR dispose de barillets sans alvéoles, ce qui est une audace du concepteur à laquelle je souscris, car elle évite l’enrayement de l’arme au cours du tir par des amorces éclatées.

7/ La qualité des canons sur les armes: 

C’est une variable déterminante pour la compétition. Les canons haut de gamme (match,  si c’est le cas),  les canons à pas progressifs, ou à pas rapides  jouent en faveur de la compétition. Ce n’est donc plus une question de fonctionnement.

8/ Le changement des barillets sur les revolvers à carcasse fermée:  c’est loin de fonctionner idéalement

J’ai déjà tordu  le cou à une idée reçue qui pénalise les Colts : j’affirme que contrairement à cette opinion, les Colts sont prévus pour un changement de barillet. Il suffit pour cela de ne pas forcer la clavette et de l’extraire d’un coup de la paume de la main, pour  dégager le barillet « les doigts dans le nez »!

Le Remington 1858 est réputé présenter un système d’extraction de l’axe (et du barillet) bien plus aisé et plus rapide que celui du R&S.  En principe, ceci est vrai,  mais si on fait un examen attentif de plusieurs modèles de Rem. 1858, de marques différentes, on constate que certains présentent une réelle résistance lors de l’extraction de l’axe, bien que le système soit en principe fonctionnel. Quelle en est la cause ???

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C’est tout simplement un mauvais alignement des différentes pièces, défaut dû à une fabrication un peu rustique. Par contre, j’ai un 1858 Uberti Inox dont l’axe coulisse bien, sous réserve de chanfreiner son extrémité. J’ai encore un HEGE dont l’ajustement des pièces est parfait, ce qui fait que l’axe coulisse sans résistance aucune. On est donc loin de cette image idéale du 1858 qui permet de faire « tomber le barillet les doigts dans le nez »! Pour certains Remingtons, il faut même que j’utilise un maillet et une calle en bois pour sortir l’axe, ce qui est loin  d’être compatible avec le tir rapide ! Je n’ai pas suffisamment de modèles Pietta récents pour vérifier la qualité de leur ajustement,  mais je me fonde sur  l’observation de plusieurs modèles d’anciens Remingtons qui présentent ce défaut, ce qui me fait dire qu’il faut avoir un 1858 de bonne facture pour qu’il fonctionne en tir rapide. 

Il en est de même des Rogers & Spencer, car on constate là encore que la qualité de l’ajustement de l’axe n’est pas à comparer entre un R&S Feinwerkbau et un R&S Western’s arms, par exemple, le 1er étant parfaitement aligné, tandis que le second  présente une résistance due au défaut d’alignement des pièces.  Il s’agit bien entendu de différences qui varient selon l’arme,  mais qui sont en rapport avec le procédé de fabrication et la marque.

Il est à constater que quand le Remington 1858 est mal ajusté, il est parfois nécessaire de recourir au maillet pour sortir l’axe, en frappant sur la « bosse » qui lie l’axe et le refouloir. Par contre le R&S présente un avantage considérable : on peut utiliser le levier et le refouloir pour tirer l’axe en arrière, comme on le fait sur un Colt pour extraire le canon. Le système ingénieux du 1858 permet donc de sortir un barillet sans retirer complètement l’axe (qui ne tombe pas puisqu’il est retenu par une butée), mais en cas de frottement important, cet axe n’étant pas lié au  levier du refouloir, on ne dispose que de la force exercée par la main pour l’aider à sortir du barillet, ce qui est insuffisant.  C’est donc un défaut majeur de la conception. Dans ma collection,  j’ai plusieurs copies de 1858 qui présentent une résistance lors de l’extraction de l’axe, ce qui exige un ponçage, une lubrification et un « chanfreinage » des différentes pièces. Mais parfois, il faut tâtonner jusqu’à ce que l’axe trouve le passage. Le 1858 offre donc une amélioration qui ne fonctionne que si l’ajustement est optimal, tandis que l’axe du R&S serait facile à déposer….  si toutefois une goupille ne compliquait pas les choses!

9/ Les modifications possibles pour améliorer le fonctionnement du R&S et du ROA.

pour ce qui concerne le R&S il est possible de procéder à certaines modifications  – tout en restant dans le cadre de la poudre noire.

La première consiste à supprimer les alvéoles pour éviter le défaut essentiel des revolvers à PN : à savoir le blocage de la rotation du barillet par des amorces éclatées qui ne tombent pas et qui se coincent à l’arrière du barillet.   Cette modification est absolument indispensable sur les Colts  et sur le Remington 1858;  je la crois recommandée sur le ROA dont les alvéoles restent étroites.  Elle n’est pas nécessaire sur  le R&S dont les alvéoles sont très ouvertes. Aucun changement n’est à faire sur le STARR, puisqu’il n’existe pas d’alvéoles, donc pas d’enrayement!

Le problème de la goupille sur le R&S et le ROA.

La seconde modification ne concerne pas le Rem. 1858, dont la conception est bonne – si toutefois l’alignement est correct !  Cette seconde modification concerne le R&S et le ROA, qui l’un comme l’autre,  présentent l’inconvénient d’un système de blocage de l’axe par une goupille cylindrique à double tête qui entrave l’extraction de l’axe.

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En fait,  bloquer l’axe par une goupille est une mauvaise solution.  Cette goupille impose l’usage du tournevis pour être orientée, ce qui permet alors de sortir l’axe. Si on y réfléchit, c’est une perte de temps, c’est totalement inadapté au changement de barillet en cours de tir. En outre, cette goupille dévissable impose un rétrécissement de l’axe, qu’elle traverse en partie, ce qui a comme effet de le bloquer, mais aussi de créer une fragilité à l’endroit de cet encastrement.  Il n’est pas rare de tordre l’axe à ce niveau.  Il faut donc supprimer la goupille et l’encoche de l’axe. Certes, la goupille  contribue à la stabilité de l’axe, mais ce dernier est suffisamment stable par sa liaison avec le levier, lequel est bloqué à son extrémité par une butée  montée sur queue d’aronde.  La suppression de la goupille ne compromet en rien la stabilité de l’axe.

beltmountain 1Pour le ROA, j’ai montré que le système d’origine, qui consiste en un assemblage très sophistiqué (axe + refouloir + levier), est conçu comme le R&S, mais la liaison ne se fait pas par des vis. Sur cette photo, on voit l’axe modifié : le levier a été supprimé mais l’axe est bloqué par une goupille avec une molette qui facilite sa rotation . L’axe comporte donc un rétrécissement prévu pour faire passer cette goupille, ce  qui le fragilise. 

Cette modification prévue pour les cartouches à balles est vendue par la société Belt Mountain aux USA (voir l’article 2) .  La société Belt Mountain a préféré conserver la goupille,  toutefois, cette goupille réduit moins l’épaisseur de l’axe que celle  du R&S, car elle travaille plus par serrage que par encastrement. Belt Moutain ne pouvait pas conserver le levier et le refouloir qui n’étaient pas justifiés dans le cas de cartouches à balles, Mais dans le cas du R&S, conserver le levier,  même s’il n’a plus d’utilité pour le sertissage des balles, offre un avantage qui n’est pas celui de sa fonction d’origine. D’autre part  le Ruger Old Army est un arme de bonne fabrication qui ne devrait pas présenter de blocage de l’axe. C’est surtout l’esthétique qui a été privilégiée.  Il n’y a que R&S Feinwerbau (et sans doute Pedersoli) qui garantissent un bon ajustement et une facilité d’extraction de l’axe qui est précisément ce que  nous recherchons.      

L’utilisation d’un sabot de chargement, dispense de se servir du refouloir pour le sertissage des balles: par conséquent, supprimer la goupille est parfaitement possible si on utilise plusieurs barillets pré chargés ou si on utilise le sabot de chargement  (avec un repoussoir à main pour le sertissage). 

J’ai donc une affinité pour le R&S en raison de  sa longueur de poignée et pour les raisons que je viens d’exposer, mais à condition de remplacer l’axe d’origine (avec sa tête carrée) par un axe plein, analogue à celui  du Remington 1858, qu’on fera réaliser par un atelier de mécanique de précision (avec chanfrein).  Il est possible de modifier la tête carrée : on peut alors emprunter la forme de l’axe du Remington 1858, doté de deux saillies latérales pour une meilleure saisie de l’axe au moment de l’extraction.

Conserver l’assemblage (refouloir + axe + levier) maintenu par deux vis,  permet de disposer d’un  levier d’extraction de l’axe,  au lieu de disposer d’un levier de  refouloir destiné au sertissage des balles.  Pour le tir rapide, ce levier est essentiel, car il permet de sortir l’axe plus facilement en plaçant le refouloir en appui sur le barillet (en général, je place une barrette plate pour ne pas prendre directement  appui sur les rebords des chambres).  Du coup, sans goupille, mais avec un axe plein,  le nouveau système d’extraction de l’axe et du barillet est plus fiable que celui du Rem. 1858  et,  faut-il le dire,  avec cette modification, le R&S n’a plus de défaut.

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La suppression de la  goupille laisse cependant deux trous qui nuisent à l’esthétique de l’arme. Comment les dissimuler ? Question sans réponse. On pourrait mettre deux caches, en forme de tête de vis,  comme pour le Colt 1860, ce qui suppose un taraudage.  Je pense que c’est sans doute la solution.

Certains préféreront conserver la goupille, en particulier ceux qui disposent d’un R&S Feinwerbau ou  Pedersoli.  Sur ces armes de haute qualité, la goupille peut être remplacée par une goupille avec molette, plus facile d’utilisation, mais généralement, on tâtonne,. Il faut poser le revolver sur un  appui, etc…  En outre, l’axe reste fragilisé par le rétrécissement. Je dirai que ce choix est « conservateur » en raison de la valeur commerciale de cette réplique parfaite.

La goupille supprimée, le R&S devient  l’arme la plus fiable pour un changement de barillet en cours de tir et ses alvéoles élargies (par la volonté du concepteur) évitent l’enrayement de larme en cours de tir. Les conditions sont alors réunies pour un changement  rapide des barillets devant le cible. Malheureusement  Euroarms a fermé boutique. J’avais pu me procurer 2 barillets, en sus de ceux existants sur mes revolvers,  ce qui me fait 4 barillets à pré charger.  Il reste alors à  renouveler les cheminées et vérifier l’état des barillets.

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Vidéo

9 – PSRauben diffuse des vidéos sur le chargement et bien d’autres sujets qui concernent les revolvers à poudre noire :


Lire l’introduction (en haut de la page) pour connaître les différents articles du blog.

Un blog comme le mien est une source d’informations que je tire de  mon expérience certes modeste, mais elle est constamment enrichie, mise à jour et confrontée notamment aux documents, articles  que je trouve sur internet et dont je fais la synthèse (avec des emprunts). Il m’arrive aussi de mettre en confrontation des points de vue trouvés ça et là.  Ce qui veut dire que mon blog est volontairement interactif dans certains articles,  je  cueille sur internet des contenus qui sont utiles et j’en fais une synthèse, mais ce n’est que de la citation qui me permet de développer d’éventuelles contradictions ou des commentaires.  Ceci vous évite de parcourir de nombreux blogs ou forums qui se dispersent dans des échanges parfois plus savoureux que sérieux et informatifs. Les forums de poudreux sont souvent constitués de 40% de messages à contenu et 60% de brèves de poudreux et de smileys!

Cependant la lecture d’un blog est lourde et assez peu pratique, car il faut remonter en arrière pour suivre les articles les uns après les autres et comme vous l’avez constaté,  les articles de mon blog sont copieux . Les vidéos seront donc plus pratiques pour une diffusion de mes idées et de mes petites innovations qui ont le mérite de s’attaquer à un monolithe:  car le tir à la poudre noire est devenu un bloc de recettes qui résistent à tout changement et des institutions honorables mais conservatrices contribuent largement à  enfermer  la pratique du tir avec des revolvers dans un cadre réglementaire parfois étriqué et surtout dans une tradition qui pour moi n’est pas le livre de la loi: tout en restant dans le cadre   « technologique » des armes anciennes à poudre noire, nous bricolons…

 Mes vidéos sont publiées sur Youtube, mais ayant introduit dans ces vidéos des thèmes musicaux américains,   des sociétés américaines ont censuré mes vidéos,  ce qui fait que la plupart d’entre elles ne sont plus accessibles!  C’est dommage car elles constituaient un hommage aux chanteurs…  Je vais donc devoir les refaire!

 

Vous pouvez cliquer sur les liens placés au dessus des captures d’images des vidéos: il en reste 2 qui sont accessibles.   Sinon,  tapez PSRAUBEN55 (sur Youtube)  pour accéder à l’ensemble de mes vidéos …

Capture

2 vidéos qui font le point sur l’outillage et les procédures courantes de chargement des revolvers à PN

CaptureCette vidéo montre les difficultés du chargement traditionnel des revolvers à PN, qui comme on le sait,  rebutent nombre de tireurs en quête de facilité. Ne soyons pas démagos: attirer les tireurs en leur proposant un chargement facile n’est pas mon but, car la poudre noire n’a rien à voir avec le tir destiné à Monsieur Dupont qui  s’achète un pistolet  semi-automatique et  vide ses chargeurs comme on tire une chasse d’eau, en utilisant des boîtes de cartouches vendues chez l’armurier du coin. Mais de là à faire de la PN une tradition qui développe le culte du masochisme, non!  Soyons pratiques et innovants.

la pratique du tir au revolver à PN nous conduit à utiliser des armes de la 8ème catégorie. Ce qui est un avantage est aussi un inconvénient d’un certain point de vue :  la technologie de l’époque semble inamovible et vétuste . Elle était pourtant ouverte à plusieurs mode d’utilisation, mais les connait-on?  Aujourd’hui, le tireur ne circule plus avec un cheval et un Walker accroché à la selle; il utilise une voiture et fait le chargement soit sur le pas de tir, soit à domicile. Par conséquent, à conditions d’utilisation différentes, méthodes de chargement différentes.  Le tireur actuel veut un chargement fiable, facile mais aussi plus rapide et recherche également un  tir plus précis.  Nous examinons dans cette vidéo les inconvénients eu chargement « à l’ancienne ».  Charger un revolver « à l’ancienne », mais sans le cheval et la selle, ce n’est plus de la tradition, c’est du passéisme!  Il faut cependant reconnaître que l’outillage actuel n’offre guère de choix, mais ça peut changer, je vais proposer une nouvelle conception du chargement dans la suite des vidéos !  

http://www.youtube.com/watch?v=TUFkCdZlxO0

(en cours de modification) Cette vidéo montre les inconvénients du chargement  avec des leviers ou des presses vendues fréquemment dans les armureries en ligne et  annonce un nouveau matériel présenté dans la série des  vidéos (de 1 à 5) qui ont pour titre : le rechargement des revolvers à poudre noire : une modernisation des procédures.

2 vidéos en cours qui  réfutent quelques idées reçues concernant les revolvers à poudre noire.

En réalité, ces idées sont diffusées par ceux qui peu ou prou rejettent les armes historiques à PN, au nom de la technologie actuelle, plus performante, plus fiable mais aussi par ceux qui cultivent  une sorte de traditionalisme et enferment les armes historiques dans une cage dorée . Les critiques contre les défauts de fonctionnement des revolvers à PN ne sont fondées que si on part du principe que ces copies doivent être soumises à une totale conformité aux modèles d’origine. Une conformité qui concerne non seulement le fonctionnement des revolvers, mais aussi le mode de chargement de ceux-ci, alors que les conditions d’utilisation de ces revolvers ne sont plus du tout comparables à ceux de l’époque où elle furent crées.  Il ne fait aucun doute qu’ils  ne souhaitent pas remettre en question un mode  l’utilisation qui rend ces armes vétustes pour des raisons qui mériteraient d’être examinées.  C’est vrai que la vétusté  a comme contre partie un classement en 8ème catégorie et certains avantages. Cependant, les revolvers à poudre noire ne sont soumis à aucune obligation d’en faire des pièces de musée.

Capture Idée reçue

Cette vidéo fait partie d’une série de 2 vidéos qui traitent des idées reçues concernant le fonctionnement  et les défauts des revolvers à poudre. Ces défauts  (blocages des barillets, encrassement, etc)  peuvent donner lieu à des modifications  discrètes des revolvers ou de leur utilisation pour une amélioration de leur efficacité. Sous le prétexte des idées reçues, j’introduis la possibilité de changer l’usage des revolvers ou de procéder à des modifications , ce qui ne peut manquer d’aller à l’encontre des normes  qui pèsent sur la poudre noire, ce que certains appellent  « la tradition ». .

Une série de 5 Vidéos  qui présente un matériel (sabot de chargement et presse à crémaillère) destiné à fiabiliser  et moderniser le rechargement des revolvers à poudre noire (en cours)

Deux vidéos sont déjà publiées:

Capture1-5

Cette vidéo présente le chargement à domicile d’un barillet de colt 1860 avec des doseuses Lee Perfect et le nouvel outil que j’ai conçu  : le sabot de chargement.  Le sertissage est cependant encore effectué avec un « poussoir » (outil fabriqué en remplacement du levier de chargement traditionnel).  Cependant la vidéo 4/5 montrera comment le sabot est en fait prévu pour un double mode de sertissage :  soit avec un poussoir (qui reste un moyen rustique) utilisable sur le pas de tir, soit avec une presse de chargement à crémaillère qui est le mode de sertissage recommandé pour la préparation des barillets.

Capture 4-5

  • Cette vidéo présente l’ensemble du matériel de chargement à domicile :  une presse destinée au sertissage des balles dans les barillets et un sabot de chargement adapté au Walker 1847. La démonstration  du sertissage  est totalement convaincante  par la qualité du procédé, par sa facilité, par la rapidité et l’efficacité  de sa mise en œuvre avec plusieurs barillets.  C’est une solution qui modernise le rechargement des revolvers à poudre noire, dans une conception de leur utilisation qui  suppose  de disposer de plusieurs barillets pour chaque revolver, sinon, en cas d’utilisation d’un seul barillet (avec des cartouches papier notamment),  le sabot de chargement suffit .  

(les autres vidéos sont en cours, à suivre)

2 vidéos qui montrent les possibilités des revolvers à PN pour un chargement plus rapide sur le pas de tir  ! Une procédure utilisable avec toutes les armes à poudre noire et pas seulement avec le 1858

Capture tests

Des tests comparatifs de vitesse de changement de barillets sur un Walker, un Remington 1858, un  Rogers Spencer, un Ruger Old Army. Le but est de pouvoir recharger vite pour tirer vite. Tous les revolvers à poudre noire sont aptes au rechargement rapide, mais l’utilisation des leviers de chargement installés sur les revolvers n’est plus nécessaire,  sauf en cas d’incident de tir. Les  conversions des revolvers à PN en revolvers à cartouches métalliques perdent alors leur attrait et la poudre noire reste la matière magique que nos recettes rendent percutantes  !

Capture tir rapide au walker

Le tir rapide au Colt Walker avec poignée « ergonomique », un outrage à la tradition diraient ceux qui  entendent conserver les revolvers de l’époque Old West tels qu’ils étaient censés être …  le tir au Walker se fait en pratiquant le changement de barillet pour un rechargement plus rapide : démontage rapide, rechargement rapide, tir rapide.  Une méthode de tir dynamique avec un revolver souvent  considéré comme trop rustique et désuet pour le tir actuel. Avec cette façon de tirer, le Colt Walker, véritable légende,  revient « dans la modernité »! D’autres modifications de l’arme sont faites qui bousculent la tradition et évitent le blocage du barillet par les amorces. Le but: fiabiliser le fonctionnement du revolver et sa rapidité de tir.

Vidéo

8 – Une innovation dans le mode de chargement et l’usage des revolvers à poudre noire?


 Lire l’introduction (en haut de la page) pour connaître les premiers articles du blog.

A/ Des vidéos sur Youtube mais qui sont à refaire…

J’ai produit plusieurs vidéos sur Youtube qui  engagent le débat sur le fonctionnement de nos revolvers. Elles illustrent cet article.  Malheureusement,  certaines de ces vidéos ont été supprimées du fait des emprunts « musicaux » qui tombaient sous le coup de la protection des droits d’auteurs.  J’en ai retrouvées quelques une, mais je n’ai pas suffisamment de temps pour m’y consacrer actuellement… donc l’expérience,  certes intéressante, est en sommeil. Elles sont à refaire avec des thèmes musicaux qui ne m’exposent pas des réclamations. Je n’ai  

B/ Un inventaire comparatif des différents mode de chargement des revolvers à PN

briquer Voici une photo  qui correspond au chargement traditionnel, avec l’opinel SVP,  et je crois qu’il est possible de rénover un peu l’image du poudreux !  Concernant les revolvers à poudre noire, les précautions sont d’une part réglementaires (par exemple toujours orienter l’arme vers la cible, transporter l’arme déchargée, etc ), mais elles sont aussi mécaniques : les armes à poudre noire n’ont pas de cran de sureté qui bloque la détente. Par contre, sur les Colts,  le chien peut être positionné entre les cheminées, ce qui lui donne une forme de mise en sécurité, bien que l’arme soit chargée et prête à tirer. Le chien est alors simplement  retenu par un (ou des ) aiguillon qui l’empêche de sortir de cet emplacement, ceci pour éviter que le coup parte par accident.  Ces aiguillons qui dépassent à l’arrière du barillet constituent une entrave au chargement du barillet sur une presse, c’est à dire hors de l’arme, car on ne peut pas mettre facilement le barillet en appui sur son « cul ».

Aujourd’hui, on n’a plus besoin  de conserver ou de transporter l’arme chargée avec le chien posé sur l’aiguillon de sécurité (au lieu de le poser sur une cheminée avec amorce).  Le revolver se transporte  dans une mallette et doit être déchargé, c’est prévu dans la loi. Par ailleurs sur les revolvers à carcasse fermée,  ces aiguillons disparaissent généralement, ce qui permet  alors de placer le barillet en appui sur sa rosette (il n’y a souvent plus de crémaillère)  et d’utiliser une presse de chargement (mobile) , plutôt que le levier installé sur le revolver.  L’évolution a donc déjà remis en question certains usages de sécurité qui sont pourtant conservés par les tireurs.  Une autre évolution semble envisageable: elle concerne les alvéoles qui entourent les cheminées et qui  sont considérées comme des éléments techniques de sécurité pour empêcher  « les départs en chaîne »  au cours du tir.

 HUMOUR DE POUDREUX !

Pour avoir une idée du travail « laborieux » qu’impose le chargement à l’ancienne et vous marrer un bon coup, regardez la vidéo qui suit, car elle met en évidence les difficultés de ce chargement : c’est une vidéo exemplaire qui dénonce ce que je veux éviter… cette vidéo n’est pas faite pour nous faire de la pub., car le tireur souffre littéralement jusqu’à lâcher: « saleté de saleté » !  Et quand au moment du tir avec le Walker 1847, il conclut, un peu dépassé, « ce n’est pas évident de tirer à bras franc avec cet engin » et  ajoute  pour finir « je crois bien que là, on se paye un bide », il est grand temps qu’il change sa manière de charger et de tirer!  Je lui recommande donc de passer par mon blog.

Dès lors que l’arme n’est plus utilisée dans les conditions qui étaient celles du 19ème siècle, faut-il garder des éléments techniques désuets et inadaptés à l’usage actuel ? Par sécurité ou par goût de la tradition ? Je me suis consacré à une recherche pour modifier les conditions du chargement et du sertissage des balles  et voici dans un tableau les possibilités qui s’offrent au tireur: comme on dit, il y en  a pour tous les goûts et pour tous les portefeuilles.  Que vous soyez plutôt pour un chargement traditionnel ou pour un chargement « vite fait bien fait » avec un levier mobile mais qui ne vous ruinera pas, tout est possible. Mais ce qui est surtout intéressant, c’est un chargement de précision, facile, soigné, précis en terme de sertissage et qui s’adapte à chaque arme, sous réserve de disposer  de la pièce qui correspond au  format du barillet (cette pièce existe dans une gamme de sabots) .

l'innovationn en PN.IMG_NEW

 dans cet article, nous allons donc présenter deux modifications  du processus de chargement des revolvers à PN :

  • A/ la première modifie le barillet;  je l’ai déjà évoquée, mais je reviens sur cette question, pour répondre aux objections
  • B/ la seconde concernera l’outillage du chargement et du sertissage du barillet, avec une conception nouvelle : le sabot de chargement.

C/ Des barillets sans alvéole sur des revolvers à poudre noire:  pourquoi ?

J’ai déjà évoqué cette question et la traiter de façon complète dans cet article  peut donner l’impression d’une redite, cependant mon blog est linéaire, il évolue en fonction de ma réflexion et chaque article demande un rappel de certaines informations. Il m’a semblé nécessaire aujourd’hui  de faire une synthèse de plusieurs aspects de ma façon d’utiliser les revolvers à poudre noire;  mon objectif est d’arriver à disposer d’outils très simples et fonctionnels pour utiliser plusieurs barillets pour chaque révolver et avoir un rechargement facile. Mais progressivement je me concentre sur le chargement proprement dit, que je veux rendre à la fois aisé et fiable. J’arrive maintenant à une étape où je vais me consacrer aux outils de chargement que je crée pour mes propres besoins.

Dans cet article, je reviens sur le STARR (présenté dans mon article 2),  car ce revolver fabriqué aujourd’hui par PIETTA , a subi une modification de la part du fabricant qui est passée inaperçue: elle constitue cependant une « dérogation »  aux normes des revolvers  à poudre noire,  car à 99%,  tous ont des alvéoles qui protègent leurs cheminées.  Il est vrai que la présence des alvéoles  donne un design particulier aux révolvers à PN  qui les différencie des revolvers modernes à PSF et qui permet de les  identifier au 1er regard . Le STARR d’origine semblait comporter des cloisons (bien visibles sur la photo ci-dessous du modèle d’origine) et non des alvéoles, pour séparer les cheminées . Un revolver à PN sans alvéole, c’est aussi impensable qu’un zouave sans sa culotte ou sans sa moustache, ou que la France sans sa tour Eiffel !! Cette innovation qui n’avait sans doute pas la prétention d’en être une,  est cependant loin d’être anodine.

« Une légende circule parmi les poudreux selon laquelle les alvéoles empêchent les départs en chaîne » avais-je écrit et ce propos a  chatouillé certains poudreux .

STARR cloisonné

Il faut tirer de cette photo 2 questions distinctes :

1/ l’information effectivement incite à en savoir plus;  le STARR d’origine était-il  cloisonné comme l’indique cette photo  et pourquoi Pietta a-t-il fait cette modification ?  Peut-on croire que ce fabricant de répliques soit inconscient ou  qu’il s’agisse d’un oubli ??? ?

2/ Quel est l’intérêt technique de supprimer les alvéoles? Il n’en demeure pas moins que des STARRs sont vendus par PIETTA sans alvéole et que ce constat m’a amené à me poser une question ES-SEN-TIEL-LE : à quoi servent vraiment les alvéoles, sinon à bloquer les amorces entre le barillet et   le bouclier (ou  la carcasse)?  Et quel est le risque réel de cette suppression ?

Le fait de supprimer les alvéoles sur les répliques à PN soulève des résistances  de la part de certains poudreux,  au point que je me suis demandé s’il ne fallait pas leur donner la parole pour qu’ils développent leurs objections. A ma grande surprise, leurs objections sont peu argumentées de façon technique, mais cette modification de la technologie des armes à poudre noire ne les convainc pas….  Résistance à ce changement ou résistance au changement, telle est la question? Le changement porte-t-il atteinte à l’identité de la poudre noire ?  Quoiqu’il en soit,  les alvéoles ont toujours existé , diront-ils, sur la série des révolvers à poudre noire fabriquée  au cours du 19ème siècle. C’est comme ça depuis les Colts d’origine,  par conséquent cette technologie est certainement nécessaire. Voilà en gros le raisonnement qui prévaut,  mais que nous devons examiner.   Certes cette longue tradition des alvéoles me dérange.  J’ai quand même le sentiment que les fabricants avaient leurs raisons.  Mais alors quelles sont celles de PIETTA?  Ne serait-ce par curiosité intellectuelle, cette question mérite d’être soulevée.  C’est une dérogation à  des dispositions techniques qui touchent à la sécurité et pour certains la sécurité est  prioritaire. Alors, pourquoi ce silence sur une dérogation qui devrait créer un débat ?  Qui, à part moi, a soulevé la question d’un tel changement ?

Pourtant dès qu’on évoque les alvéoles, le débat s’oriente vers les « départs en chaîne », c’est un classique.   J’ai fait un test sur un Forum Poudre Noire et  je n’ai obtenu que trois arguments qui justifieraient la présence des alvéoles.   Si vous en voyez d’autres n’hésitez pas à me les communiquer.

Pourtant les poudreux ont des raisons  de mettre en cause des alvéoles qui présentent divers inconvénients  et le bénéfice de cette suppression devrait les intéresser. Si le STARR peut fonctionner sans alvéole et sans risque pour la sécurité, il convient d’utiliser cette innovation pour d’autres armes à PN  dans le but d’en finir avec les problèmes d’amorces : d’une part en raison de la difficulté de mettre celles-ci en place (pour ceux qui ont de gros doigts), ce qui nécessite de  petits outils que je trouve merdiques mais qui sont supposés faciliter cette opération,  et d’autre part en raison de ces fameux problèmes de blocages d’amorces en cours de tir: elles ne s’évacuent pas et restent bloquées à l’arrière du barillet entre les parties hautes des alvéoles et la carcasse, ce qui empêche le barillet de tourner.  En cours de tir, il faut veiller constamment à faire tomber l’amorce sur le côté. J’ai donc eu l’idée de supprimer les alvéoles  sur la plupart de mes revolvers…!   Du coup les petits aiguillons de sécurité qu’on trouve sur beaucoup de barillets d’armes à PN (destinés à bloquer le chien entre deux crans de cheminées) disparaissent, mais si la sécurité l’exige, on peut par exemple laisser une chambre vide, pour l’appui du chien lors du transport de l’arme … ça s’est beaucoup fait. Lorsque les alvéoles disparaissent, les amorces percutées peuvent encore venir se loger sous le barillet, entre celui-ci  et la carcasse  (mais c’est rare).  De toute façon, les amorces constituent un emmerdement constant!

Chose importante, quand on enlève  les alvéoles qui protègent les cheminées,  il faut conserver une couronne  d’appui (de 2 à 3mm) à l’arrière  du barillet, autour de la crémaillère.  Lors de la mise à feu, le barillet recule et vient s’appuyer sur la carcasse. Sur les Colts il existe un anneau  qui sert d’appui au barillet et qui se trouve sur la carcasse (voir sur les photos).

J’ai expérimentée cette modification sur tous mes revolvers  – mis à part le STARR qui a été conçu sans alvéoles par son inventeur et le R&S qui est très proche de ma solution  avec des alvéoles largement ouvertes – sans le moindre incident et avec une parfaite efficacité. Elle nécessite de trouver un atelier de mécanique de précision  et d’avoir un plan de modification. Donc je vais donner des indications plus précises dans l’article qui traite de cette question: il faut laisser un disque de 2 voire 3 mm de largeur autour du rochet de la crémaillère pour que le barillet vienne en appui sur le disque qui se trouve sur la carcasse. D’autre part, la suppression de l’alvéole ne va pas jusqu’au fond de celle-ci: je laisse toujours un cran, profond d’1mm, de telle sorte que la base de la cheminée vienne à fleur de ce cran , ceci pour pouvoir vérifier que le chien quand il est rabattu est bien à sa place, bien centré dans le cran, ce qui signifie que l’indexation est bonne. Quand on a un doute, il faut pouvoir vérifier avant le tir que la rotation du barillet s’est effectuée de façon correcte: c’est donc un repère visuel important. Quand il s’agit de revolvers à carcasse fermée, ce repère disparait et la vérification est difficile.

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Voici différents barillets qui ont été modifiés « façon STARR » : 2 barillets de R&S, 1 de Walker etc.  De gauche à droite vous avez 2 barillets de R&S, puis un barillet de Walker, un barillet de STARR et enfin un barillet de Colt 1851… Ayant pressenti cette méthode, avant d’acheter un STARR,  je « me permets » d’appeler cette opération chirurgicale « une star-raubenisation » du revolver ! Cette intervention me coûte entre 25 et 40 euros par barillet, selon la quantité à modifier.

My beautiful picture

Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est d’examiner les arguments qui s’opposent à ce changement fonctionnel et pas seulement esthétique des armes à PN.   Ceux qui utilisent ces armes n’ont pas une véritable connaissance technique de l’utilité des alvéoles et s’en remettent à  des hypothèses car on n’a pas d’éléments théoriques donnés par des fabricants de l’époque qui justifient leur fonction.   Je cite les arguments qui m’ont été  donnés:

1/ « Je crois me rappeler que c’était pour protéger un peu mieux les amorces des aléas du transport, en plus du holster fermé que chaque homme portait. »

 Effectivement, c’est un argument de bon sens :  l’introduction  et le transport d’un revolver dans un holster risque de décrocher les amorces et dans le passé les alvéoles ont très certainement joué un rôle pour conserver l’arme prête à tirer. C’est un argument que je retiens et qui s’écarte de la thèse du risque de  départ en chaîne. Cependant aujourd’hui,  on n’est plus autorisé à  transporter l’arme  de cette façon, sauf chez soi, si on dispose d’un hectare de terrain  et d’un cheval. Dès lors cet argument perd de sa pertinence pour un usage actuel.

2/ « Le départ en chaine existe, j‘en ai vécu un… une seule fois avec 2 coups partis. C’est rare, mais ça reste possible ». 

Ca c’est la ritournelle que j’ai évoquée:  le risque existe, je n’en doute pas.  Nous n’avons pas en poudre noire, d’ouvrage technique (à ma connaissance) qui réponde à cette question et c’est la sagesse collective qui fixe une norme de sécurité. La question est de savoir si les alvéoles sont prévues pour une réelle protection contre les départs  en chaîne ?  Mais au fait, pourquoi et comment ce départ en chaîne s’est-il produit ?  Je constate,  étonné,  que notre ami évoque un fait tout à fait inhabituel, mais n’apporte pas d’explication sur ce qui a pu le produire.    Je réponds d’abord que l’on survit en général à cet accident (en étant sans doute impressionné) et  sans pour autant y laisser des doigts !   Le gros danger des armes à poudre noire, c’est  le surdosage ou l’usage de poudre sans fumée qui peut provoquer l’éclatement du barillet, ce qui est alors un accident grave.

Un autre poudreux répond  aussitôt : « Moi  de même, mais ce ne sont pas les cloisons qui l’empêcheront de se produire, on sait très bien que ça provient de cheminées non étanches, c-à-d  damées, pourries, ou d’amorces mal pincées,  etc! »  Là je suis intéressé , car cette réponse tord le cou aux arguments alarmistes et rétablit un peu de rationalité dans le débat.  La mauvaise qualité des amorces et des cheminées  apparaît pour certains comme le vrai  facteur  de risque du départ en chaîne, qui le plus souvent a lieu par l’avant.  C’est le sertissage de la balle qui garantit  l’étanchéité, car une balle mal sertie bouge  et la graisse ne joue pas un rôle prioritaire. Vieux débat qui a fait couler plus d’encre que le zouave a vu couler d’eau dans la seine.  Mais à l’arrière,  quand les cheminées sont trop larges,  défectueuses, la poudre s’égrène et des particules se logent au fond des alvéoles, ce qui est sans doute un facteur de contamination lors de l’allumage: il faut donc nettoyer ses cheminées après avoir placé des amorces.  D’où l’intérêt du chargement à domicile, soigné, propre – et d’où l’intérêt  d’avoir des cheminées accessibles, faciles à nettoyer .  Si on prend les précautions qui s’imposent (car il en faut),  on peut décaloter ses barillets (supprimer les alvéoles) , mais il faut renouveler les cheminées quand elles sont fatiguées.

Effectivement,  les cheminées et  les amorces peuvent être la cause de départ en chaîne. Ces dernières  sont maintenues par le chien et lors de l’explosion, que se passe-t-il ? Le chien doit bloquer l’amorce  et obturer  la cheminée au moment où la charge explose.  Son rôle  est  donc essentiel  pour éviter que l’amorce ne saute au moment de la mise à feu de la chambre, car nous le savons, l’explosion de la poudre crache par l’avant (l’entrefer) et par  la cheminée à l’arrière,  et cela d’autant plus que le trou de la cheminée est large. Si le ressort de chien est trop faible,  pas suffisamment tendu, pas suffisamment  raide, le chien se relève sous le souffle et  ne bloque  plus l’amorce: elle saute.   Il faut donc renforcer le ressort de chien (par exemple en le doublant)  et j’ajoute que  l’orifice de la cheminée ne doit pas être bouffé par l’usure au point que le souffle trop puissant relève le chien.   Mais pour que d’autres cheminées s’allument,   il faudrait que les amorces ne tiennent pas  ou que le souffle les emporte…  C’est ce qui peut arriver  si les cheminées sont en mauvais état, mal vissées, fendues, si elles n’assurent pas la tenue des amorces, si elles ne sont pas étanches.  De même, si les amorces sont mal calibrées,  trop larges,  elles sautent plus facilement.  Le contrôle des cheminées, la bonne tenue des amorces  et la tension du chien sont  donc à contrôler. Dans le cas où l’arme est mal entretenue, on peut donc croire que les alvéoles  sont « prévues » comme une protection pour éviter la contamination des chambres.  Or les départs  en chaîne peuvent se produire malgré les alvéoles  et par conséquent, on peut penser, avec réserve, que celles-ci pourraient n’avoir comme  fonction que de protéger  les amorces des chocs et des chutes de barillet. Entendons nous bien : je ne suis pas ici en train de tenir un discours de vérité: « j’évoque » comme dirait M. AUDIARD, je lance des hypothèses. Si des poudreux plus informés sur cette question ont des arguments à opposer, ils seront les bienvenus sur le blog.
Cependant,  comme l’écrit un tireur (Youkaï) sur le « forum des fans de la poudre noire » de façon assez catégorique: • « les départs en chaîne peuvent être attribués à deux causes essentiellement :
  •  le sous-calibrage des balles ;  (il faut)  toujours vérifier le diamètre des chambres avant de choisir quel calibre de balle on va introduire dans celles-ci (ça doit forcer  dans le barillet).
  • la mauvaise pose des amorces sur le barillet ; (il faut) vérifier régulièrement l’état des cheminées et choisir le modèle d’amorces adapté. »
« En conclusion,  écrit-il, si n’importe qui prête attention à ces deux points, il n’y aura normalement pas de départs en chaîne.  » Normalement…. Voilà qui est dit et ce n’est pas moi qui le dit. Les amorces représentent le facteur de risque le plus sensible. Je pense que les tireurs actuels à la PN disposent de cheminées de qualité et  si toutefois  les amorces qu’ils utilisent  sont adaptées,  il ne doit pas y avoir de risque de départ en chaîne, malgré l’absence des alvéoles .
Je tiens cependant à dire qu’un autre article souligne le rôle délicat des amorces, en  mettant  en cause leur qualité de fabrication actuelle : elles sont trop courtes et mal ajustées, ce qui est une  cause possible de départ en chaîne. Lire l’article :
Dès lors que PIETTA  supprime les alvéoles sur le STARR, il fait la preuve  qu’on peut supprimer les alvéoles sur tous les revolvers à poudre noire, car je ne vois rien qui  distingue la mise à feu du STARR de celle des autres revolvers à PN, carcasse fermée ou non.

3/ dernier argument opposable ? « Les alvéoles servent à éviter que les cheminées soient saillantes, avec un risque de départ au moindre choc (en cas de chute de l’arme notamment) »

Cet  argument plaiderait en faveur des alvéoles. Il est vrai que les amorces placées sur ces barillets sont légèrement saillantes et qu’en cas de chute, le choc peut porter sur l’arrête de l’amorce. Les craintes concernant cet usage me semblent fondées : supprimer les alvéoles demande donc des précautions. En principe on évite de faire tomber les barillets, car un barillet qui tombe (notamment sur du béton), c’est un barillet endommagé (qui peut avoir une chambre écrasée). Au prix d’un barillet UBERTI, c’est peu recommandé. L’usage du STARR représentent-il un risque  pour les autres tireurs du fait de ses alvéoles supprimées par le fabricant?  Non, mais par contre,  le changement de barillet du STARR  sur le pas de tir peut occasionner une chute de celui-ci . Le STARR dispose d’un levier comme tous les revolvers à PN , mais son système d’ouverture de la carcasse  basculante permet un échange facile du barillet au cours du tir, comme c’est le cas du  Remington 1858. Ceci étant,  le STARR n’ayant pas d’axe qui traverse son barillet, celui-ci tombe facilement si on ouvre la carcasse: il faut donc être très prudent lors du changement de son barillet . En fait  le risque n’est pas tant  celui d’un départ en chaîne,  que celui de faire chuter des barillets sur le pas de tir : un barillet mal stabilisé qui roule et qui tombe ou un barillet qui tombe au moment où il est replacé dans la carcasse. Dans mon  club, ma façon de charger a fait l’objet d’une petite discussion, mais  nous avons convenu de certaines précautions.  Le transport et le stockage des barillets impose des précautions : il doit se faire  dans une boite sécurisée (j’ai une caisse métallique réservée à cet usage, avec de la mousse pour empêcher les chocs).  Je change  les barillets sur la table de tir en en veillant à les poser sur  un support qui les empêche de rouler (un linge)  en raison de la pente.  La sécurité  dans un club est nécessaire, mais pour autant, on doit pouvoir utiliser le changement de barillets  sur le pas de tir ou disposer d’un stand aménagé,  apte au rechargement plus rapide.  Voici une petite collection de barillets tous modifiés (cliquez sur l’image et elle s’agrandit) avec la boîte de transport que j’ai acheté dans une bourse aux armes : c’est  une petite caisse de soin d’urgence de l’armée américaine « first aid, for emergency use only ». P1000289

Sortir de la routine du tir pour   « faire du point »

Le tir en compétition est codifié par des postures de tir et des règles.  Faire du point,  est-ce le seul objectif d’un tireur au revolver à poudre noire ? Les tireurs peuvent avoir envie de  pratiquer d’autres formes de tir, plus instinctifs, moins codifiés.  Il faut donc diversifier les activités en stand et le CAS (cowboy action  shooting) est une de ces activités;  le Bench rest s’inscrit lui aussi dans l’objectif de  faire du point .  Supprimer les alvéoles permet-il de défourailler sans craindre de perdre les amorces ? Les tirs instinctifs, sur des cibles mobiles notamment, sont intéressants et d’autre part,  il existe des compétitions très surprenantes de tir  rapide (fast draw shooting) , mais qu’on ne se leurre pas:  de tels tirs ne seraient pas admis en stand pour des raisons de sécurité et ce  n’est pas à proprement parler du  tir à la poudre noire, car on y utilise  des Colt 1873 S.A.A. et des cartouches métalliques sans balles. Pour en savoir plus, voir le site: http://www.normandy-westerners.net/pages/FAST_DRAW_SHOOTING-944261.html08_Cal_Competing

Les avantages du barillet sans alvéole

Il a une sorte surenchère de précautions chez les poudreux, comme si pour ne pas inquiéter l’Etat, pour  ne pas alourdir les réglementations qui jusqu’à présent les épargnent,  il fallait rassurer,  monter  qu’on est plus blanc que blanc, ce qui est difficile pour qui est dans la poudre noire! Dans les clubs,  il faut prendre des précautions car la population des poudreux n’est pas homogène  et certains tireurs occasionnels, irresponsables, pourraient  exposer les autres tireurs à des risques d’accident graves, sans parler des armes qui  sont parfois imprévisibles (détentes trop sensibles ou mécanismes usés).  Je ne soutiens pas l’idée qu’un stand est à l’abri d’incidents de tir, peu s’en faut.  Il faut une vigilance collective. Cependant, j’essaie de trouver des solutions crédibles qui innovent dans les domaines où le tir à la PN  est  enfermé dans  des procédures fastidieuse de rechargement. Ce supplément de risque (que je reconnais) ne met pas en cause les avantages de l’usage de barillets  sans alvéoles.

  1. L’accès des cheminées est alors plus facile et peut se faire avec les doigts
  2. Cette modification élimine les incidents de tir dus aux amorces bloquées entre les alvéoles et le rempart (partie arrière de la carcasse). Sans parler de celles qui tombent dans le mécanisme et bloquent l’arme au moment de l’armé ?  Une amorce coincée, un barillet qui se bloque, imposent des manipulations souvent délicates,  car pour faire tomber l’amorce éclatée, il faut sortir le barillet et pour cela multiplier des gestes qui, à mon sens, présentent des risques. A mes débuts, il m’est arrivé qu’un revolver bloqué par une amorce « résiste »  et j’ai dû demander de l’aide: nous étions plusieurs à tenter de le sortir de  l’arme. La suppression des alvéoles signifie donc une réduction importante du nombre des amorces bloquées et c’est un gain de sécurité. Le risque de chute qui est l’objet de contestations, trouve une solution simple : un sabot (transportable dans la poche) permet une stabilisation du barillet lors  du rechargement et du sertissage des balles (idem  pour un rechargement avec des cartouches-papier).

barillet décalottéDu coup sur le pas de tir,  la possibilité de placer les amorces sur le barillet sera grandement facilitée car le barillet sorti de l’arme, pourra être stabilisé sur ce support  pour éviter qu’il ne roule. Ce  support  pourra remplacer le chevalet en bois traditionnellement  utilisé  mais trop encombrant.  Certains poudreux sont très attachés à  leur chevalet (support en bois démontable ) et l’ont réalisé avec soin. Dans le tir,  chacun trouve son plaisir selon des choix personnels, ce que je ne conteste pas.  Mais  pour moi, un chargement rapide et sécurisé est nécessaire pour  pouvoir venir tirer quelques barillets en m’épargnant les complications dues au rechargement traditionnel.

J’ai fait réaliser un jeu de sabots pour compléter une presse K&M, un système adapté à tous mes barillets pour faire un chargement à domicile.  Du coup,  je balaye la dernière objection qui m’est faite : le  danger de la chute du barillet en cours de chargement, mais il restera un faible risque qu’on ne saurait supprimer: c’est celui de sortir le barillet pré chargé de sa boîte et de le faire tomber par un geste maladroit sur le pas de tir!! Que faudrait-il encore faire pour rassurer les inquiets?

Le chargement le plus sécurisé (sans parler de l’usage traditionnel du levier de chargement placé sur l’arme) est celui qui se fait intégralement à domicile  – amorces comprises –  et non sur le pas de tir qui présente des conditions de chargement parfois sommaires : tables encombrées, inclinées, bancales ou trop étroites, trop de personnes à proximité, etc. Le chargement des barillets doit se faire dans le calme, avec l’outillage adéquat et dans la concentration. Je suis à peu près certains que dans les stands il y a souvent trop de tireurs présents pour disposer de telles conditions. Bien entendu, cette remarque ne concerne pas le chargement sur  chevalet en bois, qui du point de vue de la sécurité,  est parfait. Mis à part le fait que l’arme est orientée vers le plafond lors du chargement, alors que la réglementation des stands exige que l’arme soit dirigée vers les cibles !

Le transport d’une munition à cartouche métallique n’exige pas qu’on enlève l’amorce de la douille,  ni qu’on vide la douille,  en demandant au tireur de transporter séparément la douille, l’amorce , la poudre et le projectile. Le transport des barillets chargés (mais sans amorce, par précaution est-il légal? Oui. La réglementation prévoit  que la munition soit séparée de l’arme, c’est à dire transportée dans une mallette séparée. En poudre noire, la munition est dans le barillet qui tient lieu de douille. Mais pour être conforme à la loi, il est nécessaire de séparer les barillets de l’arme,  comme un chargeur est séparé  d’un pistolet. On transporte l’arme et les barillets dans des  mallettes séparées  qu’on ouvre sur le pas de tir. C’est une méthode qui est totalement conforme à ce que font les tireurs  utilisant des armes à cartouches métalliques. balance_de_roberval_

D/ une nouvelle conception de l’outillage pour un rechargement rapide

1/ Le chargement soi-disant traditionnel prévu pour les stands, avec le chevalet en bois  ? !  

OLYMPUS DIGITAL CAMERAsupport de chargement en bois 1Depuis l’origine (les Colts) le chargement se fait grâce au « levier de chargement » fixé sur le revolver.  Outil indispensable du tireur :  pas de revolver à PN sans son levier.  A quand remonte les chevalets en bois?  Au risque de commettre une erreur,  je présume, qu’ils sont apparus  avec les stands de tir, car on peut difficilement imaginer que les soldats utilisaient cet accessoire pratique, mais encombrant. Les poudreux qui  tirent de longue date, ont bien sûr un équipement très complet et notamment ce genre de support  vernis,  patiné, en deux mot : très bien fait…  Le support  (chevalet) est destiné à maintenir le revolver debout pour utiliser  le levier placé sur l’arme.  En voici deux destinés au chargement du ROA.    Pour  faire un chargement,  le problème est qu’il  faut faire tourner le barillet  à la main et cela exige des précautions,  car le chien ne doit pas se rabattre (il faut donc  le mettre en demi armé) .  Dans cette position, il n’est pas facile de reculer le chien. Quand une chambre est remplie avec  un entonnoir, on introduit la balle et pour la sertir , on  tourne le barillet afin que que celle-ci vienne sous le refouloir. Puis on descend  le levier  placé comme on le voit sur le second revolver .  Cette opération se fait chambre par chambre en faisant tourner le barillet,  ce qui n’a rien de facile, car l’accès aux chambres est  exigu. C’est vraiment très simple, mais pas très pratique , voire dangereux,  si par idiotie,  on place les amorces avant de sertir !!!   Ensuite il faudra garnir l’arrière du barillet avec mes amorces…  avec un petit outil qui n’est guère pratique:  un vrai chemin de croix ! Il y a pourtant des poudreux qui pratiquent ce chargement (en compétition notamment) et qui pour rien au monde n’en changeraient!  Bref  c’est fastidieux, et si on veut voir cette procédure avec optimisme, on dira que « cela prend du temps »!

Le chargement traditionnel  a cependant connu quelques toutes petites évolution: un remplacement progressif du levier placé sur l’arme au bénéfice de leviers (ou presses)  mobiles, qui sont loin d’être de bonne qualité mais qui permettent de prépaper plusieurs barillets chargés. Ce type de chargement  reste cependant  pratiqué aux USA, car en France on est resté au stade du revolver avec son barillet unique. Autre innovation qui n’est pas des moindres,  le remplacement de la poire à poudre par des dosettes en plastique qu’on prépare à domicile. Ce changement a été accepté, car les poires à poudre  étaient jugées dangereuses dans les stands, ce qui est évident. Mis  à part ces  deux points, rien ne change, car la FFT de tir impose une conformité  des armes et des usages  à ce qu’elles étaient à l’origine. Je n’en parlerai pas, car j’ai peu d’intérêt pour la compétition, trop codifiée à mon goût.

Nous en sommes donc restés au chevalet en bois, quand les américains montent des guidons à fibre optique sur des Hawken version moderne. En France on n’a pas le goût de l’innovation dans le domaine des revolvers à poudre noire : au contraire,  on freine des deux pieds à toute idée de changement dans ce domaine. Aux USA et au Canada  le changement va très vite: ce sont les fusils à chargement par la bouche qui connaissent un développement spectaculaire, avec des munitions à sabot dont la portée et la précision sont impressionnantes.  En réalité la poudre noire est remplacée par des « poudres » modernes qu’on ne trouve pas en France. THOMPSON CENTER est leader dans ce domaine.  Les fusils à poudre noire récents sont équipées  de culasses permettant un chargement par l’arrière du canon , sans oublier les organes de visée et les matériaux (qui sont ceux des armes modernes).  Ces armes sont destinées à la chasse.   C’est une toute autre conception. La situation est simple : le tir n’est autorisé en France que dans des stands (ou chez soi si on dispose d’un stand privé) . La FFT contrôle les stands, développe ses disciplines (qui sont certes variées)  et ses compétitions dans lesquelles l’utilisation des revolvers à PN  est  soumise à des normes précises.  Or l’usage des armes à poudre noire n’appartient pas à la FFT. C’est pourquoi, bien que tirant en stand,  je  me permets  de sortir des standards des compétitions.  Pour apprécier  l’emprise de la FFT sur le tir aux armes anciennes, lire le règlement MLAIC  (site : http://www.fftir.asso.fr), ça donne une idée exacte de la pesanteur des règlements dans les concours de tir. C’est l’esprit « compétition », règlement, contrôles  à la loupe avec jugulaire,  et bien que les épreuves soient variées,  ce genre de  règlement fige toute innovation.

Les défauts des leviers de chargement dont sont équipés les revolvers à PN et les presses bon marché Levier-chargement-refouloir-axe-barillet-Roger-Spencer-Euroarms

L’embarras pour l’utilisateur d’un revolver à PN , c’est que le levier de chargement est source de problèmes: l’axe (de rotation) qui lie le levier  et le refouloir est le plus souvent une vis de faible diamètre,  comparativement au levier et au refouloir, qui, sur les Colts, sont  très robustes. Conséquence: si le levier est indéformable, c’est l’axe du refouloir qui se tord, qui  se dévisse …ou qui casse  .  Comment changer cet axe,  quand il s’agit du Walker UBERTI ou du Walker Army San Marco….  c’est difficile; il faut alors le faire fabriquer.

Sur les principaux revolvers à carcasse fermé (1858, R&S, etc), ces leviers sont solidaires de l’axe du barillet (trop fin) qui est alors susceptible de plier  lors du sertissage;  je précise qu’un ensemble complet (levier de chargement + refouloir) de R&S se vend à 109 euros sur Naturabuy!  Donc techniquement, je considère que les leviers des Colts et des revolvers à PN en général sont fragiles, sauf celui du Ruger Old Army  qui est exceptionnellement bien fait, solide, mais un peu délicat à sortir. Sur un Roger et Spencer, par exemple (voir la photo) , si on a oublié de bloquer l’axe du barillet avec la vis, celui-ci peut sortir au moment du sertissage  et plier au niveau de l’encoche que j’indique sur la photo, ce qui m’est arrivé!  L’axe de barillet est alors  inutilisable. Je considère donc qu’il est préférable de limiter au maximum l’usage du levier.  Partant de cette idée, il faut trouver  une solution de rechange pour le chargement.  Les leviers mobiles sont rudimentaires  dans leur conception et leur fonctionnement et ne s’adaptent pas à  tous les barillets. J’ai donc créé un matériel qui permet de ne pas utiliser le levier de chargement fixé sur l’arme, mais une presse K&M en vue d’un chargement à domicile, tout en conservant la possibilité de faire un chargement moins soigné sur le pas de tir .

levier mobile frankonia2/ L’utilisation des leviers de chargement mobiles

On va sortir le barillet du revolver et faire le chargement  sur un levier mobile, appelé pompeusement « presse de chargement » (Frankonia la qualifie de « presse de précision ») .  Hé bien non, ce n’est pas du tout une presse de précision, c’est  un levier de chargement mobile qui n’est pas vraiment bien adapté à sa fonction. Voici le modèle Franconia présenté comme étant un levier de précision. Comme je le dis dans ma vidéo, c’est véritablement de la daube!

3/ La 3ème solution : le sabot (support) de chargement que j’ai créé

Voici un jeu de sabots destinés  au chargement des principaux revolvers à PN. Ces supports constituent un mode de chargement totalement innovant. Ils permettent de stabiliser les barillets dans les deux positions de chargement:  on peut soit placer les chambres soit les cheminées tournées vers le haut .  Le sabot est destiné à stabiliser  et maintenir le barillet  au cours du chargement et du sertissage (il ne roule pas, donc pas de risque). Son poids lui confère une stabilité lorsqu’on sertit les balles (maillet, poussoir ou autre  outil).

P1000317

Dans l’idéal, le sabot est un complément de la presse K&M, destiné au chargement à domicile (c’est intéressant si on charge plusieurs barillets). Cet outil est prévu pour un usage de l’arme en utilisant plusieurs barillets. Il faut cependant dire que les barillets ne sont pas identiques et selon la qualité de leur fabrication, les résultats seront homogènes ou non! Un revolver bon marché ne garantit pas des barillets rigoureusement semblables, bien qu’aujourd’hui, la fabrication soit plus fiable.  Des  barillets pré chargés, c’est bon pour faire du tir qui n’a pas l’ambition de faire de la haute précision, sinon il est recommandé d’avoir une arme haut de gamme pour laquelle les barillets sont très chers (et pas facile à acheter). Une fois les barillets vides, le tireur peut souhaiter faire un rechargement rapide.  Sur le pas de tir  les sabots sont faciles à utiliser en remplacement  du levier placé sur l’arme.

L’utilisation du sabot la sans presse est facile. On le tient avec la main sur une surface plane. Le barillet tourne librement et très  facilement dans le sabot,  ce qui permet de l’orienter  selon le besoin. Le remplissage des chambres se fera avec des dosettes, on n’a pas vraiment le choix. On fera alors le sertissage avec un poussoir (équivalent d’un refouloir de revolver ou de presse): Pour sertir les balles, j’utilise une clef à douille modifiée.  Je frappe la poignée d’un coup sec. C’est valable avec des balles rondes et c’est nettement mieux que le sertissage au levier sur le revolver.  C’est utile quand on veut faire un rechargement complémentaire sur le stand. Pas d’encombrement.  Mais il faut partir au stand avec la camionnette pour avoir  la semoule, les dosettes de poudre, etc. Où alors

sabot PSRauben Voici des photos qui  montrent deux barillets d’armes différentes avec des sabots différents, mais tous les barillets ont été modifiés de telle sorte que les cheminées  soient dégagées et les sabots sont prévus pour tenir des barillets sans alvéoles (ou du moins avec des alvéoles ouvertes). On a gardé une partie des alvéoles pour conserver  un peu de l’aspect d’origine des armes et pour la solidité. Les barillets ne portent jamais sur leur crémaillère. Aucun risque d’écrasement de celles-ci.   P1000313P1000316 A ce stade, nous avons résolu la question du chargement rapide sur le pas de tir :  le barillet est placé dans son support, chambres vers le haut. Les cartouches sont  introduites et les balles sont serties avec un refouloir  mobile adapté (une clé à douille emmanchée de 7,  dont l’embout à été fraisé à 11mm, fraise sphérique sur perceuse).  Le sertissage se fait à la main (en évitant le maillet) comme on pousse une balle dans le canon d’un pistolet à chargement par la bouche. Puis les entrée de chambres du  barillet sont graissé et celui-ci est retourné  et remis dans son support (comme ci-dessus);   cette fois-ci les cheminées sont en haut. On place les amorces à la main, après les avoir pincées et on souffle pour chasser les parcelles de poudre noire.  Le barillet est près pour le tir. Le temps de chargement est bien inférieur au chargement avec le levier sur l’arme;  les gestes et  le matériel sont plus simples.  Un support de chargement tient dans la main. voici le plus gros des supports, celui du Walker, toute marque confondues. P1000321

Un sabot PSR en fonction de ses dimensions, est prévu pour correspondre à un ou plusieurs modèles de barillets:  il n’est pas universel. Pour un tireur qui dispose de nombreux modèles de revolvers (Rem. 1858, Colt 1860, 1851, Walker, etc),  il lui faut plusieurs sabots,  sachant que certains sabots sont parfois utilisables pour 2 ou 3 modèles de revolvers courants  (dont les diamètres sont aux mêmes dimensions).  Il faut compter environ 40 euros pour un sabot. La gamme comporte 6 sabots.  deux critères interviennent pour la réalisation du sabot:

  1. le diamètre du barillet (celui de l’axe qui le traverse n’intervient pas)
  2. le diamètre externe du rochet

barillet PSR3

Lors de l’ouverture des alvéoles (ça se fait en atelier de mécanique de précision), les aiguilles de sécurité (en rouge sur le schéma) sont supprimées. L’alvéole ne disparaît pas complètement : il en reste une partie, mais cette ouverture va permettre aux amorces qui ne tiennent plus sur les cheminées après la percussion, de tomber au sol sans se coincer entre le barillet et le rempart. C’est la fin des emmerdements!

 

E/ Projet de création d’une presse à crémaillère,  pour un sertissage à domicile, en remplacement des leviers  de chargement

Ces supports doivent compléter une presse vendue dans le commerce, mais modifiée pour s’adapter au sertissages des balles de revolver à PN.  Le but est d’obtenir un sertissage qui ne sera pas « merdique », comme c’est le cas des leviers de chargement mobiles (type PIETTA) dont le refouloir n’est jamais à la verticale de la chambre.  Les leviers à bas prix sont conçus sur le principe du poussoir à bouchon,  car le refouloir est fixé par un axe A sur une barre qui descend en tournant autour d’un point fixe B .  Le refouloir (au point A) ne travaille jamais à la verticale en suivant une trajectoire linéaire : il descend en suivant  un arc de cercle. Ce qui veut dire que la poussée sur la balle est fréquemment oblique.

levier de chargement mobilleCe levier de chargement est vraiment basique et présente des inconvénients évidents; le barillet ayanrt une position fixe (il est maintenu par un axe, on ne peut pas placer les chambres à la verticale du refouloir (en rose). La poussée exercé par le refouloir sur la balle est donc plus ou moins oblique,  ce qui est tout à fait dommageable s’il s’agit d’ogives. Bien entendu le barillet tourne à la main autour de cet axe, mais chaque revolver a un barillet avec un diamètre différent.  

Nous allons remplacer ce matériel par une presse Bench Rest K&M qui garantit une poussée verticale très facilement contrôlable.  Sur cette presse l’axe vertical sur lequel est vissé le refouloir, est mobile. Mais le boitier contenant le mécanisme sur une potence est réglable en hauteur (par deux vis). Voici in schéma (stylisé) de la presse K&M

Capture

Il ne reste plus qu’à conjuguer une presse  K&M avec un sabot (support de barillet) de ma fabrication : quel en est le but ?

  1. Pouvoir sertir la balle avec une pression descendante verticale et progressive du refouloir et de l’axe du levier de chargement mobile: de sorte que cette pression s’exerce impérativement dans l’axe  de la chambre pour ne pas déformer les balles ni les incliner au moment du sertissage
  2. Avoir un barillet stabilisé par le sabot, de sorte que la pression s’exerce sur la balle et sur le barillet sans porter également sur la crémaillère (la rosette) qui est à sa base du barillet,  évitant ainsi de la détériorer.  Ce sabot est strictement prévu pour des barillets qui ont été modifié (les alvéoles  ne sont pas totalement supprimées, mais elles sont totalement ouvertes.
  3. Pouvoir placer le barillet sous le refouloir  et le positionner de telle sorte que l’axe du refouloir soit au centre de la balle. il est prévu de faire un guidage, mais ce guidage est d’une grande complexité; 4/ pouvoir tourner le barillet facilement pour changer de chambre après chaque sertissage.  Ce qui compte c’est de pouvoir conserver le réglage de la 1ère chambre  lors du changement de chambre (par rotation):  le positionnement doit rester stable et chaque chambre doit pouvoir se replacer facilement; 5/ conserver un sertissage chambre par chambre (et non un sertissage simultané des 6 chambres), ceci afin d’avoir le meilleur sertissage possible, avec mesure de la pression exercée si nécessaire pour le rendre constant . Tel est l’enjeu de notre recherche qui est maintenant aboutie.

La presse K&M modifiée,  très souple, adaptable à tout type de barillet,  avec un support  de chargement

sabot de chargement eb coupeLa presse que je propose est en vente sur le site américain K&M (K&M « Arbor press ») qui peut l’expédier en France, car ce n’est pas un matériel d’armement à proprement parler: http://abfirearms.com/ C’est un produit qu’on trouve sur une multitude de site de vente aux USA sous l’appellation « K&M arbor press ». Cette presse a été modifiée dans un atelier de mécanique de précision pour assurer un sertissage avec des refouloirs prévus pour deux types de balles à poudre noire : des balles rondes et ogivales, cal .44. On pourrait prévoir et fabriquer  des refouloirs adaptés à d’autres types de balles, et pourquoi pas à d’autres calibres,  qui seront également vissés sur l’axe de la presse.

Le sabot de chargement qui est une fabrication que j’ai mise au point (voir le croquis ci-contre) En principe, il a un double usage:

  1. couplé avec la presse pour un chargement de plusieurs barillets avant d’aller au stand de tir
  2. autonome pour un chargement dans le stand de tir, mais sans presse. On peut cependant emmener la presse au stand, mais je n’en vois pas l’intérêt. C’est un sabot que l’on peut garder sur soi dans une poche, très maniable. Une vidéo  qu’on trouvera dans l’article 9 de mon blog montre l’excellence de son fonctionnement.

Peut-on concevoir un sabot qui permettrait le chargement de barillets non modifiés (avec leurs alvéoles) ?

C’est évidemment possible, chacun peut faire fabriquer un sabot en fonction des dimensions de son barillet avec un jeu de 1/10ème  pour permettre la rotation du barillet sans frottement  dans le sabot, mais les aiguilles de sécurité qui sont à l’arrière du barillet viendront alors en appui sur le fond du sabot et vont le marquer, sous la pression. Ce n’est absolument pas recommandé: il faut une base plate. Il suffira alors de mettre une rondelle en nylon de 2/10 pour relever le barillet, mais du coup le rochet ne descendra plus autant dans le trou qui est au fond du sabot. C’est moins bien. la solution, c’est de limer les aiguilles de sécurité! Alors là certains vont crier au scandale. Pour ma part, je ne me promène pas avec mes flingues dans des étuis à la ceinture et je ne monte pas à cheval, donc je n’utilise pas la position de sécurité du revolver: quand je place mes barillets,  c’est pour tirer.

je flingue

Je suis très clair: que les « ceusses » qui tirent avec des barillets non modifiés -tels qu’ils sont vendus – parce qu’ils ne veulent pas faire de frais, parce qu’ils ont la trouille, parce qu’ils veulent garder leur arme intacte, sans la modifier, ou parce qu’ils veulent tirer comme de vrais-faux cowboy, ou encore parce qu’ils font de la compète, que ceux là continuent à charger leur barillet avec le levier placé sous le canon du revolver et qu’ils se promènent avec leur chevalet en bois, qui n’est certainement pas un instrument de cow-boy… et pourquoi pas s’acheter une camionnette pour aller au stand et trimbaler son matos… nul n’est parfait et pour certains le plaisir est parfois dans le rituel de chargement: c’est alors comme en amour, plus c’est laborieux,  meilleur c’est et quand le coup part enfin, c’est l’extase! Pour ceux qui aiment les brèves de poudreux, en voici une: « le monde est partagé en deux catégories:  il y a ceux qui chargent et ceux qui déchargent »…

Le chargement avec la presse K&M

Le barillet placé dans le sabot de chargement est garni successivement avec la PN et la semoule,  en utilisant les doseuses Lee. C’est un choix de ma part. De cette façon, il n’y a pas de blocage du barillet (incident courant avec un levier sur le flingue),  pas d’erreurs de chargement, car on contrôle visuellement  les chambres! On utilise ensuite la presse pour sertir les balles. Le barillet est mis dans le sabot et on place les balles à l’entrée des chambres.  La mise en place du sabot se fait par tâtonnement, mais très rapidement et facilement : il faut régler le positionnement du sabot à l’œil : on descend le refouloir  au contact de la 1ère balle et on vérifie qu’il est  parfaitement centré  sur celle-ci. Bien entendu le refouloir est plus étroit que la chambre.  Une fois la 1ère chambre placée dans l’axe du refouloir,  le barillet va pouvoir tourner à la main dans le sabot et les autres chambres viendront également dans l’axe du refouloir, il suffira alors d’agir sur le levier de la presse. Le sertissage complet d’un barillet se fera très vite et sans manipulations complexes: on tourne, on presse, on tourne, etc: c’est vite fait.

Le sabot n’est pas fixé:  il reste mobile et on peut rectifier sa position: pas de vissage, pas de calage, ça ne bouge pas lors du sertissage!  L’intérêt du sabot, c’est sa maniabilité: il stabilise le barillet et,  dernière étape, on peut même retourner le barillet dans le sabot pour mettre en place les amorces, car  très souvent il est difficile de les placer sur les cheminées quand le barillet est à sa place dans le revolver. Ce qui impose des outils (souvent merdiques) pour le chargement des amorces. Ces petits outils (des sortes de réglettes avec un poussoir) font le bonheur des armuriers, mais pas celui des tireurs. On passe plus de temps à remplir la réglette qu’à placer les amorces!

En retournant le barillet dans le sabot, cette dernière étape se fait « les doigts dans le nez »! Certains diront que la mise en place des amorces doit impérativement se faire au stand, barillet sur le revolver. Question de sécurité. Ouai!  D’autre part transporter un barillet chargé, avec les amorces en place, demande des précautions importantes (boite sécurisée) : je déconseille totalement.   D’autre part les barillets chargés (avec amorces) ne doivent jamais être placés sur un plan de travail, car ils roulent et s’ils tombent, le coup peut partir. Sur le pas de tir, le barillet une fois les amorces en place dans le sabot, peut encore tomber au moment où on le sort du sabot pour le placer sur le revolver. Une mauvaise prise en main et c’est la chute. C’est un moment à risque, donc toutes les précautions doivent être prises.

On peut voir  sur la vidéo comment la presse K&M fonctionne (car il s’agit bien d’une presse et non d’un levier): elle procède « en douceur » à un sertissage des balles soigné et facile,  sans les abimer (le refouloir acheté en armurerie doit être retravaillé), sans comprimer excessivement la poudre, sans écraser la crémaillère du barillet car le rochet ne porte pas sur le sabot: il est en suspendu dans le trou central. Une erreur dans les vidéos, il s’agit d’une presse K&M » et non « Bench rest ». Le sertissage vertical se fait dans l’axe de la chambre, progressif (par le bras de levier et la crémaillère), c’est à dire sans accoup, sans choc (on peut adjoindre à la presse un accessoire prévu par K&M pour mesurer la pression). On obtient alors un chargement fiable, précis et régulier.   On est sorti du « bricolage artisanal et traditionnel » et on travaille alors avec un objectif de qualité et de fiabilité, tout rendant le travail plus confortable, à l’instar du chargement  avec  des cartouches métalliques.   C’est incontestablement un pas en avant.  Mais pour la précision, il faut  aussi veiller à la fabrication de balles très régulières en terme de poids, c’est une autre dimension de l’amélioration » du chargement.

La presse  est donc prévue pour  compléter  les sabots de chargements. Ils constituent un ensemble  (le choix du sabot se fait selon le revolver utilisé) qui permet au tireur de préparer des barillets à domicile pour obtenir une précision maximale « dans  l’ordre du possible », c’est à dire selon les qualités propres au revolver utilisé.  Ces sabots et cette presse garantissent un chargement de tout type de barillet modifié, utilisé sur un revolver à PN.

 

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Pour tout renseignement sur ce matériel,  je suis à la disposition des tireurs qui,  après avoir vu la vidéo,  seront,  j’en suis certain, convaincus de ses qualités adaptées à leurs besoins. Si vous en doutez, il vous reste à  ramer avec les leviers de chargement traditionnels et  les leviers mobiles.

Voici quelques indications sur la modification de la presse K&M : l’axe d’origine n’a pas été raccourci: il dépasse de 0,5cm sous le boitier bleu qui contient la crémaillère. Il a été simplement percé et taraudé par un professionnel (filetage extérieur du pas de vis à 8,3mm environ) pour pouvoir visser le refouloir qui,  par contre, provient d’un Colt Walker Uberti, raccourci et modifié. Il a une longueur de filetage de presse bench rest11,85mm.  Il prolonge donc l’axe  de la presse de 3cm et il est interchangeable : on peut le tourner avec une clef plate pour le bloquer.  J’ai fait 2 modèles de refouloirs, l’un avec une forme en creux sphérique et l’autre ogivale. L’axe monte et descend de 3cm grâce au levier, ce qui est largement suffisant pour enfoncer tout type de balle et garder  de la marge pour compresser. Le bloc bleu (mécanisme de la press) est lui-même réglable en hauteur grâce aux vis de fixation qui sont aussi des vis de réglage (les vis noires derrière la colonne montante) .

Voici également une photo en grande taille de cette presse.  Il faut savoir que son intérêt découle de l’utilisation du sabot prévu pour permettre une rotation du barillet  très facile, sans avoir à déplacer le socle (une fois qu’il est en place). J’ai fait fabriquer  5 modèles de sabots qui couvrent tous les types courants de revolvers . Enfin le sabot garde le barillet vertical et stable, pour que le refouloir et la chambre soient alignés.  C’est un sertissage chambre par chambre, qui de mon point de vue, est préférable à un sertissage des 6 chambres à la fois, bien que la presse de M. Lamoureux présente d’indéniables qualités. Mais  sur le principe, son sertissage groupé ne tient pas compte des erreurs de chargement (ça arrive) qu’il faut pouvoir contrôler au moment du sertissage.  C’est un principe de sécurité. Se priver de ce contrôle est un risque qui peut avoir des conséquences.  Par exemple, une balle trop étroite peut échapper à la vigilance et sortir de la chambre pendant le tir, ce qui va occasionner un blocage du barillet sur un 1858.  Pour toutes ces raisons je considère  que le sertissage doit se faire chambre par chambre et que vouloir « industrialiser » le sertissage des balles d’un revolver à PN est une erreur . Gagner du temps, réduire l’effort, épargner le matériel, standardiser  et fiabiliser OUI,  mais industrialiser  sans précaution, NON!

 

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Un support de barillet fabriqué par  François Melle

K&M arbor press,Un des lecteurs du blog, François MELLE, s’est inspiré de ma technique qui conjugue une presse K&M et un sabot.  Le modèle de presse que je présente n’est plus fabriqué. Il a donc acheté aux USA une presse K&M d’un modèle récent, mais qui ne présente aucune différence majeure . Voici ce qu’il en  dit :

« L’idée d’utiliser une petite presse transportable sur le pas de tir m’a séduit mais, malheureusement, la K&M n’était plus disponible chez ESP, qui paraît en être l’unique distributeur en France. J’ai donc commandé directement chez K&M aux USA et l’outil m’a été livré en une dizaine de jours. Coût : 115 $ + 66 $ ( !) de frais d’envoi + 40 € de frais de douane et TVA. »

Pour ceux qui cherchent ce modèle (K&M arbor press, avec ou sans appareil pour mesurer la pression) je rappelle qu’il demande une petite adaptation (atelier de mécanique de précision) pour  l’équiper des refouloirs . L’adresse est par exemple celle-ci:

Pour le sabot M. Melle a récupéré  un cylindre (1) (point de départ de son innovation) qui est une cartouche de flashball en alu dont le diamètre intérieur dépassait légèrement le barillet avec lequel il travaillait.  Il a raccourci le cylindre et l’a fixé sur un socle qu’il a fabriqué (2) .  Au fond du cylindre récupéré, on voit  un trou cylindrique  (voir la photo)  dans lequel il place la base de l’axe qu’il a fait fabriquer et dont il a élargi la base au diamètre du trou.  Une vis traverse le socle (2)  et vient ensuite se visser dans cette base de  l’axe (3),  Faute d’un croquis j’avais eu du mal à comprendre comment fonctionnait l’appui du barillet: la couronne autour du rochet vient sur le cercle jaune .

sabot melle et axe2

 

épaulement ALe diamètre de l’axe varie selon le barillet concerné : trois axes ont été fabriqués. Le barillet  descend dans le cylindre creux (1) de diamètre X’ légèrement supérieur et vient se poser en A sur un petit « cylindre » de diamètre X » (sur le rebord en jaune), de telle sorte que le rochet entre dans ce trou, sans toucher la base de l’axe. Parallèlement le barillet est centré par l’axe qui fait corps avec le socle grâce à la vis. Voici ce qu’il en dit:

le barillet flotte « A l’intérieur (dans le fond), ce cylindre présente un appui sur lequel un barillet de Colt 1860 peut venir reposer tout en laissant en l’air son rochet qui ne risque pas d’être abîmé, ou d’abîmer ce qui est en dessous. »

Une fois la vis serrée, les 3 pièces forment un ensemble rigide. Le cylindre de flashball présente un fond intéressant qui permet de stabiliser parfaitement l’axe dans ce trou cylindrique et d’utiliser le rebord du petit cylindre pour surélever le barillet.

« Le changement d’axe est très rapide, juste une vis à démonter et à resserrer, et le barillet est maintenu à la fois par la cartouche de FlashBall et par l’axe qui la traverse. Il tourne dans et sur son support avec une telle douceur qu’on le croirait monté sur roulement ! Sur la presse elle-même, je me suis contenté d’aléser à 4 mm l’orifice de 3,5 mm existant à la base du ‘’piston’’ et d’y enfoncer à frottement doux un poussoir sécurisé par une goutte de Loctite. »

Différence entre le sabot PSR et ce support de barillet 

presse pietta

Le principe de l’axe pour tenir le barillet est connu.  Il a été  largement utilisé dans les presses à levier mobile type Pietta qui sont des outils bon marché et basiques. L’axe est alors vissé dans le socle de la presse (une plaque rectangulaire): ce qui n’est pas le cas du support de M. Melle . Cet axe suffit à stabiliser le barillet en position verticale, surtout si la pression du refouloir s’exerce de façon parfaitement verticale, ce qui n’est pas le cas sur les leviers Pietta et Consort.

Dans ces conditions, pourquoi conserver ce cylindre creux autour du barillet qui ne joue aucun rôle?  Il suffit de visser un axe dans un socle mobile . Autrement dit M. Melle n’avait pas besoin de cette cartouche, il lui suffisait de faire un socle plus épais, avec un filetage (c’est plus délicat pour le bricoleur)  qui le traverse. Ce qu’il faut retenir de son système, c’est la mobilité de ce support et un jeu d’axes de diamètre variable, deux conditions incontournables pour pouvoir travailler avec différents types de barillets,  Quand à l’appui du barillet sur ce cylindre intérieur, je ne sais pas quels types de barillets sont compatibles avec lui, car je n’ai pas les dimensions de son système. Où tombent les aiguilles? Il faut que l’appui se fasse entre le rochet et les aiguilles. A voir sur place…

Cette adaptation d’une cartouche de flashball est donc une variante du socle Pietta, mais mobile (puisque le support n’est pas fixé sur la presse).  Conséquence de cette mobilité, on peut travailler avec différentes largeurs de barillets et faire varier le diamètre de l’axe en fonction du modèle de barillet. Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, faire un simple filetage dans le socle de la presse (à un emplacement calculé en fonction du diamètre du barillet) interdirait d’utiliser d’autres modèles de barillets, ayant des diamètres différents. Qu’il s’agissse du sabot PSR mobile ou d’un support mobile de l’axe, ils permettent de régler (à l’œil) la position du barillet pour que le refouloir tombe exactement au centre de la chambre.

Cette solution évite d’avoir plusieurs sabots destinés à tenir différents types de barillets dont les dimensions varient: il suffit en principe d’avoir un support mobile et un jeu d’axes. Mais l’usage du tournevis n’est pas convaincant, sauf pour un tireur qui ne change d’axe que très occasionnellement et qui ne vient au stand qu’avec un seul revolver. Il pourrait alors faire le changement d’axe chez lui  Cette variante n’est cependant pas faite pour un transport dans la poche!

A partir du travail de M. Melle, il m’est venu à l’idée de faire un sabot de conception différente, qui serait « universel ». A suivre.

 

 

 

 

 

 

Vidéo

6 – Les marques, logos et indications sur les répliques de revolvers à poudre noire


article terminé le 27/01/2013

1/ Comment reconnaître les marques et les logos à l’achat d’un revolver: Les poinçons et leurs emplacements habituels ?

Les revolvers à poudre noire comportent différents marquages et poinçons  qu’on trouve principalement sur la carcasse (côté droit) , sur la console du canon (côté droit) , sous le canon (parfois en tout petit),  et aussi sur le barillet.   Deux poinçons sont systématiquement présents sur les revolvers :

  • Les lettres PN surmontées d’une étoile,  qui indiquent qu’il s’agit d’un revolver à PN , à n’utiliser qu’avec  cette poudre et surtout pas avec de la PSF.
  • marchiit12 L’autre poinçon  est un poinçon de ban d’essai (italien) ; il représente  2 fusils entrecroisés  surmonté d’une étoile.

  marchiit2Voici ces poinçons sont généralement placés côte à côte. On trouve parfois en plus une étoile seule dans une forme circulaire ouvragée.

ASM avec 3 marquages bis

poinçons  courants 2

walker ASM 2

poinçons

 1851 Euroarms

walker uberti 5528Sur les revolver Uberti, ces  poinçons se trouvent à l’état de miniatures, jouxtant les numéros, devant la sous-garde  (comme on le voit sur cette image) et de ce fait, ils  sont difficile à identifier. On y trouve également, sur certains revolvers de cette marque,  le logo Uberti qui est ajouté à cette série de miniatures. En voici un exemple sur mon Walker HEGE Uberti.  Dès l’instant où HEGE-UBERTI est indiqué sur le canon, il faut se contenter d’un seul numéro et si le logo Uberti se trouve sur la carcasse, le canon quant à lui est indiqué Original HEGE-UBERTI, ce qui veut dire que le canon (et peut-être le barillet)  est probablement de fabrication HEGE.  Mais le fabricant UBERTI a habituellement comme politique de rendre les marquages discrets, au point qu’il est difficile d’identifier un revolver de cette marque. Il a aussi la mauvaise habitude de faire des poinçons qui sont très mal frappés et qui sont parfois peu lisibles On les trouve placés devant le pontet de la sous-garde,  à la jonction de la carcasse et de la console du canon (on le voit sur cette image).  Mais sur d’autres revolvers, le logo Uberti se trouve généralement à gauche de la carcasse ou sous la crosse, frappé sur sur l’armature de celle-ci (remington 1858)…

Il est  nécessaire de disposer d’une loupe de philatéliste  pour vérifier les poinçons et logos sur des revolvers de cette marque.  Sur le canon de mon Walker HEGE UBERTI, on ne trouve donc  pas de numéro, ce qui est embarrassant car on peut alors procéder à des échanges;  mais on trouve les deux poinçons  (les lettes PN et les fusils croisés, frappés en travers de la console, l’un sous l’autre). Sur la carcasse de cette arme, on trouve rassemblés   tous les poinçons, le logo et le numéro devant la sous-garde,… En allant (de gauche à droite à nouveau) , le logo Uberti, à peine visible, placé dans le sens du canon, puis transversalement, la datation avec les lettres (BA?) dans un rectangle et enfin les 2 poinçons habituels : PN et les 2 fusils entrecroisés surmontés de  leurs étoiles et en dessous le numéros  bien lisible. Sur cette arme, le marquage est complet mais on ne peut pas garantir que  le canon et la carcasse appartiennent , à la même arme depuis l’origine.

2/ la présence nécessaire des numéros et leurs emplacements

Ce qui est important, pour tous les revolvers, c’est de vérifier les numéros inscrits sur l’arme, afin de pouvoir vérifier que pour chaque pièce de l’arme (y compris la clavette des colts), le numéro correspond à celui des autres parties et que les différentes pièces sont d’origine. Si les numéros sont identiques, l’arme est totalement d’origine. Ce qui est prioritaire, quand il s’agit de Colts (sauf pour les HEGE -UBERTI), c’est d’avoir au moins 2 numéros, l’un sur la carcasse l’autre sur le canon. Pour ce qui concerne les révolvers à carcasse fermée, un seul numéro suffira (frappé sur la carcasse).

My beautiful picture

J’ai déjà abordé cette question dans mon article 3, intitulé: « Un autre regard sur le Walker 1847 ». Dans l’idéal, les numéros se trouvent à 3 endroits proches (côte à côte), comme indiqué par les flèches sur l’une des photos précédentes. Les numéros sont frappés de façon transversale. Sur les ARMY SAN MARCO, le positionnement est exemplaire. Mais sur d’autres revolvers,  on trouve aussi le numéro sous la crosse, frappé sur l’armature. On trouve également le numéro sous le levier de chargement des revolvers, à la base du canon. Voici différentes photos qui montrent ces positionnements. Sur la photo qui montre la crosse renversée, à côté du numéro, on trouve le logo de PIETTA, ce qui est inhabituel à cet endroit.

  colt 1860 ubeti gardonepietta ancienne marque

3/ Comprendre le code de datation 

La datation des revolvers est inscrite dans un rectangle, placé sur le côté droit ou sur la carcasse, devant la sous-garde (ou le pontet). Elle est indiquée selon deux types d’écriture : de 2 à 3 chiffres romains jusqu’en 1974 et 1 couple de deux lettres depuis 1975 et jusqu’à aujourd’hui  (source J.P. DeBaeker, Répliques et poudre noire). Ce sont les « code/date » du banc d’épreuve (d’essai)  italien. Les différentes datations qu’on peut lire sur les photos (XX7, XXX, AF, AU) correspondent donc aux années 1971, 1974, 1980, 1989. C’est donc très simple à déchiffrer, à condition de disposer de ce code. Selon J.P. Debaeker, il semblerait que le code n’ait pas été suivi de façon logique, car, il manque certains codes lettres entre 1984 et 1993 (de AL à AZ ). On aurait donc sauté AJ, AK, AO, AQ, AR, AV, AW AX AY. Ces codes auraient-ils trouvé une autre utilisation ? Voici le tableau qui permet de dater une réplique de revolver:

 datation des revolvers_NEW

  Il ne reste maintenant qu’à identifier les logos des marques et de savoir ce qu’elles furent,  ce qu’elles sont devenues et quelle est la qualité de leurs armes ?

4/ Connaître  les marques des fabricants et leur logos

 

fabricants de revolvers3_NEW

fabricants de revolvers_NEW

fabricants de revolvers2_NEW

On peut classer les fabricants de répliques de revolvers cap & balls en 3 catégories :

a/ Ceux qui fabriquaient ou fabriquent encore des armes correctes mais de qualité courante :

on mettra ARMY SAN MARCO (ASM) et ARMY SAN PAOLO (ASP), qui l’un comme l’autre, ont fabriqué des armes solides, de belle présentation,  mais avec des mécanismes un peu rustiques : j’ai montré un Walker ASM et ses imperfections, mais j’ai un 1851 ASP, qui est excellent.

EUROARMS a été un fabricant de revolvers très connu. Il avait repris ASP et jusqu’à récemment il produisait des armes courantes très appréciées (comme le R&S) : c’était de la bonne fabrication.  Mais il a fermé en 2012. Je cite les commentaires de tireurs trouvés sur le forum « poudre noire » et je m’associe à leur conclusion:

http://poudrenoire-free-fr.superforum.fr/t313-euroarms-la-fin-d-un-geant-de-la-replique

« C’est avec grande tristesse que j’apprends la fin d’un géant de la réplique (encore une). EUROARMS – Armi San Paolo semble avoir trépassé. Pour moi, c’est une grande perte, puisque ARMI SAN PAOLO fut créée en 1971 par un groupe de personnes expérimentées dans le domaine des répliques (leur collaboration avec de grands maitres de la réplique western le prouve). En 1987 après une grande période de doute et de perte d’argent en raison d’un marché de répliques saturé d’offres, la société déplaça ses installations de San Paolo (25 km de Brescia) vers Concesio toujours en Italie. Après des années que je qualifierais de réussies  sur le point de la qualité, des modèles proposés, et de prises de marchés importants, A.S.P fut littéralement absorbé par son Distributeur-Importateur de toujours EUROARMS. En 2002, les deux entreprises ne faisaient plus qu’une seule entité. En 2012, le groupe disparait. » (S)

« Le marché de l’arme civil (par opposition aux marchés militaires avec un grand S) est en voie d’extinction. Les législations qui grignotent nos libertés sous le fallacieux prétexte de la sécurité, font que la possession d’armes, sera, dans les décennies à venir, une exception rarissime ! Il n’y a qu’à voir la position de la presse !  Il y a moins de cinquante ans, les armureries étaient présentes dans toutes les petites villes ! Combien en reste-t-il  à Paris, aujourd’hui ? Jusqu’en 1939, la vente des armes était libre !! Maintenant une carabine à air comprimée d’une forte puissance est classée!! Nous verrons disparaître les armureries et les fabricants. Ou alors, mes amis, il faut vous réveillez auprès de vos députés, et fermement, car au train où vont les choses, nous ne pourrons même pas transmettre nos pièces de collection en 8ème catégorie à nos descendants. » (DO)

« Chaque fois qu’une entreprise ferme, c’est toujours dur pour tout le monde, Sebou, je pense que tu lis la revue de l’ami Trusty Phil (…) rédacteur en chef d’Action et de La Gazette, et bien dans le numéro 344 de mars-avril 2012 d’Action, il y a un article parlant de la fermeture d’EUROARMS dont l’activité armes longues avait déjà été reprise par PEDERSOLI, et désormais plus aucune arme de poing ne serait produite. Bedec Tir, l’importateur pour la France, a raflé une partie du stock qui restait en Italie,  mais il n’est pas question de pièces détachées ! » (DW)

 PIETTA  est  considéré comme un fabricant qui produisait des armes de qualité moyenne, mais à bon prix. Actuellement, il reste seul à produire des revolvers dans une gamme de fabrication courante, mais en améliorant la qualité et la présentation de ses produits, il tente de se montrer compétitif envers son seul concurrent actuel: UBERTI.   PIETTA produit certains revolvers en dehors de la gamme courante avec une ambition de qualité   (Lemat, ou Starr DA ou SA par exemple) et même de précision (revolvers à pas progressif). PIETTA occupe le marché français, profitant d’une distribution au compte-goutte des revolvers UBERTI et surtout de leurs pièces de rechange.

 b/ Ceux qui fabriquent des armes d’une qualité supérieure

Dans ce créneau, on trouve surtout le fabricant UBERTI (très rarement PEDERSOLI qui produit des armes longues principalement).  Sans aller jusqu’à faire des armes de compétition, comme c’est le cas de PEDERSOLI, UBERTI  est réputé pour faire des répliques à PN très proches des modèles d’origine ; de très belles armes, appréciées pour leur finition et leur fiabilité, à des prix qui sont encore raisonnables, mais la qualité semble moindre,  pour les armes vendues en France, que celles vendues aux USA . Le Walker 1847 que fabrique UBERTI est très affiné par rapport aux modèles antérieurs  des anciens fabricants  (ASM et ASP) : est-il vraiment dans les proportions du Colt d’origine? A une certaine époque, l’Italie, comme la Belgique, fabriquait des répliques et certains fabricants travaillaient pour des marques comme UBERTI dans le cadre d’une association connue sous le nom de C. Gardone qui regroupait  des entreprises (souvent familiales). Cette association leur permettait de rester anonymes: UBERTI a donc vendu des armes sous le couvert de sa marque dont certaines pièces étaient sous-traitées. Il faut voir si les répliques UBERTI & C. Gardone valent les UBERTI. On dit qu’UBERTI baisserait un peu en qualité, tandis que PIETTA monte. D’autre part, UBERTI est un fabricant dont les pièces sont difficiles à trouver, car les délais d’importation sont  « capricieux ». La production part en direction des EU qui ont un marché de la vente des répliques très actif.

Les ventes de revolvers UBERTI d’occasion  pullulent actuellement sur les sites de vente aux enchères ! Voici (par exemple) 2 photos de revolvers mis en vente sur NaturaBuy et qui sont déclarés être des « UBERTI ». Pourtant aucun de ces vendeurs ne présente la moindre preuve qu’ils sont de fabrication UBERTI: ni l’indication gravée sur le canon, ni le logo, ni les numéros et leur concordance : juste une photo qui indique « black powder », cal .44…. et . C’est le procédé classique de l’arnaque . NaturaBuy accepte ça !   Le 1er est mis en vente par NIKKO89 qui déclare vendre un  « colt 1860 UBERTI », le second est vendu par MANWE, un vendeur qui pourrait être d’origine … , spécialiste de ce genre de vente bidon. Lui ne lésine pas : il déclare que c’est du HEGE-UBERTI, carrément ! Il est clair que NaturaBuy permet ce genre de vente qui pue l’escroquerie et qui compromet le site ! Mais c’est son fonds de commerce.

Nikko89 colt-1860-Uberti

Manwe-1860-HEGE-UBERTI

 Des photos juxtaposées peuvent constituer un montage . Les acheteurs doivent être plus exigeants.

 

HEGE est un fabricant allemand qui vend des revolvers UBERTI, dont il fabrique les canons et les barillets ou qu’il revend simplement,  mais en apportant sa marque, sa réputation et « un plus » : il achète à UBERTI des armes sélectionnées. Il est cependant arrivé que HEGE vende des UBERTI de qualité plus courante, en cas de rupture de stock. HEGE vend des revolvers selon son inspiration…

colt-confedere-cal44-uberti-hegemarquage Hege Uberti

 

ORION est un importateur Allemand  et contrairement à ce que certains prétendent, l’inscription « Orion » sur un revolver  ne signifie pas qu’il s’agit d’un HEGE-UBERTI.  On la trouve assez fréquemment.  Il importait différentes marques notamment des Euroarms, des Armi San Marco.

Je précise qu‘HUBERTUS n’est pas Uberti, C’est est un revendeur allemand qui apposait, comme le fait HEGE, sa marque sur les revolvers UBERTI.

Un mot sur le colt 1860 CENTAURE.  Un fabricant belge qui a fait des répliques du Colt 1860 réputées pour leur qualité et qu’on trouve sur le marché d’occasion à prix assez élévé. Elles ont été fabriquées sous licence Colt et à ce titre elles sont considérées comme des Colts. Elles sont d’une sobriété qui rend l’arme superbe. Voici l’adresse d’une vente qui présente un colt 1961 en très bel état extérieur: http://www.naturabuy.fr/Colt-Army-1860-calibre-44-Centennial-fabrication-Centaure-item-602022.html. Le logo de centaure est précisément un centaure.

 3/ Enfin ceux qui font des armes destinées à la compétition

Ce sont des armes qui ont un haut niveau de fabrication : on trouve 2 fabricants PEDERSOLI (Italien) et FEINWERKBAU (allemand).  Mon article 10 comporte un paragraphe très détaillé à ce sujet  et je vous invite à le consulter.


Vidéo

5 – Le démontage d’un revolver à poudre noire, compréhension de son fonctionnement et de l’indexation


 vitrine ! Certaines images se sont réduites…  cliquez dessus pour les agrandir

Article repris le 20/12/2013.

Cet article fait suite  à 4 autres articles; il est recommandé de les lire dans l’ordre, car certains contenus ont été déjà abordés et ne seront pas repris dans cet article ;

  1.  La nomenclature d’un Colt
  2.  Le démontage du mécanisme
  3.  Comprendre le fonctionnement du Colt pour en assurer l’entretien et la réparation
  4.  Le rôle du verrou et de sa butée dans un révolver à PN
  5. L’indexation d’un révolver, un point très important du fonctionnement
  6. Le problème de l’entrefer et son réglage
  7. Le nettoyage d’un revolver à PN

1/ La nomenclature d’un Colt

Un outil très utile pour faire tomber le canon d’un colt (en principe mes canons sortent sans forcer et si nécessaire, je fais un petit ajustage pour réduire les frottements), mais sur certains colts neufs ou achetés récemment, il arrive que la clavette et le canon résiste fortement. Il est prévu qu’on utilise le bourroir pour sortir le canon (on le met en appui sur le barillet et on pousse comme si enfonçait une balle dans une chambre, mais au lieu de pousser une balle, on fait reculer le canon, si la clavette a été enlevée préalablement! Il est cependant recommandé de mettre la clavette ou un petite plaquette de bois entre le bourroir et le barillet pour éviter  d’abimer ce dernier. Cette petite barre peut être utilisée conjointement avec le bourroir en cas de gros effort et comme protection du barillet, mais aussi sans celui-ci, en l’utilisant comme un levier, quand le canon n’est pas très bloqué et qu’il ne demande qu’un peu d’aide…

  démonte canon

La compréhension du  fonctionnement du Colt est une étape indispensable  pour devenir un « poudreux », c’est à dire un tireur à la poudre noire.  J’ai pour ma part franchement « ramé » au début, ne sachant pas démonter le canon avec l’aide du refouloir (qu’on pourrait aussi appeler repoussoir), ni démonter les pièces situées  dans la carcasse et je ne pouvais donc pas nettoyer correctement l’intérieur des mécanismes: avec de l’eau bouillante ou du white spirit, il reste quand même des résidus.  Je devais également donner mes révolvers à l’armurier pour régler les détentes par exemple. Une telle ignorance me donnait le sentiment d’être dépendant de tiers et bloqué devant tout problème mécanique.  N’ayant pas une formation technique,  le mystère de cette mécanique m’intriguait : elle semblait contenir des pièces très simples, mais leur articulation échappait  à ma compréhension.   Il fallait  s’y mettre ! J’ai dû chercher sur internet des plans, des schémas, des nomenclatures  qui me permettent de comprendre l’agencement des pièces et leur rôle; les documents manquaient de précision concernant les fonctions de chaque pièce et leur mouvement (en rapport avec les déclics).  Voici une nomenclature qui peut servir pour beaucoup de révolvers et qui m’a bien servi pour apprendre le jargon des tireurs jusque-là un peu ésotérique concernant les pièces d’un colt.

terminologie d'un colt

Ma collection d’armes d’occasion s’élargissant, avec des problèmes propres à chaque arme, il devenait nécessaire de tenter le démontage des Colts,  après quelques achats d’outils appropriés:  démonter, était faisable, mais remonter, c’était « une autre paire de manches », ce qui me donna quelques inquiétudes !  Les vis constituent une source de problèmes majeurs et fréquents, car elles sont souvent bloquées par manque d’entretien ou en raison de l’oxydation (absence d’huile dans les filetages): certaines ont dû être remplacées après avoir été démontées en force, tellement elles étaient bloquées. Autre souci, il arrive que les têtes  de vis soient martyrisées par les tireurs amateurs (usage de tournevis inadaptés à l’armurerie ou serrage excessif) au point que tout démontage devient impossible. Une arme dont une seule vis est bloquée peut donner un problème sans solution et en faire une arme condamnée à l’étagère:  il faut alors passer par un armurier qui va tenter une réparation  et qui va devoir soumettre les pièces à des traitements de choc ! A moins d’avoir  l’aide d’un ami expert en armes anciennes (mon ami Yan, un anglais pour qui les armes de ce genre n’ont pas de secret) ;  en clair,  l’arme risque d’être abimée  (serrage dans les étaux, traces de coups, d’outils, perçages difficiles etc).

Le gros souci, ce sont  les ressorts de chiens qu’il faut tendre quand on remonte les revolvers (voir la pièce N°19): un vrai cauchemar!  Dans mes débuts, je me suis battu avec ceux-ci pour les remettre en place, utilisant des petits serre-joints…  jusqu’à ce que je mette au point un système qui rend le remontage assez facile : en remplaçant le serre joint par du cable électrique.

Le colt simple action doit avoir une mécanique bien soignée, bien polie : lorsqu’on arme doucement le chien, on doit entendre 3 clics successifs. Il va d’abord passer par le cran de demi armé pour arriver en fin de recul en position d’armé, prêt à tirer.  Mais en tirant légérement  sur le chien, on peut simplement débloquer le barillet et le faire tourner à la main, chose nécessaire.  Le recul du chien fait entrer le verrou dans la carcasse et libère le barillet. Le verrou est une petite  cale ovale qui se trouve sous le barillet  et qui s’encastre dans les 6 encoches prévues sur celui-ci : il descend et remonte lorsqu’on arme et s’introduit dans chaque encoche : le barillet est alors en principe aligné avec le canon. Rentrer le verrou  est nécessaire pour sortir le barillet et le demi-armé permet cette opération (si on a préalablement enlevé la clavette et le canon, bien sûr) .

Le colt se décompose en 4 parties principales :

  • – le bloc canon avec en dessous le levier d’armement et le bourroir (ou refouloir)
  • – la carcasse en acier ou en laiton dans laquelle est vissé l’axe de barillet (il ne peut pas être sorti, car il est serré à chaud)
  • – le barillet
  • – la crosse, avec la poignée et son armature en acier, fixée sur la carcasse (par 3 vis) .
  • – la sous-garde en laiton (qui sert de pontet) et qui maintient la carcasse et la crosse (par 3 vis) . Sur les colts, ces vis sont interchangeables , mais attention à les garder en bon état et démontables !

Comment armer un Colt ?  C’est le rôle du chien que l’on tire en arrière et qui peut prendre 2 positions, mais faire entendre 3 clics :  au départ la détente est légèrement inclinée vers l’arrière  et s’avance à la verticale lors du mouvement du chien.

  • 1er clic : le verrou rentre et  la détente se place dans le cran demi-armé et à la verticale (en avançant un peu) ; elle produit alors un 1er clic. 
  • 2ème clic :  le chien poursuivant son recul, la détente revient en arrière et se place maintenant dans le cran d’armé : elle est alors à nouveau ramenée à la verticale en produisant un second clic
  • 3ème clic : la came (l’arrêtoir du barillet) est relâchée  et le verrou sort poussé par le bilame : il produit un clic.  Il bloque maintenant le barillet . L’arme est prête à faire feu si on appuie sur la détente.

chien au reposchien demi armé

chien armé

 

2/ Le démontage du mécanisme

Une fois que la sous-garde est tombée, le mécanisme apparaît et c’est l’occasion de vérifier que l’entretien est efficace: en réalité, il ne l’est que partiellement, c’est pourquoi lors du nettoyage courant, il est utile d’utiliser des produits qui protègent l’acier et bloquent la corrosion due aux résidus (Armistol, « 3 en un », huiles mécaniques, etc). Mais il faut procéder régulièrement à un nettoyage complet. Je recommande d’utiliser un pinceau et de laver le mécanisme au white spirit ou au pétrole désodorisé qui, l’un comme l’autre, ne risquent pas de provoquer la rouille. De surcroit, les saletés contenues dans le white spirit se déposent au fond du flacon, ce qui permet une réutilisation du produit de nettoyage après décantation. L’eau bouillante est excellente pour le nettoyage du canon et des barillets, mais pour le nettoyage de la carcasse, on risque de laisser des résidus et de l’eau, malgré un séchage au sèche-cheveux. Il faut sécher l’arme de telle sorte que l’eau s’écoule (tête à l’envers). Le white spirit (avec un peu l’huile mécanique diluée) me semble plus adapté et nettoie très bien, sans risque de rouille et sans souci de séchage.  Une arme doit également être conservée dans un endroit sec.

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Déposer la sous-garde est pas une opération courante d’entretien: toute intervention sur l’arme qui met en jeu la visserie est délicate, surtout lorsqu’on a affaire à des San Marco ou des San Paolo, pour lesquels les vis sont introuvables. Enfin une crosse de colt est vissée à l’armature et à la sous-garde par 3 vis et pour les remettre en place, il faut opérer une tension, si nécessaire avec une serre-joint de petite taille, pour rapprocher la carcasse et la sous-garde : en principe la main suffit si le ressort est maintenu comme je vais le montrer. L’utilisation du serre joint est cependant inadaptée et certains armurier dévissent les ressorts de chien.

Je recommande ma méthode qui est très pratique.  Au remontage, le ressort de chien et la sous-garde seront difficiles à remettre en place, car le ressort pousse le chien et écarte la sous garde: il faudra donc serrer ressort (c’est l’intérêt du câble électrique) et maintenir la sous-garde et la carcasse en pression pour que les orifices des vis se placent en alignement. On procède au remontage avec le ressort tendu à fond et tenu par le câble; Il n’est pas nécessaire de tendre le ressort avant de mettre le cable : on enserre le cable à la base du ressort et ensuite, on fait remonter le cable enroulé en le glissant, ce qui du coup serre le ressort de chien. Le chien doit être en position demi-armé pour qu’il laisse de la place au ressort.

Il faut prendre de grandes précautions concernant les vis de la sous garde et de la crosse et ne pas serrer excessivement. Il faut surtout les graisser. Mais les lavages intensifs à l’eau exposent les filetages à l’oxydation, il est donc important de démonter et de graisser les vis à chaque fois  pour éviter qu’elles ne se grippent.

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C’est au démontage qu’on prépare le remontage : un conseil, gardez le ressort de chien tendu et fixé sur la sous-garde pendant tout le démontage jusqu’au remontage. Si on ne l’attache pas, quand la carcasse et la sous-garde vont être désassemblées, le ressort sautera! Donc on va le garder tel qu’il est, en le maintenant bloqué contre la sous-garde par le câble électrique en cuivre (avec sa gaine), ce qui va nous épargner bien des « emmerdements » (voir les photos)! D’autre part,  je recommande de maintenir le chien collé à la carcasse (position de repos) avec un élastique, cela évite à la détente de se balader et de gêner le démontage (idem au remontage): on n’enlèvera l’élastique au démontage que pour sortir le chien, après avoir retiré le bilame, la came et la détente. Selon la marque du revolver, le remontage de la sous-garde sera plus ou moins facile, on a toujours du mal à remettre les vis en face de leur trou, mais il faudra placer le chien en position demi-armé pour mettre l’extrémité crochue du ressort sous le bec auquel il s’accroche, sinon il va contrarier la remise en place de la sous-garde.

L’astuce  : il faut procéder à l’enroulement du ressort dans la partie basse, ce qui évite d’avoir à alors à tenir le ressort tendu pendant l’enroulement : il suffira de faire glisser le câble enroulé vers la carcasse (vers le haut), pour que le ressort de chien se tende, car il est serré contre le cadre en laiton de la crosse et  en remontant l’enroulement, le ressort se plaque  contre celle-ci, c’est là toute l’astuce de ma méthode!

  bilame

Voici les parties mécaniques après nettoyage au white spirit. Le démontage de la carcasse commence : nous allons déposer le ressort bilame : la vis est très délicate et souvent, par abus de serrage, elle se détériore: il est alors difficile de la changer sur des modèles Army San Marco ou San Paolo: problème fréquent. On peut « retremper » les têtes de vis en acier pour les renforcer, mais la qualité du tournevis reste essentielle. De la douceur et un bon outillage s’imposent !

 On va maintenant sortir 2 axes visibles sur le côté de la carcasse en les dévissant avec toutes les précautions requises (un tournevis parfaitement adapté, à bout plat, aux dimensions exactes)

  • 1/ l’axe de la came du verrou de barillet, en regardant bien comment celle-ci se place sous l’axe de la détente et côte à côte avec celle-ci.
  • 2/ celui de la détente, qui se tient droite tant que le chien ne bouge pas, grâce à son axe et à l’élastique.

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Une fois la came et la détente sorties, il ne reste plus enlever l’élastique qui maintient le chien, dévisser l’axe du chien et sortir le chien avec le doigt élévateur qui est  accroché sur sa face A.  Ce doigt et son ressort sont logés dans un couloir rectiligne et ne peuvent sortir que si on les tire dans  le sens de l’axe du couloir,  avec délicatesse:  pour ce faire,  on procède comme indiqué sur l’image. C’est très facile.

 8 on sort le chien et le doigt

 Voici maintenant des photos qui indiquent l’agencement des pièces mécaniques dans la position où elles se trouvent articulées au chien:

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 My beautiful picture

3/ Comprendre le  fonctionnement du Colt pour en assurer l’entretien et la réparation

Démonter l’arme ne signifie pas qu’on a compris son fonctionnement et les subtilités de la synchronisation des différentes actions, à moins que l’on ne soit mécanicien ou très à l’aise avec ce genre de mécanisme d’horlogerie. Voici le mécanisme tel qu’on le voit sous la carcasse: ce qui aujourd’hui me paraît très simple est resté une énigme pendant pas mal de temps et j’espérais (en vain) trouver un article sur son fonctionnement. Finalement, j’ai pris le temps de tout examiner à la loupe et de m’initier à cette mécanique dont je vous donne la clé.

5après nettoyage

Le ressort bilame, dont on a vu les deux lames bombées, appuie sur la détente et sur la came (photos précédentes), ce qui les oblige à revenir à leur position dès que le chien n’exerce plus de pression sur celles-ci : la came se met à l’horizontale et la détente à la verticale.  Le détente présente une petite proéminence (saillie) plate de 3mm environ sur laquelle le bilame appuie.  Conseil utile : en  cas d’impossibilité de trouver un ressort bilame pour un revolver ancien, on peut en fabriquer de différentes façons :  on peut utiliser une lame de truelle en acier, qu’on va tailler, détremper , courber et retremper. On peut aussi utiliser des tiges en acier d’1 mm environ qu’on va de la même façon, détremper, courber, façonner et retremper. en voici un modèle découvert sur un revolver acheté sur Naturabuy, le site où tout est possible!

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Par l’intermédiaire de la détente, le bilame agit indirectement sur le chien. Pour comprendre l’agencement des pièces et leurs interactions, il faut imaginer un assemblage dans l’espace et comprendre que le chien fait une légère rotation autour de son axe. C’est le soleil autour duquel gravite des satellites ! C’est cette rotation partielle du chien qui produit plusieurs actions :

  •  1/ la rotation du chien agit sur le doigt élévateur articulé par un axe sur sa face A et qui en montant, sous la poussée du chien, fait alors tourner le barillet. Voici des photos montrant le doigt élévateur sorti de la carcasse et la rosette crantée qui est à l’arrière du barillet et sur laquelle le doigt élévateur exerce une poussée (ascendante) pour faire tourner le barillet. Pour réduire les frottements et adoucir l’armé, il est recommandé de polir entièrement le doigt, son ressort et le couloir dans lequel ces pièces exercent leur mouvement ascendant et descendant. Le ressort maintient le doigt au bon endroit dans ce conduit, sinon il flotterait et raterait les crans de la rosette. Mais pour polir ce couloir, qui sur des San Marco (notamment) est très mal « fini », il faut au moins une lime diamantée de faible largeur (en vente chez Conrad).  Quand on regarde un Walker Uberti, le couloir est parfaitement lisse: différence de qualité très significative. C’est alors au tireur de finir son arme à la main !

doigt élévateur et verrou

cheminées et rosette crantée

  • 2/ La rotation du chien agit dans le même temps sur la came du verrou par une butée montante et descendante, située sur sa face B. Lors de la rotation du chien, cette butée monte et  « accroche » la came au passage en la forçant  à monter également, tandis qu’à l’autre bout de la came (comme une balançoire), le verrou suit le mouvement inverse: il descend et rentre dans la carcasse. Mais arrivé à un point, la cale se décroche et le bilame agit aussitôt, repoussant le verrou vers l’extérieur : ce dernier cherche  alors une encoche du barillet: s’il ne la trouve pas (mauvaise indexation), il bloque le barillet .
  • 3/ La rotation du barillet entraînée par le doigt élévateur est cependant arrêtée par le verrou qui arrive à point (c’est essentiel) quand la came se libère de la butée (sur la face B du chien) et revient à sa place sous la pression du bilame : c’est donc le chien qui a pour fonction de rentrer le verrou dans la carcasse, mais c’est ensuite le bilame qui a pour fonction de remettre celui-ci dans les encoches du barillet , quand le chien cesse de relever  la came. Cette alternance est calculée pour que la sortie du verrou soit coordonnée avec le doigt élévateur : l’un fait tourner, l’autre arrête.

Le grand ressort de chien a comme rôle de renvoyer violement le chien vers sa position de repos, en frappant celui-ci contre les amorces: en anglais, on l’appelle le « marteau » (hammer). C’est la mise à feu. Il faut bien vérifier que ce ressort est en place: quand il est maintenu par un tenon il faut le pousser à fond,  quand il est maintenu par une vis il faut vérifier de temps en temps qu’elle est bien serrée : si le ressort prend du jeu, il perd en puissance et donne d’autres soucis.   Le retour du chien et la frappe sont  contrôlés par la détente dont la pointe (partie délicate) vient se placer dans les encoches qui sont à la base du chien. Elle  bloque ainsi le retour du chien, mais plus elle est usée, plus le cran est lui-même usé, moins elle bloque, plus ça part tout seul, ce qui devient dangereux pour le tireur et pour son entourage ! La détente attend que tireur appuie sur elle avec le doigt pour libérer le chien, mais cette pression doit être douce, sinon il se produit « un coup de doigt » qui fait perdre beaucoup de précision au tir. On peut doser la force à exercer sur la détente pour lâcher le chien et son percuteur, afin d’avoir un tir plus précis. Les tireurs mesurent cette poussée et la règlent. Le chien n’agit donc pas sur la détente, c’est le contraire, mais il la fait bouger légèrement lors de la rotation pour qu’elle change de cran et c’est le bilame qui oblige celle-ci (par un appui en (P) sur les photos) à venir se loger dans les 2 encoches placées à la base du chien (demi-armé et armé). Le bon état du bilame est essentiel pour que la détente retienne le chien à l’armé.

Voici un site [Gunsmith.fr; Le site participatif sur les armes anciennes] qui donne des informations sur les préparations des armes et les petites pièces mécaniques, ainsi que des informations concernant les étapes du mouvement du chien et les « clics ». On y voit en gros plan les pièces les plus petites et les plus fragiles d’un colt. A consulter.

http://gunsmith.fr/article9/preparation-d-un-colt

4/ Le rôle du verrou et de sa butée dans un révolver à PN

verrou de coltQu’est ce que j’appelle la came et que d’autre appellent le verrou ? Le terme came n’est peut-être pas approprié : je nomme ainsi un bilame qui comporte d’un côté  un verrou (un téton qui  bloque le barillet en se plaçant dans ses encoches)  et de l’autre une crosse en forme de croissant (sur ce modèle, le croissant est très  petit). La came  se  balance autour d’un axe sous la poussée d’une butée qui  est fixée sur le chien.  le terme verrou n’est pas totalement adapté, car il ne rend compte  que partiellement  du fonctionnement de cette pièce.

La pièce mécanique qui déclenche les mouvements et assure la synchronisation des actions, c’est « le chien ». Quand on le bascule (ce qu’on appelle « armer » le chien sur un révolver simple action), il va enclencher différentes actions qui se traduisent par des clics sonores et successifs. Le chien agit directement sur le doigt élévateur et sur le barillet par l’intermédiaire d’un verrou  (que j’appelle à tort « une came »)  C’est une sorte de bilame en forme de triangle plat qui se balance autour d’un axe et qui est prolongée par une petite crosse en forme de croissant (voir la photo). C’est cette crosse sous laquelle se loge la butée, qui va recevoir la poussée ascendante de cette dernière. La butée est la pièce la plus complexe de la mécanique du Colt parce qu’elle travaille soit en poussée sur la crosse (en montant), soit en écrasement de celle-ci (en descendant).  C’est le point le plus difficile à comprendre:  du fait de son orientation et de sa surface inclinée par rapport au plan du chien, la « butée » (un terme à moi) accroche la crosse du verrou et la posse vers le haut, mais quand le chien fait la rotation en arrière, la butée qui redescend doit écraser les deux lamelles de la crosse pour passer, et ça elle le fait parce qu’elle présente une inclinaison qui est essentielle. Si la butée est usée, le verrou n’est plus accroché et la butée passe sans relever le verrou. Si la crosse est usée, le problème est alors identique ou alors le verrou ne monte que partiellement. Du coup tout est déréglé, l’indexation ne fonctionne plus, le barillet ne tourne plus.

Ce qui m’intriguait, c’était la pente de cette butée (biseautée). C’est un axe qui dépasse du chien de 1,5mm, mais qui n’a comme fonction que d’accrocher et de pousser dans un sens ou d’écarter dans l’autre sens. Il est incliné de telle sorte que le côté le plus épais pousse (en montant) la crosse vers la haut, tandis que l’autre côté, qui n’a pas d’épaisseur, resserre (en descendant) les deux lamelles de cette crosse pour lui laisser le passage,  ces lamelles étant séparées par un espace qui se réduit ou s’écarte selon le besoin.

terminologie

Je vais retracer  par un schéma les étapes du déplacement des 2 pièces:

  1. 1ère étape : le chien est au repos, la butée biseautée se trouve sous le croissant de la came, sa partie la plus épaisse vers le haut. Le chien commence sa rotation vers le 1/2 armé. La butée gravite à son tour autour de l’axe du chien, et avance sous la came en suivant le contours interne du croissant qu’elle repousse, exerçant une poussée ascendante sur la came : la came monte d’un côté, bien qu’étant soumise à une contre-poussée du ressort bilame à l’autre bout où le verrou de barillet descend. Au 1/2 armé la butée biseautée est arrivée au bout du croissant de la came et le verrou est totalement rentré, mais la butée est toujours sous la came, en appui sur elle.
  2. 2ème étape : on passe le 1/2 armé et soudain, au point K, la butée n’a plus d’appui sur la came qui, du coup, étant libérée, revient instantanément à sa position initiale sous la pression du bilame … Le chien lui,  poursuit sa rotation et atteint l’armé. Le tireur vise, il appuie sur la détente: le chien revient alors violemment en avant, tandis que la butée redescend! Elle trouve sur sa route la came qui a repris sa position mais qui ne peut pas reculer : la butée force alors le passage, en comprimant les 2 lames souples de la came (séparées par un intervalle), grâce à son biseautage et à cet intervalle… la butée passe et reprend sa place sous la came. Ni le verrou, ni la came n’ont reculé. Belle histoire que je compte vous raconter en images!

 Les 5 étapes du fonctionnement de la came et de la butée en images

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butée 2Un lecteur me demande d’expliquer ce que j’entends par « la came passe en force » : Avez-vous remarqué que la « butée » est un cylindre de faible hauteur (épaisseur): un cylindre écrasé, mais dont la surface est inclinée, de telle sorte que dans un sens (en montant) la butée se présente avec la hauteur maximale (il faudrait dire « épaisseur » pour employer un terme plus explicite) Elle accroche la came et la pousse devant elle, tandis que dans l’autre sens (au retour quand elle redescend) elle se présente le côté qui n’a pratiquement pas d’épaisseur, comme un plan incliné sur lequel la came ne bute pas: elle glisse, elle est simplement repoussée sur le côté, serrée contre la paroi, ce qui fait que la butée passe en force ». Il faudrait un petit schéma… d’un côté elle agit comme un chasse neige, de l’autre elle se glisse entre la came et la paroi de cette cavité interne du revolver, mais elle ne fait pas descendre la came. Elle se faufile, elle fait sa place. Génial non? » la butée

 5/ L’indexation d’un révolver, un point très important du fonctionnement

Comment constate-t-on le défaut d’alignement? Et qu’est-ce que l’indexation ? (extrait d’un forum « Tir longue distance »)

  • – L’indexation est la faculté du mécanisme à mettre le barillet en place puis à le verrouiller avant que le coup ne parte en DA et / ou que le chien soit à l’armé en SA.
  • – Le défaut de verrouillage est la capacité de tirer sans que le barillet soit verrouillé, ce qui  cause d’évidents problèmes liés à un alignement aléatoire.
  • – Le jeu en rotation au verrouillage du barillet et la possibilité pour le barillet de quitter l’alignement alors que le verrou (l’arrêtoir) est dans l’encoche.
  • – Le défaut structurel d’alignement, qui résulte de l’utilisation d’un barillet comportant des  chambres forées au mauvais endroit.

Une arme achetée neuve ou d’occasion doit avoir « une bonne indexation »: c’est un point qui est souvent mis en avant dans les annonces, de façon très publicitaire,  mais attention aux  attrape-nigauds : se méfier des apparences ! Et qu’en est-il du reste?  J’ai déjà écrit que les revolvers de mauvaise fabrication  (que je qualifie de « tocards ») ont tendance à aboutir dans les petites annonces !

L’indexation est une synchronisation de différentes pièces et un calcul de leur mouvement, de telle sorte que le barillet fasse une rotation correcte, qu’il s’arrête au bon moment, au bon endroit, pour que la chambre soit en alignement avec le canon au moment du départ de feu. Un décalage latéral entre la chambre et le canon, un barillet qui tourne mal, qui ne s’arrête pas à l’endroit prévu, ou qui a du jeu en position d’arrêt,  voilà les principaux dysfonctionnements à craindre et qui sont dangereux ! Il reste le jeu normal du barillet: un petit jeu, mais sans excès. Un jeu excessif est contraire au bon fonctionnement de l’arme et peut devenir dangereux, car il rend l’alignement des chambres et du canon aléatoire.

L’indexation est un problème délicat et demande une compréhension des mécanismes qui assurent la rotation, le positionnement et la stabilité du barillet. Le doigt élévateur et le verrou de barillet sont des pièces essentielles qui s’usent et doivent être remplacées, mais les encoches du barillet peuvent également s’user et contribuer à donner du jeu. Bien entendu, il ne faut pas modifier la longueur du doigt élévateur, sans précaution, c’est une opération qui met en cause la sécurité du tir. Les problèmes peuvent provenir de plusieurs causes, notamment:

  • – un ressort bilame d’arrêtoir trop faible qui ne pousse pas l’arrêtoir suffisamment fort (donc vite) vers le haut et rate l’encoche; du coup le barillet n’est plus stoppé;
  • – un verrou (arrêtoir) usé, ou trop arrondi, ou encore il « glisse » sur le bord de l’encoche ;
  • – des encoches usées, aux bords arrondis, donc même problème;
  • – un verrou (arrêtoir) trop neuf, relié à un bord d’encoche trop neuf; il n’a pas le temps d’entrer dans l’encoche…

Une arme dont l’indexation est défectueuse, c’est une arme dont le barillet, ses encoches et sa rosette ne correspondent pas au travail du verrou ou sont mal alignés avec celui-ci. Il en est de même de l’alignement du canon et des chambres : ce qui veut dire que si la fabrication de l’arme est trop grossière ou si l’arme a été modifiée, le problème est délicat  (il peut avoir été monté un barillet modifié et qui n’est pas de la même marque).  J’ai constaté que dans certaines marques (Army San Marco ), les barillets de Walker ne sont pas interchangeables … y avait-il eu modification? Les barillets ne sont généralement pas numérotés, mais ils peuvent porter un logo de la marque (c’est le cas pour Uberti). Par contre si l’arme est fatiguée, dans ce dernier cas on peut changer les pièces à condition qu’elles soient encore produites (Ubertis et Pietta notamment). Le doigt élévateur peut lui aussi être défectueux, usagé et ne pas pousser le barillet suffisamment loin. Si le doigt élévateur trop court, la chambre n’arrivera pas en face du canon (généralement la longueur est bonne).  Le verrou (la came) et le doigt élévateurs sont difficiles à refaire et à trouver sur des armes qui ne sont plus fabriquées.

Si l’indexation paraît bonne, il faut quand même faire au moins une vérification visuelle de quelques points : l’usure du verrou, l’usure des encoches (qui tous les deux, indiquent la fatigue du revolver) et enfin l’état du doigt élévateur (à l’œil, on voit s’il sort suffisamment, etc) ; voilà au moins trois points qui doivent être examinés avec attention.  Mais surtout, il faut faire tourner le barillet qui doit fonctionner sans défaut (ratées, résistance, raideur… ) et entendre les clics. Ce n’est plus l’indexation proprement dite, mais l’indexation est inséparable du bon fonctionnement de toute la mécanique.  Si le barillet tourne bien, si le verrou fonctionne bien, est-ce que pour autant les chambres se placent  parfaitement dans l’alignement du canon ? Il faut alors démonter les cheminées avoir l’œil pour le vérifier, ou utiliser l’endoscope.

Le doigt élévateur, une pièce qui peut présenter des  dysfonctionnements

doigt élévateur Euroarms 1858Le doigt est une pièce qui vient pousser les crans de la crémaillère et fait tourner le barillet pour qu’il vienne se positionner face au canon. Le petit ressort est destiné à le maintenir en place dans un conduit ascendant.  A  sa base le doigt est fixé sur le chien par un axe placé presque au niveau du cran d’armé. Il  monte et descend avec la rotation du chien quand l’on arme.  Il sort par une petite fenêtre  qui s’ouvre derrière le barillet.  La longueur du doigt doit permettre une rotation correcte du barillet et si elle n’est pas bonne, il en résulte  un décalage du barillet et des incidents lors ci de tourner.  Cette coordination se vérifie aisément.  Si le doigt n’est plus coordonné,  il risque de travailler quand le verrou bloque. Le doigt peut être diminué de longueur  s’il pousse le barillet trop loin.  Cette pièce doivent correspondre au barillet avec lequel elle travaille. Il joue également le rôle de frein lors de la rotation du barillet. au départ du coup, le doigt supporte le recul du barillet.

 Le travail du doigt est le plus difficile à comprendre, parce que cette pièce  est placée derrière le barillet et ne peut pas être observée dans ses mouvements. La synchronisation   verrou/ doigt élévateur donne lieu à trois avancées progressives du barillet  entre chaque étape de l’armé ; au 1er cliquetis le verrou entre, au second il ressort de façon sèche, au 3ème le doigt se sort. Le barillet n’est en place qu’après le 3ème cliquetis, prêt pour le lâcher du chien..

Le réglage  du doigt  élévateur  est  un travail  plutôt délicat :  en cas de dysfonctionnement, il est recommandé  de changer le doigt plutôt que de vouloir le modifier.  C’est pourquoi les revolvers destinés à un usage intensif ont intérêt à disposer de pièces de rechange, sauf si on est apte à les refabriquer.

Vérification de l’alignement des chambres et du canon d’un Colt Walker avec un endoscope…

 Pour faire une vérification, il  faut enlever les cheminées et éclairer les chambres par l’orifice. On verra alors à l’œil nu (ce qui n’est pas évident) si le cercle de la chambre et celui du canon sont concentriques ou si un croissant de lune se forme sur le côté dans toutes les chambres, signe d’un défaut d’alignement.  Pour ma part,  j’utilise un endoscope, qui permet de visiter le canon avec un éclairage associé à une caméra à fibre optique : ça se trouve chez Conrad pour une centaine d’euros. Si des croissants apparaissent à l’éclairage, situés latéralement, c’est que l’alignement est mauvais, mais si ces croissants varient de position, s’ils n’ont pas une position latérale systématique, si on les trouve soit en haut ou en bas, cela veut dire que le barillet est de mauvaise fabrication. De toute façon, des croissants importants indiquent une arme de mauvaise qualité. Ce qui veut dire que quand vous achetez, prenez la précaution d’amener avec vous un endoscope ! Cela vous évitera d’avoir ensuite bien des regrets….

Les armes vendues d’occasion sont donc exposées à des dysfonctionnements de l’indexation du barillet ou des défauts d’alignement du canon et des chambres, ce qui n’apparaît pas sur une simple photo qui peut mettre l’arme en valeur (on joue sur le jaspage, l’esthétique générale). Mais dans ce domaine, le risque est que les problèmes d’alignement soient dus à la fabrication. En fait, en achetant une arme d’occasion sur Natura, Delcampe ou Egun, on entre dans le circuit de revente des tocards, car les bonnes armes ne se revendent pas là. Les bonnes armes (quand le tireur renonce à les utiliser, ce qui n’est pas très courant)  se vendent plutôt par relation ou sur des Forums de poudreux, ou enfin dans les bourses aux armes (où on a un contact direct avec l’arme et le vendeur), mais à mon humble avis, pas sur les sites de vente d’armes d’occasion. L’achat d’une arme d’occasion sur internet est une loterie.  Dans une bourse aux armes vous allez pouvoir faire une vérification avec un endoscope notamment. Ceci dit des armes qui sont simplement fatiguées, se remettent en état, mais à quel prix va-t-on les acheter ? C’est une autre affaire. Il est évident qu’une arme prétendue « en bon état et qui n’attend que l’acheteur pour retrouver le pas de tir » sera vendue plus cher que son prix réel, car les défauts ne sont pas déclarés: nombreux sont les tireurs qui dénoncent  les tarifs de vente excessifs sur les sites d’enchères.

Voici 6 photos qui montrent les défauts d’alignement du Walker 1847 ASM acheté sur Natura et dont j’ai parlé dans un article précédent : il est clair que ce revolver présente un défaut de centrage des chambres par rapport au canon.

alignement du canon W 1901 ASM-Monk _0001_NEW

Le croissant lumineux (qui correspond à la jonction entre la chambre et le canon) révèle ce défaut, montrant un déplacement systématique de toutes les chambres au sud-ouest, puisque la lumière de l’endoscope se réfléchit sur une partie saillante à l’opposé,  au nord-est.  Le croissant est large, ce qui indique que  le défaut est sensible.  C’est bien un défaut présumé « d’origine » :  il  indique que la chambre est à la fois trop basse (mauvais forage du barillet) et trop avancée (problème qui concerne réglage du système mécanique, le barilet, les encoches ou le verrou, donc l’indexation), défaut qui affecte chaque chambre et qui  indique par conséquent que le barillet  est en décalage par rapport au  centre du canon. Attention, l’endoscope peut inverser les  images, c’est à vérifier. D’autre part l’effet lumineux amplifie le dépassement qui donne lieu au croissant, car à l’oeil, avec une lampe placée dans l’orifice de la chambre, ça ne saute pas yeux: c’est infime.  C’est donc une arme qui peut manquer de précision.  La vérification de mes 2 autres Walkers ARMY SAN MARCO avec l’endoscope fait apparaître que tous ont des problèmes d’alignement identiques à ce Walker. Il semble donc que la marque ASM fabriquait des armes qui souffraient d’une fabrication plutôt « rustique » … ce qui expliquerait que leur précision en soit affectée, à moins que les plus mauvais revolvers soient ceux qu’on trouve sur internet (ceux que j’appelle les « tocards ») ?  La question qui s’impose, c’est de savoir si un tel défaut se traduit par une dispersion importante des « boulets ou des ogives, à 25m ?  Est-ce que ce défaut d’alignement entraîne un manque de précision?  ! ?

La seconde question est de savoir si mon meilleur Walker acheté lui aussi d’occasion présente un tel désordre ? J’ai donc procédé à la même vérification de l’alignement des chambres et du canon sur mon Walker Hege- Uberti : voici le résultat, c’est parlant ! L’alignement est superbe, mis à part une chambre qui semble légèrement décalée.  La marque Uberti confirme donc sa réputation de fabriquer des armes soignées, mais cette constatation se vérifie-t-elle sur d’autres revolvers Uberti. C’est donc une arme d’occasion qui m’a été vendue en bon état sur NaturaBuy. Mais les rainures, me direz-vous, comment sont-elles ?  fatiguées ou encore bien dessinées ?

  alignement du canon W U 5528 Monk _NEW

 Cette réflexion nous conduit donc à  considérer que la marque peut donner lieu à des défauts de fabrication qui  sont à examiner lorsqu’on achète un revolver à poudre noire .

5/ Les précautions indispensables lors du tir.

Un revolver à poudre noire est une arme qui peut donner lieu à des dysfonctionnements dont les principaux sont les suivants : 

1/ un tir doit avoir toujours un départ franc, avec un bruit sourd, sec et puissant. Tout départ qui donne une sorte de bruit inhabituel, faible et un « tschhh »…  est un danger potentiel. Il faut alors s’assurer que la balle est sortie du canon. Or cette précaution est difficile lorsqu’il s’agit d’un revolver à carcasse fermée.  Lorsqu’il s’agit d’un colt, on peut facilement  déposer le canon et s’assurer visuellement qu’il est vide,  opération totalement impossible avec un Remington 1858 par exemple – et totalement dangereuse.  Quelle est la cause ?

Soit la poudre est défectueuse pour des raisons variées, soit  en raison de l’humidité, soit encore en raison d’une mauvaise compression de la balle qui laisse la semoule se mélanger à la poudre ou laisse un vide dans la chambre sous la balle.  Dans ce cas, la balle va partir, mais avec une poussée insuffisante et celle-ci va  rester dans le canon en raison du frottement. Ce qui explique que plus une balle est surdimensionnée, plus elle risque alors de rester dans le canon en cas de charge mal préparée ou de fuite des gaz. La balle obstruant le canon, elle empêcher le tir suivant  de fonctionner et le canon a de fortes chances d’éclater, car la pression due à l’explosion de la poudre peut faire éclater un canon en acier; la PN, c’est de l’explosif!

2/ l’amorce est percutée, mais le coup ne part pas, soit parce que l’amorce est défectueuses, soit parce que la cheminée est matée, trop éloignée du chien, soit  parce que la flamme n’a pas suffisamment traversé le conduit de la cheminée pour atteindre le fond de la chambre, ceci en raison du mauvais été de l’amorce : vétusté, humidité ou amorce trop pincée, par exemple, ou encore parce qu’elle est encrassée, ou enfin parce que le conduit est étroit (sur certaines cheminées de compétition). Il arrive alors que l’allumage de la chambre soit simplement retardé,  surtout lorsqu’il s’agit de cartouches-papier qui font un bourrage à la base de la chambre et dont combustion  peut se faire de façon progressive jusqu’à l’ignition de la poudre.  Ce qui peut laisser un laps de temps assez long entre la percussion de l’amorce et le départ du coup (jusqu’à une minute). C’est très dangereux. 

Règle impérative, en cas de mauvaise percussion, il faut garder l’arme orientée vers la cible durant une minute et attendre avant de déposer le barillet pour remettre une amorce.  Le mieux et de tirer toutes les autres chambres avant de changer l’amorce.

3/ Le chargement défectueux, sans précaution,  peut provoquer l’allumage de plusieurs chambres simultanément : c’est ce que l’on appelle un « départ en chaîne » qui a un effet impressionnant et qui risque d’être dangereux. Les causes sont connues :

  • balle sous dimensionnée, qui ne tient pas et qui va sortir lors des 1er tirs, en risquant de laisser une chambre ouverte et chargée
  • chargement qui a répandu de la poudre à l’entrée des chambres et absence de graisse qui assure l’étanchéité au feu, mais attention dès les 1er tirs, la graisse est souvent soufflée;
  • cheminées défectueuses (fendues, trop ouvertes, etc)  et qui perdent de la poudre ou qui ne tiennent pas (elles tombent et la poudre sort) .  
  • amorces trop larges qui ne serrent pas les cheminées et/ou mauvais état du chien qui se relève au moment du coup de feu.

6/ Le problème de l’entrefer et son réglage

La spécificité des Colts,  c’est la question de l’entrefer qui résulte de leur carcasse ouverte – ce qui les met pénalise d’un certain point de vue, celui de la précision.  Il faut cependant dire que la carcasse ouverte  est un système extrêmement simple à utiliser, permettant un démontage  facile, ce qui est absolument nécessaire en cas de blocage du barillet.  Le soldat qui avait peu de moyens techniques pour réparer ses armes était à l’abri d’incidents  sérieux, car la technologie des Colts est merveilleuse, si on se replace dans le contexte historique.  A contrario, les revolvers à carcasse ouverte, on ne le dit pas assez,  sont une vraie galère quand  une balle sort de la chambre et bloque le barillet.  Rien de tel qu’un Colt: on enlève la clavette et « Sesame ouvre toi »,  le barillet est débloqué. Sur un Remington 1858, ou sur un R&S, l’arme risque de finir chez l’armurier!   C’est pourquoi les colts ont été choisis par l’armée lors des guerres de sécession, celle-ci ayant toujours été méfiance envers des armes plus sophistiquées qui sur le terrain,  s’avéraient source d’ennuis et que les soldats ne parvenaient pas à garder en bon état de fonctionnement.

Ceci dit, la technologie du Colt présence certains aspects problématiques. Un article de Johannes COUTURIER sur le site ATV, ayant pour titre : « l’optimisation du Colt 1860 Army pour le tir », examine la question de l’optimisation d’un revolver Colt , un article qui ne peut que retenir notre intérêt par sa réflexion et sa qualité.

http://www.kitandsoft.com/gallery/article%20colt%201.pdf

http://www.kitandsoft.com/gallery/article%20colt%202.pdf

Cet article  ne signale pas un défaut de fonctionnement du Colt, il  propose une optimisation de l’arme et entend tordre le cou à « quelques idées reçues »,  ce à quoi je m’associe. Ce qui concerne ma réflexion sur le Colt en général, c’est l’axe « arbor bottomed« , c’est à dire un axe qui vient se loger dans la console (dans une sorte de couloir, de puits) et qui,  sur les revolvers d’origine,  venait buter sur le fond de cette cavité où il se loge.  Est-il nécessaire que l’axe bute ? ?   Il y a sur un Colt plusieurs points d’appuis qui servent à  maintenir ensemble les pièces et qui servent également à  prévoir des écarts, des intervalles. Le fait que le canon soit bloqué par l’axe, empêche la clavette de repousser le canon  trop près du barillet et ce faisant de bloquer sa rotation.  Du coup,  la clavette  voit son effort limité  par cette butée.

Voici différents schémas de coupes  d’un Colt qui présentent le barillet, l’axe du barillet, la console du canon et la clavette , c’est à dire  comme si on avait coupé un Colt  au niveau de son axe dans le plan horizontal.

1 fonctionnement normal d'un Colt

Sur cette photo, il apparaît de façon évidente que si on pousse  la clavette qui est légèrement trapézoïdale, elle prend appui sur  la console du canon en C et repousse l’axe du barillet en B, en avançant dans la fenêtre qui traverse la console et l’axe. Si le canon recule librement vers le barillet et si l’axe avance en sens inverse dans le bloc canon, cela ne resserre pas les deux pièces qui ne sont que partiellement liées: ça peut bouger.   Pour que le canon et l’axe tiennent ensemble de façon stable, bloquée, il faut un calage .  Celui-ci ne peut avoir lieu que quand l’axe qui pénètre dans la console, arrive en fond de couloir et bute en A.   Quand A et A’ sont collés, l’axe ne peut plus avancer, le recul du canon est alors  stoppé. La clavette ne peut plus que bloquer les pièces par sa forme de trapèze: elle se serre contre les points C, D et B devenus fixes.  A ce moment  l’axe et le canon sont totalement liés.

Cependant sur certains revolvers qui ont beaucoup tiré, l’espace entre le canon (le cône de forcement) et le barillet tend à s’élargir, ce qui est dommageable pour la précision : une perte de puissance, sans parler des projections au moment du tir.  L’optimisation d’un revolver  concerne aussi bien les armes usagées que les neuves et si le défaut des Colts 1860 Uberti notamment doit être  amélioré, nous allons réfléchir à cette occasion au problème de l’entrefer qui résulte de cet assemblage canon /carcasse et du calage par la clavette.  L’augmentation de l’entrefer résulte surtout de deux facteurs :  des tireurs croient utile de trop serrer la clavette pour que  les pièces ne bougent pas lors des chocs  provoqués par les tirs et  dans le même temps, en chargeant les revolvers plein pot,  ils raccourcissent la durée des pièces qui sont  soumises à des chocs.

Grosso modo,  un entrefer qui dépasse 0,5mm commence à réduire la qualité du tir.  quand il dépasse 1mm, cela devient gênant.  Dans un article précédent  sur les revolvers à carcasse fermées, j’ai déjà traité  de façon complète  la procédure de réparation, mais aujourd’hui, je  traite plus spécifiquement de l’axe qui doit buter dans le fond de la cavité et  de la façon dont  on  va résoudre l’entrefer.  Voici une série de schémas qui rendent compréhensible les appuis et calages d’un Colt .

 2 liaison canon carcasse2

 3 blocage de la clavette

4 la clavette nage5 réduction de l'entrefer 16 1ère solution7 2ème solution

 

Venons-en au problème soulevé par l’article :  comment compenser le vide qui se trouve sur certains revolvers, comment faire en sorte que l’axe empêche le canon de serrer le barillet ? C’est la démarche inverse : nous avions  raccourci l’axe pour  permettre au canon de revenir plus près du barillet, nous  allons maintenant contraindre le canon à garder sa distance.

Il est nécessaire de rappeler  que les colts ont deux points fixent qui assurent l’indexation et l’assemblage : l’axe de barillet et les deux ergots qui viennent lier la console et la carcasse, ce qui donne parfois un assemblage  très raide, que personnellement j’améliore en donnant un coup de foret  dans les deux cavités, pour  pouvoir démonter le Colt très rapidement.  Le conseil que donne Johannes COUTURIER, l’auteur de cet article,  est de faire tourner l’axe pour l’amener au fond du couloir et en déterminer la profondeur.  l’intérêt de cette méthode sera aussi de vérifier que l’axe et son logement sont rectilignes, car si l’axe  a  été déformé, il aura du mal à tourner et même à entrer dans on l’orientera différemment :  c’est un constat que j’ai fait sur un de mes révolvers. on parfois des surprises!

 Trois points me paraissent  essentiels que  COUTURIER mentionne:

  1. L’axe et le canon étant ainsi bloqués, la clavette ne peut pas s’enfoncer excessivement.
  2. Ce blocage donne de la régularité à l’arme lors du montage, alors  que des variations qui affectent l’enfoncement de l’axe, et modifient l’entrefer, affectent la précision (les points d’impacts en hauteur) .  Le tir de précision  recherche les régularités.
  3. On peut jouer sur l’enfoncement de l’axe  dans la console pour réduire  l’entrefer ( c’est ce que j’ai  exposé de façon nettement plus détaillée)

Il nous propose alors une méthode pour rattraper le manque de longueur de l’axe, rendre l’arme « arbor  bottomed, et rétablir  les deux points fixes qui sont nécessaires aux Colts:  Uberti commet donc une erreur de fabrication regrettable!  Pour ces revolvers qui  ne sont pas fabriqués en respectant leur brevet d’origine, c’est la clavette qui se substitue  à l’axe pour assurer le point fixe haut .

liaison canon carcasse

La solution que propose COUTURIER consiste alors à forer l’extrémité de l’axe pour y mettre un boulon poêlier, ce qui n’est pas un travail à la portée du 1er venu.  Si on n’a pas la pratique,  il faut avoir recours à un professionnel, c’est évident. Ce boulon pourra alors être coupé à la longueur voulue, vissé selon l’importance du vide à combler.  Une solution qui,  à mon sens, fragilise l’extrémité de l’axe des petits Colts, laquelle n’est guère épaisse.  C’est une solution à risque  –  surtout pour qui ne maîtrise pas le forage d’un axe avec une perceuse à colonne, le taraudage, etc . Néanmoins, c’est une solution à retenir.

Pour ma part,  je soulève plusieurs autres difficultés. L’axe doit porter de façon précise sur le fond de son logement dont on ne connaît pas bien  l’aspect: est-il plat ? bombé?  quelle est sa courbure ? Celle-ci correspond-elle vraiment à celle du boulon poêlier ?  Pour mesurer la profondeur de la cavité, si le fond est bombé, c’est assez incertain.

Certains  tireurs mettent des rondelles métalliques pour rattraper le vide, mais là encore, il est difficile de trouver des rondelles qui s’adaptent à la dimension exacte du  manque et comment les faire tenir?   Ce qui me conduit à dire que les solutions sont toutes imparfaites, bien que certaines soient ingénieuses.

Pour ma part, j’aurais tendance à rechercher la solution du côté d’un métal qui serait coulé dans le fond du logement de l’axe, mais là encore des difficultés surgissent. Comment connaître le volume de métal à couler, sachant que celui-ci doit être précis?  Le métal existe : c’est le Cerrosafe qui fond à 70°, il suffit donc de tremper le canon dans l’eau bouillante;  le Cerrosafe va fondre et se loger au fond.  Mais comment en prévoir la quantité ?  Après réflexion je retiens la méthode suivante : verser du sable ou la semoule dans le fond du logement et par tâtonnement déterminer le volume qui remplit exactement le fond jusqu’au niveau de l’axe, une fois celui-ci en place. Le sable  sera ensuite tassé dans une douille et celle-ci sera arasée et coupée. On aura alors reconstitué un volume identique.  Cette fois-ci la méthode ne demande pas une technologie de pointe:  juste de la patience et un travail méticuleux. La douille sera alors remplie de Cerrosafe fondu et l’excédent sera coupé à froid,  Il suffira de récupérer le contenu de la douille et de le fondre dans le canon, plongé dans l’eau bouillante. On introduira l’axe et on pourra vérifier qu’il descend à la profondeur voulue.  Après refroidissement , on pourra sortir le Cerrosafe et vérifier qu’il épouse la forme de l’axe, sinon, il faudra fondre  et recommencer…

Du réglage de l’entrefer à la réparation d’un Colt

Sur les Colts achetés d’occasion, on constate souvent que l’entrefer est trop important, ceci en raison de l’usure et du surmenage de l’arme . Je précise que cette « maladie » s’accompagne souvent d’autres signes de vieillesse … .  Si on procède comme je l’ai conseillé dans l’articles 4 (concernant le Colt Walker ) et dans l’article 5,  concernant la technologie des Colts en général, il reste cependant un problème, car lorsqu’on a réduit l’entrefer en faisant entrer l’axe plus profondément dans le canon, la clavette n’a  généralement plus d’appui sur l’axe (en B) du fait que la fenêtre s’est élargie quand les pièces ont été déplacées et que l’axe ne dépasse plus en B. Il faut donc refaire l’appui de la clavette sur l’axe en B et pour ce faire il faut qu’il déborde dans la fenêtre.

La solution que j’ai proposé consiste à souder une épaisseur de métal en B.  On peut procéder de deux façons, à mon humble avis :

  1. souder à l’étain un petite plaquette de cuivre  dans la fenêtre  (fer à souder électrique assez puissant et pâte à étamer)
  2. ou, autre solution, faire une soudure à l’arc pour redonner du fer à la fenêtre, dans la partie da la fenêtre qui est côté fond de la cavité) :  un travail plus délicat. La soudure un peu irrégulière, sera ensuite limée pour redonner à cette face de la fenêtre son aspect plat initial, qui va servir d’appui à la clavette.

7/ le démontage des cheminées et les problèmes de cheminées bloquées 

 

clé universelleNous abordons maintenant une question très importante. Certains tireurs ne démontent pas leurs cheminées après le tir pour éviter d’user les pas et parce qu’ils estiment que cette  opération laborieuse est superflue. D’autres tireurs  font un nettoyage à l’eau chaude du barillet, ce qui occasionne des corrosions si le séchage n’est pas parfait : en particulier, une corrosion des pas de cheminées!  C’est à éviter totalement.  Les pas de cheminées nettoyés au White spirit et traités contre la corrosion (un passage dans le WD40), doivent se démonter sans difficulté après  chaque tir et son remontées après avoir passé un peu de graisse sur le pas  avec un coton tige.  Certaines graisses sont recommandées parce qu’elles résistent bien à la chaleur.

Il est essentiel de disposer d’une clé à cheminée d’excellente qualité  et parfaitement adaptées aux dimensions des cheminées. utiliser une clé trop large abime la clé et les cheminées.  le clé doit saisir la cheminée sans jeu. Pour avoir un démontage des cheminées rapide, celles-ci doivent être  parfaitement propres et légèrement graissées, de telle sorte que la clé la fasse tourner avec une rotation rapide une fois qu’elle est engagée dans le pas. on ne force pas les cheminées, on les amène en fin de pas et on desserre très légèrement.

La clé doit avoir une forme en croix qui permet de la faire tourner très rapidement , comme une hélice. L’acier de  la clé doit être très résistant: la meilleure clé, c’est une clé universelle de chez Pedersoli, faite dans un acier de  très bonne qualité. Elle  ne bouge pas , elle ne s’abime pas, elle ne se déforme pas… si on entretient ses cheminées.  Cette clé est adaptée au révolvers à PN courants, elle est assez chère, mais le prix se justifie par son usage et sa durée.  Un tireur doit disposer de cette clé.  Le fait que la clé universelle dispose de 4 bras permet de sen servir comme levier: les bras décuple la traction de rotation, mais  la clé doit être bien en place et sans jeu.

 

Nous allons maintenant aborder un problème très important : que faire quand les cheminées sont bloquées? 

C’est la cauchemar du tireur. Ceci arrive également avec une arme achetée d’occasion, vendue par un « enfoiré » qui se garde bien de dire que les cheminées ne sont plus démontables!! Autrement dit, si on ne parvient pas à sortir les cheminées, si on ne trouve pas un barillet de rechange qui s’adapte bien, l’arme est bonne pour la vitrine!

A moins de trouver  un tireur expérimenté qui sache comment faire,  il reste la possibilité de parcourir internet en quête d’une solution, mais je vous avertis :  les recettes sont rares et hasardeuses. Voici donc la méthode PSRauben  pour sortir des cheminées bloquées.  Il faut

  • un étau
  • deux pièces en bois pour serrer le barillet dans l’étau. Cela demande un peu de travail avec une perceuse et une  scie à cloche,   de telle sorte que les deux morceaux de bois enserre le barillet sans déformer les chambres.
  • un marteau assez lourd
  • la clé universelle,  modifiée si nécessaire.
  • un tube de 10 cm de long , en acier et épais   (un morceau de canon de revolver fait l’affaire , si on a pris la précaution d’en garder un  sur une arme  qui passée à la casse: ça arrive)
  • un chalumeau à gaz Dremel

1/ on laisse le barillet tremper dans un dégrippant pendant une journée; ça peut favoriser le décollement

2/  On  règle la flamme du chalumeau pour obtenir un dard  pointu et fin : on chauffe la cheminée durant une dizaine de secondes  avec le dard pour provoquer un choc thermique.

3/ On place alors la clé sur la cheminée en l’enfonçant pour qu’elle soit parfaitement en place. Puis on enfile le tube sur l’axe vertical supérieur de la clé, de telle sorte qu’il prenne appui sur les deux bras latéraux au moment du choc du marteau.

4/   On donne alors deux coups secs mais assez vigoureux avec le marteau,  pour produire un choc mécanique qui va décoller les cheminées ;

5/   Au moment du choc,  on fait tourner la clé avec l’aide les deux bras latéraux comme leviers.  On va alors constater que les cheminées tournent d’abord légèrement , puis la rotation se libère. C’est gagné!

Les cheminées  des Colts Centaure  sont particulièrement exposées à des blocages. Ces Colts  Centaure exigent des clés parfaitement adaptées aux dimensions plus étroites des cheminées. Elles n’existent pas dans le commerce (ou du moins sont rares et de mauvaises qualité).  On en trouve chez Vordelader Shop en Allemagne à un prix très abordable,  mais en cas de cheminées bloquées, elles sont trop fragiles.  Il faut donc faire réaliser soi même une clé  à cheminée spéciale pour ce Colt. On utilise alors la Clé universelle Pedersoli, qu’on adapte  en coupant le tournevis pour faire un embout aux dimensions exactes des cheminées.  Ce travail ne peut se faire que dans un atelier de mécanique de précision, en sachant que l’acier est dur et que le puits dans lequel le cône de la cheminée entre, doit être réalisé avec une fraise très étroite   (voir les indications dans l’article sur le Colt Centaure).

Cette opération peut provoquer une détérioration des pas de cheminées si la frappe avec le marteau est trop forte, mais  deux coups porté sans excès ne provoquent pas de dégâts.  L’acier de la clé Pedersoli   ne se déforme pas au cours de  cette intervention si elle a été  ajustée avec une parfaite exactitude au dimensions de la cheminée.

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8/ Le nettoyage d’un revolver à PN

 

Cette question m’a été posée et voici la réponse que j’ai donnée : sur le pas de tir (après le tir), je passe un carré de chiffon dans le canon avec un pousse chiffon adapté et j’essuie toutes les parties de l’arme qui sont accessibles;  ça permet de mettre l’arme à l’abri de la corrosion le temps de rentrer et de faire le nettoyage complet (on peut attendre 2 à 3 heures, mais en arrivant, il faut plonger les barillets dans le white spirit qui nettoie et dissout très bien la poudre noire. Une boite en plastique assez profonde est nécessaire pour faite tremper les barillets. Le pétrole ne nettoie rien du tout,  contrairement au white spirit  et au « 3 en 1 » (et ses variantes) qui décollent ou dissolvent les poudres!

Il faut Faire bien attention de ne pas mélanger les cheminées quand on démonte plusieurs armes en même temps, donc se servir de petite boîtes en plastique (pot de yaourts, etc) pour les ranger séparément. Personnellement j’utilise une petite boite compartimentée qu’on vend en pharmacie et qui sert à  ranger les divers comprimés à prendre durant une semaine quand on suit un traitement un peu « chargé ».  Le mieux est de démonter les cheminées avec une très bonne clé (pour aller vite), de les passer au White Spirit et les remonter après avoir donné un petit coup de WD40 ou produit similaire.  Ce que les cheminées craignent c’est la corrosion de l’eau, un mauvais séchage.  On les démonte (ce qu’il faut faire une fois sur deux)  avec une clé en croix assez lourde (Pedersoli) qui fait volant d’inertie et permet de les faire tourner très rapidement : la clé doit tourner comme un “hélicoptère” ! Ne surtout pas huiler les cheminées, car on risque de les boucher et de noyer la poudre en provoquant des retards d’allumage.

a/ Le nettoyage classique… laborieux!

Lavage de l’arme au white spirit et/ou à l‘eau chaude (surtout le canon), très efficace (le vaporetto marche assez bien, mais il faut passer quand même plusieurs fois et faire un nettoyage avec des papiers dans les chambres des barillets  pour enlever ce qui reste collé aux parois et enfin, à la fin, il faut rincer à l’eau bouillante pour que le revolver (barillet, canon, etc), reste chaud et sèche vite. Je fais égoutter à chaud, je souffle sur les cheminées (si on ne les a pas enlevées) .  Je sèche la mécanique et les barillets au sèche cheveux .

Pour la partie mécanique, le nettoyage au white spirit est préférable car il n’expose pas l’arme au risque de rouille. Je passe encore des papiers (méthode perso) dans le canon et les chambres pour enlever l’eau qui reste dans les endroits fermés ou profonds et quand c’est parfaitement sec,  je badigeonne avec un produit tel que le WD40  ou Armypower qui protègent de la corrosion et assurent un nettoyage supplémentaire, car souvent lorsque le jet pénètre dans l’arme, un peu de poudre dissoute sort encore !  Pour nettoyer les chambres, ce qui est le plus laborieux, j’utilise un petit écouvillon qui est censé brosser les canons, mais dont les poils en laiton sont écrasés: il sert à fixer  un vieux carré de scotch brite vert (surtout pas un neuf qui attaquerait le métal) ou des bandes de papier essuie-tout que j’enroule autour dans le sens  qui convient; tout cela accroche sur les poils ….  mais le vaporetto m’épargne ce travail,  à condition de passer dans les chambres l’écouvillon avec le papier enroulé (une à 2 fois) jusqu’à obtenir des chambres nettes et finir je passe le papier dans le canon, imprégné de WD40 ! A la fin, je coule de l’huile de vaseline ou de l’huile pour mécanique (machine à coudre, etc) dans les mécanismes, ce qui est très important!  Il faut huiler tout le revolver. Dans le canon je passe un papier imprégné d’Army power. L’huile est le meilleur traitement préventif pour éviter la corrosion. De plus une arme débronzée et polie,  qui conserve une fine pellicule d’huile,  est plus belle.

 S’il s’agit d’un  revolver en inox (Remington  1858), le White spirit n’est utile que pour les mécanismes. Pour le reste le nettoyage et le séchage se fait très facilement sans craindre la rouille : de l’eau chaude et du produit de vaisselle …. Même sur un revolver en inox,  la partie mécanique (ressorts, etc…)  est en acier  et demande le même traitement, les même précautions, que les autres révolvers. L’inox a besoin d’huile, non pour résister à la rouille, mais parce que les frottements sont plus  importants que sur l’acier ordinaire, lequel  glisse beaucoup mieux. Donc de l’huile en abondance  sur les parties qui coulissent ou qui subissent des frictions, et tout ce qui déborde, on essuie!. Neuf ou usagé, le revolver en inox est toujours raide.

Pour le nettoyage des mécanismes, il faut faire entrer de façon généreuse le nettoyant à l’intérieur du revolver avec le jet de la bombe , après avoir tiré le chien en arrière, et cela jusqu’à ce que l’écoulement qui sort sous la carcasse soit propre. Le White spirit doit être ré-utilisé, sinon quel gaspillage ! On le laisse décanter dans un bocal et les résidus se déposent au fond. Une fois redevenu propre , le White Spirit resservira au prochain nettoyage, tout simplement.

b/  Le nettoyage avec des moyens techniques  plus élaborés:  ouf, fin de la corvée!

Comme je me sers de plusieurs revolvers  et de plusieurs barillets par revolver à chaque séance de tir, la « corvée de nettoyage »  que beaucoup reprochent à la PN, commençais à devenir un peu longue, le temps du petit nettoyage méticuleux à la main était révolu, il fallait entrer dans l’ère de la technologie de pointe !  Je me suis donc équipé  de deux appareils :

1/  un nettoyeur à  vapeur chaude sous pression  (type « vaporetto »)  acheté en promo chez CDiscount (marque Polti)  avec une pression de 4 bars, car l’eau chaude dissout très bien la PN  et surtout elle fait monter les barillets à presque 100° , ce qui a comme avantage, non pas de les aseptiser, mais de les faire sécher très vite, car du fait de leur température,  l’eau s’évapore une fois qu’on les a essuyé et qu’on a passé un papier dans les trou de cheminée. On peut bien entendu les mettre dans le four à 60° pour éviter la corrosion des cheminées… Si on utilise un vaporetto, il est préférable de démonter les cheminées pour éviter que l’eau ne s’infiltre dans les filetage et les attaque.  Si le barillet a été nettoyé au vaporetto, il est brûlant et sans les cheminées, il va sécher en un clin d’œil, avec un petit coup de sèche cheveux en plus. Les cheminées sont nettoyées à part au WS et c’est alors que ma boite compartimentée est très utile .

2/ Le nettoyage du mécanisme (carcasse ou platine) au White Spirit

Mais je peux nettoyer tout le mécanisme d’un revolver sans utiliser d’eau chaude ou de vapeur, car je suis certain que l’arme ne va pas s’oxyder, ce qui est fortement recommandé  . Il suffit de projeter le WS dans l’arme avec une seringue  achetée en pharmacie et le jet va laver les résidus.  Le gros avantage, c’est que le WS n’endommage pas la crosse en bois huilée, une fois le nettoyage fait je repasse  un papier huilé sur le bois et tout est top.

3/ un nettoyeur à ultra son.   Ces appareils se vendent maintenant dans les  supermarchés (LID’L, ALDI, etc)  à prix très abordable (moins de 30 euros), mais leur contenance est limitée.  J’en ai donc acheté sur le net de marque Velleman, avec une contenance de 2,6l et une cuve en inox étanche et une puissance qui supporte des pièces un peu lourdes  sans que le moteur ne surchauffe.  Il fallait prévoir un appareil  avec une cuve inox et un chauffage  pour un nettoyage à l’eau autour de 60°. Je place les barillets dans le bain et j’ajoute du savon de vaisselle liquide. Je rince ensuite au vaporetto

Mais mon idée, c’est d’utiliser du pétrole dans la cuve et non de l’eau.  Ce qui m’a été déconseillé… mais après un essai prudent,  le nettoyage au WS conjugué à l’effet des ultras sons s’est avéré excellent : la carcasse sort du bain totalement propre et  on peut directement l’immerger dans un mélange WS + huile, et faire égoutter!  Le matériel sort  comme neuf!

Vidéo

4 – Un autre regard sur le Colt Walker 1847


José walesAttendre le chargement des images    

Correction effectuée le 28/1/2013

 1 – L’image et l’utilisation du Colt Walker selon la culture du pays

Après avoir abordé dans l’introduction l’aspect culturel et politique de l’usage des armes à poudre noire, après avoir parcouru les principaux modèles de revolvers « cap & balls » qui ont introduit l’usage des armes modernes, je reviens maintenant sur le Colt Walker déjà présenté dans l’article 1 (Historique) .

En parcourant des blogs et forums américains, je me suis rendu compte qu’en France, ce revolver n’a pas l’attrait qu’il conserve aux USA. Je voudrais commencer par un texte que j’ai trouvé sur un forum et qui m’a ouvert les yeux à ce sujet.

 » I carried and used a Uberti 1847 WALKER for a mighty long time. Laying here beside of me right now loaded all the way around. I use Triple Seven 3fff, .457 swaged round lead balls (…) I use 48 to 50 grains…. It take’s a long time to really learn how to use and handle a Walker… » It takes a long time to really learn how to use and handle a Walker… A long time….If your Walker is properly tuned up and properly loaded and you have practiced and worked with it for a good year, may be 2, (…) . I worked HARD with that gun for 2 years or better before I was willing to tell myself I knew how to shoot it. (…) Cowboy, just don’t give up. Just keep shooting when you can and keep working at it and then all of a sudden; there it is. »(…) I watched an Indian friend of mine knock down an Antelope on my property this morning with his Walker at about 55 yards… »

 » J’ai trimbalé et utilisé un WALKER Uberti pendant longtemps. Il est posé à côté de moi à cet instant, toujours à portée de main. J’utilise la poudre triple seven 3F, en 457, balles rondes, (…) et je charge entre 48 et 50 grain de poudre. Il faut longtemps pour vraiment savoir comment utiliser et manipuler un Walker… longtemps…. Si votre Walker est correctement réglé et correctement chargé et si vous avez pratiqué et travaillé avec pendant une bonne année, peut-être 2, (… …) J’ai travaillé dur avec cette arme à feu pendant 2 ans avant que je n’aie été enclin à me dire que je « savais comment tirer avec ». Cowboys n’abandonne pas ! J’ai regardé un de mes amis indien abattre une antilope sur ma propriété ce matin, avec son walker, à environ 55 yards… »

My beautiful pictureC’est incontestablement un art de vivre et de faire vivre l’arme qui s’inscrit dans la culture américaine. Voici une vidéo en anglais qui illustre le tir au Walker. C’est une arme qui trouve aux USA des conditions de tir « épanouissantes » dans des espaces ouverts, ce qui d’ailleurs est préférable, compte tenu de la fumée. En France le tir au Walker est un tir confiné en stand, ce qui ne lui donne pas le cadre qui lui convient. Je suis totalement enthousiasmé par la démonstration que fait le tireur et qui montre l’efficacité de l’arme; le levier se décroche, certes, signe que le tireur doit utiliser de fortes charges.

Le défaut bien connu du Colt Walker

Cette image trouvée sur le site « Tir longue distance » montre les performances médiocres du Walker et affiche aussi le fonctionnement défectueux du système de fixation du levier d’armement placé sous le canon de l’arme. Je ne sais pas si le tireur (que j’appellerai X) s’enorgueillissait de ce tir ou s’il voulait faire croire que le Walker 1847 est un bourrin dont le tir à 25m tient plus de l’arrosage que du tir ?

Sur les Walkers, la fixation se trouve à la base du levier et sous l’effet de forte charge, il se décroche. Pour remédier à ce problème, X a placé un morceau de cuir qui retient la chute du levier pendant le tir. Dès 1848, Colt améliorait ce système sur le Dragoon (le colt qui sort en 1848) en fixant le levier à son extrémité, système qu’adopteront ensuite la plupart des revolvers à PN. Mais cette imperfection d’origine indique aussi la manière dont le tireur X utilise son arme, car un levier qui ne tient pas est le signe d’un usage « plein pot, à ras bord, chargé plein la gueule, bourré à bloc » selon les expressions en usage… La courroie de cuir qui maintient le levier sur la photo est cependant adaptée au style de l’époque. Autre point à surveiller: la vis qui tient ensemble le levier et le bourroir tombe facilement et doit être serrée et vérifiée régulièrement, avant chaque usage. Une vis perdue et c’est une arme qui reste en attente de réparation… Avec les répliques Army San Marco (ASM), dont on ne trouve plus les pièces, ça peut prendre du temps et de l’argent!

Je constate que le tireur X utilise des ogives (une se trouve à droite de la crosse sur la photo), mais de quel calibre ? Il n’y pas d’indication. Le « carton » est très moyen dans l’ensemble car le groupement n’est pas bon. Tirer avec 3gr de PNF2, comme indiqué sur la cible, c’est une charge très puissante. X a voulu montrer que le Walker nécessite de bourrer la bête pour obtenir finalement un tir passable à 25m, confortant ainsi la thèse que cette arme est archaïque ? Je possède 4 Walkers dont aucun n’a de levier qui décroche, ce qui me laisse penser que les tireurs qui les ont utilisés avant moi ont été raisonnables. Mon désir est de changer l’image du Walker qui ne correspond pas à la réalité. Il est souvent décrit:

  • · soit comme un « bazooka », une arme qui n’est pas « pour les gonzesses », comme disent certains tireurs qui mettent leur virilité dans leur holster, mais qui sert à faire étalage de puissance plutôt qu’à rechercher un score.
  • · soit comme un revolver massif, lourd, volumineux et archaïque, tant du point de vue technique qu’esthétique … mais qui peut encore servir à se donner des « sensations » en rapport avec la puissance (ça secoue) .

Bref à mettre sur l’étagère et à sortir 2 fois par an! Je me suis ensuite plongé avec quelques arrières pensées dans les forums qui traitent du Walker et j’ai classé les modes de chargements selon deux critères qui sont caractéristiques d’un profil de tireur:

Ceux qui tirent avec cette arme pour « les sensations » et le sentiment de puissance qu’elle leur procure

Je cite quelques échanges typiques de ceux qu’on trouve dans les forums:

  • · « A 2,5g, tu as surtout beaucoup de bruit et de fumée, mais l’arme ne bouge pas dans la main. Un Remington à 2g sera beaucoup plus « vivant » car beaucoup plus léger. Essaye à 3,5g, tu devrais sentir la différence! » (discours qui incite à forcer le chargement pour rendre l’arme « vivante »)
  • · « Le Walker ou le Dragoon sont prévus pour être chargés à ras la gueule. Pas de bourre, juste la place pour poser le boulet (en général des 457), avec environ 3gr de pnf2. La précision n’est peut-être pas au rendez-vous mais les sensations…… oui !! Après faut trouver son dosage, il y a autant de paramètres que de tireurs. (discours qui incite à l’usage hasardeux du Walker: l’arme ne serait pas sensible aux différences de chargement.)imagesCAQ6MWZO

Ce dernier message me semble typique sous deux angles: d’une part il montre que cette arme n’est plus utilisée prioritairement comme une arme de tir (avec l’ambition d’atteindre la cible ), mais comme un objet qui procure du plaisir, crachant le feu, la fumée et produisant une détonation qui impressionne l’entourage: plus on charge, plus on monte soi-même en puissance… un discours couramment tenu. C’est du tir de foire ! Je ne vois d’ailleurs pas où est le plaisir de faire « rugir la bête » car le bruit impose au tireur de se mettre un casque de protection sur les oreilles : c’est essentiellement « les autres » qui profitent de cette exhibition à la James Bond! Quant à se donner des sensations dans le poignet…

D’autre part je relève une idée fréquemment répandue: l’arme échappe à toute rationalité concernant le chargement. Le chargement ne tient qu’au choix du tireur et à sa personnalité. Il y aurait une sorte d’entente secrète entre le cavalier et son cheval (une sorte de bourrin). Un esprit rationnel comme le mien croit plutôt à d’autres critères plus objectifs qui expliquent la réussite d’un tir et de ses échecs: connaître son arme est essentiel, mais l’étude des trajectoires n’est ni évidente ni inutile.

Ceux qui ont une conception plus exigeante de l’usage du Walker

Je poursuis donc ma lecture des forums et je relève quelques bémols de la part de tireurs concernant l’usage abusif du Walker chargé « plein pot »: leurs propos modèrent l’argument selon lequel le Walker est « prévu » pour un tel fonctionnement. Je les cite:

  • · « Les charges de 3 grammes avec des balles de 200 grains sont les charges d’époque, l’arme étant destinée à être la plus puissante possible! De très nombreux Walker originaux en ont souffert jusqu’à la destruction (…). Si aujourd’hui, les aciers ont fait d’énormes progrès, les répliques supportent les charges maxi, mais il est conseillé de ne pas en abuser… et Uberti ne préconise certainement pas une utilisation « plein pot » ;
  • · « Charge, mais pas trop quand même ! Avec mon Uberti, je chargeais comme toi et j’ai dû renvoyer le flingue au constructeur car l’axe avait pris du jeu. Il était sous garantie mais ils ont failli me la refuser car selon eux, je l’avais utilisée anormalement (pourtant je mettais que 2,5g de PN, ce qui était trop, toujours selon eux)…. »

Je cite encore un autre tireur qui découvre les qualités du revolver et qui s’en étonne:

  • · « j’ai récupéré mon nouveau Walker chez (….) , j’ai bien fait gaffe à le démonter et le graisser généreusement avant le premier tir, j’ai chargé à 2.5g de PNF2 et 0.8 de semoule. J’ai tiré 4 barillets avec nettoyage de l’axe entre le 2nd et le 3eme. Je reste très surpris de la précision de la bête à 25M sur appui. Beaucoup de noir, 8 et 9 à 11h et 12 h. au moins trois tirs avec des impacts qui se touchent sur le visuel. J’avais lu beaucoup de post sur l’imprécision des Walkers et je suis vraiment très agréablement surpris … et quelles sensations !!! J’encourage tout le monde à essayer ce colt, c’est exceptionnel….. et je maintiens qu’à 2.5g c’était déjà magnifique !

Evidemment, on n’échappe pas aux fameuses « sensations » : tirer au Walker, c’est l’aventure ! Mais ce tireur reconnaît à l’arme sa vraie fonction qui est quand même d’atteindre la cible à 25m. C’est parfaitement possible avec un Walker, encore faut-il savoir s’en servir! J’ai donc parcouru les forums et j’ai constaté que les tireurs se limitent le plus souvent à « faire vibrer les murs » des stands et que trop rares sont ceux qui recherchent la précision relative que le Walker peut leur apporter. J’ai pris comme critère de mon recensement, les messages qui donnent des informations sur la charge des armes: or je constate que bon nombre de tireurs évoquent soit la charge en poudre, soit le diamètre des balles (sans préciser s’il s’agit de rondes ou d’ogives) mais sans prendre en compte les deux critères simultanément ! Or une balle et une charge vont de pair, ce qui veut dire que pour ces tireurs, le lien entre la charge et la balle est superflu. Manque total de rigueur dans la pratique du tir ! C’est ce qui explique des résultats médiocres et la réputation injustifiée du Walker, arme qui perd sa fonction d’arme correcte pour en faire un usage ludique qui ne la valorise pas. En réalité le Walker est une arme complexe qui n’est pas à la portée des amateurs, sauf pour faire du bruit.

Une façon non conventionnelle de tirer avec le Walker : un tir avec double prise en main visible sur cette vidéo!  

tir à la psrauben

En lisant tous ces forums où le Walker est décrié pour son levier « merdique », une  idée  m’est venue : et si l’absence de fixation à l’extrémité du levier devenait un atout pour le Walker plutôt qu’un défaut, car ce levier rabattu permettrait de tenir l’arme stable pendant le tir, ce qui est utile compte tenu du poids du revolver? Appelons cette innovation « le tir façon PSRauBen »…  j’avais écrit ceci que je relis : « Mais attention, cette méthode oblige le tireur à ramener le levier entre chaque tir pour éviter que le bourroir (refouloir) ne bloque le barillet; un petit coup de main très facile, sinon, on ne peut pas réarmer.  Au lieu de relever le levier à chaque fois, on le relève légèrement au moment de l’armé du chien, puis on le redescend pour le tir. »…ERREUR !

Hé bien non, ce n’est pas vrai! L’objection qu’il fallait  opposer à cette idée,  c’était de dire qu’on ne peut pas descendre le levier au cours du tir sans que le refouloir ne pénètre dans la  chambre la plus basse, ce qui est incompatible avec  le bon déroulement du tir.  Mais si  le levier reste en position oblique pour ne pas enfoncer le refouloir dans la chambre, il ne peut pas servir de poignée;  donc c’est sans intérêt ! La seule solution, c’est donc d’enlever le refouloir pour pouvoir descendre le levier à la verticale en cours de tir. Personne n’a fait cette objection.  Certains ont exprimé des réserves concernant la sécurité. Je précise que  la main qui tient le levier n’est pas mise en danger,  puisqu’elle  vient se placer sous le barillet.  Je ne suis donc pas en contradiction avec les règles de sécurité que je mentionne dans la suite de mon article. Ceci dit, je tire au Walker à une main, mais je teste la position de tir à deux mains pour voir si elle permet un gain de temps et de stabilité pour le tir rapide.

PEUT-ON SERIEUSEMENT  TIRER DE CETTE FACON?

Sur la vidéo  intitulée « Le tir rapide avec un Walker 1847 »,  on peut voir que j’ai monté une poignée « ergonomique et multicolore » en pâte Fimo dure, qui est emboîtée sur le levier !  

Capture le tir au W1847

La double prise en main est parfaitement possible.  C’est juste une façon de tirer avantage du levier du Walker qui – pour beaucoup – a l’inconvénient de ne pas être maintenu à son extrémité…. et qui tombe au cours du tir, problème  technique et esthétique  dont la véritable cause tient  aux chargements excessifs de l’arme.  Contrairement à tous ceux qui dévaluent le Walker en raison de cette tenue défaillante, je suis un partisan du levier sans fixation à son extrémité parce que ce levier est très confortable en main: il ne blesse jamais.   Comme j’utilise un sabot de chargement (que je présente dans les articles 8 et 9) à la place du levier et du refouloir, ce levier me paraît utilisable pour une nouvelle fonction: il sert d’axe à la poignée. Quant au refouloir, je m’en passe totalement, donc je le supprime ! Je résous ainsi la question  de la chute du levier au cours du tir et celle du refouloir qui « dérange ».  

Qui a dit qu’un revolver doit être tenu d’une seule main ?  Qui a dit qu’un revolver doit être tenu à bout de bras, sans appui ?  Qui a dit qu’un revolver est destiné à faire de la compétition sportive? Qui,  sinon des  gens qui  participent à des compétitions de tir sportif  avec un seul objectif:  la précision,  … mais rechercher la précision  ne signifie pas qu’on doive le faire  dans des postures qui, si elles sont acceptables pour des armes légères (comme le tir à bras franc),  sont peuvent devenir inadaptées quand il s’agit d’une arme lourde. A quoi sert un revolver ?   Pour moi, les règlements de compétition ne peuvent pas prétendre être imposables à  tous les usagers des revolvers à PN  qui tirent dans les clubs, sinon les clubs de tir tombent sous l’emprise des compétiteurs; un revolver, quel qu’il soit  comporte plusieurs objectifs et critères de tir : la rapidité,  la précision, la puissance du tir, mais il reste un point qui échappe à  ces  exigences : le confort pendant le tir!  Or l’inconfort nuit à la précision. Donc, en ce qui concerne le Walker, tirer à bras franc est une contrainte qui peut nuire au confort du tir. En ce qui me concerne, je préfère utiliser le bras gauche comme appui (voir la photo) pour la stabilité, mais pour le coup, j’ai le bras placé très près du barillet et le revolver trop près du visage, ce qui nuit à la précision.

Celui qui veut faire de la compétition rejettera donc le Walker  pour tirer avec des armes plus légères et plus confortables, comme le 1858, le R&S, le Colt 186, etc  ou des revolvers à PSF. De cette façon,  la compétition élimine le Walker des stands de tir et du coup cette arme privée des honneurs de l’usage sportif, tombe dans la catégorie des « gamelles » destinées au  tir « n’importe quoi », ou « aux sensations » qui supposent qu’on bourre la bête  de poudre à ras la gueule, façon charge de guerre, histoire de lui trouver un usage ludique.  C’est donc la conséquence  de la normalisation des postures de tir imposées par les compétitions et par les compétiteurs qui veulent régenter le monde des tireurs selon leurs réglementations. Hé bien non, je ne ferais pas de cette arme  un « bourrin » que le tir sportif  range dans le placard des armes encombrantes et que la tradition (bidon) condamne  aux charges de guerre!  Je vais donc balayer ces  réglementations  et rechercher  en toute liberté une méthode de tir confortable qui me permettra d’améliorer la précision du Walker ou la vitesse de tir. J’en vois deux: la canne Pirsch et  le tir façon PSRauben, avec une double prise en main.

Alors,  si vous en avez marre de mettre une lanière de cuir autour du canon de votre Walker, et de le relever à chaque tir,  essayez « le tir façon PSRauben »  et croyez moi, vous gagnerez en stabilité. Quant aux arguments en faveur de cette méthode de tir,  vous les trouverez développés dans la vidéo  précitée et prise lors de tirs effectués sur le stand  et qui prouvent que cette façon de tirer n’est nullement impossible. Elle montre surtout les  avantages qu’elle présente pour le tir « semi-rapide ».   Et comme me disait récemment un tireur qui fait de la compétition, « on a besoin de se mesurer aux autres…  donc il faut des normes pour que la comparaison soit possible »  ! Et bien moi je n’ai pas besoin de me comparer  et je ne me mesure qu’à moi-même.  C’est d’ailleurs ce que font les chasseurs qui évaluent leur niveau à la réussite de leurs tirs.  Désolé de ne pas me joindre au club des compétiteurs, mais  j’ai mieux à faire.  je vous invite à regarder cette vidéo dont la fin montre sur le mode de l’humour, qu’un tireur anglais désapprouve les modifications que j’ai faites à mon Walker et  qualifie ces bricolages de « sacrilège »…, pire de « abortion »  (ce qui signifie littéralement « avortement »  et gâchis au sens figuré) –  ce qui m’a fait franchement rigoler!

Deux règles de sécurité impératives avec un Walker 1847

  •  Se protéger les oreilles avec un casque car les explosions lors du tir sont fortes  surtout avec des charges puissantes. Certains tireurs prétendent qu’elles n’endommagent pas l’audition, car la poudre noire produit un bruit sourd.
  •  Ne jamais mettre la main sous la console (devant le barillet) au moment du tir, car le souffle chaud qui sort par l’entrefer va provoquer des brûlures et un choc important dans la main. Il faut savoir qu’un revolver à PN n’est pas étanche et que l’explosion crache par le canon, mais par l’entrefer et par des cheminées, donc  il faut éviter de mettre la main surtout au niveau de l’entrefer. Il m’est arrivé de prendre le souffle et la flamme dans la main avec une simple charge de 1g : j’étais secoué et légèrement brûlé, c’est dire qu’avec 3g….

En principe, un chargement soigné  ne provoque pas de départ en chaîne:  si les balles sont bien serties, si le barillet a été bien nettoyé et graissé, s’il a été chargé en dehors du pas de tir pour éviter de « disperser  » de la poudre à l’avant du barillet en utilisant des dosettes  sans entonnoir,   il n’y a aucun risque !  Cependant comme le montre la vidéo, une balle sous-calibrée peut donner l’impression d’avoir été correctement sertie, mais ne pas tenir correctement dans la chambre, ce qui fait que sous le choc des tirs répétés elle sort et peut tomber.  Si la balle reste dans la chambre,  elle bloque la rotation du barillet (c’est un incident de tir);  si elle tombe,  la semoule tombe également  et la poudre noire sans protection est exposée à la mise à feu: ce qui  peut causer plus qu’un incident de tir, on peut avoir  un départ en chaîne partiel.   J’en viens à dire que le chargement à l’ancienne, sur le pas de tir,  avec  les dosettes est de nature à provoquer un départ en chaîne, car il y a toujours de la poudre qui se disperse à l’entrée des chambres. Au contraire un chargement à domicile avec un barillet sorti de l’arme,  ne disperse pas la poudre dans les interstices: le barillet étant dégagé de la console du canon et de la carcasse, on peut alors le nettoyer facilement après avoir serti les balles et avant de graisser l’entrée des chambres (un coup de pinceau à sec pour enlever les particules de semoule,  de poudre et les anneaux).   Le départ en chaîne, qui reste exceptionnel  est  dû à une arme mal chargée, notamment avec des projectiles inadaptés et un travail sale !

2/ Essai de tir au Walker 1847, à 25m avec 1,6gr de pnSuisse et des ogives de 454

My beautiful pictureMettons le Walker à l’épreuve : voici un tir que j’ai effectué à 25m, avec appui, avec une « réplique » (qui pour moi n’en est pas une) Uberti achetée d’occasion sur Naturabuy (vendeur Monk), C’est un essai que j’ai effectué pour voir si le groupement était amélioré après un réalésage très léger du barillet d’origine à 11,4mm… Mes nouveaux barillets n’ont pas été réalésés, car ils ont un diamètre supérieur à celui d’origine et l’alésoir entrait pile-poil dedans. Le chargement : 1,6g de PNSuisse, balle rondes de 454. J’avais fait poser un guidon dérivable provisoire, avec queue d’aronde (c’est à dire encastré dans l’épaisseur du canon) : il est assez folklorique et vaguement coloré. Réglé au pif, il tirait un peu à droite et en haut! La hauteur était presque bonne, une contre visée légère ou un coup de lime sur le guidon pouvait suffire à la rectifier .

Au résultat, 5 balles sur 6 sont groupées. Comment expliquer qu’une s’écarte du groupement ou disparaît de la cible? Là je suis intrigué. Il va falloir vérifier différentes hypothèses : je pense que ce ne sont pas des coups de doigt au moment du lâcher de la détente; peut-être une balle mal chargée trop enfoncée, (au pire une chambre mal alignée?). Ce que j’ai constaté, c’est que cette arme peut donner un bon groupement, mais en réalité, elle en donne 3 dont les centres (étoiles à 5 branches) viennent se placer dans le quart nord-est du visuel. La solution classique (traditionnelle), c’est « la contre visée » de telle sorte que le strabisme de l’arme la fasse tirer au centre du disque noir (visuel): quand l’arme tire de travers (problème de canon ou de guidon), il faut viser faux (ailleurs) pour que le tir touche au bon endroit. Il est d’usage chez les tireurs de régler son arme de telle sorte qu’en tirant sous le visuel, l’impact aille au centre de celui-ci. Les deux flèches vertes et rouges correspondent grosso modo aux 2 contre-visées à faire (les points jaunes)… Cependant, dans l’idéal, il faudrait un seul groupement et une seule contre-visée, alors laquelle?

My beautiful pictureC’est surtout le réglage latéral du guidon qui va ramener les groupements sur l’axe vertical, passant par le centre du visuel (étoile à 6 branches), ce qui est mon but. Faut-il se contenter d’une « contre visée » ou mettre un guidon dérivable (sur queue d’aronde) permettant un déplacement latéral? C’est la 2ème solution que je retiens. Pour la hauteur, je choisis un modèle de hauteur adaptée au tir à 25m, après avoir fait des essais avec différentes tailles de guidons provisoires. Il me reste donc à remplacer ce guidon provisoire par un modèle définitif, avec fibre optique rouge, car je tire en visant au centre du visuel et le point rouge lumineux se voit mieux que les guidons en métal (qui ne se distinguent pas bien dans le noir). J’en ai acheté toute une série de taille graduée: le top ! L’armurier va encore me voir arriver et dire, « ça y est le revoilà avec ses flingues diaboliques », car vous vous en doutez, faire monter de la fibre optique sur un Walker, c’est une « diablerie » ! J’ose pourtant !

Des groupements qui varient selon le barillet ?

Le groupement est donc possible (on est loin de l’arrosage du tireur X) , mais l’arme varie dans ses résultats en fonction du barillet. Qu’est-ce que cela veut dire ? Avec une arme achetée d’occasion sans connaître son histoire, tout est possible. Ce qui m’interroge, c’est que chaque barillet chargé avec des cartouches-papier, donne non seulement des groupements localisés différemment (le 1er correspond aux pastilles rouges, le second aux vertes), mais je note également leur forme ovale (une sorte de petite gerbe) qui s’écartent du centre. Je précise que mes tirs sont assez cool: je me donne un temps assez rapide pour capter la cible et avec mon guidon provisoire assez rudimentaire, la précision ne peut pas être optimale. Voilà donc un problème nouveau: le changement de barillet peut-il à ce point modifier le tir ? Est-ce l’arme (l’alignement barillet/canon) qui intervient ou s’agit-il d’une différence dans le chargement des 2 barillets que ne n’ai pas prise en compte (des balles trop enfoncées, un manque de semoule)?

Quelle contre visée choisir? Il faut refaire l’essai en veillant à charger les 2 barillets de la façon la plus rigoureusement identique et si les groupements se différencient à nouveau, alors, le choix du barillet deviendra une variable à prendre en compte dans le tir. Pour ma part, je suis un perfectionniste et quand une arme ne tire pas là où j’ai décidé qu’elle doit tirer, je lui impose mes exigences. Pour moi, c’est l’arme qui doit être adaptée et tirer au plus près du centre du visuel (de préférence au centre). Il faut donc resserrer les paramètres qui interviennent, limiter les variables.

Les chargements étaient-ils parfaitement identiques (cartouches-papier, balles rondes, peut-être). Un départ précipité pour le stand et tout n’est pas noté; ma mémoire est embarrassée. Les indications écrites sur la cible étant incomplètes, je suis dans le doute. Il faut noter de façon précise lors des préparatifs de tir toutes les données du chargement qui peuvent modifier la trajectoire des tirs et devenir des « variables » dans l’équation de la réussite. Je n’irai pas jusqu’à mesurer le vent !

My beautiful pictureJ’en profite pour vous donner le matériel de base du tireur à la PN: semoule, pain de cire d’abeille brute, acheté chez un apiculteur (mais les abeilles disparaissent du fait des traitement: l’apiculteur a vu ses ruches tomber de 54 à 5!), paraffine achetée au super marché; vous voyez mon petit mandrin en plastique pour rouler une cartouche (tube de stylo évasé de 7 cm), des flacons pour prise de sang achetés chez dans un laboratoire pour conserver mes cartouches et les transporter, … pour voir le détail, cliquez sur la photo et vous obtenez un agrandissement.

Nouveaux essais pour vérifier la problématique des groupements variables selon le barillet

Retour sur le stand avec le Walker Uberti et aux tripes l’envie d’en savoir plus! Cette fois-ci je charge les 3 barillets à 1,6g de PNSuisse (un barillet d’origine qui a été réalésé et 2 neufs). Balles ogivales de 454 coulées-maison, serties au maillet (pas de cartouches-papier) et qui doivent venir à 2mm des entrées de chambres. Cette fois-ci, je vais veiller à faire un chargement très précis et uniforme (je manque d’instruments de précision dans ce domaine, car j’utilise des embouts standards allant sur ma poire à poudre mais qui bizarrement n’indiquent pas tous la contenance en poudre). Je les ai vérifié avec les moyens du bord, mais je vais commander chez Conrad ou sur Amazon une cuillère balance numérique à commande digitale (un modèle Sunartis) qui permet de peser la poudre à 0,1 gr près : la commande est partie…

10522016-tir-a-la-cible-de-papier-pour-pratiquer-le-tirJe n’ai pas encore rectifié mon guidon: l’arme tire un peu à droite. Le 1er barillet est utilisé comme essai pour vérifier à nouveau la hauteur du guidon provisoire (qui est très haut pour un Walker: 7 mm au lieu de 3,5 mm! ). Comme lors des tirs précédents, 2 essais me confirment que 7 mm est la bonne hauteur. J’essaie une balle sous le visuel noir et une sur celui-ci (à la limite du noir et du blanc , entre le 6 et le 7) : c’est concluant. Dès la 4ème balle, j’attaque la contre visée en visant sur la ligne horizontale qui passe par le centre, mais à gauche de celui-ci, dans le 8.

My beautiful pictureMes 3 dernières balles se groupent dans le bas (cercle bleu) et les impacts sont sur l’axe vertical qui passe au centre. Au 2ème barillet (ovale vert), le tir commence à cadence soutenue; pas de nettoyage. Cette fois-ci, ça tire trop haut… Au 3ème, surprise : un groupement superbe, mais il manque une balle (peut-être celle pour laquelle j’avais oublié la semoule ?) Quand je vois le résultat, il est évident que la largeur et la position du groupement varient selon le barillet. Un de ceux-ci (groupement vert) disperse un peu. On est loin cependant des résultats du tireur X que j’ai mis en introduction de cet article. L’hypothèse du choix du barillet comme variable sensible s’affirme. Aaille !!! Malheureusement je n’ai pas numéroté sérieusement les barillets et j’ai un léger doute concernant l’ordre des tirs: le doute doit être éliminé. C’est à refaire pour confirmation, mais en repérant mieux les résultats propres à chaque barillet (je vais les numéroter au feutre permanent).

Ces résultats démontrent qu’un Walker peut faire des tirs groupés à 25m (avec des ogives) et avec seulement 1,6gr de pnSuisse. Ce qui prouve que les fortes charges ne sont pas nécessaires pour donner au Walker une précision « honnête »; il faut voir maintenant ce que cette arme donnerait avec des charges de 2,5gr par exemple.

Les inconvénients du tir mal contrôlé

Je ne pense pas que les tireurs qui font de la compétition me contrediront. Il ressort de cette petite expérimentation que le tir à la poudre noire est plein de surprises qui ne sont pas toujours compréhensibles d’emblée. Ce qui est certain, c’est que la conjugaison de plusieurs facteurs négatifs peut entraîner un résultat médiocre, de quoi reléguer définitivement un revolver dans la vitrine du collectionneur. Ce même Walker avait donné des résultats très variables et parfois médiocres lors d’essais antérieurs, avec des charges de l’ordre de 1gr à 1,6gr et des balles soit rondes soit ogivales, mais sans noter les détails du chargement. A cette époque je manquais de rigueur et de régularité dans le dosage de la semoule: je remplissais à vue de nez et à chaque fois, la balle n’affleurait pas où j’avais des difficultés pour la descendre. Les groupements étaient alors plus étendus et donnaient occasionnellement des « gerbes ». C’était du bricolage!

My beautiful pictureVoici un carton qui montre un essai désastreux en cal 451 (sans doute avec une charge de 1gr, mais dans la précipitation du départ au stand, j’ai oublié de noter cette indication sur la cible). D’où il apparaît qu’il faut noter systématiquement le type de balle (ronde ou ogive), le calibre, la charge, le type de chargement (avec ou sans papier dans la chambre), l’enfoncement de la balle, la qualité de la graisse… car tous ces paramètres « expliquent » la valeur du résultat. Des essais répétés et une rigueur dans la notation des paramètres, un ensemble d’exigences de que je n’avais pas prévues au départ, lorsque j’ai commencé mes 1ers tirs! Mais, comme on dit « c’est le métier qui rentre » .

Quelle était l’origine de ces variations? Des balles trop petites, trop enfoncées, une charge trop faible et peut-être des variations dans la taille des chambres ? Je pensais que celles-ci étaient trop étroites et après des mesures précises, j’avais alors procédé à leur réalésage à 11,40mm. Puis d’autres barillets avaient été commandés et depuis, il m’est possible de faire des tests pour savoir si le barillet d’origine est en cause dans certains résultats ou si le chargement est mal fait.

3/ Quelles sont les utilisations du Walker 1847 selon les tireurs ? Un peu d’humour pour traiter la question

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Voici donc les résultats d’un recensement très modeste auquel j’ai procédé sur le net et qui m’a laissé perplexe. Quelle conclusion tirer de ces indications ? Que tout est possible ! Devant cette variété de chargements, il est difficile de conclure tant que les essais n’auront pas été faits avec toute la gamme des charges de PN et des types de balles ! Ce tableau m’a donné l’idée de porter un regard humoristique sur les tireurs….

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Partons de l’hypothèse que pour un Walker 1847, la charge de poudre conseillée pourrait se situer entre 1,5gr et 2,5 grammes (peut-être), mais cette indication est trop générale, car elle ne différencie pas les charges pour balles rondes et celles pour les ogives. On dira grosso modo, qu’une ogive demande 1,6 gr pour commencer et peut-être plus (avant l’essai de ce jour, j’aurai dit 2,5gr en me fiant à l’avis des usagers… Pour le choix des calibres, il me paraît plus raisonnable de partir avec du 454, car le 457 est très fort et pour le faire entrer dans les chambres, il faut avoir un bon levier; de toute façon on martyrise les balles, le levier et le reste. Seul le Walker Uberti serait prévu pour du 457. Selon les mesures faites sur mes Walkers avant réalésage en 11,40 mm, j’ai trouvé des Army San Marco et San Paolo qui avaient des chambres très étroites et c’était un problème de forcer des balles de 454 dans celles-ci: les balles devenaient ovales, ce qui nuisait à la précision. De plus sur d’anciennes répliques de Walkers, les chambres ont des diamètres variables et inférieurs à celui du canon, ce qui est contraire à la précision du tir ! Le diamètre d’une chambre doit être légèrement supérieur à celui du canon pour que la balle soit sertie dans le cône d’entrée. Aujourd’hui, Uberti continue la production des Walkers: il fournit des recommandations qu’on reçoit avec le carton d’emballage de l’arme lors de l’achat. Il préconisent des balles de 457. A voir à l’essai.

Le choix des balles ogivales ? Tirer à 2gr avec des balles rondes, c’est peut-être gâcher la poudre : la balle ronde est plus précise, mais avec une charge double, la poudre ne porte pas toute sa poussée sur la balle. L’intérêt du Walker c’est d’utiliser des balles plus lourdes, bien que le pas soit lent. c’est une question que je creuse et sur laquelle je reste prudent.

Voici l’avis d’un connaisseur concernant le chargement du Walker : http://www.premiumorange.com/tiretcollection/ARMES%20REPLIQUES/Rev%20COLT/UBERTI%20Colt%201847/Colt%201847.html

« Charge militaire

  • « Balle ronde de .454 de 130 grains ,charge en PN  maximale de  3,9 grammes ( 60 grains). Ce chargement donne la balle la plus rapide (mais la moins lourde) , hélas, avec une telle accélération, elle prend difficilement les rayures : Elle est très imprécise, et emplombe inutilement  le canon…

soit

  • « Balle ogivales de 200 grains (LEE conical 450), maxi 3 grammes de poudre noire.

« Charge d’origine :

  • « Balle ogivale de 170 grains, issue du moule acier « Walker » (attention, c’est la forme originale des ogives du Walker, mais tirées dans les répliques modernes qui ont un pas de rayures nettement plus serré, ces ogives, malgré leur grande longueur, manquent de  prise de rayure et emplombent énormément…  pour une précision déplorable…

Soit :

  • « Balle ogivale de 180 grains, issue du moule laiton « Walker/Dragoon » ou du moule acier « Colt ». Cette ogive fût conçue après  le Walker, dans la période de fabrication  des Dragoons, mais elle fût souvent utilisée en remplacement de l’ogive d’origine dans les Walkers subsistants (plus lourde et plus précise).
  • « (Dans les 2 cas ?) Charge de 37 grains ( 2,5 grammes) de PNF2.  Ce chargement n’est pas le plus féroce et la balle se trouve sertie assez loin dans la chambre, mais c’est le rechargement le plus proche,  en terme technique et balistique, du rechargement original.

« Un conseil pour ceux qui veulent tirer à plus de 2 grammes de poudre : optez pour des balles coulées en plomb durci car si le plomb est trop mou, la vitesse et  le frottement des balles dans le canon emplombent  l’arme assez rapidement.  N’hésitez donc pas à bien les graisser !

Je résume ces indications  qui me laissent pour le moins perplexe :

 type de   charge

 balle

 poids en grains  

 moule

charge maximale de PNF2 

 résultats

 militaire  ronde  130 grains (.454)  3,9 grammes  trop légère, trop rapide, ne va pas en fond de rayures, donc imprécise
 militaire  ogive  200 grains  (LEE conical 450),  3 grammes (quel résultat??)
 d’origine  ogive  170 grains,  acier « Walker »  2,5 grammes (37 grains)  ne touche pas assez les rayures, emplombe, précision déplorable
 d’origine  ogive  180 grains  laiton « Walker-Dragoon » ou acier  « Colt »  2,5 grammes (37 grains)

 “plus precise”

La question qui me vient à l’esprit, c’est de me demander pourquoi l’utilisation d’une balle ronde se ferait avec une charge aussi importante, d’autant que  les résultats mettent en cause sa légèreté et sa rapidité : il suffirait peut-être de lui faire perdre de la vitesse pour qu’elle aille davantage en fond de rayure ?

Concernant les charges dites « d’origine » qui ne seraient pas militaires ( le Walker est de par son origine une arme militaire: il a été commandé par un militaire et directement utilisé dans un cadre de guerre!),  il semble que les ogives testées par ce tireur ne soient pas convaincantes, jusqu’à être « déplorables ».  Ce tableau semble donc conclure à l’impossibilité de trouver un projectile satisfaisant, mais la fiabilité de ces indications reste à démontrer du fait des choix qui semblent  ne répondre à aucune logique clairement exprimée ou justifiés: les frottements d’une ogive sur des pas trop serrés, emplombent (donc elles frottent), mais contradictoirement « manquent de prise de rayure »…  j’y perds mon latin!

P1000556Ces indications sont à mettre à l’épreuve des essais et de leur précision (relative voire « déplorable »), bien que dans l’esprit du tireur, l’utilisation du Walker se doit d’être conforme  au cahier des charges de l’époque et  l’usage qu’il recommande va plutôt dans le sens du « plein pot » et de l’utilisation de balles ogivales.   Le tir au Walker avec des charges de guerre est-il justifié sur un pas de tir, sans pour autant réduire le chargement à des  charges ridicules,  relativement à son gabarit ? Ce qui me semble inapproprié c’est de tirer avec des balles rondes et 3,9grammes de PNF2, ça n’a pas de sens!  De toute façon, l’utilisation de balles rondes  dans un Walker devrait être déconseillée lorsqu’on charge sur le pas de tir,  pour la raison suivante :   les refouloirs (bourroirs)  des Walkers  sont conçus d’origine pour des balles ogivales et ne sont pas adaptés aux balles rondes,  au point que lors du chargement,  ils entaillent celles-ci  (et les déforment) en formant un sillon circulaire tout à fait anormal, faut-il dire contraire à la balistique?  Il arrive même que les balles  sortent  des chambres en restant collées au refouloir  (voir les photos dans mon article  3 concernant le chargement) dixit le tireur évoqué précédemment !  Ma concluion est que le Walker manque d’une étude sérieuse quant à son utilisation avec des projectiles actuels

2ème source qui me semble crédible :

Ma recherche me conduit alors sur le Forum  « Poudre noire » où je trouve cet article qui confirme mes hypothèses, puisque j’ai moi-même fait un réalésage d’un  barillet de Walker UBERTI et que je tireur a procédé de la même façon avec celui d’un  Armi San Marco :

Méthode des essais comparatifs : le juge suprême, c’est  la cible et les résultats réels, objectifs,  lors des essais. Après on  peut faire des hypothèses et des recherches sur ce qui peut améliorer les résultats.

  1. 1er essai Walker ASM (2 mains) : 2g PNC, balle ronde de cal .454 ou ogive LEE cap§ball 200 grains,  semoule et végétaline.
  2. 2ème essai Walker UBERTI (sur appui) : ogives LEE  cap§ball 200gr, 30 grains  PNC, 20gr semoule et végétaline.
  3. 3ème  essai :; Le canon a fond de rayure est très large ( 457) et auparavant les balles trop rétrécies dans les chambres flottaient dans le canon.
  4. 4ème essai:   Walker UBERTI (après réalésage des chambres de barillet à 11.5mm soit .4528  » ; modèle récent, sur appui):    les balles de 456 qui se sertissent bien. Les ogives coulées LEE du 45Colt en 255gr et 452 se sertissent facilement. Les LEE 255gr et 2g de PNC (soit a peu près l’equivalent du 45Colt). Les balles de 456 passent bien; les ogives coulées LEE (du 45Colt) en 255gr et .452 se sertissent facilement;

1er essai walker ASM

2ème essai Walker UBERTI 1

  3ème essai walker UBERTI (2ème modèle, pas plus rapide ) 4ème essai Walker Uberti réalésé

Quelques vérifications à faire pour connaître son arme

Il existe plusieurs de répliques italiennes du Walker : Uberti est toujours fabricant; Army San Marco et Army San Paolo ont fermé depuis pas mal de temps. Les répliques ont des différences sensibles: il est donc nécessaire de vérifier pour chaque Walker et sur l’arme quel est le diamètre des balles à utiliser, sachant qu’il varie selon la marque de fabrication. On peut faire cette vérification d’une façon très empirique, en testant des balles de différents calibres. On les introduit dans les chambres: si c’est trop fort, si le copeau est trop épais, on passe au calibre inférieur; si ça rentre sans faire de copeau, on passe au calibre supérieur. Le copeau est un bon moyen de vérifier l’adaptation de la balle à la chambre. On peut voir ainsi quelle balle convient le mieux aux chambres, mais c’est une méthode qui ne me satisfait pas, car il y a 3 diamètres à prendre en compte; celui de la balle, celui de la chambre et celui du canon. Pour moi la règle est la suivante : Balle > Chambre > Canon.

Il est recommandé de faire des mesures précises avec un pied à coulisse au 1/100 de mm, en sachant que sur d’anciennes répliques, il y a des différences entre les diamètres des chambres. Evidemment on prend la mesure moyenne (de même pour le canon) et on fait un choix à partir de ces mesures. Cependant l’affaire n’est pas dans le sac, car prendre le diamètre intérieur d’un canon est laborieux, compte tenu des rainures qui le font varier: on risque de sous-estimer. Et là on a des surprises: des chambres de diamètres variables ou un diamètre de chambre inférieur à celui du Canon… les balles vont alors flotter et se disperser… dans tous les cas, il faut procéder à un réalésage manuel pour rétablir la hiérarchie des diamètres. Ensuite on teste.

Que doit faire un tireur devant cette incertitude concernant le chargement? Il lui reste à se procurer un carnet de tir et à faire des essais progressifs : il partira de 1,5gr gr et il montera en charge jusqu’à 3 gr, par curiosité, en progressant par tranche de 2/10 ou de 4/10 de gramme de poudre noire. Il verra alors ce qu’il advient des balles. Mais cette expérimentation doit se faire avec des balles rondes et des ogives, donc une double expérimentation, sans compter l’utilisation ou non de cartouches papier (faire au moins quelques essais comparés). Il faut alors acheter des moules ou s’approvisionner en balles dans le commerce (voir article précédent). Pour le tireur au Walker, un long travail commence, mais on peut bien sûr aller sur le pas de tir et arroser pour le plaisir! Le tireur doit apprendre à connaître son arme, pas seulement par accoutumance, mais par des mesures, des vérifications, ce qui est la seule et incontournable méthode en matière de poudre noire. C’est tout un travail qui constitue aussi la motivation du poudreux. L’oeil se met ensuite au service de l’esprit.

My beautiful pictureQuelques outils spéciaux à se procurer quand on travaille sur les revolvers : la loupe est nécessaire pour vérifier les poinçons, les marques (logos); les limes diamantées pour travailler le réglage de la détente, adoucir ou modifier certaines pièces, etc. J’ai aussi un endoscope (acheté chez Conrad) pour vérifier l’alignement des chambres et du canon. Le tournevis doit être très solide (acier trempé spécial armurerie) et plat à l’extrémité, car les têtes de vis ne supportent pas les tournevis du commerce, qui sont de section presque triangulaire. La clé de démontage des cheminées doit être de ce modèle, lourde et en croix, pour faire « volant d’inertie » (elle tourne alors toute seule).

Les groupements et leur régularité sont les indices d’une arme qui fonctionne bien. Mais comment relever les résultats, les évaluer, les noter? ? Il faut garder les cibles, les classer, les annoter. Il faut numéroter les tirs (avec des pastilles de couleur qui changent selon le barillet, ce qui permet ensuite de vérifier l’évolution des impacts au cours des tirs et des barillets successifs). Plus le groupement s’élargit, plus le tir est mauvais, plus il se resserre, meilleur est le tir. Ensuite on ramènera le groupement vers le centre de la cible en jouant sur la visée. Pourquoi ne pas noter les groupements en fonction de leur diamètre, en fonction de cercles concentriques ? Il faut mettre au point un système d’évaluation. Je ne me réfère pas aux notations qui se pratiquent en concours, c’est un autre univers. Si c’est un groupement ovale, on peut prendre le diamètre le plus large et faire la moyenne avec le plus petit. Il suffit alors de se faire un étalonnage. Parfois, on a un bon groupement mais avec des « flys », des balles isolées qui se dispersent, c’est moins grave, mais il faut en chercher la cause. De toute façon en PN, on ne supprime pas les flys: on en réduit le nombre. L’encrassement de l’arme après le 2ème barillet altère la qualité du tir: on change de barillet et on nettoie un peu l’axe et le canon, sinon on perd en précision. Voilà le principe de la recherche:walker 5_0001

4 – Achat de Walkers d’occasion sur NaturaBuy: attention aux ventes d’armes défectueuses!

Je vais aborder maintenant la restauration (en cours) de 2 Walkers ASM, des « reliques » (qui furent des répliques) achetés sur le site NaturaBuy : l’un comme l’autre étaient impropres au tir. Ces vendeurs sont plutôt des récupérateurs de « flingues destinés à être exposés sur l’étagère », jolis parfois, mais mécaniquement épuisés! Certains vendeurs n’hésitent pas à les présenter comme des armes en état de fonctionnement: pourquoi ne pas parler de ferrailleurs ou de brocanteurs au noir? J’ai reçu ainsi un Walker vendu par Roccoco dont le mécanisme était plein à ras bord de résidus de poudre; un vrai cendrier !

Je vais donc ouvrir une parenthèse sur mes achats de Walkers ASM sur ce site, ceci pour apporter aux amateurs de revolvers à poudre noire quelques informations sur le marché des armes d’occasion et sur les pièges à éviter.

Le 1er des deux Walkers était vendu par Monk, sur « NB » (NaturaBuy) ! Le revolver présentait de gros soucis, l’apparence était belle, mais l’arme bonne pour le musée. Nouveau tireur, je ne pouvais pas faire un diagnostic lors de la réception. Sur le site, les évaluations du vendeur étaient positives: j’ai acheté. Les vieilles armes (je parle des reproductions) ont un charme particulier et l’achat d’un Army San Marco d’occasion peut présenter un attrait qui justifient certains risques, mais en prenant des précautions vis à vis du vendeur, précautions que le site permet, mais que le vendeur peut ne pas respecter. A-t-on vu sur « NB » autre chose que des revolvers à PN qui « n’attendent qu’un acheteur pour retourner au stand » ?! L’indexation, le jeu du barillet et l’entrefer sont toujours « annoncés » comme étant « corrects », formules creuses, qui lors de la réception de l’arme s’avèrent peut être plus ou moins vraies, mais l’arme cache peut-être d’autre vices qu’on n’évoque pas. Ce site ne présente comme seule garantie pour l’acheteur, que la réputation du vendeur. Il est prévu un système de notation qui en théorie protège les acheteurs des ventes pourries, mais l’acheteur exigeant qui pénalise un vendeur par des appréciations critiques, se trouve ensuite pénalisé à son tour par une côte négative qui met les autres vendeurs en alerte: sur NaturaBuy, certains vendeurs ont l’oeil. Les évaluations sont donc particulièrement flatteuses de part et d’autre! Autrement dit pas de garantie.

My beautiful picture1ère précaution : n’acheter que des armes dont le vendeur présente les numéros et la marque avec des photos suffisamment nettes, car les photos floues permettent des déclarations sans preuve et sont des arnaques potentielles, pour ne pas dire probables. Je suppose que quand les numéros des armes ne sont pas visibles, on peut aussi présenter des photos qui ne sont pas celles de l’arme concernée (il faut alors vérifier les dessins du jaspage à réception). Un révolver qui a « un vécu », peut réserver des surprises, avoir été modifié, reconstitué à partir d’éléments récupérés et adaptés. Il faut comparer les différents N° inscrits sur l’arme : ici, sur la photo, il ne fait aucun doute que l’arme n’est pas faite de pièces récupérées sur d’anciennes répliques, car on peut constater que les numéros sont identiques sur la carcasse, sur le canon et sur la sous-garde. Un bon point; c’est un critère important, sinon on peut avoir une arme dont les pièces ne sont pas cohérentes ou retouchées: selon les fabricants, il y a des variations de taille par rapport au modèle d’origine; les axes et les barillets diffèrent. Le modèle Uberti est nettement affiné au niveau de la crosse; les pièces internes ne sont pas aux mêmes dimensions. Un barillet de Colt Walker Army San Marco n’est pas nécessairement transposable sur un autre de la même marque !

Il est donc important de prévoir, en accord avec le vendeur, une « reprise » et un remboursement (ce qui est loin d’être facile à négocier) si l’arme est défectueuse. Il faut surtout ne pas craindre de questionner sur plusieurs points: les têtes de vis sont-elles en bon état? sont-elles démontables, etc… On voit alors le vendeur donner des signes de mécontentement, ou répondre par des remarques désinvoltes. Une vente sur le site NB devrait obligatoirement montrer les numéros et la marque, surtout lorsqu’il s’agit d’un modèle Uberti qui doit alors posséder le poinçon caractéristique : le canon en coupe, avec le U. Or on voit nombre d’annonces sur ce site qui prétendent vendre des revolvers Uberti sans présenter le logo!  Demander aux vendeurs de présenter des photos qui montrent avec netteté  les marquages et les poinçons,  donne lieu de la part de certains d’entre eux à  des réactions agacées ou même arrogantes: signal d’alerte !  NaturaBuy encourage donc la dissimulation en permettant aux vendeurs de supprimer les messages (polémiques): seules restent visibles des questions qui n’abordent pas les défauts éventuels de l’arme, ce qui pour moi rend évident le fait que ce site préfère vendre de la merde plutôt que garantir des transactions fiables, il y va de sa commission sur les ventes.

Cependant certaines armes de la marque Uberti n’ont pas toujours le poinçon. Est-ce parce que le fabricant est un peu pingre sur l’affichage de son logo ? Ce défaut d’affichage pose certaines questions quant à la fabrication du revolver. Quel est l’intérêt du fabricant de ne pas apposer son logo, qu’est-ce que cela cache : de la sous-traitance ?  A  l’opposé Pietta  en met partout et affiche en grand tandis qu’ASM ne varie pas dans l’inscription de la marque  et  la frappe en tout petit. J’ai encore vu récemment un Walker Uberti neuf, dans sa boîte, en vente chez un armurier: pas de logo, seulement l’inscription sous le canon et des numéros qui correspondent… ça me laisse rêveur. Si un lecteur pouvait apporter une réponse sur ce point ?

Je recommande au nouveau tireur de lire un article de l’armurier du site « Freelancers », pour comprendre comment on doit examiner l’état d’une arme, comment découvrir ses défauts et en conclure qu’il est facile de se faire arnaquer en achetant sur photo une arme d’occasion qui, à la livraison, ne respectera pas les critères du bon fonctionnement. Voici l’article concernant le bon état d’une arme:

Restauration d’un Walker ASM acheté à Monk sur « NB »

Monk fait partie des gens qui font de la vente sur NB. Je précise que le Walker Uberti que j’ai évoqué précédemment est également une arme qui m’a été vendue par lui : elle ne présentait aucun vice mettant en cause le fonctionnement de l’arme, mis à part a tenu de l’armé qui demandait de refaire le cran.

A cette époque, je ne savais pas comment vérifier l’état de fonctionnement d’un Colt Walker et c’est après coup que j’ai découvert les défauts de cette arme. Le problème majeur de mon Walker ASM concernait un défaut de parallélisme entre le canon et le barillet et un entrefer très important qui rendaient l’arme impropre au tir. Enfin, le canon bougeait sur l’axe et il fallait serrer la clavette à fond pour qu’il tienne!! J’ajoute que l’axe de la détente était complètement bloqué, problème grave: il a alors fallu couper l’axe, et en refaire un nouveau … Merci à Yan M… , un ami anglais et poudreux, qui fréquente mon club, un inconditionnel comme moi de la poudre noire et qui m’a donné un sérieux coup de main pour cette réparation. Le blocage de l’axe rendait impossible le démontage complet du mécanisme du revolver et son nettoyage. Pour finir, le cran de mire était tellement entaillé (avec peut-être un disque à métaux, car l’acier des chiens est très dur) que le guidon a bien du mal à se placer au centre en raison de l’écartement! Vendre ce Walker sans avertir l’acheteur de son état était pour le moins malhonnête, mais sur NaturaBuy, c’est à l’acheteur de faire le choix du vendeur honnête…

My beautiful pictureVoici donc le revolver tel qu’il est aujourd’hui, superbe: débronzé, déjaspé (car le jaspage était moche), avec un barillet modifié où les amorces sont totalement dégagées… et enfin un guidon dérivable provisoire qui peut surprendre un puriste de la PN! Mais ce que cette arme ne montre pas, c’est le travail que j’ai fait pour la remettre en fonctionnement…

Dès lors que l’entrefer était trop important, il fallait ramener le canon plus près du barillet et de la carcasse. Il fallait donc le faire avancer un peu sur l’axe, sachant que, du coup, l’alignement des pièces de serrage (la console du canon et l’axe) et les points d’appuis pouvait être sérieusement perturbés. Voici le travail qui a été effectué :

  1. clavette et axePour cela il fallait limer en (D) l’axe qui tient ensemble le barillet et le canon, car il butait au fond de la cavité où il se loge à l’intérieur du bloc canon (comme l’extrémité de l’axe était plate et le fond sphérique, j’ai simplement limé le bord de l’axe);
  2. Il fallait réduire l’axe juste avant le barillet pour permettre au canon d’avancer d’1 mm sur la partie conique de l’axe (en C) qui s’élargissait.
  3. Il fallait ensuite limer la partie du bloc canon (en B) qui reçoit les 2 ergots (e) et cela jusqu’à ce que le parallélisme canon/barillet soit rétabli;
  4. Enfin j’ai donné un petit coup de perceuse dans les logements des ergots (en B) !My beautiful picture

Le parallélisme était presque rétabli, l’entrefer résorbé … mais il restait la clavette, car celle-ci n’est pas prévue pour une avancée du canon sur l’axe et l’alignement des deux orifices rectangulaire destinés au passage de celle-ci était décalé. Du coup, c’est le serrage qui ne fonctionnait plus! Autrement dit, arrivé à la fin de ce travail, le canon bougeait sur l’axe car la clavette ne serrait plus (elle était trop étroite) et d’autre part, l’avancée de l’axe n’offrait plus qu’un léger de dépassement pour permettre la poussée de la clavette. J’ai mis une clavette plus large et j’essaie de ne pas écraser le poil de dépassement de l’axe qui reste, sinon il faudrait engager une autre intervention chirurgicale! Le Walker est donc revenu en état de fonctionnement, avec un entrefer adapté! Les 1ers essais sur le pas de tir étaient normaux.

Le rôle essentiel de la clavette dans le fonctionnement des colts et son réglage

rôle de la clavette walker _NEWCette restauration me permet d’amener une information sur le fonctionnement spécifique des colts. Le schéma ci-dessous permet de comprendre comment fonctionne la clavette d’un Walker, pièce très sensible pour une arme exposée à de fortes charges. Il explique comment elle tient ensemble les parties du revolver, comment elle assure le jeu nécessaire entre le canon et le barillet (un entrefer normal de 1/15 de mm), comment on doit la serrer sans toutefois bloquer le barillet contre le canon (sinon il ne tourne plus et se bloque dès que l’encrassement crée un frottement), comment on peut remédier à l’absence de serrage d’une clavette qui n’a plus les appuis nécessaires: c’est l’étape suivante qui sera abordée concernant un autre Walker acheté d’occasion, sur NaturaBuy, le site des affaires risquées … et à prix élevé!

Le schéma en coupe, vu au-dessus du canon et du barillet, indique comment la clavette prend appui sur l’axe en obligeant le bloc canon à se rapprocher du barillet si on pousse la clavette dans les cavités qui lui sont réservées, en forçant un peu. Ce qui arrête l’avancée du canon, c’est d’une part le fait qu’il bute sur l’axe (normalement il doit rester un peu de vide au fond du logement qui reçoit l’axe, sinon on ne pourrait pas serrer la clavette), et c’est le caractère conique de l’axe, avant le barillet, qui finit par bloquer l’avancée du canon. C’est à la fois un système très ingénieux propre aux Colts et c’est toute la difficulté à y remédier quand la cavité dans l’axe s’est trop usée. Je pense que les revolvers à carcasse fermée ont supprimé cette technique qui prend du jeu avec le temps et un peu délicate pour des revolvers qui tirent « plein pot ».

Restauration d’un Walker ASM acheté au vendeur Roccoco sur le site de NaturaBuy

My beautiful pictureSur la photo qui suit on voit sans l’ombre d’un doute le problème posé par ce revolver, qui lui aussi a le charme des anciens Walker produits par ASM ou San Paolo (repris ensuite par Euroarms). Je précise que ces modèles ont des crosses plus massives que celles des Uberti qui sont produits actuellement.

Le constat du défaut de l’arme.

Comme on le voit, le jeu entre le canon et le barillet est mesuré avec des cales et le verdict tombe : jeu trop important (75/100 de mm), ce qui constitue un entrefer excessif et problématique. Je vais donc tenter de procéder de la même façon que j’ai restauré le Walker acheté à Monk . Il faut d’abord vérifier comment se positionne la clavette et vérifier (en A) ses appuis dans l’axe et dans le passage prévu pour la clavette dans la console du canon, en regardant à l’œil nu, si la partie de l’axe prévue pour l’appui a encore un peu de dépassement par rapport à B. Si c’est le cas, la restauration sera identique, sinon, une intervention chirurgicale plus délicate sera nécessaire, mais en ayant en tête la compréhension du fonctionnement.

My beautiful picturePremier constat, au point (A) sur la photo : il n’y a plus de dépassement de l’axe, tout au plus 1/10 de mm par rapport à (B) , ce qui veut dire que si on avance le canon pour résorber l’entrefer, il fera disparaître le petit dépassement de l’axe en A et la clavette n’aura plus d’appui sur celui-ci; elle se mettra alors en appui sur la console du canon en (B), ce qui ne sert à rien. Quelle solution ? Il faudra alors limer la console d’1,5 mm en bordure de la fenêtre en (B), de chaque côté de l’arme, pour que l’axe réapparaisse et pour ce faire, il faut des outils spéciaux: des limes diamantées permettant attaquer l’acier (actuellement il est difficile de trouver des limes plates qui travaillent sur champ).

My beautiful picture2ème vérification : les numéros sont bien visibles. Tout est d’origine, donc les pièces mal ajustées ne résultent pas de bricolages entre des modèles proches . C’est une arme fabriquée par Amy San Marco (année XXX), marque qui est inscrite en tout petit, comme c’est l’usage, sur la carcasse jaspée et sous le barillet. Il est important d’avoir le N° du revolver dans la commande et la correspondance en cas de recours.

La réparation est-elle possible ?

Nous allons maintenant réfléchir à la méthode de réparation de cette arme, qui en l’état, est bonne pour la vitrine. A suivre ….

3 – La fonte du plomb, la fabrication des balles et le chargement des cartouches à poudre noire


José walesAttendre  si nécessaire le chargement des images .   Article en cours de mise à jour (le 1/08/2013)

A/ De la fonte du plomb à la fabrication des balles

Cet article aborde des aspects plus artisanaux du tir à la poudre noire, mais aussi toute la culture qui accompagne cet artisanat: un « poudreux » qui ne fabrique pas ses balles est rare,  car le choix des armes à poudre noire est fondamentalement un choix qui implique un sens du bricolage, du système D, un sens du « fait main », de l’outil qu’on travaille soi-même, privilégiant un rapport direct avec la matière,  plutôt que l’usage d’une arme préfabriquée qu’on se contente de nettoyer et qui garantit une fiabilité certaine.

Le tir à la poudre noire est un art de vivre qui admet l’imprévu et qui pousse à l’autosuffisance, comme les pionniers qui le  pratiquaient par nécessité et avec les moyens du bord.  Evidemment toute généralisation est abusive. Je dirai presque que le défi de la poudre noire est de transformer  l’imprévisible en un événement prévisible, une recette qui nécessite de bien connaître son arme et de travailler sur ses résultats.  Je vous invite à lire  un article exemplaire consacré à Yvon Martinant, tireur de haut niveau, qui conforte cette idée:  » Le tir n’est qu’une finalité dans ma discipline, toute la préparation qui précède est autant, voire plus importante. Elle détermine l’exactitude du tir. « 

Fabriquer des balles de plomb, sans atteindre le niveau d’exigence de ce tireur,  est une industrie aisée si l’on se procure le matériel  : il faut d’abord acheter du plomb de tuyauterie ou en provenance de toitures, qu’ on trouvera facilerment chez un ferrailleur.  Il doit être parfaitement sec, car l’eau au moment de la fonte provoquera des projections. Il faut également éviter tout risque de projection d’eau pendant la cuisson du plomb.  Le plomb est alors coupé en morceaux de taille raisonnable et ajouté au fur et à mesure dans la cocotte.

Si on utilise du plomb pur de tuyauterie ou de toiture, le résutat sera parfait pour la PN, si on récupère toutes sortes de sous-produits du plomb (des balles contenant des alliages, des lests de roues de voiture, etc) on obtiendra un plomb impur et dur qui n’est pas adapté au tir courant à la poudre noire, car c’est le plomb pur qui lui convient pour sa qualité « molle ». Le plomb en provenance d’anciennes batteries de voiture est à éviter.

1/ La fonte du plomb et la fabrication des lingots

Il faut disposer d’un espace en plein air, abrité du vent pour maintenir  le feu constant du réchaud à gaz,  mais ce local doit être suffisamment aéré pour  que les vapeurs toxiques du plomb s’évacuent : c’est très important.  Le mieux est de travailler en plein air. Les vapeurs de plomb sont extrêmement dangereuses  pour la santé et une inhalation provoque au moins des maux de tête, mais  les conséquences postérieures sont  plus sérieuses.  L’idéal est de disposer d’un masque avec un tube  assurant la ventilation. Je me sers d’un appareil  à ventiler et d’un masque lorsque je travaille. Je pense qu’on peut utiliser la soufflerie d’un petit aspirateur  spécialement réservé à cet usage. C’est recommandé.

 Il faut se procurer une cocotte en inox ou en fonte d’acier que l’on mettra  sur un support renforcé,  sous lequel on placera un réchaud  à gaz de camping,  en veillant à ce que la cocotte ne se renverse pas. Il faut donc une structure métallique très stable et résistante qui supportera  celle-ci (dont le poids une fois qu’elle est chargée en plomb est conséquent).

My beautiful pictureSur la photo, la cocotte en fonte (trouvée chez un brocanteur dans les Vosges) dispose d’un resserrement à la base, ce qui fait que je peux la bloquer par son poids dans un cadre métallique renforcé, aux dimensions exactes de la cocotte et dans lequel je la coince. Ce cadre est formé par des barres perpendiculaires en fer, de section carrée (2 cm), soudées entre elles pour assurer la rigidité de ce châssis porteur. Il repose sur des agglos et doit être très stable. Ce qui fait que la cocotte ne peut pas se renverser.  J’évite systématiquement de transporter du plomb en fusion dans la cocotte, ce qui m’oblige à transvaser le métal fondu à la louche, opération qui doit être menée de façon énergique car le plomb durcit aussitôt versé dans les moules .  La lingotière est placée à proximité du réchaud, à portée de main. Si on peut passer un coup de chalumeau pour la chauffer un peu avant de verser le plomb, les lingots de plomb seront plus homogènes.  Mes lingots présentent toujours des tries en fonction de l’arrivée des louches, mais c’est insignifiant! Un gant de protection est nécessaire, ainsi que des chaussures épaisses et un pantalon long pour se protéger des projections de plomb pendant les manipulations. Le mètre n’a rien à voir avec ces opérations, mais il sert à donner une idée des dimensions des objets. Par contre le briquet est nécessaire pour allumer la  bouteille butane et  l’ancien réchaud rond en acier destiné dans le passé à  chauffer des lessiveuses et que j’alimente par une bouteille de butane.

My beautiful pictureLe plomb chauffé va fondre rapidement et à l’aide d’une louche (en laiton ou en acier) on écume les scories qui montent à la surface  jusqu’à nettoyer la totalité de la surface du plomb.  On tourne alors le plomb fondu à l’aide d’un fer plat long pour faire bien remonter les impuretés au-dessus, on évacue celles-ci avec une grande cuillère en acier.  Mais au fur et à mesure de la chauffe, une peau et des croutes sèches se reforment à la surface qu’on évacue à nouveau. On nettoie aussi les bords de la cocotte car des résidus verdâtres se collent. Lorsque le plomb bleuit, devient pourpre, jaune et vert, c’est qu’il est trop chaud (il faut alors réduire le feu), la température de fonte du plomb est de 327°C.  Quand le métal fondu été bien débarrassé des principaux corps étrangers qui flottent à la surface (des douilles de plomb, par exemple, quand on ramasse un peu de plomb sous les cibles, des saletés, les dépôts calcaires dans les tubes, etc), quand il est devenu propre, on passe au fluxage.

Le fluxage et la lingotière « PSRauben », une invention qui devrait faire des émules

Pour bien nettoyer le plomb,  il faut jeter dans la cocote un bon carré de paraffine qui va s’enflammer spontanément et provoquer des fumées noires.  La cire mélangée au plomb favorise la remontée des impuretés. On tourne alors jusqu’à la fin de la combustion. Cette opération s’appelle « fluxer » le plomb.  Quelle quantité de paraffine?  Un morceau de 3cm sur 3, ou plus, ce n’est pas un problème. Le fluxing est inoffensif. Il peut donc être renouvelé autant de fois que nécessaire.

My beautiful pictureQuand le plomb liquide est bien propre, avec une belle couleur métallique, on le verse dans des moules à lingots (des lingotières) avec une large louche (c’est l’opération la plus dangereuse, car il ne faut pas renverser le plomb qui éclabousserait et provoquerait des brûlures graves). Il est possible de se fabriquer une lingotière avec des cornières d’acier (largeur 5 à 6 cm) tronçonnées à la longueur de 15 cm environ,  que l’on assemble avec des barres plates de même largeur, mais dont la longueur varie en fonction du nombre de lingots à couler (voir photos). Les différents morceaux de cornière doivent avoir impérativement la même largeur au mm près, ce qui fait que la barre aura été coupée par un serrurier professionnel.  Si ces éléments, qui vont servir à cloisonner l’ensemble du moule, varient de quelques millimètres, laissant des intervalles, des jours, le plomb liquide va s’évacuer par ceux-ci: les lingots seront alors défectueux.  Cette lingotière est inédite, le brevet n’est pas déposé, alors profitez-en !

Une fois les pièces du moule collées les unes contre les autres, bien mises en place, elles sont bloquées  latéralement entre les 2 barres plates  en acier,  dont la longueur dépend de l’assemblage prévu (je prévois 5 moules). L’ensemble est rigidifié à l’aide de 2 serre-joints. La lingotière  ne tiendra bien que si les cloisons sont exactement de la même longueur.  Elle est mise est en place,  au sol,  sur une surface plate (pour que la lingotière ne se déforme pas) et résistante à la chaleur (cela peut être un carré de contre-plaqué épais). On pourrait améliorer le dispositif en le bloquant dans un châssis en bois.  Le plomb est alors coulé dans les compartiments  formés par les cornières qui servent de cloisons;  il va durcir rapidement (avec quelques petites bavures). Dès qu’il est figé,  on peut « casser le moule » et faire glisser les éléments sur un sol béton  qui se trouve  sous la plaque, pour accélérer le refroidissement.  Si on a un sol en béton est parfaitement plat, on peut travailler directement dessus.  Les lingots refroidis sont conservés en attente du jour du moulage des balles.

Pour en savoir plus je vous invite à consulter ce site : en rajoutant (http:)

2/ Le moulage des balles

Cette seconde opération se fait toujours en plein air de préférence.  Le plomb conservé sous forme de lingots va être à nouveau fondu dans un  four électrique (j’utilise un four LEE courant)  et on va couler des balles dans des moules LEE à deux cavités.  Avoir plus de cavités ne semble pas adapté à  type de travail très artisanal.  Voici mon installation :

My beautiful picture

Comme vous le constatez, j’ai bloqué la base du four LEE sur un établi, car cette base est trop légère par rapport à la cuve qui est portée par des tiges d’acier. Sous la cuve, on voit l’appui sur lequel on fait reposer les moules au cours des coulées. Règle prioritaire dans cette nouvelle étape où je vais travailler quasiment tout près du four, j’utilise un appareil respiratoire doté d’un masque – précaution indispensable pour ne pas respirer les vapeurs de plomb. Mon matériel est sobre : un planchette en bois assez large sur laquelle je frappe raisonnablement le moule pour faire tomber les deux balles et sous laquelle je place un gros chiffon épais dans lequel mes balles très chaudes vont rouler et se refroidir (j’utilise une serpillière neuve en coton réservée à cet usage). J’ai encore un petit morceau de bois pour frapper le moule lui-même quand une balle reste collée. J’utilise un pince courante, un tournevis pour resserrer (si nécessaire) la cisaille qu’on trouve sur chaque moule et enfin une petite pince quand des morceaux de plomb restent collés dans la cisaille du moule: bref du petit outillage. On élimine les balles qui présentent des défauts: elles retournent dans le four au fur et à mesure. Couler 300 balles me prend environ 2 heures à 2 heures et demie. Je dispose actuellement de 5 moules LEE pour couler des balles rondes et ogivales en calibre 44 et 45, d’usage courant. Ce n’est pas de la haute technologie car les moules de très bonne qualité sont des LYMAN… mais le prix du moule n’est pas le même.

My beautiful picture

 Une bougie est nécessaire  pour préparer chaque moule avant utilisation: on couvre les 2 cavités (rondes ou ogivales) du moule avec du noir de fumée pour éviter que le plomb n’attache sur l’aluminium.

Le réglage de la vis de coulée du four est une opération pour laquelle seule l’expérience aide … Il faut que le plomb cesse de couler quand on abaisse  la petite poignée en bois. Il faut trouver la bonne hauteur de réglage et la conserver. L’orifice de coulée est à la base de la cuve;  c’est en principe du plomb propre qui descend dans le petit tube. Il faut donc éviter de vider complètement le four,  au risque que des impuretés ne bouchent cet orifice. Il faut  surtout bien faire remonter celles-ci à la surface en cours de chauffe du plomb.   Si le tube d’écoulement du four se bouche, je suppose qu’il faut le vider, le retourner à chaud et introduire une petite tige métallique  dans l’orifice très  chaud pour le déboucher.

 My beautiful pictureComment placer le moule sur l’appui fixé sur une tige d’acier qui soutient le four (voir sur la photo) ?  C’est toute la difficulté si on ne veut  pas rater le filet de plomb en fusion qui coule quand on la soulève la petite poignée en bois.  Par expérience je recommande de mettre un repère sur le côté du moule pour le placer exactement en appui au bon endroit du support, afin que le jet de plomb tombe avec précision dans le 1er orifice biseauté de la cisaille et descende dans le moule, puis  déborde, ce qui est nécessaire. Après la 1ère coulée, on fait faire glisser le moule sur l’appui  pour que le jet tombe de la même façon dans le 2ème trou,  toujours avec un débordement,  sans quoi la balle sera peut-être malformée. Après 2 à 3 heures de pratique, on sait placer le moule. Plus le plomb coule droit dans l’orifice, plus belles sont les balles! Plus le moule est chaud, plus le plomb reste liquide à l’intérieur et prend bien la forme,  ce qui évite les déformations de balles. A contrario, un moule froid fige le plomb qui descend mal dans la cavité et entrave la bonne coulée des balles. Mais un moule trop chaud est à éviter aussi.  Il faut changer de moule en cours de travail. Les variations de température du moule entraînent  des variations de taille et de poids des balles. Il faut donc faire un tri des balles : éliminer celles qui ont déformées, celles qui sont sous-calibrées, ce qui suppose de les vérifier une à une pour un tir de précision, mais pour un tir courant,  on se contente de vérifier leur diamètre, ce qui me fait penser qu’un petit outil est à fabriquer pour un contrôle visuel. Je pense à une plaque de plexiglas avec des trous au diamètre prévu. Une balle doit avoir une légère sur-dimension et celle qui descend trop dans le trou,  a nécessairement un diamètre insuffisant.  On peut alors faire plusieurs trous dans la plaque et éliminer les balles qui descendent sous le niveau prévu.

Il est également recommandé de se laver les mains après chaque manipulation du plomb, car on conserve sur les mains un poison.

B –  La fabrication des cartouches et le chargement

 J’ai déjà donné des informations détaillées concernant la fabrication des cartouches-papier et les diverses méthodes de chargement d’un revolver dans mon deuxième article (Historique : les revolvers à PN, ca.44, à carcasse fermée) ; je ne reprends donc pas ces informations dans l’article qui suit. Ce qui est utile pour un débutant,  c’est de trouver des sites complets qui donnent des informations sur les méthodes de chargement des revolvers à poudre noire:  je n’ai pas l’intention de faire mieux ou de refaire ce que d’autres ont déjà fait, c’est pourquoi je donnerai quelques adresses de sites qui sont des modèles d’information. Je conseille vivement aux poudreux qui sont en quête d’une information  de qualité de les consulter:

 Le B-A-BA … du chargement d’un révolver à la poudre noire!

chargementSur cette coupe d’un barillet, on voit 2 chambres, contenant en bas la poudre (en noir), puis vient la semoule qui sert de bourre (en jaune), puis « le boulet » (comme on dit au canada) et enfin la graisse (en orange). En bas, au-dessus des flèches, se trouvent des cheminées démontables (à nettoyer après chaque tir ;  c’est très rapide si on dispose d’une clé en croix assez lourde) sur lesquelles on place des amorces. Il est impératif pour la sécurité que la balle soit compressée dans la chambre où se fait la combustion de la poudre noire, car il ne doit y avoir aucun vide entre la poudre et la balle, ce qui provoquerait une explosion du barillet au lieu de propulser la balle. C’est pourquoi la bourre (semoule fine ou feutre vendu en armurerie) remplit l’espace creux dans la chambre et la balle doit être bien poussée à fond, précaution très importante qui nécessite d’utiliser un levier (toute arme à poudre noire comportant un barillet en possède un).

Lorsque l’amorce explose,  elle allume  la poudre et la balle est non seulement propulsée dans le canon, mais  légèrement gonflée sous l’effet de l’explosion : elle vient alors se mouler dans les rainures (cannelures) du canon, car le plomb est mou. Il est alors important que les gaz de combustion ne s’échappent pas d’une façon excessive au niveau de l’entrefer  et surtout dans le canon, en raison d’un diamètre insuffsant de la balle (ronde ou ogivale).  Si elle ne va pas en fond de rainure et laisse des jours, la balle perd en puissance et provoque des « flys » (balle qui perd sa trajectoire).  Si le projectile ne va pas en fond de rainure et laisse des jours, il perd en puissance et provoque des « flys » (balle qui perd sa trajectoire). La semoule ne se met pas au pifomètre : elle doit être dosée en fonction du barillet et de la balle. Il faut que celles-ci (on notera pour chaque arme et chaque type de balle la bonne mesure) Il faut que la  semoule laisse au projectile strictement la place nécessaire pour qu’il affleure la sortie de chambre (2mm en dessous, sans dépassement, précaution très importante), laissant de quoi mettre en dernier la graisse qui joue un rôle très important, surtout à fortes charges.

 La graisse fait l’objet de recettes très sécrètes de « Papy Powder », chacun ayant ses mélanges faits maison qui se composent préférentiellement de cire d’abeille, d’huile d’olive, de paraffine, voire de saindoux, ou à défaut de ces graisses nobles de l’époque du far-ouest, de la graisse mécanique consistante, mais qui est trop souple et collante. Dans la tradition, on peut mettre de la graisse de pied de bœuf, de la graisse d’ours, mais il n’est pas recommandé d’aller au zoo de Vincennes pour s’en procurer (le zoo est en réaménagement complet, la réouverture est prévue pour avril 2014)  en encore moins d’utiliser des rillettes !

 Quelles charges de poudre? Un domaine un peu nébuleux !

Lorsqu’on achète un revolver neuf, les charges de poudre noire recommandée(s) pour son utilisation sont indiquées dans la documentation qui devrait accompagner l’arme.

 Pietta fournit une brochure de belle qualité et très complète que je retrouve dans la boîte du Starr. Il est donc important de vérifier cette documentation. Je note : calibre .44 = balles 454, 11,55mm ronde, entre 12 et 15 grains maximum (ou entre 0,8 et 1gr maximum) de poudre FFFG (recommandée pour les revolvers à calibre .44). C’est un repère très général, mais qui n’indique pas les quantités pour l’utilisation des ogives (Rem 1858). Bien entendu, ne jamais mettre de PSF dans une arme à PN, qui ne le supporterait pas et exposerait le tireur à un accident. Quand on débute, il faut respecter cette indication générale.

quantité de PNUberti nettement plus pingre, fournit ses indications sur un papier type journal! Il donne une indication plus détaillée qui comporte une charge « standard » et une charge maximale (en précisant : à n’utiliser que pour la chasse). Le « grain » est une unité de mesure anglo-saxonne, utilisée notamment aux Etats-Unis. La conversion entre grains et grammes se fait de la façon suivante :

  • 1 grain = 0,0648 gramme.
  • 1 gramme = 15,43 grains.

Il apparaît que la charge pour une balle ogivale est moindre, car la puissance est mieux récupérée (du fait de la base plate) : donc économie de poudre ! Au contraire une balle ronde perd en puissance. En calibre .44 les charges recommandées sont les suivantes

  • 19grains = 1,23gr (balle ogivale 454-457)
  • 22grains = 1,42gr (balle ronde 454-457)

Par conséquent, les charges indiquées par Uberti concernant le Remington 1858 avec des balles de 454 et 457, sont plus fortes que celles indiquées par Pietta pour un Starr cal .44.

Les indications données sur les sites, concernant les charges de poudre (équivalentes pour la PNF et la PN suisse), restent souvent générales, approximatives, voire incertaines, car elles indiquent des normes de chargement qui restent à personnaliser et à affiner sur le pas de tir. D’autre part, le choix des calibres de balles varie d’un tireur à l’autre, du moins pour certaines armes: les uns préférant les balles rondes pour la précision, les autres les ogives qui séduisent par leur similitude avec les armes contemporaines. Tout le monde s’accorde à dire que le Remington 1858 tire des balles de cal 454, mais quand on passe au Walker, on va trouver des différences importantes, selon la marque et selon qu’on veut obtenir de la précision ou faire « tomber le cheval » ! Souvent l’information donnée pour une balle et le chargement en rapport, ne tient pas compte de cette diversité d’usage et se limite à distinguer l’usage courant, la charge de guerre et éventuellement la charge maximale. Il faut donc savoir quelle balles conviennent à telle arme et quelles charges leur sont nécessaires? Par exemple, je trouve sur différents sites, cette indication succincte : « pour le .44 » :

  • Charge de poudre standard: 0,8 à 1 gramme
  • Charge de guerre : 1,4g
  • Charge maximale : 2 ,2 grammes

Autres indications que  j’emprunte au site « Poudre noire » : ces quelques données, bien que très documentées, n’en sont pas moins nébuleuses sur la question de la charge. Il s’agit de charges « maximales » et non de charges courantes, ce qui est loin de me satisfaire: qu’en est-il de la charge courante? Quels changements dans la balistique produisent ces variations entre charges courantes et maximales?

Revolver de calibre .44″ (réplique de Colt Army 1860):

– Balle ronde de 141 grains (9,1 g), diamètre .454″:

  • charge max 35 grains (2,2 g)
  • vitesse: 285 m/s
  • énergie: 370 joules
  • quantité de mouvement 2,6 kg.m/s
  • pénétration totale 50 cm
  • diamètre final 12,2 mm

-Balle ogivale de 200 grains (13,0 g), diamètre .454″:

  • charge max 25 grains (1,6 g)
  • vitesse: 221 m/s
  • énergie: 317 joules
  • quantité de mouvement 2,9 kg.m/s
  • pénétration totale 61 cm
  • diamètre final 11,4 mm

Colt 1847 Walker:

– Balle ronde de 141 grains (9,1 g), diamètre .454″:
charge max 60 grains (3,9 g)
vitesse 392 m/s
énergie 700 joules
quantité de mouvement 3,6 kg.m/s
pénétration totale 45 cm
diamètre final 13,5 mm

– Balle cônique de 200 grains (13,0 g), diamètre .454″:
charge max 50 grains (3,2 g)
vitesse 330 m/s
énergie 708 joules
quantité de mouvement 4,3 kg.m/s
pénétration totale 71 cm
diamètre final 11,4 mm

Une autre information que je trouve  sur un site de poudreux : les calibres recommandés par d’Uberti en cal .44, mais qui sont spécifiques à ses armes :

  • Uberti Colt Walker en calibre .44, balles de .457 diamètre de balle donnée en millième de 1 inch, soit 11.60 millimètres (1 inch = 2,54 centimètres) : c’est une dimension qui m’étonne, car mes propres mesures sur mon Walker m’orienteraient vers du 454, au plus, ce qui veut dire qu’Uberti propose de sertir fortement la balle: je préconise de faire des essais. Une balle qu’il faut forcer est certainement endommagée. La pression pour entrer la balle dans la chambre a 2 buts: augmenter la montée en pression et empêcher la balle de sortir lors des tirs.
  • Uberti Colt Dragoon en calibre .44, balles de .457
  • Uberti Colt 1860 Army, balles de .454 .

 Ces indications ne sont pas pratiquées par tous les tireurs, notamment pour l’usage du  Walker. On apprend vite que la charge doit être adaptée pour chaque type de balle, mais aussi « pour chaque arme » qui présente toujours des particularités et pour l’usage qu’on prévoit.

 L’usage qu’on entend faire de l’arme modifie les charges : si on veut faire du tir sur carton et de la précision, il n’est pas recommandé de choisir des charges trop puissantes. En outre, on gaspille la poudre. Mais si on veut chasser avec un revolver à PN, genre Remington 1858, on peut aller jusqu’à  la charge maximale (et une balle en conséquence).  C’est est à ce niveau que la personnalité du tireur intervient : il peut avoir envie de tester la puissance ou au contraire de ménager sa poudre et son arme qui, à moindre charge, aura plus de longévité (ce sont notamment les axes qui souffrent des surcharges). Moins de poudre implique moins d’encrassement et des tirs plus nombreux, car il ne faut pas oublier que les fortes charges demandent des nettoyages en cours de tir : si on veut utiliser des barillets échangeables, il faut modérer les charges. Certains tireurs considèrent que les aciers sont meilleurs aujourd’hui que ceux d’origine, ils pensent alors qu’il est sans dommage pour l’arme de tirer à fortes charges. Entre sensation et précision, le choix est à faire. Devons-nous en conclure à l’impossibilité d’établir certaines normes ?

Les projectiles et les charges en poudre noire :  des pratiques diverses ?  

Pour y voir clair dans cette nébuleuse, parcourons les messages qui sont publiés sur le net, travail de recherche un peu laborieux, mais instructif. J’ai choisis le Remington 1858, arme qui est considérée comme étant d’un usage assez standard. Je me suis alors livré à une petite recherche sur le net, en sélectionnant des messages qui indiquent quelle charge de PN utilisent les tireurs de 1858 et/ou en indiquant quelle balle, ronde ou ogivale, ils utilisent? Je n’ai pris que des messages qui montrent que le tireur pratique lui-même le tir avec ce revolver et j’en ai relevé 17 (seulement). Voici le résultat : j’ai séparé les cal 454 des autres que j’ai rassemblés dans une seule catégorie (450 -451 ou 457 )

chargement du 1858_NEW

Bien sûr, compte tenu de sa taille réduite, l’échantillon n’est pas représentatif, mais il indique le degré de « bricolage » ou de diversité dans lequel fonctionne le tir à la PN. Le débutant va avoir du mal à s’y retrouver.

Grosso modo, pour le tir au Rem. 1858, il est admis qu’une balle ronde de 454 et une charge de PN de 1gr conviennent  si on veut obtenir une précision et groupement corrects, mais je suis prêt à  entendre des avis plus éclairés que le mien.

Les facteurs qui interviennent dans un tir à la PN

 C’est donc la partie la plus nébuleuse du tir à la poudre noire; il faut dire que la réussite d’un tir avec une arme à PN dépend de nombreux facteurs:

  1. de la charge de la poudre et de sa qualité (PNF ou PN suisse, il y une différence ?)
  2. de l’allumage instantané ou non de la poudre (qui fait intervenir l’amorce et le papier de la cartouche, si on utilise des cartouche-papier);
  3. de la bourre (semoule ou autre) qui non seulement évite de laisser des vides dans les chambres, mais nettoie le canon, ce qui permet de garder la précision;
  4. de la manière dont la balle est sertie dans la chambre, donc du fonctionnement du levier de chargement qui pourrait introduire une balle ogivale avec un léger biais;
  5. du graissage (de sa composition) et de l’encrassement du canon;
  6. de l’état des rainures et du « pas » du canon: rapide ou lent / usé ou neuf?
  7. de l’alignement des chambres et du canon et du rapport entre le diamètre de la balle et celui du canon;
  8. de l’entre fer, qui doit être raisonnable (sinon, il y a une perte de puissance), et du jeu normal du barillet …
  9. Sans parler de la sensibilité de la détente (qu’on adapte), et de la pratique de l’arme par le tireur, indépendamment de ses aptitudes… et du vent.
  10. Il reste la question de la visée (sujet essentiel que j’aborderai) et de l’état de l’arme, qu’elle soit d’occasion (si elle a été maltraitée ou non) ou qu’elle soit neuve (car il existe des différences de finition et de qualité entre les marques). De quoi être pour le moins découragé!

 Le chargement classique du révolver à PN, une méthode « laborieuse »:

R&S perdersoliChaque revolver à PN dispose  d’un levier de chargement sous le canon qui donne à ce genre d’arme un look tout à fait particulier (en particulier le Colt Walker). Des tireurs s’en servent encore, mais ils doivent disposer d’un support en bois qui permet de maintenir le revolver pendant qu’on exerce la pression du levier sur la balle: méthode traditionnelle , mais qui pour moi n’est utilisable que pour sertir des balles après avoir utilisé des barillets pré-chargés à domicile.  Trois barillet pré-chargés, soit 18 tirs,  me suffisent en général, car à  la différence des tireurs utilisant des armes modernes à cartouches métalliques, je ne prends pas mon pied à vider 100 cartouches et plus sur le pas de tir à chaque séance. La poudre noire, c’est comme la gastronomie, la quantité n’est pas  source de qualité!

Tout ce qui concerne les techniques de  chargement a déjà  été suffisamment développé sur les sites  cités et dans mes articles précédents. Aussi vais-je simplement en faire une synthèse  et montrer qu’il existe des méthodes de chargement plus simples, mais qui se font à domicile, avant le tir. Je rappelle que dans une chambre de barillet,  la balle est placée après les différents composants et qu’elle doit entrer en force (on la sertit ).

2 outils très importants : la poire à  poudre noire qui dispose de plusieurs embouts en laiton, ayant des volumes précis et pour la semoule, j’utilise comme le font tous les tireurs, une douille de 9mm (raccourcie ou non) et une autre de cal 32, soudées sur un tube de cuivre de 6mm de diamètre.

Le chargement « traditionnel »  que j’utilise rarement, car trop long, est présenté par Michel Bottreau dans une vidéo où il dit lui même « c’est quand même une opération assez longue » ;  il donne cependant les conseils indispensables concernant les étapes du chargement et les composants, c’est donc une vidéo à voir quand on débute.  On remarquera en outre que la mise en place des amorces est laborieuse avec un revolver qui n’a pas été modifié par une suppression  les alvéoles (ce que j’appelle avec un peu de provocation  le « décalotage » du flingue) .

 Nous allons aborder les solutions pour éviter le chargement à l’ancienne, qui bien que satisfaisant, présente cinq gros inconvénients:

  1. les refouloirs ont une cavité trop ovoïde qui déforme les balles lors du sertissage

  2. le temps de chargement est  beaucoup trop long!

  3. les risques d’erreurs sont importants (on oublie la poudre ou on double la ration, etc)

  4. Il est souhaitable sinon nécessaire de se servir d’un support de chargement en bois, constitué de 2 planches assemblées, pour maintenir  le revolver dans la position verticale lorsqu’on charge!  Imaginez un cavalier qui,  lors de la guerre de sécession,  descendait de son cheval, installait son support sur le sol (de préférence plat) pour recharger son revolver…  Impensable, certes, c’est pourquoi le chargement du barillet  devaient se faire  autrement.  C’est pourtant ce support qui est utilisé dans les stands, ce que je trouve esthétique, charmant, mais un peu ringard. Cet instrument (ce meuble)  a cependant l’intérêt de sécuriser le chargement sur le pas de tir, évitant le risque d’une chute du barillet chargé (et une mise à feu) ou une manipulation risquée de celui-ci.  Les responsables des stands le recommandent donc avec un peu d’insistance, on les comprend.

  5. Dernier point,  on est obligé de transporter sur le pas de tir une quantité d’accessoires qui  encombrent et ritualise le chargement.  La  poire à poudre étant interdite, elle est alors remplacée par des dosettes en plastique qu’on charge de PN à domicile (hé oui, quand même). En deux mots, le tireur emporte sur le pas de tir un arsenal de gadgets, faisant ainsi concurrence au pêcheur à la ligne qui trimbale sa caisse et ses gaules ! La fermeture des dosettes doit être sécurisée , car il m’est arrivé que des éprouvettes s’ouvrent d’elles-mêmes sur le pas de tir.

Nous allons alléger toute cette procédure et tout ce matériel!

La préparation des barillets à domicile selon PSRauben

Presse%20de%20chargementUn autre moyen de préparer ses barillets (3 pour chaque revolver au moins), c’est d’utiliser un levier de chargement mobile et de préférence « réglable » (voir la photo). Ce modèle (un peu sophistiqué) n’est pas courant et son coût est sans doute onéreux,  pour autant il ne s’adapte pas mieux à tous les barillets que le levier mobile Pietta vendu dans toutes armureries : en raison des différences de tailles et de hauteur des barillets, en raison des  diamètres des axes trop larges ou trop étroits, ces modèles sont peu adaptés au chargement des barillets de revolver à PN .

Les Colts Walkers  notamment ne peuvent pas être chargés avec ce matériel   car l’axe de leur barillet  est très large et le barillet très long,   Les tireurs connaissent bien ce problème et doivent inventer leurs solutions: du coup le Walker 1847 et  le Dragoon ne sont rechargeables « qu’à l’ancienne », avec le levier placé sous le canon  et le support en bois qu’il faut transporter sur le pas de tir .  Ce qui explique que ces armes souffrent d’être considérées comme vétustes.

Charger des barillets à domicile impose de trouver un levier mobile  ou une presse  de chargement qui fonctionne bien, ce qui n’a rien d’évident : le tireur en est réduit au bricolage. Pour ma part j’avais utilisé une planchette de chargement (une plaque de bois en chêne creusée de trous aux diamètres des barillets,  pour les stabiliser).

On peut alors faire chez soi, à l’atelier (plutôt que sur la table du salon), un chargement soigné et prendre  note de toute sa préparation dans un carnet de chargement,  ce qui permet ensuite de faire des essais comparatifs sur le pas de tir: il faut cependant  enregistrer les chargements et les  essais avec rigueur, car pour obtenir un tir performant au tir à  la poudre noire, la fantaisie n’est pas recommandée.

P1000281Voici mon Remington 1858 UBERTI et ses 4 barillets « décalotés » !   L’utilisation de plusieurs barillets  incite à trouver un autre mode de chargement.  Le pré-chargement à domicile permet d’avoir plusieurs barillets pour une arme et dispense  du rechargement  au stand de tir, nécessitant  l’usage du levier monté sur l’arme et l’utilisation des cartouches-papier . Les tireurs à la poudre noire en France sont souvent très attachés à la tradition et mes pratiques  bousculent une norme ; les poudreux  qui participent aux compétitions sont particulièrement hostiles aux modifications, rejetées par tout l’appareil compétitif. Il faut que la copie respecte totalement l’original. Décaloter un barillet soulève des résistances, des rationalisations, des critiques:  certains y voit le danger de départs en chaîne,  mais surtout c’est une sorte de profanation de l’arme dans son état original. Les tabous ont la vie dure.

Pour un chargement rapide, on va charger chaque barillet sur table – c’est nettement plus confortable – et sertir les balles avec différents outils (maillet et poussoir) , mais dans l’idéal, on va utiliser une presse et des sabots de chargement que je présente dans la suite de l’article et dans l’article 8 .

Nous allons parcourir les solutions qui permettent de pré-charger les barillets.  Allons des procédés les plus simples aux plus complexes.

1/ La planchette de chargement brevetée PSRauben: une solution rustique, ébauche d’un sabot de chargement adapté à tout type de barillet .

J’utilise une planche épaisse  en chêne de 3cm d’épaisseur environ (voir la photo) dans laquelle j’ai fait de larges trous avec des mèches à bois plates (on en trouve partout dans le commerce). Pour chaque barillet il suffit de trouver un diamètre de mèche pour faire un trou qui lui correspond et qui permet de bloquer la crémaillère  (partie crantée)  dans le bois, pour  empêcher le barillet de bouger lors du sertissage. Quand la crémaillère (ou rosette) n’est pas suffisamment saillante, c’est le cul du barillet complet que je place dans le trou. Le barillet est donc placé debout sur le trou et  sa crémaillère, placée dans l’orifice, le stabilise. Cependant avec des barillets qui ont été « décalotées » (auxquels on a enlevé les alvéoles qui entourent les cheminées), on risque de faire pression sur les cheminées elles-mêmes  pendant le sertissage.  Grosso modo, ces barillets décalotés sont plus difficiles à stabiliser ce qui m’a conduit à faire fabriquer des sabots de chargement.

My beautiful picturePour sertir les balles,  j’utilisais un poussoir que j’avais fabriqué avec une clé longue  de 7,  à douille emmanchée, visible sur la photo (avec une poignée bleue), et  dont l’extrémité avait été  préparée avec une fraise sphérique pour ne pas déformer  la courbure de la balle (voir plus loin cette question).  Ce poussoir est également prévu pour l’usage du pistolet Patriot à chargement par la bouche, car sa longueur permet de pousser la balle jusqu’au fond du canon …   Sertir les balles dans les chambres ne doit pas exiger une poussée énorme: pour cette opération, je frappe simplement un coup sec avec la paume de la main sur le manche de la clé. La massette de maçon en caoutchouc reste exceptionnelle car la force du coup secoue les composants qui se mélangent.  Pour éviter de mélanger la semoule et la poudre dans les chambres,  le mieux est de charger et sertir chaque chambre l’une après l’autre en évitant que le choc au moment du sertissage ne secoue le contenu des chambres voisines (en attente de sertissage). Il faut également calculer la dose de semoule pour que la balle repose sur celle-ci (sans vide) : pas de jeu, donc pas de mélange!  Il ne reste qu’à mettre la graisse (cire d’abeille, paraffine et huile d’olive) pour obturer les chambres et les amorces. Le revolver est alors prêt pour le tir.

Tirant régulièrement au Colt Walker avec 4 barillets à précharger, je cherchais une solution pour un chargement et un sertissage des balles à domicile : la création d’un outil de chargement performant qui puisse répondre aussi bien au chargement de tous les barillets me tentait.  J’ai alors conçu  un outil simple, efficace et facilement transportable (qu’on utilisera éventuellement sur le pas de tir) : le sabot de chargement, qui devient indispensable pour celui qui en dispose, de par la variété de son usage. Cependant, avant d’aborder cette innovation, je vais examiner un autre  projet, concurrentiel,  qui m’a été présenté par un poudreux. Intéressé par tout ce qui concerne l’innovation en poudre noire, j’ai suivi ce projet qui,  a priori,  me semblait « prometteur », mais pour l’instant,  il pose plus de questions qu’il ne donne de réponses.  La réflexion sur ce projet  me concerne, car elle rejoint mon propre  projet  (alors en cours) et je pense que la concurrence entre les projets est le meilleur moyen d’avancer.

Une presse de chargement qui permettrait un sertissage simultané des 6 chambres est-il possible ou souhaitable?

Un tireur à la poudre noire  à WISSOUS dans l’Essonne met en fabrication une presse de chargement  qui permet de sertir simultanément les 6 balles d’un barillet. La presse exerce une pression équivalente sur chaque balle,  dans l’axe de la chambre,  ce qui est indispensable pour une chargement de qualité. L’objectif est ambitieux. La presse facilite la préparation des barillets à domicile, mais vouloir accélérer le sertissage ne me semble pas fondamentalement nécessaire.  D’une part parce que, de fait,  le sertissage est l’opération la plus rapide du chargement et si on veut réduire le temps de chargement de l’arme, c’est l’usage d’une doseuse à poudre qui semble le matériel le plus  utile. Pour le sertissage proprement dit, la rapidité n’est pas recommandée parce qu’un sertissage collectif supprime le contrôle du sertissage de chaque chambre et si une balle est défectueuse, trop large ou trop étroite, on ne « sentira » pas le défaut, comme on le sent quand on procède individuellement.  D’autre part, le sertissage réclame plutôt un travail de précision et je pense qu’il doit de faire chambre après chambre de préférence. Mais si les balles ont été recalibrées à la presse (quand il s’agit d’ogives),  ou si  un contrôle de leurs dimensions a été fait avant de les mettre en place, on peut sertir collectivement, c’est jouable. C’est donc un matériel qui intéresse ceux qui tirent avec une arme disposant de plusieurs barillets préchargés à domicile.  Le prix de lancement est très intéressant, mais la fabrication est suspendue, dans l’attente d’un nouveau fabricant.

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Voici donc la presse, démontable, et un bloc de refouloirs (double pour balles rondes et ogives) .  Une question se pose : cette presse pourra-t-elle s’adapter aux nombreuses dimensions des barillets de revolvers à PN?  L’inventeur propose un bloc refouloir adapté à chaque barillet, selon le type de revolver… Comment  se fait l’appui des barillets pour éviter que les crémaillères ne soient écrasées?  Des bagues d’appui sont prévues. La stabilité du barillet est assurée par l’axe qui est au centre des 6 refouloirs et qui en pénétrant dans le barillet le maintient droit.  Pour l’instant la presse est en attente de fabrication, car la société AMA qui la fabriquait est en liquidation.

SAM_0065Si la vidéo donne une idée générale du fonctionnement de la presse, le barillet  utilisé (Ruger Old Army)  est un modèle particulier qui ne présente pas de crémaillère saillante.  Cependant,  pour certains types de barillets (ROA notamment),  la presse est présumée vendue avec un bloc de sertissage spécifique  (vendu sur commande, en fonction du type de revolver)  comportant  6 refouloirs  et un axe central qui permet de positionner les refouloirs dans l’axe du barillets et des chambres. Ceci dit,  le concepteur donne des informations partielles sur les adaptations et concernant l’appui des barillets pendant le sertissage,  il propose une bague en nylon. Je ne suis donc pas en mesure d’apprécier la qualité du fonctionnement de cette presse et sa mise en vente exigerait une brochure détaillée.  Comme vous le constatez  chaque type de barillet  présente des caractéristiques propres et la conception d’une presse doit en tenir compte. Pour toute information renseignez vous auprès du club de tir proche de WISSOUS.

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« Pourquoi se casser la tête à créer des presses de chargement alors que chaque revolver à PN dispose de son levier »,  nous objectera-t-on ?

kirst cartridge converter walker 1847 ubertiSi j’ai un peu montré le fonctionnement de cette presse sans que ma présentation soit une garantie pour l’acheteur, c’est parce que  je veux montrer qu’on peut sortir de la routine  en matière de PN.  Le temps ne s’est pas arrêté aux années 1860 et si l’Etat nous impose la conformité aux copies d’armes antérieures à cette date,  c’est pour mieux nous enfermer dans une  limite  qui nuit à la création de nouveaux modèles. Il faut donc tirer le meilleur parti des anciens modèles et faire preuve de créativité!  Les fabricants prennent des initiatives intéressantes pour relancer  le goût des armes à la PN, en produisant des modèles tels que le Remington 1858 inox, équipé d’une visée-target, une arme qui a un pied dans le passé et un pied dans le présent.  Ca c’est l’esprit que je veux développer en apportant ma modeste participation.

Certains usagers du revolver à PN,  tentent de s’affranchir des limites technologiques de nos armes anciennes et convoitent de se procurer des « barillets à conversion » destinés à  l’adaptation des armes  aux cartouches métalliques. Certes, l’esprit « cow boy » demeure (le fameux  Piecemaker est une arme superbe qui s’inscrit dans la tradition Western), mais on ne sort pas seulement d’un cadre réglementaire (car ces armes modifiées passent en 4ème catégorie), on passe surtout dans un autre cadre technologique, qui pour moi, est l’ébauche des armes modernes: la conception du chargement n’est plus la même, c’est la fin de l’artisanat et de l’esprit poudreux! C’est la fin d’une époque.

Je reste donc attaché au principe du  chargement d’origine par la bouche ou par l’entrée de chambre et  je cherche ce qui peut  innover dans ce domaine, sans prendre la voie des revolvers de la 2ème génération (carcasse fermée et cartouches métalliques) .  Le poudreux aime le contact direct avec la matière :  » la poudre,  le plomb, la fumée » . La photo montre un barillet de Walker qui a été converti aux cartouches métalliques, comme l’ont été la plupart des revolvers à PN. Pour moi, le charme de la PN n’y est plus, car ces armes ont été conçues à l’origine pour un fonctionnement sans étui métallique: en exprimant cette opinion, ne suis-je  pas en contradiction projet de favoriser l’innovation? J’ai fixé un cadre à ce projet: il ne s’agit pas de refaire le parcours de l’évolution des revolvers, sinon il me suffit d’aller me procurer  un Smith et Wesson, avec les dernières munitions en vente.

J’en profite pour indiquer un blog qui présente  une liste complète de revolvers (et fusils) avec des photos de qualité pour chaque arme,  une lecture recommandée pour les amateurs d’armes western: http://ace0fspades.eklablog.com/armurerie-c17624256

Jusqu’où peut-on aller dans l’innovation concernant le chargement rapide des revolvers à poudre noire: n’a-t-on pas déjà tout inventé?

P1000317Je suis en train de mettre en fabrication, avec un matériel simple et un coût assez modique,  un jeu de supports de chargement en acier, transportables dans la poche et qui s’adapte à tous  les barillets, ceci pour faire un chargement rapide avec  un refouloir mobile (une clef à douille emmanchée modifiée) et non pas le maillet (qui est à éviter).  La question prioritaire du chargement rapide est celle du support sur lequel on placera le barillet (puisque celui-ci est sorti de l’arme) .  Cependant, l’utilisation à domicile d’une presse est  bien plus intéressante: c’est pourquoi je prévois d’adapter une  presse Bech Rest, achetée chez ESP,  à mon matériel:  il s’agit d’une petite presse  très bien conçue pour un usage du tir Bench Rest et qui est parfaitement adaptable pour un chargement destiné à la PN. La presse  arrivée ce matin répond exactement à mes attentes:  un socle rectangulaire solide et plein  de 8,5 cm sur  15,5 cm environ, d’une épaisseur  de 11mm; pour le reste, je ne rentre pas dans les détails, mais la solidité est garantie (après démontage ) de toutes les pièces, avec notamment un assemblage du socle et de la colonne très rigide . Le  levier,  un peu court, est efficace pour la pression exercée, donc peu d’encombrement. Le poids de la presse doit tourner à vue de nez autour d’1,5 kg.  On peut monter sur cette presse un appareil qui permet de mesurer la pression exercée sur la balle et dont le prix est modique. Le TOP!

Une presse de sertissage, adaptée à la poudre noire.

3050-165-thickboxLa presse Bench Rest que j’utilise a été modifiée pour en faire une presse de chargement des revolvers à PN : j’ai fait monter un refouloir sur l’axe de sertissage, avec un pas de vis  (pour qu’on puisse changer le refouloir selon qu’on sertit des balles rondes ou des ogives) . Elle est réglable en hauteur, adaptable à la hauteur des barillets, en tenant compte du supplément de hauteur (1cm)   du sabot de chargement. Elle permet un chargement chambre par chambre, mais adapté à de tout type de barillet;  le gain de temps sera suffisamment intéressant. Pas de manipulation  laborieuse : il suffira de tourner le barillet  dans le sabot qui conserve l’aplomb du barillet par rapport à l’axe et au refouloir vissé au bout de cet axe;  la qualité du sertissage des balles est assurée, ce qui est prioritaire. Cette presse permet un sertissage des balles ogivales sans les rentrer de travers, ce qui arrive avec des leviers de chargement mobiles, dont la pression est exercée de façon légèrement oblique et dont des refouloirs sont inadaptés à la forme de la balle.

La presse permet  de sertir les balles avec un effort qu’on peut mesurer (elle peut donner des indications chiffrée); mais sans ajouter l’appareil à mesurer la pression, elle permet aussi de « sentir » l’effort, par la pression  de la main sur le levier, ce qui est important.   Sertir une balle, c’est sentir sa résistance  lors de l’enfoncement dans la chambre et pouvoir s’assurer qu’elle n’est ni surdimensionnée, ni sous dimensionnée.  Une balle qui rentre sans effort est une balle qui va « bouger » ou tomber au cours du tir, ou bloquer le barillet. Si elle tombe, on risque accident, car la poudre ne sera plus protégée.  Une balle qu’on a dû forcer excessivement est une balle déformée qui va adopter une trajectoire aléatoire.  Le sertissage ne peut être de qualité que si l’on dispose d’une pressse « douce ».  Frapper les balles avec le maillet est pratique pour un sertissage rapide, improvisé,  mais le maillet ne permet pas de  sentir et doser la pression . Il n’est pas rare de déformer une balle (notamment ogivale) quand elle se place de biais:  c’est pourquoi je préfère indéniablement la presse dont la pression s’exerce dans l’axe de la chambre, au centre de la balle et de façon progressive. En outre le maillet comprime la poudre et nuit à sa performance.  C’est pourquoi actuellement, je sertis mes barillets  en frappant la clef emmanchée (transformée en refouloir) avec la paume de la main, ce qui est plus léger que le choc d’un maillet; une méthode  cependant « rustique » .

Avec cette presse, j’utilise des doseuses Lee Perfect et  j’obtiens un chargement de qualité, régulier, fiable et rapide.

Mon plan de rechargement doit  me permettre :P1000383

  1. de couler des balles ayant un poids constant, une sphéricité constante (qui varie cependant en fonction de la température du moule). J’utilise des balances manuelles (on trouve un modèle Lee à prix modéré, toujours chez ESP , mais le matériel en plastique est fragile,  donc j’ai acheté une balance Lyman d’occasion avec un bras en métal)
  2. de  remplir les chambres avec des doses de poudre et de semoule très régulières et mesurées
  3. de pouvoir utiliser des armes dont les chambres ont  un diamètre légèrement supérieur à celui du canon
  4. et enfin de faire un sertissage des balles rapide, mais très soigné, dans l’axe de la chambre, sans pression excessive, en m’épargnant le sertissage rustique  qu’on fait directement sur l’arme .

Cet objectif est réalisé: il est présenté dans mon article 8 (2ème partie) et dans l’article 9 on trouvera  5 vidéos qui  montrent la qualité de son fonctionnement .

Par conséquent, l’ensemble presse et sabot de chargement répond  aux impératifs du chargement qui se fait chambre par chambre et du sertissage de qualité qui se fait également « balle par balle »,  de mon point de vue, avec un barillet tournant qui vient placer la balle sous le refouloir, avec une totale facilité.  L’usage d’une presse qui prétend sertit tout le barillet d’un seul coup, me paraît  introduire plus de complications que de gain de temps et d’effort.

Je conclurai ce paragraphe en disant que selon moi, il existe plusieurs modes de chargements que je classe selon deux critères: d’une part le critère de fiabilité (poids des balles  et dosage des charges) qui entraîne  la précision et d’autre part le critère de rapidité de chargement qui est nécessaire pour un usage intensif de la PN.  D’une façon générale, les cartouches-papier intégrales, contenant le projectile, sont difficiles à réaliser et déçoivent en raison des problèmes de sertissage de la balle : le papier  complique les choses. nous allons aborder la fabrication de ces « cartouches »qui souvent n’est que de la poudre (noire) aux yeux…

Les solutions artisanales de fabrication des cartouches-papier  (« rouler » un pétard à PN).

L’utilisation de cartouches-papier a été pratiquée depuis l’origine. Le papier était traité au salpêtre car le papier nitré présente une « assez » bonne combustion en plein air, mais bien moins bonne lorsque le papier nitré est confiné dans une chambre close: il n’est que partiellement brûlé lors de l’explosion de la poudre, en outre  ce papier brûlé laisse des résidus très salissants qui encrassent les chambres et qu’on ne peut pas nettoyer facilement en cours de tir;  le temps gagné au chargement est ensuite perdu pour nettoyer les chambres.

Aujourd’hui on trouve du papier « flash » à combustion presque instantanée, intégrale et sans résidus.

Si on veut utiliser des cartouches-papier avec balles, il faut un papier résistant, rigide mais fin, pour former un cornet qui au moment du sertissage va se découper autour de la balle, tout en conservant  son  contenu (poudre) dans la chambre. Il restera à mettre la  graisse à l’entrée de la chambre comme on le fait pour un chargement traditionnel.

sabot PSRaubenSi on veut utiliser des cartouches-papier avec balle dans un revolver, leur fabrication est beaucoup plus exigeante.  En outre la cartouche avec balle est trop longue et ne rentre pas bien dans les chambres, quand on charge directement sur l’arme pour utiliser son levier et son  refouloir : la longueur de la cartouche empêche la rotation du barillet pour la placer sous le refouloir.  La solution,  c’est de sortir le barillet, de le placer sur un support de chargement approprié (l’idéal c’est le » sabot de chargement », voir article 8) , de mettre les cartouches-papier dans les chambres (de rajouter la balle si la cartouche n’en contient pas ) puis de forcer les balles avec la clef à douille emmanchée transformée en refouloir . Cette solution permet un petit gain de temps et de confort.

La fabrication des cartouches papier,  avec un mandrin

On trouvera de nombreuses vidéos sur internet qui montrent comment fabriquer une cartouche-papier . En voici une, produite par Michel BOTTREAU.

Ce mandrin en laiton vendu par H&C est prévu pour faire des cartouches en papier combustible  d’une sous dimensionnée, c’est à dire à leur format . Il est mal conçu car un mandrin doit être plus long, ce qui permet de moduler la longueur de la cartouche et surtout il ne doit pas avoir un rétrécissement aussi rapide qui d’une part ne peut pas contenir de charge et d’autre part s’écrase dans la chambre sous la pression lors du sertissage (mais avec ce format étriqué, on ne peut mettre que de la poudre noire, donc pas de risque de mélange avec la semoule)  . Un bon mandrin doit avoir un évasement progressif allant de   …… à11,5mm sur une longueur de .  Voici un modèle de mandrin plus fonctionnel. Voici mon mandrin (en calibre 44), fait avec un gond de porte , travaillé avec une meule  électrique.

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Cependant, si on est pas bricoleur,  il suffit d’un corps de stylo de 7cm (pas facile à trouver cependant) ou d’un morceau de bois rond (taillé de façon progressive), ou encore d’un bec de poire à poudre, qui est particulièrement  adapté pour sa forme progressive .  Grâce à l’évasement, il est facile de sortir ensuite le cornet et d’autre part, le rétrécissement modéré permet d’introduire la  cartouche dans la chambre.  Le papier demande une combustion instantanée, sinon, il forme un bloc éjecté hors de la chambre, mais qui ne passe pas l’entrée du canon: il reste coincé à l’entrée de celui-ci. Il faut donc un papier fin et très combustible, mais par contre la solidité de la cartouche demande un papier plus épais !

Le papier à cigarette

imagesCA8T9KLUPour les révolvers en cal.44, les cartouches utilisant les feuilles à cigarettes sont très bon marché et faciles à réaliser soi-même. On roule le papier à cigarette autour du mandrin, on ciolle  et on  remplit le cornet par l’intérieur du mandrin (ce qui suppose qu’il soit creux), puis on retire ce dernier et on place alors la balle, ce qui n’est pas sans poser bien des problèmes, car il faut que la balle ne flotte pas et il faut qu’elle  rentre sans déchirer le papier!  Le papier à cigarette résout tous ces problèmes,  car lorsqu’on entortille l’excédent de papier autour de la balle, tout tient ensemble: c’est comme un bonbon! Je recommande le positionnement oblique de la feuille sur le mandrin, pour allonger la cartouche. Le papier à cigarette est le papier le plus facile  pour fabriquer des cartouches sans balle ert même avec balle,  si le papier est assez long . Sa combustion n’est pas idéale, mais elle n’est pas non plus très encrassante.  Le papier fin donne des cartouches fragiles qui ne peuvent ne peuvent pas être poussée en force dans les  chambres, c’est pourquoi les cartouches papier à cigarette sont généralement sous-dimensionnée, pour entrer sans effort, mais au sertissage de la balle, elle s’écrasent dans le fond de chambre et prennent sa forme: mieux vaut qu’elles ne contiennent pas de semoule, sinon ça fait un couscous explosif.  De toute façon, une cartouche papier, si elle n’est pas assez compacte et suffisamment large pour se coller aux parois de la chambre, se déforme lors du sertissage.  Seul  le papier à cigarette permet d’emballer la balle (ronde) sans colle, ce qui est préférable, car la balle doit garder son autonomie et le papier collé sur celle-ci n’est pas bon pour la trajectoire. Au sertissage, le papier qui entoure la balle est déchiré et tombe;

cartouches graisséesLe papier à cigarette ne pose en outre aucun problème d’allumage de la cartouche, si on évite de faire une masse de papier entortillé à la base de celle-ci. Comme indiqué sur la vidéo, à la pointe de la feuille à cigarette, là où aura lieu l’allumage, les bords sont d’abord repliés vers l’axe  pour former un « bonnet » long que l’on encolle avec  un stick de colle blanche et que l’on rabat sur la cartouche. Pour la fermeture de la partie haute de la cartouche papier (sans balle),  on « entortille » le papier en excédant (comme une queue) en l’enduisant préalablement de colle (toujours le stick)  pour assurer une bonne tenue de la fermeture.  Lorsque la cartouche est brûlée, il reste de petits résidus de papier qu’on peut extraire en partie, en soufflant dans la chambre avec un petit tube. Les dimensions des feuilles à cigarettes sont mal adaptées aux cartouche avec balle : il faut alors les doubler, ou prendre du papier long. Mais il est tellement facile de mettre une balle dans la chambre, après y avoir introduit  la cartouche papier, que c’est se donner du mal pour rien  que de vouloir faire une cartouche complète. Voici une adresse avec des photos :

http://gunsmith.fr/article29/cartouches-combustibles

Les cartouches en « papier nitré »  sont-elles instantanément combustibles ?  

Les cartouches-papier qui contiennent la balle étaient en usage dès l’origine.  A l’époque, les cartouches complètes étaient déchirées par le fond et vidées dans la chambre; le papier servait alors de bourre.  Certains prétendent que ce papier « manufacturé » était traité au salpêtre et brûlait;   je n’en suis pas convaincu…

1/ On peut faire des cartouches avec du papier kraft que l’on va « tenter » de rendre combustible en l’immergeant dans une solution de salpêtre:  ça c’est le « blabla » qu’on trouve sur différents forums.  En réalité ce papier n ‘est utilisable que pour des cartouches à l’ancienne, c’est à dire qu’on déchire pour vider dans la chambre avant de mettre la balle (depuis on a inventé les tubes de chargement en plastique). On utilise  apparemment ce papier avec un traitement nitré pour des cartouches Sharp très particulières.  Recette classique :  Prendre du papier kraft (ou de vieilles enveloppes jaunes), le tremper dans une solution de nitrate de potassium ou salpêtre (en vente sur internet dans les drogueries en ligne).  On obtient cette solution en  diluant le salpêtre dans l’eau jusqu’à ce que le nitrate ne puisse plus se dissoudre et se dépose au fond du bocal. Cependant  le papier kraft est  trop épais et  le salpêtre ne suffit pas pour une combustion instantanée. Donc dans un revolver c’est inadapté: le papier va rester  bloqué à l’entrée du canon.  C’est un papier qui pourrait être utilisé dans un canon long à chargement par la bouche,  sans obstacle, mais comme il est très encrassant, même dans ce genre d’arme (qui exige très peu de résidu), il est parfaitement déconseillé (à moins que le papier ne soit éjecté, ce que je ne crois pas). Recette personnelle : on peut renforcer le traitement au salpêtre en enduisant le papier  avec une solution de salpêtre dans laquelle on met de la colle à papier peint, Attention, la colle au salpêtre est très acide. Là, pour le coup,  ça brûle très bien,  mais à l’air libre, par contre dans une chambre fermée, la combustion reste partielle !

  • Le chlorate de soude (désherbent total qui n’est plus en vente dans les magasins agricoles) a les même propriétés que le salpêtre, mais ce produit est hydrophile, ce qui veut dire que le papier traité ne sèche jamais vraiment. Il  reste collant et il surtout absorbe l’humidité de l’air ambiant:  donc à éviter totalement.

Dans les revolvers à PN,  la combustion du papier nitré  est toujours partielle.  La cartouche en papier épais, si elle ne se bloque pas dans l’entrée du canon, est parfois éjectée avant d’avoir eu le temps de brûler, car le papier nitré épais n’a  pas une combustion  instantanée, il lui faut un peu de temps:  s’il sort du canon,  il va continuer de brûler à l’extérieur.   En conclusion, je ne vois pas quel revolver ou quelle arme à chargement par la bouche pourrait avoir un bon fonctionnement avec une cartouche utilisant ce papier. On en parle régulièrement dans les forums, on donne la recette, on parle aussi du collodion, bref, on fantasme !

2/ Le papier  flash une combustion quasi instantanée et totale. C’est un papier qui brûle  avec une flamme vive, spectaculaire  et qui,  surtout, ne laisse aucun résidu, ce qui est essentiel.  Ce papier « brûle » alors que le papier nitré se consume, ce n’est pas la même chose, mais brûle-t-il dans une chambre, il semble que oui, puisque H&C le vendent . Sa solidité est cependant médiocre, mais il prend mieux la colle UHU en stick, que le fait papier de chez H&C.  On trouve le papier Flash  en vente à moindre prix dans les boutiques de magie, mais il faut acheter la qualité « US », plus épaisse, au format 50X20,  vendue pour 3 euros chez « MERCURIO Le petit magicien »  (j’en ai acheté)   C’est donc un papier peu rigide, mais qui a les qualités de combustion exigée par une cartouche papier ,

  • combustion instantanée
  • aucun résidu
  • pas de problème de mise à feu ou de retard de feu
  • collage possible, mais

Cependant  les cartouches sont délicates à fabriquer : le défaut, c’est sa tenue, car c’est un papier assez tendre qui peut se déchirer dès qu’on force la balle à l’entrée du cornet: il faut donc faire une cartouche qui ne dépasse pas le diamètre du canon  pour qu’elle y entre facilement.  Mais il faut aussi un cornet assez conique pour que la balle entre , sans effort. Or plus le cornet est conique, moins la balle tient !   On peut (en principe)  introduire une balle ronde ou une ogive dans le cornet en forçant légèrement (si le collage tient suffisamment et si le papier résiste .  La balle doit être introduite non graissée, car la graisse la fait coller au cornet et il se déchire si on insiste. il faut que la balle glisse un peu.  Le cookie lui-même doit être sous dimensionné, sinon, il refuse d’entrer en collant  lui aussi au papier et en déformant la cartouche.  Les 1ers essais furent franchement décevants !   Les cartouches n’avaient pas un bel aspect, elles étaient mal comprimées, parfois  déformées (certaines  déchirées). C’est pour éviter tout effort exercé sur le papier qu’H&C  a conçu ses cartouches de façon très coniques et c’est aussi pour éviter tout effort qu’il propose de les coller!  Devons nous en arriver à la même solution ? J’ai repris point par point les  « soucis »:

  • 1ère étape : les défauts du papier flash sont accentués par le problème du collage :  par manque de rigidité les cornets se déforment lorsqu’on les manipule et en raison du collage très moyen, le cul de la cartouche se défait, enfin, une résistance limitée aux pressions, sinon la cartouche s’ouvre. Ces problèmes ont été résolus quand j’ai utilisé une colle liquide instantanée cyanoacrylate (de chez Carrefour), un tube de toute petite taille, mais dont l’efficacité fait que le collage ne nécessite pas un grande quantité de colle …. et  j’ai obtenu des  cornets enfin bien formés et stables.
  • 2ème étape, la cartouche devait être compacte, et les cookies permettent de la comprimer, si ils entrent suffisamment. Ils doivent donc être sous-dimensionnés pour qu’ils ne collent pas lorsqu’on les fait entrer dans le cornet ; j’ai  réduit le diamètre des cookies en les roulant  et en les écrasant un peu entre les doigts.
  • 3ème étape, grâce à un encollage efficace, j’ai pu resserrer les cornets à leur base et à l’entrée, j’ai pu les coller au diamètre maximal du mandrin.

Voici par étapes la fabrication de ces cartouches  qui au départ étaient difficiles à fabriquer.  Le collage du cornet est réussi et la balle n’a plus besoin d’être collée dans le cornet, ce qui la rend autonome. La cartouche est assez rigide pour être enfilée dans les chambres d’un Walker sans se déformer.  Elle entrera mieux encore dans un Hawken Woodman .  Cependant je renforce la tenue de l’ogive avec un fil à coudre à toute fin utile. Si la cartouche papier flash sans balle est meilleure qu’une cartouche en papier à cigarette, celle avec balle est trop  délicate à réaliser et risque de poser des problèmes lors du sertissage sur le pas de tir .

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Je pense donc que mettre la cartouche ne contenant que la charge de poudre et un cookie, la faire entrer dans la chambre sans difficulté et rajouter ensuite  une balle qu’on va immédiatement sertir est plus simple est plus sûr que mettre une cartouche complète qui risque de prendre du biais, qui risque de se bloquer quand la balle (ici une ogive) va  chercher l’entrée de chambre.  Le trop est l’ennemi du bien.  Cependant, comme on le voit sur les photos, le papier Flash a une texture assez aérée (on pense à du papier essuie tout) .  Les cartouches réalisées , ainsi que le montre la 2ème photo, sont parfaitement ajustées aux chambres du Walker, puisqu’elles tiennent sur l’entrée de chambre, il suffirait de pousser du doigt pour qu’elles descendent sans effort.  Mais la balle conique risque d’être trop large si elle doit entrer avec le papier: d’où un risque de déchirement de la cartouche ou celui de faire prendre du biais  à l’ogive.  Pour moi, cette cartouche avec une balle ce n’est donc pas  la bonne solution, car la cartouche n’est pas assez rigide pour tenir la balle dans l’axe de la chambre: l’ogive doit être sertie, mais rester en alignement. Tout cela n’est pas pris en compte  par ceux qui font de la pub pour le papier H&C. J’ai fait cette cartouche, par curuiosité,  mais  je trouve que  le chargement de plusieurs barillets est beaucoup plus « rentable ». C’était un plaisir de « poudreux » qui ne compte pas son temps. Ces cartouches seront donc tirées pour le « fun »!

sans-titreH&C cultive un secret de polichinelle :  son papier n’est rien d’autre que du « papier flash » un peu plus serré et  légèrement lustré, ce qui explique que la colle ne prend pas.  Son prix est plus élevé  (une bande de 50X20 cm pour environ 5€);  prédécoupées, les portions sont exiguës ;  ce papier ne s’entortille pas, il faut donc utiliser de la colle mais aucune colle ne prend!   La colle H&C elle-même, supposée adaptée à ce papier, ne prend pas mieux que les autres ;  trop liquide (elle coule), elle a un temps de séchage qui est très long et une prise qui est incertaine. Nous sommes loin de ces jolies cartouches  exhibées par des tireurs autosatisfaits

http://94.23.243.216/~tirmaill/mildot/printview.php?t=111958&start=75&sid=315f9dfdf199636f719e422824c3c3c0

Pour résumer, il n’existe que deux options pour ceux qui veulent un rechargement rapide en évitant l’achat de plusieurs barillets :

  1. le papier flash  qui ne laisse aucun résidu et qui ne présente pas de  problème de collage, mais qui est trop fragile et trop souple pour permettre de fabriquer des cartouches  en quantité: cela demande trop de soin..
  2. le papier à cigarette qui présente certains avantages que j’ai déjà développés :  il laisse des résidus secs partiellement brûlés (car il n’est pas nitré), plutôt que des cendres grasses (il est peut être souhaitable de prendre de l’OCB orange, déclaré par le fabricant comme étant plus combustible ? ) ; il a peu d’épaisseur, il est souple, mais résistant. Du fait de sa finesse, il a peu de retard d’allumage;   enfin, il s’entortille bien, ce qui permet de ne pas recourir à la colle pour fermer la cartouche (même avec la balle). Cependant  sa fragilité fait que s’il se déchire, la poudre noire se mélange à la semoule,  ce qui nuit à la combustion et à la précision. Le papier cigarette est utile pour des cartouches de petite taille (type Colt 1851, 1860), mais il ne convient pas pour des cartouches puissantes, ou alors il faut acheter un format de papier  plus grand.  De même, cette cartouche n’est  facile à faire que si  elle  ne contient que la poudre et  là  si la balle n’est mise dans la chambre qu’ensuite, séparément. La cartouche complète est une forme de snobisme ou de perfectionnisme ou encore d’esthétisme qui n’est pas vraiment nécessaire.
  3. le papier H&C  qui est une variante du papier flash, mais il ajoute à ses inconvénients des problèmes de collage. Pour que la cartouche reste compacte, H&C  lui donne un format très court, car plus la balle est longue, plus  elle perd en rigidité . C’est donc un papier qui ne convient pas en dehors de cartouches de petit format .
  4. enfin,  le papier craft nitré qui est à proscrire .

Les solutions « bidon »   

Contrairement à ce que j’avais lu à droite et à gauche, le papier thermique des fax ou des machines à calculer n’est pas particulièrement combustible et certains vendeurs tentent d’en vendre des stocks sur Naturatuy;  il laisse des résidus importants et collants qui encrassent les chambres.   De même le collodion n’est pas un produit très inflammable quand il est sec, mais il sert de vernis ou de colle.

Les problèmes d’allumage

Les cartouches papier ont un gros inconvénient :  le cornet devant être fermé à la base de la cartouche, on est obligé de faire une sur-épaisseur, qui retarde la mise à feu et parfois on entend l’amorce éclater, puis dans un second temps,  la poudre explose. Conséquence:   l’arme dévie et la balle perd la cible !   Autre danger : un retard de mise à feu: le papier brûle lentement et la cartouche ne sera mise à feu que bien après, ce qui risque de provoquer un accident : une cartouche qui ne s’allume pas doit être considérée comme un danger : l’arme doit rester orientée vers la cible durant 1mn.  Pour éviter ce risque,  on peut enduire le cul de la cartouche avec un peu de poudre (ou du pulverin), collée avec du collodion qui sert de colle combustible et qui sèche vite.  Ce petit supplément de poudre facilite l’explosion. Ces cartouches doivent être conservées dans des tubes plastiques (éprouvettes de laboratoire notamment)  étanches et solides pour que la poudre ne prenne pas l’humidité.

J’en profite pour démentir une  idée fausse  qui circulent sur les forums de PN : le collodion n’est inflammable qu’à l’état liquide;  une fois sec, il n’est plus sensible à la chaleur mais il est efficace en tant que colle.

Deux méthodes de chargement sont possibles:

– soit, on fabrique une cartouche papier avec balle incorporée .   » c’est très tendance » comme on dit aujourd’hui … Pour un revolver à poudre noire, ce type de balle est fréquemment utilisé par les consommateurs du papier H&C se font un plaisir de nous montrer leurs jolies baballes .  S’il faut mettre de la colle partout  (et de plus utiliser une colle qui ne tient pas), c’est la galère.  Les balles H&C sont problématiques. Si on veut utiliser du papier flash, vendu en feuilles, il faut trouver une solution pour le collage ou le maintien de la balle : H&C préconise un collage merdique.  Je préconise un simple enfoncement de la balle dans le cornet. Le rétrécissement progressif du cornet est alors essentiel. Cependant  les balles risquent de ne pas tenir en étant simplement enfoncées,  car le papier flash est fragile et on ne peut pas pousser les balles comme on le ferait avec du papier kraft . Une rondelle de papier cuisson doit séparer la balle du cookie (coupée à emporte pièce) , ce qui favorise la chute de la balle, mais  il est indispensable d’empêcher  que le cookie colle à la balle au moment de l’explosion, grâce à ce papier cuisson.  Si le projectile tombe, il n’entraînera  pas le cookie  et la poudre restera dans le cornet.  Je ne suis pas certains que ce cookie de cire dure suffise pour graisser la canon. Il est donc préférable de graisser les entrées de chambres  une fois que les balles seornt serties. J’ajoute qu’il me semble préférable de ne pas plonger la tête de balle dans la graisse  fondue avant le sertissage car le papier devient alors mou et se déchire au sertissage, mais cela dit,  c’est une méthode possible.

L’inconvénient majeur, outre le côté plus complexe de la fabrication, c’est que la cartouche  complète risque de prendre du biais au sertissage.   Attention : les cartouches papier complètes ne rentrent pas dans un barillet monté sur le revolver ‘(ce n’est pas prévu pour ce type de chargement) : leur dépassement empêche la rotation.

– soit on fabrique des cartouches-papier sans balle, ce qui est à mon humble avis, est préférable 

Elles sont beaucoup plus faciles à fabriquer, et j’ajoute plus faciles à charger sur le pas de tir : elles rentrent facilement dans le barillet en raison de leur dimension plus courte. On peut ensuite ajouter les balles, séparément, sans avoir la moindre difficulté de chargement: il ne reste plus qu’à sertir avec le levier de chargement qui est sur l’arme ou se servir d’un  sabot de chargement en chargeant le barillet sortir de l’arme.

Quel est l’intérêt de faire des cartouches-papier  sans la balle, ce qui demande 3 opérations de chargement ?

  • 1/  introduction des cartouches-papier (poudre) dans les chambres
  • 2/ introduction des balles et sertissage;
  • 3/ graissage des entrées de chambre; dans ce cas cela se fait sur le pas de tir (un petit coup de graisse qui prend quand même un peu de temps)

Le gain de temps n’est donc pas significatif, mais pour les tireurs, utiliser des cartouches intégrales, c’est rapprocher le revolver à PN des revolvers à cartouches métalliques.   Cependant, l’intérêt de ces cartouches (de préférence sans balle) , c’est qu’elles épargnent  la laborieuse opération de remplissage des chambres avec un entonnoir et des petites doses conservées dans des tubes en plastique, méthode qui suppose tout un matériel encombrant sur le pas de tir et du temps…  Avec la cartouche papier (conservée dans une boite étanche),  il suffit d’enfiler le cornet  dans la chambre et cette méthode évite des erreurs de chargement, car le papier se voit bien.

Les cartouches-papier longues, de grande taille, destinées à remplir des chambres de Walker ou de Dragoon,  doivent être très solides et compactes.  Il arrive souvent que si la cartouche est trop large, elle se déchire quand on veut la pousser dans la chambre, par contre si elle est trop étroite, elle va se déformer, se plier, se déchirer ou s’ouvrir quand la balle va la compresser en fond de chambre : le vide d’air autour de la cartouche demandera être rempli et  la balle va perdre sa forme.

En conclusion, la cartouche-papier en papier flash est la meilleure. L’utilisation de barillets pré-chargés, reste cependant préférable, car les cartouches demandent un travail de préparation plus long et leur qualité reste très variable. pour ma part je préfère les cartouches papier (Flash) aux dosettes de poudre et de semoule….

Peut-on utiliser  une cartouche complète (poudre+ balle) dans un pistolet à chargement par la bouche ou dans une carabine de type « muzzle loading rifle » ? 

Pour plus de détails, voir l’article 7 qui détaille la fabrication des cartouches-papier combustibles destinées aux fusils à chargement par la bouche.

La compression des balles et des ogives avec des refouloirs inadaptés: un sabotage des projectiles ?  

Un aspect tout à fait sensible en vue de la précision, c’est la forme de la balle qui, en principe, est ronde. S’il s’agit d’une ogive, elle doit également avoir sa partie antérieure en forme d’œuf ou de cône et toute déformation aura des effets néfastes sur sa trajectoire. Je crois savoir que les tireurs qui préparent méticuleusement leurs balles en vue des compétitions sont attentifs à les couler de la façon la plus parfaite, choisissant des moules LYMAN notamment, pour obtenir les meilleurs résultats.  Couler des balles avec un moule qui garantisse l’exactitude des projectiles dont la forme est étudiée pour réduire les frottements et conserver une trajectoire rectiligne,  est une condition de la précision. A l’inverse, des balles déformées ne gardent pas la trajectoire et perdent la cible.

Or, a-t-on déjà lu sur un site de poudreux que les refouloirs de Walker, par exemple, sont inadaptés aux balles qu’on utilise aujourd’hui  (rondes ou ogivales) et qu’ils déforment gravement celles-ci? A-t-on déjà publié des photos qui présentent le résultat incroyable de la compression d’un boulet en plomb mou par un refouloir de Walker? Qu’il s’agisse d’un Walker Uberti ou d’un ASM, par exemple, le désastre est le même ! Quelle était la forme des balles d’époque ? C’est un véritable sabotage du travail qu’on aura fait pour obtenir des projectiles de qualité.  Voici des refouloirs qui sont très différents: on remarquera le bord très étroit du refouloir  monté sur le Walker : c’est un véritable ciseau  qui va creuser un anneau circulaire dans les projectiles actuels comme le prouve les photos  qui suivent.

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P1000548Si on examine le refouloir d’un Walker on est surpris de constater qu’il s’est pas adapté à la forme sphérique de la balle, que son diamètre se rétrécit à l’extrémité, qu’il est nettement plus étroit que la balle, qu’il présente une cavité bien trop profonde, que les bords sont de véritables ciseaux,  de telle sorte que non seulement il ne coiffe pas la totalité de la balle,  mais  qu’il imprime un sillon profond sur celle-ci : il transforme alors la balle en un objet difforme !!! C’est à peine croyable.  J’ai vérifié différents refouloirs et j’ai comparé leur forme avec celle du levier de chargement mobile de chez Pietta: c’est le jour et la nuit !! Pietta a un outil dont l’extrémité est légèrement incurvée pour ne pas déformer la forme sphérique du plomb, tandis que les refouloirs de Walker présentent un creux qui ne peut pas envelopper la balle, mais seulement la cisailler !!! Quant au poussoir qu’on utilise pour entrer le balles dans les pistolets mono coup à chargement par la bouche, leur extrémité plate ne peut qu’écraser la balle lorsqu’on pousse celle-ci au fond du canon. Sur la photo (cliquer pour agrandir) , le cercle rouge correspond au sillon circulaire creusé par le refouloir, le cercle jaune correspond au diamètre de la balle et le cercle bleu correspond à la trace  du poussoir avec lequel la balle a été écrasée à titre d’essai !!  Chaque opération déforme le projectile.  On voit nettement que le refouloir  laisse un sillon de dimension inférieure à la balle, car l’extrémité de celui-ci est réduite par rapport à son diamètre.

Sur les deux photos qui suivent on voit nettement la déformation de  deux balles dont la cause est courante : l’une a été entaillée par le refouloir (sur un Walker) , l’autre dont le diamètre trop large,  a été  reduite en diamètre  lors du sertissage en force de la balle et a pris une forme ovale . On voit un anneau très large qui suit sa circonférence.  Or les balles rondes sont prévues pour tourner  pendant leur vol et  le fait qu’elles deviennent ovales rend leur trajectoire aléatoire !

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 Autant dire  que le levier de chargement qui se trouve sur le Walker ne doit pas être  utilisé si on veut faire un tir présentable !!  Il est inutilisable avec des balles à tête sphérique.  Il est probable qu’à l’origine, les balles étaient coniques !

Alors, quelle est la solution pour ne pas détériorer ses balles ? C’est de fabriquer un refouloir qui adopte la courbure exacte des balles  rondes et dont la largeur,  à l’instar des refouloirs Pietta,  couvre la presque totalité de la balle. Les photos qui suivent sont parlantes ! Les schémas que je produis sont encore plus explicites.

 Comment sortir une balle  d’une chambre de revolver quand la charge de poudre ne s’allume pas, un incident de tir courant.

Il faut démonter la cheminée et sortir la poudre avec un outil fin, puis il faut  utiliser un outil qu’on se fabrique soi-même: une tige de 5 à 10cm en fer,  enfilée dans une douille puis collé avec de la soudure à l’étain et dont l’extrémité est plate pour pousser la balle.  Le diamètre de la tige doit être inférieur  au pas de vis interne du trou de la cheminée, pour ne pas l’abimer. La douille sert d’appui pour pousser la balle sans se blesser la paume de la main.  Il faut simplement donner une courbure  à cette tige,  car la cheminée n’est pas dans l’axe de la chambre. On peut alors pousser la balle sans emdommager le pas de vis.